À 9h20, l'actrice Bérénice Bejo est l'invitée de Léa Salamé. Elle sera dans la nouvelle production Netflix "Sous la Seine" de Xavier Gens, disponible sur la plateforme le 5 juin prochain. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-30-mai-2024-8420928
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00:00 Bonjour Bérenice Bégeaud ! Bonjour !
00:02 Merci d'être avec nous ce matin. Si vous étiez un animal, un pays et un écrivain, vous seriez qui ?
00:09 Alors je serais une loutre !
00:11 Oh ! C'est là où on ne l'a jamais pensé !
00:14 Et ben voilà ! Pourquoi une loutre ? Parce que c'est mignon, ça s'amuse beaucoup, c'est un peu agressif donc ça ne se laisse pas faire.
00:22 Et voilà, c'est pour ça.
00:23 Et ben vous vous sentez loutre ?
00:25 Oui, je me sens un peu loutre.
00:26 Si vous étiez un pays ?
00:28 Je serais la France. Parce que c'est le pays des droits de l'homme, de la démocratie, de la république, de la laïcité.
00:34 C'est un pays qui m'a accueilli et je pense que c'est un des plus beaux pays où il fait le meilleur vivre.
00:39 Et un écrivain ?
00:40 J'hésite un peu. Je dirais Victor Hugo.
00:45 Parce qu'en ce moment c'est important de célébrer des personnes intelligentes, humanistes, brillantes.
00:51 Mais j'aurais pu dire aussi Jacques London.
00:53 Parce que sa voyage, sa écrit des grands livres, les deux sont des très grands écrivains.
00:57 "Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes ni les plus intelligentes,
01:01 mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements."
01:04 Cette citation de Charles Darwin ouvre votre nouveau film "Berlin's Béjau".
01:07 Vous en pensez quoi ?
01:09 Je suis tout à fait d'accord avec cette citation.
01:11 Elle me fait penser à mon fils.
01:12 Je dis souvent mon fils, je le mettrais n'importe où, il se débrouillerait.
01:16 C'est-à-dire qu'il est complètement addict au téléphone comme tous les jeunes.
01:19 Mais je pense que je le mets dans un endroit où il n'y a rien, il va se débrouiller.
01:22 Et je pense que c'est une des formes d'intelligence les plus hautes, savoir s'adapter.
01:27 Donc je suis d'accord avec cette citation, je pense qu'elle est formidable.
01:30 Cette citation qui résonne évidemment avec le film dont on va parler,
01:33 puisque toute l'histoire c'est de s'adapter, s'adapter aux changements climatiques pour les humains,
01:37 mais aussi pour les requins.
01:38 Vous êtes l'héroïne principale de "Sous la scène" de Xavier Janss.
01:42 Un film très attendu, la nouvelle création française de Netflix,
01:45 qui sera à voir dans le monde entier à partir du 5 juin.
01:48 C'est un thriller, un film d'action qui vous colle à votre fauteuil,
01:51 qui vous laisse en apnée avec des effets spéciaux complètement dingues,
01:54 parfois gores, une tension qui ne cesse de monter pendant tout le film.
01:58 L'idée originale résonne avec l'actualité des JO qui arrivent.
02:03 Paris s'apprête à accueillir les championnats du monde de triathlon sur la scène.
02:08 Sauf qu'on découvre qu'un requin de 8 mètres se cache dans les profondeurs de la scène.
02:13 Là, juste en bas de la maison de la radio, là où on voit la scène quand on descend du studio,
02:18 il y a un requin tueur qui fait 8 mètres.
02:21 Vous êtes une spécialiste des océans qui essaye d'alerter la police fluviale et la maire de Paris
02:26 pour éviter à tout prix un bain de sang lors de ce triathlon sur la scène.
02:31 Et évidemment, Bernice Bégeau, on pense à ça.
02:33 Alors, ce n'est pas les dents de la mer, votre film, c'est les dents de la scène.
02:48 Les dents de la mer de Steven Spielberg, vous aviez vu le film ?
02:51 Non, je n'avais pas vu le film, je l'ai découvert pendant que je tournais.
02:55 Parce que ça me faisait peur, j'aime bien me baigner, je n'avais pas envie de le voir.
02:59 Donc je l'ai vu, j'ai gâché le film à mon mec et à mes enfants
03:02 parce que je n'ai pas arrêté de dire "ça, ce n'est pas possible, un requin ça n'attaque pas,
03:05 un requin ça ne peut pas faire ça".
03:06 Donc j'ai vraiment pourri le film et du coup personne n'a eu peur.
03:10 Personne n'a eu peur à cause de vous.
03:11 C'est marrant la vie puisque c'est Steven Spielberg lui-même,
03:14 alors président du jury du Festival de Cannes,
03:16 qui vous avait remis il y a 10 ans le prix d'interprétation pour le passé de l'Iranien Asghar Farhadi.
03:22 10 ans plus tard, vous jouez dans un film de requins.
03:24 On réécoute pour le plaisir Steven Spielberg qui annonce votre prix.
03:27 Le prix d'interprétation féminine revient à Berenice Béjot
03:32 pour son rôle dans "Le passé" de Asghar Farhadi.
03:36 Chique.
03:39 Chique, oui.
03:40 "Dents sous la scène", vous livrez une performance bluffante, physique,
03:43 dans ce film qui se passe en grande partie sous l'eau,
03:46 alors que vous n'étiez pas du tout à l'aise avec l'eau,
03:48 et l'apnée ce n'était pas du tout votre truc.
03:50 Il vous a vraiment fallu dépasser votre peur de l'eau, votre peur des profondeurs ?
03:53 Oui, tout à fait.
03:54 J'ai pris deux mois de cours.
03:56 J'allais à Bruxelles trois fois par semaine.
03:59 Je prenais des cours quatre heures par jour.
04:01 Et ça a commencé vraiment un mètre, deux mètres, j'avais mal aux oreilles.
04:04 Après je me suis rendu compte que je rééquilibrais sans rien faire.
04:07 Je n'ai pas besoin d'appuyer sur mon nez, ça se faisait tout seul.
04:09 Je suis une petite loutre en fait.
04:11 Et petit à petit, j'ai appris.
04:13 Moi j'ai besoin de beaucoup de travail, de comprendre tout, de bien tout gérer.
04:18 Et après par contre, c'est que du bonheur.
04:20 Xavier a pu faire exactement ce qu'il voulait de moi.
04:22 Mais effectivement, lui dit que c'était vraiment un challenge pour vous,
04:25 que vous vouliez faire toutes les scènes d'action,
04:27 et qu'effectivement, il fallait pour vous dépasser la peur de descendre dans l'eau.
04:32 Avec 25 séances d'entraînement avant le film,
04:36 vous avez réussi, alors que vous descendiez à peine à un mètre sous l'eau,
04:39 à descendre à 10 mètres sous l'eau.
04:41 J'aime les challenges.
04:43 Je savais que j'étais bien...
04:45 J'avais quelqu'un de très fort à côté de moi,
04:47 qui m'apprenait les choses, la sécurité.
04:49 J'ai pleuré, j'ai eu peur, j'ai vraiment flippé.
04:53 Mais j'avais envie d'apprendre.
04:56 Et j'avais envie qu'il puisse filmer les scènes en continu.
04:59 C'est comme quand on voit une comédie musicale,
05:02 et qu'on a les pieds des danseurs,
05:04 après on coupe et on a la tête de l'acteur, ça, ça m'insupporte.
05:07 En tant que spectateur, j'aime voir le challenge,
05:09 j'aime voir les acteurs qui vont au bout de quelque chose,
05:12 et donc j'avais envie, moi, de pouvoir le faire.
05:14 Et de ce point de vue, c'est vraiment spectaculaire,
05:16 et ça fait partie du film.
05:17 "Sous la scène" est un projet titanesque, 100% européen.
05:20 Il a pris 15 semaines de tournage,
05:22 alors qu'en général c'est plutôt 10 semaines pour les longs métrages.
05:24 Vous avez tourné dans 3 lieux, à Paris, à Bruxelles et à Alicante, en Espagne.
05:29 150 personnes ont travaillé sur les effets spéciaux.
05:31 On évoque un budget de 25 millions d'euros,
05:34 même si Netflix ne communique jamais sur le budget.
05:36 On va dire qu'il y avait les moyens, on va le dire comme ça.
05:39 Qu'est-ce qui vous a plu dans ce film à gros budget, dans ce film d'action ?
05:42 Même s'il a une vraie dimension écologique, on va en parler.
05:45 On est quand même loin de l'univers de vos derniers films,
05:48 qui sont plus des films d'auteurs.
05:50 Pourquoi vous avez dit oui tout de suite ?
05:53 J'en avais marre.
05:54 J'avais l'impression de tout savoir faire.
05:56 Si on me demandait de pleurer à gauche, je pleurais à gauche,
05:58 à droite, je pleurais à droite.
05:59 Il y avait un truc chez moi où j'avais besoin de me renouveler.
06:02 Et j'avais envie de faire quelque chose de différent,
06:05 j'avais envie de m'amuser,
06:06 et de m'imaginer sur la scène, juste à côté de là,
06:09 en train de chercher un requin, je trouvais ça drôle.
06:12 Je voulais que la fin du film soit à la hauteur de mes attentes.
06:16 La fin du film sans spoiler est géniale.
06:18 Et c'est ça qui m'a fait dire oui.
06:20 Mais pardonnez-moi de vous dire, des requins dans la scène, c'est pas possible.
06:22 Non, c'est pas possible.
06:23 C'est pas possible parce qu'ils ne peuvent pas nager dans l'eau douce.
06:27 Mais en même temps, je dis c'est pas possible,
06:29 mais en même temps, on a trouvé une orque dans la scène il y a quelques mois,
06:33 rappelez-vous, ils ont dû la tuer.
06:34 Il est parti de là, l'histoire de ce scénario.
06:38 C'est l'orque, le beluga qu'on a trouvé dans la scène.
06:42 Et donc peut-être qu'un jour, avec le dérèglement climatique, on pourra peut-être...
06:47 C'est-à-dire qu'il faut se poser la question.
06:48 En voyant votre film, on apprend qu'il y a des requins dans la Tamise à Londres.
06:52 C'est vrai ça ?
06:52 Oui, c'est vrai.
06:54 Vous vous êtes informée, vous ne connaissiez rien sur les requins.
06:56 Non, je ne connaissais rien, j'avais fait un documentaire juste avant sur les requins.
06:59 Je m'étais rendue compte de leur importance pour notre écosystème.
07:03 Et donc quand j'ai accepté de faire ce film, je me sentais un peu mal à l'aise.
07:05 Je me disais "merde, je sais que les requins sont importants.
07:08 Il y a 500 espaces de requins, il y en a 3-4 qui sont dangereux, il y en a qui sont magnifiques.
07:11 Mon préféré, c'est le requin baleine qui fait je crois 10 mètres, qui a des points blancs sur tout le corps.
07:16 On dirait un ciel étoilé dans l'océan, c'est sublime, il mange fait des plantons.
07:19 Vous êtes devenue Kipélia des requins ?
07:21 Podcast "Le monde des vivants".
07:23 C'est vrai ?
07:24 Je le connais en boucle, je l'ai écouté tellement.
07:26 Xavier Jean-Soussi.
07:28 Donc en fait, je disais à Xavier, je ne veux pas faire un film à charge, je veux qu'on puisse quand même entendre
07:32 que la surpêche est un vrai problème.
07:35 En fait, les requins, ils atteignent leur maturité sexuelle vers 30 ans.
07:40 Donc quand on les pêche trop jeunes, ils ne peuvent pas se reproduire.
07:43 Et quand on n'a pas les requins, quand on enlève quelqu'un de la chaîne, ça crée tout un dérèglement.
07:49 Il y a trop de plantes, il y a trop de plantons, il y a trop de petits poissons.
07:52 Il faut en fait laisser les prédateurs faire leur travail.
07:56 Oui, mais c'est ça qui est compliqué dans le film.
07:58 C'est-à-dire qu'à la fois, il faut bien sûr, il faut défendre les requins.
08:01 Effectivement, et ça commence par une scène qui est hallucinante.
08:04 Les 20 premières minutes du film sont ahurissantes, vraiment.
08:08 Elles ne durent pas 20 minutes, Léa.
08:10 Mais elles sont tellement fortes.
08:10 Elles durent combien ?
08:11 Je pense qu'elles durent 10 minutes.
08:12 Vous voyez, je ne sais pas.
08:15 On se retrouve dans le Pacifique Nord, devant une mer de déchets qui fait six fois la France,
08:19 où on voit du plastique dans l'océan.
08:22 Et encore dans le film, on ne voit pas, mais normalement, c'est aussi 10 mètres de profondeur.
08:25 Où il y a du plastique.
08:27 Et en même temps, vous êtes spécialiste des océans,
08:30 vous voulez défendre les océans avec une autre petite écolo,
08:33 une militante écolo, et en même temps, c'est des tueurs.
08:35 C'est-à-dire que l'idée du film, et j'espère que c'est ce qu'on retient à la fin,
08:39 sans vraiment raconter la fin du film, c'est nous qui faisons ça.
08:43 C'est-à-dire qu'à force de polluer, à force de surpêcher,
08:47 les poissons n'ont plus rien à manger, il n'y a plus rien dans les océans.
08:49 Donc, ils changent d'habitat, ils évoluent, ils avancent, et ils s'adaptent.
08:53 Ils doivent bien trouver une solution.
08:54 Ou ils meurent.
08:55 Et donc, finalement, à cause de nous, ce requin se retrouve à frayer dans l'eau douce,
09:01 se retrouve à évoluer de manière...
09:04 C'est-à-dire que c'est comme si dans son ADN, l'humain était un danger.
09:08 Donc, il attaque l'humain.
09:09 Mais c'est de notre faute à nous.
09:11 - Et d'ailleurs, il y a la mer de Paris qui est jouée par Anne-Marie Vins.
09:15 Vous n'êtes beaucoup pas inspirée d'Anne Hidalgo ?
09:16 - Non, mais d'Anne Hidalgo, de Valérie Pécresse, il y a un petit mélange.
09:20 Mais on s'est beaucoup amusé avec les déclarations d'Anne Hidalgo.
09:23 - Et là, vous essayez de lui dire qu'il faut faire quelque chose.
09:27 Attention, ils vont attaquer le triathlon.
09:28 - Elle est géniale dans le film.
09:29 - Elle est géniale.
09:30 - Elle est très drôle, ça fait un peu des respirations.
09:31 Et c'est vrai que c'est politique, c'est vraiment des stéréotypes.
09:35 - C'est don't look up.
09:36 Il y a quelque chose de...
09:37 Attention, il y a un requin dans la scène, on ne peut pas faire le triathlon sur la scène.
09:40 Et elle y va.
09:42 - Oui, mais c'est des milliards qui sont mis en jeu.
09:44 C'est-à-dire qu'on vit dans une société où la France...
09:46 - Vous n'avez pas reçu un petit coup de fil d'Anne Hidalgo, Tony Estanguet, des JO ?
09:49 - Elle a regardé la bande-annonce et elle a mis un petit émoji qui se cache les yeux.
09:52 - Ah oui ? Parce que c'est quand même un scénario catastrophe.
09:55 Un mois et demi des JO, elle ne vous a pas demandé de décaler la sortie.
09:57 - Non.
09:58 - Sortie mondiale, je le répète.
09:59 Le 5 juin, tout le monde peut le voir sur Netflix.
10:01 - Mais c'est drôle, c'est une blague aussi.
10:04 C'est quand même un blockbuster français.
10:06 Non, mais on sursaute, on a peur et tout.
10:08 Mais ce n'est pas un film d'horreur.
10:09 - Non, non.
10:10 - C'est vraiment...
10:11 - C'est une réaction.
10:12 - Bérenice Béjot, il y a un truc qu'on remarque en vous regardant dans le film, c'est que
10:15 vous avez coupé vos cheveux.
10:16 Une coupe garçonne que vous avez toujours, en pétard.
10:18 Pourquoi vous avez voulu faire ça ? Est-ce que c'est le réalisateur qui vous a demandé
10:22 ça pour le rôle ? Ou il y a quelque chose d'un moment de votre vie aussi, à 47, 48
10:27 ans, d'avoir envie de couper les cheveux ?
10:28 - C'est ça.
10:29 J'étais un peu fatiguée.
10:31 Je ne pouvais plus me voir.
10:33 Ces cheveux longs, j'étais tout le temps apprêtée d'une certaine manière.
10:36 J'avais envie de changer.
10:37 Et ça m'a énormément...
10:39 Enfin, ça m'a fait tellement de bien.
10:41 C'est-à-dire que tout d'un coup, j'ai une autre énergie.
10:43 Ce film m'a fait énormément de bien.
10:45 Je ne sais même plus quoi faire après.
10:47 Enfin, si, maintenant je sais.
10:48 Mais ça m'a mis du temps à trouver.
10:50 Et je pense qu'il faut se renouveler.
10:53 Vraiment, dans nos métiers, il faut se renouveler, il faut se transformer.
10:55 Il faut que les gens ne se fatiguent pas.
10:56 Même si moi, je ne suis pas à l'écran tous les mois, j'avais envie de ne pas lasser.
11:01 - On sent qu'il y a du plaisir chez vous à sortir du cadre, depuis toujours, d'OSS
11:04 117, à The Artist, de Michel Aznavissius, en passant par Le Passé, de Farah Hadi, à
11:09 Le Valcad, de Steve Suissa, maintenant un blockbuster pour Netflix.
11:12 Vous aimez bien sortir du cadre, non ? Échapper aux catégories ?
11:16 - Oui, j'aime bien.
11:17 Et c'est vrai que c'est un peu déroutant.
11:18 Je vois bien, on n'arrive pas vraiment à me mettre quelque part.
11:22 Mais vous savez, quand je disais que j'allais faire un film avec des requins dans la scène,
11:26 les gens me regardaient un peu genre… C'est bizarre, Bérénice, toi, avec des requins
11:30 dans la scène… C'est un peu ridicule.
11:32 J'ai mis quelque temps à l'assumer.
11:34 Et en fait, je vois le plaisir qu'on a pris sur le tournage.
11:37 - Maintenant, vous en êtes chère de votre quid.
11:38 - Oui, mais moi, je suis trop contente.
11:39 - Vous n'avez plus de films comme ça en France ?
11:41 - Oui, il n'y en a plus avec ce budget-là.
11:43 - Et cette qualité-là ! C'est français !
11:45 - C'est vrai qu'on a l'impression que c'est un film américain.
11:48 - Et pourtant, c'est fait vraiment avec des Français et des Belges.
11:51 - Vous êtes arrivée en France à l'âge de 3 ans.
11:53 Vos parents argentins ont fui la dictature en Argentine.
11:55 Dès l'âge de 5 ans, vous expliquez à vos parents que vous serez comédienne plus
11:58 tard.
11:59 Comment on le sait à 5 ans ? - Je ne sais pas.
12:01 Mais à 5-6 ans, c'était une évidence.
12:03 Je regardais beaucoup de films avec mes parents.
12:05 J'aimais les images et j'aimais les histoires.
12:10 J'aimais me déguiser.
12:12 En même temps, j'étais extrêmement timide.
12:13 Vraiment très, très timide.
12:14 Très pudique.
12:15 Donc, ça m'a pris beaucoup de temps avant de pouvoir jouer.
12:17 Et j'ai encore progressé.
12:20 Sur OSS 117, ça a été vraiment un tournant pour moi.
12:22 - Il y a eu OSS 117, il y a eu The Artist.
12:25 - Mais OSS 117, j'ai appris quelque chose de mon métier que je n'avais pas compris.
12:29 - Quoi ? - Qu'on a le droit de se tromper, qu'on a
12:31 le droit d'être mauvais et qu'il faut essayer des choses.
12:33 - Vous étiez mauvaise sur OSS, pas du tout.
12:35 - Non, mais prise après prise.
12:37 Il fallait que je sois bonne dès la première prise.
12:39 Je n'y comprenais pas.
12:40 J'avais honte d'être mauvaise.
12:42 J'avais honte quand un réalisateur me disait "ça ne va pas, il faut la refaire".
12:44 Et là, je m'effondrais.
12:46 Je me disais "ah non, mais j'étais nulle".
12:47 Donc, j'ai vraiment appris à me ridiculiser, à chercher, à me tromper.
12:52 En cherchant, je suis devenue meilleure.
12:54 Et ça, c'est vraiment quelque chose qu'on ne nous apprend pas souvent.
12:57 - Et puis, il y a eu la folie The Artist.
12:58 C'était il y a 10 ans.
12:59 Prix d'interprétation.
13:00 Alors, 5 Oscars, toutou, etc.
13:03 Et puis, pour vous, le César de la meilleure actrice.
13:07 On écoute.
13:08 - Et le César de la meilleure actrice est attribué à Bérénice Béjot dans The Artist.
13:14 - C'est Gilles Meluch.
13:15 Je dois vous avouer quelque chose.
13:17 Je le voulais vraiment.
13:19 Je le voulais.
13:21 Voilà, je vais essayer de continuer et de mériter ce prix.
13:27 Je vous remercie, j'y crois pas.
13:29 - Merci beaucoup.
13:30 Pourquoi vous le vouliez vraiment, celui-là ?
13:34 - Parce que j'avais tout perdu, entre guillemets, avant.
13:36 - C'est vrai que Dujardin avait eu l'Oscar et pas vous.
13:39 - Non, il ne l'avait pas eu, c'était le lendemain.
13:41 Mais il y avait eu les BAFTA, il y avait eu les Goya, il y avait eu tous les prix aux Etats-Unis.
13:45 Et moi, à chaque fois, j'arrivais et c'était Octavia Spencer qui gagnait le prix pour la couleur des sentiments.
13:51 Et donc, j'avais envie de recevoir une reconnaissance.
13:54 Et la reconnaissance, finalement, de la France, c'est les premiers qui m'ont donné un prix.
13:59 Non, j'en ai eu d'autres, mais disons, un gros prix comme ça, ça m'a fait vraiment plaisir.
14:03 - Les impromptus pour finir.
14:05 Vous répondez très rapidement, sans trop réfléchir.
14:08 Alexandra Lamy disait à notre micro sur la vague #metoo dans le cinéma.
14:11 Où sont les hommes ? Est-ce que vous vous posez la même question ?
14:13 - Ah non, je trouve que les hommes, ils sont là.
14:15 En tout cas, je les trouve présents, je trouve qu'ils s'expriment.
14:17 Ils sont là.
14:19 - De plus en plus ?
14:20 - Oui, vraiment.
14:21 - Vous êtes tout le temps en retard, c'est vrai ?
14:22 - Oui, régulièrement.
14:23 - C'est vrai que vous étiez au collège avec Thierry Henry ?
14:25 - Oui.
14:26 - Messi ou Zidane ?
14:27 - Messi.
14:29 J'ai obligé de citer mon fils, mais il me dénigre.
14:32 - Meryl Streep ou Cate Blanchett ?
14:34 - Meryl Streep.
14:35 - Stefan Zweig ou Paul Oster ?
14:38 - Oh là là, vous êtes durs là, mais Zweig.
14:40 - Jean Dujardin ou Gilles Lelouch ?
14:42 - Gilles Lelouch.
14:43 - Barbie ou Anatomie d'une chute ?
14:44 - Anatomie d'une chute.
14:45 - OSS ou The Artist ?
14:47 - OSS.
14:49 - OSS ?
14:50 - Parce que j'ai rencontré mon homme.
14:51 - Quel est le plus bel âge de la vie ?
14:53 - 40 ans.
14:55 - 50 ans, c'est dans deux ans.
14:57 C'est une angoisse ou ça va ?
14:58 - Non, ça va.
14:59 - Ça se gère ?
15:00 - Oui, j'ai coupé mes cheveux.
15:01 - Qui a-t-il d'argentin en vous ?
15:03 - Beaucoup.
15:04 La joie de vivre, la générosité, le partage.
15:06 - De français en vous ?
15:08 - Mon style ?
15:10 - Un adjectif pour décrire le président argentin, Javier Millei ?
15:14 - Alors un adjectif ? J'ai qu'un gros mot qui me vient.
15:19 Un connard.
15:20 - La dernière fois que vous avez pleuré ?
15:22 - La plus précieuse des marchandises à Cannes.
15:25 - De Michel Zanavissus.
15:27 - Et Dieu dans tout ça ?
15:28 - Il ferait bien de rester chez lui.
15:30 - Le blockbuster qui va vous coller à votre fauteuil sous la scène de Xavier Janss ?
15:36 Il est belge, c'est ça ?
15:37 - Oui.
15:38 - Le réalisateur.
15:39 - Non, Xavier Janss, non, il est belge, il est français.
15:41 Le belge, c'est au Guatemala.
15:43 - Le 5 juin 2024, c'est sur Netflix.
15:47 Merci Bérenice Béjot et très belle journée à vous.