Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce jeudi, c’est Bernard Minier, écrivain, pour son nouveau roman "Les Effacées" disponible le 4 avril aux éditions XO.
Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu
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00:00 Et puis j'ai la chance de recevoir ce matin le roi du thriller, comme l'a titré le journal espagnol El País,
00:06 l'un des auteurs français les plus lus dans le monde, avec des ouvrages traduits en 27 langues.
00:11 Bonjour Bernard Millier.
00:13 Bonjour.
00:13 Buenos dias Bernardo.
00:15 Je vous le fais en espagnol parce que votre dernier thriller Les Effacés se déroule en Galice.
00:21 On va en parler dans un instant, mais d'abord on va dresser votre portrait sonore,
00:24 des petits sons pour mieux vous connaître et vous avez un parcours particulièrement intéressant.
00:29 Voici le premier son.
00:30 Je construisis une cabane et je m'imaginais que j'étais le maître d'un domaine,
00:35 que j'avais ma maison de campagne et ma villa au bord de la mer.
00:38 Je devenais de plus en plus adroit de mes mains et j'apprenais de nouveaux métiers.
00:42 À vrai dire, je réussis à tout vaincre sur mon île, sauf moi-même.
00:47 Les aventures de Robinson Crusoe, vous avez reconnu.
00:50 Oui, j'ai reconnu parce que quand je construis tout de moi-même, je ne me reconnaissais pas.
00:54 Du coup, je ne suis pas trop bricoleur.
00:56 Mais après, oui, j'ai compris.
00:57 Robinson.
00:58 Vous avez découvert ça à 7 ou 8 ans.
01:00 Une maîtresse remplaçante, liée à votre classe, à haute voix, Robinson Crusoe.
01:04 Et ça a été une révélation pour vous, Bernard Minier ?
01:07 Oui, en fait, je confondais un peu la maîtresse qui lisait le texte à voix haute
01:13 et la personne qui l'avait écrit, je ne faisais pas trop le distinguo,
01:16 mais je me dis que c'est ça que je veux faire, je veux raconter des histoires.
01:19 Et très vite, je me suis aperçu qu'en fait, des histoires qui faisaient peur,
01:21 surtout ça marchait très bien avec les filles en particulier, avec les garçons aussi.
01:26 C'était d'abord pour draguer alors ?
01:27 Draguer non, à 8, 9 ans, il ne faut pas exagérer.
01:30 C'était plutôt pour se faire l'intéressant.
01:32 D'accord.
01:33 Et vous étiez un grand lecteur ou pas ?
01:34 Oui, très vite, j'étais un grand lecteur.
01:36 Mais dès que j'ai commencé à lire, j'ai commencé à écrire.
01:39 Il y avait à l'époque une série très célèbre qui est devenue une chanson
01:41 tout aussi célèbre qui s'appelait "Bob Moran".
01:44 Ah, justement, Bob Moran.
01:45 "Un seul type incroyable, le vrai héros de tous les temps, Bob Moran contre tout chacal,
01:53 l'aventurier contre tout guerrier, Bob Moran contre tout chacal..."
01:57 J'ai oublié que le micro était isolé.
01:59 Ah c'est vrai ! Et vous avez fait un joli petit "boum".
02:03 Bob Moran, c'est un personnage que vous vous êtes approprié très jeune,
02:07 vous imaginiez des histoires avec lui carrément ?
02:09 Oui, c'est ça. Dès que j'ai commencé à en lire, j'avais envie de m'écrire mes propres histoires.
02:14 À l'époque, il n'y avait même pas de ma chaîne à écrire, c'était au stylo.
02:16 Et je les passais à mes copains qui se les passaient entre eux.
02:21 Bon, on va faire un petit bond dans le temps maintenant.
02:23 Vous avez 50 ans.
02:24 Coucou !
02:26 Au revoir Président !
02:29 Au revoir Président !
02:35 Vous vous souvenez de cette publicité ?
02:36 Oui, c'est quelqu'un qui gagne au loto et qui plaque tout.
02:39 Et qui dit au revoir à son patron.
02:41 Alors vous n'avez pas gagné au loto.
02:42 Je n'ai pas fait ça, je ne ferais pas de cette façon.
02:44 J'imagine que vous étiez fonctionnaire dans les douanes, Bernard Minier,
02:48 et vous y avez passé 25 ans.
02:51 Et puis vous avez fini par démissionner à 50 ans.
02:53 Alors je n'ai pas démissionné en plus,
02:55 parce que dans l'administration, il y a une chose absolument merveilleuse
02:57 qui s'appelle une disponibilité.
02:59 Vous êtes toujours en disponibilité ?
03:00 Non, là j'ai démissionné.
03:02 Au bout de 10 ans, on vous met dehors.
03:04 Il ne faut pas exagérer.
03:05 Vous vous êtes mis en disponibilité à 50 ans pour écrire.
03:08 Pour écrire, et donc un congé sans solde.
03:10 Et j'avais pris même le dispo avant la sortie du livre,
03:14 parce que je voulais en profiter pour le travailler.
03:16 Parce que mon éditeur historique, Bernard Fixot,
03:19 m'avait proposé un avaloir,
03:21 et j'avais calculé, ça fait 9 mois de salaire.
03:23 Donc j'avais pris 9 mois de disponibilité.
03:25 Ah d'accord, et ça a marché tout de suite ?
03:27 Et ça a marché tout de suite.
03:28 Et donc j'ai repris une disponibilité,
03:30 dans la mesure où mon éditeur m'a refait un autre avaloir.
03:32 Comment vous avez rencontré votre éditeur,
03:34 alors que vous étiez dans les douanes ?
03:36 On a l'impression que c'est quand même un milieu
03:37 qui n'est pas si accessible que ça
03:38 pour le grand public de manière générale.
03:40 En fait, j'ai envoyé mon texte par la poste,
03:43 imprimé sur les imprimantes de l'administration.
03:46 Maintenant je peux le dire, il y a presque une...
03:48 Oh là là !
03:49 Ils vont vous demander des droits, attention !
03:52 C'est vrai qu'il faisait 600 pages.
03:53 Et j'ai envoyé à 5 grands éditeurs parisiens,
03:56 et sur les 5, tous très connus,
03:58 il y en a 4 qui m'ont contacté, assez rapidement.
04:01 J'ai eu cette chance inouïe
04:03 de pouvoir choisir un peu mon éditeur.
04:05 Et ça ne vous a pas donné des regrets
04:06 de ne pas l'avoir fait plus tôt ?
04:07 Ah ben bien sûr que si !
04:09 J'aurais peut-être dû faire ça à 40 ou à 30 ans, j'en sais rien.
04:12 Mais bon, après, on ne va pas refaire l'histoire.
04:15 Et puis après, vous avez gardé vraiment la discipline
04:17 de votre ancien métier,
04:18 vous écrivez vraiment tous les jours,
04:20 de 8h à 17h, c'est vraiment ça ce que vous faites ?
04:22 C'est ça, 8h, 17h, 17h ça dépend des jours.
04:25 Ça peut être...
04:26 À 16h déjà je fais ma gym, donc ça c'est rituel.
04:29 Donc ça peut être 18h, 19h,
04:31 ou un peu plus tôt, ça dépend de mes idées.
04:33 Mais oui, tous les matins je suis devant mon ordinateur.
04:35 Vous avez posé une RTT là, vous avez posé...
04:37 On perçoit de votre rythme là, totalement.
04:39 Il y a des pages qui ne sont pas écrites ce matin.
04:41 Je ne sais plus où j'habite, mais je fais ça
04:43 samedi, dimanche, chiffre et fête,
04:45 ce qui me chance quand même de l'administration.
04:47 Et vous n'avez jamais eu envie d'écrire un thriller
04:49 qui se déroule dans l'univers des douanes ?
04:51 En fait, je ne vais pas regarder en arrière.
04:53 J'ai rencontré des gens passionnants,
04:55 il y a mille métiers dans les douanes,
04:56 il n'y a pas que des gens à la frontière
04:57 qui demandent si vous avez quelque chose à déclarer.
04:59 Il y a des spécialistes des espèces en voie de disparition,
05:02 il y a évidemment la lutte contre le trafic de drogue,
05:05 contre les contre-agressions, il y a plein de choses.
05:08 Mais moi, c'est un métier que je connais trop, peut-être,
05:11 et j'aime bien apprendre, j'aime bien découvrir des choses nouvelles,
05:14 j'aime bien la rencontre des gérants,
05:16 et c'est ce que je fais à chaque roman finalement,
05:18 je m'intéresse à un domaine un peu nouveau,
05:20 et ensuite je partage tout ça avec mes lecteurs.
05:22 Et là, dans ce roman, "Les Effacés",
05:24 on est plutôt dans le monde de la police,
05:26 on va découvrir ça dans un instant, Bernard Minier.
05:28 Qui sont ces effacés ?
05:30 Le maître du suspense Bernard Minier va nous en parler dans un instant.