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00:00 Bonjour à tous, l'invité éco est convoqué demain à la gendarmerie de Montmorency dans le Val d'Oise pour des actions menées pendant la mobilisation contre la réforme des retraites.
00:11 Sébastien Ménespierre, bonsoir.
00:13 Bonsoir.
00:13 Vous êtes le secrétaire général de la fédération Mines Énergie de la CGT. Demain matin, vous serez donc auditionné par les gendarmes suite notamment à des coupures de courant qui ont eu lieu pendant la mobilisation contre la réforme des retraites. Est-ce que vous le comprenez ?
00:28 Écoutez, j'ai reçu la veille de partir en vacances la convocation à la gendarmerie de Montmorency. Au départ, c'était le 10 juillet. Mais on a fait en sorte de pouvoir reporter ce rendez-vous.
00:41 Pour partir en vacances ?
00:42 Pour partir en vacances et puis revenir et se dire de toute façon que cette convocation, je m'y rendrai accompagné de mon avocat et je répondrai à toutes les questions qui me seront posées dès lors que je le redis parce que c'est important.
00:58 On a en effet mené énormément d'actions contre la réforme des retraites. On a été une fédération avec ses syndicats, ses militants, les agents du service public qui ont été à la pointe. On a été lisibles, audibles.
01:11 Et donc j'assume pleinement et je revendique de nouveau tout ce qui a pu se passer dans le pays, véritablement sans concession.
01:19 Ce qui a pu se passer, c'est notamment des coupures de courant. Selon les informations de nos confrères de France Bleu, Drôme-Ardèche, une enquête a été ouverte après des actes commis le 7 mars dans la Drôme et à Annonay, en Ardèche.
01:31 Annonay, c'est la ville dont le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a été le maire. 5200 clients particuliers et entreprises ont été privés d'électricité.
01:41 Un tunnel à Saint-Vallier a dû être fermé à la circulation. Les sapeurs-pompiers ont dû intervenir également plusieurs fois. Vous l'assumez totalement ?
01:49 Oui, de toute façon, les choses ont été faites ainsi et à l'époque, c'est exactement les propos que j'ai pu tenir. Donc il n'y a aucune raison que je revienne sur mes propos aujourd'hui.
01:58 Mais c'est dangereux tout de même Sébastien Ménespilier.
02:00 De toute façon, il faut se dire une chose, c'est qu'à l'époque, on était vraiment au cœur de la mobilisation contre la réforme des retraites. Souvenez-vous entre le 49-3.
02:11 Bref, il y avait une colère qui était tellement importante chez nous parmi les agents, doublement sanctionnée. On va travailler deux ans de plus comme tout le monde.
02:20 Et en plus, notre régime spécial de retraite s'arrête au 1er septembre 2023. Donc cette colère, il a fallu l'organiser, la contenir et surtout la détourner vers des actions qui ont été débattues et décidées localement par les agents.
02:35 Donc des cliniques privées d'électricité plusieurs heures ?
02:37 Non, en fait, la cible, c'était pas du tout ça. Les choses ne se sont pas passées comme elles auraient dû se passer. Pour autant, il n'y a pas eu de dégâts et de sabotages.
02:46 Mais en effet, les usagers ont été touchés et ça, pour le coup, j'avais dit à l'époque que ce n'était pas du tout la cible et on s'en était excusé. Je le redis aujourd'hui.
02:55 La cible, c'était le ministre du Travail, M. Dussopt, qui n'était pas chez lui, qui était à Paris. Le logement était vide. Mais on envisageait de couper son foyer.
03:05 Alors, 300 plaintes ont été déposées par Enedis. Un appel à annuler les actions engagées contre les militants syndicaux est publié aujourd'hui par le journal l'Humanité.
03:15 Parmi les signataires, on trouve des syndicalistes, des élus, mais aussi l'ancien patron d'EDF, Henri Proglio. C'est plus surprenant ?
03:23 C'est surprenant, oui et non. Dans le sens où aujourd'hui, en France, on voit bien qu'au-delà de l'austérité qui s'organise, peut-être d'ailleurs au-delà de nos frontières en Europe et partout dans le monde,
03:36 on voit que la répression syndicale est d'actualité. Quand vous parlez de plus de 300 plaintes qui ont été déposées, depuis le mois d'octobre l'année dernière, c'est à peu près 400 plaintes déposées par Enedis, GRDF et RTE.
03:51 Donc ce sont directement des agents qui sont ciblés. C'est en cela que je dis que la répression et la criminalisation, elles sont bien organisées.
03:58 Donc vous acceptez le soutien d'Henri Proglio ?
04:00 On accepte tous les soutiens dans le sens où ceux qui nous soutiennent, ils considèrent qu'il y a besoin des militants syndicaux dans les entreprises et les branches professionnelles.
04:09 Sinon, ce n'est pas possible. Et comment vous faites demain le dialogue pour les négociations qui sont réglementaires et statutaires ? Ce n'est pas possible.
04:20 Donc il faut qu'on arrive à trouver un juste milieu et la répression, ce n'est certainement pas la solution.
04:25 La réforme des retraites, vous l'avez dit, est entrée en application au 1er septembre. L'intersyndicale ne s'est pas dissoute pour autant.
04:31 Il y a un appel à une journée de mobilisation pour demander des hausses de salaire. Ce sera le 13 octobre. Est-ce que c'est une bonne initiative ou est-ce qu'il n'est pas temps finalement que chaque syndicat retourne à ses activités ?
04:42 Non, il faut profiter de la dynamique de la lutte qui a été menée du mois de janvier au mois de juin, qui a été forte dans de nombreuses professions.
04:49 Au moment où vont s'ouvrir les négociations annuelles obligatoires pour des augmentations de salaire avec une inflation qui a baissé un petit peu mais qui est quand même toujours haute,
04:59 il faut qu'on profite de ce rapport de force pour gagner dans les entreprises et les branches professionnelles des augmentations de salaire.
05:07 Ce sera une journée qui sera aussi à l'échelle européenne. On aura la secrétaire de la CES qui sera présente à Paris. C'est la Confédération Européenne des Syndicats qui sera présente à Paris dans la manifestation.
05:18 Partout dans le territoire, il y aura des manifestations organisées dans les départements. C'est une occasion pour rappeler au gouvernement mais aussi aux entreprises qu'on a besoin de négocier à la hausse les droits individuels et collectifs.
05:33 La conférence sociale qui sera organisée à l'initiative du président de la République Emmanuel Macron sur les bas salaires, c'est une bonne idée ?
05:40 Si dans la mesure où cette conférence donne la possibilité aux organisations syndicales de pouvoir présenter leurs projets et leurs revendications en la matière,
05:52 et qu'il y a vraiment une négociation qui s'organise, ça peut être un bon tremplin quand on sait aujourd'hui qu'il y a besoin d'augmenter les salaires et les pensions.
06:02 Maintenant, si c'est rester sur le canevas du président et du gouvernement et qu'il n'y a pas de place du tout à la négociation et aux marges de manœuvre, c'est sûr que là ça va être beaucoup plus compliqué.
06:14 Merci beaucoup Sébastien Ménespilier, secrétaire général de la CGT Min'Energie. Vous êtes donc convoqué demain à la gendarmerie de Montmorency.