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00:00 Et c'est donc le jour J pour la réforme des retraites examinée la semaine dernière en commission à l'Assemblée Nationale.
00:07 Elle arrive aujourd'hui dans l'hémicycle de l'Assemblée pour deux semaines de débat.
00:11 On va en parler de cette réforme des retraites, parler aussi des concessions faites hier par la Première Ministre Elisabeth Borne.
00:16 J'ai le plaisir d'accueillir ce matin à la table des infos Naila Latrousse du service politique de France Info. Bonjour.
00:22 - Bonjour. - Et bienvenue Naila. Et à vos côtés Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express. Bienvenue.
00:26 - Bonjour Marc Murphy. - Également. La réforme des retraites. Renaud Dely.
00:29 - Avec la Première Ministre effectivement en quête d'une majorité puisque le débat commence aujourd'hui à l'Assemblée Nationale.
00:34 Elisabeth Borne a répété ces derniers jours qu'elle ne souhaite pas recourir au 49-3 pour faire adopter ce texte.
00:40 Dès lors, elle doit bâtir une majorité et elle se tourne vers les députés LR, vers la droite.
00:45 Elle a leur intention annoncée une concession, en particulier hier, l'allongement du dispositif carrière longue aux gens qui ont commencé à travailler avant 21 ans
00:56 de façon à ce qu'ils puissent partir à l'âge de 63 ans, en tout cas pour ceux qui ont 43 annuités.
01:02 Est-ce que cette concession satisfait les députés de droite et pourrait convaincre l'ensemble du groupe LR de voter la réforme ?
01:10 Eh bien non. C'était la réponse en tout cas de Pierre-Henri Dumont, député LR, hier sur France Info.
01:17 L'amendement que nous avions tous déposé, l'ensemble du groupe, était de dire que dès lors que nous avions cotisé au moins un trimestre avant l'âge de 21 ans,
01:25 nous pouvions partir dès lors que nous avions l'ensemble de nos annuités.
01:28 L'avancée qui a été présentée par la Première ministre n'est pas le sens de l'amendement déposé par l'ensemble des députés LR.
01:34 Et donc pour certains députés du groupe, beaucoup de ces députés, le fait que cette porte soit aujourd'hui fermée nous obligera à voter contre.
01:41 Cotiser un trimestre avant 21 ans devrait permettre de partir dès l'âge de 63 ans selon ces députés LR.
01:48 Le problème selon l'exécutif, c'est le coût. 10 milliards d'euros selon le gouvernement,
01:53 alors que l'avancée annoncée hier par Elisabeth Borne est chiffrée par la Première ministre entre 600 millions et 1 milliard d'euros.
02:00 Est-ce que le gouvernement va devoir aller plus loin pour essayer de bâtir une majorité à l'Assemblée nationale ?
02:06 Est-ce qu'il peut finir par rallier avec cette mesure, comme avec l'autre, peut-être sur l'emploi des seniors, les députés LR ?
02:12 - On a quand même une forme de dialogue de sourds qui dure depuis quelques jours ou quelques semaines entre le gouvernement et les Républicains.
02:18 - C'est même absolument étonnant, puisque là on a le groupe LR qui est plus à gauche que le gouvernement sur cette question des retraites
02:26 et qui tente de convaincre le gouvernement d'aller un peu plus à sa gauche.
02:30 C'est encore plus étonnant quand on consulte le programme des candidats LR à la présidentielle de 2017 et 2022,
02:37 qui prévoyait la retraite à 65 ans. Autant dire que si on avait eu un président LR, le texte aurait été beaucoup plus dur.
02:44 Maintenant, oui, le point qui est soulevé par le groupe de députés qui ne représente pas la totalité du groupe LR,
02:51 mais dont fait partie Pierre-Henri Dumont, est un point intéressant, puisque c'est vrai que ça instaure une inégalité factuelle
02:58 entre ceux qui auront travaillé avant 21 ans, mais pas avant 20 ans, et les autres.
03:05 Seulement, l'argument du coup est un argument dont on peut aussi entendre la cohérence.
03:11 À partir du moment où le projet de loi est présenté pour équilibrer le régime des retraites,
03:18 on peut comprendre que le gouvernement ne souhaite pas aller plus loin.
03:21 - C'est-à-dire que si le chiffrage d'Elizabeth Borne est exact, si ça coûte effectivement 10 milliards d'euros,
03:25 de cette mesure pour ceux qui ont commencé avant 21 ans, l'efficacité de la réforme d'un point de vue économique,
03:33 n'est quasiment nulle, puisqu'on rappelle qu'au tout début, avant les différentes concessions accordées par le gouvernement,
03:38 elle était censée rapporter 18 milliards d'euros, la réforme.
03:41 - 18 milliards, dont un tiers qui sont réinjectés dans des mesures dites critiquées.
03:45 - Donc, à un chant la calculette, 18 milliards moins 6 milliards réintroduits sous forme d'économie,
03:48 moins 10 milliards pour le chiffrage d'Elizabeth Borne.
03:50 - Il ne reste plus grand-chose. - Il en reste deux.
03:52 - Il ne reste plus grand-chose. Alors, cela dit, il y a tout de même une bataille de chiffrage,
03:55 puisque les Républicains accusent Elizabeth Borne de ne parler que du coup brut de la mesure,
04:00 c'est-à-dire, grosso modo, qu'est-ce qui se passerait en termes de pension,
04:04 si on accordait à tous ceux qui ont cotisé au moins un trimestre avant 21 ans, le fait de pouvoir partir plus tôt.
04:10 Ils disent, oui, mais alors, si on prend l'ensemble des coûts aussi et des économies qu'on réalise,
04:14 c'est-à-dire les pensions d'invalidité, par exemple, pour des gens qui ont commencé à travailler tôt,
04:18 qui arrivent abîmés à l'âge de départ à la retraite, et qui se retrouvent, de fait, à devoir toucher une pension d'invalidité,
04:24 ou qui se retrouvent tout simplement plus souvent aussi chez le médecin,
04:26 parce qu'il y a tout un tas de soins auxquels ils ont droit au titre de la pénibilité de leur métier.
04:32 Quand on parle souvent de carrière longue, on parle assez peu de métier de cadre, en général,
04:35 donc on parle souvent de métier pénible, et donc les Républicains disent,
04:38 ben en fait, si on regarde avec les économies, ça ne coûte pas 10 milliards, ça coûte 2 milliards.
04:42 Donc là-dessus, il y a une grande bataille.
04:44 - Petite différence comme entre les deux, hein ?
04:45 - Oui, 2 à 1,5, qui n'est pas le trait de crayon, comme on dit.
04:49 Donc bon, débat technique.
04:51 Cela dit, il semblerait qu'il puisse y avoir une voie de convergence,
04:55 puisque, et du côté des ministres, on dit, ça peut encore changer dans le débat parlementaire,
05:00 donc sans aller complètement sur la position de LR,
05:02 un trimestre avant 21 ans donne droit au fait de partir au bout de 43 ans de cotisation,
05:07 quel que soit l'âge de départ.
05:09 Donc ça, a priori, le gouvernement n'en veut pas,
05:11 mais de dire, ben, si on arrive à se mettre d'accord sur ce que c'est qu'une carrière longue,
05:15 est-ce que c'est 4 trimestres, 5 trimestres, comment on fait pour les apprentis, par exemple,
05:18 qui ne sont souvent pas au SMIC, donc qui du coup ne cotisent pas comme quelqu'un qui cotise au SMIC,
05:22 si on arrive à se mettre d'accord là-dessus, banco, on pourrait, au moment de l'article 7,
05:26 c'est-à-dire l'article sur le report de l'âge,
05:28 arriver à une espèce de compromis qui ferait que, à minima, des députés s'abstiendraient,
05:32 ne voteraient pas contre, mais s'abstiendraient,
05:34 ça abaisse le seuil du nombre de voix requises pour arriver à la majorité,
05:38 et là, il y a une majorité pour Elisabeth Borne, et c'est une bonne nouvelle pour le gouvernement.
05:41 9h11, le Fil info, Marie Maheu, on poursuit juste après.
05:44 La France et l'Italie offrent leur aide à la Turquie,
05:48 après le violent séisme qui a touché le sud du pays cette nuit.
05:51 Des immeubles qui s'effondrent et près de 300 morts dans la Syrie voisine.
05:55 Aussi, plus de 350 personnes ont perdu la vie.
05:58 À quelques heures du lancement du débat autour de la réforme des retraites à l'Assemblée nationale,
06:02 le gouvernement va déposer un amendement pour allonger le budget des hôpitaux.
06:06 600 millions d'euros en plus, annonce le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal,
06:11 pour soutenir la santé, secteur en grande difficulté.
06:14 7 enfants de 12 à 14 ans meurent avec leur mère dans l'incendie de leur maison.
06:18 Ça s'est passé dans l'Aisne cette nuit.
06:21 Le père de famille est lui grièvement blessé.
06:23 Selon le procureur, c'est un sèche-linge qui a pris feu au rez-de-chaussée.
06:27 En rugby, victoire d'une courte tête pour les Bleuillères, 29 à 24,
06:31 face à l'Italie dans le tournoi des 6 nations.
06:33 Le 15 de France défie l'Irlande, numéro 1 mondial, samedi prochain.
06:37 (Générique)
06:40 -France Info.
06:41 (Générique)
06:43 -Les informés. Renaud Delis, Marc Fauvel.
06:46 (Générique)
06:48 -Toujours avec Néla Latrousse de France Info, Etienne Girard de L'Express,
06:51 et Renaud Delis, on parle des tentatives de rapprochement
06:54 entre le gouvernement et les Républicains sur la réforme des retraites.
06:57 -On le voit sur l'enjeu des carrières longues,
07:00 qui est un enjeu crucial, déterminant pour de nombreuses personnes.
07:04 Depuis le début de ce débat, il y a des lectures extrêmement techniques,
07:08 y compris en termes d'évaluation du coût ou des économies qui pourraient être faites.
07:14 C'est sûr que c'est un peu au doigt mouillé, notamment du côté de comment calculer,
07:17 dès aujourd'hui, les économies, comme le font les Républicains,
07:20 sur les pensions d'invalidité qui ne seraient pas versées,
07:22 puisque les gens n'auraient pas été cassés, brisés, malheureusement,
07:25 comme c'est le cas pour beaucoup, par des carrières longues,
07:28 des travaux difficiles.
07:29 C'est extrêmement difficile de l'évaluer précisément,
07:32 en tout cas aussi précisément.
07:33 Ce n'est pas la seule concession faite hier par Elisabeth Borne.
07:35 Ce qui est intéressant, c'est qu'on voit à quel point la Première ministre
07:37 cherche quand même à éviter de recourir au 49-3.
07:39 Rappelons qu'il lui reste cette ultime carte,
07:41 qu'il lui restera cette ultime carte à la fin,
07:43 puisqu'il s'agit de surcroît d'un texte budgétaire,
07:45 et donc elle peut en quelque sorte dégainer à blanc, j'allais dire, un 49-3,
07:48 ce qui n'empêche pas qu'il en restera un autre potentiel pour le reste de la législature.
07:53 Il y a aussi la question de l'emploi des seniors,
07:55 et notamment l'extension du fameux index aux entreprises de plus de 50 salariés
08:00 et plus celle de plus de 300 salariés,
08:02 avec d'hypothétiques pénalités aussi.
08:04 Et puis il me semble qu'il y a une autre concession...
08:06 - Et avec, pardon, vous coupez Renaud Delis, un tout petit point d'interrogation
08:08 sur cette question des pénalités.
08:09 On avait cru comprendre hier, dans les propos d'Elisabeth Borne au journal du dimanche,
08:13 qu'il y aurait des sanctions pour les entreprises qui n'embauchent pas assez de seniors.
08:17 A entendre Aurore Berger, la présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée,
08:20 qui était sur ce plateau il y a quelques minutes,
08:22 elle nous dit "non, en tout cas, ça ne sera pas dans la loi aujourd'hui,
08:24 mais s'il y a des abus dans les années qui viennent,
08:26 la majorité votera une autre loi pour pénaliser les entreprises".
08:30 - Là aussi, évidemment, ce sera dans le débat,
08:32 mais je pense que la principale concession hier,
08:34 dans l'interview d'Elisabeth Borne au journal du dimanche,
08:36 c'est aucune de ces deux-là.
08:37 C'est ni sur les carrières longues, ni sur l'emploi des seniors.
08:39 C'est sur la clause d'envoyure en 2027.
08:41 Elle ouvre très clairement la porte en disant,
08:43 rappelons que cette réforme vise à prolonger,
08:46 à reporter l'âge légal du dépens en retraite à 64 ans à l'horizon 2030,
08:50 c'était un allongement progressif,
08:52 et elle dit très clairement en 2027,
08:54 bon, de toute façon, il y a des élections qui, de fait,
08:56 apparaissent comme une clause d'envoyure,
08:57 mais elle ne ferme pas la porte, quand même,
08:59 à ce que cette hypothèse soit inscrite,
09:01 à un moment ou à un autre, dans le texte.
09:02 Dès lors, on s'oriente vers un report,
09:04 non pas à 64, mais à 63 ans.
09:06 Je pense que cette réforme,
09:07 la sortie du débat parlementaire,
09:10 s'il y a besoin de trouver une majorité,
09:12 le gouvernement, me semble-t-il,
09:14 à travers ses propos d'Elisabeth Borne,
09:15 est en train de s'orienter vers l'hypothèse
09:17 que finalement, on sera autour de 63 ans,
09:19 63 ans et trois trimestres,
09:21 si jamais la réforme suivait son cours.
09:23 - Et trois mois.
09:24 - Et trois mois, pardon.
09:25 63 ans et trois mois, vous avez raison,
09:26 à la fin, enfin en 2027,
09:29 on peut imaginer qu'on aboutisse à 63 ans,
09:32 et là, ensuite, on revoit,
09:33 notamment en fonction des évaluations financières,
09:35 s'il y a lieu d'aller plus loin.
09:37 - Etienne Gérard ?
09:38 - Dans tout ça, on fait comme s'il était
09:40 seulement question de politique économique,
09:42 mais j'ai du mal à ne pas qualifier la situation
09:45 de plutôt politique tout court,
09:47 voire politicienne, venant des Républicains,
09:51 sachant qu'ils ont toujours soutenu
09:53 ce qui fait le cœur de la réforme actuelle,
09:55 c'est-à-dire l'équilibre du régime des retraites,
09:58 et je suis très frappé de voir que les députés,
10:01 les Républicains, qui contestent certaines mesures,
10:04 ce qui peut être légitime et pertinent,
10:06 les contestent non pas en envisageant de s'abstenir,
10:09 mais en envisageant de voter contre,
10:11 ce qui, pour moi, signe le fait que ces députés,
10:15 je pense qu'il y a aussi une répartition des rôles
10:17 au sein du groupe Les Républicains sur cette question,
10:20 les députés cherchent à acculer le gouvernement
10:22 afin de provoquer le fameux 49-3,
10:25 ce qui ferait qu'ils auraient tout gagné,
10:27 la réforme passerait,
10:29 et le gouvernement leur est payé cher politiquement,
10:32 et donc serait affaibli pour le reste du quinquennat.
10:34 – Et accessoirement, je sais qu'on est encore un peu loin
10:36 de la prochaine élection présidentielle,
10:38 mais le prochain ou la prochaine candidate des Républicains
10:40 à la fin du quinquennat, qui devra expliquer son programme,
10:43 sachant qu'on sera donc à 63,
10:45 que le précédent candidat était pour 65,
10:47 que la droite vote chaque année au Sénat,
10:49 64, qu'est-ce qu'il y aura dans le programme ?
10:52 Il va falloir cogiter un tout petit peu
10:54 pendant les réunions du prochain candidat.
10:56 N'ayelala, tu oses parler.
10:57 – Il va falloir non seulement cogiter,
10:58 et puis après expliquer ce que la droite,
11:00 et je suis totalement à faire pour l'instant,
11:02 les députés expliquent "oui mais alors nous c'était 65",
11:04 mais avec tout un tas de mesures de compensation,
11:06 y compris sur la natalité, c'est totalement inaudible,
11:08 le grand public retient 65 ans.
11:10 Cela dit, ce qui explique effectivement,
11:12 pour rebondir sur ce que disait Étienne,
11:14 sur le côté politicien de l'histoire,
11:17 c'est que un certain nombre d'élus, les Républicains,
11:20 considèrent qu'en fait ils ont résisté
11:22 à une vague Macron en 2017, en 2022,
11:25 qu'ils ont été élus précisément parce qu'ils s'opposaient
11:27 à Emmanuel Macron.
11:28 Et donc dans leur petit calcul,
11:30 et dans tout ce qui se joue en ce moment
11:32 dans leur prise d'opposition,
11:34 c'est aussi de se dire "eh bien s'il y a une dissolution,
11:36 et que je fais partie de ces députés qui ont voté absolument
11:38 tout ce qu'Emmanuel Macron a proposé
11:40 depuis le début du quinquennat,
11:41 puisque l'ensemble des textes qui sont passés à l'Assemblée,
11:43 à l'exception du budget et de la loi sur les énergies renouvelables,
11:46 ont été votés grâce aux voix de la droite.
11:48 Et sur les énergies renouvelables, c'était les voix de la droite au Sénat,
11:50 pas à l'Assemblée, mais la droite l'a quand même voté.
11:52 Donc ces élus-là se disent "moi j'ai été élu
11:55 parce que précisément je n'étais pas macroniste,
11:57 donc je ne peux pas accorder aussi
12:00 ce satisfait-cite à Emmanuel Macron".
12:02 Et ça, ça joue aussi beaucoup dans la psychologie
12:04 des uns et des autres, dans leur position sur l'ensemble des textes.
12:06 - Après d'un point de vue démocratique,
12:09 ce marchandage, me semble-t-il, si on prend un petit peu de recul,
12:11 il l'interroge aussi.
12:12 D'un point de vue démocratique, il est parfaitement légal,
12:14 il ne s'agit aucunement de le remettre en cause.
12:16 Mais quand on regarde, on s'aperçoit donc,
12:18 c'est l'objet de nos débats ce matin,
12:20 comme d'ailleurs depuis plusieurs jours,
12:22 que le sort de la réforme des retraites, hors 49.3,
12:24 dépendrait donc de l'attitude d'une vingtaine de députés LR.
12:29 Les Républicains, eux-mêmes, ont été réduits à la portion congrue,
12:32 60 députés, 62 précisément,
12:34 après que leur propre candidate n'ait obtenu
12:37 que 4,7% à l'élection présidentielle.
12:39 Donc c'est un parti rikiki, très clairement.
12:42 Et que le sort de la réforme dépend donc de leur attitude,
12:46 alors que pendant ce temps-là,
12:48 la mobilisation de plus d'un million, un million cent,
12:51 un million deux-cent-mille personnes,
12:53 dans les rues de l'ensemble du pays, à deux reprises,
12:56 le Front syndical uni, le discours porté par l'ensemble des syndicats,
13:00 CFDT et Laurent Berger compris,
13:03 lui n'obtiendrait rien de fait,
13:06 n'obtiendrait pas de réponse en tout cas,
13:08 ou satisfaction sur tel ou tel point.
13:10 Il y a peut-être quelques négociations aussi en cours sur l'emploi des seniors,
13:13 mais de la part du gouvernement.
13:14 Je pense que d'un point de vue démocratique,
13:16 il y a une bonne partie de l'opinion qui doit s'interroger,
13:18 en observant ça,
13:20 et c'est un risque qui pèse sur le débat parlementaire,
13:22 c'est que le débat parlementaire soit un peu plus décalé encore,
13:25 comme ça a pu être le cas à plusieurs reprises ces dernières années,
13:28 sur d'autres enjeux,
13:29 de ce qui se passe vraiment dans la société française.
13:31 Après le meilleur allié des Républicains,
13:34 pour à la rigueur ne pas avoir à trancher de position dans ce débat,
13:37 c'est la DUPES.
13:38 20 000 amendements, 13 000 déposés par la gauche,
13:41 il est possible qu'au 17 février,
13:43 c'est-à-dire le délai fixé par la loi pour finir les discussions à l'Assemblée nationale,
13:48 eh bien il est possible que l'Assemblée ne soit jamais allée au bout,
13:51 au terme du débat sur ce texte,
13:53 et ne soit jamais arrivée jusqu'au vote,
13:56 auquel cas le texte est transmis au Sénat sans vote de l'Assemblée,
13:59 et les Républicains diront "Bah nous on a tous exprimé nos positions",
14:02 et ils n'auront pas à s'engager sur un vote,
14:04 qui derrière leur sera reproché,
14:05 qui a voté contre, qui a voté pour, qui s'est abstenu.
14:07 - Et il est à la trousse, Etienne Girard, Renaud Delis, vous restez avec nous,
14:09 le Fil info, 9h20 avec Marie Maheu,
14:11 et on poursuit juste après, on parlera de la visite de Gérald Darmanin en Corse aujourd'hui.
14:15 - Des images terribles en Turquie et en Syrie,
14:19 dit Emmanuel Macron sur Twitter,
14:21 après un séisme de magnitude 7,8 cette nuit.
14:24 Le bilan s'alourdit encore, plus de 600 personnes ont perdu la vie.
14:27 La France se tient prête pour aider, assure le chef de l'État.
14:31 Lancement des débats dans l'hémicycle,
14:32 autour de la réforme des retraites,
14:34 ils vont durer 15 jours.
14:36 20 000 amendements ont été déposés.
14:38 Dans mon groupe, aucune voix ne manquera pour voter ce texte,
14:41 assure sur France Info,
14:42 Aurore Berger, patronne des députés Renaissance.
14:45 Les États-Unis ont gravement affecté et endommagé les relations avec la Chine,
14:49 dénonce Pékin.
14:50 L'armée américaine a battu le ballon chinois,
14:52 qui survolait son territoire depuis plusieurs jours,
14:54 parlant d'espionnage, ce que dément toujours la Chine.
14:57 Au Grammy Awards, le chanteur britannique Harry Styles
15:00 remporte le prix du meilleur album de l'année,
15:02 la Reine Beyoncé.
15:03 Elle devient l'artiste la plus couronnée de tous les temps,
15:06 avec 32 récompenses.
15:07 Elle en a gagné 4 de plus cette nuit.
15:09 Oui, parce qu'il y a 25 ans, le 6 février 1998,
15:24 le préfet Claude Hérignac a été assassiné
15:27 par un commando terroriste à Ajaccio.
15:29 L'ensemble des membres de ce commando ont finalement été arrêtés,
15:32 condamnés, emprisonnés.
15:34 Le tireur, lui, Ivan Colonna, a été tué, d'ailleurs en prison,
15:37 par un détenu radicalisé, c'était il y a un peu moins d'un an,
15:40 c'était au mois de mars l'année dernière.
15:42 On se souvient que sa mort a d'ailleurs suscité
15:45 plusieurs journées de violence dans l'île,
15:48 et qu'à la suite de ces violences, pour ramener le calme,
15:51 le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
15:53 avait enclenché un processus de négociation avec les élus insulaires.
15:57 Processus d'ailleurs au début duquel
16:01 il avait même prononcé le mot d'autonomie,
16:03 envisagé comme une perspective, je le cite,
16:05 qui n'était pas donc inenvisageable.
16:08 Sauf que neuf mois après, ce processus est aujourd'hui au point mort.
16:12 Gérald Darmanin se rend aujourd'hui à Ajaccio
16:14 pour rendre hommage au préfet Hérignac.
16:16 Il évoquera aussi la reprise des discussions institutionnelles,
16:19 des discussions que souhaite le président autonomiste
16:22 du Conseil exécutif de la Corse, Gilles Simeoni,
16:25 qui y a fait allusion lorsqu'il présentait ses voeux,
16:29 c'était le 31 décembre dernier, aux Corses.
16:32 L'État, par la voix du ministre Gérald Darmanin,
16:36 mandaté par le président de la République,
16:38 a acté l'ouverture d'un processus dont il a affirmé qu'il avait,
16:42 je cite, "une vocation historique"
16:45 et devait permettre de déboucher sur un statut d'autonomie.
16:48 Neuf mois après, cet engagement peine à se concrétiser
16:52 et la Corse peut soit s'engager sur le chemin de l'espoir,
16:56 soit basculer à nouveau dans la logique de conflit.
17:00 Alors, est-ce que les discussions entre l'État et les élus corses,
17:04 rappelons que ce sont donc les autonomistes qui sont au pouvoir sur l'île,
17:07 vont reprendre ou est-ce que la Corse menace de rebasculer dans la violence ?
17:12 Mais il a la trousse.
17:13 Pour l'instant, c'est compliqué.
17:15 Il y a un indicateur qui ne ment pas, c'est le nombre de visites sur l'île.
17:19 Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, a été contraint de décaler deux fois.
17:22 C'est le seul ministre qui, le seul ministre régalien...
17:24 - Il y a plus de visites, meilleures sont les relations entre l'île et le continent ?
17:27 - Emmanuel Macron, j'allais dire Nicolas Sarkozy, pas du tout.
17:30 Emmanuel Macron est allé en 2018 pour les 20 ans de la mort du préfet Rignac.
17:34 Depuis, à ma connaissance, toutes les visites ont été annulées.
17:37 Aucun Premier ministre depuis Jean Castex.
17:39 Jean Castex n'a jamais mis les pieds en Corse quand il était à Matignon.
17:42 Elisabeth Borne non plus.
17:43 Gérald Darmanin, depuis le début du quinquennat, deux fois reporté la visite.
17:47 Donc en fait, il y a une vraie difficulté dans la relation entre l'État et la Corse
17:53 avec tout un tas de promesses, de noms dits.
17:55 Il y avait eu une fameuse loi qui avait été votée en fin de quinquennat l'an dernier,
17:59 qui s'appelait initialement la loi 3DS, la loi de différenciation.
18:02 Et les élus corse avaient bon espoir que dans le cadre de cette loi
18:05 qui autorise chaque territoire un peu à s'organiser,
18:07 alors c'est pas de l'autonomie, mais à s'organiser un peu comme il le veut,
18:10 il y ait une avancée sur la question de l'autonomie corse, ça n'a jamais été le cas.
18:14 Et depuis, effectivement, toutes les réunions qui étaient programmées
18:17 pour discuter du statut de la Corse,
18:19 ils devaient en avoir, je crois, de mémoire toutes les trois ou six semaines,
18:22 il y en a eu une depuis le mois de septembre.
18:25 Donc de fait, on sent qu'il y a une difficulté,
18:28 le fait que Gérald Darmanin puisse y retourner, c'est déjà une avancée.
18:30 Faut voir ce qu'il dit.
18:32 – Cette difficulté, elle est due à quoi aujourd'hui, Étienne Gérard ?
18:34 – Le point de blocage, c'est ce mot "autonomie",
18:36 c'est un mot brouillard, un mot valise, on ne sait pas très bien ce qu'il recouvre,
18:40 et je pense qu'il y a une équivoque entre ce qu'il recouvre pour la France
18:43 et ce qu'il recouvre pour les militants autonomistes corse.
18:47 L'autonomie dans les pays, dans les régions d'outre-mer,
18:51 par exemple en Polynésie française, ça a été l'exemple donné,
18:54 la Corse pourrait devenir une nouvelle Polynésie,
18:57 c'est le principe que la Polynésie prend les lois qu'elle veut,
19:01 hors du domaine régalien, hors de la sécurité, hors de la justice,
19:06 hors de la politique d'immigration, de nationalité et des libertés publiques.
19:10 Or, ce que veulent les Corses, c'est un point en particulier
19:14 qui me semble aller au-delà de cela, c'est le statut de résident corse.
19:20 C'est les Corses d'abord, c'est l'idée que l'on pourrait bénéficier de certains droits,
19:25 et notamment et en premier lieu du droit d'acheter un bien immobilier sur l'île,
19:30 seulement quand on est résident fiscal sur l'île.
19:34 Ce qui cause une discrimination, une différence entre les Corses
19:40 et les personnes, les Français, qui ne viennent pas de l'île.
19:44 Et ça, ce n'est pas permis aujourd'hui par la Constitution,
19:47 et à mon sens, l'autonomie sans ce statut de résident fiscal particulier
19:54 ne pourra pas fonctionner. C'est un abcès qu'il faut crever.
19:57 Il faudra dire à un moment oui ou non à ce principe-là, sinon on ne pourra pas avancer.
20:02 – Renaud Delis.
20:03 – Alors ce principe est effectivement revendiqué par une bonne partie
20:06 des nationalistes et des autonomistes, il est au cœur de leurs revendications,
20:09 il est inconstitutionnel, comme vous le disiez à l'instant,
20:11 il fait polémique y compris en Corse, tous les Corses ne défendent pas
20:14 évidemment ces revendications-là, mais on voit que l'ensemble des acteurs
20:18 de ce dossier jouent en quelque sorte avec le feu.
20:21 D'un côté, les autonomistes ont joué depuis maintenant de longue date
20:26 le jeu démocratique des élections, ils ont été portés de façon
20:30 parfaitement démocratique au pouvoir, ils ont même conservé le contrôle
20:34 du Conseil exécutif, ils ont même fait élire maintenant des députés.
20:38 Donc ils sont soutenus par une frange importante de la population,
20:41 mais le problème en particulier pour Gilles Simon, c'est qu'ils sont débordés
20:45 eux-mêmes par une frange de jeunes militants nationalistes
20:48 beaucoup plus radicaux qu'on a vus dans la rue l'année dernière
20:50 lors des émeutes qui ont suivi la mort d'Ivan Kolona.
20:53 Et ces jeunes nationalistes-là, qui souvent d'ailleurs n'ont même pas 25 ans,
20:57 c'est-à-dire qui n'étaient même pas nés lors de l'assassinat du préfet Claude Hérignac,
21:01 interpellent leurs élus, en tout cas les élus autonomistes,
21:05 en disant "ça fait 7 ans que vous êtes au pouvoir,
21:07 et nous en 7 jours de manifestation l'an dernier, nous avons obtenu
21:10 que Gérald Darmanin lâche le mot "autonomie",
21:12 même si c'est un peu mordu les lèvres depuis.
21:15 Et donc c'est-à-dire que le gouvernement Gérald Darmanin est sous pression,
21:19 mais les élus autonomistes au pouvoir aussi, ils ont une exigence de résultat,
21:24 sous peine d'être éventuellement débordés par d'autres plus radicaux,
21:28 et de voir l'île sombrer de nouveau dans la violence.
21:31 Je crois que les rendez-vous, celui d'aujourd'hui,
21:33 et puis au-delà, si jamais le processus de discussion reprend,
21:36 les semaines à venir sont extrêmement importantes pour l'avenir de la Corse.
21:40 Renaud Dely, Nathalie Latrousse, Etienne Gérard, merci à tous les trois.
21:43 La une de votre hebdo, Etienne, L'Express, scolaire sociale, retraite,
21:47 pourquoi Macron doit se méfier de Le Pen ?
21:50 À lire dans les colonnes de L'Express cette semaine,
21:52 les informes et le retour 20h ce soir, d'ici là, très belle journée à tous.
21:56 [Musique]

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