Le métier de pharmacien traverse une crise d'attractivité en France. Alors que les professionnels estiment qu'il manque déjà 15 000 professionnels dans le pays, les places en formation universitaire ne sont pas toutes pourvues. Quelles sont les options à disposition du secteur pour lui permettre de rebondir ?
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00:11 Fenêtre sur l'emploi. On parle beaucoup de la pénurie de main d'oeuvre, de salariés.
00:16 C'est un sujet qui est dans l'actualité. Va-t-on manquer de pharmacien et de préparateur en pharmacie ?
00:21 Peut-être. On en parle avec Denis Saroui. Bonjour Denis.
00:24 Bonjour.
00:25 Très heureux de vous accueillir. Directeur section pharmacie Université de Poitiers.
00:30 Alors vous portez ce sujet. C'est un sujet de préoccupation.
00:33 Vous avez fait, précisons-le, des études de pharmacien à Poitiers. C'est bien ça ?
00:37 Oui.
00:38 La boucle est bouclée. Il manque combien là aujourd'hui de pharmacien ?
00:42 Mettons de côté pour l'instant les préparateurs en pharmacie.
00:44 Mais combien manque-t-il de pharmacien ? Et pourquoi cette profession semble si peu attractive ?
00:50 Alors il manque actuellement en France de l'ordre de 10 000 pharmacien.
00:54 Et tout secteur pharmaceutique compris.
00:57 Industrie ou officine ?
00:59 Bien sûr quand on pense aux pharmaciens, on pense à l'officine en premier abord.
01:04 Et là il manque 7 000 pharmaciens adjoints.
01:07 Puisque le propriétaire de l'officine c'est le titulaire.
01:10 Mais il manque également des pharmaciens dans l'industrie.
01:13 Il en faudrait de l'ordre de 20% en plus pour développer l'activité industrielle pharmaceutique en France.
01:18 Il en manque à l'hôpital de l'ordre de 15% des postes de praticiens hospitaliers pharmacie ne sont pas pourvus à l'hôpital.
01:27 Il en manque dans la distribution. Il en manque même chez les pharmaciens des pompiers.
01:32 Qu'est-ce qui se passe ?
01:33 Qu'est-ce qui se passe pour qu'aujourd'hui vous veniez sur un plateau de télévision
01:36 alors qu'on pense que c'est une profession par ailleurs réglementée,
01:39 que les pharmaciens tout va bien, que les revenus sont plutôt convenables.
01:42 Qu'est-ce qui se passe ?
01:44 Alors il y a trois problèmes.
01:45 Tout d'abord c'est la visibilité ou si vous préférez la connaissance des métiers de la pharmacie par les lycéens et par leur famille.
01:54 Deuxième problème c'est la réforme de l'accès aux études de santé qui a été mise en place pour remplacer la PACES.
02:01 Et pour la pharmacie cette réforme ne fonctionne pas puisque non seulement nous manquons de pharmaciens en France
02:09 mais maintenant nous manquons d'étudiants dans le cursus pharmacie.
02:14 D'ailleurs vous qui êtes un expert et un spécialiste, on ne fait pas une année de médecine tronc commun pour être pharmacien.
02:19 Parce que moi j'aurais commis l'erreur.
02:20 Absolument pas.
02:21 Et il faut vraiment casser cette image dans la population que la santé se résume à la médecine.
02:29 Non ce n'est pas un synonyme.
02:31 Et effectivement la première année est une première année commune des études de santé pouvant déboucher sur toutes les filières de santé.
02:40 On a évoqué les pharmaciens, on n'évoque pas les propriétaires mais on parle de pharmaciens qui vont venir être les adjoints du pharmacien propriétaire.
02:48 Et puis il y a ceux qu'on rencontre aussi dans les pharmacies, les préparateurs en pharmacie qui vont aller chercher les produits.
02:53 Là il en manque énormément et là aussi vous essayez d'accélérer sur l'attractivité. Comment vous faites ?
02:59 Alors il manque effectivement de l'ordre de 8000 préparateurs en pharmacie en France actuellement.
03:04 Ce qui est assez dramatique là aussi puisque toutes les officines ont des problèmes de ressources humaines.
03:11 Dans une enquête qui a été faite récemment, de l'ordre de 85% des titulaires d'officines disent qu'ils ont du mal à recruter.
03:20 Donc il faut que ça passe aussi par une communication auprès des lycéens encore une fois.
03:26 Donc c'est à vous de faire le boulot d'aller chez eux. Comme a fait l'industrie, il faut faire la semaine de la pharmacie.
03:31 Alors nous le faisons. Samedi nous étions sur les deux premiers grands salons d'orientation de la subdivision Poitou-Charente, Poitiers, Nior.
03:41 Ça c'est nouveau, vous commencez à vous mobiliser en fait.
03:44 Ce n'est pas nouveau. Nous le faisons depuis un certain nombre d'années. Nous allons sur les salons d'orientation.
03:49 Nous accueillons des lycéens à l'université pour leur faire découvrir déjà la formation mais également les métiers.
03:57 Une petite nouveauté parce qu'il faut être aussi créatif, nous avons créé à Poitiers un jeu de communication qui a été utilisé pour la première fois sur les salons de samedi.
04:10 Dans ces salons, nous faisons jouer les lycéens pour qu'ils découvrent les métiers de la pharmacie. Et ça c'est une création en Poitiers.
04:19 Un dernier mot quand même. Là vous vous tournez vers les pouvoirs publics ou pas ?
04:23 Parce que vous tirez la sonnette d'alarme. J'entends on fait des salons, on va faire de la pédagogie, on va parler. Qu'est-ce que peut faire l'État là ? Qu'est-ce que vous attendez de lui ?
04:30 Alors vous en avez peut-être entendu parler mais mardi dernier, il y a eu un grand rincement de tous les acteurs de la pharmacie qui ont défilé à Paris.
04:38 J'étais à Nantes parce que sur un plan universitaire, nous avons deux gros problèmes.
04:43 C'est cette année d'accès aux différentes filières de santé qui ne fonctionne pas pour la pharmacie.
04:50 Et nous avons un autre problème. Depuis 6 à 7 ans, nous demandons la mise en place d'un nouveau troisième cycle avec un diplôme d'études spécialisé.
05:02 C'est-à-dire que les pharmaciens d'officine et que les pharmaciens qui travaillent dans l'industrie aussi soient beaucoup plus spécialisés.
05:09 Et ce nouveau diplôme serait un grand facteur d'attractivité.
05:13 Merci, la parole et le message est passé en tout cas Denis Sarroui. 15 000 pharmaciens nous manquent en France avec les départs en retraite.
05:21 Et préparateurs en pharmacie, ça peut être évidemment un désastre. Et donc éloigner un peu plus les citoyens de leurs officines.
05:28 Merci de nous avoir rendu visite Denis Sarroui. C'est la fin de notre émission. Merci de l'avoir suivi.
05:34 Je remercie évidemment toute l'équipe qui m'a accompagné. Romain à la réalisation, Saïd au son et l'équipe de programmation évidemment.
05:40 Nicolas Juchat et Alexis qui m'ont accompagné. Merci à vous, merci pour votre fidélité.
05:46 Je serai là évidemment très très très bientôt. Bye bye.
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