Bordélisation à l’Assemblée nationale : vers une ambiance stade ?
Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ce soir les députés de La France insoumise venus vêtus aux couleurs du drapeau palestinien à l'Assemblée nationale.
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00:00 Europe un soir. 19h21, Pierre De Villeneuve.
00:04 Europe un soir jusqu'à 21h avec ce sujet, la bordélisation à l'Assemblée Nationale.
00:09 Va-t-on vers une ambiance stade ? Qu'est-ce qu'on doit comprendre avec ces drapeaux brandis
00:14 tous les quatre matins, en l'occurrence les drapeaux palestiniens, pour en débattre ?
00:19 Bonsoir à Lou Fritelle. Bonsoir Pierre, bonsoir à tous.
00:21 Journaliste politique à Paris Match, bonsoir. Gilles-William Goldendael. Bonsoir.
00:25 Avocat, observateur, j'accueille Sébastien Chenu. Bonsoir Monsieur Chenu.
00:29 Bonsoir Monsieur. Vice-présidente de l'Assemblée Nationale et député RN du Nord.
00:33 On va écouter un peu ce que ça a donné tout à l'heure l'ambiance à l'Assemblée Nationale.
00:36 Non, non, non, non, non.
00:38 Non.
00:38 Alors le nom, le nom c'est évidemment Yael Braun-Pivet qui rappelle à l'ordre,
00:49 qui tente de rappeler à l'ordre alors que les élus écologistes de la NUPES,
00:55 elle et fille, se sont levés comme un seul homme, en vert, en blanc, en noir et en rouge,
01:01 pour ce drapeau palestinien aux couleurs donc de leurs habits.
01:06 Puis Madame Keke, l'insoumise, a brandi elle-même un vrai drapeau avec ses mains.
01:12 Sébastien Chenu, vous qui êtes vice-président de l'Assemblée Nationale, vous réagissez comment ?
01:17 D'abord comment s'en étonner ? Enfin je m'étonne qu'on s'en étonne ou qu'on soit
01:22 surpris de la façon dont l'extrême-gauche radicale cherche à occuper, finalement,
01:29 à exister à quelques jours d'un scrutin, à exister médiatiquement à travers un certain
01:33 nombre de provocations, une sorte de tapinage électoral en envoyant des signaux.
01:39 Ça c'est la première chose, une manipulation électoraliste d'une médiocrité, d'une vulgarité
01:46 sans nom, qui est opérée par la LFI. Et puis il y a aussi un rapport à la démocratie, c'est-à-dire
01:53 que ces gens-là considèrent que de façon totalitaire, violer le règlement, transformer
01:59 l'Assemblée Nationale en ZAD, bordéliser de façon permanente cet espace de démocratie et d'échange,
02:07 que sont les questions au gouvernement, confisquer finalement la parole des députés,
02:13 c'est leur rapport à la démocratie, c'est-à-dire que c'est cette vision totalitaire, parce qu'évidemment
02:19 jamais ils ne grandiront non plus le drapeau français. Enfin je veux dire, on se souvient de Mme Obono
02:23 qui ne voulait pas dire "Vive la France" par exemple. Donc on voit bien, ça a une visée électoraliste,
02:27 c'est un rapport à la démocratie totalitaire, ces gens-là veulent empêcher que les échanges
02:33 puissent se dérouler calmement. Et puis c'est très cynique parce que cette récupération,
02:39 en réalité, au-delà de l'aspect électoral, ils sont probablement déjà ce soir en train de
02:43 danser quelque part dans Paris, voyez-vous. - Oui, comme le disait Gabriel Attal sur DJ7,
02:48 il y a juste quelque chose qui est non pas antinomique mais un peu contradictoire dans
02:51 ce que vous dites, c'est-à-dire que d'un côté vous dites "on s'en étonne pas", donc une forme
02:56 de se dire "bah tiens, ce n'est pas la première fois, ça ne sera sans doute pas la dernière",
02:59 et en même temps, vous vous insurgez en tant que vice-président de l'Assemblée Nationale,
03:04 ça n'est pas permis et ça ne devrait pas exister. Alors est-ce que c'est plus le Sébastien Chenu qui
03:11 dit "oui, c'est pas grave, de toute façon, ils en font semblant de rien" ou est-ce que c'est grave
03:15 justement parce qu'on est dans une enceinte qui est une institution publique ? - Ah non, je n'ai
03:20 pas dit "on s'en étonne pas" pour, quelque part, minimiser ce qu'ils ont fait. On ne s'en étonne
03:24 pas parce qu'ils ont théorisé cela. Jean-Luc Mélenchon a dit "il faut tout conflicualiser".
03:28 Mais c'est grave, c'est grave parce que dans une démocratie, empêcher la séance des questions
03:34 au gouvernement, c'est-à-dire l'interrogation des représentants du peuple au gouvernement,
03:40 l'empêcher pour des raisons de bassement électoral, c'est effectivement grave. Je pense que c'est là
03:45 où les sanctions doivent évidemment être fortes, être prises, parce qu'ils ont une vision
03:50 totalitaire. Ils veulent imposer leur vue au mépris du règlement de l'Assemblée Nationale et des
03:57 séances de questions au gouvernement qui sont un des éléments essentiels du contrôle des
04:02 parlementaires sur le gouvernement. Donc évidemment, on ne s'en étonne pas parce qu'ils le disent,
04:06 ils le disent partout, ils veulent bordéliser la société du sous-sol jusqu'au plafond. Donc ils le
04:13 disent, on n'en est pas étonné, mais en revanche, ce qu'ils font est très grave et mérite d'être
04:16 sanctionné à la hauteur de sa gravité. - Merci beaucoup Sébastien Chenu d'avoir été en direct
04:20 sur Europe 1. Gilles William-Goldenadel, ce totalitarisme de la France insoumise,
04:25 vous partagez ce que dit Sébastien Chenu ? - Oui, en partie, c'est-à-dire qu'on ne s'en étonne
04:30 plus. On ne s'étonne plus que Madame Keké, qui est plus maintenant un clown qu'un député,
04:39 transforme l'Assemblée en cirque. Ce n'est plus les charlots font l'Espagne, c'est les Mélenchon
04:48 font la Palestine. La réalité, c'est ça. Mais ce n'est pas parce qu'on ne s'en étonne plus qu'on
04:54 ne doit pas s'en indigner, bien entendu. Mais leur capacité maintenant de surprendre est un peu
05:00 émoussée. Qui est Madame Keké ? C'est quelqu'un qui, il y a quelques années, admirait au contraire
05:06 le Front National. C'est quelqu'un qui jouit indûment... Ah oui, vous pouvez me faire les
05:11 gros yeux. - Je ne fais pas les gros yeux. - Je vous renvoie sur mon site Twitter où je montre
05:17 qu'elle postait des choses qui étaient très favorables à Marine Le Pen. - Celui qui a été
05:22 reproché en début de législature. - Elle vient de loin, c'est quelqu'un qui jouit indûment d'un
05:26 logement social. Donc je ne la place pas très haut dans le panthéon de la morale ou de la démocratie.
05:34 Et même, à vous dire le vrai, de l'intelligence. La réalité, elle est là. Mais ce n'est pas pour
05:40 autant que Sébastien Chenu avait raison. Il vénère les drapeaux étrangers, en ce compris celui de la
05:49 Palestine. J'ai vu M. De Lauglue embrasser goulûment le drapeau algérien dans le cadre d'une
05:57 danse orientale, alors même que je ne le vois rarement arborer le drapeau national. C'est
06:05 toujours la préférence pour l'autre, la dilection pour l'altérité. Bon, mais sur le fond, très
06:14 sincèrement, ça n'est pas de plus personne. Ils ont perdu même leur capacité d'étonnement. La
06:21 réalité, ce sont des clowns. - Avant de donner la parole à Lou Fritelle, je voudrais qu'on écoute
06:26 justement ce que disait Rachel Keke à la sortie aux 4 colonnes quand elle a brandi ce drapeau.
06:31 - Ce que j'ai fait, il faut que chaque samedi, chaque mardi, il y ait un drapeau palestinien
06:36 qui brandit dans les musées. Moi, pour moi, il faut que ça soit comme ça. Parce que ça fait
06:41 partie de la lutte. - Ça fait partie de la lutte, Lou Fritelle. - Je veux revenir sur la partie
06:45 étonnante. Le but de la France insoumise n'est pas du tout qu'on soit étonné, au contraire,
06:50 c'est de banaliser ce genre de happening. La stratégie de la France insoumise tient en une
06:56 phrase "extrémiser les électorats". A horizon 2027, il parie sur l'effondrement du Bloc central
07:01 et donc un combat contre l'extrême droite, plutôt incarné par Éric Zemmour, qui lui-même renvoie
07:08 ce genre de stratégie, c'est-à-dire que pour lui, son négatif, c'est Jean-Luc Mélenchon, et de se
07:12 dire "le choix se fera entre les propositions les plus radicales". Donc le but de la France
07:20 insoumise, et ça, ils le disent, ils l'assument, c'est de radicaliser leurs électorats et de
07:24 banaliser des choses aussi extrêmes que ce qu'on a vu la semaine dernière avec Delegueux et cette
07:30 semaine avec Rachel Keké. - C'est ce qu'on appelle la bordélisation. - La bordélisation, mais c'est
07:34 pas non plus quelque chose de... c'est pas pensé, enfin c'est pensé au contraire, c'est pas pas pensé.
07:38 - C'est vrai, c'est la bordélisation, ce que M. Mélenchon appelle la conflétualisation,
07:46 et en ce moment, sur le sujet central du conflit palestinien, ou de la question juive,
07:56 en réalité, au risque très clairement assumé, de déclencher une vague d'antisémitisme en France,
08:04 mais peu l'or chaud. - Complètement, tout en faisant très attention aux mots employés. J'en
08:09 parlais aujourd'hui avec une LUPS qui expliquait, Jean-Luc Mélenchon, c'est quand même quelqu'un
08:12 intelligent, quand il utilise le mot "camper", pour parler de Yael Brandpivet qui va "camper"
08:17 à Tel Aviv, avec Eric Ciotti, il utilise à dessein un mot qui peut être interprétable. Donc c'est
08:25 joué aussi, quand il parle d'antisémitisme résiduel, c'est joué vraiment sur l'interprétation sans
08:31 jamais être pris sur le fait. - Oui, mais c'est la conflétualisation dont parlait Gilles William,
08:35 et on a d'ailleurs sorti la semaine dernière, je crois, les archives de 2012, où il donnait une
08:41 sorte de masterclass à ses équipes, en disant "voilà, il faut tout conflétualiser, il faut que
08:45 tout soit dans l'insurrection, sinon ça ne peut pas devenir politique". - Mélenchon est
08:50 Trotsky-Lambertiste au départ. C'est une façon de faire de la politique qui est très précise,
08:57 et qui participe, enfin plutôt la stratégie de la conflétualisation permanente, est inhérente à
09:02 ce courant de pensée. - Oui, je voudrais quand même dire que, indépendamment du fait que M.
09:07 Mélenchon utilise des synonymes, ne parle pas de juif, mais parle de sioniste, etc., ses soutiens,
09:17 quand on regarde ceux qui manifestent avec les insoumis, ils parlent beaucoup plus librement
09:23 des juifs. - Tout à fait, mais prenez-le sur le fait et essayez de le faire condamner pour
09:30 antisémitisme, ce serait très compliqué. - Ah ben c'est un avocat, donc il trouvera le moyen.
09:35 - Quelqu'un qui a expliqué que le peuple juif était un peuple déicide, je n'aurais pas beaucoup
09:43 à forcer mon talent pour expliquer qu'il est antisémite, ça tombe bien, il ne cherche jamais
09:48 pouiller à ceux qu'il le taxe d'antisémitisme, il a bien raison.