Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite
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00:00 Il est 7h21 en toute subjectivité ce matin, avec la directrice déléguée de la rédaction
00:07 de l'Express, Anne Rosancher, bonjour.
00:09 Bonjour Nicolas, bonjour à tous.
00:10 Ce matin, Anne, vous marchez éhontément sur les plates-bandes d'Aline Afanoukhoé.
00:15 Je confesse.
00:16 Et oui, vous allez voir Aline, vous nous parlez d'un groupe de musique qui fait un tabac en
00:22 France.
00:23 Oui, ils ont rempli le zénith d'Auvergne le 27 janvier dernier, celui de Toulouse le
00:27 23 mars, celui de Pau deux jours après.
00:30 Ils feront Dijon bientôt, ou encore le zénith de Paris le 12 octobre.
00:33 Et j'en passe.
00:35 Qui ? Qui ? Les Goldmen ! Un groupe formé par six copains du nord de la France, dont
00:41 le chanteur Alain Stévez, ancien ouvrier du bâtiment, joue depuis 13 ans la ressemblance
00:47 avec Jean-Jacques.
00:48 Impressionnant ce zivocal du chanteur.
00:51 Alain s'est aussi bricolé la silhouette J.J.J.
00:54 Époque années 80, jean, chemise blanche, cravate fine, écarré et filé sur la nuque.
01:00 Lui et cinq autres amis se sont lancés en 2010, d'abord dans de petites salles, puis
01:05 de succès en surprise, ils ont rempli ces deux dernières années les plus grands zéniths
01:10 de France.
01:11 Il y a quelque chose de jubilatoire et d'émouvant dans la success story de ces ch'tis, partis
01:18 de rien, qui craquent en coulisses quand ils font l'Olympia en juin 2023.
01:23 Pour ceux que ça intéresse, je conseille le documentaire que leur a consacré TMC en
01:28 début d'année et qui donne comme un coup de sonde dans une France qu'on représente
01:32 assez peu et souvent mal.
01:34 Mais le succès de ce groupe dit autre chose encore, il est un énième témoignage de
01:39 l'incroyable rémanence Jean-Jacques Goldman dans la société française.
01:45 Et bien c'est quand même dingue, ces popularités qui persistent et signent pour un chanteur
01:51 qui lui ne signe plus rien et s'est volontairement retiré de la lumière.
01:55 Élu préféré des Français chaque année depuis 11 ans, sauf en 2016, la passion française
02:03 pour Goldman est un cas à part.
02:05 Avec Jérôme Fourquet, nous avions fait pour l'Express il y a 3 ans un sondage sur ce
02:09 qui nous rassemble encore.
02:11 On avait testé des monuments, des plats, des émissions et des chanteurs.
02:15 Et Goldman ressortait comme une espèce d'ovni, plus fédérateur encore que la Blanquette
02:22 de Vaud ou le Château de Versailles.
02:24 Moi, je suis comme énormément de Français, je l'aime.
02:28 J'ai grandi avec sa musique en bande originale de mon enfance puis de mon adolescence et
02:32 il me suffit d'entendre 3 notes de « La vie par procuration » pour me sentir chez
02:37 moi.
02:38 Goldman a connu son apogée à une époque où la culture populaire nous façonnait un
02:42 univers mental en commun avant que nos goûts ne s'archipélisent et se fracturent selon
02:47 notre sociologie.
02:48 Il y avait bien sûr d'autres chanteurs très populaires en même temps.
02:51 Mais sa cote fédératrice a particulièrement persisté.
02:54 Peut-être est-ce dû à la nature même de ce qu'il chantait.
02:58 Sous les sarcasmes des plus branchés, Jean-Jacques Goldman chantait « Les dames seules qui attirent
03:03 les moineaux ». Il chantait les profs, les cordonniers, les méritants des HLM, les
03:07 rêveurs de mieux et d'Amérique.
03:09 Goldman est un vestige de la France d'avant la fracturation.
03:13 C'est pourquoi nous y tenons tant, comme à un regret ou à un fantôme.
03:18 Nicolas Demorand : merci Anne Rosancher et à jeudi prochain pour « Encore un matin » !