• il y a 10 heures
Avec Henri Loevenbruck, écrivain français.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-01-14##

Category

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Vous avez toujours manié avec autant d'aisance la musique des notes que celle des mots.
00:10Vous êtes devenu un pionnier de la science-fiction dans la presse,
00:14avant de vous tourner vers la fiction que vous avez pris l'habitude de traiter comme une science.
00:18Bonjour, Henri Levenboek.
00:20Bonjour.
00:21Alors, vous publiez un livre pour ne rien regretter, aux éditions Ixo.
00:24Vous avez un parcours d'auteur à succès, de musicien, un parcours étonnant,
00:29et le principe des clés d'une vie, c'est de raconter ce parcours à travers des dates clés.
00:33Et la première que j'ai trouvée, c'est une date qui correspond à la sortie d'un livre,
00:37le 3 octobre 2003, Le Testament des siècles,
00:40qui était un livre qui évoquait l'histoire d'un mystérieux objet,
00:43un message laissé par le Christ, un livre que vous avez bien sûr écrit.
00:47Oui, qui a été pour moi l'occasion d'une grande frustration,
00:54parce que c'est un thriller dans lequel je racontais effectivement l'histoire d'un message laissé par le Christ,
01:00et qui était codé dans un tableau de Léonard de Vinci.
01:04Je ne sais pas si vous me suivez.
01:06Quelques mois plus tard sort un livre qui s'appelle le Da Vinci Code,
01:09et je vous avoue que je l'ai vécu de manière un petit peu étonnée, on va dire,
01:14les points de ressemblance étant assez flagrants.
01:17Alors, ça a été une frustration, mais en même temps, le livre a eu du succès,
01:22c'était mon premier polar chez Frémarion.
01:24Et je crois que vous avez découvert Da Vinci Code sur une table de libraire à Londres.
01:28À Londres, exactement.
01:29Je suis passé devant, c'était chez Waterstones, qui est un grand libraire anglais,
01:34je passe et je vois une pile de livres avec marqué Da Vinci Code,
01:36et je me dis, ça aurait fait un super titre pour mon livre.
01:39Je retourne, je lis la quatrième de couverture,
01:41et je vois que l'héroïne s'appelle Sophie, comme dans mon livre,
01:45que l'opus Dei agit dans l'ombre, comme dans mon livre,
01:49et qu'un tableau de Léonard de Assis cache un secret du Christ, comme dans mon livre.
01:55J'ai eu des doutes.
01:57Et puis, Flammarion a fait quelques recherches,
02:02et s'est vite rendu compte qu'il ne pouvait pas y avoir plagiat.
02:05C'était une coïncidence, c'est-à-dire la même idée au même moment,
02:09les mêmes sources probablement, les mêmes lectures probablement.
02:12Il n'aurait pas eu le temps de plagier mon livre.
02:14En plus, il y a eu le film après qui a fait scandale,
02:17puisqu'il y a l'ami de Wayne Putister qui a refusé que l'on tourne les images chez eux,
02:23parce que ce n'était pas du tout admissible.
02:25Et il y a eu aussi en France l'église Saint-Sulpice à Paris
02:28qui a refusé d'ouvrir ses portes à l'équipe de tournage pour ce film.
02:31C'était blasphématoire.
02:32J'ai bien fait d'être plus discret.
02:35Vous avez toujours eu envie d'écrire, Henri Levenbroek ?
02:38Oui, depuis mon plus jeune âge.
02:41Je pense que ça vient du fait que j'avais un grand-oncle qui était écrivain,
02:44qui était un auteur de littérature populaire, qui s'appelait Pierre Levenbroek,
02:47même si on l'a connu sous plein d'autres pseudonymes,
02:50parce que c'était cette époque où chez Talendier, on utilisait des pseudonymes différents.
02:54Et donc, j'ai grandi entouré de ces livres.
02:57Je voyais dans la bibliothèque de mon papa des livres avec marqué « Pierre Levenbroek » dessus.
03:01Et donc, j'ai probablement idéalisé même le métier d'écrivain
03:04avant même d'écrire et de lire et d'être en âge de le faire.
03:09C'est-à-dire que mes rock stars à moi, c'était des auteurs quand j'étais gamin.
03:13Les livres de Pierre qu'on retrouve encore aujourd'hui sur Internet d'ailleurs,
03:17c'est « La perle de Mascate », c'est « Les pionniers de Fachauda »
03:21et surtout « Saint Hubert, patron des chasseurs » qui vient d'être édité en numérique.
03:25Absolument. La mémoire continue.
03:28Alors, il se trouve que vous commencez aussi à écrire très jeune.
03:31Et je crois que votre premier livre, qui n'a jamais été publié, « Henri Levenbroek »,
03:34c'est à 8 ans, une histoire de guerre ultra-violente.
03:37Oui, je ne sais pas où vous avez trouvé ça.
03:39Ça va faire plaisir à ma maman qui collectionne mes romans inachevés de mon enfance.
03:45Et effectivement, je pense qu'influencé par les films que je devais voir,
03:49j'écrivais des histoires très très violentes.
03:51Ça inquiétait maman qui en a même parlé à son médecin en disant
03:54« Peut-être je devrais l'emmener voir un pédopsychiatre.
03:57Mon fils écrit des histoires dans lesquelles tout le monde meurt dans d'atroces souffrances. »
04:00Mais c'était un roman inachevé.
04:03C'est-à-dire que, assez bizarrement, j'ai écrit des dizaines et des dizaines,
04:08vraiment, de débuts, de premiers chapitres, de débuts de livres, sans jamais les terminer.
04:12Et le premier roman que j'ai achevé, c'est celui que j'ai publié, et là j'avais 26 ans.
04:17Il se trouve que ce qui est étonnant, c'est que vos parents ont fait l'inverse de ce que font les autres parents.
04:22Ils vous ont encouragé à continuer.
04:24Oui, j'ai même failli arrêter, et je pense que j'aurais arrêté
04:27si je n'avais pas eu la maman que j'ai, qui est une femme extraordinaire.
04:30C'est-à-dire que le jour où j'ai commencé à m'inquiéter de mes finances
04:35parce que mes deux premiers romans ne suffisaient pas à faire vivre ma famille
04:43et qu'il fallait bien que je trouve une solution.
04:46J'étais sur le point d'abandonner l'écriture.
04:49Ma mère m'a dit « Si tu fais ça, je te renie.
04:52Si tu as des soucis, je t'aiderai, je serai là pour t'aider. »
04:55Pourtant, elle n'était pas particulièrement aisée.
04:58Elle m'a soutenu, et je lui dois probablement ma carrière,
05:02parce que le livre d'après est celui qui a marché,
05:04celui qui m'a permis de devenir écrivain à plein temps.
05:07J'ai eu beaucoup de chance, mais j'ai grandi dans une famille de littéraires,
05:10donc ça aide. Mon papa aussi était un grand lecteur.
05:13Mais surtout prof d'anglais.
05:15Ils ont travaillé toute leur vie pour l'éducation nationale.
05:18Ils ont travaillé toute leur vie, quasiment.
05:21Mon père, oui.
05:23Et ma maman, à la dernière chaire de sa carrière,
05:27elle travaillait pour une école d'ingénieurs en informatique
05:31qui s'appelle L'Effret, dont elle a pris la direction du département langue.
05:35Ils avaient une passion, je crois, la photo, vos parents.
05:38Oui. Mon papa est un photographe amateur.
05:41Il continue d'ailleurs, il fait des photos formidables.
05:44Et le week-end, l'été, il organisait des concours photo avec ses trois enfants,
05:48mes deux soeurs et moi.
05:50Donc il nous prêtait un appareil argentique.
05:53Et on partait à la chasse à la photo,
05:55et le soir, on développait nous-mêmes les photos dans son petit labo.
05:58Et il donnait des notes à nos photos.
06:01Et voilà, on faisait un concours tous les week-ends.
06:04La photo était très très présente dans ma famille.
06:07Et moi-même, aujourd'hui, je continue d'en faire avec grand plaisir.
06:11Ça m'arrive d'aller dans les salons du livre avec mon appareil photo
06:14et de shooter mes petits camarades, comme on dit.
06:17C'est une bonne façon de rendre hommage.
06:20Mais surtout, il y a une chose étonnante, c'est que si on fait la photo de famille,
06:23il n'y a pas deux professions pareilles dans votre famille, Henri Levenbruck ?
06:26Oui, j'ai une soeur qui est chercheuse au CNRS.
06:31J'en ai une autre qui est ancienne danseuse et maintenant plutôt chorégraphe.
06:36En revanche, mes parents sont tous les deux profs d'anglais.
06:39Ce qui est sûr, c'est qu'on est une famille où l'art, la musique, la littérature
06:45ont toujours été importantes.
06:48Mes parents étaient amis de Georges Brassens,
06:53qui est passé à la maison quand j'étais tout petit.
06:56Du coup, on avait aussi cette sensibilité,
07:00non seulement pour la musique de Brassens, mais aussi pour ses textes.
07:03On parlera de Brassens tout à l'heure,
07:05mais là, il faut évoquer le premier livre que vous avez lu
07:09et qu'on va évoquer à travers un générique.
07:17Alors, Oui Oui, effectivement, je crois que c'est Oui Oui et la gomme magique
07:21qui a été votre livre d'enfance.
07:23C'est peut-être même un livre culte pour moi qui le reste aujourd'hui.
07:27C'est quand même l'un des épisodes de Oui Oui les plus fascinants qu'il soit
07:32parce que Oui Oui trouve une gomme qui permet d'effacer la réalité.
07:35C'est-à-dire, il peut effacer les objets qui sont à côté de lui.
07:39Et ça m'a fasciné.
07:41En réalité, c'est un roman de science-fiction
07:44qui ressemble étrangement à une nouvelle postérieure de Stephen King
07:49qu'il avait appelée World Processor of the Gods
07:52dans lequel un traitement de texte permettait,
07:55quand on effaçait un mot dans le traitement de texte,
07:58le concept disparaissait de la réalité.
08:00Et je pense que Stephen King avait dû lire Oui Oui et la gomme magique
08:04quand il était petit.
08:06Il se trouve qu'Anne Blayton, entre deux clopes des seins,
08:09qui avait créé Oui Oui en 1949, est arrivé en France en 1952
08:12et au départ en Angleterre.
08:14Il s'appelle Noddy, ce qui veut dire « to nod the head »,
08:16c'est-à-dire hocher la tête.
08:18Je trouve aussi que la BD a marqué vos jeunes années.
08:21Vous réalisiez des BD aussi, Henri Levenbroek ?
08:23Oui, je dessinais.
08:25Alors là, pour le coup, c'était moins violent que mes romans.
08:28C'était plutôt de l'humour.
08:30J'avais créé un personnage qui s'appelait Tipex
08:32et dont je racontais les aventures dans des bandes dessinées
08:35que je photocopiais.
08:37Avec un copain, on les revendait
08:39de l'argent de poche au collège.
08:44J'ai très vite pris conscience
08:46que j'étais plus doué pour les mots que pour le dessin
08:48et donc j'ai arrêté.
08:50Vous avez fait des études à la Sorbonne,
08:52lettres anglaises, un peu tout ?
08:54J'ai d'abord fait Hippocane Cagne au lycée Chaptal,
08:57une cagne d'ailleurs d'anglais, de littérature anglaise.
09:01Ensuite, je me suis dirigé vers une maîtrise
09:03de littérature anglo-saxonne à la Sorbonne.
09:06Vous avez parvenu à effectuer votre service militaire
09:09comme objecteur de conscience,
09:11ce qui n'est pas si évident.
09:13A l'époque, il suffisait d'envoyer une lettre.
09:15Il ne fallait pas se tromper dans la lettre.
09:17En revanche, ce qui est sûr,
09:19c'est qu'au lieu de faire 11 mois de service national,
09:21on en faisait 17.
09:23C'était un service civil.
09:25Je l'ai fait chez Amnesty International
09:27où je suis devenu maquettiste
09:29essentiellement de leurs newsletters
09:33mais aussi du rapport annuel d'Amnesty International.
09:35Ça a été une expérience ultra enrichissante.
09:39C'était mon premier contact avec l'humanitaire.
09:45Il se trouve qu'être objecteur de conscience
09:48ça remonte quand même à Marc Aurel.
09:50Si on refusait l'armée, on en entrait dans les ordres à l'époque.
09:52C'était obligatoire.
09:53Là, c'était l'ordre républicain.
09:55Ensuite, vous avez passé un an et demi à Londres
09:57comme professeur.
09:58Au début dans le métier, c'est l'enseignement.
10:00Ce n'était pas à Londres, c'était à Canterbury.
10:02Pour être exact.
10:04Mais j'allais à Londres tous les week-ends.
10:06Vous n'êtes pas loin de la réalité.
10:08J'ai enseigné dans un collège tout près de Canterbury,
10:13dans une petite ville qui s'appelle Raynham.
10:16J'étais un peu le vilain petit cadavre de ce collège
10:23parce que j'arrivais avec la culture française
10:26où l'uniforme n'existe pas.
10:29Dans ce collège anglais qui était très rigoriste,
10:33très strict, il y avait une règle
10:35dans le règlement intérieur du collège
10:37selon laquelle les garçons et les filles
10:39devaient garder au moins 20 cm d'écart entre eux.
10:42Un garçon n'avait pas le droit d'approcher une fille
10:44ni de lui donner la main.
10:46Moi, évidemment, ça m'a beaucoup choqué,
10:48le petit français.
10:50Je crois que j'ai probablement participé
10:53à une des premières rébellions dans ce collège
10:55en incitant les gamins à dire
10:57que c'est un scandale cette règle des 20 cm.
11:00Après, vous avez connu d'autres rebelles
11:02dans un univers très différent
11:04qu'on va évoquer à travers la date du 23 novembre 2009.
11:07A tout de suite sur Sud Radio avec Henri Lavenbroeck.
11:10Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
11:13Sud Radio, les clés d'une vie.
11:15Mon invité Henri Lavenbroeck.
11:17Nous parlerons de votre nouveau roman
11:19On n'a rien regretté chez XO Éditions.
11:21Un succès en perspective.
11:23On en revient à votre parcours qui a débuté
11:25dans une famille littéraire et prof d'anglais.
11:28Et puis, il y a eu la littérature, votre passion.
11:31Et puis, il y a eu autre chose.
11:33Et le 23 novembre 2009,
11:35vous sort un disque, un album
11:37dont vous faites partie des chœurs.
11:47Molly Malone, une femme symbole de Dublin,
11:49une réalité ou une légende, on ne sait pas.
11:51Et surtout, c'est une rencontre avec Renaud.
11:54Et vous avez traduit de l'anglais
11:56les paroles de cette chanson
11:58et de beaucoup d'autres, Henri Lavenbroeck.
12:00Absolument. Un jour, mon téléphone sonne.
12:03Et je décroche.
12:05Et j'entends « Allô, c'est Renaud, à l'appareil ».
12:08Je dis « Renaud ? ».
12:10« Ah oui, le chanteur, pas les voitures ».
12:12Je dis « Ah, bonjour ».
12:14Et Renaud m'explique qu'il sait que mon papa
12:17a travaillé sur des traductions de Brassens en anglais.
12:20Que mon papa était ami de Brassens.
12:22Il sait que je suis moi-même bilingue et anglophone.
12:26Et il a lu trois de mes romans,
12:28qu'il a beaucoup apprécié.
12:30Et donc il me dit « Est-ce que tu serais d'accord,
12:33au tout début, pour traduire mes chansons en anglais ? »
12:36A l'époque, Renaud voulait repartir
12:38faire une tournée en Irlande,
12:40comme il l'avait fait une quinzaine d'années avant.
12:43Mais cette fois-ci, il voulait chanter
12:45ses propres chansons en anglais.
12:47Alors j'ai commencé à traduire des chansons de Renaud
12:49en anglais, en cloque, etc.
12:51Et puis il a abandonné le projet.
12:53Il m'a dit « Non, on va faire le contraire.
12:55Je vais chanter des chansons irlandaises en français.
12:57Est-ce que tu veux bien les traduire ? »
12:59Donc j'ai fait ce travail de traduction avec lui.
13:01Et puis à l'époque, je chantais sur scène de temps en temps.
13:04Et un jour, il est venu me voir,
13:06c'était à l'OPA Bastille,
13:08qui ne s'appelle plus comme ça aujourd'hui,
13:10mais qui était une petite salle de la place de la Bastille.
13:12Et à la fin du concert, il vient dans les loges
13:14et il me dit « Henri, tu chantes tellement mal
13:16que tu pourrais faire les chœurs sur mon album ! »
13:18Je me souviens des débuts de Renaud
13:20à la Pizza du Marais, qui était un petit théâtre.
13:22Je crois qu'on était dix dans la salle.
13:25Il chantait « La java sans joie ».
13:27Ça n'intéressait absolument personne.
13:29Oui, bien sûr. Il a eu le vrai parcours
13:31de cette époque-là.
13:33Le parcours du chansonnier, en fait.
13:35Qui a un peu disparu aujourd'hui.
13:37C'est comme ça que j'ai fini par me retrouver
13:39à faire les chœurs sur l'album « Molly Malone »
13:41aux côtés de Raman Pippin.
13:43Exactement. Qui avait créé « Au bonheur des dames »
13:45et « Audeurs ».
13:47Et qui va reprendre « Audeurs » l'année prochaine
13:49pour un album, je vous le signale.
13:51Il se trouve que Renaud a découvert l'Irlande
13:53lors d'une émission de télévision avec Michel Deniso.
13:55Il est tombé amoureux du pays.
13:57Il a acheté tous les disques possibles et imaginables.
13:59Et entre deux albums originaux, il a voulu faire ça.
14:01Oui, oui.
14:03Ça lui ressemble beaucoup.
14:05Il a fait plusieurs fois des albums en hommage.
14:07Renaud, c'est un passionné.
14:09Quand il découvre quelque chose...
14:11Il est un peu comme moi, d'ailleurs.
14:13On a un petit côté monomaniaque.
14:15Quand il découvre quelque chose qui lui plaît,
14:17il va au bout du truc.
14:19Il se met à tout acheter, tout lire, tout regarder.
14:21Et ça a été le cas pour l'Irlande.
14:23Ça a aussi été le cas
14:25pour d'autres hommages qu'il a pu rendre.
14:27Que ce soit au Nord.
14:29Il a fait un album où il chante le Nord.
14:31Renaud chantait le Nord.
14:33Et puis il l'a fait avec Brassens.
14:35Et Brassens, justement, a chanté lui aussi en Angleterre.
14:45C'est le seul live,
14:47si j'ose parler ainsi, de Brassens
14:49qui a été fait, je crois, à Cardiff.
14:51Il a donné l'autorisation
14:53que cet album sorte.
14:55C'était le 28 octobre 1973.
14:57Et c'était, je crois, pour des étudiants français, là-bas.
14:59Absolument. C'était des étudiants français
15:01avec lesquels mon papa a travaillé.
15:03Puisque leur prof de français
15:05était Colin Evans,
15:07qui est un professeur de français à l'université de Cardiff.
15:09Et qui a fait venir Brassens
15:11à Cardiff, avec mon papa.
15:13Donc c'est un moment
15:15un peu émouvant à chaque fois que j'entends ça.
15:17Et il se trouve qu'il lui a présenté un chanteur anglais
15:19qui s'appelle Jake Thackeray, et qui lui a chanté
15:21Brassens en anglais, en traduisant
15:23les plus connus des chansons
15:25de Brassens pour les chanter en anglais.
15:27On ne pouvait pas compter sur Brassens pour chanter en anglais.
15:29Absolument pas.
15:31Comment votre père était-il ami avec Brassens ?
15:33Par le biais de ce professeur, Colin Evans,
15:35justement, qui était professeur de français
15:37à l'université de Cardiff.
15:39Et qui,
15:41en organisant tout ça, comme c'était un ami de mon père,
15:43il lui a dit, tu sais quoi ?
15:45J'ai contacté Brassens, et il accepte de venir à Cardiff.
15:47Et donc papa a rencontré Brassens à cette occasion.
15:49Ils sont restés amis.
15:51Il reste des souvenirs de Brassens
15:53à la maison. Je ne sais pas si je peux le dire.
15:55Brassens, quand il venait
15:57chez mes parents, il venait avec une
15:59carafe pleine de whisky.
16:01C'est-à-dire qu'il achetait du whisky, mais
16:03il n'offrait pas le whisky
16:05dans la bouteille, il l'offrait dans une belle carafe en cristal.
16:07Et quand il repartait, elle était vide.
16:09Et du coup,
16:11chez mes parents, il y a une collection de
16:13carafe en cristal, dont je sais
16:15qu'un jour, elles ont été
16:17pleines d'un whisky que Brassens
16:19chérissait, et qui lui a
16:21sûrement pas fait beaucoup de bien
16:23à la santé, mais beaucoup de bien au moral.
16:25En tout cas, il offrait aussi
16:27des textes originaux
16:29de ses chansons. Mais comme il recopie
16:31les chansons dix fois, tout le monde est persuadé qu'il a
16:33un original unique, alors qu'ils existent un peu partout.
16:35C'est fort probable. Alors ça,
16:37j'en ai pas à la maison.
16:39Ce qui est étonnant quand même, c'est que vous parlez de Brassens, de Renaud,
16:41et dans votre chambre d'enfant, je crois
16:43qu'il y avait plutôt d'autres
16:45personnages. Il y avait Deep Purple
16:47et Led Zeppelin sur les murs.
16:49Absolument. Il y a quand même
16:51la musique de ma génération
16:53qui est entrée dans ma chambre.
16:55La musique de mes parents,
16:57c'était Brassens, c'était le jazz,
16:59c'était la musique classique, mais la mienne, c'était
17:01Deep Purple, c'était Led Zeppelin.
17:03Finalement,
17:05pas si éloigné que ça.
17:07Dans le temps, ça fait partie
17:09des choses qui durent
17:11dans mes écoutes régulières.
17:13Je continue d'écouter Brassens,
17:15je continue d'écouter Deep Purple et Led Zeppelin.
17:17Comme quoi, il doit y avoir une histoire
17:19de qualité là-dessous.
17:21Vous avez débuté dans la musique, je crois, au lycée,
17:23au clavier, alors que vous n'avez jamais pris
17:25de cours n'importe où.
17:27Si j'ai appris le piano
17:29au début, j'ai un oncle qui est concertiste
17:31et qui était professeur de piano,
17:33Xavier Givelet, qui m'a appris le piano.
17:35Mais très vite, ce n'était pas ça qui m'intéressait
17:37parce que c'était du piano classique.
17:39Moi, ce que j'aimais, c'était
17:41le rock et le jazz. Donc, je suis passé
17:43assez rapidement à l'orgamonde,
17:45qui est l'instrument fétiche
17:47de Deep Purple, justement.
17:49C'est cet ordre de jazz.
17:51Je me suis mis à jouer avec des groupes
17:53de rock.
17:55L'orgamonde, ça a été inventé dans les années 30
17:57par un certain Lawrence Hammond.
17:59Au départ, c'était un instrument destiné aux églises
18:01parce qu'ils n'avaient pas
18:03les moyens d'avoir des orgues à tuyaux.
18:05L'orgamonde était beaucoup plus facile.
18:07Absolument. Il a un son très particulier
18:09qui repose essentiellement
18:11sur le fait que les haut-parleurs
18:13sont sur un axe giratoire.
18:15Ils tournent et donc ça donne cet effet
18:17de vibrato très particulier des orgamondes.
18:19Vous avez commencé à jouer dans différents
18:21groupes de rock, ce qui n'a rien à voir
18:23avec ce que vous faites aujourd'hui.
18:25Ça m'arrive encore de jouer, mais vraiment
18:27pour le plaisir, un week-end,
18:29une occasion. Je continue de jouer
18:31tout seul chez moi. J'ai un petit studio
18:33à la maison où je fais
18:35de la musique, je compose et j'enregistre.
18:37Mais plutôt pour des
18:39vidéos,
18:41des documentaires. C'est de la musique
18:43que je fais seul.
18:45Jouer en groupe, ça fait quelques
18:47années que j'ai arrêté. Ça prend beaucoup de temps,
18:49beaucoup d'énergie et je n'ai plus tout ça.
18:51Mais vous avez intégré à une époque
18:53un groupe mythique qui était les Thrillers.
18:55Qui venaient de Nouvelle-Zélande, je crois.
18:57Non, c'était des Français, mais on jouait
18:59partout. On jouait essentiellement
19:01dans des grands festivals de rock
19:03ou de moto, ou de ce genre de choses.
19:05Donc ça a été une expérience
19:07assez dingue, parce que moi qui avais
19:09l'habitude de jouer dans des toutes petites
19:11salles, devant des tout petits publics, du jour au lendemain
19:13je me suis retrouvé propulsé à jouer devant
19:155 ou 6 000 personnes sur une plage
19:17dans le sud, en avant-première
19:19de grands, grands groupes
19:21et de grands chanteurs.
19:23C'était extraordinaire, je pense
19:25que j'ai jamais aussi bien joué que ces jours-là
19:27parce qu'on est porté par le public.
19:29Il se passe quelque chose de magique sur scène.
19:33Ça a duré quelques années,
19:35j'ai arrêté, j'ai fini par quitter le groupe
19:37en leur disant que j'aimais beaucoup ça, mais que ça
19:39me prenait trop de temps et que mon
19:41temps avait besoin d'être consacré à ma famille.
19:43Et puis vous avez aussi chanté
19:45et vous l'avez dit de teneur.
19:55Eh oui, Les Enfants de la Terre par Henri Lemaître.
19:57Encore une belle trouvaille.
19:59Vous êtes un espion en fait.
20:01Qu'est-ce que
20:03c'est que cette chanson ? Parce que j'ai vu le clip
20:05qui tournait en studio.
20:07Au studio de Jean-Marie Bouvaud
20:09qui se trouve à Deuilabarre.
20:11J'ai enregistré
20:135 chansons à cette époque,
20:15ça doit être à peu près à la même époque,
20:17vers 2008 peut-être.
20:192008-2009 c'est ça.
20:21J'ai enregistré 5 chansons pour faire
20:23ce qu'on appelait un mini LP.
20:25Les albums un peu courts
20:27de 5 titres.
20:31C'était encore une très chouette expérience.
20:33Les musiciens étaient des musiciens que
20:35j'aime beaucoup, qui sont les musiciens du groupe
20:37Volo. Un groupe
20:39qui vient de Nantes si
20:41la mémoire est bonne, où c'est deux frères
20:43qui s'appellent les frères Volovitch.
20:45Et qui ont des musiciens plutôt
20:47acoustiques, extraordinaires. Ils m'ont fait l'honneur
20:49de venir jouer. C'était un grand
20:51plaisir.
20:53Vous avez hésité entre la chanson
20:55et la littérature.
20:57Oui, jusqu'à ce que
20:59je me rende...
21:01Je ne sais pas. Peut-être d'abord
21:03parce que le succès est arrivé plus vite dans la littérature
21:05que dans la musique.
21:07Le choix s'est fait
21:09c'est un choix de raison.
21:11J'ai compris que je pouvais vivre de ma plume
21:13à partir du 3e ou 4e roman.
21:15Je m'y suis davantage consacré.
21:17Et peut-être aussi parce que
21:19ça me convient.
21:21Il y a un confort
21:23incroyable dans l'écriture. Vous êtes seul
21:25chez vous.
21:27Vous avez un seul interlocuteur
21:29qui est votre éditeur. Vous n'êtes pas
21:31confronté à un producteur,
21:33à un diffuseur.
21:35Vous avez une personne avec qui vous travaillez.
21:37Vous prenez votre temps.
21:41Je pense que ça me correspond
21:43mieux.
21:45Ce travail solitaire. Même si j'ai régulièrement
21:47besoin d'aller au contact de mes lecteurs
21:49pour rompre cette solitude.
21:51Mais travailler dans mon petit bureau
21:53tranquillement,
21:55ça me convient.
21:57Ça nous convient aussi de continuer à parler avec vous de cette écriture
21:59à travers la date du 24 novembre
22:012020. A tout de suite sur Sud Radio
22:03avec Henri Lavenbroeck.
22:05Sud Radio, les clés d'une vie.
22:07Jacques Pessis.
22:09Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité
22:11Henri Lavenbroeck. Nous parlerons
22:13pour ne rien regretter, un nouveau roman
22:15chez Ixo. Roman qui a
22:17une ressemblance avec le précédent qui était un succès.
22:19On en parlera. On a évoqué
22:21vos débuts, votre carrière de chanteur.
22:23Vous avez choisi littérature.
22:25J'ai trouvé une date importante.
22:27C'est le 24 novembre 2020.
22:29Vous lancez un appel à la radio
22:31au nom du collectif SAUVONS NOS LIVRAIRES.
22:33Et ça, c'est une chose importante
22:35dans votre vie et pour le monde des livres.
22:37Oui, vous savez, c'était au
22:39moment du confinement
22:41avec l'épidémie
22:43de Covid-21.
22:45Qu'est-ce que je dis ? 19, pardon.
22:47Je suis perdu dans les années.
22:49Et
22:51beaucoup de
22:53libraires ont été obligés de fermer
22:55alors que d'autres enseignes
22:57pouvaient continuer de vendre des livres.
22:59C'est surréaliste.
23:01Ce qui crée une situation
23:03injuste.
23:05Donc on est plusieurs auteurs
23:07à avoir décidé. J'ai décidé d'appeler
23:09plein d'écrivains, plein de copains.
23:11Il se trouve
23:13qu'on a été beaucoup relayés par Sud Radio
23:15d'ailleurs. Donc je remercie votre radio.
23:17Il y avait
23:19l'un de vos journalistes qui avait relayé
23:21l'information à l'époque.
23:23Et notre idée, c'était d'organiser
23:25des séances de dédicaces virtuelles.
23:27C'est-à-dire les gens commandaient un livre
23:29chez un libraire indépendant.
23:31On allait le signer et il se le faisait envoyer par la poste.
23:33Ce qui a permis
23:35à ces libraires de continuer de vendre des livres
23:37pendant les périodes de fermeture
23:39liées au confinement.
23:41C'était un moment assez émouvant.
23:43Et puis c'était
23:45pour nous aussi
23:47un moyen de rendre
23:49l'appareil à tous ces libraires qui nous soutiennent
23:51le reste de l'année. Donc c'était tout à fait justice
23:53que de leur rendre
23:55hommage. Je me souviens de ces hypermarchés
23:57où on avait fermé le rayon livre
23:59alors qu'on pouvait aller ailleurs. C'était totalement nul.
24:01C'était dingue parce que
24:03c'était une période très particulière. En gros, on pouvait
24:05acheter tout sauf des livres.
24:07Je sais que j'ai quelques confrères
24:09pour qui ça a été très pénible.
24:11Moi j'ai un de mes romans qui est sorti
24:13je crois une semaine avant le deuxième confinement.
24:15Ça a aussi été très compliqué.
24:17Mais on a la chance d'être chez un éditeur.
24:19Les éditions Ixo
24:21sont des éditions assez particulières.
24:23Et dans leur singularité
24:25c'est une édition qui publie
24:27assez peu de livres. Justement
24:29pour choyer ses auteurs.
24:31Et
24:33qui a du coup fait ce qu'il fallait à ce moment-là.
24:35Je pense notamment à un de mes
24:37amis et confrères, Olivier Ball, dont le livre
24:39est sorti pile au moment du confinement.
24:41Chez beaucoup d'autres éditeurs
24:43le livre aurait disparu.
24:45Mais Ixo a eu l'élégance de le remettre en place
24:47après le confinement et ça a probablement sauvé
24:49la vie de ce livre.
24:51Vous parlez d'un collectif, vous avez créé un autre
24:53qui est assez particulier.
24:55C'est le collectif de l'imaginaire.
24:57La ligue de l'imaginaire. En 2009
24:59aussi. Je ne sais pas ce qui s'est
25:01passé en 2008 ou 2009 dans ma vie
25:03mais ça a été une année très créative.
25:05C'était en fait pour réhabiliter
25:07le thriller. Alors que finalement
25:09vous êtes arrivé au thriller après différents passages.
25:11Vous avez été journaliste et au départ
25:13dans la science-fiction et vous avez même créé un journal.
25:15Oui. Mais la ligue de l'imaginaire couvrait
25:17un peu tout ça. C'est-à-dire les littératures
25:19de l'imaginaire au sens large. Donc ça allait de la science-fiction
25:21au fantastique en passant par le thriller
25:23et le polar. Mais c'est vrai que mes racines
25:25sont plutôt du côté du fantastique moi
25:27en tant que lecteur adolescent on va dire.
25:29Les deux auteurs que j'ai le plus lus
25:31quand j'avais 14-15 ans
25:33c'était Stephen King et Tolkien.
25:35Donc plutôt du fantastique.
25:37Et puis Le Seigneur des Anneaux qui vous a marqué évidemment.
25:39Et vous avez créé un journal, science-fiction
25:41magazine, qui a duré
25:43quelques années. Ça a été votre premier job d'auteur.
25:45Oui absolument. Et qui
25:47était rattaché au
25:49groupe de presse Flammarion Presse.
25:51Donc ça a aussi été mon premier contact avec les éditions
25:53Flammarion à l'époque.
25:55Ça vous a apporté chance alors que
25:57vous auriez pu continuer dans la science-fiction. Vous êtes passé à autre chose.
25:59Je pense pas
26:01que j'aurais continué parce que
26:03je crois que dans mon caractère, mon
26:05papa disait que j'étais
26:07velléitaire.
26:09Je suis un garçon qui aime changer
26:11régulièrement de genre, de sujet.
26:13J'aime pas rester
26:15enfermé et faire deux fois la même chose.
26:17Je déteste ça.
26:19Donc
26:21ma carrière
26:23le prouve d'ailleurs parce que j'ai vraiment fait
26:25du polar, du roman
26:27historique, de la science-fiction, du fantastique
26:29du roman
26:31de la littérature blanche, généraliste.
26:33J'ai fait un peu de tout et je pense que
26:35non, j'aurais jamais pu m'enfermer
26:37dans la science-fiction. Et je crois que vous avez
26:39fait, bien avant qu'on parle des mouvements MeToo
26:41et autres, le premier roman féministe
26:43et vous avez failli le faire, Henri Levebrecq, sous un pseudonyme.
26:45Oui. C'est drôle parce que
26:47ce pseudonyme,
26:49il reste des traces de ce pseudonyme
26:51parce qu'à la dernière minute, mon éditeur
26:53a dit non Henri, il faut que tu le fasses sous ton vrai nom.
26:55Mais au départ, j'avais l'intention
26:57d'écrire La Moïra sous le nom
26:59d'une femme, une Irlandaise en plus
27:01qui plus est,
27:03dont on avait inventé l'identité, on s'était
27:05beaucoup amusé.
27:07Ça m'a valu l'un des plus beaux compliments
27:09de ma vie parce que j'avais écrit
27:11ce livre avec l'idée que vraiment
27:13on puisse penser que c'était une
27:15femme qui l'avait écrit et ça demande beaucoup de travail
27:17pour un homme.
27:19Donc j'allais voir ma fille, j'allais voir ma compagne
27:21j'allais voir ma maman et je leur disais
27:23est-ce que vous pensez qu'une femme aurait pu écrire ça ?
27:25Alors elle me faisait retravailler, je le retravaillais.
27:27Et puis, un jour l'éditeur a envoyé
27:29le livre à Florence Magnin
27:31qui est une grande illustratrice, une peintre
27:33qui devait faire la couverture
27:35et elle renvoie sa peinture
27:37avec un petit mot, j'ai lu le livre,
27:39j'ai bien aimé et on voit bien que c'est une gonzesse qui l'a écrit.
27:41Et ça pour moi, ça a été
27:43l'un des plus beaux compliments que j'ai reçu dans
27:45ma vie d'auteur parce que je pense que j'avais réussi mon coup.
27:47Voilà, finalement à la dernière minute
27:49l'éditeur m'a
27:51dissuadé de le publier sous pseudonyme
27:53et je l'ai fait sous mon nom et je pense
27:55qu'il avait raison avec le recul.
27:57Mais alors ce qui est drôle, c'est que le livre ayant été annoncé
27:59sous ce pseudonyme,
28:01on en trouve encore la trace dans les bases de données
28:03des lecteurs où on peut voir la Moïra
28:05de Shona McCallion, donc elle n'est pas tout à fait morte.
28:07Voilà, alors ça s'appelait La Loupe et l'Enfant
28:09je crois, et c'était le début
28:11d'une saga qui avait aussi la particularité
28:13d'avoir écrit des sagas comme on fait
28:15des mini-séries à la télévision.
28:17Oui, j'ai fait beaucoup de trilogies.
28:19La Moïra,
28:21Galica,
28:23Les Aventures d'Harry Mackenzie
28:25qui sont en 3 tomes, etc.
28:27C'est un chiffre qui me plaît,
28:29le chiffre 3, un bon chiffre de l'équilibre.
28:31Mais encore faut-il trouver
28:33les éléments et écrire très vite.
28:35Oui, d'autant plus que je ne fais pas des romans courts.
28:37J'ai eu tendance à faire des romans assez longs.
28:39Mais écoutez, je ne fais plus que ça.
28:41Oui, mais même des sagas aussi
28:43rapprochés avec 3 tomes,
28:45c'est quand même beaucoup de boulot,
28:47il ne faut pas s'y perdre.
28:49Je suis un stacanoviste.
28:51Il se trouve aussi que vous avez à l'époque monté une maison d'édition
28:53qui était un clin d'œil à Alexandre Dumas,
28:55Brajlon.
28:57Oui, quand j'ai arrêté le magazine,
28:59avec certains de mes
29:01confrères du magazine, on a effectivement monté
29:03une maison d'édition, les éditions Brajlon,
29:05en 2001.
29:07Et si je me souviens bien, c'était même le 1er avril.
29:09Ce qui nous plaisait beaucoup,
29:11de créer une société le 1er avril.
29:13Je suis resté à leur côté
29:15pendant une petite dizaine d'années,
29:17et puis nos routes se sont séparées
29:19vers 2010 ou 2011, par là.
29:21Et c'est vrai que Dumas, pour vous, c'est un maître.
29:23Absolument.
29:25Ça fait partie de ces lectures
29:27formatrices, formatives
29:29et formatrices
29:31de mon adolescence,
29:33aux côtés de Stephen King et de Tolkien.
29:35C'est probablement
29:37l'un des seuls auteurs que je relis
29:39aujourd'hui.
29:41Il est très rare que je lise un livre deux fois.
29:43Et je pense que Dumas fait partie
29:45des rares auteurs que je peux lire deux fois,
29:47avec peut-être Umberto Eco.
29:49Il y a d'ailleurs un inconditionnel
29:51de Dumas, qui est Robert Louis Stevenson,
29:53l'auteur de L'Obligé au Trésor, qui a dit que
29:55d'Artagnan, dans le Vicomte de Brajlon, était le personnage
29:57le plus humain qu'on puisse imaginer.
29:59Oui, et puis
30:01tous les personnages de Dumas étaient particulièrement...
30:03Il avait une façon
30:05de peindre les personnages qui les rendait très humains.
30:07Plein de défauts, c'était justement ça.
30:09Aujourd'hui, tous les auteurs le savent,
30:11le meilleur moyen de rendre un personnage crédible,
30:13c'est qu'il soit gris et non pas... soit noir,
30:15soit blanc, et c'était la force de Dumas.
30:17Mais avec beaucoup d'humour. Moi, ce que j'apprécie,
30:19ce que j'aime chez Dumas, c'est que c'est
30:21un auteur qui se moque aussi de ses personnages.
30:23Et moi, j'aime beaucoup me moquer de mes personnages.
30:25Je partage cette passion
30:27de la moquerie avec Dumas.
30:29Et dans un genre très différent, vous êtes aussi
30:31un inconditionnel de Romain
30:33Garry et d'Émile Ajard.
30:35Oui, ça c'est une découverte plus tardive, c'est pendant mes études
30:37littéraires, donc à l'époque
30:39quand j'étais en épocane, j'ai découvert
30:41toute l'oeuvre de Romain Garry
30:43et
30:45principalement
30:47les titres
30:49qui m'ont le plus touché étaient ceux qu'il avait écrits
30:51sous le nom d'Émile Ajard.
30:53Que ce soit La Vie de Vançois, Gros Calin
30:55ou Pseudo, qui sont encore
30:57une fois des livres qui m'habitent encore aujourd'hui.
30:59Je relis régulièrement La Vie de Vançois.
31:01Ce qui est extraordinaire
31:03avec Romain Garry, c'est que non seulement
31:05je suis amoureux de sa plume,
31:07mais je suis aussi amoureux du personnage.
31:09C'est-à-dire que c'était un de ses
31:11derniers
31:13grands aventuriers de la
31:15littérature française. Il était à la fois
31:17résistant, à la fois diplomate
31:19ensuite, consul de France, etc.
31:21Et à la fois
31:23écrivain, c'était un homme engagé
31:25mais avec un engagement très personnel.
31:27Ce n'était pas un engagement
31:29de parti, c'était un engagement
31:31philosophique de sa part.
31:33D'autant plus qu'il avait été un grand résistant décoré
31:35par De Gaulle. Mais il y a une histoire étonnante.
31:37Un jour, il vit avec Jeanne Silberg une belle histoire
31:39et elle se fait draguer par Clint Eastwood
31:41pendant un tournage. Il a provoqué
31:43Clint Eastwood en duel. Oui, ça ne m'étonne pas de lui.
31:45Quand on lit La Promesse de l'Aube,
31:47on imagine très bien comment ce personnage-là
31:49s'est créé.
31:51C'est sans doute sa mère. La voix
31:53de sa mère lui dictait sans doute de provoquer
31:55Clint Eastwood en duel.
31:57Il se trouve que vos livres sont traduits dans
31:59plusieurs langues, une dizaine.
32:01Ça va jusqu'en Corée, mais curieusement,
32:03aux Etats-Unis ou en Angleterre, alors que
32:05vous avez des ascendances anglaises, on ne trouve pas
32:07vos livres. Oui, mais c'est
32:09assez fréquent. Vous savez, les auteurs
32:11français sont plus facilement traduits
32:13dans à peu près toutes les langues sauf la langue anglaise
32:15parce que le marché anglais est saturé.
32:17Les auteurs...
32:19Le marché de l'édition en Angleterre et aux Etats-Unis
32:21est saturé par les auteurs
32:23anglophones qui viennent d'Australie.
32:25Donc ils s'intéressent assez peu
32:27à la littérature française. C'est très
32:29rare qu'un auteur français soit traduit là-bas.
32:31Et c'est vrai que dans mon cas, c'est dommage parce que
32:33c'est l'une des rares traductions que je pourrais lire
32:35de mes livres, même si je dois vous dire
32:37que je parle le russe et que donc je
32:39peux lire mes livres en russe puisqu'ils sont traduits
32:41en Russie. Donc c'est ma consolation.
32:43Et en Corée du Nord aussi. Alors ça, je ne lis pas.
32:45Alors il se trouve que, effectivement, l'anglais
32:47c'est votre langue presque
32:49maternelle aussi. Et il se trouve
32:51qu'on a beaucoup traduit des chansons
32:53d'anglais en français comme celle-ci.
32:55Il portait des culottes,
32:57des bottes de moto, un blouson
32:59de cuir noir avec un aigle sur le dos.
33:01L'homme à la moto, en fait, c'est une chanson
33:03de Chers qui s'appelle
33:05en anglais très mauvais
33:07Black Denim Trousers and Motorcycle Boots.
33:09Et Jean Dréjac, qui était à l'époque
33:11l'amant d'Edith Piaf, va aux Etats-Unis
33:13et lui dit traduis-moi cette chanson.
33:15Il en a fait L'homme à la moto, puis il est reparti ensuite
33:17avec quand même un joli pactole.
33:19Et si je parle de la moto, c'est que la moto, c'est
33:21très important pour vous, Henri Levenbroek.
33:23Oui, absolument.
33:25C'est probablement
33:27un de mes grands moments
33:29de liberté,
33:31même s'il y a aussi l'équitation.
33:33Mais c'est vrai que quand je suis
33:35à moto, je pense que
33:37tout le reste disparaît.
33:39C'est-à-dire que j'ai régulièrement besoin
33:41de m'évader
33:43sur ce véhicule solitaire
33:45et assez paradoxalement
33:47de partir rouler avec des amis.
33:49Le plaisir de la moto, c'est un plaisir
33:51solitaire qu'on aime partager.
33:53Et il y a un autre plaisir qui est né
33:55à l'accident de moto, c'est la collection de montres cassées.
33:57Oui, vous avez
33:59vraiment une belle documentation.
34:01Ça date de 2005.
34:03J'ai eu un accident de moto en 2005.
34:05C'était en me rendant
34:07à une dédicace dans l'Est de la France.
34:09Et je suis sur l'autoroute
34:11et je vois marqué
34:13Thionville, sortie Thionville.
34:15Et je dis, tiens, c'est là que mon papa est né.
34:17Et je sors de l'autoroute
34:19et sur la bretelle de sortie, j'ai un accident.
34:21Et donc, dans ma tête, pendant les longues
34:23secondes, ils m'ont paru une éternité
34:25conduire
34:27mes cascades
34:29pendant ma chute à moto.
34:31Je me suis dit, c'est quand même con, je vais mourir dans la ville
34:33où mon papa est né.
34:35Et finalement, je m'en suis sorti.
34:37Et quand je suis arrivé à l'hôpital
34:39et qu'on a voulu
34:41faire une radio de mon corps entier,
34:43on m'a enlevé ma montre en me disant, bon,
34:45elle est cassée, on la jette.
34:47Et je dis, certainement pas, ne l'achetez pas, je veux la garder
34:49puisqu'elle s'est arrêtée à l'instant
34:51où j'aurais dû mourir et où je ne suis pas mort.
34:53Et depuis ce jour-là, j'ai cette
34:55espèce de manie bizarre
34:57de collectionner les montres cassées
34:59en demandant aux gens
35:01qui me donnent une montre cassée de me raconter
35:03comment la montre s'est cassée.
35:05J'ai par exemple une montre cassée qui est appartenue
35:07à la grand-mère de Jeannine Boissart.
35:09Figurez-vous, elle m'a offert
35:11la montre de sa grand-mère en me racontant
35:13comment elle s'était cassée. Et là,
35:15l'un des grands souvenirs de ma vie,
35:17c'est pour ma 40e année,
35:19il y a quelques semaines,
35:23pour mes 40 ans, il y a 12 ans,
35:25mes amis m'ont offert
35:27une très belle montre,
35:29une montre Hamilton, figurez-vous, qu'ils ont posée
35:31au milieu de la table, ils ont sorti des marteaux
35:33et ils ont cassé la montre devant moi
35:35en me disant, au moins celle-là, tu sauras
35:37comment elle a été cassée. Donc c'était à la fois
35:39un geste horrible, parce que casser une Hamilton neuve,
35:41c'est quand même triste, mais
35:43ils avaient très bien compris la force du symbole
35:45et je la chéris d'entre toutes mes montres cassées.
35:47Alors maintenant, on va remettre les pendules à l'heure
35:49avec une autre date, le 24 octobre
35:512024. A tout de suite sur Sud Radio
35:53avec Henri Lavenbroeck.
35:55Sud Radio, les clés d'une vie.
35:57Jacques Pessis. Sud Radio,
35:59les clés d'une vie. Mon invité Henri Lavenbroeck,
36:01on a parlé de votre carrière,
36:03de vos premiers succès littéraires, de musique
36:05et le 24 octobre 2024
36:07est sorti un roman
36:09qui s'appelle Pour ne rien regretter
36:11chez XO et ce roman,
36:13il nous fait irrésistiblement penser à une chanson.
36:15Je veux mourir malheureux
36:19Pour ne rien regretter
36:23Pour ne rien regretter. En plus, je m'appelle
36:25Henri au début. Vous avez pensé à Balavoine
36:27en écrivant ce livre ?
36:29Énormément. J'ai énormément pensé à lui
36:31pour tout un tas de raisons. Alors non pas parce que la chanson
36:33commence par « Je me présente, je m'appelle Henri »
36:35qui est un pur hasard, mais parce que c'est un texte
36:37d'une force incroyable
36:39qu'il a écrit très jeune.
36:41On oublie souvent que Balavoine
36:43était un auteur
36:45et puis un auteur précoce parce qu'il est
36:47extrêmement jeune quand il écrit cette chanson.
36:49Et c'était
36:51l'un des artistes
36:53de ma génération
36:55dont je me sentais le plus proche.
36:57Je me souviens d'avoir été
36:59très affecté par sa disparition.
37:01Il y avait
37:03cette figure engagée,
37:05authentique et sincère
37:07chez Balavoine qui me touchait énormément
37:09et en plus, il écrivait de très belles chansons.
37:11Il faut savoir que cette chanson,
37:13il l'a écrite en disant « Si ça ne marche pas,
37:15si je n'en rends pas 30 000, j'arrête » car il n'y avait que
37:17des échecs. Il en a vendu 100 000.
37:19Donc il était rassuré. Alors, ce nouveau roman
37:21pour ne rien gratter, c'est
37:23non pas la suite, mais il y a un univers proche
37:25d'un livre qui est devenu culte,
37:27« Nous rêvions juste de liberté » qui a été
37:29un de vos best-sellers.
37:31Oui, vous savez ce qu'on appelle
37:33un long-seller, c'est-à-dire
37:35que ce n'est pas un best-seller tout de suite,
37:37c'est un best-seller au bout de quelques années.
37:39Quand le livre est sorti,
37:41quand « Nous rêvions juste de liberté » est sorti,
37:43le livre n'a pas eu beaucoup de succès en librairie.
37:45Et puis, au bout de 2 ans, 3 ans,
37:474 ans, le bouche-à-oreille a fonctionné
37:49et aujourd'hui, c'est devenu l'une de mes meilleures ventes.
37:51Ce qui est plutôt
37:53bon signe
37:55par rapport au livre. Vous savez, moi,
37:57je dis souvent
37:59les gens qu'on apprend
38:01à aimer lentement sont celles
38:03qu'on aime le plus longtemps.
38:05Ce premier roman, « Nous rêvions juste de liberté »,
38:07c'était une histoire qui se passait à motos,
38:09justement, et qui était
38:11une défense de la société
38:13telle que vous la voyez.
38:15C'était un roman qui racontait ma génération.
38:17Réellement, c'est-à-dire
38:19cette espèce de génération insouciante
38:23des années 70
38:25qui rêve
38:27de liberté et est prête à bouffer
38:29le monde, à partir sur les routes pour
38:31aller à l'aventure et manger le monde
38:33avec une espèce d'insouciance
38:35et de légèreté qui, très vite,
38:37est confrontée à la réalité.
38:39Ces gamins qui partent à motos
38:41sur les routes dans « Nous rêvions juste de liberté »
38:43sont très vite confrontés
38:45au prix de la liberté
38:47et découvrent que la liberté, ça coûte cher.
38:49C'est extrêmement cher.
38:51Ce nouveau roman se déroule dans le même univers, « Pour ne rien regretter »,
38:53avec un sujet
38:55d'actualité qui est celui de la génération
38:57d'aujourd'hui, puisque il faut évoluer,
38:59qui est l'environnement, au départ.
39:01« Pour ne rien regretter »
39:03est un roman qui, pour moi,
39:05symbolise la nécessité
39:11que les deux générations,
39:13ces deux générations-là,
39:15se tendent la main.
39:17Pour ne rien regretter,
39:19c'est un peu la génération de ma fille
39:21et parle de tous les défis auxquels
39:23les gamins d'aujourd'hui sont confrontés.
39:25Ce sont des défis sociologiques,
39:27économiques, climatiques,
39:29environnementaux.
39:31Et, il faut qu'on soit honnête,
39:33on leur a laissé le monde dans un état pas terrible.
39:35Et je pense que
39:37j'avais besoin que
39:39la réconciliation entre ces deux générations
39:41soit incarnée dans ce livre-là.
39:43C'est-à-dire que c'est l'histoire d'un type qui s'appelle Freddy
39:45et qui tend la main à une gamine qui s'appelle Vera
39:47et ensemble, ils vont essayer
39:49de confronter les problèmes que j'ai évoqués,
39:51c'est-à-dire les défis
39:53qui sont les défis de notre société actuelle.
39:57J'avais envie de faire un roman un peu positif,
39:59avec,
40:01présenter une espèce d'avenir désirable,
40:03mais un avenir désirable que
40:05ces deux générations vont aller
40:07chercher ensemble et construire ensemble.
40:09Il y a l'écologie, la liberté,
40:11la pollution, les forêts qui disparaissent,
40:13tout ça incarné par cette jeune femme,
40:15Vera, qui voit une terre
40:17dévastée mais qui la voit pas comme nous ou comme vous.
40:19Oui, je pense
40:21que, enfin voilà, j'ai écrit ce livre un peu
40:23à la manière d'un conte philosophique de Voltaire,
40:25c'est-à-dire que j'ai fait une peinture
40:27du monde dans lequel nous vivons
40:29aujourd'hui, mais vue à travers
40:31les yeux d'une enfant pleine de poésie
40:33qui a une façon de s'exprimer
40:35très particulière, très singulière,
40:37c'est presque une extraterrestre,
40:39Vera, dans le livre, qui observe
40:41la terre et qui la décrit avec ses mots à elle.
40:43Ça permet un
40:45décalage qui est le principe même du conte
40:47philosophique, c'est-à-dire que j'invite
40:49le lecteur à faire une petite pause
40:51et à re-regarder
40:53notre actualité avec des yeux nouveaux
40:55et à se poser des questions plus essentielles.
40:57Et votre personnage,
40:59Vera, regarde le monde nouveau
41:01justement avec des yeux particuliers car
41:03elle souffre de ce qu'on appelle l'introversion
41:05qui est peu connue.
41:06Oui, alors c'est elle qui met ce mot-là
41:08sur son trouble.
41:10À un moment, elle évoque la possibilité
41:12qu'elle ait même un trouble autistique,
41:14mais en réalité, moi je pense
41:16que c'est la plus normale de tous
41:18les personnages qu'il y a dans ce roman,
41:20c'est-à-dire qu'elle a un regard totalement
41:22innocent et totalement
41:24authentique et vierge.
41:26C'est-à-dire que
41:28la poésie de Vera, c'est celle-là,
41:30c'est la poésie de l'authenticité
41:32et de la vérité dans sa façon de percevoir le monde.
41:34Nous, on est tous
41:36influencés par l'endroit où on a
41:38grandi, le pays où on a grandi, les parents qu'on a eus.
41:40Vera,
41:42elle a un regard beaucoup plus neutre,
41:44beaucoup plus tendre.
41:46Et voilà, c'était aussi une façon
41:48de rendre hommage à Romain Garry
41:50et à la vie de Vansois. Évidemment, on a un peu la voix
41:52de Momo dedans.
41:54En même temps, c'est une fille qui se pose des questions sur le lycée,
41:56elle ne voit pas du tout à quoi ça peut servir.
41:58Oui,
42:00alors elle dit, je ne comprends pas pourquoi
42:02on nous oblige à prendre
42:04la date de la signature du traité de Rome
42:06et pourquoi on ne nous apprend pas à faire de la cuisine,
42:08par exemple.
42:10Qui n'est pas bête, d'ailleurs.
42:12Oui, elle regrette qu'elle n'ait pas appris à réparer un vélo
42:14à l'école.
42:16Elle a une
42:18espèce d'interrogation
42:20sur l'aspect pratique
42:22de l'enseignement, c'est sûr.
42:24Mais ce qu'elle veut dire par là,
42:26c'est qu'en réalité,
42:28il est fort probable que l'éducation qu'on reçoit
42:30aujourd'hui ne nous prépare pas du tout
42:32aux défis de demain.
42:34C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de choses
42:36qu'on apprend à l'école qui risquent de ne pas
42:38nous servir si on n'a pas résolu les défis auxquels
42:40on est confrontés, qui sont essentiellement
42:42des défis environnementaux.
42:44Et pour ça, vous créez un monde particulier
42:46qu'il y a déjà évoqué
42:48dans un livre précédent, c'est-à-dire
42:50Providence, un lieu qui se trouve
42:52dans le grand nulle part.
42:54C'est ça. J'ai fait exprès de choisir
42:56un nom qui puisse être à la fois
42:58celui d'une ville
43:00anglo-saxonne ou d'une ville française,
43:02Providence. Il se trouve qu'il y a une ville Providence
43:04aux Etats-Unis, dans le Massachusetts,
43:06mais que c'est un mot français.
43:08Et l'idée derrière ça,
43:10c'est que le roman, encore une fois,
43:12comme dans un conte philosophique, ne s'installe pas
43:14dans une réalité géographique, même pas dans une
43:16réalité temporelle, parce qu'on ne sait pas trop en quelle année ça se passe.
43:18C'est vraiment
43:20très symbolique tout ça, c'est-à-dire que
43:22la ville de Providence, elle représente
43:24notre monde moderne,
43:26et l'époque à laquelle ça se passe, on va dire
43:28que c'est une époque
43:30contemporaine, mais sans que je l'ancre
43:32dans des détails
43:34précis. J'avais très envie que
43:36les lecteurs aillent
43:38à l'essentiel et aillent vers l'universel
43:40dans ce livre, plutôt que vers
43:42des détails très contingents.
43:44Et les méchants sont représentés par
43:46certains Goliaths qui créent un réseau
43:48social. Et ça, les réseaux sociaux,
43:50vous les évoquez comme un grand
43:52danger, Henri Levenvroek.
43:54C'est-à-dire l'usage des réseaux sociaux.
43:56Il ne faut jamais incriminer l'outil.
43:58Le réseau social, c'est un outil
44:00qui peut être utilisé pour de très
44:02bonnes fins, mais on peut aussi mal utiliser
44:04un outil. Et il se trouve que
44:06les réseaux sociaux les plus
44:08connus, qui sont des réseaux sociaux propriétaires,
44:10Facebook, Twitter, Instagram,
44:12etc., sont très mal utilisés
44:14aujourd'hui par leurs propriétaires.
44:16C'est-à-dire,
44:18la fonction de base du réseau social
44:20qui est de créer du lien social,
44:22elle est dévoyée aujourd'hui. Au lieu de créer
44:24du lien social, on détruit le lien social
44:26avec les réseaux sociaux. On monte les gens
44:28les uns contre les autres parce que ça fait du buzz
44:30et parce que le buzz, ça permet de vendre de la publicité
44:32et parce que plus les gens restent longtemps
44:34à s'engueuler sur les réseaux sociaux, plus
44:36longtemps ils peuvent voir des publicités.
44:38Donc, ce n'est pas l'outil en lui-même.
44:40Moi, j'aime beaucoup les réseaux sociaux.
44:42Il se trouve qu'il en existe, des réseaux sociaux
44:44alternatifs que je continue de fréquenter.
44:46Mais c'est l'usage qu'on en fait.
44:48C'est la même chose avec l'intelligence artificielle.
44:50C'est un outil formidable.
44:52À condition de bien l'utiliser.
44:54Encore une fois.
44:56Vous évoquez un site peu connu, d'ailleurs, Mastodon,
44:58que vous évoquez dans ce livre,
45:00qu'on connaît mal encore.
45:02C'est un réseau social libre et
45:04open source, et donc qui n'appartient à personne,
45:06qui est hébergé par ses utilisateurs,
45:08donc des gens comme vous et moi.
45:10Ce qui nous met à l'abri
45:12de l'ingérence
45:14de publicitaires.
45:16Je me suis un peu renseigné.
45:18Vous ne savez pas pourquoi Facebook est bleu et blanc,
45:20les couleurs ? C'est parce que Mark Zuckerberg,
45:22son fondateur, est daltonien.
45:24Il ne voit bien que ses couleurs. C'est pour ça que ça a été choisi.
45:26Ça, vous me l'apprenez.
45:28Il se trouve qu'il y a aussi
45:30un côté David contre Goliath. Goliath, c'est le réseau
45:32social qui arrive, et le mythe
45:34de David, qui pour certains
45:36n'a pas existé, mais qui semble avoir existé.
45:38Vous l'évoquez à votre manière, Henri Levenbrouck.
45:40Oui, je crois que...
45:42J'avais envie de montrer aussi
45:44de faire
45:46une peinture un peu
45:48optimiste de l'avenir qui nous attend.
45:50C'est-à-dire que je pense que
45:52on a pris beaucoup de retard dans notre
45:54combat contre les géants qui sont
45:56un peu en train de coloniser notre planète.
45:58Des géants économiques qui sont
46:00en train de racheter plein de boîtes et de devenir des
46:02boîtes de plus en plus grandes et des pieuvres
46:04et qui deviennent des espèces de
46:06mégacorporations internationales. On a perdu beaucoup
46:08de temps, mais c'est encore possible de résister.
46:10Et c'est un peu un appel à la
46:12résistance des lecteurs
46:14et à la fois des générations
46:16jeunes, mais aussi de leurs parents
46:18en disant, est-ce que ça serait pas
46:20mieux qu'on revienne à des choses plus essentielles ?
46:22Je vous donne un exemple. C'est super
46:24un téléphone portable. C'est très très chouette,
46:26mais plutôt que d'envoyer un SMS à sa grand-mère,
46:28le mieux, c'est quand même d'aller la voir.
46:30Et d'aller lui donner la main, et de lui préparer
46:32un chocolat chaud. Et
46:34je crois qu'il faut que
46:36les gens apprennent à résister un peu. C'est-à-dire
46:38qu'on est content d'avoir des téléphones
46:40portables, mais on n'en a peut-être pas besoin
46:42dix heures par jour, et on n'a peut-être pas
46:44besoin d'en racheter un neuf tous les six mois.
46:46Peut-être qu'on peut s'en servir très occasionnellement
46:48et le reste du temps, réapprendre à se donner la main
46:50et à se voir et à passer du temps ensemble.
46:52Dans ce livre, d'ailleurs, il y a un côté résistance
46:54comme pendant la guerre.
46:56Oui, d'ailleurs, les personnages prennent le maquillage
46:58à un moment.
47:00Mais bien sûr !
47:02Je ne suis pas loin de penser
47:04qu'aujourd'hui
47:06l'idée de résistance
47:08soit complètement
47:10idiote. Je crois
47:12qu'il y a une vraie résistance
47:14nécessaire, et que
47:16plutôt que de
47:18s'opposer derrière des bannières
47:20politiques, peut-être que les citoyens
47:22devraient se donner la main et résister ensemble.
47:24C'est-à-dire qu'aujourd'hui, face à l'adversité,
47:26on se réfugie souvent
47:28derrière un drapeau politique
47:30d'un bord ou de l'autre
47:32au lieu de se dire
47:34pourquoi est-ce qu'on ne résisterait pas
47:36ensemble, finalement. Ce sont des choses
47:38qu'on est capable de faire, d'ailleurs, devant des adversités
47:40un peu externes. Quand la maladie arrive,
47:42la politique
47:44reste de côté, et les gens sont capables
47:46de se donner la main et de résister ensemble.
47:48Je pense qu'il faudrait que...
47:50Je pense que
47:52ce livre invite les lecteurs
47:54à réapprendre à résister
47:56ensemble.
47:58Et ce livre est entre autres dédié à vos trois enfants, car c'est pour
48:00vos enfants que vous l'avez écrit.
48:02C'est sûr. Après,
48:04il y a un mea culpa dans ce livre.
48:06Le titre, Pour ne rien regretter,
48:08il fait référence. C'est-à-dire que
48:10je pense que
48:12je peux difficilement dire
48:14que ma génération a laissé la Terre
48:16dans un état impeccable pour la génération
48:18suivante. Donc, je crois qu'on leur doit
48:20des excuses à nos gamins, vraiment.
48:22Mais en même temps, je crois
48:24qu'on a le devoir de les aider
48:26à faire en sorte que leur génération
48:28puisse être bien plus fière que la nôtre.
48:30Vous avez ouvert une voie dans laquelle d'autres
48:32vont s'engouffrer. J'espère.
48:34Mais il y a aussi une autre
48:36chose. C'est-à-dire que ce livre vous appartient
48:38comme une telle évidence. Quelquefois, vous mettez 15 ans
48:40à travailler sur un livre. Là, c'est né en 6 mois.
48:42Oui. Il est venu tout seul.
48:44Alors, sans doute qu'il mûrissait
48:46dans mon inconscient
48:48depuis longtemps.
48:50Et peut-être aussi que j'avais besoin de me sentir mieux
48:52pour l'écrire. Mais c'est vrai
48:54que ça a été comme une fulgurance. J'ai même interrompu
48:56pour la première fois de ma vie la rédaction
48:58d'un autre roman pour me consacrer
49:00à celui-là parce que
49:02j'ai éprouvé un besoin
49:04urgent de l'écrire. Et on sait qu'il
49:06touchera les jeunes. Car dans votre public, Henri Levenruc,
49:08il y a beaucoup de jeunes, même avec qui vous
49:10correspondez quelquefois.
49:12Oui, c'est le plaisir de...
49:14Vous voyez, par exemple, ça, c'est le bon côté
49:16des réseaux sociaux. C'est-à-dire
49:18de pouvoir garder du contact
49:20et trouver même un contact avec l'électorat.
49:22Ou recevoir tout simplement
49:24du courrier, que ce soit électronique ou papier.
49:26Mais c'est vrai que je
49:28chéris beaucoup ça. Je sais que j'ai des confrères
49:30qui n'aiment pas trop les contacts avec l'électeur,
49:32qui sont toujours un peu embêtés dans les salons
49:34du livre, etc. Moi, au contraire, j'adore ça.
49:36Comme je vous le disais tout à l'heure, j'aime beaucoup la solitude
49:38de l'instant, de l'écriture
49:40et de la création. Mais en revanche, après, j'ai besoin
49:42de me réapprovisionner
49:44en sociabilité. Et donc,
49:46les rencontres avec l'électeur, les courriers d'électeurs,
49:48je réponds toujours. Alors, ça m'arrive de mettre un peu de temps,
49:50mais je réponds toujours. Et c'est toujours
49:52hyper gratifiant. C'est rare que les gens
49:54viennent vous voir pour vous dire « c'est nul, j'ai pas aimé ».
49:56En général, ils viennent pour vous dire des choses agréables.
49:58Donc...
50:00Moi, je veux dire des choses agréables. C'est qu'il ne faut pas regretter
50:02d'avoir acheté ce livre, si on l'achète.
50:04Et on doit l'acheter, pour ne rien regretter,
50:06chez Ixo. Parce que c'est un message d'espoir
50:08à un moment où on en a besoin.
50:10Et je pense que vous allez continuer dans ce sens, Henri Levenbrouck.
50:12Je vais essayer.
50:14Je compte sur vous. Merci pour
50:16ne rien regretter chez Ixo. Les clés d'une vie,
50:18c'est terminé pour aujourd'hui. On se retrouve bientôt.
50:20Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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