Jeudi 18 janvier 2024, SMART BOURSE reçoit Grégory Benhamou (Responsable des actifs alternatifs, Blackrock)
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00:00 *Musique*
00:10 Le dernier quart d'heure de Smartbourg chaque soir, c'est le quart d'heure thématique
00:14 qui nous permet d'ailleurs de sortir des marchés cotés pour plonger dans l'univers des actifs privés,
00:18 des actifs alternatifs et en parler avec Grégory Benhamou qui est à mes côtés en plateau,
00:23 le responsable des actifs alternatifs chez BlackRock.
00:26 Grégory, bonsoir.
00:27 - Bonsoir, Jacob.
00:28 - Bienvenue, merci beaucoup d'être avec nous.
00:31 Quelques chiffres quand même pour définir un peu cet univers vaste de plus en plus sur le devant de la scène,
00:38 des actifs privés, des actifs alternatifs.
00:41 De quoi on parle concrètement ? Quels sont les différents grands segments de cet univers ?
00:47 Et moi j'aime bien qu'on mette aussi un peu des chiffres.
00:49 Qu'est-ce que ça représente aujourd'hui dans le monde de l'investissement en général ?
00:54 - Bien sûr, alors vous avez absolument raison de le préciser.
00:57 Quand on parle d'actifs privés, en fait ça regroupe différentes classes d'actifs qui vont,
01:02 juste pour citer les principales du private equity ou capital investissement en français,
01:06 à l'infrastructure, l'immobilier et bien sûr la dette privée.
01:10 Donc c'est déjà assez vaste avec des sous-catégories.
01:12 C'est des investissements de long terme qui sont positionnés pour la croissance
01:16 et qui sont de plus en plus importants pour les portefeuilles de vos clients et de nos clients.
01:22 En termes de chiffres, pour vous donner la taille que ça représente aujourd'hui,
01:26 on parle de 15 000 milliards au niveau mondial.
01:29 Donc c'est assez conséquent et c'est encore en forte croissance.
01:33 Si on veut essayer de donner une image pour que ça soit un petit peu relatif,
01:36 c'est de l'ordre de 10 à 15 % du marché action mondial.
01:39 - Oui, très clair, très clair.
01:41 - La cote mondiale.
01:43 - Et après le PE représente environ deux tiers des encours,
01:48 tandis que l'immobilier, la dette privée et les infrastructures
01:51 représentent seulement entre guillemets entre 10 et 12 % du marché total aujourd'hui.
01:56 Mais c'est ça ce qui est en train d'évoluer.
01:58 - Et c'est dans cette poche, ce un tiers que vous décrivez,
02:01 bon le private equity on connaît depuis un moment,
02:03 c'est deux tiers vous dites de cet univers,
02:05 c'est dans l'autre tiers qu'on a des segments qui sont appelés à connaître
02:09 peut-être les plus fortes croissances devant nous pour les prochaines années, Grégory,
02:14 lesquelles en particulier, je signale au passage, on en redira un mot,
02:19 BlackRock vient de signer un deal structurant dans l'infrastructure
02:23 en rachetant plus de 100 milliards d'encours je crois avec l'acquisition de la société JIP,
02:28 mais pourquoi ces segments-là sont appelés à une croissance décennale ou séculaire devant nous peut-être Grégory ?
02:35 - Absolument, alors vous avez entièrement raison,
02:38 au sein des marchés privés, l'infrastructure en particulier et la dette privée
02:43 sont véritablement les vecteurs de croissance de l'ensemble
02:47 et il y a des opportunités absolument historiques dans ces classes d'actifs-là.
02:52 Aujourd'hui les marchés privés, si on rappelle un petit peu juste l'environnement macro,
02:56 on est quand même dans un changement de régime qui est quand même assez profond,
02:59 qui oblige les investisseurs à repenser leur portefeuille,
03:02 à être plus actifs, à reprendre ce qu'on appelle chez nous, à reprendre le contrôle
03:05 et donc dans ce cas-là évidemment la création de valeur grâce aux marchés privés prend du sens.
03:10 On a identifié cinq tendances de long terme dans lesquelles on accompagne nos clients
03:17 et on leur propose de s'exposer justement à ces tendances.
03:21 La transition vers des économies décarbonées, les changements démographiques,
03:26 - Les transitions digitales, numériques ?
03:32 - Oui, transition digitale, transition numérique, la fragmentation géopolitique
03:38 et l'évolution des services financiers.
03:41 Et justement les marchés privés accompagnent cette croissance,
03:46 ils ont du sens et ils financent l'économie réelle,
03:48 surtout dans un monde dans lequel les gouvernements sont particulièrement endettés
03:53 et bien sûr encore une fois ils jouent un rôle dans les portefeuilles des clients
03:56 en termes de rendement, de diversification, d'accompagnement de leur portefeuille dans la transition
04:02 ou évidemment dans un monde dans lequel il y a structurellement plus d'inflation,
04:05 de pouvoir se protéger contre ça également.
04:07 - Il y aura de plus en plus d'incitation pour les investisseurs historiques de ces classes d'actifs
04:14 mais aussi pour d'autres investisseurs demain peut-être à aller vers ces actifs privés,
04:18 ça va porter aussi la croissance de ces marchés-là, Grégory ?
04:22 - Oui, alors vous parliez tout à l'heure d'infrastructure,
04:25 on pense que justement l'infrastructure va rentrer dans cette décennie,
04:28 ça va être l'âge d'or de l'infrastructure,
04:30 on voit les besoins d'investissement qui sont absolument colossaux
04:34 et on voit aussi des investisseurs qui aujourd'hui ne sont pas encore suffisamment exposés à ces classes d'actifs-là.
04:40 Pour donner quelques chiffres, aujourd'hui ça représente un peu moins de 1500 milliards,
04:46 on pense que ça va doubler d'ici les 3-4 prochaines années, donc autour de 2500 milliards.
04:51 On s'en est rendu compte grâce à la crise que c'est justement des actifs
04:55 qui ont offert de la résilience dans les portefeuilles, de la stabilité, du rendement,
04:59 ça fournit des services essentiels à la société,
05:01 donc ce ne sont pas des actifs qui sont trop volatiles.
05:05 Et comme vous le mentionniez il y a quelques instants,
05:08 la transition vers des économies bas carbone, c'est essentiel
05:12 et ça représente autour de 4000 milliards de besoins d'investissement par an,
05:16 ce qui est absolument colossal.
05:18 - Et ce n'est pas le plus gros chiffre que j'ai entendu,
05:20 il y a des chiffres encore plus élevés qui peuvent être utilisés comme estimation,
05:24 mais ça donne un peu la mesure.
05:26 - Et c'est de l'or de 2 à 3 fois les investissements actuels.
05:29 Donc quoi qu'il en soit, effectivement, il y a des chiffres différents,
05:31 mais la tendance est la même.
05:33 Il y a la transition digitale, on nécessite beaucoup plus d'infrastructures physiques,
05:37 on consomme, on produit et on consomme de plus en plus de données,
05:41 donc que ce soit de la fibre pour le haut débit,
05:45 que ce soit des tours télécom pour la transmission, la mobilité,
05:48 ou derrière des centres de données justement pour le stockage,
05:51 on a besoin de ces infrastructures physiques-là.
05:53 Et évidemment avec les tensions géopolitiques,
05:55 ça a amené à repenser les chaînes d'approvisionnement.
05:59 Là, c'est les besoins en sécurité énergétique,
06:01 donc du coup aujourd'hui on va complètement revoir toute la chaîne de valeur,
06:06 et là encore ça crée des besoins d'investissement assez conséquents.
06:11 - Il y a une vraie rencontre entre ces actifs privés et les enjeux de demain,
06:14 et les enjeux d'autonomie stratégique aussi,
06:16 qui d'ailleurs chapeautent un peu toutes les tendances
06:20 en matière de transition d'infrastructures énergétiques ou autres,
06:25 qui sont pour nous en tout cas les enjeux en Europe.
06:28 - C'est pour ça que les gouvernements soutiennent ça,
06:31 qu'on va dire "ah, on va le mettre un peu vert en Europe", etc.
06:33 - Bien sûr, les incitations sont là,
06:35 et elles seront sans doute amenées à se multiplier, j'imagine, à l'avenir.
06:38 Qu'est-ce que ça représente ces actifs privés alternatifs
06:41 dans l'univers BlackRock ?
06:44 Ces 10 trillions d'encours au global,
06:50 il n'y a pas plus gros dans le monde.
06:52 Quelle est la place des actifs privés dans vos encours aujourd'hui, Grégory ?
06:57 - Les actifs privés, c'est justement un des trois moteurs de croissance
07:01 du groupe BlackRock, avec la technologie et les ETF.
07:05 Depuis maintenant le début des années 2000,
07:08 on a commencé à constituer une plateforme qui aujourd'hui,
07:10 dans les leaders mondiaux, fait partie du top 5 au niveau mondial,
07:13 uniquement sur les activités alternatives.
07:15 On gère 330 milliards.
07:18 Sur la partie marché privé, on est autour des 170 milliards.
07:22 Et justement, sur l'ensemble des classes d'actifs dont on a parlé,
07:25 le private equity, l'immobilier, la dette privée, l'infrastructure,
07:28 la multigestion alternative également.
07:31 Et évidemment, vu que nous sommes présents, comme vous l'avez rappelé,
07:34 sur l'ensemble des classes d'actifs, y compris sur les aspects liquides,
07:37 ça nous permet d'aider les clients sur l'ensemble du portefeuille,
07:41 puisque justement, quand ils sont en train de restructurer,
07:43 de repenser leurs allocations, ils ont besoin de cette vision globale
07:47 de leur portefeuille, et pour prendre en compte les enjeux actuels.
07:52 Un mot spécifique de la dette privée.
07:55 On a parlé de l'infrastructure, private equity, immobilier, évidemment,
08:00 mais la dette privée en tant que telle,
08:03 pourquoi est-ce que c'est là aussi un segment de marché
08:06 qui connaît de l'intérêt et beaucoup aujourd'hui ?
08:10 À quoi ça sert ? Qu'est-ce que ça finance ? Comment ça fonctionne ?
08:13 Comment on caractérise ce segment de la dette privée particulièrement, Grégory ?
08:18 La dette privée, c'est une autre classe d'actifs qui a connu un essor important
08:22 sur la dernière décennie, et qui devrait encore doubler en termes de taille
08:26 d'ici à 2028, pour atteindre les 3 500 milliards.
08:30 Donc on est quand même encore une fois sur des chiffres assez importants.
08:33 C'est des prêts directs aux entreprises,
08:36 généralement des entreprises de taille moyenne,
08:38 plutôt sur des PME ou sur des ETI,
08:41 par des acteurs privés en dehors des réseaux bancaires,
08:44 en dehors des marchés cotés.
08:46 On est sur des prêts qui sont généralement des prêts à taux variable,
08:49 et donc qui protègent justement les emprunteurs,
08:52 enfin les prêteurs, contre une hausse des taux.
08:56 Et ça permet aussi d'avoir des protections contractuelles,
09:01 des sûretés, et également des covenants,
09:04 qui permettent justement de pouvoir accompagner au mieux les entreprises
09:07 au moment où elles en ont besoin.
09:08 C'est destiné à financer tout type d'activités, de secteurs d'activités,
09:12 ou est-ce qu'il y a quand même des usages spécifiques,
09:15 plus pertinents que d'autres, pour la dette privée ?
09:18 Alors généralement, ça vient financer la croissance,
09:21 que ça soit la croissance externe, donc des acquisitions,
09:24 que ça soit du développement de nouveaux produits.
09:27 Mais c'est des entreprises qui sont relativement matures,
09:30 qui sont des acteurs établis, et des positions dominantes
09:33 sur leur marché national ou international.
09:36 Et souvent, qui sont financées justement par des fonds de private equity,
09:40 qui viennent justement chercher de la dette pour accélérer la croissance et le développement.
09:48 Et maintenant, en termes de thématiques, juste pour répondre à votre question,
09:52 en tout cas en ce qui nous concerne, on a plutôt tendance à être très présents
09:56 sur les secteurs de la tech, de la santé et des services aux entreprises,
10:01 qu'on estime être justement moins cycliques, défensifs.
10:06 Ces dernières années nous ont donné raison.
10:08 Aujourd'hui, on voit qu'il y a effectivement beaucoup d'acteurs
10:11 qui se sont recentrés, qui étaient beaucoup plus diversifiés sur la dette privée,
10:14 qui se sont recentrés là-dessus.
10:16 Mais après, ça ne remplace pas évidemment les relations ou l'expertise
10:19 qu'on a pu développer là-dessus.
10:21 Un mot de l'infra, et du deal JIP,
10:24 qu'est-ce que BlackRock achète avec les 100 milliards et quelques
10:28 d'encours de JIP dans l'infrastructure ?
10:31 Alors, vous avez raison, c'est la plus grosse acquisition de BlackRock
10:35 sur les 15 dernières années.
10:37 Donc la dernière grosse acquisition aussi structurante,
10:40 c'était quand on a racheté Barclays Global Investors.
10:43 Effectivement, cette transaction va nous permettre de créer le numéro 2
10:47 du secteur des infrastructures.
10:50 Et évidemment, on a des ambitions de devenir numéro 1.
10:53 JIP, ou Global Infrastructure Partners,
10:56 c'est le gérant d'infrastructures indépendants le plus important au monde,
11:00 avec des activités diversifiées.
11:03 Ça vient parfaitement compléter nos activités d'infrastructure.
11:07 Donc on gère aujourd'hui un peu plus de 50 milliards dans l'infrastructure.
11:11 Ensemble, ça va nous permettre justement d'offrir à nos clients
11:14 des gammes complètes, allant des fonds propres ou de l'investissement equity,
11:17 au financement, à la solution.
11:19 Et surtout, il n'y avait vraiment pas de meilleur partenaire pour nous,
11:22 puisqu'on est extrêmement complémentaire en termes d'activités
11:26 et en termes également de segments de marché.
11:28 Là où JIP se concentre sur des deals qui sont essentiellement des deals large cap,
11:32 on est plutôt sur du mid cap.
11:34 Ils n'ont pas d'activités de solutions d'infrastructure.
11:37 Ils font de la dette, mais c'est plutôt de la dette high yield,
11:39 là où on est plutôt sur du investment grade.
11:41 Donc en fait, c'était vraiment le partenaire.
11:43 Un deal naturel.
11:45 C'était une option naturelle pour ce deal structurant.
11:48 Effectivement, il n'y en a pas tous les jours chez BlackRock.
11:50 Ça a été l'actualité des derniers jours.
11:52 Merci beaucoup Grégory d'être venu nous éclairer sur ces classes d'actifs
11:56 dans cet univers des actifs privés, des actifs alternatifs.
11:59 Grégory Benhamou qui était l'invité de ce quart d'heure thématique de SmartBourse,
12:02 ce soir le responsable des actifs alternatifs chez BlackRock.
12:06 Merci Grégory, bonsoir.
12:08 [Musique]