• il y a 11 mois
Jacques Pessis reçoit David Martin : sa famille est lyonnaise, à commencer par son père, Jacques Martin. À l’occasion de l’arrivée de Sud Radio à Lyon sur 105.8, il raconte une ville chère a son cœur et à son palais. Son actualité : il est au Théâtre Edgar dans « Le plus heureux des trois ».

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-01-29##

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Transcription
00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:04 Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:07 Vous êtes lyonnais de cœur par votre famille, mais aussi par le goût.
00:11 C'est dire si nous avons mis les petits plats dans les grands pour évoquer Lyon où Sud Radio arrive aujourd'hui même sur 105.8,
00:18 un événement que nous allons fêter avec vous.
00:20 Bonjour David Martin.
00:21 Bonjour Monsieur Jacques Pessis.
00:22 Quel joie de vous voir.
00:23 Vous m'avez partagé, bonne année.
00:25 Bonne année, oui.
00:26 On a le droit encore.
00:27 Exactement. Alors il se trouve que vous êtes à l'affiche au théâtre, on va en parler tout à l'heure, à Paris.
00:31 Mais Lyon, quand on m'a dit on va faire une émission spéciale Lyon pour aujourd'hui, David Martin c'est la famille.
00:38 Oui, je ne suis pas né à Lyon, mais toute ma famille y vit, y a vécu et on a une longue, longue, longue, très longue histoire avec notre petit pays.
00:48 Alors on va la raconter à travers quelqu'un qu'on connaît et qui nous manque qui est Jacques Martin, votre papa.
00:54 J'ai trouvé une première date étonnante, le 3 avril 1961, un Lyonnais parlé au Lyonnais.
01:02 C'est-à-dire à Télé-Strasbourg, il y a eu une émission qui s'appelle "Lyon by Night" qui passe et Jacques Martin est dans cette émission tout à fait débutant.
01:10 Complètement, je pense que c'est la première fois qu'il fait de la radio.
01:14 De la télé.
01:15 De la télé, pardon. Je pense que c'est une des toutes premières.
01:18 Alors cette émission est étonnante parce que c'est deux jeunes gens qui vont de musical en musical du Palais d'hiver au Casino de Charbonnières.
01:25 Et ensuite ils présentent des artistes, il y a Roger Pierre, il y a Jean-Marc Thibault, Sime et il y a Roland Avelise, le chanteur sans nom.
01:32 Oui, et donc ils étaient tous jeunes. Il me semble qu'il y a quelques images qui existent, il me semble en avoir vu.
01:38 Et ils sont gamins, c'est adorable quoi. Ça démarre, ça débute.
01:44 Alors Roland Avelise, ça m'a toujours fait rire parce qu'il se faisait faire des cartes de visite au nom du chanteur sans nom.
01:49 Oui, oui, oui, oui. Il avait peur de rien.
01:51 Exactement.
01:52 Mais alors l'histoire, je ne sais pas s'il a fait grosse carrière derrière.
01:56 Pas énorme.
01:57 Pas énorme, je crois pas.
01:58 C'est Piaf qui l'avait trouvé, qui l'a aidé et ça s'est arrêté.
02:01 Piaf a beaucoup aidé.
02:02 Alors dans cette émission, il y a donc Jacques Martin et Jacques Martin, on va entendre sa voix pour la première fois à la télévision le 27 novembre 1960.
02:13 Et bien c'est cet extrait là.
02:15 Alors c'est déjà du Jacques Martin pur et dur.
02:23 Ça s'appelle Dimanche en France et il chante le générique.
02:25 Il chante le générique, il est en frac avec un chapeau claque, un haut de forme et il esquisse quelques petits pas de danse.
02:33 Mais il est gamin, il est gamin, j'adore, j'adore, j'adore.
02:36 Il s'appelle Jacques Dusserf.
02:38 Oui, Jacques Dusserf.
02:39 Pourquoi ?
02:40 A cause de mon arrière-grand-père, Joannès Dusserf.
02:43 Alors lui, en fait c'est là que démarre la vie lyonnaise et notre arrivée à Lyon.
02:49 Jacques Dusserf était donc un grand chef de cuisine et qui officiait à la cour du tsar Nicolas II.
02:55 Et puis quand les têtes ont commencé un peu à voler dans tous les sens, ma grand-mère a dit "maintenant Joannès, ça suffit, on rentre en France".
03:02 Et donc ils sont rentrés de Russie et puis se sont installés à Lyon, place des Théraux.
03:09 Où mon grand-père a ouvert un restaurant qui s'appelait le Restaurant Universel.
03:12 Et ça a marché tout de suite ?
03:13 Ça a marché tout de suite parce que c'était pas... il n'y avait pas encore pléthore.
03:17 Il y avait des bistrots, il y avait les fameux bouchons, mais qui étaient destinés au peuple, je veux dire à la population, aux gens.
03:26 Ça n'avait pas encore ce petit côté un peu chic, un petit peu dans la mode.
03:32 Et donc ce grand-père, il y a une photo magnifique où il pose comme on le faisait à l'époque avec toute sa brigade.
03:38 Et il avait une tête pas commode.
03:41 Et petite particularité qui a soudé le lien avec les grands noms de la ville, c'est que le papa de Paul Bocuse a été apprenti chez mon grand-père.
03:52 C'est fou hein ?
03:53 Donc vous voyez un petit peu le lien fort qui s'est tissé à cette époque-là.
04:00 Alors je précise que votre grand-père a été cuisinier chez le Tsar Nicolas II.
04:05 Et en même temps, il y avait une grande chanteuse française qui était la chanteuse préférée du Tsar Nicolas II.
04:11 Ce n'est pas un Apollo mon Jules, il n'est pas taillé comme un Hercule.
04:18 Fréhel.
04:19 Ah ! Écoute, j'y ai pensé. Non mais je me suis dit "putain, ça peut pas être Fréhel".
04:24 Car elle était devenue très amie avec la cousine du Tsar Nicolas II, plus qu'amie.
04:29 Et elle a chanté en Russie devant des sommités, des hommes riches qui lui jetaient des bouquets de fleurs avec des diamants dedans.
04:36 Et quand il y a eu 1917, elle a fui.
04:39 Elle a fui bien évidemment.
04:40 Et c'est mal terminé.
04:42 Et c'est vrai que ses chansons comme Fréhel ou autres, ça a marqué votre père Jacques Martin.
04:47 Oui, c'est à dire que très tôt. Alors moi déjà ma grand-mère, la maman de mon père, avant de devenir la petite caissière du restaurant,
04:58 un petit peu avant puis surtout un petit peu après, elle était complètement accrochée au théâtre et surtout à l'opéra, à l'opérette.
05:07 Donc elle avait intégré une troupe et elle jouait, elle se donnait, il donnait spectacle.
05:14 Et je pense que c'est là que l'idée, l'amour est né pour la scène.
05:20 Oui, et en même temps, je crois que le père de Jacques Martin jouait de cet instrument.
05:24 Alors c'était un érudiste, un fils de famille.
05:26 C'était une famille, au départ c'est une famille vachement bourgeoise.
05:29 C'est la famille Martin-Vissot.
05:32 Alors il y en a à qui ça parlera, les plus vieux.
05:35 Mais sinon il faut savoir que Vissot, c'était une marque de lampes électriques, d'ampoules électriques à filaments.
05:41 Et la pub c'était "Ce sont les petites Vissot qui font les grandes rivières".
05:45 Donc il y a même, paraît-il, alors moi je ne l'ai jamais vu, un château qui est le château Martin-Vissot.
05:50 Mais on avait un oncle qui était cardinal primadégaule à Lyon.
05:55 Enfin, il y avait une vraie assise là-bas.
05:59 Oui, mais le père de Jacques Martin n'était pas chanteur, il était industriel.
06:02 Alors il était industriel, fils de famille, mais il avait la particularité, vous savez ce qu'on dit,
06:06 il faut une génération pour créer la fortune, une génération, et puis la dernière la bouffe complètement.
06:10 Il faisait partie de la dernière, il était intelligent, redoutablement intelligent,
06:14 il jouait de plusieurs instruments, ne parlait plus leur langue.
06:16 Mais alors il investissait son argent dans des entreprises hasardeuses.
06:21 Par exemple, il avait investi une partie de la fortune familiale dans une société qui fabriquait des hélices molles en caoutchouc
06:28 pour les bateaux, pour pas qu'elles se brisent sur les rochers. Non mais n'importe quoi.
06:31 Alors Jacques Martin n'aurait pas pu prendre sa suite puisqu'il n'était pas un élève très brillant à l'école.
06:36 Non, pas très brillant. On est pratiquement à la veille de la guerre.
06:42 Très rapidement, ma grand-mère perd son mari, le père de mon père, le fameux industriel.
06:49 En 14, il a été, comme beaucoup, complètement nettoyé par les vins mouillés à laitère que l'on donnait aux fantassins
06:57 pour qu'ils trouvent du cœur pour sortir des tranchées.
07:01 Donc il est revenu complètement raccolisé. Il a même fini de bouffer la fortune en consommant, en absorbant, pardon,
07:09 du cordon rouge de Coty dans la parfumerie de ma grand-mère.
07:13 Oui, ça fait pas très sérieux.
07:14 Ça fait pas très sérieux.
07:15 Donc Jacques Martin a discipliné. Il veut être chanteur tout de suite ?
07:18 Non, oui, alors il veut tout. Il veut tout tout de suite.
07:21 Puis bon, malheureusement, la vie décide autrement. Il est placé. Il est mis chez les jésuites.
07:27 Il rentre chez les jésuites et puis là, malheureusement ou heureusement, la vie change.
07:32 Il en souffre. Il en souffrera très longtemps. Il faudra attendre les dernières années de sa vie pour qu'il fasse la paix avec cette période de sa vie.
07:39 Mais les jésuites ont apporté autre chose. Alors il le reconnaîtra à corps défendant bien après, longtemps,
07:46 mais c'est pratiquement en sortant de là que le diable du théâtre est arrivé.
07:53 Et puis il lui est resté une voix très particulière et on le remarque dans une de ses premières télés avec Jean-Yann,
07:59 une chanson totalement délirante qui s'appelle "Gloire aux genoux".
08:02 "Gloire aux genoux".
08:03 On a chanté du corps humain, les bras, les seins, les cheveux, les yeux, les doigts, les mains.
08:10 Oui mais jamais, on a chanté ce qui se trouve entre le buste et les doigts de pied.
08:17 C'est énorme. Alors bon, amoureux de l'opérette et de l'opéra, là on voit bien qu'on est à la limite du bouffe carrément.
08:26 Ça tombe bien pour Lyon la bouffe.
08:28 Pour Lyon, bouffe tombe très bien. Et ça fonctionne, ça marche parce que c'est totalement inédit à l'époque.
08:34 Il n'y a pas ça, ça n'existe pas. Il y a du comique troupier, oui, mais il n'y a pas cette espèce d'humour qui commence à prendre,
08:42 qui prend naissance, pas qui commence, qui prend naissance à ce moment-là.
08:46 Et puis d'autres arrivent derrière et puis pas des moindres.
08:50 Plus tard, il y aura Fernand, Renaud, enfin bref, pléthore d'artistes qui font la renommée de la ville.
08:58 Alors il faut savoir que cette chanson "Gloire aux genoux", c'est dans une émission qui s'appelle "1=3" avec Jean-Yann,
09:03 qui a duré 5 numéros.
09:05 5 numéros avant de se faire virer.
09:07 Ils s'en ont fait virer parce qu'ils avaient osé faire une étape du tour de France avec Napoléon.
09:10 Oui, c'est les maréchaux d'empire qui font une étape du tour de France.
09:13 Donc je vous laisse imaginer le délire.
09:16 Ils sont tous déguisés en maréchaux d'empire, ils ont enfourché des bicyclettes et là ils font la bataille de je sais plus laquelle.
09:22 C'est Waterloo.
09:23 C'est Waterloo, c'est Waterloo.
09:25 Et ça se termine, ils perdent la bataille de Waterloo.
09:27 Ils perdent, ils perdent, ils arrivent en queue de peloton, oui.
09:30 Alors il y a une chanson de Jacques Martin qu'il est impossible de retrouver sur Internet aujourd'hui, c'est son premier 45 tours
09:35 et pourtant c'est cher à Sud Radio qui est la station du rugby.
09:38 C'est le rugby, personne ne la connaît cette chanson.
09:40 C'est un 45 tours qui existe, qu'il a enregistré en 1963 et qui est introuvable.
09:45 Introuvable, écoutez, je ne peux pas vous dépanner parce que j'en ai, mais ça, ça ne me dit absolument rien.
09:50 Donc c'est dire l'insuccès de cette chanson.
09:52 Ah oui, il y en a eu d'autres, mais des choses absolument admirables.
09:55 Il y a une comédie musicale, alors beaucoup plus tard, qui s'appelle Petit Patapon.
10:00 On va en parler.
10:01 Mais c'est vrai qu'il a connu des succès et des échecs Jacques Martin.
10:04 Alors ça a été pendant longtemps un peu les montagnes russes.
10:08 Je dirais que jusqu'à la naissance de ma soeur, donc en 1964, ça a démarré en 1965-1966.
10:17 Moi j'ai des souvenirs de 1968 à la radio avec lui, mais ce n'était pas facile.
10:21 En fait, il aura fallu la télé du Midi, Midi Magazine, pour que ça y est, sa tête rentre partout et que les gens le connaissent et le reconnaissent.
10:30 Alors il s'est quand même passé en 1964 quelque chose d'important qu'on va évoquer à la date du 13 octobre.
10:35 Rendez-vous avec David Martin dans quelques instants sur Sud Radio, y compris sur 105.8 à Lyon aujourd'hui, pour évoquer Lyon, Jacques Martin et votre actualité.
10:44 Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité David Martin.
10:52 Aujourd'hui, Sud Radio est à Lyon pour la première fois.
10:54 Hourra !
10:55 Hourra sur 105.8.
10:56 On va évoquer tout à l'heure "Le plus heureux des trois", une pièce que vous jouez au Théâtre Sainte-Gare.
11:01 Mais on revient sur Lyon et sur Jacques Martin.
11:03 Allons-y.
11:04 Alors, 13 octobre 1964, un Olympia mythique dont il assure la première partie.
11:09 Pourquoi cet Olympia mythique ? A cause de cette chanson.
11:11 Car Jacques Martin a assisté à la création d'Amsterdam en première partie de Brel.
11:21 Exactement. Cocatrix avait repéré mon père, il lui avait dit "écoutez, lui vous êtes très bien, il me faut un présentateur à l'Olympia".
11:34 Et donc il a démarré comme présentateur.
11:37 Et puis rapidement, il a mis quelques petits sketches en première partie.
11:41 Et voilà, ça a démarré comme ça.
11:45 Mais au départ, il était le présentateur officiel de l'Olympia.
11:49 Et puis il avait commencé, je crois, avec Paul Anka.
11:51 C'est possible.
11:53 Mais à assister à la création du port d'Amsterdam de Brel, ils étaient amis.
11:59 Brel disait "Martin, c'est l'ambulance", parce que dès qu'il y avait une âme perdue qui souffrait,
12:03 mon père arrivait à essayer de régler ou d'apporter du réconfort.
12:07 Et ça faisait beau courir Brel.
12:10 Oui, il s'était connu en 1961 à Brebino.
12:13 Et d'ailleurs, il passait des soirées ensemble qui se terminaient...
12:15 Alors à l'époque, Jacques Martin avait déjà une grosse voiture et Jacques Brel une petite 4 chevaux pourri.
12:19 Oui, et il se moquait. Il disait "ça va, t'en es content de ton char d'assaut ?"
12:22 Parce que Brel avait largement les moyens de s'offrir ce qu'il souhaitait s'offrir.
12:27 Mais il continuait à rouler avec sa petite auto.
12:31 Et quand papa arrivait avec son truc absolument infernal, il se moquait bien de lui.
12:36 Il se foutait de sa gueule, ça n'avait aucune importance pour lui.
12:38 Alors il y avait la tradition de l'humour lyonnais.
12:40 Je crois que dans les sketches de Jacques Martin, la tradition de l'humour lyonnais existe.
12:45 Oui, il y a un esprit lyonnais.
12:47 Demandez à Gérard. On peut demander à Gérard. On ne peut plus demander à Fernand.
12:51 Mais il y a ce petit côté...
12:53 Alors, géographiquement, on n'est pas très loin du centre de la France avec cet esprit bien ancré dans la terre.
13:03 Un chou est un chou.
13:04 Et de l'autre côté, on a déjà un petit peu le côté du sud.
13:07 Donc il y a un mélange des genres et des façons d'aborder l'humour.
13:11 Mais l'humour lyonnais est très particulier parce que ça reste un endroit où se confrontent vraiment,
13:18 mais déjà même à l'époque, riches, pauvres, puissants de la révolution industrielle et en même temps d'une pauvreté absolue.
13:28 Parce que pour ceux qui ont connu Lyon à une certaine époque, c'est une ville...
13:32 Les traboules, ces petits passages, ces petites ruelles, tout ça, c'était là où vivaient les gens.
13:39 Il y avait les manufactures de soirées, il y avait les métiers astic et jacquard.
13:45 Enfin, ça bouillonnait là-dedans. Mais c'était d'une pauvreté absolue.
13:49 Donc quand on est pauvre, il faut rire. Et donc l'esprit lyonnais de l'humour vient aussi de là.
13:55 Oui. Alors Jacques Martin a une particularité qui n'est pas si courante dans les années 60.
13:59 Il mélange parodie et chanson.
14:01 On se moque. Et je ne sais pas si on va en parler, j'imagine que oui.
14:06 De là, c'est tiré directement de Guignol.
14:10 Guignol, c'est le premier spectacle satire.
14:14 Alors ça s'adresse aux enfants bien évidemment, mais derrière il y a toujours un rappel aux adultes.
14:20 La satire. On se moque des plus puissants, on se moque des sachants qui vivent au détriment de ceux qui ne savent pas.
14:29 Alors on a entendu Jacques Martin et Jean-Yann ensemble.
14:33 C'est une vraie rencontre Jean-Yann pour Jacques Martin ?
14:35 Les deux. Je pense qu'il y avait deux âmes perdues qui traînaient à Europe à l'époque.
14:40 Et qui faisaient les petits boulots.
14:43 Papa écrivait des petites choses pour Francis Blanche et pour Fernand.
14:49 Et de son côté, Yann avait déjà une petite émission.
14:53 Il était déjà à l'antenne.
14:56 Et puis un jour, le patron a dit "ça suffit les deux crétins là, vous allez vous mettre ensemble dans un bureau et vous allez écrire".
15:03 Mais au départ, Yann se disait "qui c'est qui vient bouffer sur mes plates-bandes ?"
15:09 Et mon père se disait "mais c'est qui ce malade ?"
15:13 Et puis comme ils ont la même culture, le même goût du chant, le même goût de la musique,
15:17 au bout de quelques minutes, quelques heures, c'était parti.
15:21 Et leur première collaboration a été interdite, c'était quatre chansons dont celle-ci.
15:26 À l'époque, ça, on peut comprendre.
15:44 Les émancipations de la France.
15:47 En fait, Antoine triomphait avec les émancipations.
15:51 Exactement.
15:52 Et ils ont fait quatre parodies, dont "Les pérégrinations d'Anselme", "Les préoccupations d'Antime" et "Les revendications d'Albert".
16:00 Et ça a été interdit tout de suite.
16:02 Alors, ça a été enregistré.
16:05 Ah oui, j'ai le quart de ceinture.
16:07 C'est génial, il faut le garder précieusement.
16:09 Ça a été enregistré, mais je crois que ça n'est même pas sorti.
16:14 Alors, vous, vous avez un disque avec une pochette,
16:17 donc ça prouve que ça a été au moins mis en vente, à moins que vous l'ayez ramassé ailleurs.
16:21 Mais ça a duré 25 secondes, la petite histoire.
16:24 Et ils se sont fait sortir comme des malpropres.
16:26 Mais ils ont eu les mêmes problèmes beaucoup plus tard,
16:29 notamment quand ils sont arrivés sur RTL,
16:32 où ils n'ont rien trouvé de mieux que de faire tout ce qui était interdit.
16:35 Exactement.
16:36 Gravir la façade de la radio en faisant une espèce de chouaïa de l'époque.
16:41 C'est vrai qu'ils faisaient beaucoup de bêtises et ça faisait rire.
16:46 C'est le côté irrévérencieux.
16:49 Il y avait à cette époque,
16:51 enfin pourquoi pas une espèce de chope de plomb, on n'est pas en URSS,
16:54 mais il y avait ce qui était de bon ton et ce qui ne l'était pas.
16:58 Et eux avaient décidé.
17:00 Mais alors vraiment, l'esprit chansonnier, c'est plus que ça, c'est déjà différent.
17:05 Mais ils mettaient le bazar partout.
17:07 En bas d'Europe, à l'époque, il y avait une station d'essence.
17:12 Et quand ils n'avaient rien à faire, c'est-à-dire 90% de leur temps,
17:15 parce que c'était des feignants bosseurs,
17:18 ils descendaient, ils piquaient la casquette du pompiste
17:20 et à chaque fois qu'il y avait une voiture qui se présentait pour faire le plebs,
17:23 ils disaient "non, pas aujourd'hui, elle n'est pas bonne, revenez demain".
17:26 Bon voilà, ça ne fait de mal à personne, ça ne fait rire qu'eux.
17:30 Et bon, vite, le patron de la pompe à essence s'est dit "mais c'est qui ces deux tarés ?"
17:35 Bon, ils se sont fait sortir.
17:37 Il faut savoir aussi que Jacques Martin était un excellent chanteur,
17:40 connaissait la musique classique par cœur et il l'a démontré dans une chanson.
17:44 Adieu, petite mort, peut-être à une autre fois.
17:55 Il pleut devant ma porte sur ma grande île.
18:01 Vous connaissez cette chanson, musique de Brahms au départ.
18:03 Exactement, c'est piqué, c'est un arrangement sur une musique de Brahms
18:07 que j'ai chanté dans un de mes spectacles.
18:09 Et qui est une des plus belles chansons de Jacques Martin.
18:11 Alors, elle fait partie de celle que j'adore, il y en a une sur sa mère qui est déchirante,
18:17 mais il y a plein de choses.
18:19 Il y a quand même une coïncidence, vous parliez de Francis Blanche
18:21 qui adorait les coïncidences musicales, c'est que pendant que Jacques Martin
18:24 enregistrait cette chanson, Dave prenait la même musique.
18:28 Je suis ici parce que tu me connais.
18:34 Oui, mais est-ce que c'est étonnant, Dave est un musicien hyper reconnu.
18:40 Ça s'appelait La Décision.
18:42 La Décision.
18:43 Les deux disques sont sortis en même temps.
18:44 Ah, c'est sorti en même temps ?
18:45 Ah, ça je ne savais pas.
18:46 Alors, il se trouve aussi que Jacques Martin, vous avez parlé de spectacle,
18:49 il a écrit Petit Patapon avec Francis Weber qui est débutant.
18:53 Oui.
18:54 Et ça n'a pas marché du tout.
18:55 Alors, au chapitre des choses dans la vie, dans lequel on met du...
18:59 Alors au départ, il s'agissait de sauver la mise d'un théâtre,
19:04 le nom va me revenir, Bobineau.
19:06 Le patron de Bobineau, le nom je ne m'en souviens plus,
19:10 dans la mouise...
19:11 Félix Vitry.
19:12 Merci.
19:13 Félix Vitry dit "je suis un peu dans la mouise, j'avais un truc à la fiche
19:16 mais ça ne marche pas, je le dégage, est-ce que tu peux me faire quelque chose ?"
19:19 Ils ont écrit Petit Patapon extrêmement vite, et d'ailleurs,
19:22 adieu Petite Morte, figure dans Petit Patapon.
19:25 Et ils ont lancé l'affaire, moi je m'en souviens très moyennement,
19:31 parce que... c'est en quelle année ça ?
19:33 66 au lieu de 66.
19:35 Ouais, non, j'ai des images mais j'ai pas de souvenirs.
19:37 Alors, il se trouve qu'il avait repéré Francis Weber d'une manière très particulière.
19:40 À l'époque, Francis Weber était journaliste à RTL
19:43 et avait réalisé au Festival de Cannes l'interview,
19:46 il avait demandé à une strip-teaseuse de se déshabiller à l'antenne.
19:49 Ah oui, à l'époque.
19:50 C'était un reportage à la radio.
19:51 À la radio ?
19:52 Oui.
19:53 Oh, y'a des mecs qui ont des idées étranges quand même.
19:56 Et puis, vous avez...
19:57 Alors, ils ont fait ça et ça a joué...
19:59 Je suis pas sûr que ça ait tenu 15 jours.
20:01 Non, un peu plus quand même.
20:02 Un petit peu plus, un mois.
20:03 Alors, vous parliez aussi de la radio, et effectivement,
20:06 y'a des images qui circulent encore aujourd'hui,
20:08 où on voit Jacques Martin escalader la façade de Radio Luxembourg.
20:13 Oui, oui, exactement.
20:14 Fabien Rebayard.
20:15 Alors, je connais pas la base de l'idée,
20:19 enfin, comment ils en sont arrivés là,
20:21 parce qu'ils étaient avec Jean-Yann.
20:22 Ils se sont retrouvés accrochés, ça n'a pas plu du tout.
20:25 Alors, assez rapidement...
20:26 Alors, ça a dû faire rire le patron, mais pas forcément tout le monde.
20:29 Et...
20:30 Ben...
20:31 Ça a coûté un petit peu, quoi.
20:33 Ça a coûté.
20:34 En fait, l'idée au départ, c'était qu'on lançait la nouvelle grille de la station.
20:38 Le slogan était "Une station dans le vent",
20:40 qui reste dans le vent.
20:42 Donc, dans le vent, ils se sont dit "On va monter".
20:45 On va essayer d'aller sur le toit.
20:46 Mais il fallait être sportif pour le faire.
20:47 Alors, oui, à l'époque, contre toute attente...
20:50 D'abord, c'était un...
20:52 Mon père a fait une formation de danse classique à un moment,
20:55 ça a pas duré très longtemps.
20:57 Mais non, non, il en avait dans les jambes.
20:58 Non, non, contrairement à ce qu'on pense,
21:01 cette espèce de coefficient de pénétration dans l'air supérieur à 1
21:05 est arrivée beaucoup plus tard dans sa vie.
21:07 Alors, il se trouve que, bon, on est au rez-de-chaussée à Sud Radio,
21:09 donc je ne pourrais pas...
21:10 Oui, ça, alors, écoutez...
21:11 ...poiscalader la falade, ça, c'est pas possible.
21:13 Donc, on va autrement évoquer que Sud Radio, aujourd'hui, arrive à Lyon sur 105.8.
21:18 Bienvenue.
21:19 À tout de suite sur Sud Radio avec David Martin.
21:21 Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
21:25 Sud Radio, les clés d'une vie.
21:26 Mon invité David Martin.
21:28 Aujourd'hui, Sud Radio s'ouvre à Lyon sur 105.8.
21:31 Bienvenue.
21:32 Et vous, il y a une journée à Lyon qui est importante, David Martin.
21:34 Oui.
21:35 C'est le 20 novembre 2016, un samedi matin.
21:37 Il manque de pleuvoir et vous arrivez avec votre camion
21:40 pour présenter des nourritures cambodgiennes au Yodek.
21:44 Ah oui, oui.
21:45 À l'époque, j'étais sur Télématin et avec William Lémergie.
21:51 Il faut rendre à César ce qui est à César.
21:54 William avait décidé qu'il fallait qu'on se promène.
21:58 Donc, l'idée du triporter est née à ce moment-là.
22:01 Et donc, j'arrive à Lyon.
22:04 Il fait gris, je crois même qu'il neige.
22:09 On n'était pas loin de la fête des Lumières.
22:11 Je me souviens qu'on n'était pas loin de la fête des Lumières.
22:13 Et j'avais décidé, comme j'ai un petit peu voyagé notamment en Asie,
22:18 de faire un peu de cuisine cambodgienne sur mon triporter.
22:21 Voilà.
22:22 Autant que je me souvienne, puisqu'on en a fait beaucoup.
22:25 Les Lyonnais qui étaient là, on est à quelques jours des fêtes des Lumières,
22:30 un peu avant ou un peu après, je ne sais plus.
22:32 Et découvrir ça, c'était assez étonnant.
22:36 Mais on a fini dans un bouchon derrière la place des Théraux,
22:40 la rue du sergent Martin, lieutenant Martin.
22:44 Enfin, Martin.
22:45 Il y a un Martin là, qui est un militaire.
22:48 Et là, il y a des bouchons.
22:49 Et du coup, on a servi dans les bouchons.
22:51 On parle de la même chose, mon poteur ?
22:52 Oui, parce que vous avez concocté des préparations
22:54 vantant les mérites de l'huile de palme rouge de Malaisie,
22:57 qui ne ressemble pas à l'huile de palme et qui est condamnée.
22:59 Et vous avez précédé ça d'un petit saut au hall Paul Bocuse.
23:03 Oui, exactement.
23:04 C'était en pleine période.
23:06 On décrit bien évidemment l'huile de palme.
23:09 L'huile de palme, telle qu'elle est, par rapport à ce qu'on lui reproche,
23:13 sont des exploitations qui déforestent les pays dans lesquels ça pousse.
23:18 Mais ce qu'on oublie, c'est que si on balaie ça,
23:21 il faut aller chercher un petit peu plus loin.
23:23 La première matière grasse utilisée dans la cuisine humaine
23:27 était l'huile de palme rouge.
23:30 Ça subsiste en Afrique, ça subsiste un petit peu en Asie,
23:33 notamment en Thaïlande, un petit peu en Afrique,
23:37 puisque c'est de là d'où ça vient, c'est l'origine,
23:39 et en Amérique du Sud.
23:41 Aujourd'hui, vous dites à un Africain de cuisiner,
23:45 il va mettre de la graine et de l'huile de palme rouge.
23:50 Très bon pour la santé.
23:52 En tout cas, ce jour-là à Lyon, vous avez préparé du poulet mariné,
23:56 un wrap de bananes au coulis de fruits rouges,
23:58 des barquettes d'amok à la cambodgienne,
24:01 et des beignets de patates douces au chien.
24:03 Ce n'est pas vraiment lyonnais.
24:04 Alors, on n'a rien à voir.
24:05 Et là, ça me revient, ce n'était pas sur le TripOrter,
24:07 on avait pris un food truck.
24:09 À l'époque, ce n'était pas encore trop, trop, trop à la mode.
24:12 Donc oui, ça y est, ça me revient.
24:14 Alors, la cuisine, finalement, ça a toujours été votre passion,
24:17 mais vous avez quitté l'école pour la cuisine, David Martin.
24:19 Alors, déjà, mes résultats scolaires
24:21 ne me laissaient pas entrevoir des études supérieures absolument splendides,
24:25 ce n'est pas vrai.
24:27 Non, à 16 ans, ce n'est pas mon père, c'est ma maman
24:30 qui m'a emmené en me tenant par la main,
24:33 et on avait la chance d'avoir, pas très loin de la maison,
24:36 dans les Yvelines, à Bougival,
24:38 un restaurant qui avait deux étoiles au Michelin,
24:40 et à la tête duquel se trouvait un chef absolument merveilleux
24:44 que vous avez connu, Jean Delavenne,
24:46 qui était meilleur ouvrier de France en pâtisserie et en cuisine.
24:49 Et j'ai atterri là-dedans, j'avais 16 ans,
24:51 et un garçon à 16 ans, c'est un gamin, c'est un petit,
24:56 et me voilà balancé dans un monde adulte, au milieu de la cuisine.
25:00 Alors, moi, la cuisine, pour moi, c'était la cuisine de mon père,
25:03 c'est la cuisine de ma mère ou la cuisine de ma grand-mère.
25:05 Et voilà, vraiment, ça a été une révélation.
25:08 Et je crois qu'il y a eu un stage chez Trois Gros aussi.
25:10 Oh non, plus qu'un stage, oulala, non.
25:12 D'abord, je suis rentré, je vous rappelle que nous sommes obligés
25:15 d'aller à l'école jusqu'à l'âge de 16 ans,
25:17 moi je suis venu au mois d'août.
25:19 Donc j'ai fait tout le mois de juillet un peu en douce,
25:22 voilà, comme ça, et puis, quand j'ai été en âge
25:25 de 16 ans, je me suis fait signer mon contrat d'apprentissage,
25:27 donc au mois de septembre, hop, je me suis engagé.
25:29 J'ai fait 4 ans chez Jean de La Venne,
25:31 après, ce qui se faisait, ce qui se fait toujours d'ailleurs,
25:36 les chefs se passent, les jeunes cuisiniers,
25:40 ils font quelque temps à un endroit,
25:42 puis il appelle son copain, tiens, prends un tel, prends un tel, prends un tel.
25:45 Voilà, c'est comme ça que j'ai atterri chez Trois Gros,
25:47 et je suis resté, non, je suis resté longtemps,
25:49 je suis resté un peu plus, un an, un an, un an.
25:52 Ça a été aussi le cas de Bernard Loiseau et Guy Savoie.
25:54 Il y a beaucoup de gens, beaucoup de grands chefs qui sont passés par là.
25:57 Et Loiseau a débuté, Guy Savoie est arrivé chez Trois Gros
26:01 quand Bernard Loiseau en sortait pratiquement,
26:03 ils ne se sont pas quittés, et celui qui a convaincu
26:05 Guy Savoie de s'installer à Paris, c'était Bernard Loiseau.
26:08 Oui, et bien il aurait mieux fait, peut-être, de penser à lui d'abord.
26:11 Voilà, nous sommes bien d'accord là-dessus.
26:13 Alors, la cuisine a commencé, et puis un matin,
26:16 votre père vous a dit "tu viens avec moi à la télé dans Dimanche Martin".
26:19 Oh la vache !
26:20 Alors bon, je pars, parce que la cuisine,
26:23 pourquoi la cuisine ? La cuisine d'abord, d'une, parce que c'est une façon
26:27 de faire profiter ceux qui vous entourent
26:30 de la première chose dont on a besoin, la nourriture.
26:33 Voilà, c'est notre mission, nourrir les autres.
26:36 Et puis aussi de voyager.
26:39 C'est un métier qui s'exporte.
26:41 A l'époque, ça s'exportait fabuleusement bien.
26:43 Aujourd'hui, ce sont des stars du rock,
26:45 les cuisiniers français qui travaillent à l'étranger.
26:47 Et c'est génial parce que j'ai pu faire, moi,
26:50 le tour du monde plusieurs fois.
26:52 Je me suis installé, donc j'ai fait pratiquement
26:55 autant de temps à l'étranger que je n'en ai fait en France.
26:57 Bref, je reviens d'un long périple en Amérique du Sud,
27:00 j'arrive à Paris, on est au mois de août,
27:03 et mon père prépare les émissions de septembre, la rentrée.
27:06 Et il a une émission le matin, après la messe et avant le JT de 13h.
27:11 Et là, il y a une heure à faire, et il se dit "qu'est-ce que je viens pouvoir faire ?"
27:15 "Où sont les gens le dimanche à cette heure-là ?"
27:19 "Ils sont dans leur cuisine à préparer le repas dominical."
27:23 Il se dit "on va faire la même chose, on va donc un décor de cuisine,
27:27 toi et moi derrière les fourneaux, tu me prépareras les choses à l'avance,
27:32 il n'était pas question que je fasse de l'antenne.
27:34 Tu viens, tu me prépares les plats que je te demande,
27:38 étape 0, étape 2, étape 3, étape 4,
27:41 et ça me permettra de parler du théâtre, de la littérature, du cinéma,
27:45 puisque c'était un magazine culturel à l'époque.
27:48 - Et vous avez commencé à préparer des potages, je crois.
27:50 - Oui, c'est ça, j'ai commencé par un gratin de fin mois, puis après les potages.
27:53 Et puis, 10 minutes avant d'attaquer l'émission,
27:56 il commence à réaliser que la cuisine, en même temps, parler, réussir le plat,
28:01 enfin le plat de toute façon, il était fini,
28:04 il me dit "non mais va te faire maquiller, tu descends, on fera à deux".
28:08 - Alors, dans les recettes, dans les différentes émissions du Dimanche Martin,
28:12 il y avait des choses très sérieuses et très fantaisistes.
28:15 Vous avez fait une salade de pommes de terre embourridées à la morue sale,
28:18 et ça c'est facile, une brochette de fruits exotiques,
28:20 mais aussi une salade d'huîtres chaudes à la Jacques Langue.
28:23 - Oui, alors ça, il faudrait demander, malheureusement ce n'est plus possible,
28:27 je ne me souviens plus le rapport qu'il pouvait y avoir entre les huîtres et Jacques Langue.
28:31 J'ai bien une idée, mais on va pas...
28:34 - Non, non, peut-être qu'il avait vu un film qui s'appelait "Huitres et demi".
28:37 - Oh, bien joué ! Alors ça, ça s'applaudit.
28:40 Vous savez qu'on vous écoute même à Lyon maintenant, attention.
28:43 - Je sais, sur 105.8. - Sur 105.8.
28:45 - Alors ? - Il a... On en a fait des tonnes.
28:48 À la fin, je me souviens quand Laurent Gérard et Virginie sont arrivées sur l'émission,
28:52 elle s'est transformée.
28:54 On est passé de... comme sur un plateau à un siphon-fonfon.
28:57 Donc on faisait des recettes, mais beaucoup plus délirantes.
29:00 On a eu notamment une qui était très très sympathique,
29:03 qui était les écrous-vices mayonnaise.
29:06 Donc, un tas d'écrous, un tas de vis et de la mayo.
29:09 Mais on a eu aussi la terrine de sangles, liées.
29:13 Enfin, mais que des âneries.
29:16 - Et je me souviens, sur Radio Monté Carlo, Jean-Pierre Foucault,
29:18 à 1er avril, il donnait une recette à Carole Chabrier, la co-animatrice.
29:22 - Yes ! - Il lui a fait faire la pêche au thon.
29:24 - La pêche au thon !
29:26 - Donc, c'est passé sans le problème. - Ah mais ça passe toujours super bien !
29:30 Les gens sont d'abord gentils, et puis d'autre part,
29:34 oui, ils participent, ils collaborent, c'est normal.
29:38 - Je me suis toujours demandé, parce que quand on voit des images d'Art et Magie de la Cuisine,
29:41 la première émission de télévision, à la fin, ils se précipitent pour tout manger.
29:45 Est-ce que vous mangez les plats que vous préparez ?
29:47 - Oui, alors faites confiance au cadreur, ingénieur du son, réalisateur, n'est-ce pas docteur ?
29:52 Tout le monde se rue sur le truc, parce qu'en plus c'est prêt, y'a pas à attendre.
29:57 Et il restait généralement un plat qui lui n'avait pas...
30:01 Par exemple, n'importe quoi, un poulet au four.
30:03 On avait le poulet qui était cuit, qui était prêt à être montré,
30:06 et puis on avait les étapes intermédiaires.
30:08 Mais y'avait bien un poulet qu'on en fournait à ce moment-là.
30:10 Donc celui-là, malheureusement, n'avait pas le temps de cuire.
30:13 Le combat ! Y'avait des listes d'attente.
30:16 Cette semaine, c'est le tour de qui ?
30:18 La personne, assistant, réalisateur, partait avec le plat,
30:22 et finissait de cuire chez lui, et nous ramenait le truc le lundi.
30:26 - Est-ce que la cuisine lyonnaise, David Martin, fait partie de votre culture de base ?
30:30 - Alors, oui, par la force.
30:33 C'est-à-dire qu'au départ, manger de l'andouillette quand t'as 6 ans,
30:37 c'est pas forcément un truc qu'on avale facilement.
30:40 Non, très vite, très très vite.
30:43 - Et c'est resté dans votre culture ?
30:45 - Moi, aujourd'hui, je suis prêt à faire des choses absolument incroyables
30:49 pour manger des lentilles, par exemple, voyez-vous.
30:51 Une bonne salade de pommes de terre.
30:53 Y'a d'autres pays...
30:56 La France est connue pour ça.
30:59 Y'a pas une région où y'a pas quelque chose à manger.
31:01 Mais Lyon a vraiment une particularité.
31:04 Elle est pas loin de l'Italie, pas loin du Sud.
31:07 Elle est dans le centre, on peut dire presque centre-France.
31:11 Donc là, convergeait énormément de manières de cuisiner.
31:18 Y'a de la morue dans tous les départements de France, y'a au moins un plat de morue.
31:23 Y'a de la morue à la lyonnaise.
31:25 Moi, j'ai pas dans l'idée que l'océan soit si près que ça.
31:28 - Il se trouve aussi que Lyon, c'est une légende de la cuisine.
31:32 Une voix que vous allez reconnaître entre mille.
31:34 - Il faut quelques poireaux, quelques pommes de terre et un peu de beurre.
31:37 - Paul Bocuse, c'est vrai que...
31:39 - Jésus. Nous, on l'appelle Jésus.
31:41 - Ah bon ?
31:42 - Non, c'est pas vrai.
31:43 Ah, c'est Dieu, c'est Dieu.
31:45 C'est lui.
31:46 Si nous sommes aujourd'hui en train de parler ensemble
31:49 et que nous parlons de cuisine,
31:51 le premier, le tout premier, c'est bien évidemment Paul Bocuse.
31:54 Sans lui, alors y'aurait peut-être d'autres cuisiniers si talentueux
32:01 qui auraient ouvert une voie.
32:03 Mais lui avait une vision, il avait une vraie vision de la cuisine.
32:06 Et puis, c'est un des premiers qui a été la star.
32:11 C'est la première star de la cuisine.
32:13 - Oui, et puis il avait des points communs avec Jacques Martin
32:15 puisqu'il aimait les orgues.
32:17 - Voilà, y'a une collection d'orgues de barbaries
32:21 et d'orgues de foires, mais de la grande foire.
32:24 C'est pas des petits trucs, on tourne la manivelle derrière.
32:27 Les limonaires, pour être extrêmement précis.
32:30 Y'avait une collection, qui existe toujours d'ailleurs.
32:33 - Que c'est la fondation Paul Bocuse a conservée.
32:36 - Exactement.
32:37 - Alors, il se trouve aussi que c'était un grand fêtard.
32:40 Moi, je me souviens d'une émission de radio,
32:42 on a dîné chez lui et après on a fait le tour
32:44 des barges qu'à 7h du matin.
32:46 - C'était des grands malades.
32:48 - Je pense que Paul encore plus que papa.
32:51 Mais un vrai fou.
32:53 Il a une année, c'est un des premiers à exporter la cuisine,
32:56 en tout cas, pas la cuisine, mais les cuisiniers français à l'étranger.
32:59 Il arrive au Japon, Bocuse.
33:01 Et puis voilà.
33:02 Et il invite, pour l'ouverture de son premier restaurant,
33:05 mais comme s'il vous envoyait une petite carte là,
33:08 au déboté, sur le coin de la table,
33:10 je vous invite à une grande bouillabaisse
33:12 faite à partir des poissons du port d'Osaka.
33:15 Pour ceux qui ne savent pas ce que c'est que le port d'Osaka,
33:17 à côté, antifaire, c'est juste...
33:20 C'est propre, si tu vois ce que je veux dire.
33:23 Et donc les gens, la folie faisait que
33:26 il faut quand même se payer un billet d'avion,
33:28 ça coûtait quand même beaucoup d'argent,
33:30 ça continue à coûter, mais c'était pas dans les habitudes.
33:32 Et bien il y a toute une foultitude de copains,
33:35 de cuisiniers, de mon père,
33:38 d'autres pleins, qui ont fait le voyage
33:40 pour aller manger la bouillabaisse du port d'Osaka.
33:42 - Alors il était aussi un grand amateur de canulars,
33:44 comme Jacques Martin. - Huilleux.
33:46 - Moi il y en a un qui m'a toujours marqué,
33:48 il invite Bernard Pivot à Lyon,
33:50 il donne un menu avec des fautes d'orthographe.
33:52 Exprès. - Et alors qu'est-ce qu'il a dit ?
33:54 - Ah bah Pivot a été quand même très surpris,
33:55 il n'a pas compris au départ,
33:56 et après il a compris que c'était un canular.
33:58 - Alors moi j'en ai une qui est pas mal non plus,
34:00 il est chasseur,
34:02 mais c'est pas un viandard, Paul Bocuse.
34:04 Il a de la terre, il a des chasses,
34:06 et il invite une bande de copains
34:08 parmi lesquels il y en avait deux ou trois
34:10 qui étaient un petit peu au bord.
34:12 Un petit peu gnan-gnan.
34:15 Et il arrive et il y avait donc le repas de chasse.
34:17 Donc c'est le casse-croûte sur les coudes 10 heures.
34:20 Et il avait fait vider
34:22 des boîtes de canigou.
34:24 Donc il les a ouvert,
34:27 mais de manière indécelable,
34:29 il a viré le canigou, il a rentré du foie gras.
34:31 Et il pose les boîtes de canigou comme ça,
34:33 sur la table, dressées en plein champ,
34:36 et puis t'as tous les autres qui arrivent,
34:38 et puis dans le tas il y avait quand même des cuisiniers,
34:40 et les mecs rien, ils font du canigou,
34:42 il fait "comment ça vous connaissez pas le canigou ?"
34:45 "Mais ce canigou là, je vous le fais goûter,
34:47 mais vous allez voir, je comprends pas comment
34:50 on puisse pas le servir."
34:52 Et donc il ouvre les boîtes, il coupe des tranches,
34:54 les mecs amènent le pain, ils goûtent,
34:56 "Oh, mais c'est du foie gras !"
34:58 Il dit "Eh ben écoute, je ne sais pas,
35:00 moi j'ai découvert ça par hasard,
35:01 parce que c'est ce que je donne à mes chiens,
35:03 et j'ai mis le doigt dedans,
35:05 parce que quand t'es cuisinier c'est vrai que t'as tendance
35:07 un petit peu à tout goûter,
35:09 peut-être le canigou aussi."
35:11 Les mecs ont cru, mais ont cru jusqu'au bout,
35:14 que c'était vraiment...
35:15 Il y en a même qui ont acheté des boîtes, je crois.
35:17 Je crois qu'il est donné un balle de chien, justement,
35:19 pour que ça lui servisse.
35:21 Alors, il y a Lyon, mais il y a Paris aussi,
35:23 pour vous David Martin,
35:25 peut-être serez-vous en tournée à Lyon,
35:26 c'est le mal que je vous sous-estime avec cette pièce,
35:28 qui a démarré le 22 janvier 2024,
35:31 on en parle dans quelques instants,
35:33 sur Sud Radio, avec David Martin.
35:35 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
35:39 Sud Radio, les clés d'une vie,
35:41 avec mon invité David Martin.
35:43 Nous fêtons aujourd'hui l'arrivée de Sud Radio à Lyon,
35:46 sur 105.8, mais n'oublions pas Paris,
35:48 parce que Paris, depuis le 22 janvier 2024,
35:51 vous êtes de retour au théâtre.
35:53 Oui, avec le bonheur, joie et envie.
35:57 Voilà, au théâtre Edgar.
35:58 Vous jouez le plus heureux des trois.
36:00 Oui, c'est une pièce de Jeanne Labiche,
36:02 avec Alexandre Pell, Gwenola Deluze,
36:06 enfin, nous sommes sept sur scène,
36:08 mise en scène par Luc Hamet,
36:10 notre ami Luc Hamet.
36:12 Et voilà, nous sommes partis,
36:14 première le 22,
36:16 on en garde tous un souvenir,
36:18 que je qualifierais de surprenant.
36:22 Parce que les premières, c'est toujours...
36:24 c'est pas compliqué, soit ça roule,
36:26 soit t'as des bûches.
36:28 On en a eu... je, parce que mes camarades,
36:31 personnellement, j'en garde un souvenir.
36:33 Je me suis bûché au milieu, ça m'arrive,
36:35 ça peut arriver.
36:36 Voilà, donc c'est la première fois que je joue du Labiche.
36:38 Contrairement à ce qu'on peut penser,
36:40 ça n'a rien à voir avec le Fédot.
36:42 On associe souvent les deux, un peu à tort.
36:45 Fédot écrivait dans un langage du moment,
36:51 un langage actuel pour lui.
36:54 Labiche écrivait encore, un peu à la mode,
36:57 c'est quoi, 1870, à peu près,
37:00 la création du plus heureux des trois.
37:03 On est au milieu de siècle,
37:05 et on écrit encore avec ce français très particulier.
37:08 On compose les phrases en y mettant les adjectifs,
37:11 pas forcément là où on les attend.
37:13 Un peu compliqué à tenir.
37:15 D'ailleurs, voilà pourquoi il ne se monte pas beaucoup de Labiche,
37:18 parce que c'est compliqué.
37:20 - Alors, il y a quand même eu 180 pièces de Labiche écrites,
37:24 et toujours avec des co-auteurs.
37:26 - Oui, c'est un spécialiste.
37:28 - Il avait 46 co-auteurs.
37:30 - Oui, mais Fédot aussi, il travaillait en participation.
37:33 Mais Labiche était vraiment connu pour ça.
37:35 - Et celui qui a écrit avec lui le plus heureux des trois,
37:38 c'est Edmond Gondinet.
37:40 - Gondinet, qui ne serait pas de nom au fronton du théâtre,
37:44 mais ils en ont écrit beaucoup.
37:46 Labiche faisait, il y avait des commandes.
37:48 Le théâtre était la distraction phare,
37:52 et il fallait produire, produire, produire, produire, produire.
37:55 Et ce pauvre Labiche, à ma foi, il n'avait que deux mains.
37:58 Donc il avait une équipe d'auteurs,
38:00 qui se fait aujourd'hui extrêmement couramment,
38:03 pour ne pas dire tout le temps.
38:05 Lui, il faisait précurseur.
38:07 On lui amenait des sujets, il disait,
38:09 "Bon d'accord, alors le placard..."
38:11 Il n'y a pas tant de placards que ça dans Labiche.
38:14 Il y a des choses, mais c'est surtout le mode d'écriture
38:17 qui est très, très différent,
38:19 et qui fait qu'aujourd'hui, si on prend les dix dernières années,
38:22 faites le compte du nombre de pièces de Labiche
38:24 qui ont été montées à Paris ou ailleurs,
38:26 par contre, les Fédos, ça y va.
38:28 - Donc c'est un événement, et il faut savoir
38:30 que Luc Amet a mis en scène le spectacle,
38:32 mais il a aussi adapté la pièce.
38:34 - Alors c'est un peu obligatoire aujourd'hui,
38:36 parce que même adapté, c'est quand même une pièce
38:38 qui atteint les 1h30 à peu de choses près.
38:41 Donc 1h30 aujourd'hui, c'est un format long pour le théâtre.
38:45 Il l'a adapté parce que d'abord, il y avait au départ, je crois,
38:49 22 ou 23 comédiens sur la distribution.
38:52 - Oui, c'est pas... - C'est pas possible aujourd'hui.
38:54 C'est pas possible, c'est pas possible.
38:56 - Donc, c'est un format assez...
38:58 Ça veut dire comprimer des rôles importants
39:00 et dont on ne peut pas se séparer,
39:02 et puis retirer les redites.
39:04 Je vous rappelle qu'à l'époque, les théâtres,
39:06 vous imaginez, il y avait en bas,
39:08 pigeonniers, poulaillers, et ainsi de suite.
39:11 Enfin, pigeonniers en haut et poulaillers
39:13 dans les étages inférieurs.
39:15 Et dans les coursives, il y avait à manger.
39:17 Il y avait des vendeurs ambulants.
39:19 Donc les gens, les spectateurs, n'avaient de cesse que de sortir,
39:22 chercher un petit truc à manger, boire et rentrer.
39:25 Et périodiquement, tout au long de la pièce,
39:27 il y avait des rappels.
39:28 Des rappels "Ah, alors, comme ça, vous avez trompé un tel,
39:31 mais quel infamie !"
39:33 Et puis, tu retrouvais 10 minutes plus tard,
39:35 "Elle a trompé un tel, quel infamie !"
39:37 Voilà, donc tout ça, il faut le retirer.
39:39 Donc déjà, là, vous faites tomber au moins une demi-heure,
39:41 trois quarts d'heure de spectacle, quoi.
39:43 - Il y a une parodie "Trois Mousquetaires"
39:45 de Gilles Margrethi, qui s'appelle "Les Quatre Mousquetaires".
39:47 Et régulièrement, c'est...
39:49 Je vous rappelle que... - Que, exactement !
39:51 - C'est le même principe. - C'est le même principe.
39:53 - Alors, vous êtes donc le plus heureux des trois,
39:55 le plus heureux des hommes, un certain
39:57 Alphonse Marjavel. - Oui, c'est un...
39:59 C'est un...
40:01 C'est un... Comment on pourrait le décrire, Marjavel ?
40:03 C'est un bonhomme. - Oui.
40:05 - C'est un gentil bonhomme.
40:07 On est dans la bourgeoisie parisienne des années,
40:09 donc, 1870.
40:11 Et...
40:13 Comme dans ce théâtre-là,
40:15 tout le monde trompe tout le monde.
40:17 Ça démarre par une tromperie
40:19 permanente. On découvre que la femme de Marjavel
40:21 trompe son mari,
40:23 Hermans, et que
40:25 elle, lui-même, a des aventures
40:27 avec ce que l'on appelait à l'époque des cocottes.
40:29 Donc, ils allaient au square en
40:31 fiacre, et tout se passait dans les fiacres.
40:33 Bref, c'est une tromperie. Ils mentent.
40:35 Ils volent.
40:37 Ce sont des arracheurs de dents.
40:39 D'une mauvaise foi absolue.
40:41 Et...
40:43 L'intrigue se noue autour de ça,
40:45 parce qu'il faut
40:47 retrouver un diamant faussement perdu.
40:49 Il faut
40:51 arriver à marier, dans des
40:53 conditions acceptables, la nièce
40:55 de Marjavel à un
40:57 bonhomme qui est absolument épouvantable.
40:59 Et puis, noyer dans
41:01 un espèce de
41:03 récit de la vie de l'époque, assez
41:05 intéressante, avec les domestiques
41:07 qui n'en loupent pas une, parce qu'ils
41:09 ne sont pas à l'abri des
41:11 mêmes affres de la vie.
41:13 Et tout ça se déroule. Ça va à
41:15 200 à l'heure. Je peux le
41:17 dire, parce que j'ai pas honte.
41:19 J'ai mis un temps incroyable
41:21 à prendre la pièce.
41:23 Ça va tellement vite, que
41:25 même le soir de la première, d'où la fameuse bûche,
41:27 moi j'ai carrément fait tomber
41:29 quelques répliques.
41:31 Remarquez, le record c'est Maïté, qui
41:33 un jour, sur scène avec Robert Castel,
41:35 est entré en scène à commencer la
41:37 pièce par le troisième acte.
41:39 Ah, ça c'est pas mal ! Ils ont eu
41:41 beaucoup de mal à s'en remettre.
41:43 Moi, personnellement, j'en suis pas là. J'attaque bien
41:45 pas le début. Mais c'est
41:47 vraiment un théâtre très particulier.
41:49 Un langage particulier.
41:51 C'est frais, c'est drôle, ça n'arrête
41:53 pas. Je trouve que c'est même,
41:55 une fois maîtrisé, ce qui est le plus dur,
41:57 c'est au moins aussi
41:59 pour moi, beaucoup plus drôle que Fedo.
42:01 - Alors, ce qui est étonnant, c'est que ce sont des vaudevilles,
42:03 que Luc Hamet montre régulièrement des vaudevilles,
42:05 vous avez déjà joué avec lui, et que le
42:07 vaudeville est un genre un peu oublié,
42:09 parce que difficile à écrire.
42:11 - Alors, aujourd'hui, écrire du vaudeville,
42:13 c'est un peu...
42:15 D'abord et d'une, les réactions seraient "la société a changé,
42:17 le vaudeville n'existe plus,
42:19 si vous trompez votre femme, le pire
42:21 qui puisse vous arriver... Ah si, il y a
42:23 les réseaux sur Internet,
42:25 où vous vous faites agrafer sur un réseau
42:27 et vous faites traiter de tous les noms.
42:29 Mais à l'époque, non, c'était...
42:31 Aujourd'hui, ça n'aurait pas de sens.
42:33 On écrirait une comédie, oui.
42:35 L'un trompe l'autre,
42:37 boing, boing, dans
42:39 l'histoire du cinéma récent, moderne.
42:41 Oui, mais je pense que
42:43 depuis, effectivement, ça n'existe
42:45 plus. - Alors, il se trouve
42:47 que, je ne sais pas si vous le savez, mais Jacques Martin
42:49 adorait "La Biche", puisque
42:51 le 23 décembre 1970, avec Georges Folgoas,
42:53 ils ont fait le Noël
42:55 de Madame Berichaud,
42:57 et il était en travesti
42:59 d'une vieille dame, et qui faisait référence
43:01 à la pièce de "La Biche". - Exactement.
43:03 Et dans "Le Voyage",
43:05 quand Tame... Alors, il y a eu
43:07 deux versions, enfin, il y a eu
43:09 un premier jet, puis un numéro 2.
43:11 Il y avait "Le Voyage" de Madame Berichaud.
43:13 Voilà, je pense qu'on parle de la même chose.
43:15 - Exactement. - Eh bien, il y a un moment,
43:17 Madame Berichaud, pour je ne sais plus quelle raison,
43:19 se retrouve sur la banquise,
43:21 dans le Grand Nord, va savoir pourquoi,
43:23 et là, il y a un petit Esquimau,
43:25 un jeune, un gamin,
43:27 au milieu d'autres enfants,
43:29 c'est moi.
43:31 Tiens, va enfiler le truc d'Esquimau,
43:33 il vient sur le plateau. - Il y a aussi un personnage
43:35 qui n'est pas payé dans la pièce,
43:37 c'est un cerf.
43:39 - Alors, ah oui, sur le film,
43:41 oui, il y a un cerf. Marc Javel,
43:43 dans "Le Plus Heureux des Trois", est un chasseur
43:45 qui a sa maison de campagne
43:47 du côté du Mans.
43:49 Donc, il arpente
43:51 la sarthe à coup de fusil,
43:53 et il a un trophée de chasse
43:55 que lui a offert un de ses amis. Seulement,
43:57 le trophée de chasse ne sert pas
43:59 à la décoration au-dessus de la cheminée,
44:01 mais simplement, il y a un dispositif
44:03 qui permet de tourner la tête de cerf
44:05 et d'y cacher des mots doux.
44:07 Et c'est ainsi que les intrigues amoureuses
44:09 se nouent dans cet appartement
44:11 où on échange
44:13 des petits mots.
44:15 "Rendez-vous ce soir dans le jardin,
44:17 nous nous retrouverons derrière le bosquet."
44:19 Et puis l'autre répondait, Marc Javel n'est
44:21 au courant de rien et découvrira
44:23 pourquoi, qui, quoi, comment, et qui
44:25 trompe qui. - Alors, le théâtre, ça a commencé
44:27 avec "Ciel, ma belle mère",
44:29 vous avez joué 150 fois, qui est un immense succès.
44:31 - Alors oui, on a deux ans.
44:33 Bon, alors il y avait eu le Covid,
44:35 on a eu le droit à une tranche de Covid au milieu.
44:37 Ça faisait bien longtemps
44:39 qu'il n'y avait pas eu de faie d'eau de remonter.
44:41 En tout cas... - De la viche, du faie d'eau.
44:45 - Du faie d'eau, du faie d'eau. - Et ça a marché ?
44:47 - Et ça a marché, mais du feu de Dieu.
44:49 Là, Luc a fait
44:51 une adaptation de "Monsieur Chasse" qui cartonne
44:53 aussi, là en ce moment en tournée.
44:55 Mais c'est vrai qu'il a pris
44:57 ce registre-là, alors ça ne veut pas dire qu'il ne monte
44:59 que ça, hein. Il y a le coucou qui est
45:01 à l'affiche, on a essayé de monter "Hamlet".
45:03 Très belle pièce que je vous recommande.
45:05 Mais il a
45:07 estampillé un petit peu,
45:09 je ne vais pas dire "Venu sa marque de fabrique", il dirait
45:11 "Non, mais il le fait".
45:13 - Alors, il se trouve que le plus de "René Troy"
45:15 a une particularité, elle a été jouée par
45:17 Pierre Belmar. - Oui, elle a été jouée, alors moi
45:19 je... Elle a été jouée par Jean Lepoulin.
45:21 - Oui. - Il y a une
45:23 captation qui est visible sur Internet.
45:25 Et Belmar a fait un Marc Javel
45:27 absolument
45:29 incroyable, vous imaginez, vous connaissez
45:31 Belmar, ce personnage
45:33 imposant, enfin c'est
45:35 un physique au départ, Belmar. Et puis
45:37 cette voix, et puis, et puis, et puis, il a
45:39 été très bon, je vous renvoie à
45:41 "Trois jeunes filles nues"
45:43 montée par Olivier Mine
45:45 il y a une vingtaine d'années maintenant,
45:47 pour toutes les
45:49 équipes d'animateurs de France
45:51 Télévision à l'époque, et il y avait
45:53 une adaptation d'une
45:55 opéra, d'une opérette, pardon,
45:57 qui s'appelait "Trois jeunes filles nues" de Will Metz.
45:59 Et il avait joué là-dedans, chanté.
46:01 Parce qu'il chantait,
46:03 et c'était admirable, et c'est incroyable.
46:05 - Alors, finalement, cette pièce comme les autres,
46:07 c'est Guignol, on revient à Lyon. - Ah, c'est
46:09 Guignol, c'est vrai que c'est Guignol,
46:11 ça n'arrête pas.
46:13 Guignol fait partie de la culture
46:15 populaire lyonnaise, c'était
46:17 à la fois un
46:19 canard enchaîné, parce que ça faisait
46:21 rire les enfants, oui, mais ça traitait
46:23 de sujets qui concernaient
46:25 la population
46:27 de la ville, et c'est pour ça
46:29 que les grands venaient s'amuser, à écouter.
46:31 - Mais aujourd'hui encore,
46:33 Guignol est dans
46:35 toutes les villes de Station
46:37 Belner l'été, on a des Guignols plusieurs fois par semaine.
46:39 - Alors, c'est devenu un spectacle d'enfants,
46:41 mais je pense qu'au départ,
46:43 c'était avant
46:45 que le chansonnier
46:47 ne prenne la main, je pense que c'est un des
46:49 précurseurs. Parce que Guignol,
46:51 Niafron, représente
46:53 des personnages de
46:55 la société de l'époque, et
46:57 les combats, les joutes, entre
46:59 ces deux personnages, il y en a d'autres,
47:01 représentent bien
47:03 la société lyonnaise
47:05 de l'époque. Je vous rappelle qu'on est
47:07 naissance de
47:09 Guignol.
47:11 - 1806.
47:13 - Tu vois, j'allais dire,
47:15 j'allais donner plus tard.
47:17 - Non, pardon, c'est 1887.
47:19 - Ah oui, voilà.
47:21 - D'accord. Et donc,
47:23 un jour,
47:25 il y avait du se produire,
47:27 il faut dire que
47:29 les soyeux,
47:31 les ouvriers
47:33 des métiers à tisser,
47:35 un métier de malade, c'est pour ça que l'on dit
47:37 la cervelle de canut, les canuts,
47:39 ce sont les tisserands, tellement
47:41 le métier était dur que leur cerveau
47:43 était considéré comme du fromage blanc.
47:45 Il a
47:47 totalement abruti. On faisait travailler les enfants,
47:49 parce que c'était les seuls à pouvoir
47:51 se faufiler entre les
47:53 bâtons des métiers
47:55 jacquards.
47:57 Donc il fallait sortir tout ça, il fallait
47:59 expulser tout ça, parler de tout ça.
48:01 Et puis,
48:03 ceux qui étaient censés peut-être les protéger,
48:05 je veux parler
48:07 de
48:09 l'institution catholique de l'époque, je vous rappelle
48:11 quand même qu'il y a un prime à Dégaule là-bas,
48:13 faisaient
48:15 faire leurs habits très
48:17 scénéreux, il y avait du fil d'or,
48:19 du fil d'argent, de la broderie sur soirée
48:21 absolument incroyable.
48:23 Alors vous voyez, le puissant et le
48:25 pauvre,
48:27 le sachant et l'ignorant.
48:29 Voilà, c'est ça que dénonce
48:31 Guignol. - Vous connaissez
48:33 merveilleusement Lyon et je suis heureux de vous avoir
48:35 accueilli pour l'ouverture de ce radio. - C'est un plaisir
48:37 moi de venir chez vous. - Et alors le plaisir maintenant,
48:39 ça va être d'aller au théâtre, voir au théâtre
48:41 Edgar, donc le plus heureux des trois.
48:43 Pour les horaires, il faut aller sur Internet.
48:45 Il vaut mieux aller sur Internet,
48:47 vous tapez
48:49 "Théâtre Edgar",
48:51 c'est rue Edgar-Quinet
48:53 à Montparnasse, et là vous allez voir
48:55 les horaires parce que la manière
48:57 d'aller au théâtre a profondément changé,
48:59 pas seulement à cause du Covid,
49:01 parce que la réalité d'aujourd'hui
49:03 fait que nous jouons
49:05 sur des jours en
49:07 alternance avec des horaires qui conviennent.
49:09 Il y en a qui préfèrent aller au théâtre en sortant
49:11 du travail, d'autres qui préfèrent rentrer
49:13 chez eux et ressortir derrière,
49:15 donc il faut contenter tout le monde.
49:17 On a des représentations à 21h, à 18h30,
49:19 à 19h, à 15h,
49:21 aller sur le site
49:23 et c'est poche.
49:25 - On va aller voir ça et on espère que
49:27 à Lyon, on verra un jour
49:29 le plus heureux des trois.
49:31 - Il y a une charmante chanson à la fin
49:33 qui vous reste dans la tête.
49:35 Ne me demandez pas de la chanter, c'est trop frais.
49:37 - On ira vous voir.
49:39 - Oui, ce sera avec plaisir. - Merci David Martin.
49:41 - Merci Monsieur Jacques Pessis.
49:43 - Les Clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
49:45 On se retrouve bientôt. Restez fidèles à l'écoute de Sûr Radio.
49:47 le radio.

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