• l’année dernière
Avec Michel Desmurget, docteur en neurosciences et directeur de recherche à l’Inserm, Auteur de “Faites-les lire ! Pour en finir avec le crétin digital”, (éditions du Seuil) et Jean-Rémi Girard, président du SNALC, syndicat national des lycées et collèges
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##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2023-12-05##

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00:00 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France. Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite. Vérissure présente
00:06 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:13 Le niveau scolaire de nos enfants, c'est le sujet que nous allons aborder entre 9h30 et 10h. Pourquoi ?
00:19 Et bien parce qu'on attend le rapport, le fameux rapport PISA. Alors pour vous expliquer, le rapport PISA c'est un rapport de
00:28 l'OCDE qui évalue tous les trois ans les systèmes éducatifs des pays membres de l'OCDE et sert d'indicateur aux différents gouvernements pour leur politique éducative.
00:36 Bien, ce rapport,
00:38 nous allons en parler, nous ne l'avons pas mais nous savons à peu près ce qu'il contient.
00:44 Nous allons parler avec nos deux invités, surtout nous allons parler des solutions parce que Gabriel Attal attend ce rapport pour annoncer,
00:50 dit-il, des mesures fortes, pour dévoiler ces mesures. Alors pour en parler,
00:56 Michel Desmurgés qui est docteur en neurosciences, directeur de recherche à l'Inserm, auteur de "Faites les lire" pour en finir avec le crétin
01:03 digital aux éditions du Seuil. Bonjour. - Bonjour. - Merci d'être avec nous. Et avec nous, Jean-Rémi Girard, président du SNALC, le syndicat national
01:11 des lycées et collèges. Bonjour. - Bonjour. - Merci d'être avec nous. - Est-ce que vous avez eu en main ce rapport PISA ?
01:17 Je ne vais pas vous demander ce qu'il y a dedans mais vous l'avez eu ?
01:19 Vous l'avez lu ? - Non. - Non ? - Non. - Vous l'avez lu ? - Non. - Ah non, si le ministère nous communiquait avant ça serait...
01:24 Apparemment il est catastrophique, pour le niveau, ça ne vous surprendrait pas.
01:27 Non, c'est pas surprenant, vu l'opération de
01:30 déminage, d'ailleurs plutôt courageuse du ministre de l'éducation sur le niveau des enfants. C'est la première fois qu'un ministre de l'éducation quand même
01:37 met les choses aussi clairement sur la table. On peut s'attendre à ce que le rapport soit pas
01:41 très sympathique. - Soit pas formidable. - On ne serait pas surpris. - Vous ne seriez pas surpris. Il n'était pas formidable les années précédentes,
01:48 il y a trois ans. - Non, il n'était pas formidable, j'allais dire, il était médiocre.
01:54 - Il était assez médiocre.
01:56 - Oui, oui, alors ça dépend par rapport à qui on compare, c'est-à-dire par rapport aux autres pays de l'OCDE,
02:02 voilà, les... En fait, les Etats-Unis, etc., on est à peu près dans les mêmes eaux, l'Allemagne,
02:08 et puis après il y a le top des pays de l'OCDE, il y avait l'Estonie, il y avait le Canada, et puis après il y avait une première division.
02:14 - Canada et l'Asie. - Non, le Canada est bien en dessous de l'Asie, donc il y avait trois...
02:18 - Il y avait dans le temps, il y avait les pays asiatiques, notamment la Chine, Singapour, etc., qui étaient à 550 points, je crois,
02:25 le Canada devait tourner autour de 500 et la France autour de 480, quelque chose.
02:29 - Mais pourquoi est-ce que les pays... Alors, attardons-nous un instant devant les pays d'Asie. Pourquoi est-ce que les pays d'Asie obtiennent des résultats ?
02:36 - Alors, il y a probablement un ensemble de raisons, alors, mis à part que d'ailleurs on ne teste pas, Pisa, la Chine en tant que pays.
02:43 La Chine fait tester, j'allais presque dire, les endroits qu'elle a bien envie de faire tester.
02:47 - Ah bon, d'accord. Oui, alors attention...
02:49 - Néanmoins, là-dessus, on est d'accord qu'il y a un système asiatique d'apprentissage global qui marche plutôt pas mal.
02:59 Il y a aussi, sans aucun doute, des éléments culturels qui jouent là-dedans.
03:03 La place de l'école est probablement pas la même, par exemple en Corée du Sud, qui est très connue pour ses cours après les cours,
03:10 où c'est quasi obligatoire que les élèves fassent des cours après les cours, je crois qu'ils ont même fait passer une loi pour ne pas faire de cours particuliers après 22h.
03:16 On n'imaginerait pas trop ça en France.
03:19 Donc, je crois qu'il y a une vision de l'école qui n'est pas du tout la même que celle qu'on peut avoir dans France et dans les pays orangais de manière générale.
03:26 - Non, alors je pense que la Chine, on n'est pas très fair-play avec la Chine.
03:29 Alors c'était vrai, dès la première fois que la Chine est arrivée, ils ont fait tester effectivement que Shanghai,
03:35 le dernier rapport Pisa, alors celui d'avant, en suite 2018, celui d'aujourd'hui, je ne sais pas, mais celui de 2018,
03:40 c'était quand même 180 millions de gamins, c'était 4 provinces complètes autour de Shanghai, c'était un PIB qui était très inférieur.
03:45 Au PIB des pays de l'OCDE, et c'était l'ensemble de ces gamins, donc c'est quand même relativement représentatif.
03:51 Schleicher lui-même, qui est le patron de Pisa le dit.
03:54 La Chine, c'est intéressant parce qu'on pense souvent que c'est une question de régime, etc.
03:59 Ce n'est pas du tout le cas, c'est-à-dire qu'il y a des études qui sont passionnantes où ils prennent des familles chinoises qui vont émigrer aux Etats-Unis ou en Australie,
04:08 et puis qui ont des enfants sur place, et on s'aperçoit que la réussite scolaire de ces enfants est la même que celle, si j'ose dire,
04:14 de la réussite des enfants qui sont restés au pays, et ces enfants-là gardent par rapport aux enfants, aux autochtones si j'ose dire, aux enfants...
04:22 - Mais qu'est-ce qu'ils ont de différent ?
04:23 - Il y a un accent qui est mis beaucoup plus sur le travail, sur ce que la sociologue Sandra Garcia appelle joliment "le goût de l'effort",
04:32 sur l'école effectivement, et beaucoup moins sur le divertissement et notamment l'orgie des grands récréatifs, pardonnez-moi le mot, auxquels sont soumis nos gamins.
04:42 Il y a aussi le fait que c'est peut-être des pays qui ont beaucoup moins numérisé que nous leur système scolaire.
04:47 Le dernier rapport PISA montrait quand même qu'il y a... Les mots étaient assez forts, il y a un investissement dans le corps enseignant,
04:53 dans la qualité du corps enseignant, dans sa formation, dans son recrutement, qui est plus important que chez nous.
05:01 - Alors, je regardais les pistes avancées déjà, avant même les résultats PISA, pistes avancées par le ministère de l'Éducation nationale.
05:10 Recours plus facile au redoublement, retour des groupes de niveau, révision des programmes, labellisation des manuels scolaires.
05:17 Quelles sont les pistes que vous retenez ?
05:21 Ces pistes-là sont intéressantes ou pas ?
05:27 - Oui, je sais peut-être qu'il y en a assez.
05:29 - La piste des groupes de niveau en tout cas est très très demandée par les collègues, au SNAL qu'on a fait une enquête...
05:33 - C'est-à-dire les groupes de niveau ? Expliquez-nous.
05:37 - Je vous explique. C'est-à-dire, nous par exemple au SNAL, qu'on a un projet de collège modulaire,
05:41 où on essaye de faire que les élèves avancent un peu plus à leur rythme, notamment les élèves qui ont des lacunes,
05:45 qui soient dans des groupes à effectifs réduits, et qu'ils aient plus de temps pour acquérir les éléments du programme.
05:51 C'est quelque chose qu'on a fait depuis 10 ans.
05:53 - Je sais que d'autres syndicats ne sont pas très...
05:55 - Ah, ça c'est normal, c'est pour ça qu'il y a plusieurs syndicats.
05:57 - Oui, d'accord.
05:59 - Voilà, on n'est pas tous forcément d'accord.
06:01 - Je sais que ça accentue les inégalités, disent certains.
06:03 Mais les classes, où tout le monde est, j'allais dire, dans un couloir du début à la fin,
06:09 pourraient, je vais quand même mettre du conditionnel, avoir tendance à ne pas aider en termes d'inégalités.
06:14 Les groupes ponctuels, pas du tout. Au contraire, c'est plutôt une mesure dans la science qui est vraiment positive.
06:22 De ce point de vue-là, nous on a fait une enquête auprès de nos collègues, à l'école primaire, au collège et au lycée,
06:28 et tous pensent qu'effectivement, avoir les élèves un peu plus en difficulté dans des groupes à effectif réduit,
06:34 ce serait formidable pour les aider à progresser.
06:37 Aujourd'hui, les élèves sont noyés dans des classes qui sont très souvent à 30 et à 35 au lycée.
06:44 - Au collège, notamment.
06:46 - Et avec une hétérogénéité qui est très très importante en France, vraiment très très importante au sein de la même classe.
06:52 Et à un moment, on perd des élèves. Moi j'ai fait 9 ans de collège, et à un moment, il y a des élèves, on les perd du radar.
06:58 - Bien, mais Vincent Desmergers, vous a cité sur les antidotes et notamment la lecture.
07:05 Vous dites "il faut absolument que l'apprentissage de base, la lecture c'est un apprentissage de base !"
07:11 - C'est l'apprentissage absolument nécessaire qui va conditionner tous les autres, c'est-à-dire que...
07:17 Alors quand on regarde l'ensemble des théâtres scientifiques, il y a plein de choses qui sont positives
07:23 pour le développement cérébral de l'enfant et sa structuration intellectuelle.
07:26 Voilà, la musique, le sport, l'art, etc.
07:29 Mais quand on regarde la littérature, rien n'est comparable aux impacts sur la trajectoire de vie d'un enfant, sur sa réussite scolaire.
07:36 Rien n'a un impact aussi profond et comparable que l'apprentissage de la lecture.
07:41 C'est-à-dire qu'on nous a souvent servi ce "apprendre à apprendre", pas toujours avec beaucoup de clairvoyance, l'idée qu'on pourrait apprendre à apprendre.
07:48 S'il y a bien un domaine pour lequel ce "apprendre à apprendre" est valide, c'est la lecture.
07:53 C'est-à-dire que la lecture, c'est elle qui va donner accès à l'ensemble des savoirs.
07:58 La lecture est très corrélée avec la réussite scolaire.
08:00 C'est-à-dire que l'un des prédicteurs majeurs de la réussite scolaire d'un enfant, c'est ses capacités en lecture.
08:05 Il y a une étude qui a été menée dans les pays du Nord, ils ont une habitude de mesure...
08:10 Donc en fait, ils ont pris les capacités en lecture des enfants, en règle générale,
08:14 et ils ont regardé dans quelle mesure ça expliquait les différences entre la réussite scolaire des enfants en troisième.
08:20 Et en fait, la lecture, je ne sais plus si le chiffre c'est 60 ou 70%, mais c'était colossal, il me semble que c'est 70%.
08:25 Les capacités en lecture, toutes comprises, la capacité de décodage, de compréhension, etc.,
08:29 expliquent jusqu'à 70% dans cette étude, les différences de réussite scolaire entre un groupe d'enfants de troisième.
08:36 C'est colossal. La lecture, elle ne nous sert pas que pour le français, elle ne nous sert pas que pour l'histoire...
08:39 Oui, elle sert à comprendre un sujet, et elle sert à l'accepter, à le maîtriser.
08:46 Elle sert à accéder à l'information mathématique aussi.
08:51 Mais ce que les gens ne réalisent pas, les gens pensent que parce qu'un gamin s'est à peu près décodé
08:56 et qu'il est capable de comprendre un texte très simple, il y a vraiment une ambiguïté là,
09:00 entre lecture et décodage, et une ambiguïté entre comprendre un texte très simple et lire.
09:04 La lecture, c'est compliqué. Il faut deux décennies quasiment pour former un lecteur.
09:09 La lecture, c'est le décodage certes, mais c'est aussi un langage, c'est aussi des connaissances.
09:13 On peut résumer, mais ce n'est pas parce qu'on parle l'oral, si j'ose dire, qu'on va parler l'écrit.
09:19 Un lecteur, ça se forge.
09:22 On va parler de cela, on va parler du redoublement aussi, après avec vous.
09:26 Mais il est temps de faire un peu de pub. Allez, 9h42, à tout de suite.
09:32 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
09:34 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
09:38 Vérissure présente...
09:39 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
09:45 Bien, avec nous, Michel Desmurgés, qui est, rappelons-le, docteur en neurosciences,
09:49 directeur de recherche à l'Inserm, auteur de "Faites les lire" pour en finir avec "Le Crétin Digital".
09:54 Au seuil est Jean-Rémi Girard, président du SNALC, Syndicat National des Lycées et Collèges.
09:59 On était sur la lecture.
10:01 "Le Crétin Digital", on a fait de nos enfants des crétins digitaux ?
10:06 C'est difficile de dire qu'on fait de nos enfants des crétins, mais je suis direct.
10:12 À force de distribuer des tablettes, par exemple, pas que ça,
10:17 mais on les prive de l'essentiel, c'est-à-dire de la lecture.
10:22 On peut lire sur une tablette.
10:24 Oui, alors je crois que pour "Le Crétin Digital", le titre...
10:26 Il y a un moment, il faut secouer le cocotier.
10:28 Il en avait marre de tous ces discours hyper positifs,
10:33 nous disant que ça rendait les gamins super intelligents,
10:35 qu'ils étaient capables de faire 50 choses à la fois,
10:37 et qu'ils avaient des cerveaux d'extraterrestres et de mutants, c'est le mot qui avait été employé.
10:40 Donc, un moment, il faut secouer le cocotier.
10:42 Oui, il y a une relation très nette et très forte entre l'usage de ces outils numériques récréatifs et la réussite scolaire.
10:47 La Chine l'a bien compris, elle le dit.
10:49 Ils ont pris notamment pour ça des mesures très fortes de réduction de l'usage des écrans.
10:56 Mais pas seulement la Chine, c'est-à-dire que les Etats-Unis,
10:59 les 41 procureurs viennent de porter plainte en des termes d'une dureté quand même qu'on mesure mal
11:05 contre Meta, contre Instagram et contre notamment Facebook.
11:09 Leurs termes, c'est que les gamins ont été piégés par ces entreprises-là,
11:14 à des seules fins de profit.
11:16 Et le texte nous explique que ça crée, c'est les mots du texte,
11:20 des dommages considérables sur leur santé mentale et physique.
11:24 Et les réussites scolaires est très nettement...
11:27 Mais pourquoi est-ce qu'on a distribué du numérique ?
11:29 Mais réfléchissons deux secondes.
11:31 Les municipalités pour se faire mousser auprès des parents,
11:34 pour les enseignants, disons clairement les choses.
11:38 Il y a certains enseignants qui disent que c'est plus facile avec le numérique.
11:41 Mais vous savez que c'est vrai.
11:43 Souvent on est oublié des plans de distribution, il faut quand même le savoir.
11:46 Parce qu'aujourd'hui il y a eu des plans de l'État, ça a existé.
11:50 Aujourd'hui on est beaucoup plus dans le domaine des collectivités locales.
11:54 C'est-à-dire les mairies, rarement, mais plus les départements et énormément les régions,
11:59 qui font des grands plans.
12:01 Il y a un énorme effet d'affichage.
12:03 Ça fait aussi travailler les entreprises du numérique éducatif.
12:06 On ne va pas se le cacher.
12:08 Il y a aussi un intérêt financier qui traîne derrière.
12:11 Les élèves sont un public captif.
12:13 Ils ne peuvent pas s'échapper de l'école, enfin certains essayent,
12:15 mais globalement ils ne peuvent pas.
12:17 En fait, le numérique c'est utile quand c'est à la main d'enseignants bien recrutés, bien formés.
12:22 C'est-à-dire que oui, le numérique a des utilités.
12:24 En géographie, en langue vivante, le numérique ça a aidé pour s'enregistrer,
12:29 pour faire de l'oral, pour éviter de se trimballer les portants de cartes.
12:32 Mais il y a des enseignants qui se reposent sur le numérique.
12:35 C'est très peu vrai dans le système éducatif français.
12:39 Parce qu'on n'est pas très bien équipé dans les établissements scolaires.
12:42 Moi je sais très bien que si je veux utiliser le numérique,
12:44 une fois sur deux ça ne va pas marcher.
12:46 C'est sûr que j'ai un plan B là-dessus.
12:48 Puis s'il n'y a pas de prof, il y a du numérique.
12:52 En revanche, ça oui, l'éducation nationale en est arrivée à un point où,
12:55 comme on n'arrive pas à recruter des enseignants,
12:57 et comme parfois il y a des absences d'enseignants qu'on ne peut pas remplacer,
13:00 on a un texte réel du ministère de l'éducation nationale
13:04 qui dit qu'un assistant d'éducation, un surveillant,
13:06 peut venir encadrer une heure où en fait il diffuse un cours du CNED.
13:13 Et les élèves sont là en train d'écouter, de regarder le cours du CNED.
13:17 Alors l'assistant d'éducation ne peut pas les aider sur le cours de physique, chimie ou d'espagnol.
13:21 Mais voilà, c'est le ministère qui est ça.
13:25 Il y a une petite ambiguité, si je peux me permettre.
13:27 Petite ambiguité qui est largement utilisée d'ailleurs par les lobbyistes numériques.
13:30 Au départ, il y a eu un vrai engouement.
13:33 Maintenant on a du recul et on sait qu'il n'était pas justifié.
13:35 Mais si on parle de numérique, si on parle d'informatique,
13:38 est-ce qu'il faut enseigner l'informatique à des collégiens ou à des lycéens ?
13:41 La réponse évidemment est oui.
13:42 Qu'est-ce qu'il faut leur enseigner à coder, à utiliser ces outils, à utiliser un traitement de texte, un tableur ?
13:46 La réponse est clairement oui.
13:48 Maintenant, la vraie question c'est, est-ce qu'utiliser le numérique scolaire
13:54 pour se substituer ou venir en supplément ou en complément d'enseignants,
14:00 est-ce que c'est efficace ? La réponse est non.
14:02 Pour se substituer aux enseignants, la réponse est clairement non.
14:05 Et contrairement, on nous dit souvent, oui mais c'est bien d'avoir du numérique dans certaines matières.
14:11 Les études montrent, notamment certaines études françaises,
14:13 qu'un enseignant qualifié de géographie, d'histoire, de maths ou de n'importe quoi,
14:17 plus du numérique, au mieux, souvent ça ne fait rien, mais au mieux c'est marginalement positif.
14:21 Donc à un moment donné, il faut regarder...
14:23 Oui, là je parlais vraiment de pratique pédagogique.
14:25 Si j'ai envie de diffuser une vidéo, c'est quand même plus pratique que j'ai du numérique dans ma salle.
14:29 Oui, mais c'est pratique pour diffuser une vidéo, mais la question c'est,
14:31 est-ce que le fait de pouvoir diffuser une vidéo, ça va améliorer la performance et la compétence des élèves ?
14:37 Pas sûr. Et en fait, les études montrent assez clairement que les sommes dépensées sont sans commune mesure,
14:43 avec le bénéfice assez marginal, que les enfants vont tirer.
14:46 Juste une comparaison, vraiment, trois secondes.
14:48 On regarde, par exemple, une étude montre, une étude française montre que, voilà,
14:52 vous mettez... c'était sur appel d'offres.
14:54 Donc vous prenez des enseignants, des groupes d'enseignants qui sont hyper motivés.
14:58 Vous prenez des groupes d'enseignants qui ont un projet pédagogique derrière.
15:01 Vous sélectionnez les meilleurs de ces projets,
15:03 et vous vous apercevez que le résultat c'est 9% d'écart-type.
15:06 C'est-à-dire que, en gros, sur une classe de 25, un gamin qui est 13e, il va finir entre 11 et 12e.
15:11 Maintenant, une étude qui a été menée dans un autre cadre aux Etats-Unis,
15:14 montre que si vous prenez 50 heures de formation pour des enseignants,
15:17 le gamin qui est dans une classe de 25, il va gagner entre 5 et 6 places.
15:21 C'est sans commune mesure. Il faut toujours rapporter...
15:23 On nous dit le numérique, le gamin il progresse.
15:25 Évidemment, il va progresser plus que sans rien.
15:27 Mais le rapport c'est, est-ce qu'il va progresser plus que si on lui met un enseignant qualifié ?
15:32 Et là, la réponse est difficile.
15:34 C'est archaïque, messieurs. Non mais attendez.
15:37 Vous prenez la lecture, vous prenez moins de numérique, vous êtes archaïque.
15:43 La lecture, c'est très très moderne, la lecture.
15:46 Non mais comprenez ce que je veux dire.
15:48 Oui, oui, tout à fait.
15:49 Les fondamentaux.
15:50 Oui, il y a des choses... Enfin, toutes les activités ne se valent pas pour structurer le cerveau.
15:54 Il y a des activités qui sont plus structurantes.
15:56 Vous êtes docteur en neurosciences, je le rappelle.
15:58 Le comment dire... Si je vous vois en face de moi,
16:00 ou si je vous vois vous me disant la même chose derrière un écran,
16:03 la réponse cérébrale ne va pas être la même.
16:05 Elle sera beaucoup plus intense quand vous êtes en face de moi.
16:07 C'est pour ça que ces cours, chez les jeunes enfants, c'est très bien démontré.
16:10 Il y a même ce qu'on appelle un déficit vidéo.
16:12 Les enfants ont énormément, énormément de mal à apprendre avec des vidéos.
16:15 Les adultes, nous on arrive à augmenter notre attention à faire plus adulte.
16:18 Mais c'est beaucoup plus facile...
16:19 D'ailleurs, les interviews en vidéo sont beaucoup moins bonnes que le face-à-face.
16:24 Je dis tout de suite.
16:26 Et on s'aperçoit que...
16:27 Oui, le numérique, c'est pas qu'à l'éducation nationale.
16:29 Les taux d'abandon, les mocs, c'était la grande moc.
16:31 Ils ont fait "pshit" comme disait un article récemment.
16:34 Parce que les taux d'abandon sont énormes.
16:37 L'université de San José, qui avait passé un contrat en janvier
16:40 pour justement développer les mocs, etc. il y a quelques années,
16:43 l'a dénoncé en juin parce que de leur dire c'était une catastrophe.
16:46 D'où le présentiel.
16:47 Le présentiel !
16:49 On est bien des profs, on est pas eux.
16:51 C'est un truc de base.
16:52 C'est assez évident, oui.
16:53 C'est assez évident, oui.
16:55 Un mot sur...
16:57 Parce qu'on va beaucoup parler du redoublement.
16:59 Oui, alors qu'en pensez-vous Jean-Rémi Girard ?
17:02 Est-ce qu'il faut remettre le redoublement au goût du jour ?
17:05 Aujourd'hui, le redoublement, en gros, ça n'existe plus.
17:08 Sauf des cas très très marginaux.
17:10 C'est-à-dire un élève qui s'est planté dans ses choix de spécialité en première,
17:13 un élève qui n'a pas eu le bac la première année qui va redoubler pour l'avoir,
17:16 ou des parents qui le demandent.
17:18 C'est-à-dire qu'il faut que ça vienne des familles.
17:20 C'est-à-dire que si un parent demande le redoublement, c'est possible ?
17:22 C'est possible.
17:23 Enfin, c'est très rare qu'un parent demande le redoublement.
17:25 Du coup, ce qui s'est passé, c'est qu'on a fait baisser très très fortement
17:30 notre taux de redoublement, qui est effectivement assez important en France,
17:33 sauf qu'on n'a rien mis en lieu et place du redoublement
17:37 pour aider les élèves en difficulté.
17:39 Ce qui fait qu'aujourd'hui, l'école, c'est un grand tapis roulant,
17:42 où les élèves passent de classe en classe,
17:44 peu importe qu'ils aient 2 ou qu'ils aient 18,
17:46 de toute façon, ils savent qu'ils vont passer dans la classe supérieure,
17:49 et les seuls moments où ça va devenir critique,
17:52 c'est les paliers d'orientation.
17:54 Qu'est-ce qui va se passer après la troisième ?
17:56 Qu'est-ce qui va se passer après la seconde ?
17:57 Qu'est-ce qui va se passer après la terminale ?
17:59 Ça ne m'a pas porté malheur.
18:05 Ce qu'on dit au SNAC sur le redoublement,
18:07 c'est que c'est souvent plus utile quand c'est fait plus tôt.
18:10 C'est-à-dire que faire redoubler un élève de quatrième,
18:12 souvent, l'utilité est très marginale.
18:15 En revanche, un élève de CP qui n'a pas maîtrisé
18:18 les mécaniques de la lecture, il a peut-être besoin de l'approfondir.
18:22 Sur le redoublement, je crois que les enseignants sont les mieux placés,
18:25 et moi, je n'ai pas de religion là-dessus.
18:27 Par contre, il y a une chose, si je peux me permettre,
18:29 qui me paraît intéressante, c'est qu'on parle beaucoup de l'école,
18:31 et il ne faudrait pas oublier, il ne s'agit pas de culpabiliser les gens,
18:34 mais toutes les études montrent que quand on informe les familles,
18:36 ça se passe beaucoup mieux, pour les enfants notamment.
18:38 Je crois qu'il ne faut pas oublier le rôle de la famille.
18:40 C'est-à-dire que, voilà, on parlait du développement de la lecture,
18:43 dans le développement de la lecture,
18:45 notamment dans le développement, dans l'acculturation de la langue,
18:47 à travers la lecture partagée, etc.,
18:49 à travers l'importance de parler aux enfants,
18:51 de leur lire des histoires, de les faire lire,
18:53 je crois que le rôle de la famille est absolument fondamental.
18:57 C'est-à-dire que l'enfant, quand il arrive,
18:59 il ne faut pas oublier qu'il arrive à l'école à 3 ans,
19:01 quand il arrive à l'école, il y a déjà énormément de choses
19:03 qui sont construites, et que ces différences-là
19:05 vont avoir aussi des impacts après,
19:08 et qu'ensuite, le rôle de la famille est important.
19:10 C'est-à-dire que faire la lecture à l'enfant,
19:12 quand vous faites la lecture à un enfant,
19:14 quand il est par exemple à la maternelle ou avant,
19:16 il faut commencer très tôt,
19:18 on peut le présenter de différentes façons,
19:20 c'est-à-dire que le gamin gagne 10% de QI
19:22 quand vous lui faites la lecture partagée.
19:24 - C'est-à-dire que son cerveau se développe différemment.
19:26 - Oui, c'est-à-dire que son cerveau est nourri différemment,
19:28 les aires du langage, notamment,
19:30 les aires lexicales, grammaticales, etc.
19:32 C'est-à-dire qu'un enfant, à 5-6 ans par exemple,
19:34 vous prenez un gosse et vous lui faites tous les jours
19:36 au presse la lecture partagée.
19:38 Et vous revenez quand le gamin a 8-9 ans,
19:40 et vous apercevez qu'il a un an de développement cognitif de plus
19:42 par rapport aux autres, c'est-à-dire pas seulement sur le langage,
19:44 mais sur son développement intellectuel.
19:46 Un gamin à qui vous faites la lecture
19:48 sur la maternelle tous les jours au presse,
19:50 il va avoir
19:52 1000 mots de vocabulaire en plus sur 4 minutes,
19:54 c'est-à-dire un tiers de vocabulaire en plus
19:56 quand il va arriver au CP. Et c'est colossal,
19:58 parce que plus vous connaissez de mots, plus vous en apprenez.
20:00 Donc je crois qu'il y a des choses qui ne peuvent
20:02 se jouer là, que dans la famille.
20:04 C'est-à-dire qu'à l'école, il y a 25 ou 30 gamins,
20:07 le langage, l'interaction verbale,
20:09 la lecture partagée, elle est optimale
20:11 en très petits groupes,
20:13 voire en face-à-face. Et l'enseignant, il ne peut pas.
20:15 Quand l'enseignant a 25 ou 30 gamins,
20:17 il a très peu de temps à consacrer à chaque gamin.
20:19 Et ce travail, la famille a beaucoup plus
20:21 de temps et est beaucoup plus efficace pour le faire.
20:23 Et c'est l'un des domaines, on nous dit,
20:25 la France, on n'est pas bon en matière
20:27 de résolution des inégalités sociales. C'est vrai, on est très
20:29 mauvais, mais il ne faut pas oublier que les autres pays
20:31 sont simplement mauvais, c'est-à-dire
20:33 qu'il n'y a pas de pays qui, notamment pour le langage,
20:35 la lecture et dans ces développements-là,
20:37 soient bons.
20:39 - Merci messieurs. - Merci beaucoup.
20:41 - Merci d'être venus nous voir.
20:43 Vraiment, vraiment passionnant.
20:45 Passionnant ! Et j'attends
20:47 avec impatience maintenant, bientôt 11h.
20:49 Dans une heure, nous aurons ces résultats.
20:51 Michel Desmurgés, je rappelle, faites-les lire
20:53 pour en finir avec le Crétin Digital aux éditions
20:55 du Seuil. Merci à vous
20:57 Jean-Rémi Girard d'être
20:59 venu nous voir.
21:01 Merci à toutes et à tous
21:03 pour nous avoir suivis depuis
21:05 8h30, après les infos,
21:07 Sud Radio Média, Valère Expert et Gilles Gansman
21:09 reçoivent le dessinateur plantu.
21:11 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin.
21:13 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
21:15 Avec Vérissure,
21:17 le numéro 1 des alarmes en France.
21:19 Rendez-vous sur verissure.fr
21:21 pour votre demande de devis gratuits.
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