• il y a 11 mois
Ecoutez l'interview du président du groupement Les Mousquetaires (Intermarché, Netto, Bricomarché, Bricorama...).
Regardez L'invité de RTL du 08 janvier 2024 avec Amandine Bégot.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud vous recevez donc ce matin le président du groupe
00:12 "Ment les Mousquetaires" Thierry Cotillard.
00:14 Les Mousquetaires, on le rappelle pour nos auditeurs ce sont des magasins qu'on connaît tous,
00:17 Intermarché ou encore Netto. Thierry Cotillard, la dernière fois que vous êtes venu ici le matin sur RTL,
00:22 c'était le 30 août dernier et vous m'aviez dit "Septembre vert c'est mort, ce sera
00:27 mars vert". Vous êtes toujours sur cette ligne mars vert ? Ce sera même peut-être février vert,
00:32 puisqu'on est en négociation, vous le savez, avec
00:35 des PME et des multinationales et la bonne nouvelle c'est que l'inflation à deux chiffres c'est fini,
00:40 c'est derrière nous et pour la première fois depuis trois ans on obtient des baisses de prix à l'achat,
00:45 des baisses qu'on va répercuter.
00:48 C'est le cas en ce moment avec les PME. Alors les PME elles vendent leurs marques, des produits régionaux, elles font aussi des produits à
00:54 marques de distributeurs et sur ces produits à une semaine de la clôture des négo,
00:58 70% des contrats sont signés, la bonne nouvelle c'est qu'on a des baisses de prix.
01:02 C'est plus compliqué sur les grandes marques, les multinationales et la clôture des négo, ce sera dans trois semaines.
01:08 Alors voilà, ça se passe en deux temps, c'est 15 janvier pour les PME et moyennes entreprises et 31 janvier pour les gros groupes.
01:15 Quand vous nous dites
01:17 "baisse de prix sur certains produits", on va être très concret sur quels produits, qu'est ce que je vais acheter,
01:21 donc ça quoi, dès le début du mois de février ou il y a une petite
01:25 revue en place ? - Alors nous on n'a pas attendu, parce qu'on s'est dit, vous l'avez dit, la première attente des français c'est
01:31 une attente sur le pouvoir d'achat. Donc depuis le 1er janvier on a baissé 1000 prix
01:35 de manière conséquente. - Baissé par rapport au mois de décembre ? - Baissé par rapport au mois de décembre.
01:40 - Vous anticipez en fait le niveau de saison ? - Voilà, faisant le choix d'anticiper puisque c'est l'attente des français.
01:43 C'est un pari qu'on fait, donc on anticipe aussi la fin des négo.
01:46 Une partie de ces baisses on les a obtenues, comme je vous l'ai dit, et puis les autres c'est avec l'espoir d'obtenir ces baisses-là.
01:52 Alors concrètement, puisqu'il faut parler, le poisson coûtait très cher, on a le cabillaud qui va faire -25%.
01:57 Le cordon bleu, c'est un produit demandé par la famille, ça fera -15%.
02:01 Et puis vous avez des produits qui sont vraiment liés à la baisse des matières premières.
02:05 Le blé fait -30, donc il faut s'attendre, chez Intermarché, mais j'ai envie de vous dire dans l'ensemble de la distribution, chez mes concurrents aussi,
02:11 des baisses sur les biscuits, des baisses sur les pâtes. - Des choses qui avaient beaucoup augmenté ? - Énormément augmenté.
02:16 L'huile aussi avait explosé. Aujourd'hui, sur l'huile de tournesol, l'huile de cozin, on va faire des baisses de -30 à l'achat.
02:23 Et donc ça va être des mayonnaise, par exemple, ou des huiles tout court qui vont baisser.
02:27 Donc c'est plutôt une très bonne nouvelle pour nos consommateurs.
02:28 Sur un caddie que je paie aujourd'hui 100 euros, ça veut dire quoi concrètement ? On peut dire ça ou pas ?
02:33 Concrètement, on estime en fait que sur une partie du périmètre, on pourra avoir des baisses de 2 à 3%.
02:40 Des produits, par contre, comme le jus d'orange, le cacao ou l'huile d'olive vont être en forte hausse.
02:47 Donc ce sera toujours pareil. - Mais donc à l'arrivée, je ne vais pas forcément le voir à la caisse ?
02:50 - À l'arrivée, vous aurez certainement un panier.
02:52 Alors, il est encore trop tôt pour le dire parce qu'on est à trois semaines de la fin d'énégo.
02:55 Mais moi, je pense que l'inflation, elle va redevenir normale entre 0 et 2%.
02:59 Donc ça n'a quand même rien à voir avec ce qu'on a connu ces deux dernières années.
03:01 - Donc si je paye 100 euros à la fin de la semaine pour mon caddie, je vais à peu près payer 100 euros ?
03:05 - Alors, je suis Intermarché un peu moins parce que j'ai anticipé.
03:09 Mais sinon, effectivement, ça va être ça.
03:11 - Vous parliez des gros groupes agroalimentaires.
03:14 Carrefour a annoncé la semaine dernière qu'il retirait de ses rayons tous les produits du géant américain PepsiCo
03:18 parce qu'il réclamait justement de trop fortes hausses de prix.
03:22 C'est quoi ? C'est un coup de com' ou c'est un vrai moyen de pression ?
03:25 - Non, c'est une réalité.
03:26 C'est une réalité où, en fait, Carrefour a son combat avec Pepsi.
03:31 Nous, on l'a avec Lotus, par exemple.
03:33 On avait accepté des hausses de plus de 50% parce que le papier coûtait cher.
03:36 Aujourd'hui, le papier, la matière première fait moins 20%.
03:39 On est en droit de demander pour nos consommateurs des baisses de prix.
03:41 On a encore des hausses à 4%.
03:43 Donc, on n'est pas en conflit, mais en tout cas, on est en discussion
03:47 qui pourrait nous amener, comme Carrefour, à réduire les assortiments.
03:50 - Vous pourriez vous priver carrément de certaines marques ?
03:52 - Bien sûr. Alors, nous, on a un juste milieu.
03:55 C'est-à-dire que la réalité, c'est que vous avez du mal à vous passer de Coca-Cola et Nutella pendant six mois.
04:00 En revanche, ce sont des multinationales qui ont des assortiments pléthoriques.
04:03 Et notre choix pourrait être de réduire la voilure et d'avoir moins de références.
04:07 - Sauf que si vous dites à Coca, je ne prends plus tel et tel boisson,
04:11 ils vont vous dire qu'on ne vous livre plus de Coca tout court.
04:13 - Ils pourraient faire ce choix-là, mais lorsque vous êtes en conflit chez Inter, chez Carrefour, chez Leclerc,
04:18 à un moment, c'est des industriels, il faut aussi faire du volume.
04:20 - Justement, pourquoi est-ce que toute la grande distribution ne s'allie pas contre ces géants ?
04:23 On pourrait imaginer une union Carrefour-Intermarché-Systemu contre des géants.
04:27 Parce que vous n'êtes rien. Enfin, ce n'est pas du tout péjoratif dans ma bouche,
04:32 mais c'est tout petit par rapport à un géant comme Coca-Intermarché.
04:36 - Si on s'unit, ça ne marche pas ?
04:37 - Si on s'unit, on serait convoqué à Bercy, parce que le droit de la concurrence nous interdirait évidemment.
04:43 Et là, on prendrait une très grosse amende, donc le jeu n'en vaut pas la chandelle.
04:46 En revanche, ce qui est fait, et je pense que les auditeurs le savent,
04:49 c'est que les distributeurs s'allient pour peser face à des multinationales.
04:53 Donc, c'est une alliance souvent au niveau européen.
04:56 Mais nous, par exemple, on a fait le choix il y a un mois, on l'a annoncé,
05:00 de faire une alliance avec Auchan.
05:01 Donc, ça peut choquer en disant "attendez, ils sont concurrents".
05:03 Oui, mais pour peser sur Nutella et sur Coca-Cola, on a décidé de s'allier à l'achat.
05:07 Et donc, on fera une alliance en 2025 avec notre concurrent pour peser sur ces multinationales.
05:11 - Encore un mot sur ces déférencements.
05:14 Vous nous dites ce matin, si eux qui ne joueront pas le jeu, n'auront plus leur place chez Intermarché.
05:19 - Exactement.
05:20 Je vous donne un autre exemple.
05:22 On a aujourd'hui le blé qui baisse, on a l'huile, le beurre, -40 sur le beurre.
05:27 Les biscuitiers comme L'U et Oréo, ce sont des marques très connues, arrivent avec des hausses de 9%.
05:33 On est en médiation.
05:34 C'est-à-dire que là, le niveau de tension est tel que Bercy s'est emparé du dossier
05:39 pour voir comment on allait sortir.
05:40 - Mais vos biscuits à vous, Marc Distributeur, eux, ils baissent ?
05:43 - Baissent.
05:44 Le Chabriolt Cookies, qui est fait en Bretagne, fera 75 centimes et il fait partie de ma liste
05:48 des produits qui baissent parce que la réalité industrielle, nous, à la différence des
05:52 autres distributeurs, on a des usines, on connaît le coût de production et on sait
05:55 qu'on peut impacter de baisse ces produits-là.
05:58 - Un mot, Thierry Cotillard, de la shrinkflation.
06:00 Vous aviez été le premier, ici même d'ailleurs, sur RTL, à dénoncer ce procédé.
06:05 On le rappelle, c'est réduire la quantité, le poids d'un produit pour ne pas toucher
06:08 au prix ou même d'ailleurs pour l'augmenter au passage.
06:11 Le gouvernement veut légiférer en imposant à la grande distribution de signaler ces
06:14 changements.
06:15 C'est une bonne idée ou pas ?
06:16 - L'idée est bonne, évidemment, parce que personne ne peut cautionner cette dérive.
06:19 La manière de le mettre en œuvre va être un peu compliquée.
06:23 - Les industriels disent qu'il faut que ce soit aussi sur les marques distributeurs.
06:25 - On le fera.
06:26 Il n'y aura aucun problème.
06:27 Le seul sujet, c'est qu'aujourd'hui, le projet de loi prévoit que ce soit les distributeurs
06:31 qui informent le consommateur de ce changement de prix.
06:35 On aimerait bien que ce soit plutôt les industriels qui assument cette responsabilité.
06:38 - Autre gros dossier du moment, c'est la reprise des magasins casinos.
06:41 Intermarché a, avec Auchan, et vous l'évoquiez, fait une offre de reprise sur 313 magasins.
06:45 D'après l'intersyndicale de chez Casino, les deux tiers de ces 313 magasins vont devenir
06:50 des magasins intermarchés.
06:51 Vous nous confirmez ?
06:52 - Je ne peux pas vous le confirmer parce qu'en fait, on est en discussion exclusive.
06:56 On doit surtout présenter ces chiffres aux représentants du personnel.
06:59 - Quand ils disent deux tiers, c'est de cet ordre-là ?
07:03 - Ça peut être de cet ordre-là.
07:04 Sachant que, et ce n'est pas un scoop, vous avez compris, notre alliance portait sur le
07:08 fait qu'Auchan avait un savoir-faire sur les hypermarchés.
07:11 Donc, ils ont pris moins d'unités mais qui font plus de chiffres d'affaires.
07:14 Intermarché se retrouvera avec plus de magasins puisque ce sont plutôt des supermarchés.
07:18 - Pour les auditeurs qui nous écoutent, qui ont un casino près de chez eux, à partir
07:21 de quand il sera intermarché ou Auchan ?
07:23 - Ce sera au printemps.
07:24 Donc, on pense que les premiers changements d'enseignes auront lieu en avril, de avril
07:29 à juin, jusqu'à peut-être septembre, avec deux ambitions très claires.
07:33 Une ambition commerciale, c'est important pour les auditeurs de savoir qu'on y apportera
07:36 nos concepts, nos offres et surtout nos prix.
07:38 La réalité, c'est que ce qu'on va proposer, ce sera 15% moins cher que ce que proposait
07:42 Casino.
07:43 Donc, ce n'est pas rien.
07:44 C'est qu'on va gommer l'inflation finalement qu'on a évoquée de ces dernières années.
07:48 Et puis, vous l'avez évoqué, il y a un enjeu humain, c'est-à-dire qu'on reprend un actif
07:51 commercial certes, mais on reprend surtout des effectifs et donc il va falloir qu'on
07:55 arrive à les embarquer dans notre culture de mousquetaires.
07:58 - Il n'y a aucune inquiétude à avoir pour ces salariés qui aujourd'hui sont dans les
08:00 magasins casinos ?
08:01 - Nous, on a pris l'engagement avec Auchan, on l'a pris à Bercy avec Bruno Le Maire,
08:06 de faire le maximum pour sauver le maximum d'emplois sur les points de vente parce qu'on
08:10 considère que dans la très grande majorité des cas, il y a un potentiel et donc on va
08:14 investir.
08:15 - Le maximum, ça ne veut pas dire tous les salariés ?
08:16 - Non, ça ne veut peut-être pas dire tous les salariés.
08:18 Ça va être étudié dans les semaines qui viennent, site par site.
08:21 Il ne faut pas mentir à ces salariés-là, pour qui c'est douloureux aussi de quitter
08:26 le groupe casino.
08:27 Il ne faut pas leur mentir, il faut aussi avoir la réalité d'une situation qui était
08:31 catastrophique et donc dans certains cas très isolés, il pourrait effectivement y avoir
08:36 des points de vente qui ne soient pas repris, mais ce n'est pas l'objectif.
08:38 En commençant la copie, l'objectif c'est de tout reprendre.
08:41 - Juste d'un mot Thierry Clotillard, un acteur de moins, ça veut dire moins de concurrence,
08:44 est-ce que ça ne va pas à l'arrivée pénaliser le consommateur ?
08:46 Vous nous annoncez certes moins 15% de baisse de prix, mais à l'arrivée, pour nous tous
08:49 consommateurs ?
08:50 - Je ne crois pas.
08:51 Très honnêtement, je ne crois pas.
08:52 On est au début de ce qui finalement était prévu, la concentration d'un secteur où
08:56 quand vous avez 8 ou 9 acteurs en France, je le rappelle, en Allemagne, en Angleterre,
09:01 c'est 3, 4.
09:02 C'est peut-être entre les deux, le juste milieu, c'est peut-être 6 acteurs.
09:04 En tout cas, nous on veut être acteurs de ce changement.
09:07 !

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