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Regardez RTL Evènement du 31 janvier 2024 avec Amandine Bégot.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL, matinale spéciale.
00:06 Yves Calvi, Amandine Bégaud.
00:10 Et au lendemain du discours de politique générale de Gabriel Attal, RTL.
00:14 Et c'est donc l'événement ce matin a choisi d'aller au cœur de l'événement.
00:18 Là où cette crise agricole est en train de se jouer, nous sommes depuis ce matin sur l'un des huit points de blocage en Ile-de-France.
00:25 On est sur l'autoroute A4 à une trentaine de kilomètres à l'est de Paris, pas très loin de Marne-la-Vallée avec Martial Llew qui est à mes côtés.
00:33 Alors Yves, je vais vous raconter le décor.
00:35 On est donc sur l'autoroute. Il y a deux fois trois voies.
00:39 Devant nous, un mur de bottes de paille et derrière nous, 250 tracteurs qui bloquent cette autoroute depuis lundi soir maintenant.
00:48 85 autres en provenance de la Marne sont en route et vont arriver dans les toutes prochaines minutes.
00:54 On a un bras zéro parce que la vie quotidienne s'organise ici.
00:58 D'un côté, les œufs au plat qui sont en train d'être cuits pour le petit déjeuner.
01:02 Et je vous le disais, ces agriculteurs qui sont mobilisés ici.
01:06 Bonjour Mathieu Vivier.
01:07 Bonjour.
01:08 Et merci d'être à nos côtés ce matin.
01:10 Vous avez 43 ans, vous êtes céréalier.
01:12 400 hectares sur deux départements, la Sienne-et-Marne et Hélène avec votre sœur.
01:18 Et vous nous le disiez, comme beaucoup d'ailleurs des agriculteurs qui sont ici, finalement ce qu'a dit Gabriel Attal hier, pour l'instant ça ne change pas grand chose.
01:28 Vous, ce que vous attendez, c'est ce qui va se passer demain à Bruxelles.
01:31 Tout à fait. Les annonces d'hier ne sont pas suffisantes.
01:34 Quand on nous annonce, alors Igalim il faut renforcer mais il y a déjà une loi qui est en cours donc il suffit de l'appliquer.
01:39 En fin de compte, ce n'est pas plus compliqué.
01:40 Et ce qui concerne les aid-packs, c'est des retards.
01:42 Donc un salarié qui attendrait son salaire, il ne comprendrait pas qu'on lui dise "je vais te verser ton salaire, sois satisfait".
01:48 Ce n'est pas admissible.
01:50 L'enjeu il est européen, effectivement.
01:52 Moi je suis né en 1980 donc je crois au rêve européen.
01:55 Mais aujourd'hui la façon dont ça se déroule, on n'y croit plus.
01:58 On est tous en train de se concurrencer.
02:00 On ne comprend pas.
02:01 Il y a déjà les règles européennes qui sont dures à interpréter.
02:03 En plus on a une sur-transposition française.
02:05 Donc on pense qu'il y a encore un axe de négociation avec le gouvernement Attal.
02:09 Parce qu'aujourd'hui on veut quand même laver plus blanc que blanc.
02:12 Moi je suis agriculteur, je suis père de famille.
02:14 J'ai une conscience en tant que citoyen de faire mon travail dans de bonnes conditions.
02:17 Mais il faut que j'ai les mêmes moyens que mes compétiteurs aussi.
02:20 La goutte d'eau pour vous, ça a été ces importations massives qui viennent d'Ukraine ?
02:24 Tout à fait.
02:25 En fait la goutte d'eau ça a été ça.
02:27 On marche sur la tête, on a retourné notre pancarte pour le notifier.
02:29 On a conscience qu'il faut qu'on fasse mieux.
02:31 On va vers l'agroécologie.
02:33 On a aussi besoin d'un moyen pour y aller.
02:35 Enfin voilà, on a une conscience en tant que citoyens.
02:36 Mais quel est le problème pour vous Mathieu par rapport à ces importations ?
02:39 En ce qui me concerne, je suis céréalier, je produis du blé, des betteraves.
02:43 Et aujourd'hui avec la guerre en Ukraine, et c'est bien triste pour eux, on les soutient.
02:48 Mais aujourd'hui on a accepté de baisser les droits de douane.
02:51 Et on fait rentrer massivement des quantités de production qui ne respectent absolument pas nos normes.
02:55 Donc nous on considère qu'il y a vraiment un dumping social, un dumping fiscal et un dumping environnemental.
03:00 Et aujourd'hui, pour un exemple, le sucre.
03:03 Il y avait 20 000 tonnes de sucre qui rentraient en Europe avant qu'il n'y ait d'Ukraine.
03:06 700 000 l'année dernière, probablement 1,5 à 2 millions aujourd'hui.
03:09 Donc l'effet c'est que nous déjà, cérébralement, on n'arrive pas à l'accepter, de se dire "on fait bien, on fait de mieux en mieux".
03:14 Et à un moment, quand on est en égo, finalement il n'y a plus rien qui compte.
03:17 On ne parle plus de sanitaire, on ne parle plus de produits, on fait tout rentrer.
03:19 Et ça c'est pas acceptable.
03:20 Et en plus ça fait baisser nos cours.
03:22 Donc nos cours sont complètement en train de s'écrouler.
03:24 Donc on est en train de perdre complètement en compétitivité.
03:26 On n'est plus rentable sur le blé depuis quelques mois.
03:28 Le blé était monté à 300 euros avec la guerre en Ukraine.
03:31 Il est redescendu à 200 euros.
03:32 Et à 200 euros avec l'inflation, les prix de nos charges n'ont pas baissé.
03:35 On ne gagne plus notre vie.
03:36 Mathieu, on a l'image, le grand public, et nous aussi, il faut le dire, que les céréaliers sont ceux qui s'en sortent le mieux.
03:43 Vous nous parlez effectivement des cours qui avaient beaucoup progressé.
03:46 À ce moment-là, vous vous en êtes sorti, non ?
03:48 En fait, il y a eu une crainte sur les approvisionnements.
03:52 On a eu crainte de ne pas avoir d'engrais, de ne pas avoir de fioul.
03:55 Donc on a fait aussi des commandes en amont à des prix beaucoup plus élevés.
03:58 Et du coup, ces prix qui étaient là, ces prix impactés sur l'inflation, ont suivi.
04:04 Donc on a fait une année, la dernière, qui était assez correcte.
04:06 Mais cette année, il y a une année ciseau.
04:07 Les prix sont à la cave complètement.
04:09 On achète toujours nos engrais un an avant.
04:11 Donc là, on a un effet ciseau énorme.
04:12 Et on voit bien que dans les années qui viennent, on peut aujourd'hui vendre du blé pour 2024 ou 2025.
04:16 Et les prix sont complètement à la cave.
04:18 Et on n'est plus rentable, clairement.
04:19 Un tiers de vos revenus, vous avez perdu un tiers de vos revenus.
04:21 Aujourd'hui, c'est un tiers du chiffre d'affaires qui est parti.
04:23 Et des marges qui n'ont pratiquement pas baissé.
04:25 Après, je ne représente pas que les Cerelli aussi.
04:29 Il y a aussi des confrères qui sont là.
04:31 Hier, on avait des viticulteurs de champagne qui sont, c'est plutôt porteurs, mais qui sont venus nous soutenir.
04:36 Je pense aussi à nos avis éleveurs aussi, parce que l'élevage est vraiment en crise.
04:40 Et on les soutient.
04:41 On pense à nos amis du Sud.
04:42 Il faut qu'on reste tous unis pour aller dans le même sens et obtenir des baisses de surtransposition française, clairement.
04:48 Et puis, il faut qu'au niveau européen, on arrive à s'entendre et à être plus unis.
04:51 Un grand merci Mathieu Vivier.
04:53 Et on va continuer, Yves, bien sûr, tout au long de cette matinée, à expliquer, à essayer de comprendre les enjeux.
04:59 Pourquoi ces agriculteurs, ce matin, sont toujours ici sur ces barrages ?
05:03 - Je vous en prie. - Je vous en prie.
05:04 Merci à tous !

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