• l’année dernière
quand apprendra-t-on de nos erreurs ?
C'est un scénario qui est en train de faire son chemin : celui d’une « réindustrialisation sans salarié » …

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00 Nicolas Demorand : « « Le Téléviseur 21 » en toute subjectivité ce matin avec la directrice déléguée de la rédaction de l'Express.
00:05 Anne Rosancher, bonjour !
00:07 Anne Rosancher - Bonjour Nicolas, bonjour à tous !
00:08 Nicolas Demorand - Vous nous parlez, Anne, ce matin d'un scénario qui est en train de faire son chemin,
00:12 celui d'une réindustrialisation sans salariés.
00:16 Anne Rosancher - Oui, c'est un article des Échos qui me l'a appris.
00:19 Le cabinet de conseil Roland Berger nous propose de penser la réindustrialisation autrement,
00:25 avec le moins de salariés possible.
00:27 Ce scénario dit des usines sans salariés qui misent sur la robotique et l'intelligence artificielle
00:33 reçoit un certain écho auprès des décideurs.
00:36 A l'appui de sa préconisation, le spécialiste de Roland Berger pointe que le coût brut d'une heure de travail d'un ouvrier
00:45 est de 35 euros en France contre 15 en Roumanie et 4 seulement au Maroc.
00:50 On pourrait signaler qu'en Allemagne, il est supérieur, mais mettons, c'est évident que dans une économie mondialisée,
00:55 le coût du travail qui résulte du niveau des salaires et de la protection sociale importe.
01:00 Une fois qu'on a dit ça, la question demeure politique.
01:03 Quels sont les buts de la réindustrialisation ?
01:06 Il y a bien sûr un enjeu de souveraineté sur certains produits vitaux et dans certains domaines stratégiques,
01:12 cet enjeu-là est fondamental, mais il n'y a pas que cela.
01:15 Nicolas Demorand - Et quel est l'autre but alors, selon vous ?
01:18 Anne Rosancher - Il y a également une dimension de société et d'aménagement du territoire.
01:22 La désindustrialisation qui a supprimé plus de 2 millions d'emplois en France en 30 ans
01:27 est une des causes majeures de notre fracture géographique.
01:29 En se tertiarisant, l'économie a concentré toutes ses richesses dans les grandes métropoles.
01:34 L'industrie sans usines qu'avait théorisée le patron d'Alcatel en 2001 a été un désastre.
01:41 De la même façon, nous concentrer aujourd'hui uniquement sur des usines sans salariés ne me dit rien qui vaille.
01:47 Il n'y a pas de fatalité.
01:49 La politique peut beaucoup.
01:50 Concernant le coût du travail, c'était l'enjeu du CICE, vous vous souvenez.
01:54 A l'origine, ce dispositif mis en place par François Hollande prévoyait des baisses de charges ciblées sur l'industrie.
02:00 Mais les entreprises du tertiaire ont obtenu que le dispositif soit appliqué à tous les secteurs,
02:05 ce qui a dilué l'aide apportée à l'industrie et poussé l'avantage des grandes sociétés de services qui n'en avaient pas autant besoin.
02:11 Voilà pour l'énorme rendez-vous manqué.
02:14 Mais il n'y a pas que la baisse des charges.
02:16 Car enfin, on ne peut pas continuer d'importer sans les taxer des biens produits dans des conditions
02:21 qui ne respectent pas les normes sociales et environnementales auxquelles nous nous instreignons.
02:26 C'est une concurrence déloyale qui nous mine et que nous avons ignorée pendant des décennies au nom de l'idéologie.
02:34 Ce qui impliquera forcément de se...
02:36 Excusez-moi, nous ne réindustrialiserons pas sans une part de protectionnisme.
02:41 Ce qui impliquera forcément de se fâcher sur la question avec certains de nos partenaires européens.
02:46 Soit pour les convaincre de la nécessité d'un protectionnisme aux frontières de l'Europe, ce qui est mal parti.
02:51 Soit pour arracher des exemptions nationales.
02:55 Comme disait Clémenceau, il faut savoir ce que l'on veut.
02:58 Quand on le sait, il faut avoir le courage de le dire.
03:00 Et quand on le dit, il faut avoir le courage de le faire !
03:04 - Magnifique ! Merci Anne Rosan, Anne Rosan, chère.

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