• il y a 2 ans

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00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous. Comment sortir des énergies fossiles ?
00:07 Question qui sera au cœur de la COP 28 qui s'ouvre demain à Dubaï.
00:11 Et une des réponses est l'électrification de la mobilité de l'industrie aussi.
00:17 Et c'est là que vous intervenez, Christophe Herguérin, bonsoir.
00:20 Bonsoir.
00:21 Vous êtes le directeur général de Nexens, équipementier électrique.
00:24 Vous produisez des câbles électriques pour acheminer, transporter l'électricité.
00:29 La Commission européenne a chiffré hier les investissements nécessaires pour moderniser le réseau électrique.
00:36 584 milliards d'euros d'ici 2030. Qu'est-ce que ça signifie précisément ?
00:41 C'est un chiffre vertigineux. En effet, juste pour vous donner un peu de perspective historique,
00:46 vous aviez eu deux grandes vagues dans le siècle dernier d'électrification du monde.
00:50 1890-1910, c'était les premiers réseaux électriques qui sont nés.
00:54 D'ailleurs, pour la petite histoire, c'est les appartements du premier et deuxième étage,
00:58 c'était les appartements qui avaient accès au gaz, à l'électricité.
01:01 C'était pour ça que c'était les appartements les plus conçus.
01:03 La deuxième grande vague, on la connaît, c'est l'après-guerre 1950-1970,
01:07 où on a bâti la génération électrique qu'on connaît essentiellement portée par le nucléaire en France et l'énergie fossile ailleurs.
01:13 L'électronique glorieuse.
01:14 L'électronique glorieuse et les réseaux électriques.
01:16 Nous rentrons maintenant dans une troisième vague, une troisième révolution électrique,
01:21 où il faut remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables
01:24 et également remplacer une grande partie des réseaux électriques européens et américains
01:28 qui ont plus de 40 à 50 ans d'âge et qui arrivent en fin de vie.
01:31 Mais ça veut dire, Christophe Herguerin, que le réseau électrique actuel,
01:34 il n'est pas capable de supporter toute la production électrique à venir
01:38 et on sait qu'elle sera très importante ?
01:39 Non, en fait, tout à fait, Isabelle Hermand.
01:41 La consommation électrique au quotidien va augmenter de 20 à 30 %.
01:44 Vous voyez, les véhicules électriques ont besoin d'électricité,
01:47 le chauffage électrique est en train de monter
01:49 et on sait également que plus on va électrifier notre quotidien,
01:52 plus on ira dans le sens de la décarbonation de la planète.
01:55 Donc oui, on a besoin de plus d'électricité.
01:57 Mais si on a besoin de plus d'électricité, il faut augmenter la bande passante
02:00 également de nos réseaux électriques.
02:01 C'est exactement ce qui s'est passé avec le télécom.
02:03 Et donc, c'est ce que vous êtes en train de faire ?
02:06 On imagine que vous avez un carnet de commandes qui est plein sur plusieurs années.
02:09 C'est impressionnant parce que sur la partie génération,
02:12 bien sûr, on a la connexion des fermes à eau et en mer,
02:14 mais aussi on va aller sourcer la puissance électrique de l'Afrique et du Moyen-Orient
02:18 en puissance solaire qu'on va acheminer par des câbles sous-marins
02:22 de 1000 km de distance, 3000 m de profondeur et leur poids c'est 9000 tonnes.
02:27 9000 tonnes pour vous donner une perspective, c'est le poids de la tour Eiffel.
02:29 On les achemine pour relier l'Afrique à l'Europe.
02:32 C'est une sorte d'alternative aux pipelines de gaz de la Russie
02:35 pour créer cet Internet de l'énergie si on peut l'appeler.
02:39 Et le deuxième élément, c'est renouveler l'ensemble des réseaux électriques.
02:42 Renouveler ?
02:43 Voilà, exactement.
02:44 Il faut le renouveler totalement ?
02:45 Exactement.
02:46 C'est nos grands clients RTE, Enedis, EON, Enel, à travers l'Europe
02:51 qui sont en train de renouveler les réseaux.
02:52 On les approvisionne en câbles pour cela.
02:55 Et ça veut dire que vos clients sont en train de se préparer à cette production électrique
03:01 très conséquente à venir ?
03:02 Vous êtes en train de nous rassurer, vous êtes en train de nous dire
03:04 qu'ils ont anticipé ce renouvellement total du réseau électrique ?
03:07 Oui, ça avance très bien.
03:09 Si l'Europe, je reviens sur votre point d'accroche,
03:12 les 584 milliards d'investissement de la Commission européenne vont tout à fait dans ce sens-là.
03:16 C'est le besoin effectif des 5-10 prochaines années de renouveler ce réseau-là.
03:21 On est en train de bâtir le réseau électrique des 5 ans de prochaines années.
03:25 Donc il faut un investissement assez colossal.
03:27 Et donc, ça veut dire, Christophe Hergérin, qu'en 2035, par exemple,
03:30 date à laquelle on ne pourra plus acheter une voiture thermique neuve,
03:35 on aura un réseau qui sera tout à fait capable d'accueillir cette consommation électrique importante.
03:41 Vous le pensez, vous ?
03:43 C'est obligatoire, parce qu'on n'a pas tellement le choix.
03:46 On a le choix de ne pas être prêt.
03:49 On a le choix de ne pas être prêt, en effet.
03:51 Mais on passe du fossile au renouvelable, et puis on a la consommation électrique qui va croître de 20 à 40%.
03:56 Donc on est obligé d'augmenter cette bande passante immédiatement.
03:59 Alors, votre matière première, c'est le cuivre.
04:04 Comment est-ce que vous arrivez à vous approvisionner ?
04:07 On imagine que l'Europe n'est pas la seule aujourd'hui qui est en train de renouveler son réseau électrique.
04:13 Tout à fait. Pourquoi le cuivre ?
04:16 Parce que le cuivre est le conducteur de l'électricité.
04:19 Vous avez l'or, le cuivre et l'aluminium.
04:22 On n'a pas encore pensé à mettre de l'or dans les câbles, c'est un peu cher.
04:25 Mais sur le cuivre, en effet, c'est le meilleur conducteur d'électricité au monde.
04:28 Et la problématique potentielle qui va arriver dans les prochaines années,
04:32 c'est que toutes les nations se réveillent en même temps.
04:34 A la fois pour le basculement de fossiles renouvelables,
04:37 le renouvellement de leur réseau et puis le passage électrique,
04:40 comme la Chine est en train massivement d'investir dans l'électrique.
04:43 Donc, il y a une congestion qui se fait sur le cuivre
04:46 qui peut générer un risque de pénurie dans les deux ou trois prochaines années.
04:50 Et aussi un risque de prix beaucoup plus élevé.
04:52 Je pense que, bien sûr, le sujet du prix sera un sujet,
04:55 mais le sujet de l'accessibilité physique est plus important.
04:58 Et c'est pour ça que l'alternative que nous préconisons, c'est le recyclage.
05:02 Nous sommes actuellement assis, comme on va démanteler des vieux réseaux,
05:05 nous sommes assis sur des mines urbaines quelque part.
05:08 Et l'alternative à un manque de cuivre primaire,
05:11 c'est de recycler du cuivre qui a déjà été utilisé dans des câbles précédents,
05:15 il y a 30-40 ans.
05:16 Mais vous avez l'air de dire que c'est un enjeu à venir,
05:18 ce n'est pas un enjeu actuel.
05:20 Ça ne fait pas partie des préoccupations que vous avez,
05:22 vous en tant que patron de Nexens aujourd'hui, en termes d'approvisionnement ?
05:26 D'approvisionnement, on essaye de sécuriser,
05:28 mais comme on sait que la consommation va aller beaucoup plus vite...
05:31 Vous essayez de sécuriser, c'est-à-dire que vous faites des stocks ?
05:33 Non, on ne peut pas stocker,
05:35 nous on ne peut pas stocker, parce que ce serait de la spéculation,
05:38 mais on sécurise nos approvisionnements de cuivre primaire,
05:41 mais on engage déjà nos clients à penser au recyclage.
05:44 Le message qu'on leur fait passer, c'est que vos déchets d'aujourd'hui
05:47 sont votre croissance de demain.
05:49 Donc, utilisons les déchets, parce que les déchets sont vraiment
05:51 une ressource importante pour la croissance.
05:53 Et ce que vous dites, c'est que le cuivre ne va pas coûter,
05:56 peut-être qu'il y aura une pénurie...
05:58 Il coûtera plus cher.
05:59 Ça veut dire que votre réseau électrique va coûter plus cher aussi.
06:03 Ça veut dire qu'au final, le prix d'électricité aussi, forcément,
06:07 s'il coûte plus cher à acheminer, il coûtera plus cher à distribuer.
06:11 On va beaucoup utiliser le cuivre pour les véhicules électriques,
06:14 essentiellement, qui ont besoin de deux fois plus de cuivre
06:16 qu'un véhicule thermique.
06:18 Par contre, les réseaux futurs sont plutôt à base d'aluminium,
06:21 et l'aluminium est moins cher que le cuivre en approvisionnement,
06:24 et nous permet de tirer des caps sur de très grandes longueurs.
06:27 Donc non, ce n'est pas aussi simple que ça.
06:29 Il y a quand même des alternatives à bas coût
06:31 qui existent pour le développement des réseaux.
06:33 Et donc, ça veut dire que l'électricité ne coûtera pas plus cher
06:35 parce que plus cher à acheminer.
06:37 C'est ce qu'on pense.
06:38 Après, il y a un coût à la transition énergétique,
06:40 mais il faut se repositionner dans le temps.
06:43 On est en train de bâtir l'avenir de nos réseaux électriques,
06:46 de la génération à la transmission, pour les 40-50 prochaines années.
06:49 Avec quel financement ?
06:51 Vous le voyez, le financement européen est significatif.
06:54 Là, on parle de 584 milliards pour les réseaux électriques,
06:58 mais il y avait également 900 milliards pour les fermes éoliennes en mer
07:01 et les fermes solaires.
07:02 Donc, c'est assez impressionnant.
07:03 Et donc, vous dites que l'argent est là, qu'il est disponible,
07:06 et qu'il est prêt à être mis dans des réseaux électriques
07:08 pour que l'électricité soit importante et qu'elle soit à un prix raisonnable.
07:14 Oui, je suis très optimiste parce que les financements sont là,
07:16 la planification stratégique en Europe commence vraiment à s'organiser,
07:20 tous les plans des clients sont assez clairs.
07:23 Le seul point noir, c'est l'accès aux ressources naturelles
07:27 parce que l'ambition européenne peut être beaucoup plus importante
07:30 que l'accessibilité potentielle de l'Europe aux ressources naturelles.
07:33 Et c'est tout l'enjeu.
07:34 Merci beaucoup, Christophe Guérin, directeur général de Nexens.
07:39 Invité ECHO de France Info ce soir.
07:41 Merci.

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