• il y a 10 heures
Avec Henri Sannier, comédien français.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-02-10##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06La passion du journalisme et du sport vous a permis de faire une course en tête à la télévision.
00:11Le vélo a fait votre bonheur mais aussi votre malheur.
00:14Il est à l'origine d'une épreuve que votre énergie et votre foi sont en train de vous permettre de gagner.
00:20Bonjour Henri Sagné.
00:21Bonjour et merci.
00:22Surtout merci d'être là parce que moi je me souviens il y a 3-4 ans je voulais vous avoir dans l'émission
00:28C'est à l'époque de votre accident qu'on va évoquer à travers le livre qui sort le jour où j'ai réappris à marcher aux éditions du Rocher
00:35qui est un livre étonnant et qui relève du miracle de vous avoir aujourd'hui au micro face à nous.
00:43C'est le cas de le dire parce que c'était pas évident du tout.
00:45Voilà, donc on va en parler mais on va revenir sur le principe des clés d'une vie, sur votre parcours.
00:50J'ai des dates et la première date que j'ai trouvée c'est le 10 février 1968.
00:56C'est votre première télé.
00:57Vous êtes dans une salle.
00:58Comment on se fait un jour à la téléviser ?
01:01C'était tout à fait inimaginable pour moi.
01:05J'étais dans une station régionale de télévision, en l'occurrence Amiens.
01:08Ça ne s'appelait pas France 3 ni quoi que ce soit.
01:11C'était l'ORTF à cette époque-là et j'étais stagiaire.
01:14J'avais envoyé une petite lettre manuscrite et puis on m'avait dit venez, venez, vous voulez être stagiaire ?
01:19On ne trouve personne.
01:20Il n'y avait personne qui voulait faire de la télévision à cette époque-là.
01:23C'est étonnant.
01:25Alors moi je suis arrivé tout petit avec mon cartable et puis je faisais des petites bidouilles.
01:30Mais enfin je ne savais pas trop faire.
01:32Et puis un jour, à une heure de l'antenne, le présentateur est tombé en panne.
01:37Il ne s'allait pas du tout, il n'était pas bien.
01:39Et on m'a dit Henri, c'est toi qui vas passer sur le plateau et tu vas lire.
01:42Ce qui est en rouge c'est pour toi, ce qui est en gris c'est pour le co-présentateur.
01:46Et voilà, j'ai commencé comme ça ma carrière de présentateur en télévision.
01:49Et ce qui est étonnant aussi c'est ce film, comment on fait à jouer à la télévision.
01:53On voit cette séquence.
01:54Parce que jouer à la télévision au départ, je ne sais pas si vous le savez,
01:57en 1949 quand Pierre Sabag l'a inventé, c'était fait de briques et de brocs.
02:01Personne ne voyait les images qui arrivaient avant de les commenter.
02:05Donc ils racontaient n'importe quoi en studio.
02:07Et surtout pour développer les films, il y avait une toute petite pièce
02:12et il fallait mettre des boîtes de petits pois venus de la cantine
02:15pour pouvoir poser les bobines.
02:17Oui, c'était un peu ça moi.
02:18C'était un peu plus développé mais c'était encore très rudimentaire.
02:22Moi c'était dans une station régionale et on développait les films.
02:25Des fois le développement était foutu et on n'avait pas de films.
02:28Alors on commentait sans rien quoi.
02:30Exactement.
02:31Alors ça c'est la télévision mais au départ il y a un bourg de quelques centaines d'habitants
02:36au cours sur Somme où vous avez grandi pendant 18 ans.
02:39Pendant 18 ans, oui j'ai grandi là-bas.
02:41Je suis allé à l'école primaire.
02:42Et je me souviens d'une chose qui m'a toujours marqué.
02:45Mon papa était maire du village et donc moi j'étais le fils du maire.
02:48Mais on ne me passait rien.
02:50Et le directeur d'école nous a demandé
02:52« Qu'est-ce qui vous a marqué l'événement de cette année ? »
02:55Et moi j'ai répondu « C'est la création d'Europe n°1 ».
03:00Il m'a dit « Mais pourquoi ? Vous écoutez la radio ? »
03:03Je dis « Oui j'écoute la radio parce qu'ici on n'a pas la télé.
03:05La télé ne passait pas dans le village.
03:06On était en bas d'une vallée et il n'y avait pas de télévision. »
03:09Et il m'a dit « Mais pourquoi ? »
03:11Je lui ai dit « Parce que je veux commenter le Tour de France sur une moto. »
03:14C'est ce qui s'est fait plus tard.
03:16Ça s'appelait « Europe n°1 » parce que Louis Merlin
03:18qui était Radio Luxembourg à l'époque
03:20avait été engagé pour faire une radio et une télévision européenne.
03:23Il devait y avoir des n°2, n°3.
03:25Ah oui c'était n°1, c'était pas n°1.
03:27Et il n'y a jamais eu de suite.
03:29Alors il se trouve que dans votre région
03:31au cours sur Somme,
03:33il y a quand même une chose étonnante.
03:35Je ne sais pas si vous le savez.
03:36Il y a une plante rare qui est la tulipe des Marais.
03:40C'est une plante qui est une espèce protégée.
03:42La tulipe des Marais.
03:44Oui c'est ça.
03:45Je la protège chez moi dans le Marais communal.
03:47Et vous êtes l'une des rares régions en France
03:49à avoir cette plante rare.
03:51C'était très beau, très très beau.
03:53Alors vous êtes là parce que vos parents
03:55qui étaient au départ employés du CCF St-Jean-Élysée,
03:57André et Raymond
03:59ont décidé de venir tranquillement à la campagne.
04:01Oui, papa qui avait ses grands-parents paternels
04:04dans le même village
04:06avait acheté une petite maison là-bas.
04:08Et puis un jour, ils se sont dit
04:10c'est bien beau de vivre sur les Champs-Élysées.
04:11Ils ne vivaient pas sur les Champs-Élysées.
04:12Ils travaillaient sur les Champs-Élysées.
04:14Et ils se sont dit
04:15allez on va partir à la campagne.
04:16C'est ce que font des Parisiens comme ça.
04:18Ils sont partis.
04:19Et on s'est retrouvés,
04:20enfin moi je me suis retrouvé à la campagne.
04:21J'avais un an et demi.
04:22Et puis après j'ai des frères et sœurs qui sont nés.
04:24Mais on vivait chichement.
04:25On avait des chèvres.
04:26Avec les chèvres on avait du lait.
04:27On avait un jardin et tout.
04:29Et mon père est devenu inspecteur de commerce
04:31dans le coin là-bas.
04:33Et on s'est fixés en Picardie.
04:35Et on est fiers d'être là-bas.
04:36Et c'était une vraie vie d'enfant
04:38avec les repas des grands-parents le dimanche.
04:41C'était familial.
04:43Il y avait des rituels.
04:44Il y avait des rituels.
04:45Même plus tard.
04:46Même plus tard quand j'étais à Paris
04:48au JT ou ailleurs.
04:49Tous les dimanches quand je pouvais
04:51on rentrait.
04:52Maman descendait.
04:53Tout le monde, toute la famille se retrouvait.
04:55Et on faisait un gueuleton tous ensemble.
04:56Il y avait une tradition aussi Henri Sagné.
04:58C'est la retraite au flambeau le 14 juillet.
05:01Qu'on voit encore dans quelques villes.
05:02Vous vous êtes allé rechercher ça oui.
05:04Alors ça me fait rire parce qu'il y a quelques temps
05:06j'avais toujours une petite caméra à la main.
05:08Et j'ai filmé ces choses là.
05:10Et il y a une quinzaine de jours
05:12j'ai repassé ça aux habitants du village
05:14qui n'en revenaient pas.
05:15Retraite au flambeau avec des feux d'artifice.
05:18Avec des jeux du 14 juillet
05:20qui dataient d'un autre temps.
05:21Et tout le monde était content de revoir
05:23grand-père, grand-mère et les petits-enfants.
05:25Et pourquoi on fait cette retraite au flambeau ?
05:27Tout simplement parce que c'est une tradition
05:29qui vient de la Révolution française.
05:31Les Parisiens ont pris la Bastille sous les flambeaux.
05:33Donc on a maintenu cette tradition.
05:35Oui, ça doit être ça.
05:37Alors il y a aussi le cinéma.
05:40Parce que le cinéma, il y avait le café du village
05:42où il y avait des projections.
05:44Il n'y a que là.
05:45On n'avait accès au cinéma que dans le café du village.
05:47Il y avait deux bistrots et à tour de rôle
05:49une fois tous les 15 jours
05:51le projectionniste arrivait
05:53et il nous balançait des films.
05:55Du style Ouragan sur le quai, je m'en souviens.
05:57Du style...
05:59Il y avait du Charlot, Charlie Chaplin.
06:01Il y avait des tas de choses comme ça.
06:03Et notre initiation au cinéma
06:05elle est passée par des choses aussi simples que ça.
06:07Et la télévision c'était différent
06:09parce que vous ne l'aviez pas à la maison.
06:11Et il fallait payer 1 franc pour quelques instants de télévision.
06:13Je me souviens d'un match de boxe
06:15avec Alphonse Halimi
06:17qui était un grand boxeur.
06:19Et on était dans un des bistrots du village
06:21et on arrive au dernier round.
06:23Et au dernier round, tout s'éteint.
06:26Parce qu'il fallait remettre 100 balles.
06:28Et on ne les avait pas.
06:30Alors il y a un monsieur dans la salle qui est allé
06:32avant de boire son pastis, il nous a mis 1 franc
06:34et ça y est on a vu la fin du match.
06:36Et ce n'était pas un cas unique
06:38puisqu'à l'époque la télévision coûtait très cher
06:40et dans certains cafés en France
06:42on mettait un système de location
06:44et c'était une pièce pour une heure en général.
06:46Et la série qui a le mieux marché
06:48à cette époque-là
06:50c'était Aventure dans les îles
06:52avec Gardner Mackay
06:54et ça rapportait beaucoup d'argent
06:56au café qui avait un poste de télévision.
06:58Il n'y avait pas d'audimat là
07:00mais on savait ce qui marchait.
07:02Et le café le savait lui.
07:04Il y avait quand même des moments difficiles pour vous Henri Sagné
07:06c'était la messe à 7h du matin.
07:08C'est pas un moment difficile.
07:10Moi je suis un peu catho, ma maman était catéchèse
07:12mais elle ne m'obligeait pas à aller à la messe
07:14mais j'étais enfant de coeur.
07:16Et alors on partait le matin
07:18mais quand on connaît la topographie du village
07:20le village il est là
07:22et on allait dans les champs à 1 km
07:24avec un cimetière tout autour.
07:26Moi j'avais une trouille royale
07:28je courais, je courais, je courais
07:30j'allais jusqu'à l'église, je faisais la messe
07:32et puis je rentrais à l'école.
07:34Mais pour moi c'était dur
07:36parce que j'étais un grand trouillard.
07:38Trouillard non, pas en sport.
07:40Le sport ça venait je crois
07:42déjà de votre grand-père maternel
07:44qui avait fait Paris-Strasbourg à 5 reprises.
07:46Paris-Strasbourg à la marche
07:48j'étais un marcheur invétéré.
07:50C'est un produit de course.
07:52Il m'a aidé, il m'avait donné
07:54avant de partir, grand-père m'a donné un grand tableau
07:56avec marqué tendeur
07:58555 heures ou un truc comme ça
08:00et c'est marrant parce qu'il avait fait ça
08:02avant il avait été pilote
08:04d'avion pendant la guerre 14.
08:06Il est tombé 7 fois, il s'en est sorti 7 fois.
08:08C'est extraordinaire.
08:10Il a fait des trucs fabuleux, c'était un sportif.
08:12Et puis votre père vous a fait découvrir
08:14l'athlétisme, en particulier Jules Ladoumègue.
08:16Ah oui, il me parlait toujours de Jules Ladoumègue
08:18moi c'était plutôt Michel Bernard
08:20et Michel Jassy à mon époque
08:22mais lui Jules Ladoumègue c'était
08:24la plus belle foulée, le plus beau coureur
08:26alors il allait courir
08:28il se poignait pour Ladoumègue et puis il faisait aussi du vélo
08:30parce que quand il habitait Paris
08:32il rentrait chez ses grands-parents à la campagne
08:34à vélo, allait 200 bornes
08:36et il les faisait. Alors ça, ça m'a toujours
08:38épaté. Et le vélo justement
08:40il y a une chanson qui évoque cet univers
08:42si cher à votre cœur.
08:44Je m'en allais chercher des oies
08:46j'essayais de fouiller les oies
08:48à la bicyclette
08:50C'est vrai que
08:52pour lui il a fait du vélo pendant la guerre dans Paris
08:54il était apprenti boulanger et le soir
08:56il commençait dans les cabarets
08:58et il a fait cette chanson en souvenir.
09:00C'est très touchant, très touchant cette chanson.
09:02Et le vélo pour vous ça remonte déjà à l'âge de 2 ans
09:04Henri Sagné. Ah ben j'ai eu mon premier cadeau
09:06mon premier véritable cadeau
09:08celui dont je me souviens
09:10c'était un beau petit vélo rouge
09:12et comme je dis j'ai été vacciné
09:14au rayon de vélo moi, j'ai toujours eu ça.
09:16Le drame c'est qu'on vous a volé 2 vélos
09:18Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
09:20Tout bête
09:22je travaillais à Orly
09:24j'étais au tri des colis
09:26à Orly, j'avais laissé mon vélo
09:28je suis rentré un soir, plutôt une nuit
09:30parce que je faisais les 3-8 et il n'y avait plus de vélo
09:32et puis une autre fois dans mon garage
09:34à Paris on m'a piqué mon vélo aussi
09:36Bon j'ai toujours eu des copains assez bienveillants
09:38à mon égard
09:40et qui m'ont offert après des vélos
09:42des directeurs sportifs
09:44de course
09:46Et la course justement, vous avez fait des courses de vélo
09:48et je crois que votre première course
09:50vous avez gagné, c'était dans votre région
09:52Oui c'était à Grandvilliers dans l'Oise
09:54une course organisée par la télévision régionale
09:56et puis
09:58j'étais incontestablement le plus fort
10:00parce que là ils n'étaient pas très très doués
10:02et je me souviens que le caméraman, monsieur Ballonchar
10:04je me souviens de son nom, Ballonchar c'est un nom qu'on retient
10:06il m'attendait à l'arrivée
10:08et puis il a loupé
10:10le film à l'arrivée, il l'a loupé
10:12il m'a dit retourne là-bas au bout de la ligne droite et on va le refaire
10:14les autres étaient toujours pas là
10:16et j'ai gagné quand même et j'ai levé les bras
10:18C'est vrai que pour vous le vélo ça a toujours été un sentiment de liberté
10:20Ah oui complètement
10:22le vélo avec les cheveux dans le vent
10:24maintenant il faut mettre des casques
10:26alors au début j'étais quand même pas très chaud
10:28mais il faut le faire pour la sécurité
10:30mais grâce au vélo j'ai découvert plein de choses
10:32extraordinaire, je me balade dans la campagne
10:34je pars, j'ai plein de problèmes dans la tête
10:36et puis je roule et je vois des tas de choses extraordinaires
10:38je prends pas des notes
10:40mais je prends des notes dans ma tête et je me dis ça
10:42je pourrais le faire dans le village, ça je pourrais le faire dans mon jardin
10:44là il y a une côte, allez j'attaque
10:46je vais voir si je suis assez bon, je change de braquet
10:48mais c'est marrant, moi j'adore le vélo
10:50c'est une école de vérité et de vie
10:52Exactement, une autre école de vie
10:54que vous avez explorée
10:56on va l'évoquer à travers la date du 12 septembre
10:581974
11:00A tout de suite sur Sud Radio avec Henri Sagné
11:08Nous nous parlerons tout à l'heure
11:10de le jour où j'ai réappris à marcher
11:12un livre étonnant
11:14qui évoque les 4 dernières années
11:16que vous avez passées, c'est aux éditions
11:18du Rocher, et on revient
11:20au 12 septembre 1974
11:22on va écouter un générique
11:28Votre premier passage dans la télé TF1
11:30parce que vous évoquez
11:32le conseil des ministres décentralisé à Lyon
11:34je sais pas si vous vous en souvenez
11:36Non, je ne m'en souviens plus
11:38C'est votre premier JT, vous intervenez
11:40parce que le Président de la République, Valéry Chardestin
11:42a décidé de faire un conseil des ministres décentralisé
11:44à Lyon, et c'est vous qui commentez
11:46à la fois les réactions des Lyonnais
11:48et qui évoquez à l'antenne dans le JT TF1
11:50national
11:52Non, d'antenne 2
11:54Non, c'était TF1
11:56Vous avez passé sur TF1 ce jour-là
11:58Je suis épaté, efflaté
12:00La séquence existe, vous n'en avez aucun souvenir
12:02Ah non, aucun souvenir
12:04Alors, il se trouve que cette séquence
12:06est le résultat d'un long chemin
12:08parce que le journalisme, c'est une passion de toujours Henri Sagné
12:10Ah bah toujours, moi j'ai toujours voulu être journaliste
12:12Et pourquoi c'est venu comme ça ?
12:14D'abord parce que mon papa lisait le Figaro tous les jours
12:16et il me disait
12:18moi je lis l'édito, l'article de fond
12:20alors il me le donnait derrière
12:22moi je regardais le dessin de Feuzan
12:24parce que je le trouvais très très chouette
12:26et puis je lisais la politique, j'adorais la politique
12:28et j'adore toujours la politique, et puis les sports
12:30et voilà, papa m'a initié un petit peu au journalisme
12:32à travers ça
12:34et puis à la même époque, j'étais tellement fan de journalisme
12:36et aussi de presse écrite
12:38que je suis allé dans un kiosque
12:40j'ai acheté une vingtaine de journaux
12:42et j'ai tapissé ma chambre avec la une
12:44de tous ces journaux là
12:46et je m'endormais avec les nouvelles, ça c'était marrant
12:48Et votre père était d'accord avec ça ?
12:50Oh il n'a rien dit
12:52J'ai la chance d'avoir des parents
12:54qui ne m'ont jamais dissuadé de faire ce métier
12:56alors qu'à l'école, je vais vous dire
12:58j'étais doué en histoire, en géographie
13:00en récitation, en gymnastique
13:02mais bon, le reste
13:04j'étais un peu lèche, j'étais pas terrible
13:06j'étais pas dans les premiers
13:08Vous entrez quand même à l'école de journalisme
13:10en mai 68, c'est-à-dire pas n'importe quand
13:12Ah c'était pas n'importe quand, mai 68
13:14mais c'était bon, pour les travaux pratiques
13:16c'était à Saint-Germain-des-Prés
13:18alors j'étais dans cette école
13:20je faisais des tas d'articles
13:22et puis ma soeur était un enterre à l'université
13:24alors on n'était pas dans le même camp
13:26alors c'était drôle, on se voyait de temps en temps
13:28ça s'est très très bien passé
13:30Vous alliez dans les manifs ?
13:32Non, pas moi. Ah ben si, j'y allais pour faire des reportages
13:34alors que ma soeur, elle lançait pas de pavé
13:36mais elle était dans les manifs
13:38C'est un bon sujet de film ça
13:40Et puis vous faites des petits boulots
13:42et dans les petits boulots que vous avez fait, il y en a un que je connaissais pas
13:44c'est cercleur de lingots d'or
13:46pour les transferts internationaux à Air France
13:48Ah oui, alors je vous avouerais que je le connaissais pas non plus
13:50mais j'ai un copain qui habitait dans le village
13:52qui était commandant de bord à Air France
13:54qui me dit Henri, t'as besoin de fric là en ce moment
13:56à Paris ça coûte cher, il fallait se loger
13:58il fallait se nourrir
14:00et il me dit allez je te fais rentrer à Air France
14:02et je suis arrivé là-bas et on m'a mis dans un truc
14:04dans une guérite fermée
14:06il y avait deux gendarmes devant
14:08et c'était les transferts de lingots d'or
14:10de pays à pays
14:12et je cerclais des lingots d'or
14:14toute la nuit je cerclais des lingots d'or
14:16j'en ai pas touché un
14:18mais c'était quand même assez
14:20extraordinaire
14:22il y avait des montagnes
14:24il y avait des montagnes
14:26de briques de lingots
14:28Et vos premiers moments en or si j'ose dire
14:30c'est quand vous arrivez à la télévision en Picardie
14:32et vous arrivez à faire des piges
14:34vous arrivez à vous incruster là-dedans Henri Sagnon
14:36Ah bah oui il faut être malin parce qu'il y a toujours des gens
14:38tout le monde dit arrêtez-moi je vais faire un malheur
14:40mais quand il faut faire le malheur ils sont pas là
14:42alors que moi j'étais dispo
14:44j'étais gamin, j'étais tout seul
14:46j'avais 18 ans et demi, 19 ans
14:48et dès qu'il y avait un truc à prendre je le prenais
14:50Et vous êtes arrivé comme ça, ils vous ont dit oui sans problème
14:52peut-être parce que vous aviez fait une école de journalisme
14:54Ouais parce que je la faisais en même temps
14:56je faisais tout à la fois moi
14:58je touchais à tout et comme j'avais
15:00cet alibi de l'école de journalisme
15:02et ben on m'a fait travailler
15:04Avec des sujets tout à fait locaux
15:06j'ai trouvé des reportages sur un sculpteur sur bois
15:08à Saint-Quentin, la visite d'une usine textile
15:10l'implantation d'une grande surface
15:12vous touchez vraiment à tout
15:14Ah je faisais tout, j'avais dégoté une personne
15:16une vieille dame qui se faisait appeler la fée des bois
15:18en plein milieu d'une forêt
15:20à côté de Beauvais dans l'Oise
15:22et j'avais fait un magazine que tout le monde avait aimé
15:24j'avais découvert aussi un monsieur
15:26j'aimais bien les trucs qui sortaient de l'ordinaire
15:28une dame qui me dit
15:30venez chez moi j'ai un truc à vous montrer
15:32j'arrive chez elle, il y avait un cercueil
15:34au milieu de la salle à manger
15:36elle dit c'était le cadeau
15:38d'adieu de mon mari
15:40J'ai vécu des trucs marrants
15:42Et à l'époque il fallait des merdes
15:44et il fallait aussi un peu de matériel
15:46parce que c'était pas la technique d'aujourd'hui
15:48J'avais quelques caméras
15:50et de temps en temps, moi j'étais pas caméraman
15:52mais je prenais une caméra de temps en temps
15:54j'allais derrière les buts sur un grand match de foot
15:56pour faire les buts vus de derrière
15:58on faisait tout
16:00on touchait à tout
16:02Car le football c'était aussi votre passion
16:04depuis toujours Copa, Piantoni
16:06Copa, Piantoni, Vincent et les autres
16:08c'était des gens que j'adorais
16:10et j'allais les voir à Reims
16:12avec mon papa
16:14Et vous avez même créé un club
16:16pour l'Olympique aux Courtois
16:18qui existe toujours
16:20et je l'ai créé
16:22Mais comme ça, par envie de faire quelque chose ?
16:24Oui, en disant qu'il faut faire quelque chose
16:26dans un petit village comme le nôtre
16:28si on ne crée pas des entités
16:30on va tous partir, on ne se connaitra plus
16:32et on a fait ce club de foot qui existe encore maintenant
16:34et je vais les voir de temps en temps
16:36Il est en 3ème division départementale
16:38et il y a 50 licenciés
16:40En plus que ça, une centaine maintenant
16:42On a même une équipe féminine
16:44Brutalement, les journaux de France 3
16:46deviennent régionaux
16:48et vous arrivez à la tête du journal
16:50France 3 Ronalp
16:52Oui, j'arrive
16:54à France 3 Ronalp parce que j'ai suivi
16:56mon rédacteur en chef qui était à Amiens
16:58et il m'a dit, viens avec moi
17:00on va franchir une nouvelle étape
17:02alors je suis parti à Lyon
17:04autre dimension
17:06je me suis bien marré, je présentais le journal
17:08j'étais adjoint au rédacteur en chef
17:10j'avais 26 ans, 25 ans
17:12et puis un jour, il y a Arthur Comte
17:14qui passe, qui était le président
17:16de l'ORTF
17:18et qui dit, il va falloir secouer un peu ces stations régionales
17:20c'est tous des vieux qui dirigent
17:22enfin il n'a pas dit des vieux, des anciens
17:24et il dit, est-ce qu'il y a des jeunes qui veulent ?
17:26alors moi j'ai levé le bras, je suis partant
17:28et 3 semaines plus tard, j'étais nommé
17:30rédacteur en chef à Caen, j'avais 27 ans
17:32Déjà à Lyon
17:34c'était les premiers journaux régionaux
17:36en fait, France 3 a été créé
17:38après 10 ans d'hésitation
17:40ça devait être une chaîne culturelle
17:42et on a fait une chaîne régionale
17:44et je crois que vous êtes l'un des premiers à avoir interviewé
17:46Claude Contamine
17:48qui lui vous expliquait
17:50que c'était le développement de la chaîne
17:52et vous étiez
17:54celui que le PDG acceptait
17:56de recevoir
17:58je le connaissais un peu, je vais vous dire pourquoi
18:00il avait une maison de campagne
18:02à côté de la station régionale de Caen
18:04et de temps en temps, il passait
18:06son nez à la porte
18:08c'était un monsieur très respectable
18:10mais très dur
18:12vis-à-vis des gens qui bossaient
18:14il fallait pas
18:16mégoter, il fallait y aller
18:18et il m'aimait bien, alors moi j'en ai profité
18:20il se trouve aussi que
18:22après Lyon, c'est la Normandie
18:24vous vous retrouvez en Normandie
18:26c'était le hasard ou c'était le destin ?
18:28c'est un peu le hasard, ils m'ont mis en Normandie
18:30parce qu'il n'y avait pas un trou à boucher
18:32mais il y avait un type
18:34qui faisait pas la maille
18:36donc je suis retrouvé en Normandie
18:38je suis arrivé là-bas
18:40j'étais le plus jeune de la rédaction
18:42et c'était moi le patron, mais ça s'est fort bien passé
18:44vraiment j'ai vécu des moments
18:46extraordinaires en Normandie
18:48et c'est à ce travail là
18:50et au travail d'équipe de la Normandie
18:52que je dois d'être allé à Paris par la suite
18:54il se trouve qu'en plus c'était des temps très difficiles
18:56parce que les moyens techniques étaient très faibles
18:58et en plus il fallait monter des coûts
19:00et vous avez monté un coût qui a été national
19:02qui a été le 40ème anniversaire du débarquement
19:04en 44
19:06alors ça j'ai bluffé tout le monde
19:08j'avais dit à Moati qui était notre directeur à Paris
19:10je lui avais dit
19:12file moi un petit peu d'argent
19:14et des moyens et moi je te fais
19:16une émission toute la journée
19:18sur le réseau national
19:20il m'a laissé faire
19:22il m'a laissé faire
19:24et on a réussi un coût extraordinaire
19:26et on a montré quel était le savoir-faire
19:28d'une station régionale
19:30oui c'était la première fois qu'on faisait ça
19:32de 7h à 11h30
19:34c'était fou, puis on a repris le soir
19:36et même la nuit
19:38on a fait un travail de dingue
19:40mais ça a marqué les esprits
19:42je crois que vous aviez interviewé
19:44Gilles Perrault
19:46je l'avais avec moi, c'était mon consultant
19:48il avait évoqué les secrets du jour J
19:50il y avait aussi l'arrivée de la reine
19:52d'Angleterre
19:54on avait tout, on s'est privé de rien
19:56on avait toutes les images
19:58et ça s'est très très bien passé
20:00on a fait une cassette avec tout ça
20:02que l'on a revendu et on s'est fait des bénéfices
20:04pour la station, c'est fou
20:06il y a eu le Mont-Saint-Michel aussi
20:08on était un peu dingue
20:10un jour je dis on va sauver le Mont-Saint-Michel
20:12il est menacé dans le sablement
20:14on va faire une émission spéciale de 6h du matin
20:16jusqu'à midi pour dire
20:18sauvons le Mont-Saint-Michel
20:20et moi encore je lui dis
20:22vas-y, tu nous as prouvé que tu savais faire avec ton équipe
20:24et on a fait une émission pour sauver le Mont-Saint-Michel
20:26et c'était très réussi
20:28ça se passait comment ?
20:30ça se passait et tout le monde était d'accord
20:32c'est à dire qu'à cette époque-là
20:34je ne disais pas aux mecs on fait les 35h
20:36on fait ceci, on fait cela
20:38je leur disais on y va tous, on est tous dans la même charrette
20:40on fonce et le succès il sera pour tout le monde
20:42et ils étaient tous très très fiers
20:44alors après je leur en demandais moins
20:46parce que les pauvres ça faisait quand même beaucoup
20:48mais j'étais un peu le chef de bande
20:50c'était un peu le chef de bande
20:52et ça vous a permis de faire d'autres choses
20:54il y a eu une autre date importante dans votre parcours
20:56c'est le 7 septembre 1987
20:58à tout de suite sur Sud Radio
21:00avec Henri Sagné
21:02Sud Radio, les clés d'une vie
21:04Jacques Pessis
21:06Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Henri Sagné
21:08nous parlerons tout à l'heure de ce livre
21:10Le jour où j'ai réappris à marcher
21:12chez Audition du Rocher
21:14et qui nous vaut votre présence aujourd'hui
21:16au micro de Sud Radio dans les clés d'une vie
21:187 septembre 1987
21:20bien entendu vous n'avez pas oublié ce jour-là
21:22...
21:24...
21:26le journal de 20 heures
21:28d'Antenne 2
21:30et vous le présentez pour la première fois
21:32et le jour de mon anniversaire
21:34pour mes 40 ans
21:36ils m'ont fait un beau cadeau
21:38et pour moi c'était très très important
21:40je ne pouvais pas me rater
21:42vous étiez je crois debout
21:44vous avez porté un costume vert
21:46et une cravate rayée
21:48on m'a dit il ne fallait pas mettre un costume vert
21:50on ne met pas de costume vert à la télé
21:52donc j'ai mis un costume vert
21:54et puis
21:56j'étais très ému parce que
21:58on m'a dit tu vas avoir un parrain d'antenne extraordinaire
22:00c'est Alain Delon
22:02alors Alain Delon
22:04il faisait un peu la tronche parce qu'il ne me connaissait pas
22:06mais il a accepté quand même de le faire
22:08et il a bien joué sa partition
22:10pour moi c'était génial
22:12c'était une interview musclée parce qu'il soutenait à l'époque Raymond Barr
22:14et vous le racontez
22:16oui mais bon
22:18pour moi c'était d'abord la personnalité
22:20je n'ai rien contre Raymond Barr
22:22j'aimais beaucoup Raymond Barr
22:24je l'ai interviewé beaucoup de fois
22:26mais là j'étais omnibulé par Delon
22:28il y avait Delon qui était là
22:30et il fallait que je sois bon
22:32pour l'interview d'Alain Delon
22:34et tout
22:36et ça s'est bien passé
22:38mais avant il y avait tout un journal à faire
22:40et il fallait que je prouve
22:42aux téléspectateurs que j'étais digne de remplacer Claude Sérion
22:44parce que je remplaçais Claude
22:46et bon c'était plutôt mal vu
22:48mais Delon vous a pris dans ses bras
22:50et elle a dit à la direction
22:52qu'il était très content
22:54ah il dit là vous avez là un mec un guerrier
22:56ça va être très très bon
22:58alors j'étais flatté comme jamais j'ai des photos de ça
23:00chez moi j'ai que deux ou trois photos
23:02dont celle là
23:04et puis trois jours plus tard dans le Canard Enchaîné
23:06il y avait une caricature de Delon
23:08avec moi et c'était marqué au secours la droite revient
23:10moi je n'ai jamais connu
23:12quelqu'un d'aussi
23:14c'était quand même mesquin
23:16mais Delon je n'ai jamais connu
23:18quelqu'un d'aussi précis
23:20qui n'avait qu'une parole
23:22et d'aussi gentil et d'aussi dévoué
23:24quand il croit à quelque chose
23:26moi c'est ce que je dis tout le temps
23:28j'ai refait d'autres émissions avec Delon
23:30mais c'est un monsieur d'une justesse
23:32d'une bonté, d'une rigueur
23:34dans la préparation des émissions
23:36j'adorais Delon, j'aimais beaucoup
23:38c'était une star et j'avais le privilège
23:40de pouvoir le côtoyer
23:42et dans ce premier journal il y avait aussi une interview de Jean-Bernard Raymond
23:44qui était à l'époque ministre des affaires étrangères
23:46et qui était en train de régler la libération
23:48des fausses et plus duranges dans l'affaire du Rainbow Warrior
23:50tout à fait, c'était l'ouverture de mon journal
23:52oui, bien sûr, je me souviens très très bien
23:54alors il se trouve aussi que ce journal
23:56vous avez le présenté en alternance
23:58avec Bruno Masur pendant quelques temps
24:00et comment c'est arrivé ?
24:02comment c'est arrivé ce journal de 20 heures ?
24:04ce qui n'est pas évident pour un jeune journaliste
24:06c'est arrivé, j'étais sur la 3
24:08j'avais lancé le 19-20
24:10c'était une nouveauté où on présentait
24:12les manches retroussées, pas de cravate
24:14c'était un truc, dans une newsroom
24:16où de temps en temps il y avait un journaliste qui me lançait une boulette
24:18bon ben voilà et tout
24:20et puis les gens de la 2
24:22m'ont contacté en disant
24:24vous allez partir sur TF1 ou sur M6 ?
24:26ils avaient entendu
24:28j'avais rencontré Michel Cotta
24:30pour TF1 et tout
24:32j'avais une proposition, j'avais un contrat, j'avais plus qu'à signer
24:34et puis il me dit mais vous partez pas
24:36vous restez sur le service public
24:38un matin à 8h30 il m'a convoqué dans un petit bistrot
24:40à côté de l'avenue Montaigne
24:42et il m'a dit moi je veux que vous restiez
24:44sur le service public
24:46et je vous fais une proposition
24:48et il m'a fait une proposition plus intéressante
24:50pas pécuniairement parlant, bon ça c'était pas le plus important
24:52mais il me proposait le 20h
24:54alors que sur la 1
24:56il me proposait d'être le remplaçant
24:58et bon j'ai peut-être loupé une belle carrière
25:00j'aurais pu faire d'autres choses
25:02surtout que j'ai rien contre la 1 bien au contraire
25:04et j'avais beaucoup de copains qui travaillaient là-bas
25:06notamment Jean-Pierre Pernaud
25:08qui était de ma région
25:10on avait travaillé ensemble à l'ORTF Amiens
25:12on avait beaucoup d'atomes crochus
25:14et ben voilà je suis parti sur la 2
25:16dans ces conditions-là et je le regrette pas
25:18je suis resté 9 ans
25:20Il y a eu Bruno Mazur, il y a eu Laurence Piquet
25:22qui a présenté le journal avec vous
25:24il y a eu les 13h, ça a été des moments très forts
25:26parce qu'il y a eu notamment des reportages
25:28des 20h lointains
25:30notamment en Roumanie
25:32qui n'étaient pas simples à réaliser
25:34ça a été très dur, pas simple à réaliser
25:36moi j'étais pas réalisateur mais j'étais sous le feu de la rampe
25:38et Ceausescu
25:40avait été battu
25:42il l'avait dézingué
25:44le lendemain avec sa femme
25:46et nous on était là, on faisait le journal
25:48en direct depuis la place de la Révolution
25:50et on entendait
25:52il y avait des balles qui passaient au-dessus
25:54on était un peu fous
25:56mais c'était des moments exaltants
25:58en matière de télévision c'est exaltant
26:00c'était les premiers directs que l'on faisait dans ces conditions
26:02et moi j'ai toujours ce souvenir-là
26:04et puis l'autre souvenir que j'ai
26:06qui est important pour moi
26:08c'était un
26:10c'était le premier anniversaire de la chute du mur de Berlin
26:12et j'ai fait le journal
26:14devant ce qui restait du mur
26:16à la porte de Brandenburg avec
26:18Willy Brandt
26:20et comment il s'appelle
26:22monsieur Europe
26:24j'ai oublié son nom
26:26Jacques Delors, qui était un monsieur exquis
26:28il se trouve aussi que vous avez fait ensuite
26:30Paris-Berlin ou Berlin-Paris à vélo
26:32pour fêter la chute du mur de Berlin
26:34je l'ai fait, oui, alors là on était fous
26:36complètement fous, parce qu'il faisait moins 15 au départ de Berlin
26:38on est partis, on a fait ça pour le téléton
26:40c'était d'abord parce qu'on voulait mettre
26:42nos muscles au service d'une bonne cause
26:44et on a fait Berlin-Paris
26:46à vélo, en 48 heures
26:48et je vous avouerai que c'était
26:50exaltant
26:52on a traversé une partie de l'Allemagne de l'Est
26:54on était là, on avait des gens qui nous donnaient des ravitaillements
26:56ils nous donnaient des bananes
26:58les gamins de là-bas ils n'avaient jamais vu une banane
27:00ils montaient sur nos bananes et ils partaient avec
27:02mais on a vécu des moments
27:04c'était génial, fabuleux
27:06on avait pas mal aux jambes, on était tellement bien
27:08dans nos têtes qu'on était prêt à tout
27:10il se trouve Henri Sagné, il y a aussi quelqu'un
27:12que vous avez interviewé et qui vous a donné un scoop
27:14c'est François Mitterrand
27:16ah oui, François Mitterrand, j'ai eu des moments
27:18sympas avec lui, il y en a eu d'autres de plus difficiles
27:20mais celui-là, c'était un moment
27:22exaltant, parce que je me souviens
27:24j'ai commencé le journal en marchant, je suis allé
27:26vers les téléspectateurs, en disant ce soir
27:28je reçois monsieur
27:30François Mitterrand, président de la République
27:32mais dans quelques instants, j'aurai bientôt
27:34devant moi, François Mitterrand
27:36candidat à la présidentielle
27:38ploum, générique, et puis c'est parti
27:40et puis après je lui ai posé la question
27:42alors que le président, tout le monde
27:44attend la réponse, serez-vous, oui ou non
27:46candidat, et il fait
27:48oui
27:50mais il fait non avec la tête avant
27:52c'est extraordinaire
27:54ça m'est resté
27:56c'est pour ça qu'en 88, la France entière a appris
27:58que Mitterrand briguait un second mandat
28:00tout à fait, et pour moi c'était important
28:02qu'il brigue un second mandat, ça le regardait
28:04mais j'ai battu Patrick Poivre d'Arvor
28:06ce soir-là, c'est la seule fois où on a fait mieux que lui
28:08et vous avez eu quelques soucis
28:10avec François Mitterrand quand même ?
28:12sur d'autres interviews, au plus dur, c'était un monsieur
28:14qui était bien
28:16sympa, historien, il disait des trucs
28:18et un jour il appelle, il me dit
28:20j'aimerais bien, enfin pas à moi, il dit à mes patrons
28:22j'aimerais bien qu'on
28:24parle un peu ensemble demain
28:26de politique internationale
28:28bon oui, alors
28:30je voudrais qu'il y ait Henri Sagné qui vienne
28:32j'ai déplaté
28:34pourquoi pas ?
28:36parce que la veille, j'avais ouvert le journal
28:38sur l'arrivée incognito en France
28:40d'un terroriste, monsieur Georges Abache
28:42et il n'avait pas aimé
28:44alors, bon, je n'ai pas compris, j'arrive là-bas
28:46et je faisais avec PPDA l'interview
28:48c'était pour les deux
28:50et je commence à poser une question
28:52nous allons parler de... quelle affaire ?
28:54il a fait comme si c'était pas ça du tout
28:56alors là, il m'a traîné
28:58vraiment dans la boue
29:00un peu, j'étais très
29:02j'étais désemparé pendant toute l'interview
29:04il ne me regardait jamais, il ne regardait que Patrick
29:06et voilà
29:08puis un moment, je repose une question toute bête en disant
29:10oui, mais monsieur Rocard, oh là là, qu'est-ce que j'avais pas dit là
29:12j'en ai repris une deuxième
29:14deuxième claque, et mon interview était
29:16vraiment pas bonne, c'était pas bon ce soir-là
29:18et le lendemain, le lendemain
29:20on s'est rendu compte qu'il était allé trop loin
29:22Pilan m'a appelé, son directeur
29:24de communication, pour dire
29:26le président est peut-être allé un peu loin, il s'en veut
29:28parce qu'il vous aime bien, et il n'aurait pas dû faire ça
29:30c'était gentil
29:32il a dit un jour, posez-moi de
29:34bonnes questions, vous aurez de bonnes réponses
29:36oui, alors ça c'est quand même, c'est angoissant
29:38ah oui, une fois j'étais allé le voir
29:40avant une interview, je sais pas quoi
29:42alors bon, les questions, on les donnait pas
29:44évidemment, et je dis
29:46mais alors, qu'est-ce que... non, posez-moi
29:48de bonnes questions, vous aurez de bonnes réponses
29:50on en est mal, on gamberge toute la nuit après
29:52alors, il y a le journal, et puis en 97
29:54vous réalisez votre rêve, c'est-à-dire que vous devenez
29:56le présentateur de tout le sport
29:58qui est quand même l'émission de télévision de sport
30:00quotidienne, qui a le mieux marché
30:02dans l'histoire de la télévision
30:04ah oui, on l'a porté à bout de bras, mais on faisait 3 à 4 millions
30:06de téléspectateurs tous les soirs
30:08et c'est quelque chose d'extraordinaire
30:10parce que le public sportif est un public
30:12sympa, le public du
30:14journal télévisé, quand il vous rencontre
30:16il vous serre la main, le public sportif
30:18il vous parle dans l'eau, alors oui, ça va, dis-donc
30:20toujours mal aux dents, machin
30:22ils ont toujours quelque chose à dire
30:24et c'est un public courtois et marrant
30:26et vous avez présenté cette émission pendant 20 ans
30:28comment c'est venu, parce que vous étiez au journal de 20 heures
30:30ouais, bah j'ai fait, entre temps
30:32je suis allé sur la 3, on m'avait nommé
30:34directeur général de la 3, vous savez, j'ai tout fait
30:36ils ne doutaient de rien, donc ils m'ont mis directeur général
30:38après, j'ai
30:40fait le soir 3 aussi, en même temps
30:42puis après, on m'a dit, allez, il est temps que vous alliez au sport
30:44vous aimez les sports, alors j'aimais le sport, certes
30:46mais je n'étais pas un spécialiste des sports
30:48et on m'a nommé au sport comme
30:50directeur adjoint
30:52alors je me suis retourné au sport
30:54mais je n'en menais pas l'arge, parce que tous les mecs
30:56du service des sports, ils étaient
30:58très doués dans toutes les disciplines
31:00moi, souvent, j'étais un peu coincé
31:02et j'appelais mon fils, je disais, allô Antoine
31:04dis-moi un peu, on va parler de telle et telle chose
31:06donne-moi des éléments, je ne les ai pas
31:08et petit à petit, je m'y suis mis
31:10et résultat, vous avez eu un 7 d'or
31:12en 2001. Je suis content, je suis content
31:14parce que je l'ai eu, justement
31:16pour tout le sport, et je l'ai eu
31:18la seule année où c'était le vote
31:20du public, parce qu'avant, c'était
31:22les boîtes intérimaires, les machins
31:24tout le monde votait, comme ça, bon
31:26et là, l'année où c'est le public qui a voté
31:28ben j'ai gagné, ça c'était un des plus beaux jours
31:30de ma vie. Et puis
31:32effectivement, tout le sport vous a
31:34permis de réaliser votre rêve
31:36et il y a une chanson qui évoque ce rêve
31:38Et là le maillot
31:40Le maillot
31:42Le maillot jaune
31:44Marcel Hamon, le maillot jaune, c'est vrai que
31:46votre rêve s'est concrétisé, vous avez pu
31:48commenter le Tour de France. Ah j'ai pu le commenter
31:50j'ai pu emmener aussi Marcel Hamon dans ma voiture
31:52à certains moments, et il nous chantait
31:54sa chanson, à tue-tête
31:56ouais, c'était un de mes rêves et j'ai réussi à le faire
31:58j'ai fait 14 Tours de France, parce que
32:00je faisais l'émission du matin
32:02et l'émission du soir, et puis pendant 2 ans
32:04j'ai eu la joie de commenter
32:06le Tour de France, avec
32:08comment il s'appelait, qui est-ce qu'il y avait avec moi
32:10avec Laurent Jalaber et avec
32:12Laurent Fignon, et là c'était
32:14le nirvana quoi, c'était extraordinaire
32:16Et l'une de vos plus grandes rencontres, c'est Arnold
32:18Schwarzenegger. Ah oui oui, il faisait pas
32:20de vélo Arnold, mais il adorait
32:22l'ensemble, et il est venu un jour
32:24sur le Tour de France
32:26et il a accepté de répondre à mes questions
32:28pendant plus d'une heure, en direct
32:30et c'était, alors quand il est arrivé
32:32il y avait un peu de retard
32:34il me fait no correct, no correct, il me prend ma main
32:36oh, j'ai senti tout de suite
32:38c'est un cadeau
32:40et puis, on a fait une émission
32:42extraordinaire, et alors
32:44concours de circonstances ce jour-là, l'émission
32:46se passe bien, et je voyais un monsieur
32:48qui était adossé à
32:50un arbre un peu plus loin, comme ça
32:52et après j'ai appris qui c'était, c'était
32:54monsieur John Kerry, qui aurait pu être
32:56président des Etats-Unis, qui avait été
32:58battu, mais qui était lui aussi
33:00supporter d'Armstrong, et qui était là
33:02et personne ne l'embêtait
33:04et c'est vrai que, pour
33:06Schwarzenegger, l'amour
33:08de la politique est venu parce qu'il a rencontré
33:10Jackie Kennedy, et qu'il a dit
33:12je veux faire comme John Kennedy
33:14il est devenu gouverneur, mais comme il n'était pas américain
33:16il ne pouvait même pas prétendre à être président
33:18mais ça a été un bon gouverneur
33:20un peu comme Reagan à une autre
33:22époque comme président, ce sont des gens
33:24qui ont un charisme fou, et quand on a
33:26un charisme fou, on s'entoure bien et on fait de belles choses
33:28et il est arrivé pour la première fois
33:30au Festival de Cannes à ses débuts
33:32avec son premier film, il faisait le
33:34culturiste sur la croisette
33:36et personne ne le remarquait, ils disaient qui c'est ce type là
33:38et c'est comme ça que ça a commencé, qu'ensuite
33:40il a réussi à devenir un grand acteur
33:42tout ça vous a
33:44marqué jusqu'à votre retraite ?
33:46Moi ça me marque, et j'y pense très
33:48très souvent, j'en parle dans le bouquin
33:50on en parlera peut-être tout à l'heure
33:52c'est grâce à ces rencontres que moi je me suis évadé
33:54et que j'ai rêvé beaucoup. On va en parler
33:56de ce livre à travers la date du 5
33:58février 2025, la date de sortie
34:00à tout de suite sur Sud Radio
34:02avec Henri Sagné
34:04Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis
34:06Sud Radio, les clés d'une vie
34:08mon invité Henri Sagné
34:10le 5 février 2025 est paru
34:12un livre, le jour où j'irai
34:14après à marcher aux éditions du Rocher
34:16et c'est un livre qui raconte
34:18ce que vous venez de vivre
34:20et ce qui relève du miracle, puisque vous êtes devant moi
34:22aujourd'hui, moi effectivement j'ai failli vous accueillir
34:24dans les clés d'une vie, voici 4-5 ans
34:26et puis vous aviez eu un accident
34:28vous racontez dans ce livre comment vous avez
34:30réappris à marcher et comment ça s'est passé
34:32parce que vous êtes à la retraite, vous êtes
34:34à la campagne tranquillement, vous êtes maire
34:36de votre village et puis un jour vous faites
34:38une promenade à vélo. On m'a dit
34:40tu vas voir, tu es en retraite, c'est cool
34:42et puis tu vas
34:44attraper un virus, tu auras quelque chose, tu vas faire une chute
34:46ça va pas se passer aussi bien que ça
34:48parce que toi t'es un excité du bocal, t'es toujours
34:50en train de courir, tu fais 50 000 trucs
34:52et là le fait de te retrouver plus cool
34:54ça va pas très bien se passer
34:56malheureusement, ça s'est passé un peu
34:58de mauvaise augure, mais j'ai attrapé un virus
35:00semble-t-il, j'ai d'abord fait une chute de vélo
35:02une chute de vélo ? Tout bête
35:04une voiture que vous n'avez pas vue ?
35:07c'est de ma faute, moi je roulais avec ma femme
35:09sur le bord de la Somme
35:11entre la mer et chez moi
35:13et puis j'en avais marre, ça allait pas
35:15trop vite, pourtant elle a un vélo électrique
35:17mais bon, j'en avais marre, ça me chatouillait
35:19dans les jambes, je me suis dit là il y a un pont
35:21je vais passer au-dessus
35:23comme ça et puis je vais la rejoindre dans le bas
35:25j'ai foncé mais j'ai oublié que j'avais pas priorité
35:28la priorité c'était pour les voitures qui passaient
35:30et là je me suis emplafonné une voiture
35:32et j'avais pas de casque en plus
35:34mais a priori, cet accident, vous n'auriez dû avoir aucune séquelle
35:36vous en êtes aperçu quelques semaines plus tard
35:38ouais, normalement
35:40j'avais pas de séquelle, j'étais quand même bleu
35:42de la tête aux pieds, j'avais une boule sur la tête
35:44j'avais tout, mais
35:46un mois après, je me suis aperçu
35:48qu'il y avait autre chose et je suis allé voir
35:50un neurologue et on m'a dit oh là là
35:52hospitalisation immédiate
35:54c'était une surprise pour vous
35:56ah oui oui, c'était une surprise
35:58une mauvaise surprise mais en disant
36:00vous n'aviez jamais été à l'hôpital et jamais malade
36:02j'étais allé, j'avais 7 ans et demi pour une appendicite
36:04c'est tout, donc je connais pas les hôpitaux
36:06et donc vous vous retrouvez dans un hôpital à Amiens
36:08et ça va être quelques jours de cauchemar
36:10et vous le racontez dans ce livre
36:12c'est le calvaire, ils y sont pour rien les pauvres
36:14mais c'était en pleine période du Covid
36:16et moi j'étais dans une chambre avec un vieux monsieur
36:18qui braillait tout le temps, qui appelait sa femme
36:20qui dormait pas, enfin bref
36:22de 7 étages à ne pas avoir le Covid
36:24bon alors
36:26c'était pas facile, ils avaient d'autres priorités
36:28alors moi on m'a fait de tout
36:30des piqûres, des machins
36:32des Doppler, enfin j'ai tout eu
36:34et puis ils m'ont trouvé
36:36ils m'ont dit vous avez une
36:38comment ils appelaient ça, une maladie
36:40autonome mais qui s'appelait
36:42j'ai oublié le nom, je l'avais marqué
36:44et ils m'ont
36:46fait un traitement
36:48voilà
36:50mais ce traitement visiblement
36:52ça faisait pas grand chose. En fait ils vous ont dit au départ
36:54Henri Sagné que cette maladie était réversible
36:56et vu votre moral
36:58de gagnant vous avez dit il va falloir que je
37:00gagne. Oui il va falloir que je gagne
37:02et là ils m'avaient soigné avec
37:04de l'immunoglobuline, j'ai retrouvé
37:06le mot, alors bon je sais pas ce que c'est
37:08et puis on m'a envoyé en même temps à Berck faire
37:10de la rééducation, alors à Berck
37:12génial, c'était le paradis, c'était bien
37:14on travaillait beaucoup mais c'était drôle, c'était une autre
37:16ambiance, et puis après
37:18de Berck je suis retourné à Amiens et là
37:20ils m'ont dit, ce sont des gens qui sont
37:22qui sont humbles, ils m'ont dit
37:24nous on trouve pas, on va vous envoyer à Paris
37:26ça c'est bien quand même de leur part
37:28parce que le traitement n'avait pas
37:30marché et ça continuait
37:32et vous aviez appelé Michel Simès
37:34au départ. Ah oui j'ai appelé Michel,
37:36Michel m'a envoyé à Paris faire plein de trucs
37:38et on a pas trouvé parce que
37:40on était pas sur
37:42des maladies
37:44auto-immunes, on était pas là dessus
37:46Michel m'avait aiguillé vers d'autres personnes
37:48qui m'ont reçu tout de suite, le lendemain
37:50j'étais reçu, mais
37:52visiblement c'était pas ça
37:54Qu'est-ce qui s'est passé Henri Sagné
37:56vous le racontez dans ce livre, c'est que petit à petit
37:58votre état s'est dégradé
38:00continuellement, je suis arrivé à l'hôpital
38:02à Amiens, je marchais encore
38:04et je suis sorti de l'hôpital la deuxième fois
38:06j'étais en fauteuil roulant et même en lit
38:08médicalisé. Vous ne sentiez plus rien ?
38:10Non plus rien, j'avais plus rien aux pieds, plus rien aux mains
38:12j'avais les mains
38:14retroussées
38:16c'était une catastrophe, je pouvais pas manger
38:18je pouvais pas aller aux toilettes, je pouvais pas
38:20prendre de douche, enfin bon c'était
38:22le calvaire pour moi, vraiment
38:24un vrai calvaire. Mais il y a des moments où vous vous êtes dit
38:26c'est fini ? Non, non, pas du tout
38:28jamais je n'ai baissé les bras
38:30jamais je ne me regardais dans une glace
38:32parce que la seule fois où je me suis regardé
38:34dans une glace, j'étais livide
38:36j'étais verdâtre et j'avais perdu 14 kilos
38:38avant les comptes
38:40vous voyez comme ça, vous vous dites bon ça y est c'est fini
38:42vous avez pas eu le temps d'en partir ?
38:44J'ai pu regarder, j'ai regardé la télé
38:46beaucoup, j'ai fermé les yeux, j'ai rêvassé
38:48à des choses bien
38:50et puis je suis parti à Paris
38:52à la pitié sale pétrière
38:54Mais il se trouve aussi qu'à la pitié sale pétrière
38:56ils vous ont traité, ils ont trouvé un remède
38:58Oui, oui, il me faut
39:00une plasma féreze
39:02c'est à dire qu'on vous enlève
39:04le sang au bras droit
39:06le plasma au centre
39:08on vous change le plasma, on vous met un plasma
39:10tout neuf et on vous réinjecte tout ça
39:12par le bras gauche
39:14parce que la maladie que j'ai
39:16qui est une polyradiculonevrite
39:18chronique, ça ne m'arrange pas
39:20chronique parce que ça peut revenir
39:22c'est que les anticorps
39:24que nous avons dans le plasma
39:26au lieu de m'aider, ils se rejettent
39:28contre moi, alors donc on change tout le plasma
39:30Mais ce qui est extraordinaire c'est que
39:32petit à petit, parce qu'ils ont trouvé
39:34la solution, le remède
39:36et la maladie
39:38Oui, ils sont
39:40quelques-uns à avoir trouvé
39:42on était quelques-uns concernés, moi je vois
39:44dans la pièce où je vais me faire
39:46soigner une fois tous les 8 semaines maintenant
39:48on est 5 ou 6 personnes
39:50à chaque fois à recevoir
39:52cette transfusion. Oui, parce que cette maladie
39:54est très rare, mais en même temps il y a
39:5630 millions de personnes qui ont des maladies
39:58qu'on ne peut pas soigner
40:00comme ça. Oui, auto-immune, mais pas forcément
40:02celle-là, il y en a plein
40:04je l'explique à la fin de mon bouquin
40:06C'est pas évident du tout
40:08c'est pas évident, d'autant que moi je n'ai aucun traitement
40:10là vous me voyez, je ne prends pas de médicament
40:12on ne me donne aucun médicament
40:14j'ai rien, j'ai rien, j'ai le droit de boire
40:16j'ai le droit de fumer, non je ne fume pas
40:18ça va, mais j'ai le droit de faire du sport, surtout
40:20il faut faire beaucoup de sport, j'ai le droit de marcher
40:22j'ai le droit de manger
40:24ce que je veux, j'ai pas de contre-indication
40:26aucune
40:28mais j'aimerais bien avoir un petit médicament
40:30qui fasse que mes mains reviennent
40:32et j'en ai pas. Oui, mais déjà
40:34elles reviennent, vous marchez
40:36et c'était pas évident
40:38le jour où vous vous êtes aperçu
40:40que vous pouviez remarcher
40:42ça a été vraiment un changement de vie
40:44et de morale. Ah bah pour moi
40:46ça a changé la vie, c'était une nuit
40:48une nuit je me suis réveillé, bon moi je dormais
40:50dans la salle à manger, dans le salon
40:52parce que les chambres sont au premier étage
40:54il y avait un lit médicalisé
40:56ah oui, oui, oui, j'ai dit je ne vais pas réveiller ma femme
40:58et
41:00j'ai essayé, je me suis levé et j'ai marché
41:02trois pas, trois pas
41:04en m'accrochant aux chaises et je suis allé chercher un médicament
41:06et le lendemain, je l'ai pas dit
41:08et le lendemain matin
41:10on m'a dit mais Dion t'as pris un médicament hier soir
41:12et j'ai fait cinq pas
41:14et le surlendemain six pas
41:16et puis mes petits-enfants étaient là, ils l'ont vu, ils se sont mis à applaudir
41:18j'ai fondu en larmes
41:20Oui, parce que vous avez jamais vu marcher
41:22Ah jamais, ils savaient pas que leur papy
41:24papy loup comme il m'appelle, parce que je les embête
41:26toujours avec des histoires de loups-garous
41:28et bah ils savaient pas que je savais marcher
41:30Qu'est-ce que vous avez ressenti quand vous avez senti que vous pouviez remarcher ?
41:32J'avais un sentiment de fierté
41:34parce que je ne le devais
41:36qu'à moi-même et à tous ceux qui m'ont aidé
41:38à ma femme, aux médecins
41:40aux chirurgiens, à tous
41:42mais j'avais un vrai sentiment, je me suis dit ça y est
41:44ça repart
41:46Vous pensiez remarcher un jour ?
41:48Ah j'y ai toujours pensé, j'y ai toujours cru moi
41:50et il faut jamais dans la tête abandonner ce genre d'idée
41:52si vous vous dites un jour
41:54ça marchera pas, non ça va pas
41:56vous réussirez pas
41:58Vous vous êtes encouragé dans ce sens ?
42:00Ah oui, oui, bien sûr, mais je pouvais pas marcher, j'y arrivais pas
42:02et puis j'ai une fierté, je prenais pas de canne
42:04de trucs comme ça, je veux pas
42:06Mais quand vous avez remarché qu'il y a l'intégration
42:08de vos médecins
42:10Ah bah ça les a épaté
42:12ça les a épaté quand je suis retourné à Berck
42:14parce qu'à Berck ils m'avaient dit on vous garde pas
42:16parce que c'est fini, on a fait tout ce qu'on pouvait
42:18mais j'ai quitté Berck en fauteuil roulant
42:20fauteuil électrique mais fauteuil roulant
42:22et un jour j'y suis allé avec ma femme, j'ai dit Berck c'est pas très loin de chez nous
42:24on va aller les voir là-bas
42:26je suis arrivé
42:28ils m'ont regardé, ils m'ont dit mais c'est un miracle
42:30j'ai dit non c'est pas un miracle, c'est vous
42:32c'est vous qui m'avez aidé, c'est grâce à vous que j'en suis là
42:34alors bah ils étaient fiers
42:36ils étaient contents parce que je leur ai dit écoutez
42:38moi chez vous j'ai appris énormément
42:40et puis à Paris c'est pareil
42:42à Paris quand ils m'ont vu remarcher
42:44ils étaient tous très contents quoi
42:46Et ce livre est pour moi un exemple et pour celles et ceux qui nous écoutent
42:48un exemple que tout est possible aujourd'hui
42:50Ah oui, oui, moi je le dis toujours
42:52tout est possible à condition d'y croire
42:54moi je suis croyant
42:56et je me suis toujours dit
42:58je vais réussir, je vais réussir
43:00là je vais bientôt partir à la montagne
43:02je vais essayer de refaire du ski
43:04avec un exosquelette mais je vais faire du ski
43:06j'ai refait un tout petit peu de VTT
43:08je remarche, je reconduis ma voiture
43:10Oui car vous avez passé votre permis de conduire
43:12Oui je l'ai repassé
43:14Pourquoi ?
43:16Parce que quand on est malade et qu'on a une neuropathie
43:18on n'a pas le droit de conduire
43:20Donc ils m'ont fait repasser le permis
43:22et je l'ai eu du premier coup, j'étais fier
43:24Mais c'est quand même extraordinaire
43:26il y a 2-3 ans vous n'imaginiez pas que vous en seriez là aujourd'hui
43:28Ah non, non, non, j'imaginais rien du tout
43:30je me disais que j'étais mal en point
43:32que ça allait mieux
43:34mais c'est allé plus vite que
43:36que j'osais imaginer
43:38Et vous l'écrivez dans ce livre
43:40vous avez aussi testé les médecines parallèles
43:42Oui Paul, les médecines
43:44c'est un copain
43:46peut-être des petites médecines mais pas grand chose
43:48c'est un copain à la montagne qui est venu me voir
43:50il avait traité
43:52une de mes amies
43:54qui était très malade, qui avait un cancer presque généralisé
43:56et qui s'en est sorti
43:58je me suis dit comment il a fait
44:00je ne sais pas, je n'ai pas voulu savoir
44:02c'est un monsieur qui est très pieux
44:04cette dame-là était très pieuse aussi
44:06et alors il est venu un soir au chalet comme ça me voir
44:08puis il me dit alors qu'est-ce que vous avez
44:10alors je lui ai expliqué, il m'a fait quelques massages
44:12parce que j'avais très mal à l'épaule
44:14il m'a fait un peu marcher
44:16il m'a posé les mains
44:18et il m'a dit bon
44:20je m'occupe de vous
44:22et ça m'a fait du bien
44:24et par la suite il m'a téléphoné
44:26il m'a téléphoné certains soirs quand j'étais chez moi en Picardie
44:28et il m'a dit alors je vous appelle parce que je sens que ça ne va pas
44:30je lui ai dit oui
44:32vraiment
44:34je lui ai dit vous avez du nez
44:36alors il me disait prenez votre téléphone
44:38vous le posez à l'endroit où vous avez mal
44:40et laissez-le une minute
44:42je m'occupe de votre bras
44:44laissez-le une minute sur la tête
44:46alors ça fait sourire certains
44:48même beaucoup
44:50mais moi je n'ai jamais souri parce qu'à chaque fois ça m'a fait du bien
44:52alors c'est peut-être psychique
44:54je ne sais pas
44:56mais c'est un monsieur très bien, très digne
44:58et qui ne m'a jamais demandé un centime
45:00c'est ça qui est important aussi
45:02il y a quelqu'un qui vous a aussi beaucoup soutenu
45:04c'est Michel Drucker
45:06toujours d'une gentillesse extraordinaire
45:08mais ça ne date pas d'hier ni d'avant-hier
45:10quand j'étais à Caen à la télévision
45:12son papa était médecin à Vire
45:14et quand il allait voir son papa
45:16il s'arrêtait au milieu des champs
45:18parce que c'était là qu'était notre station régionale
45:20et il venait participer au journal régional
45:22il nous invitait à déjeuner
45:24on était tous vachement flattés
45:26et lui aussi avait commencé au sport
45:28avec Sport Dimanche, émission inventée par Raymond Marsillac
45:30il passait le dimanche à 20h20
45:32sous la tutelle de Léon Zitrone
45:34qui était horrible avec lui comme avec Thierry Roland
45:36avec Thierry Roland, pareil
45:38et moi j'ai repris Sport Dimanche à une époque
45:40et Michel m'avait encouragé
45:42et puis il m'a toujours encouragé
45:44on s'est vu sur le Tour de France
45:46parce que c'est un fan de vélo
45:48il est venu chez moi à la campagne
45:50quand je fais ma course cycliste, ma cyclo sportive
45:52il était là
45:54et récemment quand il a eu le Téléthon
45:56pas cette année mais l'année dernière
45:58il m'a pris par le bras parce qu'on était mal tous les deux
46:00et puis on est allés tous les deux
46:02pour dire qu'on défendait
46:04les gens du Généthon
46:06qu'on avait besoin de leur recherche
46:08c'était un moment extraordinaire
46:10et puis il y a votre femme
46:12qui témoigne longuement dans ce livre
46:14qui a été très présente
46:16et vous lui devez beaucoup
46:18je m'en suis pas trop rendu compte
46:20je lui dis que je fais mea culpa
46:22parce que quand on est malade on est très exigeant
46:24et moi j'étais très exigeant
46:26j'étais pas bien, je demandais plein de choses
46:28et je voulais pas qu'il y ait un aidant
46:30ou une aidante qui vienne à la maison
46:32je voulais pas d'une tierce personne
46:34c'était pas terrible pour elle
46:36elle était du matin au soir
46:38à mon chef
46:40et moi je m'en suis pas rendu compte
46:42je me rendais pas forcément compte
46:44je trouvais ça presque normal que la femme soit à côté de son mari
46:46mais elle a fait des choses
46:48extraordinaires et je m'en suis pas rendu compte
46:50mais à un moment elle était en pleine déprime
46:54alors là ce qu'elle a écrit là c'est fabuleux
46:56parce que moi je savais pas
46:58à quel point elle était
47:00et là je suis en ségré je dis respect
47:02parce que comme dans tous les coups on s'engueule pour des conneries
47:04pour des petites choses
47:06et là ce qu'elle a fait pour moi c'est magique
47:08alors aujourd'hui vous remarchez
47:10vous faites ce livre le jour où j'ai appris à marcher
47:12vous êtes toujours maire d'ailleurs
47:14ce qui vous a aidé d'ailleurs
47:16l'avenir maintenant
47:18Henri Sagné
47:20l'avenir j'aimerais bien écrire un roman
47:22mais bon je sais pas écrire
47:24ce que j'ai fait c'est un témoignage
47:26mais un roman je vais m'y mettre
47:28parce que moi je suis un type qui a de la tchatch
47:30mais qui a pas forcément une belle plume
47:32d'écriture
47:34alors ça j'aimerais bien le faire
47:36puis j'aimerais surtout voyager
47:38parce que j'avais dit à ma femme
47:40après ma retraite
47:42tu vois j'ai fait le tour de France 14 fois
47:44la France est belle
47:46je vais te faire découvrir des lieux extraordinaires
47:48tous les lieux où j'ai rêvé sur le tour de France
47:50on l'a pas fait
47:52et puis il y a des tas d'endroits où j'ai envie d'aller
47:54pour l'instant on va beaucoup en Guadeloupe
47:56parce que c'est un peu chez moi
47:58j'ai une partie de ma vie qui est là-bas
48:00mais il y a plein de trucs
48:02où j'ai envie d'aller
48:04j'espère que la vie sera longue
48:06encore j'ai envie de retourner aux Etats-Unis
48:08j'adore les Etats-Unis
48:10j'ai fait la traversée des Etats-Unis
48:12en motorhome avec mes enfants et ma femme
48:14j'ai fait plein de trucs comme ça
48:16et j'ai envie de repartir sur les routes
48:18et votre optimisme, votre joie d'y vivre
48:20c'est une leçon d'espoir Henri Sagné
48:22et je recommande à celles et ceux qui nous écoutent
48:24puisqu'on a plus de 41 millions
48:2641 millions et demi
48:28d'écoutes digitales en 2024
48:30sur Soudradio
48:32et ce n'est que le début
48:34et je recommande ce livre
48:36le jour où j'ai réappris à marcher
48:38un message d'espoir pour celles et ceux
48:40qui vous aiment mais pour celles et ceux
48:42qui vont vous découvrir aussi
48:44et découvrir que la vie c'est un bonheur
48:46quand on a le courage de l'affronter
48:48c'est gentil à vous, moi je dis aux gens
48:50battez-vous, ne baissez jamais les bras
48:52et c'est ce que je fais
48:54merci Henri Sagné
48:56et pour aujourd'hui, on se retrouve bientôt
48:58restez fidèles à l'écoute de Soudradio

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