• il y a 4 mois

Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce jeudi, c’est Marlène Jobert, pour son nouveau conte pour enfants "Panique chez les sorcières" aux éditions Glénat.

Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu

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Transcription
00:00J'ai la chance de recevoir ce matin une actrice, une romancière, une conteuse pour enfants et j'ai fait partie de ces enfants donc je suis très heureux de vous rencontrer ce matin, Marlène Jaubert, bonjour.
00:12Bonjour.
00:13Merci d'être là avant de parler de votre nouveau conte, Panique chez les sorcières.
00:18On va adresser d'abord votre portrait sonore, c'est la tradition ici, des petits sons pour mieux vous connaître. Voici le premier.
00:30Vous reconnaissez ça ? Le sextuore à cordes numéro 1 de Brahms, parce qu'à 20 ans un amoureux vous fait découvrir la musique classique a commencé par ce sextuore et ça a été une révélation je crois pour vous.
00:48Ah oui, j'ai trouvé ça tellement sensuel et beau que j'ai eu envie d'en écouter encore beaucoup, beaucoup, beaucoup.
00:56Parce que vos parents ne vous avaient pas particulièrement transmis le goût de la musique ou de la culture, il a fallu, paraît-il, que vous vous débrouillez un petit peu toute seule, c'est ça ?
01:04C'est exactement ça. Mes parents d'origine très modeste, mon père est d'assistance publique sans culture, ma mère aussi, donc oui je me suis un peu débrouillée toute seule.
01:16Parce que vous avez arrêté l'école assez tôt en plus.
01:18À 13 ans.
01:19À 13 ans, en sixième quoi, c'est ça ?
01:21J'ai eu du mal à terminer la sixième.
01:24Vous étiez l'aîné d'une fratrie de cinq enfants et alors vous entrez au conservatoire de Dijon un peu plus tard, puis à celui de Paris et vous faites vos débuts au théâtre en 63 avec notamment la pièce des clowns par milliers où vous donnez la réplique à un certain Yves Montand et en 66 vous tournez dans votre premier film.
01:44Je ne prends plus en tes promesses, tu m'as trop menti.
01:48Tu connaissais mon adresse, tu ne m'as pas écrit.
01:52C'est pas un peu yéyé ça ?
01:54Qui chante à votre avis ? Est-ce que vous reconnaissez cette voix ?
01:57Chantal Goya.
01:58Bien joué !
01:59Parce que je connais le film, je crois bien que c'est un film de Godard.
02:02Tu m'as trop menti, exactement.
02:05C'était l'ABO du film masculin féminin de Godard en 66 et la voix c'est donc celle de Chantal Goya, actrice à vos côtés dans ce film aussi.
02:14Il y avait Jean-Pierre Léo aussi qui était là.
02:16Mais vous dites que ça n'a pas été un tournage évident, que Godard n'a pas été très très chaleureux avec vous.
02:22C'est-à-dire que j'étais pleine d'illusions, je me suis dit il va y avoir des contacts chaleureux, des échanges avec le metteur en scène, on m'a parlé du personnage, on m'a parlé de rien.
02:32Tu rentres là, tu sors là.
02:34Mais pourquoi je vais là ? Ne t'occupe pas, tu rentres là, tu sors là.
02:39Bon, ok.
02:40Et puis c'est tout.
02:41J'étais très déçue par le manque de contact.
02:45C'est ça, l'impression d'être immeuble.
02:47Exactement.
02:48Qu'est-ce que je fais là ? Pourquoi il m'a choisi ?
02:50Allez, l'extrait sonore suivant.
03:03C'est un éternel besoin d'amour.
03:07Alors on est en 1984, vous vous lancez dans la chanson.
03:11C'était une envie depuis un moment ou c'est venu comme ça par hasard ?
03:15Pour m'amuser.
03:16Un ingénieur du son m'a entendu un jour fredonner, il me dit il faut absolument que tu fasses.
03:22Bon, puis c'est vrai que j'aime bien chanter.
03:25Et puis j'ai voulu faire ça pour m'amuser.
03:28Et puis ça a marché dès le premier.
03:30Enfin, ça a marché le premier.
03:32Puis après, c'est un métier.
03:35Je ne pouvais pas tout faire.
03:37Je ne pouvais pas tout faire en cinéma, mes enfants.
03:42Mais vous avez quand même sorti un disque, un complet, un album complet, tout pour se plaire,
03:46qui va bien marcher, qui est distribué même jusqu'au Québec.
03:49Vous auriez pu continuer dans cette voie-là ou très vite vous vous êtes dit non, finalement ce n'est pas pour moi ?
03:53Il fallait que je choisisse.
03:54J'avais trop d'un seul coup de corde à mon arc.
03:57Il fallait que je choisisse et j'ai choisi ce qui me permettait d'être un peu plus à la maison.
04:02C'est pour surveiller ce qui s'y passait avec mes deux petites films.
04:06Donc j'ai choisi d'écrire, d'écrire des contes.
04:09Puis j'ai éprouvé tellement de plaisir à le faire aussi, il faut dire que voilà.
04:13Mais vous avez fait entre temps beaucoup, beaucoup de films.
04:16Et notamment Nous ne vieillirons pas ensemble de Maurice Pella.
04:19Je suis marre, je ne veux plus te voir.
04:20Tonton, je ne veux plus te voir, je suis marre de toi.
04:22Je suis marre de ta sale tête.
04:23Je suis marre de ton cynoge.
04:25Fous le corps que je ne te revois plus.
04:26Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce que je t'ai fait ? Je ne t'ai rien fait.
04:28Or, qu'est-ce que tu m'as fait en cinq ans ?
04:31Je ne peux plus te supporter, je ne t'aime plus.
04:33Tu n'es plus ma raison de vivre.
04:35Nous ne vieillirons pas ensemble en 1972 de Maurice Pella avec Jean-Yann.
04:40Et là, vous y montrez toute votre palette dramatique qui a été saluée d'ailleurs des années plus tard au César.
04:46Vous avez reçu un César d'honneur.
04:48Et votre performance à l'époque, elle avait été saluée aussi par la critique.
04:52Mais alors, vous dites que le tournage a été épouvantable avec Jean-Yann, avec Maurice Pella qui se haïssait.
04:58Et vous, vous étiez un peu entre les deux, vous serviez d'intermédiaire.
05:01De go-between, oui.
05:06On va croire que je n'ai tourné que des films un peu difficiles.
05:09Et vous ne me parlez que de ces deux-là seulement, c'est-à-dire Godard et Pella.
05:14Vous avez eu des bonheurs aussi au cinéma.
05:15Ah oui, bien sûr, bien sûr.
05:17Là, c'était particulier, c'est parce que Jean-Yann ne voulait pas interpréter le personnage de Pialat,
05:24parce que c'était lui dans l'histoire.
05:26Il ne voulait pas dire ce que Pialat voulait lui faire dire.
05:31Alors, il ne voulait pas.
05:33C'était, va dire à ce con que je ne dirai jamais sa réplique,
05:37va dire à cet imbécile que s'il ne la dit pas, je quitte le tournage.
05:40Ah oui !
05:41Ouh là là !
05:42C'était pas rigolo.
05:43La voix a un peu changé.
05:44Comment ?
05:45La voix a un peu changé.
05:46Votre voix ?
05:47Votre voix.
05:48Vous avez une voix de jeune fille, mais vraiment de toute jeune fille.
05:50Vous avez quel âge là ?
05:51Dans le Pialat ?
05:52Oui, en 72.
05:54Oui, j'avais 32 ans déjà.
05:57Non, mais ce qu'il y a, c'est que quand on se met en colère,
06:01on n'a pas la même tessitude.
06:03On monte un peu dans les tours.
06:04Et là, voilà.
06:05Tu es très en colère.
06:06Et puis on vieillit, quoi.
06:08Non, mais il y a des voix qui ne bougent pas.
06:10On parlait de Chantal Goya tout à l'heure, la voix n'a pas bougé.
06:13Ah oui, c'est vrai.
06:14Mais ce passage d'ailleurs, ce passage de nous ne vieillirons pas ensemble,
06:18si je vous le passe aujourd'hui, c'est aussi parce que votre fille,
06:20l'actrice Eva Green, l'a partagé sur son compte Instagram.
06:23Et visiblement, elle a beaucoup aimé ce film.
06:27Vous, vous avez cherché à la dissuader d'ailleurs,
06:30plutôt de faire ce métier, Eva Green.
06:32N'oubliez pas qu'à face de cinéma.
06:34Je n'avais pas envie qu'elle soit malheureuse.
06:36Et alors, je me suis dit avec le tempérament qu'elle a,
06:40cette espèce de trop introvertie,
06:42trop timide, elle va morfler.
06:45Et puis finalement, elle a vraiment bien fait de ne pas m'écouter.
06:49Oui, parce que c'est une magnifique m'ilédit dans la trilogie des muscletaires,
06:53entre autres, récemment.
06:55Bien sûr. Et alors, on va continuer à parler avec vous de cinéma,
06:58mais surtout de ce livre, de ce nouveau conte,
07:01Panique chez les sorcières.
07:03On en parle dans un instant, on en parle tout de suite.