Avec Anne Rosencher, journaliste, écrivain et directrice déléguée de la rédaction de l’Express.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite
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00:00 Pour toute subjectivité ce matin avec la directrice déléguée de la rédaction de
00:03 L'Express, Anne Rozan, chère, bonjour ! Bonjour Nicolas, bonjour à tous ! Ce matin, Anne,
00:08 vous voulez nous parler d'une certaine Fida Ash ? Oui, je ne donne pas son nom en entier,
00:14 elle a déjà assez de tracas comme ça.
00:16 D'origine libanaise, Fida est tombée amoureuse de la France en 1989, quand elle y est arrivée,
00:22 à l'âge de 19 ans.
00:24 Aujourd'hui encore, elle raconte avec ferveur sa révolution personnelle d'alors.
00:28 J'ai découvert le dicton « En mai, fais ce qu'il te plaît » et j'ai eu le sentiment
00:32 qu'en France, on est en mai toute l'année, se souvient-elle.
00:35 Depuis, Fida a fait son bonhomme de chemin, elle est devenue prof de maths au lycée et
00:40 a écrit un livre sous forme de témoignage, « Le choix laïque du nain tranquille ». Il
00:45 y a un an, Fida a aussi pris sa carte chez Europe Ecologie Les Verts car elle se soucie,
00:50 dit-elle, de l'avenir de la planète et de justice sociale.
00:53 Elle ne s'imaginait pas que le sujet de la laïcité y serait central, piégé et incandescent.
01:00 Cela, elle l'a découvert à ses dépens, début septembre, sur fond de débat sur l'Abaya.
01:05 Dans une boucle WhatsApp nommée « Agora pour l'écologie » qui regroupe environ 170 militants
01:12 et sympathisants EELV, Fida a posté un message en joignant les Verts d'arrêter de se positionner
01:18 contre l'interdiction de l'Abaya à l'école.
01:21 Dans ce message que j'ai lu, tout comme les réactions qui ont suivi, elle argue du
01:25 fait que ce combat pour l'Abaya à l'école n'est pas progressiste et fait le jeu d'un
01:30 agenda islamiste.
01:31 On peut être d'accord ou pas d'accord, mais les messages qui ont suivi ne furent
01:36 pas de l'ordre du débat.
01:37 C'est-à-dire Anne ?
01:38 Et bien des messages comme « Irrémédiablement, tu n'as pas ta place dans ce parti » ou
01:43 « La croisade islamophobe de Fida n'a rien à faire ici, on se pince quand on sait qu'elle
01:49 est musulmane ».
01:50 Fida continue d'argumenter.
01:51 En tant que preuve, dit-elle, elle ne veut pas faire court avec la pression des Abaya
01:56 dans la salle de classe.
01:57 On lui rétorque qu'elle est comme ses médecins qui refusent de pratiquer l'avortement car
02:01 c'est contre leur philosophie.
02:03 Au fur et à mesure que la boucle WhatsApp s'est échauffée, quelques-uns ont pris
02:07 sa défense, mais trop peu pour empêcher sa marginalisation et à la fin, son éviction
02:13 de la prétendue agora.
02:14 A quoi sert la politique, Nicolas ?
02:17 Si ce n'est à débattre ?
02:18 Si ce n'est à s'adresser à tout le monde ?
02:21 L'esprit sectaire est un étouffoir de l'intelligence collective.
02:25 Cette boucle WhatsApp, parmi d'autres, n'est sans doute pas à l'image de tout le parti.
02:29 En tout cas, elle n'est pas à l'image des électeurs EELV, puisqu'un récent sondage
02:34 de l'IFOP montrait que 80% d'entre eux sont pour l'interdiction de l'Abaya à l'école
02:40 comme Fida.
02:41 Cette histoire en dit long sur un esprit militant qui est en train de faire sécession.
02:46 C'est un esprit de querelle, de posture et d'intimidation.
02:50 Bref, ça n'a plus rien à voir avec la politique.
02:53 Encore une fois, un grand merci et à jeudi prochain.
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