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00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous.
00:06 Quels sont les risques principaux, passé et avenir, individuels et collectifs ?
00:10 Notre invitée ce soir est la présidente de France Assureurs, Florence Lustmann.
00:15 Bonsoir.
00:16 Bonsoir.
00:17 Merci d'être venue sur France Info.
00:18 La facture climatique a explosé l'an dernier pour atteindre plus de 10 milliards et demi d'euros.
00:24 Est-ce que c'est parce que l'année dernière a été exceptionnelle
00:27 ou est-ce que c'est parce que les assureurs remboursent plus facilement qu'avant ?
00:31 Rappelez-vous, l'année dernière, le ciel nous est littéralement tombé sur la tête.
00:38 On a eu des tempêtes, on a eu des inondations, on a eu des orages de grêle,
00:43 on a eu des feux de forêt et on a eu aussi beaucoup de sécheresse.
00:47 Donc l'année 2022, c'est une année totalement exceptionnelle sur le front des événements climatiques.
00:55 D'où effectivement cette facture très importante.
00:59 C'était jamais arrivé.
01:00 C'était jamais arrivé.
01:01 C'est quasiment trois fois la moyenne sur les dix dernières années.
01:06 Mais en fait, il y a deux facteurs dans cette facture.
01:09 Le premier, c'est la fréquence et l'intensité des phénomènes.
01:14 Les orages de grêle, on n'avait jamais vu ça.
01:17 Des grêlons de la taille d'une balle de tennis,
01:19 alors que d'habitude, c'est des grêlons plutôt de la taille d'une balle de ping-pong.
01:23 Donc il y a cet effet sur les catastrophes elles-mêmes.
01:26 Et puis il y a également le coût de chacun de ces sinistres qui augmente
01:31 et qui a augmenté sous le coût de l'inflation.
01:34 Parce qu'avec ces orages de grêle, les toitures des bâtiments ont été endommagées.
01:40 Les voitures également, il a fallu débosseler les voitures.
01:44 Et le coût des réparations, compte tenu de la spirale inflationniste,
01:49 le coût de la réparation a flambé.
01:52 Les charpentes métalliques ont augmenté de 22%.
01:56 - Mais est-ce que vous vous attendez justement à ce qu'en 2023 se reproduise
02:01 cette même fréquence des événements climatiques exceptionnels
02:05 ou est-ce que vous espérez revenir à des factures plus raisonnables ?
02:09 - Alors, nous notre métier c'est le risque et c'est de projeter,
02:13 et c'est effectivement prévoir les risques.
02:16 Donc on a fait une grande étude avec des scientifiques, des météorologues,
02:19 avec des économistes, il y a à peu près un an,
02:22 pour essayer de projeter le coût de ces événements naturels
02:26 sur les 30 prochaines années comparés au coût sur les 30 dernières années.
02:31 Si je prends l'ensemble des événements naturels, ce que cette étude nous dit,
02:35 c'est que le coût cumulé sur les 30 prochaines années devrait doubler
02:40 par rapport à ce qu'on a connu.
02:41 Et si je parle juste de la sécheresse, parce que 2022 est aussi une année exceptionnelle
02:46 sur le front de la sécheresse, et bien le coût cumulé pour la sécheresse devrait tripler.
02:51 Donc effectivement, je ne peux pas vous dire, je ne suis pas Miss Météo,
02:55 je ne peux pas vous donner les prévisions pour 2023,
02:58 mais en revanche il y a une tendance qui effectivement s'affirme
03:01 depuis maintenant pas mal d'années et qui va se poursuivre.
03:04 - Et on voit aussi, c'était quand même dans ma question initiale,
03:07 que les assureurs remboursent plus vite et plus fréquemment qu'avant.
03:12 Aujourd'hui il faut qu'il y ait des arrêtés de catastrophes naturelles
03:15 qui soient prononcés au préalable pour les inondations, mais c'est tout.
03:19 Pas pour les autres risques.
03:20 - Ah, pour la sécheresse également.
03:21 Pour les risques, en fait, dans les événements naturels, il y en a de deux types.
03:25 Il y a ceux qui sont couverts exclusivement par les assureurs, la grêle,
03:30 et c'est pour ça que l'an dernier on a eu plus de 5 milliards de coûts liés à la grêle,
03:35 intégralement supportés par les assureurs.
03:37 - La moitié du coût.
03:38 - Exactement.
03:39 Et puis on a tous les risques qui relèvent du régime de catastrophes naturelles,
03:43 comme les tempêtes exceptionnelles, comme les inondations, comme la sécheresse.
03:47 - Mais exceptionnel.
03:48 Est-ce que finalement ça va continuer à rester exceptionnel
03:51 quand on voit que leur fréquence augmente année après année ?
03:54 - Alors il y a de plus en plus...
03:55 - Qu'en pensez-vous ?
03:56 - Il y a de plus en plus de risques qui sont couverts par ce régime de catastrophes naturelles.
04:00 Je rappelle qu'on a beaucoup de chance en France d'avoir ce régime
04:04 qui est très très protecteur pour nos concitoyens,
04:06 puisque moyennant une cotisation qui est de l'ordre de 25 euros par an et par foyer,
04:14 eh bien on est couvert contre les conséquences de ces événements climatiques.
04:17 - Et c'est exceptionnel quand on regarde un peu nos voisins européens.
04:19 - Ah c'est totalement exceptionnel si on se compare à nos voisins européens ou dans le reste du monde.
04:24 - Et est-ce que ce modèle, il est tenable pour vous financièrement
04:28 quand on voit justement que ces catastrophes naturelles
04:32 et ces événements climatiques exceptionnels se reproduisent année après année ?
04:35 Est-ce que ce n'est pas de plus en plus compliqué pour vous
04:38 à tenir ce modèle sans augmenter vos primes de façon importante ?
04:43 - Alors il y a toujours deux choses à faire quand les risques augmentent,
04:46 et de toute façon pour gérer les risques,
04:48 et la première chose à faire c'est la prévention.
04:51 Parce que le meilleur sinistre pour tout le monde, c'est celui qu'on a évité.
04:56 Donc je crois qu'il y a encore beaucoup de choses à faire sur le front de la prévention,
04:59 y compris des événements naturels.
05:01 Maintenant vous avez raison,
05:03 on a un régime catastrophe naturelle qui est déficitaire quand même
05:07 depuis un certain nombre d'années maintenant.
05:09 Donc il faut sans doute se reposer la question,
05:13 mais ça c'est une décision du gouvernement,
05:15 c'est lui qui décide le taux de surprime catastrophe naturelle.
05:18 - L'année dernière vous avez réussi à vous mettre d'accord avec Bercy,
05:21 il y a eu une sorte de bouclier qui a été mis en place, enfin vous ne l'avez pas appelé comme ça.
05:24 - Non mais le taux de catastrophe naturelle il est fixé par décret,
05:27 c'est 12% de votre cotisation multi-risques habitation par exemple.
05:31 Et c'est comme ça que je peux vous dire que ça fait à peu près 25 euros.
05:35 Et effectivement peut-être faudra-t-il progressivement dans le futur,
05:39 rajouter quelques euros,
05:41 mais vous voyez on est quand même, on parle d'un montant qui est très limité.
05:44 - Dans quel futur Florence Muskman ?
05:45 - C'était discuté avec les pouvoirs publics, c'est fixé par décret.
05:48 - Mais que préconisez-vous ? Qu'est-ce que vous pensez être autonome ?
05:50 - Nous ce qu'on préconise d'abord c'est de la prévention.
05:52 De la prévention au niveau local,
05:54 parce que quand on interroge les Français, et on le fait régulièrement,
05:58 on s'aperçoit qu'ils sont très conscients de l'augmentation des risques naturels.
06:03 D'ailleurs ils ont peur de la prévention adaptée aux risques qui sont,
06:08 les risques auxquels vous êtes le plus exposés à l'endroit où vous habitez.
06:13 - Merci beaucoup Florence Muskman, présidente de France Assureur,
06:17 invitée Echo de France Info ce soir.
06:19 - Merci à vous.
06:20 ♪ ♪ ♪