• il y a 11 mois

Category

🗞
News
Transcription
00:00 L'invité éco Isabelle Raymond
00:04 Bonsoir à toutes et à tous, elle s'exporte à travers le monde, fait partie de la mode, du savoir-faire à la française.
00:10 Je veux parler de la lingerie qui tenait salon ces jours-ci à Paris.
00:14 Et dans l'invité éco, ce soir, je reçois le patron d'une des marques emblématiques tricolores, Simone Perrel.
00:20 Vous en êtes le président Mathieu Grodner, bonsoir.
00:23 Vous êtes aussi vice-président de la Fédération de la Maille de la Lingerie et du Balnéaire.
00:28 L'actualité de ce mois de janvier a été notamment marquée par le placement en redressement judiciaire d'une autre marque de lingerie française très connue, la Maison Le Jaby.
00:37 Est-ce que la lingerie française souffre particulièrement en ce moment ou est-ce que les difficultés rencontrées par Le Jaby sont un cas isolé ?
00:45 Alors, je crois que la lingerie française se porte bien globalement, elle s'exporte bien.
00:51 Et depuis longtemps, je déplore bien sûr les difficultés de la Maison Le Jaby.
00:56 Elles ne sont pas isolées, il y a quand même eu Hort-Quentin l'an dernier.
01:00 Il y a eu Hort-Quentin l'an dernier qui faisait partie du même groupe.
01:03 Donc il s'agit plutôt d'un cas isolé, ça ne veut pas dire qu'il n'y a jamais de difficultés dans le secteur.
01:08 Mais si on regarde globalement le marché de la lingerie française sur les dernières années, c'est un marché qui est en progression et qui se porte bien.
01:16 Alors, de janvier à octobre 2023, le secteur de la lingerie femme a représenté 2,12 milliards d'euros.
01:23 C'est quand même en recul de quasiment 2% en un an.
01:27 Alors c'est vrai, parce que l'année 2023 est une année qui est contrastée avec quand même un changement conjoncturel par rapport à l'année 2022,
01:34 qui était encore en forte dynamique dans la période post-Covid.
01:40 Une année de reprise.
01:41 Encore une année de reprise, exactement. Beaucoup de marques ont connu de la croissance en 2022.
01:45 En 2023, c'est plus contrasté.
01:47 Des zones géographiques ont continué de progresser. D'autres moins, il y a ce contexte inflationniste qui a un impact certain sur la consommation et sur la fréquentation dans les magasins.
01:56 Donc certaines maisons s'en tirent mieux que d'autres.
01:58 Et si vous ne regardez par exemple que le chiffre export du secteur, lui, est en progression malgré tout en 2023.
02:04 Effectivement, quand on regarde l'export, c'est assez impressionnant.
02:07 Le chiffre d'affaires export total de la lingerie femme atteint plus de 650 millions d'euros et c'est en progression.
02:14 C'est en progression.
02:15 La lingerie française s'exporte très bien.
02:16 Elle s'exporte très bien.
02:17 Et je le disais depuis longtemps, moi, je représente la maison Simone Pérel.
02:21 Avec d'autres, nous faisons partie des maisons qui ont assez tôt su exporter ce savoir-faire spécifiquement français de la lingerie,
02:28 qui est un métier très technique et dans lequel il y a une tradition française de longue date reconnue internationalement.
02:34 Et donc, c'est un des savoir-faire qui rayonne un peu partout dans le monde par l'intermédiaire de ces belles maisons.
02:39 Et c'est à dire que la lingerie française, elle résiste bien face au mastodonte, Etam, Calcedonia, Undis ?
02:47 Alors oui, et pour une raison assez simple, c'est que nous ne sommes pas directement concurrents des maisons comme Simone Pérel ou comme nos concurrents directs
02:55 sont sur un positionnement qui est plus haut de gamme, plus premium.
02:58 On aime bien chez Simone Pérel se définir comme une marque de luxe abordable.
03:03 Vous n'êtes pas dans le même cours ?
03:05 On n'est pas dans le même cours et ce n'est pas du tout pour les dénigrés que je dis ça.
03:08 C'est simplement un métier un petit peu différent, une clientèle différente et un positionnement prix différent aussi.
03:13 Donc, on ne se retrouve même pas dans les mêmes canaux de distribution.
03:15 Alors, on a parlé de l'export. Est-ce qu'on fabrique de la même façon pour le marché français ou pour le marché étranger ?
03:21 Alors, chaque maison a sa stratégie propre.
03:23 Pour ce qui concerne Simone Pérel, nous produisons une seule et même collection pour le monde entier.
03:28 Mais cette collection est extrêmement large puisque au fil du temps et de notre développement international,
03:33 nous avons appris à l'adapter aux attentes et aux besoins parfois très différents d'un marché à l'autre et d'une culture à l'autre.
03:40 Parce qu'on touche beaucoup aussi aux habitudes culturelles.
03:43 Et du coup, qu'est-ce qui est différent chez Simone Pérel puisque c'est effectivement la maison que vous dirigez ?
03:49 Si on schématise un petit peu, le marché français qui reste notre premier marché, le marché historique, ça reste notre premier marché.
03:55 Mais c'est à peu près 25% de l'activité. Donc, on a quand même 75% de l'activité de Simone Pérel qui est faite à l'international.
04:01 Mais je dirais que si on regarde le marché français et les marchés d'Europe du Sud en général,
04:06 les femmes ont un rapport à la lingerie peut-être un petit peu plus émotionnel.
04:10 Ce qui veut dire qu'elles vont rechercher des produits avec peut-être davantage d'esthétique, de couleurs, de détails.
04:16 Alors que plus on va aller vers l'Europe du Nord ou vers les marchés anglo-saxons, plus ce rapport à la lingerie va être davantage fonctionnel.
04:24 Ça veut dire qu'on va chercher davantage une lingerie qui ne se voit pas, une lingerie plus confortable, plus basique, des coloris plus invisibles aussi.
04:32 Plus neutre.
04:33 Plus neutre, exactement. Bon, ça c'est si on schématise bien sûr.
04:37 Mais c'est intéressant parce qu'on voit également des différences culturelles à travers les choix qui sont faits par les différents pays.
04:42 Tout à fait, parce que dans la lingerie, on touche à l'intimité, on touche au rapport au corps.
04:46 Et donc, on est dans quelque chose de très personnel et qui touche bien sûr aussi aux spécificités culturelles.
04:51 Alors Simone Perel, c'est une maison familiale qui fête ses 75 ans, fondée par une corsetière.
04:56 Troisième génération est à la tête de cette maison aujourd'hui, donc vous faites partie.
05:01 C'est une maison ambitieuse avec un bureau d'études à Paris, deux usines en propre.
05:05 Est-ce que ça fait partie des raisons du succès ?
05:07 Alors je pense que ça y participe.
05:09 Il y a plein de raisons qui font que Simone Perel est une maison qui rayonne encore aujourd'hui internationalement et qui continue de se développer.
05:16 Effectivement, après 75 années d'existence, on a célébré en 2023 nos 75 ans.
05:21 Donc Simone Perel, qui est-elle par rapport à vous ?
05:23 Alors c'est ma grand-mère.
05:24 Voilà, elle a fondé cette entreprise seule.
05:26 Elle était corsetière elle-même.
05:28 Elle a commencé par faire du porte à porte seule à partir d'un petit atelier à Paris, juste après la guerre.
05:34 Et très vite, elle a rencontré du succès.
05:36 Alors pourquoi elle a rencontré ce succès ?
05:38 Parce qu'elle avait cette vision assez avant-gardiste pour l'époque.
05:42 C'est qu'elle a compris qu'il se passait quelque chose dans l'esprit et dans le comportement des femmes dans cette période très particulière.
05:49 Les femmes aspiraient être plus libres, de façon générale, mais plus libres aussi avec leur corps.
05:55 Et ma grand-mère a fait partie de celles qui ont compris ça et qui ont su le traduire dans ses créations de lingerie.
06:04 En fait, Simone Perel a participé à la transition de ce qu'on appelait avant la corsetterie à la lingerie.
06:09 La corsetterie c'est le corps encore contraint, dans un corset exactement.
06:14 La lingerie, on est capable de combiner l'esthétique et le confort.
06:18 Aujourd'hui, vos deux usines sont en Tunisie et à Madagascar. Est-ce qu'il est question de les relocaliser ?
06:22 Les relocaliser pleinement, non. Parce qu'économiquement, malheureusement, ce n'est pas viable.
06:28 En termes de coût, ce serait trop cher.
06:30 En termes de coût, ce serait trop cher pour garder notre positionnement abordable, comme je le disais tout à l'heure.
06:34 En revanche, on est très attaché à conserver notre outil de production et notre savoir-faire industriel.
06:40 Ça participe aux spécificités de notre maison.
06:42 On maîtrise la qualité du produit, sa technicité et on maîtrise toute la chaîne de valeur.
06:47 Et avec des matières premières françaises également ? Des dentelles de Calais ?
06:51 Tout à fait. Les matières premières françaises et très majoritairement européennes.
06:55 On choisit les matières les plus nobles.
06:58 C'est ce qui participe aussi à proposer une expérience produit, une expérience de marque unique à nos clientes.
07:03 Dernière question, comment ne pas faire d'Adam ? Comment se renouveler ?
07:06 J'ai vu que parmi vos clientes, il y avait Brigitte Macron, Dua Lipa ou encore Taylor Swift.
07:11 On est très fiers, très heureux d'avoir de telles ambassadrices de la marque,
07:17 qui sont pour nous, bien sûr, une marque de reconnaissance.
07:20 Effectivement, il faut savoir se remettre en cause en permanence.
07:23 C'est comme ça qu'on dure et qu'on reste une marque qui vit avec son époque, qui reste dans l'ère du temps.
07:30 Nos collections sont toujours dans l'ère du temps.
07:33 On a un bureau de création et de stylisme qui est à l'avant-garde pour suivre et anticiper les tendances.
07:38 Merci beaucoup Mathieu Grodner.
07:41 Président de la maison Simone Perrel, vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.
07:45 Merci.

Recommandations