Jean-Marc Lalloz au Sénat

  • il y a 7 mois
Intervention de Jean-Marc LALLOZ (FNE - FE 53) au Sénat le 26 janvier 2024.

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Transcription
00:00 (...)
00:15 -Alors, je vais prendre une dernière intervention,
00:17 parce qu'après, il faut vraiment qu'on enchaîne
00:18 sur la 2e table ronde.
00:20 -Oui, Jean-Marc Lallos, ça va gagner du temps,
00:22 peut-être, sur la prochaine table ronde,
00:23 puisque je dois intervenir.
00:24 Je voulais assister dans les leviers sur le droit.
00:27 Disons-le clairement, le droit de l'environnement,
00:30 l'efficacité, elle est à peu près nulle,
00:33 et en particulier sur le bocage.
00:35 Pourquoi ? Parce que d'abord,
00:38 il y a plusieurs codes qui s'appliquent au minimum,
00:40 il y en a 3, le code rural, le code de l'environnement
00:43 et le code de l'urbanisme.
00:44 Vous prenez les PUE, par exemple,
00:47 90% de la surface qui est traitée dans les PUE,
00:49 c'est de la surface naturelle, rurale ou non urbanisée,
00:53 elle est sous le coup du code de l'urbanisme.
00:57 Et le peu de choses qui restent...
00:58 Ou du code rural.
01:00 Le peu de choses qui restent efficaces,
01:01 c'est ce que gère l'OFB au niveau des répitifs,
01:04 c'est-à-dire les cours d'eau, c'est R5 à 10% de la surface.
01:07 Donc déjà, c'est une énorme faiblesse.
01:09 D'autre part, à ma connaissance,
01:11 la charte de l'environnement est adossée à la Constitution.
01:14 Donc le code de l'environnement dans la hiérarchie du droit
01:16 devrait être en premier.
01:18 Et donc les autres devraient être soumis
01:21 aux règles du code de l'environnement.
01:23 Vous prenez un autre exemple, c'est les zones humides.
01:26 -Très rapidement, s'il vous plaît.
01:27 -Oui, mais c'est clé, parce que c'est un problème.
01:29 On parle... Moi, je suis fasciné par les témoignages.
01:32 En tant que député, quand on est dedans depuis un moment,
01:34 et au niveau de FNE, c'est le cas,
01:35 parce qu'on a tous passé au niveau local,
01:37 on y est encore, eh bien, bravo à vos témoignages.
01:40 Mais on t'entend ça depuis 25 ans.
01:42 La seule nouveauté, c'est qu'on se rend compte
01:43 qu'au niveau de l'Etat, c'est au moins arrivé en haut, le constat.
01:46 On en est au constat.
01:48 Il faut qu'on commence par les bases de l'Etat de droit.
01:50 L'Etat de droit, quelque part, c'est le droit de l'environnement.
01:52 Alors, actuellement, il est question de normes,
01:54 de complications et tout ça.
01:56 C'est vrai que, clairement, il faut simplifier.
01:57 Et en harmonisant le droit de l'environnement,
02:00 ça serait quand même une bonne chose.
02:02 Parce que, par exemple, les zones humides,
02:03 il y a un bagarre, les PUI, hop,
02:05 on prend simplement les plantes qui sont là,
02:07 mais on regarde pas les sols pour les zones humides.
02:09 Résultat, on vous classe 30 % des zones humides
02:11 comme correctes et à protéger dans le PUI,
02:13 alors qu'il faut protéger l'ensemble,
02:15 puisque c'est la naissance des rivières et tout.
02:18 Donc c'est vraiment compliqué,
02:19 et je crois qu'il faut pas se leurrer.
02:20 On a un code de l'environnement, actuellement, au sens large,
02:23 qui doit être refondu complètement.
02:25 Il nous faut un bon appart, je n'ai pas dit un Napoléon,
02:27 mais il nous faut un bon appart
02:29 qui nous fasse un code de l'environnement
02:30 sur le bas du code civil et tout le reste.
02:32 -Merci. -Merci.
02:33 -Merci beaucoup. Je remercie les membres
02:35 de cette première table ronde.
02:36 (Applaudissements)
02:39 (...)
02:55 Alors, on a eu beaucoup de témoignages d'agriculteurs
02:58 qui sont des gestionnaires directs,
02:59 et en même temps, on a beaucoup parlé
03:00 des services rendus écologiques par l'AE.
03:03 Je vais me tourner maintenant vers des acteurs
03:04 qui sont, en fait, à cette table ronde
03:07 parce qu'ils portent, en fait, une demande sociétale
03:09 vis-à-vis de ces enjeux écologiques
03:12 apportés par l'AE.
03:13 Donc, il y a Jean-Marc Lallos de France Nature Environnement,
03:17 qui est devant moi,
03:18 qui a déjà pris la parole tout à l'heure.
03:19 Il y a Alban Viau, c'est bien vous, oui.
03:22 Donc, vous êtes de la LPO,
03:23 vous êtes responsable du service expertise
03:25 développement durable international et outre-mer
03:28 au pôle protection de la nature de la LPO.
03:30 Et puis, enfin, il y a David Roland, voilà,
03:33 qui est chargé de mission Habitat et biodiversité.
03:35 Elle a fait des départementales des chasseurs
03:36 de côtes d'armor.
03:37 Alors, à tous les 3, en fait, je vous pose un petit peu
03:39 2 questions, puis vous prenez le bout par le bout
03:42 qui vous arrange.
03:43 En quoi est-ce stratégique pour vos structures,
03:46 pour les structures auxquelles vous êtes ortenés,
03:47 de travailler sur l'AE ?
03:48 En quoi c'est vraiment un objet important ?
03:50 Bon, vous avez déjà un petit peu répondu tout à l'heure
03:52 du côté de FNE.
03:53 Et en tant qu'accompagnateur ou en tant qu'animateur
03:58 auprès des agriculteurs, parce que vous ne restez pas
04:00 dans vos précarés, vous êtes aux côtés des agriculteurs
04:02 dans votre boulot,
04:03 ben, justement, dans ce travail d'interaction avec eux,
04:06 quels sont les défis qu'il faut relever ?
04:08 On a déjà un petit peu évoqué la culture du propre,
04:10 un certain nombre de blocages sociologiques ou psychologiques
04:14 pour reprendre des éléments qui ont été avancés
04:16 dans les introductions tout à l'heure.
04:18 Quelles sont les difficultés, quoi, qu'il faut surmonter
04:20 pour promouvoir cette préservation de la gestion durable de l'AE
04:22 sur laquelle vous êtes engagé ?
04:23 À votre sens, comment il faut s'y prendre ?
04:25 C'est quoi les bonnes voies possibles,
04:26 les bons arguments ?
04:27 Et à l'inverse, les arguments contre-productifs, peut-être,
04:30 les risques, les dérives, voilà.
04:32 Et en quoi, dans tout ça, le label AE
04:35 permet bien d'emprunter les bonnes pistes, quoi.
04:36 -Qui veut ? -Bien.
04:38 Merci d'abord à M. Salmon d'avoir invité FNE à ce colloque
04:42 parce qu'on a répondu sans hésitation qu'on serait présent.
04:45 Et donc, FNE regroupe
04:48 quelques centaines de milliers d'adhérents sur la France
04:50 puisque c'est la fédération de fédérations régionales
04:53 et d'associations locales qui sont tous les pieds
04:57 dans le terrain, sur le terrain,
04:58 et en particulier en contact avec les agriculteurs.
05:01 À titre personnel, j'ai été 25 ans vétérinaire dans la campagne,
05:04 donc je connais un peu le sujet aussi,
05:05 même si j'étais à côté.
05:08 Mais c'est quand même un monde extraordinaire
05:11 qui m'a toujours ravi au point de vue rapport humain
05:15 et qui, actuellement, on peut le comprendre,
05:16 a des difficultés et l'environnement en fait partie.
05:20 Voilà. Quand on voit FNE,
05:24 on travaille dans le cadre de l'aide droite-droit,
05:26 j'insiste, l'état de droit,
05:29 pour le bien commun.
05:30 Et on n'est pas les seuls,
05:31 et ça, c'est clairement notre cadre.
05:35 Et on cherche à faire évoluer ce droit.
05:37 Je ne vais pas revenir sur le droit,
05:38 j'ai déjà dit ce qu'on en pensait tout à l'heure.
05:41 Et c'est très important.
05:43 Et la question qui se pose, à notre avis,
05:45 c'est actuellement, on est tous dans la salle,
05:48 je pense, plus ou moins, des convaincus,
05:49 c'est ce qu'on disait avec mon voisin.
05:51 Mais comment faire casser ce plafond de verre ?
05:54 Parce que quand je disais que ce qu'on a entendu
05:56 depuis ce matin, c'est extraordinaire,
05:58 les constatations-là, ils sont même montés
06:00 au niveau de l'Etat.
06:01 Mais après, qu'est-ce qui peut se passer ?
06:03 Et là, ce n'est pas évident, parce qu'on a l'impression
06:06 que c'est le plafond de verre.
06:07 Et au niveau des associations, on sent les militants
06:11 qui, quelque part, pour certains, sont épuisés,
06:15 d'autres s'en vont,
06:17 et d'autres sont prêts à passer dans un activisme
06:20 auquel on se refuse.
06:22 C'est quand même un élément qui est important
06:24 à prendre en cause, parce que quand la société
06:28 crée des situations,
06:30 eh bien, cette société, elle crée des miroirs.
06:34 Je ne vous fais pas un détail, je vous laisse un peu,
06:35 je pourrais vous donner l'explication de texte
06:37 si vous voulez, au repas,
06:38 mais c'est comme ça que ça se passe.
06:40 Donc comment faire ? Et je crois qu'une de nos voies
06:43 au niveau FNE, c'est de dire qu'il faut revenir
06:45 au niveau de la science, de la biologie.
06:48 Parce que quand j'ai vu le titre du colloque,
06:51 l'AES a un outil, d'accord,
06:54 mais c'est bien plus que ça.
06:56 Pour nous, l'AES, c'est du vivant.
06:58 C'est vivant, une AES.
06:59 C'est de la biodiversité végétale
07:02 et de la biodiversité animale
07:04 pour lequel elle est l'habitat et l'alimentation.
07:08 Donc on est bien au-delà.
07:09 Et on est plutôt, nous, dans la position de dire
07:11 que c'est pas la AES qui est dans l'exploitation agricole,
07:15 mais aussi l'exploitation agricole
07:18 qui est dans l'AES.
07:20 Et historiquement, c'est bien ça,
07:22 puisque le bocage est issu du défrichement des forêts
07:25 au Moyen Âge et tout ça par les agriculteurs.
07:28 Donc on passe dans une révolution copersincienne
07:30 qu'on souhaite voir appliquée,
07:31 c'est-à-dire mettre d'abord l'environnement
07:35 comme socle de notre réflexion générale
07:38 à tous les niveaux.
07:39 Et pour ça, au bon état écologique de l'AES,
07:42 on l'a vu, la définition OK,
07:44 mais rappelez d'abord,
07:45 les qualités d'un écosystème, l'AES en est un.
07:49 Notre planète a des ressources limitées,
07:50 donc des limites planétaires.
07:52 Donc tout ce qu'on donne à l'un,
07:54 ce ne sera plus disponible pour l'autre.
07:57 Ça aussi, on peut y passer 4 heures,
07:58 mais j'ai 5 minutes.
08:00 Chaque écosystème de la biosphère
08:03 assemble 2 éléments,
08:04 le vivant, qui s'appelle aussi la biocénose,
08:06 et le substrat, qui s'appelle le biotope,
08:10 c'est-à-dire la roche, l'eau et l'air.
08:13 Le vivant, et bien sûr, l'humanité fait partie du vivant,
08:16 et toutes les composantes et espèces d'un écosystème
08:18 sont interconnectées, interdépendantes,
08:22 et elles définissent.
08:23 Vous savez qu'un écosystème est défini par son biotope
08:26 et son sol, évidemment.
08:27 Un équilibre fragile en résulte,
08:29 et chaque écosystème fourni pour chaque espèce,
08:33 et c'est le cas de l'aie,
08:34 le gîte et le couvert,
08:36 toutes atteintes à l'eau ou l'eau,
08:37 condamnent l'espèce concernée.
08:39 Vous supprimez un habitat ou de l'alimentation,
08:41 quand on arrache une aie, on sépare les 2.
08:43 Donc en particulier pour les oiseaux, c'est dramatique.
08:45 Comme vous savez qu'il peut y avoir jusqu'à 40 couples nicheurs,
08:48 toutes espèces confondues,
08:49 je ne dis pas de bêtises, la LPO me confirmera,
08:52 sur 1 km de haies.
08:54 Donc ce qui se passe, c'est que le bocage et l'aie en particulier
08:57 ont 4 fonctions fondamentales.
08:59 La biodiversité et le but de carbone.
09:02 Et réfléchissez, le but de carbone, c'est quoi ?
09:04 C'est les arbres, c'est le végétal.
09:06 Mais ce végétal, c'est 80 % de plantes à fleurs.
09:09 Ces plantes à fleurs, elles ont besoin des pollinisateurs.
09:11 Donc si on supprime les insectes,
09:13 il y en a 75 % en moins,
09:14 on arrive vite à une catastrophe.
09:16 Donc ça, c'est important.
09:18 L'autre chose, c'est le résume des eaux et qualités,
09:20 c'est-à-dire production et circulation des nutriments.
09:24 Voilà.
09:25 Et toutes les autres fonctions...
09:26 On peut se dire, voilà, là, il faut faire ceci,
09:28 il ne faut plus employer des pareuses.
09:30 Mais s'il n'y a plus de haies,
09:31 eh bien, ça va être clair,
09:33 toutes les autres fonctions utilitaires
09:36 qu'on a pu discuter aujourd'hui, elles n'existeront plus.
09:39 C'est clair que là, dans ce cas-là, tout est réglé.
09:42 Or, le système hors-sol vers lequel nous pousse actuellement
09:45 le modèle agricole industriel
09:48 va déraciner les gens dans les villes.
09:51 Et j'étais très sensible aux arguments
09:53 des représentants d'entreprises.
09:55 Ils ont raison, ils cherchent un consommateur
09:57 qui va être sensible aux haies.
09:59 Mais est-ce que ce consommateur, il en sera encore capable
10:02 d'être sensible à cet argument dans 10 ou 15 ans,
10:05 quand il y aura eu 3 générations qu'on n'aura plus vu de haies
10:07 et qu'on aura de la viande
10:09 qui aura complètement invisibilisé l'élevage,
10:11 celle de la viande cellulaire,
10:13 qui aura invisiblié l'élevage pour les citadins,
10:18 et qui finira même par l'éliminer avec toutes les trucs,
10:21 et on aura donc tout le cap parment des terres,
10:23 c'est les risques majeurs et tout ça.
10:26 Donc réfléchissons à ça.
10:27 C'est vraiment un problème presque philosophique,
10:29 mais c'est fondamental, et les stratégies bocage,
10:32 quel qu'elles soient le niveau où elles sont définies,
10:34 doivent tenir compte de ça.
10:35 -Merci beaucoup.
10:37 Merci beaucoup.
10:38 (Applaudissements)
10:41 c'est vous le tournez

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