• il y a 10 mois

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00:00 *Générique*
00:02 Bienvenue sur le plateau des informés, votre rendez-vous de décryptage de l'actualité sur France Info, la radio et à la télévision Canal 27.
00:09 Ce matin, j'ai eu le plaisir d'être en compagnie de Benjamin Sportouche. Bonjour Benjamin.
00:13 - Bonjour Rémi.
00:13 - Et autour de la table, nous avons Nora Hamadi, journaliste spécialiste des questions européennes, productrice à France Culture. Bonjour Nora.
00:19 - Bonjour Jean-Rémi.
00:19 - Et à vos côtés, Louis Ouzalter, journaliste politique au Figaro.
00:23 - Bonjour.
00:24 - Bonjour à tous les deux. Premier thème de ces informés, la présence demain au Panthéon de Marine Le Pen, Benjamin.
00:29 - Eh bien oui, Jean-Rémi, pour la cérémonie d'entrée dans ce temple de la République du résistant communiste Missak Manouchan et de son épouse Méliné et 22 autres compagnons d'armes.
00:38 Et Marine Le Pen y est invitée en tant que présidente du groupe Rassemblement National à l'Assemblée Nationale.
00:43 Elle a donc fait savoir hier qu'elle serait bien présente et ce, malgré les réserves d'Emmanuel Macron dans son interview d'hier matin dans l'Humanité.
00:52 Le président de la République qui est estimé, je cite, que les forces d'extrême droite seraient inspirées de ne pas être présentes.
00:59 Des propos jugés outrageants par l'ancienne candidate à la présidentielle.
01:04 Réaction identique de l'actuel président du RN, Jordan Bardella, qu'on écoute.
01:09 - À chaque fois que la République nous convoque, nous répondons à son appel et le Rassemblement National sera présent à cet hommage.
01:16 Nous sommes favorables à cette panthéonisation.
01:20 Et encore une fois, le président de la République n'a pas à trier qui sont selon lui les bons ou les mauvais élus de la République française.
01:28 Nous représentons des millions de Français.
01:31 Nous sommes parfaitement irréprochables, ce qui n'est peut-être pas le cas de tous les mouvements politiques dans l'histoire.
01:37 - Voilà, alors est-ce en effet au chef de l'État de trier le bon grain républicain de livrer jugés non conformes aux principes de notre nation ?
01:44 Mais le RN, au vu de son histoire, de sa genèse, devrait-il spontanément s'abstenir dans ce genre de circonstances,
01:51 comme il l'a fait d'ailleurs la semaine dernière lors des obsèques de Robert Badinter ?
01:56 - Nora Amadi, est-ce que Marine Le Pen est bienvenue selon vous demain à cet hommage à Manouchian ?
02:02 - Alors ça dépend de quel point de vue on se place.
02:03 D'un point de vue institutionnel, elle est élue à la tête d'un groupe qui est représenté à l'Assemblée.
02:09 Donc d'un point de vue institutionnel, elle y a sa place.
02:12 La question, c'est est-ce qu'on se place d'un point de vue moral ?
02:13 Et c'est là que c'est compliqué de la part du président de la République de jouer en fait sur un éternel, enfin plusieurs tableaux.
02:19 Ce fameux « en même temps » qui devient finalement une forme de grand n'importe quoi.
02:23 Pourquoi ? Parce que, souvenons-nous, si le président de la République l'a toujours mis en dehors de l'arc républicain,
02:30 elle a quand même été, elle a réussi à faire élire des vice-présidents à l'Assemblée nationale avec l'aide en fait des voix du groupe Renaissance.
02:38 On a vu aussi Gabriel Attal dernièrement dire qu'il faisait partie de l'arc républicain à partir du moment où on se situe en fait dans l'espace de l'hémicycle.
02:48 Là-dedans, on voit qu'il y a quelque chose d'une forme de « bad cop good cop » de « en même temps » qui ne serait globalement pas lisible.
02:55 De surcroît, il a fallu aussi voir ce qui s'est passé avec la loi Immigration en décembre dernier,
03:01 qui a été votée avec les voix du Rassemblement national, même si une majorité a été atteinte sans la nécessité en fait de comptabiliser ses voix.
03:10 On voit bien que là-dedans, il y a quand même un petit problème de positionnement.
03:13 Et l'absence de ligne claire conduit aujourd'hui à se demander si véritablement il y a une position assez nette de la part du président de la République.
03:21 – Louis Ossalta, il y a un flou de l'exécutif d'Emmanuel Macron sur cette question ?
03:24 – Ça fait deux semaines, parce que la semaine dernière, c'était avec l'hommage à Robert Malinter,
03:28 ça fait deux semaines qu'il y a cet exercice d'équilibré, c'est-à-dire que Marine Le Pen reçoit une invitation à une cérémonie officielle,
03:34 donc l'hommage à Malinter la semaine dernière, la panthéonisation de Manouchian demain,
03:39 tout en… et Macron adresse cette invitation officielle parce qu'il n'a pas le choix,
03:43 tout en expliquant qu'elle ferait mieux de ne pas s'y rendre.
03:46 Et donc ça fait deux fois qu'il fait le coup en quelque sorte.
03:49 Alors la première chose, c'est que le président de la République ne choisit pas qui est invité ou pas à ce genre de cérémonie,
03:53 c'est prévu par un décret de 1989 qui énumère tous les rangs officiels qu'on est obligé d'inviter.
04:00 Et à partir du moment où il invite des parlementaires, des représentants de groupes parlementaires,
04:04 il est obligé d'inviter des représentants de tous les groupes, élus y compris la présidente du Rassemblement National.
04:10 Après je différencie quand même par rapport à ce qui s'est passé la semaine dernière.
04:13 La semaine dernière, c'est la famille, c'est la veuve de Robert Malinter, Elisabeth Malinter,
04:16 qui demande au Rassemblement National et à la France Insoumise de ne pas venir.
04:20 Emmanuel Macron s'est donc contenté en quelque sorte de transmettre le message.
04:24 C'est passé par l'Elysée.
04:25 Là, qu'est-ce qui se passe ? Dans son interview à l'Humanité, lundi, Emmanuel Macron dit que Marine Le Pen ferait mieux de s'abstenir,
04:32 c'est ce qu'on a entendu.
04:33 Et je pense aussi que c'est pour ça que Marine Le Pen a une position différente.
04:36 La semaine dernière, elle a dit "on respecte la position des familles",
04:38 elle s'est abstenue d'aller à l'hommage à Robert Malinter.
04:40 Là, elle y va, je pense aussi...
04:42 - Après, il y a des familles, si je peux me permettre, dans la famille d'Epstein,
04:44 qui... voilà, on fait savoir qu'ils ne souhaitaient pas que Marine Le Pen soit présente.
04:49 - Et c'est là qu'elle se trouve en difficulté, puisque sa ligne, c'est de dire "nous respectons la position des familles" dans ce genre de moment.
04:54 Mais je pense que si elle y va, c'est parce que c'est Emmanuel Macron lui-même qui a formulé la réserve,
04:59 lui a demandé de ne pas venir.
05:00 Et donc, en s'inscrivant comme première représentante à Emmanuel Macron,
05:03 elle va à l'encontre de ça volontairement.
05:04 - Les informés, on se retrouve dans un instant, juste après le Fil info de Maxime Glorieux à 9h11.
05:08 - L'exécutif tente de calmer la colère des agriculteurs.
05:12 Les deux syndicats majoritaires, l'FNSEA et les jeunes agriculteurs,
05:16 au rendez-vous cet après-midi à l'Elysée.
05:18 Demain, Gabriel Attal promet des annonces sur la simplification des actions
05:22 prévues aujourd'hui dans les Pyrénées-Atlantiques et la Sarthe à 4 jours du Salon de l'agriculture.
05:28 Après la mort en prison d'Alexei Navalny, l'ambassadeur de Russie en France a été convoqué hier au Quai d'Orsay.
05:35 La veuve de l'opposant russe Yulia Navalnaya a promis de poursuivre le combat de son mari.
05:41 Le marché européen des voitures électriques en perte de vitesse.
05:45 Elle représente 11% des ventes de voitures au mois de janvier, soit 4 points de moins que l'année dernière.
05:51 Estimation de l'Association des constructeurs des européens, le diesel repasse devant l'électrique.
05:58 Du jamais vu depuis 15 ans, une usine de Paracetamol va ouvrir en France, au sud de Toulouse.
06:03 Jusqu'à 4000 tonnes de production avec une forte concurrence de l'Asie et des Etats-Unis.
06:09 (Générique)
06:20 Les informés avec Benjamin Sportouche, Nora Hamadi et Louis Ouzalter du Figaro Benjamin Sportouche.
06:26 Le président, on parlait de la venue de Marine Le Pen à l'hommage à la panthéonisation de Manouchure.
06:31 Est-ce que le président pouvait dire vraiment autre chose que d'inviter l'extrême droite à ne pas venir ?
06:37 - C'est vrai que c'était compliqué en même temps de participer à la normalisation du Rassemblement national.
06:41 C'est exactement ce que cherche Marine Le Pen, on le sait depuis quelques années.
06:44 Elle y parvient plutôt bien avec l'entrée notamment de ses 88 députés à l'Assemblée nationale.
06:48 Elle a retrouvé une forme de respectabilité qu'elle ne pensait pas avoir.
06:51 Donc oui, le président de la République, lui, ce qu'il essaye, c'est de stopper cette normalisation en disant
06:55 "non, vous n'êtes pas dans l'arc républicain".
06:57 Sauf qu'en effet, il y a un problème sur la manière dont tout cela est présenté.
07:01 Parce que que dit l'entourage du président de la République pour décrypter un peu ce qui nous semble illisible ?
07:06 "Le RN, nous dit-on, est dans le champ républicain, mais pas dans l'arc républicain."
07:10 Ecoutez, franchement, il faut comprendre la subtilité.
07:13 Je veux dire, moi, je veux bien, mais vous connaissez cette phrase.
07:15 "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots qui le prouvent viennent aisément."
07:20 Bon, ben là, pour le coup, et ce n'est pas respecté.
07:22 Donc oui, il y a une forme d'illisibilité qui rend le propos présidentiel complexe.
07:26 Et les arguments moraux, justement, Nora en parlait tout à l'heure.
07:29 Les arguments moraux qu'il avait invoqués, vous savez, devant Elisabeth Borne en conseil des ministres l'été dernier.
07:34 On disait "Attention, il ne faut pas juger le RN avec des arguments moraux, il ne faut pas le renvoyer là-dessus,
07:40 parce que ses électeurs n'ont pas à être jugés."
07:42 Eh bien, le problème, c'est qu'il invoque ses arguments moraux dans l'affaire qui nous préoccupe,
07:46 c'est-à-dire la panthéonisation de Missak-Manouchan.
07:48 Et de fait, c'est vrai que Missak-Manouchan est l'opposé du RN.
07:53 Il a toujours été ce qui a combattu le RN.
07:56 - Mais est-ce que rappeler en permanence que le RN a été fondé, enfin le Front National, pardonnez-moi,
08:01 a été fondé par des anciens vafenesses, est-ce que ça aide au débat ?
08:05 - Alors ça aide toujours de replacer dans un contexte historique, de surcroît quand on est aujourd'hui en train de...
08:10 Enfin, on va panthéoniser Méliné et Missak-Manouchan.
08:13 On parle quand même, en fait, d'exilés arméniens.
08:17 Donc c'est la manœuvre étrangère. On est dans un moment où on sort de la loi immigration.
08:22 Dimanche dernier, on avait le ministre de l'Intérieur qui annonçait la fin du droit du sol à Mayotte.
08:26 - Mais ça parle à qui ? La question, ça parle à qui ?
08:27 - La question, c'est justement à qui ça parle ?
08:31 La nécessité de replacer peut-être dans un contexte historique en disant
08:34 "Est-ce que véritablement vous avez fait amende honorable par rapport à cette histoire ?"
08:38 La respectabilité, la notabilisation que souhaite le RN, surtout en changeant de nom,
08:43 en essayant d'abandonner aussi, avec Jordane Bardella, le patronyme de Le Pen,
08:48 se détacher quelque peu de cette histoire.
08:51 On voit bien qu'il y a une stratégie qui ressemble finalement à celle de Giorgia Melloni en Italie.
08:54 Pour reprendre ça, il est nécessaire de rapporter ça au contexte historique.
09:00 Quoi qu'il en soit, et c'est là que c'est intéressant, c'est que ça ne suffit pas.
09:03 Et ça ne suffit pas pourquoi ? Parce qu'on voit bien qu'on est dans un pas de deux
09:08 qui est extrêmement difficile du côté de la majorité, parce qu'ils ne savent pas comment gérer.
09:13 Aujourd'hui, sur l'agenda politico-médiatique, c'est globalement le RN qui donne sa patte.
09:19 Et ils sont dans l'incapacité de répondre.
09:20 - Donc il y a une portée politique ?
09:21 - Il y a un problème de stratégie.
09:22 - En fait, il y a une portée politique, soyez-en clair.
09:24 C'est-à-dire que le président de la République, qu'est-ce qu'il essaye de faire là ?
09:26 Il choisit un support pour cela, c'est-à-dire l'humilité.
09:29 Il s'adresse à un électorat de gauche qui est en train de le quitter, disons les choses clairement.
09:33 La grande inquiétude dans la perspective des élections européennes de l'exécutif,
09:36 c'est qu'une partie de cet électorat qui est venu spontanément chez Emmanuel Macron en 2017, en 2020...
09:41 - Vous croyez qu'il pense encore l'avoir, cette gauche ?
09:44 - Eh bien, en tous les cas, on ne perd jamais espoir. Vous avez raison.
09:48 - C'est un enjeu des européens.
09:49 - C'est un enjeu. C'est un enjeu des européens.
09:51 C'est d'ailleurs Gilles Boyer hier qui disait...
09:53 Donc, député européen sortant, proche d'Edouard Philippe, qui disait
09:57 "Mais pourquoi pas Clément Beaune à la tête de la liste Renaissance ?"
10:00 - Qui a un peu mis le bazar au niveau de la majorité.
10:02 - Mais pourquoi ? Parce que ce serait une possibilité, pour le coup,
10:04 d'aller récupérer cet électorat de gauche qui est en train de partir.
10:06 - Louis Hesalter.
10:07 - Moi, je ne comprends pas qu'Emmanuel Macron ne se sorte pas de cet espèce de débat sémantique corsole.
10:12 Alors, je viens de découvrir l'existence du champ républicain, après l'arc républicain.
10:16 Alors, je pense qu'il y a bien un débat qui passe complètement au-dessus de la tête des électeurs.
10:18 C'est bien celui-là, expliquer déjà ces histoires de champs, d'arc républicain
10:24 et de gens qui ne seraient pas.
10:25 Et puis, qui est Emmanuel Macron ? Qui est Gabriel Attal ?
10:28 Qui sont les ministres pour décréter qui est républicain ou qui ne l'est pas ?
10:30 À chaque Français, à chaque électeur, de se faire, en son âme et conscience, son opinion...
10:34 - Mais ça veut dire qu'on ne rappelle jamais l'histoire, la morale, les limites ?
10:39 - Si. En fait, je pense que Marine Le Pen, déjà, elle cherche à purger ça en allant à la panthéonisation.
10:43 C'est-à-dire qu'en allant à l'entrée au panthéon d'un résistant, communiste, étranger, arménien, demain,
10:50 elle cherche justement à faire passer ce passé, les racines de la fondation de la Rennes,
10:55 et à achever par achever l'institutionnalisation.
10:58 - Comme elle l'avait fait le 12 novembre avec la manifestation...
11:00 - Tout à fait, exactement.
11:01 Et d'ailleurs, ça avait été plutôt une opération réussie,
11:04 dans la mesure où d'autres, la France insoumise, n'étaient pas venues d'ailleurs.
11:07 Mais je pense que ces débats sémantiques, historiques,
11:10 qui passent un petit peu au-dessus de la tête des électeurs...
11:12 - Je dis pas qu'ils sont pas importants, je dis pas qu'ils ne se passent...
11:14 - C'est un peu comme ça, c'est la question que je posais à Nora tout à l'heure, à qui ça parle ?
11:16 - Bah voilà, moi je pense que déjà Emmanuel Macron ne convaincra pas, évidemment, un électeur du RN là-dessus.
11:21 C'est un bloc, l'électorat RN, c'est des gens qui, en général,
11:24 soit vont voter pour Jordan Mardela, comme ils le feront en juillet aux européennes,
11:28 soit ne vont pas voter, mais sont pas des gens qui, aussi, entre plusieurs électorats...
11:31 Son enjeu, effectivement, c'était plutôt d'aller éviter la fuite vers la gauche d'une partie de cet électorat...
11:35 - À moins qu'Emmanuel Macron ait des discours pour chaque...
11:40 - Non, mais est-ce qu'on peut segmenter une parole politique ?
11:42 - C'est pas possible !
11:43 - Est-ce qu'on peut segmenter une parole politique ?
11:45 - Dans l'humanité, il parle...
11:47 - Oui, mais c'est quand même très complexe.
11:49 En effet, et c'est exactement ce qu'il fait, dans l'humanité, il parle aux électeurs de gauche,
11:53 et puis demain, il va donner une autre interview avec leurs actuels ou ses ministres ou dans le journal du dimanche,
11:57 et il aura une autre parole.
11:58 En même temps, est-ce que chacun s'y retrouve ?
12:00 Non, les gens entendent un bruit global.
12:02 Mais vous savez, j'ai l'impression qu'on est aussi dans des questionnements qui sont historiques.
12:08 Je me rappelle, parce qu'on vieillit, qu'il y a quelques années, encore, il y avait un temps,
12:12 il faut-il donner la parole à Jean-Marie Le Pen ?
12:14 Est-ce qu'à un moment donné, il ne faut pas cacher une extrême droite ou une droite populiste ?
12:18 - Oui, il y a des pays en Europe où les médias ont fait ce choix, par exemple.
12:20 - Il n'y a que la Belgique.
12:21 - Mais, très honnêtement, ce n'est pas en cachant qu'on ostracise.
12:24 Excusez-moi, en Belgique, ça n'a pas été non plus un succès flamboyant.
12:27 - En Belgique francophone, elle est très basse.
12:29 Du côté des Flamands, c'est autre chose.
12:31 - Mais aujourd'hui, les choses ont changé.
12:33 - On veut ostraciser, ce n'est pas la meilleure manière.
12:36 - En revanche, la question que ça pose, c'est quel récit porte le président de la République ?
12:39 En 2017, il arrivait avec une volonté de porter quelque chose de très désirable
12:44 et qui soit dans la capacité de dépasser les partis.
12:47 On voit bien que là, après, pardon, je vais peut-être me tromper,
12:50 mais on est à combien de cérémonies de panthéonisation,
12:53 combien de cérémonies qui célèbrent le passé ?
12:56 Cette incapacité à se projeter dans le futur fait aussi le lit, en fait,
13:00 de tout ce qui est hors champ républicain ou arc républicain, solo ou face.
13:04 - On ne peut pas d'un côté lui dire qu'il n'a pas éventuellement de valeur,
13:07 de retour sur l'histoire, etc.
13:09 - Oui, mais qu'est-ce qu'il raconte, en fait, en termes de désirabilité du futur ?
13:12 Quel projet a-t-il aujourd'hui qui permette de se projeter
13:15 plutôt que de regarder constamment en arrière ?
13:17 On le voit bien, depuis quelques années, on a quand même aussi cette difficulté
13:21 de la part du président de la République.
13:22 - Oui, mais célébrer le passé, rendre hommage à des grands personnages historiques,
13:25 ce n'est pas du tout tourner le dos au futur, je suis désolé.
13:27 C'est sur le passé, au contraire, qu'on va chercher les bases pour se projeter.
13:30 Et là, en l'occurrence, l'histoire que raconterait Emmanuel Macron
13:32 demain avec Manouchian, exactement, c'est ce que je suis en train de dire.
13:35 Ce que va raconter Emmanuel Macron, ce qu'il compte, en tout cas avec Manouchian,
13:38 en le plaçant dans un contexte différent, à mon sens,
13:41 de celui de la venue en France de Manouchian,
13:44 qui a épousé la culture française, la littérature française
13:46 et qui a donné sa vie pour la France, parce qu'il était fusillé au Mont-Valérien,
13:49 c'est l'histoire des étrangers qui sont français de préférence,
13:52 selon le mot d'Aragon, et de gens qui viennent en France,
13:55 on est en plein débat évidemment sur les problématiques migratoires,
13:59 de gens qui viennent en France pour épouser une cause, celle de la liberté,
14:03 et qui sont des amoureux de la littérature française.
14:05 Alors vous comprenez qu'effectivement, en même temps, on a du mal à comprendre le récit
14:08 et ce qui est porté avec ce qui s'est passé en décembre avec le droit du sol à Mayotte.
14:11 Je suis bien d'accord.
14:12 Merci beaucoup pour ce débat.
14:15 Nora Hamadi, Louis Ouzalter, Benjamin Sportouche,
14:17 on se retrouve dans un instant pour le deuxième débat de ces informés,
14:19 juste après le Fil info de Maxime Glorieux. Il est 9h20.
14:23 Dans le Gard, l'imam de Bagnole sur 16 parle l'absurde.
14:27 Pour le préfet, il s'agit bien de plusieurs prêches, à plante à la haine.
14:31 Il était d'ailleurs suivi depuis plusieurs mois,
14:33 une enquête est en cours pour apologie du terrorisme.
14:36 C'est la fin d'un mois d'interdiction dans le golfe de Gascogne.
14:40 Les pêcheurs pourront revenir à partir de la nuit prochaine.
14:43 L'interdiction devait protéger les dauphins,
14:45 elle concernait seulement les bateaux de plus de 8 mètres de long.
14:48 L'Europe appelle à une pause humanitaire immédiate à Gaza.
14:52 Seule la Hongrie s'est abstenue aujourd'hui autour du Conseil de sécurité des Nations Unies
14:56 de voter un texte pour un cessez-le-feu immédiat,
14:59 avec la menace d'un troisième veto américain depuis le début de la guerre.
15:04 Une grève du travail et des tâches domestiques pour le 8 mars,
15:08 journée du droit des femmes, l'appel lancé par un collectif,
15:11 regroupant le planning familial ou encore la CGT.
15:15 Objectif, montrer que les femmes sont un rouage essentiel de la société.
15:19 (Générique)
15:30 - Retour sur le plateau très agité des informés ce matin,
15:34 avec les informés, avec Benjamin Sportouche autour de la table,
15:38 Nora Hamadi, spécialiste des questions européennes qu'on retrouve aussi sur France Culture,
15:41 et Louis Ouzalter du Figaro.
15:44 Benjamin, on va parler du deuxième thème qui d'ailleurs va parler d'Europe,
15:46 puisque la présidente de la Commission européenne est candidate à un nouveau mandat.
15:51 Rappelons son nom, Ursula von der Leyen.
15:53 - Elle va le prononcer mieux que moi.
15:55 Elle aimerait bien repiquer, en effet, l'ancienne ministre allemande issue de la CDU
15:58 a fait officiellement acte de candidature hier, on l'écoute.
16:01 - Cinq ans plus tard, je prends aujourd'hui une décision très consciente et réfléchie.
16:08 Je souhaite me présenter pour un second mandat
16:11 et je suis très reconnaissante à la CDU de m'avoir proposé aujourd'hui
16:15 comme candidate principale du PPE.
16:18 - Voilà, c'est clean, c'est clair, je ne sais pas comment on dit en allemand,
16:21 mais ça c'est du Ursula von der Leyen.
16:23 Merci, c'est multilingue ce matin.
16:26 Restée la candidate du PPE, elle le veut, la droite européenne
16:30 qui a aujourd'hui la majorité au Parlement européen
16:32 et les sondages lui promettent de garder cette majorité à ce jour en tout cas.
16:35 Alors c'est un premier mandat qui n'a pas été de tout repos.
16:37 Durant les cinq ans où elle a présidé l'exécutif européen,
16:40 l'unité des 27 a été mise à l'épreuve plusieurs fois sur le Brexit,
16:43 la pandémie de Covid-19 ou encore l'offensive russe en Ukraine.
16:47 Et ça a plutôt bien tenu cette unité,
16:49 sachant qu'Ursula von der Leyen en 2019,
16:51 elle était en quelque sorte un choix improvisé.
16:54 Donc c'est pas rien, elle s'en est plutôt,
16:56 pas dire bien sorti, vous nous direz ce que vous en pensez,
16:59 mais est-ce qu'elle est vraiment adaptée aujourd'hui à la situation du moment,
17:01 notamment face à la montée du nationalisme ?
17:03 Est-ce que son expérience peut être rassurante dans une Europe instable ?
17:06 Ou au contraire, risque-t-elle de se transformer en un épouvantail
17:10 favorable aux populistes ?
17:11 - Alors avant de répondre à cette question,
17:13 peut-être Nora Amadier, est-ce qu'on sait expliquer à nos auditeurs,
17:16 téléspectateurs qui ne connaissent pas particulièrement Ursula von der Leyen
17:18 ni le rôle de président de commission européenne,
17:22 à quoi ça sert ? Qui est-elle ? Pourquoi ? Etc.
17:25 - Alors, il faut avoir en tête que...
17:26 - Un 30 secondes, prenez.
17:27 - Alors, on va voter le 9 juin prochain pour le parlement européen.
17:30 Ça, c'est comme l'Assemblée nationale.
17:31 On a ce qu'on appelle un conseil des États, donc qui sont 27.
17:34 C'est, quand on a des conseils, c'est tous les présidents,
17:37 tous les premiers ministres qui se réunissent à Bruxelles.
17:39 C'est l'équivalent du président de la République, mais fois 27.
17:42 Et donc, Ursula von der Leyen, elle est la chef de l'exécutif.
17:45 C'est l'équivalent d'un super premier ministre,
17:48 avec donc un collège de commissaires qui représenterait un gouvernement européen.
17:50 - Mais ça lui donne beaucoup de pouvoir.
17:52 - Ça lui donne quand même beaucoup de pouvoir.
17:53 Ça lui donne quand même beaucoup de pouvoir,
17:54 mais tout ceci est quand même globalement mis à l'épreuve
17:57 et un peu corseté par le conseil et donc par les États,
18:01 et de l'autre côté par le parlement européen,
18:02 parce que c'est là aussi que c'est très différent de notre système.
18:05 Tout ceci se décide dans ce qu'on appelle la co-décision.
18:08 Tout le monde doit se mettre d'accord sur le même texte exactement, à la virgule près,
18:14 ce qui du coup crée un espace de consensus, certes,
18:17 mais qui peut être parfois, selon certains, une forme de consensus mou,
18:20 très compliqué aussi à pouvoir mettre en œuvre.
18:22 - Alors, est-ce que c'est vraiment la meilleure candidate ?
18:25 - En fait, c'est difficile de choisir une meilleure candidate,
18:28 sachant que c'est souvent des gens par défaut qui émergent.
18:30 Pourquoi ? Parce que comme l'a dit Nora,
18:32 il faut que 27 personnes, 27 chefs d'État, se mettent d'accord,
18:35 et ensuite qu'il y ait une validation du parlement européen.
18:37 Donc ce n'est pas comme en France où le président nomme un Premier ministre
18:39 qui n'est même pas obligé de demander la confiance du parlement.
18:41 Non seulement il y a 27 présidents qui doivent s'accorder sur le nom du Premier ministre,
18:44 mais en plus, il faut avoir la confiance du Parlement européen,
18:47 et la dernière fois, en 2019, ça s'est joué à 9 voix près pour Ursula von der Leyen.
18:50 - Qu'elle a eue grâce à Orban, au finesse d'Orban.
18:52 - Donc tout ça, on est parti après les élections européennes,
18:55 pour un été de tractation sur les top jobs, comme on dit,
18:59 puisqu'il y a plusieurs hauts postes en plus de la présidence de la Commission européenne à pourvoir.
19:04 Après, la première discussion qui va avoir lieu, c'est une discussion franco-allemande,
19:08 puisque c'est d'abord la France et l'Allemagne qui doivent tomber d'accord sur un nom,
19:11 et c'est en 2019, Emmanuel Macron qui sort le nom d'Ursula von der Leyen,
19:16 parce qu'il y a déjà une Française, Christine Lagarde, à la Banque Centrale Européenne,
19:19 et donc il propose à Merkel, une Allemande, son ancienne ministre d'ailleurs,
19:22 pour la Commission, et là ça a été banco, top là, on va faire comme ça.
19:25 La question c'est, est-ce que Emmanuel Macron est content du mandat d'Ursula von der Leyen ?
19:29 - Visiblement oui, il a compris, il a doubé, elle est allée à l'Elysée il y a quelques jours,
19:33 elle lui a dit "top on", c'est bien ça qui s'est passé ?
19:35 - Oui, "top on", et Olaf Scholz de l'autre côté, donc le chancelier allemand,
19:38 est plutôt allant, même si elle n'est pas de son camp, parce que lui est à gauche,
19:42 mais elle s'est plutôt, allez, recentrée, parce qu'il a fallu aussi là,
19:47 créer du consensus.
19:49 - Tout ça dans un contexte, on est à quelques mois des élections européennes,
19:51 où on attend, on pressent une montée notamment des populistes,
19:56 de la droite, de l'extrême droite au niveau européen,
19:58 est-ce qu'elle l'est à ce moment-là ?
20:00 - Alors, c'est compliqué aussi, parce que s'adapter ça veut dire quoi ?
20:02 On l'a vu par exemple en Tunisie, avec Giorgia Melloni, la première ministre italienne,
20:07 dans le cadre de négociations avec la Tunisie, pour des accords pour retenir les exilés sur place.
20:14 Elle est dans une situation absolument détestable, exécrable avec Orban,
20:20 mais Orban, la dernière fois, c'est grâce aux voix d'Orban qu'elle avait pu être élue.
20:24 Donc là, on voit que ce qui va se jouer, c'est véritablement combien va compter
20:29 le futur parlement de droite nationaliste xénophobe,
20:33 qui ne vont certainement pas donner leur voix à Ursula von der Leyen,
20:38 mais de l'autre côté, et c'est peut-être là que ça va constituer un blocage,
20:41 qu'est-ce qui va pouvoir sortir du chapeau derrière ?
20:44 On ne va pas réussir globalement à créer les conditions de trouver quelqu'un
20:48 qui soit susceptible de contenter tout le monde,
20:50 et le faiseur de roi sera peut-être ce groupe conservateur réformiste
20:55 qui va peut-être prendre le plus de place.
20:58 - C'est toute la difficulté de cette Europe qui n'est pas fédérale,
21:00 mais qui en même temps veut s'en donner la panache.
21:03 C'est quand même ça, c'est ça.
21:05 En fait, on prend une sorte de...
21:06 - Elle n'est absolument pas fédérale, c'est l'Europe des États,
21:08 et les États ne veulent pas lâcher de souveraineté.
21:10 - On prend une femme qui est censée incarner ses 27,
21:13 mais en fait on prend, et vous l'avez dit, le plus petit dénominateur commun
21:16 au risque justement qu'on ait une forme d'Europe un peu émoliente,
21:21 où on ne sait pas exactement où on va.
21:22 C'est ça la difficulté, et c'est de sonder...
21:24 - Par exemple, elle a été très active sur les vaccins,
21:26 sur le plan de relance de la Réveille, sur la dette pendant le Covid,
21:29 sur les achats de vaccins, sur l'Ukraine, elle a globalement été...
21:31 - Oui, mais en même temps, regardez le Green Deal,
21:33 ce pacte vert qui devait être une sorte de cône vertébrale écologiste de l'Europe,
21:38 eh bien en ce moment, elle est en train de faire des concessions
21:40 pour calmer la crise agricole.
21:42 - Le premier qui lui dit "il faut faire une pause", c'est Emmanuel Macron lui-même,
21:44 c'est les États qui sont face aussi à la réalité qui se fait porter par les...
21:48 - Ils ne font pas trop de charisme non plus pour ne pas faire d'ombre à tous les autres
21:52 chefs de gouvernement et d'État.
21:54 - C'est d'ailleurs un vrai sujet du coup, pour un carnet de l'Europe.
21:57 - Voilà qui est dit. Merci beaucoup les informés,
21:58 c'est un débat qu'on retrouvera notamment aux Informés de l'Europe
22:00 le dimanche matin à 9h40.
22:02 Merci beaucoup d'avoir suivi ces informés ce matin.
22:05 Avec vous, Benjamin Sportouche, on se retrouve demain.
22:07 Nora Hamadi, spécialiste des questions européennes,
22:09 productrice à France Culture. - A bientôt.
22:11 - Et Louis Ozalter, journaliste politique au Figaro.
22:13 Merci les informés d'avoir été ce matin avec nous.
22:16 Les informés qui reviennent ce soir à 20h.
22:18 ...

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