• il y a 8 mois
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite

Category

🗞
News
Transcription
00:00 * Le 7/10 sur France Inter*
00:04 Il est 7h20, toute subjectivité avec Anne Rosancher, directrice déléguée de la rédaction de L'Express.
00:09 Bonjour !
00:10 Bonjour Simon, bonjour à tous !
00:11 Vous nous parlez ce matin d'une phrase qui vous accompagne depuis longtemps, une phrase sur les hommes et les femmes.
00:17 Oui, au fil des portraits ou des enquêtes que le métier de journaliste vous conduit à faire, certaines phrases récoltées vous trottent dans la tête longtemps.
00:25 En ce qui me concerne, l'une de ces phrases m'a été prononcée en 2011 par Anne Lauvergeon quand elle était encore à la tête d'Areva, seule patronne parmi les grands patrons.
00:35 Elle m'avait alors confié avoir développé au fil des années une sorte de radar quant à l'attitude de ses interlocuteurs, quasi exclusivement masculins et pas toujours enclins.
00:45 On ne fait mise à la considérer comme leur égale. Voilà ce qu'elle m'avait dit.
00:51 « Pour les hommes d'une certaine génération, je peux dire très vite, deviner très vite lesquels ont des filles qu'ils aiment. »
00:58 Cela, constatait Anne Lauvergeon, avait à son égard plus de considération.
01:04 Peut-être projetait-il que leurs filles puissent avoir un jour des ambitions, peut-être souhaitait-il un monde où elles soient respectées.
01:12 Car c'est ainsi, il y a souvent un ressort intime derrière les éveils philosophiques ou politiques.
01:18 Depuis, j'ai beaucoup repensé à la phrase d'Anne Lauvergeon et récemment, il m'est même venu à l'idée de l'inverser, notamment la semaine dernière, devant l'affaire Julien Bayou.
01:27 Pourquoi ?
01:28 En gros, Julien Bayou, le député et ancien patron des Verts, vient d'être poussé à la démission de son groupe à l'Assemblée après que son ex-compagne a porté plainte pour harcèlement moral et abus de faiblesse.
01:40 Depuis un an et demi que cette affaire a éclaté, les accusations avaient été jusque-là portées dans les médias.
01:46 La seule enquête menée l'a été par une cellule du parti et elle a été refermée sans charge.
01:52 Voilà qui n'a pas empêché certains militants la semaine dernière de menacer de grève si Bayou n'était pas suspendu, ni la direction du parti d'en appeler au témoignage contre lui.
02:03 Témoigné même pour un petit machin, a confirmé Sandrine Rousseau à la tribune du dimanche, précisant que cela permettrait, je cite, de « dresser un portrait en pointillé ».
02:14 Si vous voulez mon avis, ce pointillisme-là fait assez froid dans le dos.
02:18 Mais après tout, en tant que parti, EELV peut dysfonctionner autant que ça lui chante.
02:23 On verra le résultat dans les urnes.
02:25 Là n'est pas mon propos.
02:27 D'ailleurs, il dépasse le cas de ce parti, loin d'être le seul lieu où se joue ce type d'excès.
02:33 Mon propos, pour en revenir à la phrase d'Anneau-Verjon, c'est que je crois qu'une certaine radicalité militante sera un jour tempérée par le ressort de l'intime.
02:42 Un beau matin, parmi ceux qui prétendent qu'en matière de paroles des femmes, il faut désormais que le balancier s'inverse, quitte à frapper trop vite et trop fort,
02:51 il y en aura qui regarderont leur fils.
02:53 Et ils se demanderont s'ils sont prêts à ce qu'ils se prennent, le balancier en pleine figure pour la cause,
02:59 ou s'ils préfèrent qu'ils vivent ce fils dans un monde où il bénéficie du droit à se défendre.
03:04 Car à la fin, on en revient toujours là.
03:06 Anne Rosancher en toute subjectivité, merci.

Recommandations