• il y a 9 mois

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00:00 *Générique*
00:05 Et bienvenue dans les informés jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et France Info Télé avec Renaud Delis. Bonjour Renaud.
00:11 Bonjour Salia.
00:12 Et autour de la table ce matin nous avons Nathalie Mauret, journaliste politique à Paris pour le groupe Ebra,
00:16 le groupe de presse des quotidiens de l'Est de la France, l'Est républicain, le progrès, les DNA. Bienvenue.
00:21 Merci, bonjour.
00:22 Et à vos côtés Étienne Gérard, rédacteur en chef à L'Express. Bonjour Étienne.
00:26 Bonjour Salia.
00:27 Renaud Delis, relaxé hier, François Bayrou veut peser aujourd'hui.
00:30 Et oui, François Bayrou qui a été poursuivi, rappelons-le, pour complicité de détournement de fonds publics
00:34 dans une affaire d'assistant fictif du Modem au Parlement européen,
00:37 eh bien il a donc été relaxé au bénéfice du doute blanchi hier car les juges ne pouvaient pas démontrer
00:43 qu'il était au courant qu'effectivement quelques élus Modem ont utilisé des assistants
00:49 qui en fait étaient payés par le Parlement européen mais qui travaillaient pour le parti,
00:53 mais il n'y avait pas en l'occurrence de système et encore moins de connaissances de ces pratiques de la part de François Bayrou.
00:59 Le voici donc blanchi, vous le disiez à l'instant, et avec l'espoir évidemment de peser de nouveau.
01:06 Très vite d'ailleurs, il y a, paraît-il, un remaniement imminent.
01:09 On l'attend d'heure en heure, de jour en jour, de nouveaux ministres et secrétaires d'État qui devraient être nommés.
01:15 Et d'ailleurs, il y a aussi une ministre qui est sur la sellette en ce moment,
01:17 c'est Amélie Boudéa-Castellar, la ministre de l'Éducation nationale.
01:19 Est-ce qu'éventuellement, François Bayrou, qui a déjà occupé le poste il y a bien longtemps, pourrait être tenté ?
01:24 Voici sa réponse hier soir sur France 2.
01:28 Je pense qu'il y a un très grand trouble dans l'éducation nationale, pas depuis ce mois-ci.
01:33 C'est un secteur pour moi, vous savez à quel point j'y crois,
01:37 à quel point je donnerais pour qu'on retrouve le moral, l'équilibre,
01:45 l'envie d'enseigner sans trouble dans notre pays.
01:50 Je pense que quand on est un citoyen engagé, on aime agir.
01:57 Ça ressemble quand même à une sacrée offre de service.
02:00 Le message est passé.
02:02 Alors, est-ce qu'Amélie Boudéa-Castellar sera ou pas remplacée ministre de l'Éducation nationale ?
02:07 François Bayrou a donc déjà été ministre de l'Éducation nationale.
02:09 C'était en 1993, il y a 31 ans.
02:12 Il l'a d'ailleurs appelé également hier soir.
02:13 Et puis au-delà d'ailleurs de ce poste-là, comment peut-il peser sur le reste du remaniement imminent ?
02:20 Et puis au-delà, sur le cours de la majorité ?
02:22 Et pourquoi pas peut-être avec l'hypothèse d'une quatrième candidature présidentielle en 2027 ?
02:28 Nathalie Moret, il est de retour.
02:29 Ah bah écoutez, quand on l'a entendu hier soir au journal de France 2, on n'a plus de doute.
02:35 Il cochait toutes les cases de la personnalité politique qui enfin était soulagée de ce qui lui arrivait.
02:42 D'ailleurs, c'est quelque chose qui n'est pas neutre quand même.
02:44 Il faut rappeler à quel point François Bayrou a été blessé personnellement par ce procès
02:52 auquel il a assisté à tous les jours d'audience.
02:55 Pour lui, c'était plus qu'une question d'honneur.
02:57 C'était aussi une façon de laver l'honneur de Marielle de Sarnez,
03:00 qui était son alter-edgo politique, qui est décédée depuis deux ans
03:04 et dont il estime que la maladie a été créée par ses difficultés judiciaires.
03:10 Donc oui, pour lui, aujourd'hui, et encore une fois, il a parlé de gâchis,
03:13 de gâchis démocratiques, de gâchis financiers, de gâchis humains.
03:17 Donc je pense que pour lui, oui, c'est une rédemption importante
03:21 et effectivement, il a envie de peser et de retourner à l'éducation nationale
03:26 ou alors j'ai vraiment pas compris ce qu'il avait dit hier soir.
03:28 On n'a tous pas compris sinon.
03:29 Etienne, vous nous direz tout à l'heure ce que vous en pensez.
03:31 On poursuit dans un instant, juste après le Fil info de Sophie Echene à 9h10.
03:37 La situation est de plus en plus confuse au Sénégal où le Parlement a voté hier
03:41 le report de l'élection présidentielle au 15 décembre.
03:44 La loi a été adoptée dans la nuit à la quasi-unanimité,
03:47 les députés de l'opposition ayant été évacués de force par la gendarmerie.
03:51 Un drame évité de justesse dans le Var hier, une petite fille de 10 ans
03:55 a été victime d'une tentative d'enlèvement devant son école de la garde près de Toulon.
03:59 Un homme l'a tiré violemment par le bras avant d'être mise en fuite
04:02 par un membre de l'établissement qui est sorti à ce moment-là.
04:05 Il a finalement été retrouvé par la police, il était déjà connu
04:08 pour des agressions sexuelles dans plusieurs villes françaises.
04:11 Les députés examinent aujourd'hui une série de mesures pour mieux protéger les élus locaux.
04:15 Le texte adopté en première lecture au Sénat
04:18 veut répondre à une hausse des agressions ces derniers temps
04:21 parmi les mesures phares des sanctions plus lourdes en cas de violence.
04:25 Le secteur du prêt-à-porter est toujours en crise.
04:27 Le groupe IKKS prévoit de fermer près de 80 magasins.
04:30 Plus de 200 salariés sont menacés.
04:33 France Info
04:36 Les informés, Renaud Dely, Saliha Brakia
04:42 Et les informés continuent avec Nathalie Moret, journaliste politique à Paris pour le groupe Ebra.
04:48 Avec Renaud Dely aussi et Etienne Girard, rédacteur en chef à L'Express, juste avant le Fil Info.
04:53 Nathalie disait à quel point ce procès avait pesé sur François Bayrou.
04:58 Il a duré plusieurs années, sept ans.
05:00 Il a été blanchi. C'est pas le cas de tout le monde au MoDem.
05:03 Effectivement, il y a un certain nombre de condamnations.
05:06 Tous ceux, en fait, dont on avait la preuve qu'ils avaient connaissance
05:09 du système de travail entre le Parlement européen et le parti MoDem.
05:15 D'ailleurs, pour être très très précis,
05:17 François Bayrou est blanchi, pas parce que le tribunal considère qu'il n'avait pas connaissance,
05:21 mais parce que le tribunal considère qu'il n'y a pas de preuve
05:25 qu'il avait connaissance du système.
05:27 Ce qui est un peu différent.
05:28 Il y aura peut-être d'ailleurs un projet en appel.
05:31 Cela étant, il est blanchi, sa vie politique reprend.
05:35 Il n'était pas totalement parti d'ailleurs, François Bayrou.
05:39 La question maintenant, c'est est-ce qu'il peut revenir plus près,
05:42 puisqu'il était quand même entre sa ville de Pau,
05:45 il est toujours maire, et son poste de commissaire au plan.
05:48 Est-ce qu'il peut revenir au gouvernement ?
05:51 Oui, mais attention, on trompe l'œil.
05:54 Il aurait pu revenir depuis 7 ans, en réalité, François Bayrou.
05:58 L'exemple de Rachida Dati, qui vient d'entrer au gouvernement
06:01 alors qu'elle est mise en examen, montre qu'Emmanuel Macron,
06:04 quand il veut quelqu'un, il est capable de faire rentrer cette personne,
06:07 quand bien même elle est mise en examen.
06:09 Si François Bayrou n'était pas au gouvernement depuis 6 ans et demi,
06:13 c'était aussi parce que ce maudit husus vivendi,
06:16 finalement, avait fini par convenir un peu à tout le monde,
06:19 en accroyant aussi une forme de liberté supplémentaire à François Bayrou,
06:23 qui en usait assez bien d'ailleurs.
06:25 Va-t-il rentrer au ministère de l'Éducation ?
06:28 Alors, s'il n'est pas candidat, il fait bien semblant.
06:31 Mais le problème, c'est Oudéa Castera.
06:34 Emmanuel Macron a dit qu'il la soutiendrait.
06:37 Se dédire aujourd'hui, ce ne serait pas tout à fait la première fois,
06:40 il est déjà arrivé qu'il lâche des personnes après les avoir soutenues quelques temps,
06:44 ça ferait quand même mauvais genre vis-à-vis de l'idée que lui se fait
06:48 de la parole en politique et de la loyauté face aux meutes et aux polémiques
06:54 qui peuvent toucher une personne.
06:56 C'est pour ça que si vous me demandez un pronostic,
06:58 la vérité c'est que je n'en sais absolument rien,
07:00 mais je ne serais pas étonné qu'il attende un peu
07:03 avant de remettre François Bayrou dans le dispositif.
07:06 Mais parce que si François Bayrou n'entre pas au gouvernement dans le prochain remaniement,
07:09 son but aussi à lui, c'est de peser et justement d'avoir des ministres modem.
07:12 De toute façon, c'est de peser, donc effectivement,
07:14 il va y avoir au moins le même nombre de ministres, de ministres délégués,
07:17 de secrétaires d'État au sein du gouvernement Attal,
07:20 qu'il y en avait dans le gouvernement Borne.
07:21 Rappelons que pour l'heure, il n'y a que Marc Fesneau qui est ministre plein,
07:26 si j'ose dire, en tout cas en charge de l'agriculture.
07:29 Après, je ne sais pas plus ce qu'Etienne Girard, ce qui va se produire,
07:34 mais je pense que ça aura une certaine logique politique
07:36 de faire entrer François Bayrou au gouvernement.
07:38 Certes, Emmanuel Macron s'est mouillé dans le cas d'Amelie Boudéa-Casterat,
07:43 très clairement, mais en même temps, ce qui n'est pas forcément
07:47 sa propension habituelle, mais s'il reconnaissait finalement
07:51 une petite erreur de casting, et il semble bien qu'il y ait
07:53 quand même un léger problème, notamment au regard de la défiance
07:55 que manifestent les personnels d'éducation nationale et les syndicats,
07:58 ça ne pourrait pas lui nuire forcément de surcroît.
08:01 On sait que de son côté, Gabriel Attal n'est pas enthousiaste
08:05 à l'idée de conserver Amélie Boudéa-Casterat à ce poste-là.
08:07 L'autre problème qui se pose, d'ailleurs, c'est est-ce que François Bayrou,
08:09 72 ans, accepterait au regard de sa carrière, de son expérience,
08:12 de son poids politique, de rentrer dans un gouvernement dirigé
08:15 par un jeune homme de 34 ans ? C'est un autre sujet dont il n'était pas
08:18 spécialement le supporter au moment de la nomination.
08:23 On sait qu'il a plutôt pesé pour l'un de vos invités il y a quelques minutes,
08:26 Julien Denormandie, François Bayrou. Mais en tout cas, politiquement,
08:29 c'est sûr que ce serait assez cohérent, en fait, notamment au regard
08:32 de la situation de l'éducation nationale. Mais au-delà de ça,
08:35 il veut poser effectivement sur le remaniement au cours,
08:39 le cours de la majorité. Et c'est vrai, Etienne Girard a raison
08:43 de dire que sa mise en examen au regard des pratiques d'Emmanuel Macron
08:47 n'aurait pas empêché son retour plus précoce au sein du gouvernement.
08:51 Et d'ailleurs, de ce point de vue-là, il y a quand même un sujet
08:54 sur la justice. C'est le troisième poids lourd de la majorité
09:00 où des deux précédents étés ministres qui aient blanchi
09:03 en quelques semaines, Éric Dupond-Moriti et Olivier Dussopt.
09:07 Voilà donc François Bayrou. Donc il y a une question qui peut quand même
09:10 se poser sur la justice en général, sur son mode de fonctionnement
09:14 à l'endroit des politiques, sur le parquet national financier
09:18 en particulier. C'est un peu tabou de poser la question,
09:21 mais on peut quand même s'interroger sur un certain nombre de poursuites
09:23 et d'enquêtes qui ont été diligentées. On a l'impression qu'il y a eu,
09:26 et c'est bien compréhensible, peut-être un retour de balancier
09:28 qui est allé trop loin dans l'autre sens. Entre le choc de l'affaire
09:32 du ZAC sous le mandat de François Hollande, puis l'affaire Fillon
09:34 au moment de la campagne présidentielle de 2017.
09:37 Ces éléments-là ont effectivement incité à mettre en avant
09:42 la transparence absolue et la nécessité que les élus
09:44 rendent des comptes en permanence, jusqu'à ce que peut-être,
09:47 et en tout cas il semble bien que ce soit le cas au regard des décisions
09:49 du SIR, un certain nombre de poursuites qui n'avaient pas lieu d'être
09:54 soient diligentées pendant des années et des années.
09:57 Sept ans c'est la durée pour François Bayrou, c'est long.
09:59 C'est ce qui donne raison du coup à Emmanuel Macron quand il dit
10:01 "Moi, même s'ils sont mis en examen, cette jurisprudence-là
10:05 de sortir le ministre, je ne l'applique plus".
10:07 Oui, je pense que l'époque a changé.
10:10 Entre l'époque, la jurisprudence baladure et aujourd'hui,
10:14 il y a quand même pas mal d'années qui se sont passées,
10:15 et aussi un changement de mentalité au sens où on est dans une société
10:19 où il y a plus de judiciarisation de la vie politique.
10:22 Je veux dire, trois ministres de poids, notamment Richard Ferrand
10:25 et François Bayrou, qui sont des personnalités, quoi qu'on en pense,
10:29 qui ont un vrai poids politique, qui sont empêchées de gouverner,
10:32 c'est vrai que ça pose question.
10:34 Et pour rebondir sur ce que vous disiez, Renaud,
10:37 quant à François Bayrou, je pense que ce qui peut contribuer
10:41 au fait qu'il peut rentrer au gouvernement, c'est justement que ça,
10:44 je ne dirais pas que ça gauchiserait le gouvernement,
10:47 je ne dirais pas jusque-là, mais en tous les cas ça redonnerait
10:50 de l'équilibre entre effectivement un gouvernement qui a une découleur
10:54 quand même très sarkoziste et des droits de plus forte que François Bayrou
10:58 qui effectivement incarne plus un centre droit.
11:01 - Etienne Girard ?
11:03 - J'ai un petit désaccord avec Renaud Delis, une fois n'est pas coutume.
11:06 - Allez-y Etienne ! - Allez-y, on vous écoute attentivement du coup.
11:08 - Vous avez bien raison.
11:09 - Est-ce qu'un procès qui se finit par une relax, c'est une justice qui dysfonctionne ?
11:12 Moi je ne pense pas. Je pense que chacun fait son travail.
11:15 Le parquet, en l'occurrence National Financier, il enquête,
11:19 il a des indices, il transmet.
11:21 Les juges d'instruction renvoient devant un tribunal qui juge,
11:25 il y a une relax, très bien, pour moi c'est une justice qui marche
11:29 excellemment bien en réalité.
11:31 - Mais ça crée des dégâts, c'est ce que disait Renaud.
11:33 - Oui, mais ça émane de quelque chose de tout à fait différent
11:37 qui est le fait que la politique, à une époque,
11:40 et ça a d'ailleurs été largement instrumentalisé,
11:43 c'était souvent pour des raisons purement politiques,
11:46 a décidé de prendre de vitesse la justice et de considérer que
11:49 l'exemplarité absolue faisait que même si on va être jugé
11:53 six ans plus tard, on doit démissionner d'ores et déjà de son poste
11:56 alors qu'on peut être inenchanté en bout du compte.
11:59 Cette époque est révolue, finalement, très bien,
12:02 on verra dans quelques années, si on a eu raison,
12:05 le jour où on aura trois ministres qui ne seront pas relaxés
12:08 mais qui seront condamnés, là on pourra se poser la question.
12:12 Très bien, on acte des pratiques et des décisions de justice,
12:16 ça me paraît tout à fait ça en démocratie en réalité.
12:19 - Je veux juste préciser que je suis absolument d'accord avec ce que
12:21 vous dites, je vais essayer de m'exprimer un peu mieux.
12:24 Ce qui dysfonctionne, à mon sens, ce n'est pas le fait qu'il y ait
12:27 une procédure judiciaire, c'est la durée d'une part,
12:30 quand ça dure cinq, six, sept ans, et puis d'autre part,
12:33 ça c'est lié aussi à des comportements politiques préalables
12:36 qui étaient peut-être liés aussi au poids supposé de l'opinion,
12:39 voire du monde judiciaire, le fait d'exiger d'un ministre
12:42 mis en examen qu'il démissionne. Je pense que cette règle
12:45 est aujourd'hui enterrée et je pense que c'est une bonne chose.
12:48 Les examens successifs d'Eric Dupond-Moretti, Olivier Dussopt,
12:51 François Bayrou, qui avait démissionné au préalable dès l'ouverture
12:54 de l'enquête préliminaire, illustrent que c'est une bonne chose
12:57 et qu'un ministre mis en examen est présumé innocent
13:00 et qu'il peut rester en fonction, surtout au vu, encore une fois,
13:03 de la longueur de ces procédures. Après, il y a une toute petite
13:06 dernière question qui se pose, mais à laquelle je n'ai pas de réponse,
13:09 c'est y a-t-il aussi des juges qui, en quelque sorte, veulent parfois
13:12 se payer tel ou tel responsable politique ?
13:15 La question s'est notamment posée à propos d'Eric Dupond-Moretti,
13:18 très clairement. Peut-être d'ailleurs qu'Emmanuel Macron, qui se rend,
13:21 me semble-t-il, vendredi devant l'École nationale de la magistrature à Bordeaux,
13:24 aura l'occasion, de façon plus ou moins cibeline,
13:27 de se pencher sur cette hypothèse.
13:29 - Et juste une petite remarque, parce qu'il y en a une qui a dû être très attentive,
13:32 hier, au verdict de François Bayrou.
13:35 Elle est de l'autre côté de l'échiquier politique, elle s'appelle Marine Le Pen.
13:38 Parce qu'elle aussi va comparaître devant la justice à l'automne.
13:41 - Mais les dossiers sont complètement différents. C'est-à-dire que le modem,
13:44 c'est sur des sommes de 700 000 euros.
13:47 Et Marine Le Pen, là pour le coup, c'est plusieurs millions d'euros.
13:51 Et elle était elle-même députée européenne.
13:53 Donc elle ne pouvait, et il y a, semble-t-il, dans le dossier,
13:56 des traces qui montraient qu'elle était au courant
13:59 du fonctionnement, d'où alliaient ces fonds,
14:02 et qu'ils étaient, effectivement, pour les députés.
14:05 Donc je pense qu'elle n'est pas sortie d'affaire, et elle peut se faire du souci.
14:08 - On s'arrête une petite minute. Le temps du Fil Info de Sophie Eiffien à 9h20.
14:12 A tout de suite.
14:14 Pour la première fois en France, un réseau de trafic d'armes
14:17 fabriqués par imprimantes 3D vient d'être démantelé.
14:20 Si elles ressemblent à des jouets en plastique,
14:22 elles sont bien capables de tirer et de tuer.
14:25 Après un an d'enquête dirigée depuis Marseille,
14:27 une quinzaine de personnes ont été interpellées en France et en Belgique.
14:30 Le prince arrive à rentrer au Royaume-Uni pour rendre visite à Charles III,
14:34 atteint d'un cancer. Le second fils du roi d'Angleterre vit aux Etats-Unis,
14:37 après avoir pris ses distances avec la famille royale.
14:40 A 75 ans, le souverain britannique fait la une de tous les journaux du pays ce matin.
14:44 Lui affirme être très positif, selon le premier ministre Rishi Sunak.
14:48 Ce cancer a été détecté tôt, Charles III a démarré son traitement hier.
14:52 Les rebelles houthis basés au Yémen revendiquent deux nouvelles attaques
14:56 distinctes en mer rouge ce matin, contre un navire américain et un autre britannique.
15:00 Ce dernier a été légèrement endommagé par une frappe de drone.
15:04 Et puis le stade Bonal de Sochaux plein à craquer ce soir pour la réception de Rennes.
15:08 C'est le début des 8e de finale de la Coupe de France, et c'est à suivre à partir de 20h45.
15:12 Et les informés continuent avec Nathalie Mauré, journaliste politique à Paris pour le groupe Ebra,
15:28 avec Etienne Girard, aussi rédacteur en chef à L'Express.
15:30 On en vient à l'autre sujet d'actualité de ces informés, Renaud.
15:33 Le gouvernement a décidé d'une pause dans le plan de réduction des pesticides dans l'agriculture,
15:38 c'est-à-dire qu'écologie et agriculture sont incompatibles.
15:42 Comment réconcilier agriculture et écologie, agriculteurs et écologistes ?
15:47 Les agriculteurs sont-ils les amis, les alliés ou les adversaires, même indirects, de la préservation de l'environnement ?
15:53 Cette question, on a vu qu'elle était au cœur du conflit de la colère paysanne de ces dernières semaines.
15:57 Effectivement, de la réponse, vous le rappelez, rappelle Yann Estens, allié du gouvernement,
16:02 qui est parti notamment avec cette suspension de ce plan éco-phyto.
16:05 Et puis cette question, elle est aussi au cœur de l'ouvrage co-écrit par l'ancien ministre de l'Agriculture,
16:10 Julien Denormandie, et par l'écrivain et l'académicien Éric Orsenat, que vous receviez il y a quelques minutes sur ce plateau, Salia.
16:16 Cet ouvrage s'intitule "Nourrir sans dévaster", il est publié chez Flammarion.
16:20 Et voici justement le regard de l'ancien ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie,
16:24 sur cette façon, cet objectif d'essayer de réconcilier agriculture et écologie.
16:32 Il faut réussir à produire tout en protégeant.
16:35 Ce qui ne marche pas, c'est l'injonction.
16:37 Ce qui ne marche pas, c'est dire à nos amis agriculteurs, vous devez diminuer de temps,
16:42 vous devez arrêter ceci, sans aucune autre prise en considération que celle de l'injonction.
16:47 Le monde agricole, le monde de l'environnement, on doit les réconcilier.
16:50 Et ce qui est sûr, c'est que les agriculteurs, les premiers, ne demandent pas de regarder en arrière.
16:55 Ils demandent qu'on puisse les accompagner sur ces transitions.
16:59 Alors produire, mais tout en protégeant la planète, la nature, l'environnement,
17:04 est-ce que c'est possible effectivement ?
17:06 Pas d'injonction à l'endroit des agriculteurs, répétait Julien Denormandie à l'instant,
17:09 mais comment les accompagner et peut-être quand même les inciter peut-être à modifier leur pratique ?
17:15 C'est la contradiction Étienne Girard, comment on fait ?
17:17 On ne peut pas le faire tout seul dans son coin déjà.
17:20 Ce qui ne marche pas, ce n'est pas les injonctions.
17:22 Ce qui ne marche pas, c'est l'exemplarité tout seul dans son coin, la France tout seul.
17:27 On l'a bien vu, quand on prend des mesures écologiques qui se comprennent tout à fait pour les raisons environnementales,
17:34 mais d'interdiction du glyphosate, d'interdiction des néonicotinoïdes qui vont plus loin que nos partenaires européens,
17:42 on appauvrit forcément les agriculteurs français parce que nos partenaires européens,
17:47 les autres pays membres de l'Union Européenne, ils font passer les intérêts économiques avant.
17:52 Et tout simplement parce que dans l'assiette, ensuite, les consommateurs préfèrent avoir un produit
17:57 avec des néonicotinoïdes moins cher plutôt qu'un produit biologique plus cher.
18:03 Donc il faut une solution au niveau européen, évidemment.
18:07 Et puis si on décide, ce qui est pertinent, de réconcilier enfin l'écologie et l'agriculture,
18:14 il faudra des moyens colossaux.
18:16 Une agriculture biologique à fort rendement, c'est possible, mais c'est possible avec une main d'œuvre
18:23 qui n'est pas la main d'œuvre utilisée actuellement.
18:25 Donc ça nécessiterait des plans d'investissement qui sont énormes et donc de faire d'énormes économies ailleurs.
18:31 Nathalie Moret.
18:32 Quand j'ai entendu Julien Denormandie dire que ce qui ne marchait pas, c'était l'injonction,
18:38 j'ai revu dans ma tête les dizaines et les dizaines de portraits d'agriculteurs
18:43 qu'on a fait tout le mois de janvier dans les éditions des groupes auxquels j'appartiens,
18:50 où quasiment tous les agriculteurs interviewés disaient ça, en disant "mais nous, on n'est pas contre, on est pour".
18:59 Mais en même temps, ce que Eric Orsenna et Julien Denormandie ont dit,
19:03 c'est qu'en fait l'ennemi, la vraie ennemi, c'est qu'on ne peut pas parler de choses complexes.
19:08 Et durant cette crise agricole, on était sommés d'être pour ou contre.
19:14 D'être pour l'agriculture intensive ou contre, d'être pour le Mercosur ou contre,
19:20 d'être pour les pesticides ou contre, et la solution n'est pas là-dedans.
19:25 Elle n'est jamais dans le noir ou dans le blanc, elle est plutôt dans le gris clair et dans le gris foncé.
19:30 Et ce que disent Eric Orsenna et Julien Denormandie, c'est ça.
19:34 C'est qu'effectivement, on ne peut pas interdire comme ça d'entrer, il faut écouter, il faut surtout faire des cas particuliers.
19:45 Parce qu'entre le paysan qui a 200 hectares et celui qui en a 4,
19:52 c'est forcément ni les mêmes rendus, ni les mêmes rendements, ni les mêmes revenus.
19:56 Et c'est ça qu'on a perdu en fait, c'est le niveau de complicité, la gradualité, si vous voulez.
20:04 Et effectivement, dans sa réponse, le gouvernement est allé dans quelque chose qui n'est pas complexe.
20:08 On suspend. Et ça, c'est effectivement...
20:11 Ce qui a fait enrager d'ailleurs Eric Orsenna, qui disait "C'est pas possible d'être dans un gel".
20:15 Oui, parce que c'est la fin de la complicité, c'est revenir à quelque chose de binaire.
20:18 Eric Orsenna, renotez-nous.
20:20 Et d'ailleurs, effectivement, une décision radicale qui a suscité des réactions tout aussi radicales.
20:25 Hier, le sénateur écologiste Yannick Jadot, ici sur ce plateau, a accusé le gouvernement carrément d'être criminel à cause de la suspension du plan Ecofito.
20:32 Donc, je rejoins tout à fait ce que dit Nathalie Moret.
20:35 C'est-à-dire qu'on voit qu'une fois de plus, et sur ce sujet-là, plus que jamais, le réel est complexe,
20:38 que les intérêts peuvent parfois être divergents, mais que finalement, les objectifs sont communs.
20:42 Y compris les agriculteurs ont évidemment intérêt, et ils le savent, à la transition écologique,
20:46 à se passer, y compris pour leur propre santé, à terme d'un certain nombre de produits, et notamment des pesticides.
20:52 Mais ce qui ne fonctionne pas, très clairement, c'est la culpabilisation.
20:56 C'est-à-dire qu'ils ont eu le sentiment d'être montrés du doigt,
21:00 comme étant, par certains, y compris par certaines associations environnementales excessives ou radicales,
21:06 comme étant justement des adversaires de la planète, de l'environnement, etc.
21:10 De surcroît à un métier qui, historiquement, a numériquement tendance à disparaître.
21:15 Peu à peu, en tout cas, qui redoute de disparaître, mais qui perd en tout cas de son poids dans l'économie,
21:20 et même dans l'imaginaire français.
21:22 Donc on voit bien que ces injonctions, de part et d'autre, conduisent forcément dans le mur,
21:27 alors que l'intérêt est commun, mais c'est vrai que ça nécessite à la fois des engagements.
21:31 Il faut évidemment un engagement politique, mais il faut un engagement politique international,
21:34 c'est ce que disait Etienne Girard, et puis il faut essayer d'accompagner avec des mesures, justement, très concrètes aussi.
21:43 Mais il faut quasiment tisser, presque, exploitation par exploitation.
21:47 Il y a aussi des organisations qui ne sont pas forcément représentatives de la diversité de ces exploitations.
21:52 Il y a aujourd'hui un fossé entre, par exemple, d'un côté la FNSEA et la Confédération Pézanne,
21:57 y compris d'ailleurs sur la suspension du plan éco-phyto.
22:00 Ils ne sont pas d'accord. Il y a le rôle aussi des consommateurs, nous, qui parlons,
22:03 ceux qui nous écoutent, chacun aussi a fait ses choix tous les jours, et on a un rôle à jouer.
22:08 - C'est certes, mais il faut accepter de payer plus cher. Si on veut promouvoir l'agriculture biologique,
22:13 c'est ça que ça veut dire, et on n'est pas tous en capacité de pouvoir le faire.
22:18 - La question du pouvoir d'achat, toujours au centre des préoccupations des Français.
22:21 Merci beaucoup, merci à tous les trois.
22:23 Nathalie Mouret, journaliste politique à Paris pour le groupe Ebra, le groupe de presse des quotidiens de l'Est.
22:28 On a sélectionné la une de l'Est républicain ce matin, sur les fermetures de classes qui provoquent la colère en meurtre,
22:36 et Moselle, c'est aussi ça, la réalité de l'éducation nationale dans certaines communes en ce moment.
22:41 Merci à vous, Etienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
22:44 Un homme en une de l'hebdo, le vrai ministre de l'inflation, c'est lui, Michel-Édouard Leclerc.
22:50 Vous lui avez attribué un ministère. C'est dans le dossier de cette semaine à lire dans L'Express,
22:54 et donc à trouver dans... - Dans tous les bons kiosques, évidemment.
22:56 - Évidemment, évidemment. Merci Etienne. Renaud, merci à vous. - Merci, ça y est.
23:00 - A demain, et les informations de retour ce soir à 20h, avec Bérangère Bonte et Jean-François Aquilli.
23:05 [Musique]

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