À quoi servent les enquêtes parlementaires ? - En toute subjectivité, Anne Rosencher - Vidéo Dailymotion

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite

Transcript

00:00« 7h21, en toute subjectivité, Anne, mardi, Michel Barnier a annoncé qu'il allait demander

00:11à son gouvernement, je cite, « de tenir compte du travail des enquêtes parlementaires ».

00:16Et ça a retenu votre attention, Anne ? Oui, déjà, il est intéressant que le Premier

00:21ministre ait eu à le préciser, mais ces dernières années, c'est vrai, on a pu se

00:25demander à quoi servent au juste les commissions d'enquêtes parlementaires, à quoi rime

00:29cette mission du contrôle de l'exécutif par l'Assemblée, si l'exécutif n'en

00:33a rien à faire. Je prends l'exemple d'une commission d'enquête que j'avais suivie

00:37de près, celle sur la perte de la souveraineté énergétique de la France. Cette enquête

00:42a duré un an et demi, nécessitait plus de 150 heures d'audition, parmi lesquelles

00:46ont été entendues d'anciens ministres, d'anciens premiers ministres, des PDG, des

00:51scientifiques, tous les maillons qui ont eu à présider ou à guider les orientations

00:56de la politique énergétique ces 20 dernières années. Certaines auditions ont connu un

01:00grand succès. Je me souviens notamment de celle de l'ex-commissaire à l'énergie

01:05atomique Yves Bréchet qui ironisait sur le fait que tout au long de son mandat, il aurait

01:10pu aussi bien envoyer dans les ministères ses rapports reliés des deux côtés, c'est-à-dire

01:14même pas ouvrables, que les destinataires ne s'en seraient même pas aperçus. Au

01:19terme de ses travaux, la commission a accouché en mars 2023 d'un document synthétisé

01:24par deux rapporteurs, dont notre nouveau ministre de l'économie Antoine Armand,

01:28assorti d'une trentaine de recommandations concrètes et urgentes.

01:32Et qu'est devenu alors ce rapport Anne ?

01:34Et bien Nicolas, il faudrait savoir quel armoire exactement il a servi à caler et dans quel

01:38ministère, au moins serions-nous rassurés sur le fait qu'il ait trouvé une utilité

01:43même modeste. C'est simple, me confiait récemment un grand connaisseur de ces dossiers.

01:47En termes de politique nucléaire, nous avons un État qui pendant 20 ans n'a rien fait,

01:52qui pendant 10 ans a détruit ce qu'il avait fait avant et qui maintenant fait semblant.

01:57Cette fois, le gouvernement ira-t-il au-delà des mots, des promesses et des déclarations

02:02d'intention ? Écoutez, nous verrons bien. Car bien sûr, dans le domaine de la stratégie

02:06énergétique et notamment de la recherche nucléaire, rien ne va sans des investissements

02:10conséquents. Et l'on sait qu'aujourd'hui, la contrainte de la dette est plus forte que

02:14jamais. La dette. Mais permettez-moi sur cette question de citer Louis XIV.

02:20Oui, Louis XIV. Dans ses mémoires, il écrit « Les souverains dépositaires de la fortune

02:25publique font assurément contre leurs devoirs quand ils dissipent la substance de leurs

02:30sujets en des dépenses inutiles. Mais ils font peut-être un plus grand mal encore quand

02:35ils refusent de débourser ce qui peut servir à l'avenir de leur nation et à la défense

02:40de leur province. Je ne sais pas ce que le roi Soleil aurait pensé de la souveraineté

02:44énergétique ni de la nécessité de décarboner. Mais enfin, en termes d'avenir de la nation,

02:49ça me semble quand même deux incontournables.