• il y a 11 mois
C'est un terme qui surgit de façon récurrente dans notre conversation publique : celui de « Gaulois ».
En toute subjectivité par Anne Rosencher 18 janvier 2024
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00:00 Le 7/10 sur France Inter.
00:04 7h21 en toute subjectivité ce matin avec la directrice déléguée de la rédaction de L'Express, Anne Rosancher. Bonjour.
00:11 Bonjour Nicolas, bonjour à tous.
00:13 Anne, ce matin vous nous parlez d'un terme qui surgit de façon récurrente dans la conversation publique, celui de « Gaulois ».
00:20 Oui Nicolas, depuis quelques jours je tombe partout sur les Gaulois.
00:24 D'abord j'ai appris par un reportage de TF1 que le fameux coq gaulois, la plus vieille espèce de nos volailles fermières,
00:31 était en passe de disparaître et qu'une poignée de passionnés se mobilisent pour la sauver.
00:36 Ensuite, j'ai lu que l'éditeur d'Astérix avait assez peu goûté que le maire RN de Perpignan, Louis Alliot,
00:43 se serve de l'irréductible Gaulois sur ses cartes de vœux 2024.
00:48 Enfin, j'ai vu qu'elle est sortie ce mois-ci au cinéma.
00:51 L'adaptation du très bon livre de Magie de Cherfi « Ma part de Gaulois ».
00:55 Je me suis dit, c'est intéressant quand même de voir à quel point le terme « Gaulois » s'invite fréquemment dans la conversation publique
01:02 quand il n'y s'aime pas la zizanie.
01:05 Notamment à travers la formule « Nos ancêtres les Gaulois ».
01:09 Qui n'est plus enseigné à l'école mais qui continue de faire chroniquement polémique.
01:13 Certains s'en servent pour exalter une vision ethnique de la France,
01:17 ce qui est un contresens dans notre histoire politique et une aberration dans un pays
01:22 où un quart des citoyens possèdent au moins un grand-parent né à l'étranger.
01:26 En ce qui me concerne, ce sont les quatre.
01:28 D'autres voient dans cette même formule la matrice systémique d'un racisme qui imprégnerait l'esprit français.
01:35 Ils ont tort également.
01:37 Et alors, quelle est votre interprétation à vous Anne ?
01:40 La seule lecture pertinente de « Ses ancêtres les Gaulois », ça n'est pas l'interprétation ethnique
01:45 mais la mise au pot commun, symbolique de l'histoire.
01:49 Je suis un enfant de France, ce qui fait de moi, quelle que soit mon origine ou ma couleur de peau,
01:54 un héritier des différentes strates de son passé et un bâtisseur de son avenir.
02:00 C'est l'idée que chez les citoyens, la symbolique commune prime sur les origines particulières.
02:06 Idées qui avaient à leur façon sublimé Goscinny et Uderzo.
02:10 Je vais vous dire une phrase, une phrase que je connais par cœur, que j'ai déjà citée ici, certains la reconnaîtront.
02:17 « La France enfin, dont certains conspireraient volontiers à m'expulser et peut-être qui sait, y réussiront,
02:24 demeurera quoi qu'il arrive la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur.
02:29 J'y suis née, j'ai bu aux sources de sa culture, j'ai fait mien son passé,
02:36 je ne respire bien que sous son ciel et je me suis efforcée à mon tour de la défendre de mon mieux. »
02:42 C'est l'historien français, juif et résistant Marc Bloch qui écrit ce bijou dans l'étrange défaite,
02:47 quelques mois avant d'être fusillé par les Allemands.
02:51 « J'ai fait mien son passé, mélanger ses racines symboliques à celles de ceux qui nous ont précédés.
02:57 Cela ne veut pas dire bien sûr nier les origines diverses des citoyens ni écrire un roman national monochrome.
03:04 Pour moi, les Gaulois c'était les ancêtres des écoliers.
03:08 Qu'on ait abandonné la formule ma foi, ça n'est vraiment pas grave,
03:12 mais c'est le principe qu'il faudrait ne pas perdre de vue. »
03:15 Heureuse enchère, merci et à jeudi prochain !

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