• il y a 8 mois
Ancien directeur du renseignement militaire et des forces spéciales, Christophe Gomart est en troisième position sur la liste des Républicains pour les élections européennes.
Regardez L'invité de RTL du 21 mars 2024 avec Amandine Bégot.

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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h44 à l'heure de la guerre en Europe les républicains ont choisi un général
00:11 comme numéro 3 de leur liste pour les européennes. Amandine Bégaud vous recevez ce matin le général Christophe Gomart.
00:16 Christophe Gomart, le patron des républicains. Eric Ciotti a vivement critiqué ces dernières semaines Emmanuel Macron et son
00:22 changement de ton à l'égard de la Russie. Il accuse le président, je le cite, de jouer avec les peurs
00:27 et de monumentaliser cette guerre en Ukraine à des fins électorales en évoquant un possible envoi de troupes françaises en Ukraine.
00:33 Est-ce que vous qui avez dirigé le renseignement militaire, les forces spéciales, vous êtes d'accord avec Eric Ciotti ? Le président joue avec les peurs ?
00:40 Le président joue avec les peurs, oui.
00:42 C'est vrai que la guerre est aux portes de l'Europe. On ne peut nier
00:47 avec des ukrainiens qui malheureusement actuellement reculent un peu face à la poussée russe, face à l'artillerie russe.
00:53 Donc oui, on a un petit sujet effectivement face à cette guerre. Ce que demande le président Zelensky lui, il demande des munitions.
00:59 Et je crois que ça a été très bien résumé par le premier ministre polonais
01:04 Donald Tusk qui dit "moins de mots, plus de munitions". Et je crois que c'est ça là
01:09 le vrai point. Donc des troupes françaises sur le sol ukrainien pour vous c'est inenvisageable, c'est pas une option ?
01:14 Ça n'arrivera pas ? Aujourd'hui d'ailleurs Zelensky ne demande pas de troupes occidentales sur son sol. Lui il réclame à chaque fois à nouveau des munitions.
01:21 Il ne réclame rien d'autre en réalité. Et d'ailleurs même l'OTAN dit "nous on va vous aider à fournir des munitions" sans doute en nombre
01:27 insuffisant malheureusement pour les ukrainiens. Mais c'est ceux dont ont besoin aujourd'hui les ukrainiens de mon point de vue.
01:33 A tel point c'est que les ukrainiens n'ont pas mobilisé tous leurs hommes.
01:37 Donc c'est bien la preuve que s'ils n'ont pas mobilisé tous leurs hommes, c'est qu'ils n'ont pas forcément besoin des nôtres.
01:42 Ils ont besoin de munitions.
01:43 Sauf que depuis le début de cette guerre, depuis deux ans, on voit bien que les choses évoluent. Au départ on avait dit une aide humanitaire,
01:50 matériel, mais pas d'armes. Et puis des munitions, des armes, on avait dit mais pas de chars par exemple. Et puis des chars.
01:56 On évoque aujourd'hui la question d'avions de chasse.
01:58 Oui il est vrai que... On recule chaque fois les limites. Les occidentaux ont mis du temps à répondre effectivement aux demandes exactes des ukrainiens.
02:06 Mais il a fallu du temps pour s'organiser. Je crois que les occidentaux se sont organisés.
02:10 La France fait partie des pays qui donnent. Ce n'est pas le pays qui donne le plus c'est vrai.
02:14 Mais la France donne. Et je crois que c'est vrai qu'on n'a pas donné suffisamment de chars. Mais
02:20 la vraie difficulté c'est qu'en Europe vous avez dix modèles de chars différents, vous avez dix modèles d'avions différents.
02:24 Donc et tout ce qui est en termes de maintenance et de soutien logistique,
02:28 ça devient très très compliqué pour les ukrainiens en réalité. Donc ce qu'on a cherché à donner je crois,
02:33 c'est plus du matériel à peu près du même type pour que le soutien logistique soit plus facile.
02:37 Gouverner c'est prévoir, a rappelé Emmanuel Macron quand il a expliqué justement
02:41 ses intentions. Il faut se préparer à toutes les individualités non ? Si demain il fallait envoyer des troupes françaises,
02:48 on ne sait pas ce qui peut se passer dans les prochains mois. On lui reprocherait de ne pas l'avoir préparé ça ?
02:51 En tant qu'ancien militaire, je sais que l'armée française planifie et on n'arrête pas de planifier. On fait la planification, c'est à dire qu'on se prépare à toute
02:57 éventualité
02:58 à un conflit majeur. Mais c'est vrai que quand vous regardez le livre blanc de 94, on prévoyait un scénario 6 je crois,
03:05 d'un engagement majeur face à une
03:07 engagement conventionnel, j'allais dire une guerre pour une guerre de haute intensité. Et les livres blancs suivants ne parlent plus de ça. Donc on a
03:14 une armée française aujourd'hui qui est une armée qui a été utilisée, qui a payé le prix du sang,
03:18 mais qui ne dispose sans doute pas de suffisamment de masse en termes de canons, en termes de munitions, en termes de chars,
03:24 et en termes d'avions et de frégates.
03:26 Donc...
03:27 Donc oui, on planifie, on planifie une intervention possible, mais je pense que
03:31 au-delà des mots, derrière il faut mettre des actes. Des actes c'est quoi ? C'est renforcer notre défense,
03:35 c'est mettre plus d'argent. Mais c'est vrai qu'avec une dette de 3200 milliards d'euros, c'est bien difficile.
03:41 Mais c'est bien d'avoir des mots de fermeté, encore derrière faut-il avoir
03:45 une armée française. - Donc ça ne suit pas en fait, si je vous comprends. - Ça ne suit pas, exactement.
03:49 On ne fabrique pas nous-mêmes nos propres obus. On achète la poudre en Australie,
03:53 la cellulose on l'achète ailleurs. Donc on voit bien derrière qu'il y a un besoin de se réarmer, mais pas uniquement dans les paroles,
03:58 il y a un besoin de se réarmer
04:00 réellement et concrètement.
04:01 - Emmanuel Macron n'est pas le seul à évoquer cette hypothèse. Le chef d'état-major de l'armée de terre le dit aussi dans une tribune qui a
04:07 été publiée ces derniers jours dans le journal de Monde. Le Monde, il est assez clair,
04:10 les nouvelles formes de conflictualité, dit-il, s'ajoutent aux anciennes sans les remplacer. Il cite par exemple la guerre électronique qui n'est pas exclusive de corps à corps.
04:17 Et il ajoute, la dissuasion nucléaire n'est pas une garantie. L'armée française se prépare aux engagements les plus durs,
04:22 le fait savoir et le démontre. Le fait de le faire savoir, ça fait partie de la guerre aussi ça, on est d'accord ?
04:29 - Bien sûr, il y a une dimension psychologique, c'est-à-dire qu'on monte notre capacité à le faire si on nous le demande.
04:34 D'ailleurs l'armée française est prête.
04:36 L'armée française est prête à engager. C'est la seule armée européenne qui a été réellement engagée de manière opérationnelle
04:42 à travers l'Afrique, à travers le Sahel, en Afghanistan, également en Irak,
04:48 qui est encore engagée sous casque bleu au Liban. Donc l'armée française est prête de manière opérationnelle. Ce qui lui manque sans doute c'est un peu la masse.
04:54 Et là vous avez raison, c'est qu'il faut sans doute plus développer notre guerre électronique
04:58 face à la guerre électronique russe qui est très très puissante. Il faudrait redévelopper sans doute, avoir plus de drones,
05:04 avoir une artillerie solaire sans doute un peu plus puissante et plus légère que celle que nous avons. Et pas uniquement des missiles
05:10 qui vont détruire des drones. Donc oui, on a besoin sans doute non pas de se réinventer, mais de se réarmer concrètement.
05:16 - Et le fait d'agiter cette menace, ça peut changer quelque chose à l'égard de Poutine ? Est-ce que ça peut, je vais vous le dire très très vialement, l'agacer par exemple ?
05:23 - Poutine est agacé, mais j'allais dire, on s'en fiche qu'il soit agacé Poutine. Depuis le début c'est lui qui nous agace.
05:28 Donc oui, c'est pas très grave. - Mais on peut être crédible face à Poutine, si on dit on n'enverra jamais personne ?
05:36 - D'abord, la France ne s'engagera pas seule. La France s'engagera en coalition.
05:41 En coalition au sein de l'OTAN. Et dès lors vous allez me dire "mais si les américains veulent pas". Justement je pense qu'il s'agit de développer un pilier européen,
05:49 une architecture de sécurité européenne, c'est-à-dire un pilier européen au sein de l'OTAN. C'est-à-dire que les européens soient capables, entre eux,
05:55 de pouvoir effectivement mener un combat de haute intensité face à un adversaire qui nous attaquerait.
06:00 - Christophe Gomart, je le disais, vous serez donc numéro 3 sur cette liste, vous êtes numéro 3 sur cette liste, les républicains pour les élections européennes.
06:06 Est-ce que ces élections peuvent vraiment avoir un impact, des conséquences sur cette guerre en Ukraine ?
06:10 - Alors je ne sais pas si elles auront un impact, mais en tous les cas, nous sommes à plus de deux mois des élections européennes qui auront lieu le 9 juin.
06:16 Il me semble important en tous les cas de porter à la connaissance des français et des électeurs ce qu'il en est exactement de l'état de la situation, de l'état de nos forces.
06:24 Est-ce que ça changera quelque chose dans cette guerre ? En tous les cas, je pense que les français doivent continuer à porter leur soutien aux ukrainiens.
06:30 De soutenir ce pays qui a été attaqué le 24 février 2022, je pense que c'est nécessaire, en effet, et j'espère que ça révélera certains esprits.
06:39 - Je le rappelais, les républicains ont vivement critiqué l'attitude d'Emmanuel Macron dans notre baromètre.
06:43 Toluna Harris interactive pour RTL et M6 publie aujourd'hui la liste LR, justement, pour ces européennes est encore à la peine.
06:50 7% d'intention de vote, au coude à coude avec les écologistes et loin derrière le RN qui est à 30%, extrêmement haut, et Renaissance à 18%.
06:58 Est-ce qu'en vous en prenant à la politique d'Emmanuel Macron, finalement, vous ne vous trompez pas de combat ou d'adversaire ?
07:05 Ce n'est pas sur le RN que vous devriez taper ?
07:08 - Alors, écoutez, je rentre en politique. C'est un saut un peu dans le vide, mais comme je suis un ancien parachutiste,
07:16 pour moi c'est un vrai challenge. Ça veut dire qu'effectivement, bon, il y a les sondages, c'est très bien,
07:21 mais au-delà des sondages, pour moi, effectivement, c'est l'occasion pour la droite classique,
07:24 c'est-à-dire de reprendre et de se repositionner en tant que parti de la liberté, parti de responsabilité.
07:30 - Et qu'est-ce qui différencie justement les LR et le RN sur ces questions-là, de défense ?
07:34 - Pour moi, le RN n'est pas un parti de responsabilité.
07:37 D'ailleurs, à tel point, c'est que lors du vote à l'Assemblée ou au Sénat, le RN s'est abstenu.
07:41 Donc il y a un non-choix derrière, alors que les Républicains se sont engagés à soutenir l'Ukraine.
07:47 Donc oui, pour moi, il y a une véritable différence.
07:49 - Merci beaucoup, Christophe Gomart, donc candidat pour ces élections européennes.
07:53 Numéro 3 sur la liste des Républicains.
07:55 - La France a besoin de se réarmer, vient de nous dire le général Christophe Gomart.
07:58 Vous restez avec nous, vous êtes dans l'œil de...
08:00 !

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