diapo.movie

  • il y a 7 mois
CONFÉRENCE SUR L'EAU

Partager l'eau : comment ?
L'intégralité de la conférence de Marie MÉZIÈRE-FORTIN (Craon - 15-02-2024) - 40 min

Organisation : ACDC - FE53 - FNEPDL

Avec l'aimable autorisation de Marie MÉZIÈRE-FORTIN

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Bonsoir à tous.
00:07 Alors, une hydrobiologiste, qu'est-ce que c'est ? C'est une biologiste qui fait des
00:24 diagnostics de la qualité des eaux, des rivières et des lacs en se basant sur les espèces
00:28 qui y vivent et en fonction de la possibilité à accomplir leur cycle de vie, on est capable
00:33 de déterminer si cette rivière est en bonne santé ou pas.
00:36 Donc ça, ça a été mon métier pendant un petit peu plus de 15 ans et ensuite par la
00:40 vie.
00:41 Je me suis orientée moins sur des questions de terrain et plus sur des questions politiques.
00:46 Et aujourd'hui, j'ai plusieurs casquettes, celle de formatrice sur la question du grand
00:51 cycle de l'eau et formatrice en biologie et en hydrobiologie en règle générale, parce
00:55 que j'interviens aussi à l'université.
00:57 J'ai une petite casquette de prof de SVT dans un petit lycée à côté de chez moi et une
01:03 grosse casquette en toute transparence.
01:05 Je suis aussi membre du réseau France Nature Environnement, plus particulièrement France
01:09 Nature Environnement Pays de la Noire et je siège pour cette association au comité
01:14 de bassins Nord-Bretagne.
01:15 Vous ne savez pas ce que c'est, je vais vous expliquer, ne vous inquiétez pas.
01:18 Et au conseil économique et social et environnemental de la région Pays de la Noire.
01:22 Vous ne savez pas ce que c'est, mais ça, je ne vais pas vous expliquer.
01:25 C'est le juel du conseil régional.
01:27 Et aujourd'hui, je suis là pour vous parler d'eau avec deux points de vue.
01:32 Celui de comment ça fonctionne finalement et derrière, comment on fait pour organiser
01:36 ce partage de l'eau qui devient un sujet majeur.
01:38 Donc, pour pouvoir vous parler de tout ça, je vais d'abord commencer par voir si on
01:42 a tous le même langage, si on utilise tous le même vocabulaire.
01:46 La première chose, qu'est-ce qu'un bassin versant ? Un bassin versant, c'est une limite
01:51 géographique le plus souvent déterminée par les lignes de crête, les lignes de plus
01:55 haut niveau.
01:56 Et c'est une délimitation d'un territoire à l'intérieur duquel toutes les eaux qui
02:01 vont tomber vont brûlisseler ou traverser le sol pour rejoindre le même cours d'eau.
02:05 Typiquement, ici, on est sur le bassin versant de Moudon.
02:08 Qu'on soit proche ou qu'on soit loin de Moudon, si on est sur le bassin versant de Moudon,
02:12 soyons clairs, on pollue Moudon.
02:13 Dès le début, je le dis tout de suite, vivre c'est polluer, on ne va pas se cacher derrière
02:17 son petit doigt.
02:18 On est tous responsables de la pollution de l'eau en règle générale.
02:21 Et ça c'est important cette notion de bassin versant, parce que quand on veut gérer un
02:26 milieu aquatique, quand on veut gérer une rivière, on ne va pas pouvoir travailler
02:30 à l'échelle des administrations, on ne va pas pouvoir travailler à l'échelle de la
02:34 commune ou de la communauté de communes ou de départements, parce qu'en France, nos
02:38 échelles administratives et nos limites administratives ne sont pas organisées en fonction des limites
02:42 géographiques.
02:43 Et vous savez, typiquement, Moudon, vous êtes en Mayenne, moi je suis plus en Naval, donc
02:48 quand vous polluez chez vous, ça arrive chez moi, du côté du lion d'Angers, du côté
02:52 de Segrès et sur ma commune.
02:54 Je plaisante, en fait, c'est un sacre d'amour.
02:56 Ça, ça fait que tous les territoires sont associés les uns à côté des autres, sous
03:02 forme de bassin versant, et là on a une jolie représentation finalement de l'ensemble
03:06 de la France et des principes aux fleuves et de leurs bassins versants qui ressortent
03:10 automatiquement.
03:11 Donc ici, on a tout le bassin versant de la Loire, c'est-à-dire la Loire elle-même
03:15 et tous ses affluents.
03:16 Quel que soit l'endroit où vous vous situez sur ce territoire bleu marine, à un moment
03:20 ou à un autre, l'eau qui vient de votre territoire finit à Saint-Nazaire.
03:24 Et quand on travaille à l'échelle d'un bassin versant, on peut travailler à une
03:28 échelle plus ou moins grande.
03:30 On peut travailler à l'échelle du bassin versant de Moudon, mais on pourrait très
03:33 bien considérer qu'on travaille aussi à l'échelle du bassin versant de la Mayenne
03:36 puisque le Moudon est un affluent de la Mayenne.
03:38 Ou même travailler à l'échelle du bassin versant de la Menne, puisque le Moudon est
03:42 un affluent de la Mayenne qui est un affluent de la Menne.
03:46 A l'échelle de la Mayenne, on a plusieurs Mayennes départements, on a plusieurs bassins
03:51 versants, celui de la Mayenne, mais aussi des affluents de la Mayenne comme la Joanne
03:55 ou ici le Moudon qui va être un bassin versant vraiment sur deux départements, la Mayenne
04:01 et le Manéois.
04:03 Ensuite, la répartition de l'eau.
04:06 A l'échelle planétaire, on a un océanologue, un océanographe américain qui a fait cette
04:12 représentation assez sympathique.
04:15 Finalement, nous sommes sur la planète bleue, tout le monde la surnomme comme ça, mais
04:18 si on prenait toute l'eau de la Terre qu'on mettait sous une forme de boule à la même
04:22 échelle que notre planète, on aurait finalement une boule de cette taille-là.
04:27 Donc notre planète bleue, la quantité d'eau, elle nous paraît bien plus petite d'un seul.
04:31 Mais cette quantité d'eau-là, c'est une quantité d'eau qui est majoritairement salée,
04:36 puisque la Terre est recouverte majoritairement d'océans.
04:39 Si je ne m'intéresse qu'à l'eau qui nous nous intéresse en tant qu'humains, c'est-à-dire
04:43 l'eau douce, je ne vais avoir que cette petite boule-là.
04:49 Et puis cette eau douce, il faut qu'elle soit accessible.
04:53 Donc nous, celle qui nous intéresse, c'est celle qui va se trouver dans les lagues, dans
04:56 les rivières, éventuellement dans les nappes phréatiques, mais quand elles ne sont pas
04:59 trop profondes.
05:00 Et alors là, vous ne l'avez même pas remarqué, mais c'est cette petite tête d'épingle
05:03 ici.
05:04 Sachant que cette petite tête d'épingle, c'est ce qui reste comme eau douce, liquide,
05:09 facilement prélevable pour toute la Terre.
05:14 Et comme vous le savez, elle n'est pas très bien répartie, cette eau-là.
05:18 On est plus chanceux que d'autres quand même en manière.
05:21 Soyons clairs.
05:23 Alors le cycle de l'eau, on en parle beaucoup en ce moment.
05:27 Et ce qu'on nous apprend sur le cycle de l'eau, c'est ça.
05:29 Et je vous assure, moi j'enseigne.
05:31 J'ai la tendance à continuer d'enseigner ça encore, même au collège.
05:35 C'est-à-dire une énergie solaire qui arrive sur les océans, qui condense l'eau, qui
05:40 l'emmène dans les nuages.
05:41 Les nuages se déplacent sous les pressions atmosphériques, se déplacent jusqu'à rencontrer
05:45 des points continentaux un peu plus durs qui font que l'eau tombe sur le territoire, dans
05:50 les rivières et les rivelles, ou alors elle s'infiltre pour rejoindre la nappe phréatique.
05:54 Et elle retourne à la mer et ça fait un magnifique cycle.
05:58 C'est beau, c'est idyllique.
05:59 D'ailleurs, c'est tellement idyllique que sur ce bassin versant-là, il n'y a pas d'humains.
06:03 Il n'y a pas d'agriculteurs, il n'y a pas de villes, il n'y a pas la Thalys.
06:07 Autant vous dire que ce cycle de l'eau tel qu'il est représenté, il est complètement erroné.
06:12 Et il a fallu beaucoup de temps pour prendre conscience que ce cycle de l'eau était erroné.
06:16 Et c'est seulement en 2019 qu'on a un cycle de l'eau qui tient correctement compte des
06:22 activités humaines et de comment les activités humaines modifient la répartition dans les
06:28 différents compartiments.
06:29 On a donc des scientifiques américains qui ont travaillé sur le sujet et qui ont proposé
06:33 une nouvelle carte.
06:34 Alors volontairement, je vous ai laissé ce schéma-là, qui de loin est invisible, on
06:38 est d'accord.
06:39 Mais c'était pour faire un petit peu le contraste entre cette notion de cycle de l'eau ultra
06:43 simplifiée et la réalité.
06:45 La réalité déjà, c'est qu'on n'a pas un seul bassin versant.
06:48 On n'a pas une seule montagne où arrive toute l'eau de l'océan.
06:51 On a plusieurs bassins versants qui sont interconnectés les uns les autres.
06:55 La seconde chose, c'est qu'on a de l'eau qui s'évapore au-dessus des océans, mais
06:59 on en a aussi ailleurs sur le territoire de l'évaporation.
07:02 Déjà parce que nos plantes, elles s'évaporent toutes.
07:04 Et puis, on n'a pas une nappe phréatique.
07:06 Ça, c'est pareil.
07:07 C'est le genre de choses qu'on a tendance à véhiculer.
07:09 Il y en a plein des nappes phréatiques.
07:11 C'est un millefeuille sous nos pas, sous nos pieds.
07:13 Elles sont plus ou moins accessibles.
07:15 Et l'eau qui se trouve dans un compartiment va être prélevée, utilisée pour irriguer,
07:20 pour faire fonctionner nos vignes, pour pouvoir boire nous-mêmes.
07:23 Et elle va s'évaporer, repartir sur un autre bassin versant.
07:27 Je ne reste pas trop longtemps sur cette carte-là, qui est illisible de loin.
07:30 Mais vous voyez, sur ce petit schéma, on voit qu'il y a plusieurs cycles et pas une seule jolie petite boucle.
07:34 Alors l'INRAE a simplifié cette carte-là pour qu'elle soit un peu plus illisible.
07:39 Et ils ont proposé quelque chose d'assez intéressant, qui nous montre ce cycle de l'eau tel qu'il est représenté, représentable aujourd'hui.
07:47 Avec une première remarque, c'est que finalement, l'évaporation océanique qui produit la pluie qu'on a retrouvée derrière,
07:54 cette pluie en majeure partie, elle retombe sur les océans.
07:58 Dans mon premier cycle de l'eau, on avait l'impression que toute l'eau qui partait de l'océan,
08:01 elle allait sur le bassin versant et qui a retombé.
08:03 Ça, c'est une première erreur.
08:05 Alors ici, les flux sont représentés, et ça c'est intéressant cette notion de flux,
08:09 ils sont représentés à l'échelle mondiale, par rang en milliers de kilomètres cubes.
08:14 Moi, je ne vais pas reprendre cette unité-là qui est un peu lourde, à vous dire à chaque fois,
08:18 mais je vais prendre juste une unité arbitraire.
08:20 Sur une évaporation océanique de 420, j'en ai 380 qui retombent tout de suite sur les océans.
08:26 Et après, j'ai donc un flux vers les continents de 46.
08:29 C'est-à-dire vraiment une petite portion.
08:32 Ce flux vers les continents de 46 finit par rencontrer des changements de pression,
08:36 et on retombe en précipitation continentale à hauteur de 110.
08:40 Là, normalement, on dit tout le temps "le calcul, vous êtes prof de SVT, pas prof de maths, ça se voit".
08:47 Effectivement, là, le calcul n'est pas bon.
08:49 Pourquoi ? Parce qu'en fait, les précipitations continentales,
08:53 elles sont majoritairement liées au fait qu'il y a de l'évapotranspiration,
08:58 donc la photosynthèse des plantes, l'évaporation de l'eau au-dessus de nos continents.
09:02 Vous voyez qu'ici, on est presque à 70 d'évapotranspiration sur le territoire.
09:07 Ça, ça signifie que l'aménagement du territoire,
09:11 le pourcentage de plantes que l'on va y retrouver, d'arbres, de végétation et de terre agricole,
09:17 typiquement, vont largement influencer la quantité d'eau qui va repartir dans l'atmosphère,
09:22 et donc potentiellement la pluviométrie.
09:24 Aujourd'hui, il est assez bien prouvé, notamment sur des grosses études
09:28 qui ont été faites à l'échelle du Brésil sur la forêt amazonienne,
09:31 que quand on déforeste massivement la forêt amazonienne,
09:35 la pluviométrie des pays à côté est modifiée.
09:39 On sait aussi que la pluviométrie, par exemple de l'Allemagne ou de la Pologne,
09:43 n'est pas tant du fait de l'eau qui est évaporée au-dessus de l'océan Atlantique
09:47 que de l'eau qui est évaporée sur notre territoire,
09:50 puisque nous, dans l'hémisphère nord, on tourne dans ce sens-là.
09:53 Autre remarque qui a été mise en place par l'INRAE,
09:57 c'est cette notion d'eau verte et d'eau bleue.
09:59 Je ne sais pas si vous arrivez bien à voir tout ça.
10:01 L'eau bleue, finalement, c'est l'eau liquide qui va tomber sous forme de précipitation
10:06 et qui va rester liquide soit en surface, donc mon petit cours d'eau,
10:11 soit au niveau des nappes phréatiques.
10:13 C'est de l'eau qui, finalement, est utilisable par l'homme directement.
10:17 D'ailleurs, en parlant des nappes, vous voyez que la recharge des nappes,
10:20 ici, on est aux alentours de 13 unités pour 110 de précipitation.
10:25 Donc on a moins de 10% finalement de l'eau qui tombe sur un territoire
10:29 qui sert efficacement à la recharge des nappes.
10:32 Et l'eau qui va dans les cours d'eau n'est pas majoritaire,
10:35 c'est vraiment l'eau qui tombe sur le territoire qui va être utilisée par les plantes qui est majoritaire.
10:39 Et d'ailleurs, cette eau qui tombe sur le territoire,
10:41 qui ne rejoint pas les nappes ni les cours d'eau, mais qui s'infiltre dans les sols,
10:45 c'est ce qu'on va appeler ensuite l'eau verte.
10:47 L'eau verte, c'est une eau qui va se stocker dans la terre autour des racines,
10:51 qui n'est pas utilisable directement par l'homme ni par les animaux,
10:54 mais qui a un avantage majeur, c'est qu'elle est largement utilisable par les plantes.
10:59 C'est de l'eau qui est vraiment intéressante aussi en agriculture,
11:02 puisqu'il n'y a que les agriculteurs, ou en tout cas les cultures des agriculteurs,
11:05 qui sont capables d'utiliser cette eau-là.
11:08 Autre notion importante, la notion de prélèvement et la notion de consommation,
11:12 qui sont deux termes assez distincts.
11:14 Les prélèvements, c'est la quantité d'eau qu'on va retirer d'un milieu aquatique, par exemple,
11:19 mais la consommation, c'est la quantité d'eau qu'on va réellement utiliser.
11:23 Pourquoi ? Parce que, par exemple, on a les refroidissements des centrales électriques.
11:27 Alors, sur la Loire, on en a pas mal.
11:29 Elles vont prélever de l'eau pour refroidir leurs turbines,
11:32 mais une grande majorité de cette eau-là, on va tout de suite après la retourner dans la Loire.
11:36 C'est-à-dire qu'on a une petite portion qui va effectivement être évaporée du fait de refroidissement,
11:41 mais il y a une grosse portion qui va être largement restituée.
11:44 Ainsi, alors là, ce sont des chiffres à l'échelle française,
11:46 je n'ai pas les chiffres pour la Mayenne,
11:48 mais à l'échelle française, on a 32,8 milliards de mètres cubes d'eau douce qui sont prélevés par an,
11:56 et sur ces 32,8 milliards, on a 51% qui sont prélevés par les centrales électriques,
12:02 pas les centrales hydrauliques, c'est-à-dire ici, on va être sur Cordemey ou les centrales nucléaires.
12:07 Les usages amicaux et les usages industriels, finalement,
12:10 prélèvent assez peu par rapport à cette grosse quantité de prélèvements.
12:15 8% pour les usages industriels, 9% pour les usages amicaux,
12:19 et là, on voit que la production d'eau totale, en revanche,
12:21 elle a une part non négligeable dans les prélèvements d'eau.
12:24 Et ce qui est intéressant, notamment en termes quantitatifs,
12:28 c'est de regarder ce qui ne retourne pas au cours d'eau.
12:31 Et là, on considère que...
12:33 Alors, ce sont les chiffres, quand on parle des usages agricoles,
12:35 ce sont uniquement les chiffres liés à l'irrigation.
12:38 Il n'est pas question ici de l'abreuvement, par exemple, du bétail,
12:41 on n'a pas tous ces chiffres pour le moment.
12:43 Et on part du principe qu'une irrigation qui est vraiment la plus efficace possible,
12:47 c'est celle où toute l'eau que l'on va mettre sur une terre
12:50 va servir effectivement à la plante et ne va pas retourner au milieu.
12:53 Sinon, c'est qu'on a trop arrosé par rapport à ce dont on avait besoin.
12:56 Et là, d'un seul coup, les chiffres ne sont plus les mêmes,
12:59 mais attention, la consommation est beaucoup plus faible que les prélèvements.
13:02 Donc, les usages agricoles représentent 58% de consommation,
13:07 mais sur 4,1 milliards de mètres cubes d'eau en tout.
13:12 Et là, les usages industriels sont vraiment plus faibles aussi.
13:15 Seulement 4% de l'eau qui est consommée est effectivement consommée pour les usages industriels.
13:21 Donc, on fait bien distinction prélèvement/consommation.
13:24 Autre point de vocabulaire, le temps de résidence.
13:27 Vous allez voir où je vais venir.
13:30 L'eau est présente dans différents compartiments.
13:33 L'eau qui nous intéresse, je vous l'ai dit, et vous le savez, c'est l'eau liquide douce.
13:38 L'eau liquide douce, elle ne reste pas liquide, elle habite dans l'atmosphère.
13:42 Elle reste 8 à 10 jours dans l'atmosphère, ce n'est pas vraiment un lieu de stockage.
13:46 Les océans et les mers, ça stocke bien, ça peut rester jusqu'à 4 millions,
13:49 mais elle ne nous intéresse pas particulièrement.
13:51 Cette eau-là, elle est salée. On peut la désaler, ça coûte extrêmement cher, c'est très énergivore.
13:56 Et puis, elle peut être stockée où ? Dans les lacs, qu'ils soient naturels ou artificiels.
14:00 Ça va aller de quelques jours à quelques semaines.
14:02 On a très peu de lacs naturels.
14:04 En Mayenne, les lacs naturels sont en général des lacs de tourbières ou des lacs de glaciers.
14:08 Dans les rivières, le rôle d'une rivière, ce n'est pas de stocker l'eau.
14:10 On appelle ça un cours d'eau, c'est bien que l'eau se déplace, donc ça va être quelques jours.
14:14 Dans les zones humides, plusieurs années.
14:16 Dans les organismes comme nous, environ une semaine.
14:18 Vous ne savez pas la quantité de thé que vous buvez le matin.
14:21 Dans les sols, entre 2 semaines et 1 an.
14:24 Ça, ça veut dire que la portion organique de mes sols, celle où j'ai de la microbiologie,
14:28 celle où j'ai de la vie, elle peut stocker de l'eau jusqu'à 1 an.
14:32 On considère qu'en fonction du pourcentage de matière organique, on a une capacité de stockage.
14:37 4% de matière organique, c'est environ 1 tonne d'eau stockée par hectare.
14:42 Ça, c'est les chiffres.
14:43 Un aquifère, c'est quoi ? C'est le contenant de la nappe phréatique.
14:47 On parle de nappe phréatique, mais en fait, la nappe phréatique, c'est l'eau.
14:50 Le contenant, c'est-à-dire le compartiment géologique où se trouve cette eau, ça s'appelle un aquifère.
14:54 Ça peut aller de quelques jours à plusieurs milliers d'années.
14:57 Gardons en tête que toutes les nappes phréatiques ne sont pas des lieux de stockage de l'eau.
15:02 Il existe des nappes phréatiques que l'on dit réactives, où l'eau va vite remplir cette nappe phréatique,
15:08 cet aquifère, mais elle va aussi vite repartir.
15:11 On n'est pas toujours... Voilà, c'est pas binaire du tout.
15:15 La biologie, ça nous complique beaucoup la vie.
15:17 C'est qu'il n'y a pas une seule méthode et un seul moyen de fonctionner.
15:21 Mais on a aussi des nappes phréatiques qui stockent l'eau pendant très longtemps.
15:24 Là, on va parler des nappes fossiles.
15:26 En général, quand elles stockent longtemps, c'est qu'il faut aussi beaucoup de temps pour les remplir
15:30 ou qu'elles soient difficilement accessibles.
15:32 Et enfin, la glace, c'est un très bon moyen de stocker l'eau.
15:35 J'imagine que vous êtes tous au courant.
15:37 Actuellement, la glace a plutôt tendance à fondre, donc c'est pas forcément là qu'on va souhaiter la stocker.
15:42 Là, je vous ai parlé surtout du grand cycle de l'eau.
15:45 Je laisserai mon collègue parler du petit cycle de l'eau, puisque là, c'est pas ce qui va me concerner le moins.
15:51 Mais on parle de petit cycle de l'eau quand on est vraiment sur le service public de l'eau,
15:55 c'est-à-dire depuis la potabilisation jusqu'au retour dans le milieu et après, c'est mission.
16:00 Alors aujourd'hui, quel est le constat ?
16:02 Je pars du principe qu'il n'y a pas de climato-sceptique dans la salle.
16:05 Peut-être que j'ai tort.
16:07 En tout cas, le constat, c'est un constat d'accélération du cycle de l'eau.
16:11 Pourquoi ?
16:12 La première chose, c'est en lien avec le réchauffement climatique.
16:16 Et là, on a des chiffres qui ont été officiellement publiés par le Commissariat général du développement durable,
16:26 qui considèrent qu'aujourd'hui, quand on observe la quantité d'eau renouvelable disponible sur notre territoire français,
16:37 cette quantité d'eau disponible a diminué de 14% depuis 1990.
16:42 Pourquoi ?
16:43 Parce qu'un degré Celsius de plus dans l'atmosphère, c'est 7% de la portion d'eau qui part dans l'atmosphère aussi.
16:52 C'est-à-dire que l'eau, on est d'accord, c'est une ressource qui est finie,
16:55 mais c'est une ressource qui est finie à l'échelle mondiale,
16:57 elle n'est pas finie à l'échelle de la Mallée ou de la France,
16:59 c'est-à-dire qu'elle peut sortir de notre territoire,
17:01 et surtout, elle est capable de sortir de compartiments.
17:04 L'eau, elle peut être liquide, solide ou gazeuse,
17:06 mais moi, c'est toujours l'eau liquide qui va m'intéresser.
17:09 Une fois qu'elle est gazeuse dans l'atmosphère, je vais avoir du mal à la...
17:11 Moi, j'ai du mal à la...
17:13 Donc aujourd'hui, on a un constat réel de diminution de la ressource en eau renouvelable à l'échelle du territoire français.
17:20 14%.
17:21 Pourquoi ?
17:22 Parce qu'on a quasiment 1,8, 1,9 degré Celsius,
17:25 1,8, il me semble, de plus que l'air pré-industriel,
17:29 et je vous rappelle, on va sur une trajectoire à 4 degrés Celsius.
17:33 Qu'est-ce que ça fait, cette augmentation de température et cette baisse d'eau renouvelable sur le territoire ?
17:38 Eh bien, ça fait qu'on a moins de pluie en automne,
17:42 alors que l'automne, c'est le moment où les nappes phréatiques se rechargent.
17:46 Les nappes phréatiques, elles se rechargent entre le 1er octobre, 1er novembre, jusqu'à la fin du mois de mars.
17:51 Après, c'est plié, elles ne se rechargent plus.
17:53 La végétation, de toute façon, elle prend le tour.
17:55 Donc, on a moins de pluie au moment de l'automne,
17:57 et en plus, on a une évapotranspiration, c'est-à-dire un pompage par les plantes et une photosynthèse,
18:03 qui augmente toute saison confondue.
18:05 Ça ne va pas vous surprendre, aujourd'hui, il faisait 17 degrés.
18:08 Quand il fait 17 degrés, l'herbe, elle pousse, les bourgeons poussent.
18:11 Quand on est mi-février, ça veut dire que là, les plantes, elles recommencent déjà à évapotranspirer de manière assez forte.
18:18 Donc, c'est ça qui génère une diminution de l'eau disponible sur nos territoires.
18:23 Et ça, c'est déjà un constat, c'est déjà ce qu'il s'est passé sur ces dernières 20, 30 dernières années.
18:29 Donc, accélération du grand cycle de l'eau en lien avec le réchauffement climatique.
18:33 Oui, mais pas que. Pourquoi pas que ? Parce que moi, je vous ai montré comment fonctionnait le cycle de l'eau,
18:38 et vous avez vu que majoritairement, ce cycle de l'eau et cette pluviométrie,
18:42 elle était liée au fait qu'on avait l'évapotranspiration sur un territoire et qu'il y avait un aménagement du territoire.
18:48 Sauf que mon aménagement du territoire, il a beaucoup évolué.
18:52 Qu'est-ce qu'on a fait, d'abord ? Eh bien, on a bien aimé redresser les courants.
18:58 C'est-à-dire qu'il y a eu une période d'après-guerre, alors moi, je vous le dis tout de suite,
19:01 je ne suis pas là pour juger quoi que ce soit. J'en ai absolument pas les capacités, pardon.
19:06 En revanche, je peux faire le constat de ce qui a été fait.
19:09 Ce n'est pas savoir si c'était bien, si ce n'était pas bien à ce moment-là.
19:13 Il était certainement nécessaire de le faire. Mais aujourd'hui, il y a des conséquences à ce qui a été fait par le passé.
19:19 Donc, ce qui a été fait par le passé dans un contexte de reprise économique,
19:23 dans un contexte de facilitation de la vie pour nos agriculteurs,
19:27 il y a eu notamment le remembrement agricole qui a généré un redressement des cours d'eau.
19:33 On accélère l'eau, on fait caler un peu plus vite, qui a généré des curages.
19:38 On a chanalisé aussi les cours d'eau pour qu'ils puissent être navigables.
19:42 Donc, on les a beaucoup modifiés, ces cours d'eau-là.
19:44 Et pour vous donner une idée, alors ça, ce n'est pas sur le territoire,
19:47 c'est une très jolie petite carte de l'évolution de l'Allier, donc un affluent de la Loire.
19:51 Et vous voyez qu'entre le tracé rouge de l'Allier en 1946 et le tracé quasi actuel en 2008 de l'Allier en bleu,
19:59 on a un cours d'eau extrêmement vivant, qui se déplace, qui peut se déplacer de l'ordre de 1 km sur l'immédiat.
20:07 Donc ça, ça signifie quoi ? Ça veut dire qu'un cours d'eau, c'est jamais fait pour aller tout droit.
20:11 Si vous avez déjà observé une eau qui coule sur une vitre, elle n'a jamais d'eau au temps bas.
20:15 Elle a toujours tendance à passer de droite à gauche et à s'innuer.
20:18 Pourquoi ? Parce que c'est une variable physique.
20:21 Quand on a un débit liquide, il est forcément frémit par un débit solide,
20:25 et c'est un équilibre entre les deux qui va générer l'équilibre du cours d'eau.
20:29 Donc le débit du cours d'eau, c'est un débit liquide et un débit solide, et ça fait qu'on cours d'eau.
20:33 Un coup, il va à gauche, un coup, et quand il va à gauche, hop, il va aller creuser un petit peu la berge,
20:38 puis il va ralentir, déposer ses matériaux, il va en reprendre en allant les chercher à droite,
20:42 et il va s'innuer comme ça dans les zones de plaine.
20:45 C'était le cas typiquement en Mayenne, les zones les plus plates, c'est comme ça que ça fonctionne.
20:50 Qu'est-ce qu'on a fait avec ces cours d'eau-là ? Je vous l'ai dit, on les a pas mal redressés.
20:54 Ça, c'est un exemple d'un cours d'eau en Franche-Comté.
20:57 J'ai beaucoup travaillé dans le Jura et dans le Haut-Doubs.
20:59 En bleu, vous avez le tracé historique du cours d'eau avant 1960, c'est le Drujon,
21:03 c'est un petit cours d'eau sur le plateau du Doubs.
21:06 On a un cours d'eau, on a même des fois du mal à comprendre dans quel sens il coule.
21:10 Par contre, je vous ai montré la photo juste avant, quelque chose qui est tout droit.
21:14 Non, un cours d'eau, c'est ça, c'est quelque chose, on a du mal à comprendre comment ça fonctionne.
21:18 Il y a certainement des zones humides, des plaines d'inondation, il peut sortir de son lit,
21:22 il revient dans son lit, il y a de la végétation sur les bords,
21:25 de la diversité pour que tous les petits animaux puissent s'y retrouver, la vie est magnifique.
21:30 Et puis, ce cours d'eau-là, on l'a majoritairement redressé, comme la plupart des cours d'eau.
21:35 On estime par exemple qu'en Ile-et-Vilaine, j'ai discuté avec un ingénieur de l'OFB il y a pas longtemps,
21:39 en Ile-et-Vilaine, on considère que 98% des cours d'eau ont reçu un coup de pelle à un moment ou à un autre.
21:45 Pas très souhaité.
21:47 Ici, le tracé rectifié en rouge avec une échelle qui est donc respectée,
21:51 dans le sens où mon cours d'eau bleu était assez peu large,
21:55 on l'a élargi, ce cours d'eau, de manière à ce qu'il puisse aussi contenir les crus,
21:59 pour l'empêcher de déborder. Ce qui se comprend, on voit ce qui se passe dans le Maroc-Calais.
22:04 Sincèrement, être inondé, c'est pas chouette non plus.
22:07 Mais il y a quand même une notion importante, toujours, de protection des biens et des personnes.
22:12 Donc il y a toujours un projet quand même derrière. On ne fait pas ça gratuitement.
22:17 Et ce cours d'eau-là, vous voyez qu'il a pu être rectifié jusque à la fin des années 90.
22:23 Alors qu'est-ce qui se passe quand mon cours d'eau ne peut plus aller à droite à gauche ?
22:26 Parce qu'on l'empêche, parce qu'on a dissipé son énergie en élargissant trop son liminaire.
22:33 La lame d'eau est toute étalée, elle est toute fine, elle n'a plus d'énergie pour aller gratter les berges.
22:38 S'il ne peut pas aller gratter les berges à droite, s'il ne peut pas aller gratter les berges à gauche,
22:42 de toute façon, comme c'est un équilibre mathématique, il va gratter quelque chose, il va gratter au fond.
22:49 Sauf qu'un cours d'eau, quand ça gratte au fond, ça s'incise. Donc il va s'enfoncer, ce cours d'eau.
22:57 Je ne voulais pas le présenter, mais un cours d'eau, surtout à nos latitudes à nous,
23:00 il a toujours une nappe d'accompagnement. C'est-à-dire qu'il est en lien direct avec la nappe libre,
23:05 c'est-à-dire un jeu de vases communicants qui fait que la nappe phréatique se déverse dans le cours d'eau
23:11 quand la nappe phréatique est au-dessus du cours d'eau. Le cours d'eau va venir drainer la nappe.
23:16 Et au contraire, quand la nappe est pleine à la fin de l'hiver et que la pluviométrie baisse,
23:21 que les plantes commencent à pomper, le niveau d'eau du cours d'eau va baisser
23:25 jusqu'à ce que ce soit la nappe qui alimente le cours d'eau. C'est vraiment un jeu permanent de vases communicants.
23:31 Donc si mon cours d'eau s'enfonce, c'est mathématique, la nappe d'accompagnement va s'enfoncer aussi.
23:37 Et qu'est-ce qui se passe quand une nappe s'enfonce ? Il va y avoir des collections et assèchement des sols,
23:43 assèchement des bras secondaires, des fameuses zones humides, qui pourtant sont des bons lieux de stockage
23:47 de l'eau et du carbone, et puis une diminution aussi parfois de la ressource en eau.
23:52 Et ça, c'est un des constats que l'on fait sur la plupart des territoires, c'est qu'il y a un lien aujourd'hui
23:57 avec l'enfoncement des nappes phréatiques. Ce n'est pas le cas pour toutes les nappes, attention, je ne fais pas de généralité,
24:01 je vous présente certains cas. Il y a une diminution de la ressource en eau sur le territoire en lien
24:07 avec ces aménagements historiques des cours d'eau. Donc il a fallu du temps avant qu'il y ait des conséquences
24:13 viques aussi. Première raison d'accélération du cycle de l'eau. Deuxième raison, vous la connaissez,
24:19 on a eu tendance à bien imperméabiliser les sols partout, on a bien aimé ça. Et puis, si on imperméabilise
24:26 les sols, on empêche l'eau, la petite part d'eau qui n'est déjà pas énorme, l'eau de la pluie, on l'empêche
24:31 d'infiltrer le sol et d'aller rejoindre les nappes phréatiques, elle va ruisser. Alors un sol imperméable,
24:36 c'est bien évidemment celui qui est tout goudronné, mais ça peut aussi être un sol nu, très tassé, sans haies, etc.,
24:44 qui va favoriser le ruissellement et moins l'infiltration. Alors là, vous pouvez aller regarder sur vos communes
24:50 respectives, comme je vous dis, moi je ne suis pas de la Mayenne, mais je suis allée chercher quand même
24:53 quelques petites images. Je suis allée sur le site qui s'appelle remontezletemps.ign.fr, vous pouvez tous y accéder,
25:00 et regarder les photos aériennes historiques. Là, j'ai pris Cranck. On voit la taille des parcelles en 1949,
25:08 des petites parcelles, des haies absolument partout. Ça, c'est une bonne chose aussi. On sait qu'en Mayenne,
25:14 aujourd'hui, on est encore dans une vraie zone bocagère. Je pense que tout le monde est capable de dire,
25:18 en arrivant en Mayenne, c'est magnifique, le bocage est magnifique. Moi, je suis la première à le dire,
25:22 honnêtement. Mais on a quand même une amnésie environnementale très forte. C'est qu'on considère qu'aujourd'hui,
25:28 ce qui est un paysage bocagé, intéressant, important, et il l'est, il n'a malgré tout rien à voir avec ce qu'il était avant.
25:36 Alors, c'est toujours du avant, ce n'est pas mon état d'esprit non plus. Mais c'est prendre conscience que ces petites choses
25:43 que l'on a changées, les cours d'eau qu'on a redressées, l'imperméabilisation des sols, la suppression des haies,
25:49 c'est ça, plus ça, plus ça, plus ça, avec un impact cumulé sur l'accélération du cycle de l'eau.
25:55 Donc, ici, Cranck. J'ai pris aussi la même chose pour Ernest, où on voit bien la taille des parcelles
26:00 et la diminution de la quantité d'arbres. Désolée, mais j'ai aussi pris Châteaubontier.
26:06 C'est tout à fait normal et ce qui est absolument partout pareil pour toutes les communes, bien évidemment,
26:13 la population a largement augmenté. On est tous bien contents d'avoir un toit sur la tête, d'avoir des industries
26:19 dans lesquelles travailler. Donc, le territoire s'est aménagé en conséquence, avec aussi une forte imperméabilisation du territoire.
26:29 Autre point sur l'accélération du cycle de l'eau, les drainages. Alors, les drainages, là, c'est un descendant
26:35 drainage agricole, mais on a des drainages aussi dans les communes. Quand on veut faire un noticement, on draine.
26:40 On a toujours cette envie de drainer. Et alors, c'est une hydrologue qui m'a dit ça un jour, très justement.
26:47 Elle m'a dit, mais en fait, les sols, et je vous l'ai montré tout à l'heure, les sols, ils sont là pour stocker l'eau.
26:53 Et la rivière, elle, elle draine la nappe, elle draine les terrains. C'est vers la rivière que tout va, et c'est ensuite évacué du territoire.
27:02 Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Eh bien, on draine les sols. Et puis, comme l'eau, elle est en grande quantité dans la rivière,
27:08 mais elle s'écoule un peu trop vite, eh bien, on va mettre des seuils, des petits barrages pour la bloquer.
27:14 On va lui demander de stocker l'eau qui est drainée au niveau des sols. Donc, on a inversé le fonctionnement, finalement, du territoire.
27:21 Le sol stockait l'eau, la rivière drainait. Maintenant, on draine les sols et on demande à la rivière de stocker.
27:28 On a aussi asséché les zones humides. Alors là, j'ai pris un exemple pour dire que c'est encore le cas.
27:35 Les zones humides, on continue de les détruire encore, ici, par exemple, du côté d'Angers, lors de la construction d'un nouveau lodissement.
27:42 Il y a une compensation. La loi exigerait ça aujourd'hui, mais parce qu'on est conscient de l'importance des zones humides.
27:48 Soyons clairs, la compensation, ce n'est jamais le retour ou le même équivalent en capacité de stockage de carbone, etc.
27:56 C'est comme les haies. Si vous avez une haie qui est fonctionnelle à l'instant T, que vous la rasez et que vous compensez en refaisant
28:03 exactement le même linéaire, peut-être que ce même linéaire aura les mêmes fonctionnalités biologiques, écologiques dans 20 ans.
28:11 Mais entre les deux, il y aura eu 20 ans, on aura perdu quasiment la fonctionnalité de cette haie-là. Donc, c'est jamais l'idéal.
28:17 Ce n'est pas ce qu'on essaye de faire. On essaie toujours d'éviter d'avoir à détruire une zone humide où il y a une haie.
28:22 Alors là, ce n'est pas en France, mais je trouvais que c'était assez intéressant de voir ici une tourbière avec beaucoup de végétation de l'eau en surface.
28:28 Et la manière dont elle avait drainé, c'est certainement en Norvège de même an.
28:33 Tout ça, ça fait quoi ? Tout ça, ça fait qu'on a accéléré le cycle de l'eau. Et quand on arrive sur des sécheresses comme celle de 2032,
28:40 on est déjà sur des milieux qui ne sont plus résilients, qui sont déjà largement mis à mal avec des cours d'eau qui ont déjà tendance un petit peu plus à s'assécher.
28:50 Eh bien, à la fin de l'année 2022, vous avez tous connu la sécheresse de l'année dernière, vous en avez encore tous, j'estime, mal en tête.
28:57 Ici, on a un réseau de mesures des petits cours d'eau et on voit que même en Mayenne, on avait des cours d'eau qui avaient des niveaux encore extrêmement bas
29:06 à la fin du mois de décembre et ça, c'est quelque chose qui n'était pas arrivé avant. C'est-à-dire, beaucoup de mal à revencler la nappe et avoir de l'eau dans les cours d'eau.
29:14 Ce n'est pas résilient face à la sécheresse. Donc on a un double effet finalement, on a un peu la double peine.
29:20 C'est-à-dire qu'on avait déjà accéléré le cycle de l'eau sur notre territoire avant même d'avoir les conséquences du changement climatique.
29:26 Là, j'en ai fini pour ma partie un peu biologique, c'est-à-dire comment fonctionne un cours d'eau, comment fonctionne le cycle de l'eau.
29:32 Aujourd'hui, on est clairement dans un constat où la quantité d'eau disponible diminue. Pour autant, nos besoins, malheureusement, plus ils sont chauds, plus ils sont importants.
29:42 C'est ce qu'on appelle l'effet ciseaux. C'est-à-dire qu'avec le réchauffement climatique, on a aussi tendance à consommer plus.
29:48 Les animaux ont besoin de plus d'eau, nous, on a tendance à plus se rafraîchir, on a tendance à construire plus de piscines.
29:53 Bref, on consomme beaucoup. Sachez quand même que la France est le deuxième pays en termes de nombre de piscines.
29:59 Quand on voit la taille de notre pays et quand on voit que le premier c'est les États-Unis, il faut se poser des questions.
30:04 Donc l'objectif et l'enjeu majeur des années à venir, c'est comment on fait sur un territoire pour partager l'eau entre tous les usages.
30:14 Sachant qu'on a besoin de tous les usages. C'est aussi du travail, c'est aussi une activité, c'est aussi pour nous nourrir.
30:20 Donc qui fait quoi pour ça ? La première chose, c'est qu'en France, on est plutôt malin, on fonctionne à l'échelle géographique pour gérer les cours d'eau.
30:29 On ne fonctionne pas à l'échelle administrative. En 1964 a été créée la première guerre sur l'eau, qui a créé ce que l'on appelle les comités de bassins.
30:41 Ils ont délimité les grands territoires. Ici on a le bassin versant de la Loire par exemple, et puis ici on a tous les côtiers bretons.
30:48 Pour ne pas multiplier le nombre de structures, on en a regroupé certains ensembles.
30:52 Donc la Loire, elle est associée à la Bretagne et aux côtiers vendéens. La Garonne, la Dour, les côtiers lendais et la Charente, c'est associé ensemble.
31:01 Et ainsi de suite. Et on obtient cette carte là, où on a six territoires distincts sur lesquels on va travailler.
31:07 Moi je vais me concentrer un peu plus sur le territoire de la Nôtre, le territoire de la Bretagne.
31:14 Comment ça se passe ? On a l'Europe qui nous dit en 2000, là c'est plus possible la qualité, mais surtout sur la question de qualité en fait, dans les années 2000.
31:22 Pas sur la quantité, on n'est pas tout à fait conscients encore de ce qui nous arrive.
31:26 Donc en 2000, la Directive cadre sur l'eau, c'est-à-dire la réglementation européenne, elle nous dit à nous et à l'ensemble des États membres, il va falloir travailler pour améliorer cette qualité.
31:35 Alors pourquoi l'ensemble des États membres ? Déjà parce que les rivières, elles ne connaissent pas de frontières.
31:38 Le Rhône, il est en Suisse autant qu'en France. Le Rhin, il est en Allemagne, en France, et ainsi de suite.
31:44 Donc il y a vraiment une notion internationale. L'Europe dit ça, on veut attendre le bon état des cours d'eau, et puis surtout on arrête de les dégrader.
31:52 La France, elle met un petit peu de temps, elle attend 2006, mais en 2006, elle va sortir la loi qui permet d'appliquer ça.
31:58 Et c'est donc la loi française de 2006, la fameuse LEMA, pour celles qui ont entendu parler, Loi sur l'eau et le milieu aquatique.
32:05 Et puis elle en profite pour remettre un peu d'hierarchie là-dedans, en disant déjà l'eau, c'est un bien commun.
32:10 Elle réaffirme ça, et ensuite il y a une hiérarchie des usages, c'est-à-dire que si jamais il n'y a plus d'eau du tout, ou s'il n'y en a vraiment plus beaucoup,
32:17 on va en priorité conserver l'eau qui reste pour l'eau potable et les aspects sanitaires, en règle générale énergétique.
32:23 Bien sûr, un peu d'eau pour éteindre les incendies quand on en a. Ensuite, il faut conserver dans les milieux, parce que c'est important que les milieux soient fonctionnels,
32:31 parce que de même, ils nous apportent aussi des services non négligeables. Et seulement en troisième, il va falloir maintenir les usages, et là il n'y a pas d'hierarchie.
32:40 C'est tous les usages, que ce soit l'agriculture, l'industriel, etc. Donc il va vraiment falloir s'organiser pour pouvoir gérer ces périodes de crise.
32:47 Et pour pouvoir s'organiser, on travaille donc à l'échelle des basses inversantes, celle que je vous ai montrée, Loire-Bretagne, avec un document qui va s'appeler le stage,
32:56 un document de planification. Je vais vous en parler tout de suite après. Et comme un document à l'échelle d'un grand fleuve comme la Loire, ça n'a pas forcément de sens quand on est en Bayenne,
33:06 parce qu'on n'a pas tout à fait les mêmes problématiques ici qu'au Puy-en-Velay ou qu'à Saint-Nazaire, il y a aussi le bassin versant rivière qui est pris en compte,
33:14 avec un document qui va être un peu plus précis et un peu plus restrictif pour le travail. Alors à l'échelle de Loire-Bretagne, on a le comité de bassins,
33:23 c'est là que moi je siège en tant que représentante des associations environnementales. Il y a qui là-bas ? En fait, on met tout le monde autour de la table.
33:30 L'objectif, c'est de pouvoir discuter, écrire un document qui va orienter les politiques et les actions que l'on va mener sur les territoires.
33:37 Donc on va retrouver des élus à 40 %, on va avoir un sénateur, un député, on va avoir des conseillers régionaux, départementaux, etc.,
33:47 et puis des maires ruraux, des maires de grandes villes. On va avoir les usagers économiques. Ici, on va retrouver les agriculteurs, bien évidemment,
33:57 via les champs de l'agriculture. On va retrouver les industriels, on va retrouver l'hydroélectricité, on va retrouver EDF, on va retrouver les conchiliculteurs,
34:06 on va retrouver les distributeurs d'eau. Et puis, on a les usagers non économiques, là en l'occurrence, moi, ce soir, c'est-à-dire les associations de protection d'environnement,
34:16 les associations de consommateurs, les fédérations de pêche, les loisirs. Et on a l'État et les établissements publics.
34:23 Ça va être l'Agence régionale pour la santé, par exemple, l'ONF, l'Aidréal. Et toutes ces personnes-là, elles vont se mettre autour de la table sous forme de commission
34:31 et elles vont écrire un document. Et ce document, il sera absolument applicable sur tout le territoire. Seulement, parfois, il va falloir être plus précis.
34:38 Donc on va établir un document plus précis à l'échelle du territoire. Et c'est là qu'on va retrouver ce que l'on appelle les parlements de l'eau et les chefs de la rivière,
34:45 les commissions locales de l'eau. Donc typiquement, ici, vous avez une commission locale de l'eau pour l'eau d'eau, avec de la même manière des gens qui se mettent autour de la table
34:55 pour pouvoir discuter de la planification écologique à mettre en œuvre. Alors l'année dernière, on a entendu dire que on va faire de la planification écologique.
35:03 En fait, nous, à l'échelle de l'eau, de la planification écologique, on en fait depuis 1992. Ce n'est pas du tout quelque chose de récent.
35:09 Et c'est ce document-là, ce schéma d'aménagement et de gestion de l'eau à l'échelle du territoire, va de nouveau orienter les actions de manière à obtenir une bonne qualité de l'eau.
35:20 Et c'est à l'échelle de la commission locale de l'eau. Enfin, je vous donne une petite carte des commissions locales de l'eau et des schémas d'aménagement et de gestion de l'eau à l'échelle de la Mayenne-Département.
35:29 Vous voyez, on en a un pour le bassin de Boubon, on en a un pour le bassin de la Mayenne, on en a un pour le bassin de la Sarthe-Aval, pour le bassin de la Sarthe-Amon.
35:37 Et puis on a aussi le bassin de la Célune qui part en Rolandi. Donc tout territoire est maillé de manière à avoir des documents écrits en concertation avec l'ensemble des EGLG, non économiques, économiques et les élus.
35:50 C'est aussi à cet échelon-là que va avoir lieu la concertation sur le partage de l'eau aujourd'hui sur les territoires dits en tension.
35:59 C'est-à-dire des territoires où on commence à voir qu'on a des arrêtés sécheresse qui sont de plus en plus contraignants d'année en année, que la disponibilité de l'eau commence à être moindre et qu'il peut potentiellement y avoir des conflits d'usages avec une nécessité de hiérarchiser.
36:14 Une petite dernière diapositive sur qui fait quoi. Les EPCI, donc là ça va être les mairies, les communautés de communes, elles ont une compétence qui est celle de la production et de la distribution de l'eau potable.
36:27 Elles sont responsables de l'assainissement collectif et individuel, donc je ne traite pas de l'eau potable, on est d'accord.
36:32 Et elles ont depuis la loi d'autres une autre compétence qui est la compétence GEPAPI. Alors on adore les signes, on aime bien faire toutes les lettres de l'alphabet nous.
36:39 Donc GEPAPI c'est quoi ? C'est gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations.
36:44 Alors quand on est maire d'une petite commune, je vous assure que d'avoir la responsabilité de la prévention des inondations, c'est pas quelque chose de très confortable.
36:53 Donc cette compétence là, elle va être la plupart du temps déléguée à ce que l'on appelle un syndicat de rivière.
36:59 On va revenir finalement sur une structure à l'échelle d'un bassin versant et non plus avec des limites administratives, avec des compétences notamment avec des techniciens, des scientifiques qui vont pouvoir aider aussi les élus sur ces questions là.
37:13 Et c'est le cas ici puisqu'on a bien le syndicat de Loudou qui a aujourd'hui cette compétence de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations.
37:21 Je vais juste revenir sur un dernier petit point, c'est celui du partage de l'eau.
37:26 Et je m'arrêterai là ensuite.
37:28 Comment ça se passe ? On est, et c'est le cas sur Loudon, on est sur un territoire où on commence à voir poindre de plus en plus d'arrêtées sécheresses et des difficultés quant au partage de l'eau en période estivale.
37:39 Alors qu'est-ce qu'on fait ? Et bien on anticipe.
37:42 On se dit mais finalement qu'est-ce qu'il y a comme quantité d'eau sur notre territoire ?
37:46 Quels sont vraiment les volumes d'eau disponibles ? Il y a quoi dans les nappes ? Il y a quoi dans les rivières ? Il y a quoi dans les lacs ?
37:51 Il y a quoi chez les particuliers ? Est-ce qu'il y a un étang qui est inutilisé ?
37:55 On va faire ce que l'on appelle une étude HMUC.
37:59 Encore une fois je vous dis on adore les signes.
38:01 H pour quoi ? Hydrologie.
38:03 Qu'est-ce qu'on a comme eau, comme quantité d'eau disponible sur un territoire ?
38:07 M comme milieu.
38:08 De quoi les milieux aquatiques, les rivières, les lacs ont besoin pour être fonctionnels ?
38:12 Sachant qu'ils nous rendent plein de services, le but c'est pas qu'ils s'assèchent.
38:16 Quels sont les usages ? Qui sur le territoire a besoin d'eau ?
38:20 La Thalys, nous quand on a besoin de boire.
38:22 L'agriculteur qui a besoin d'arroser, je sais pas ce qu'il pousse ici, des radis.
38:28 La piscine, je plaisante.
38:32 Les jardins communaux avec des personnes qui s'organisent.
38:37 Bref on a tous besoin d'eau.
38:38 Bien évidemment on dit qu'il n'y a pas d'agriculture sans eau, mais en fait il n'y a pas de vie sans eau.
38:41 Donc on a tous besoin d'eau.
38:42 Donc quels sont les usages sur le territoire, actuel et futur ?
38:45 Et surtout ce qui change pas mal ces dernières années, le fameux C de climat.
38:50 Pourquoi ? Parce qu'une fois qu'on connaît ces volumes, ces besoins, les besoins des milieux aquatiques,
38:54 comment vont évoluer ces volumes avec le changement climatique ?
39:00 Donc ça c'est ce qui est en cours.
39:02 Et d'ailleurs il y a eu pas mal de sujets ces derniers temps dans la presse,
39:05 donc j'ai trouvé intéressant d'en reparler.
39:07 Parce qu'on se demande si ces études elles sont potentiellement bien menées,
39:11 si les protocoles sont les bons.
39:13 Dans un premier temps ces études elles ont vraiment pour objectif,
39:17 non pas de dire ce qu'il va falloir faire, mais au moins de faire le constat de qu'est-ce qu'on a,
39:21 quelle est l'eau disponible.
39:22 Et une fois qu'on aura ces études, on pourra mettre en place un projet de territoire pour la gestion de l'eau,
39:28 un PTGE, encore un signe, on l'adore, un PTGE à l'échelle du territoire,
39:32 où là on va pouvoir dire, maintenant qu'on connaît les volumes,
39:36 qu'on sait comment ça va évoluer et qu'on sait qui a besoin de quoi,
39:39 comment on organise le partage.
39:41 Et j'en ai fini de mon côté.
39:44 Donc vous voyez à l'échelle de la Bayenne,
39:46 donc là ce sont les territoires, on est à peu près sur la région du Pays de la Loire.
39:50 Ici sur Loudon, on a bien une étude HMUC qui est en cours.
39:54 Sur la Bayenne, il n'y en a pas encore.
39:56 Sur la Sarthe à Val, il y en a une en cours.
39:59 Sur la Sarthe à Mont, il y en a une en cours.
40:01 Et puis on a beaucoup de ces études là qui ont déjà lieu,
40:03 qui sont déjà en cours d'instruction, voire en renouvellement,
40:06 à l'échelle de la Loire Atlantique et de la Vendée.
40:09 Mais ça je pense que vous le savez aussi bien que moi,
40:11 la tension sur l'eau dans le sud Vendée n'a rien à voir
40:13 avec la tension sur l'eau que l'on peut avoir en Bayenne.
40:15 Donc ils ont déjà des choses qui sont engagées.
40:18 Alors pourquoi on fait tout ça ?
40:20 Et bien dernière petite diapositive que je vais vous dire.
40:22 Effectivement, l'Agence de l'eau et l'Europe nous disent,
40:26 il faut avoir une bonne qualité des cours d'eau.
40:28 Et le maire, il est content, le maire,
40:30 parce que quand le cours d'eau il est en bonne santé,
40:32 c'est aussi une population qui est heureuse,
40:34 qui peut se promener, faire du kayak, aller à la pêche
40:37 et des activités, des usages qui sont respectés sur le territoire.
40:41 Je vous remercie.
40:43 (Applaudissements)
40:46 (Applaudissements)
40:48 [SILENCE]

Recommandations