Le constructeur français annonce le lancement prochain d'une nouvelle Twingo électrique. Luca de Meo, directeur général de Renault, est l'invité éco de franceinfo, mercredi 15 novembre.
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00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:03 Bonsoir à toutes et à tous et bonsoir à vous, Lucas Déméo.
00:12 Bonsoir.
00:13 Vous êtes le directeur général de Renault.
00:16 Merci d'avoir choisi France Info.
00:18 Vous venez de présenter ici à Bercy où nous sommes, la nouvelle filiale 100% électrique du groupe baptisé Ampère.
00:26 Et dans ce cadre, vous avez présenté une toute nouvelle Twingo, Twingo électrique avec un prix annoncé à moins de 20 000 euros.
00:35 Il faut absolument, à votre avis, une voiture pas chère pour démocratiser enfin l'électrique.
00:41 C'est indispensable pour lever les derniers freins, les dernières réticences ?
00:45 Je pense que c'est le défi que tout le monde a.
00:47 On l'a vu aussi en Chine dans le moment où les voitures électriques ont touché la parité en prix catalogue avec les voitures hybrides, etc.
00:56 Le mix a monté clairement.
00:59 Et donc, on passe d'une phase où c'était des gens qui étaient purement innovateurs, orienté au risque, qui achetaient des voitures électriques.
01:08 Et maintenant, si on veut monter à 30, 40, 50% de mix, il faut aller chercher le cœur du marché.
01:14 Mais le cœur du marché, il n'est pas à 20 000 euros. 20 000 euros, c'est vraiment une voiture qui n'est pas chère.
01:19 C'est bien parce qu'il y a quand même, je dirais, au moins 20% du marché qui est en dessous de ce niveau en Europe.
01:27 Il n'y a pas que la Twingo qu'on présente. On a présenté la Renault 5, la 4, la Mégane, le Scénic.
01:34 Donc, avec la gamme d'Ampère, on va couvrir 80% de la demande en Europe.
01:39 Et justement, l'idée d'Ampère, c'est d'être capable d'être pointu en techno, soit sur l'électrique que sur le software,
01:47 mais de baisser les coûts pour qu'on puisse être capable, en France, en Europe, de toucher avant nos compétiteurs la parité entre les deux technologies.
01:59 Oui, puisque d'ici 2035, il sera interdit de vendre des véhicules neufs thermiques en Europe.
02:05 Cette Twingo électrique, où sera-t-elle fabriquée ? Est-ce que ce sera en France ?
02:10 On a des hypothèses. Maintenant, la décision n'a pas été prise.
02:14 C'est clair que dans la chaîne de la valeur d'une voiture, il n'y a pas que là où tu montes la voiture, où tu la fabriques, etc.
02:25 Mais il y a tout le thème de la recherche et développement des composants, d'où tu vas chercher les fournisseurs, etc.
02:31 Je pense que compte tenu du fait qu'il y a un lien très fort entre la plateforme de la Twingo et de la 4 et de la 5,
02:37 beaucoup de choses se feront en France. Maintenant, il faut qu'on décide quel site de production.
02:41 On ne l'a pas encore décidé. On a des hypothèses, mais on garde ça pour après.
02:46 Alors, vous gardez ça pour après, mais on imagine que vous voulez que cette voiture électrique bénéficie du bonus écologique.
02:53 Vous savez qu'il faut absolument que cette voiture soit fabriquée en Europe pour qu'elle bénéficie du bonus écologique tel qu'il a été pensé par le gouvernement français.
03:02 Certainement, elle sera fabriquée en Europe.
03:04 Ce qui n'est pas le cas de la Dacia Spring, qui du coup, autre modèle phare.
03:08 On ne va pas avoir tous ces avantages, mais on le sait. Justement, on a une alternative avec la Twingo à ce niveau de prix.
03:15 Donc, vous nous confirmez que la Twingo électrique, a priori, bénéficiera du bonus écologique.
03:20 C'est aussi pour ça qu'on imagine une voiture de ce type. C'est la demande du marché d'avoir des voitures qui sont accessibles.
03:28 Dans l'électrique, tu peux imaginer de faire des voitures qui sont très orientées à l'utilisation urbaine.
03:34 Cela veut dire qu'elles font moins de kilomètres, qu'elles vont moins vite.
03:38 Donc, tu peux te permettre d'avoir des batteries qui sont plus compactes, moins chères.
03:41 C'est pour ça qu'on arrive à ce niveau de prix.
03:44 Avec une fabrication prévue à partir de 2026.
03:47 Vous avez de grandes ambitions pour Ampère, avec un chiffre d'affaires de l'ordre de 25 milliards d'euros en 2031.
03:57 Et avant cela, une croissance de l'ordre de 30% par an.
04:00 Vous avez commencé à le dire aussi, une réduction des coûts de l'ordre de 40% qui est prévue.
04:06 Comment est-ce que vous nous assurez, Lucas Déméo, que cela ne se fera pas sur le dos des salariés, et notamment des salariés français ?
04:13 Vous savez que cela fait partie des craintes qui ont été exprimées aujourd'hui par la CGT.
04:17 Je pense qu'ils n'ont peut-être pas complètement compris le projet.
04:23 On a dû faire des sacrifices il y a trois ans pour restructurer l'entreprise.
04:29 Cela fait déjà un an, un an et demi qu'on est dans une nouvelle phase de développement chez Renault.
04:34 Où en fait, on est en train d'embaucher des gens.
04:37 Peut-être des gens différents, parce que les métiers changent, les technos changent.
04:44 Mais on est dans une phase de développement.
04:46 Et justement, un projet comme Emperre, cela sert à assurer la pérennité des emplois en France.
04:50 Je voudrais aussi en profiter pour dire que, quand je suis arrivé chez Renault, il y avait beaucoup de sujets.
04:56 Il n'y a pas si longtemps que ça.
04:57 Il y a trois ans, il y avait beaucoup de trous dans la raquette, notamment en France.
05:01 Et on a trouvé une solution grâce au projet Emperre à Douai, à Maubeuge, à Cléon, à Lardy.
05:10 Mais on a trouvé des solutions pour Sandoville, pour Dieppe avec Alpine, etc.
05:15 Je pense qu'à l'horizon où la Twingo sera produite, on aura les usines françaises à plein régime.
05:23 11 000 salariés prévus pour Emperre, avec un tiers d'ingénieurs.
05:28 Quels part en France à peu près ?
05:29 Ils sont tous en France.
05:30 11 000 salariés en France pour Emperre ?
05:32 Oui, ils sont tous en France.
05:33 Alors, aujourd'hui, vous êtes le directeur général de Renault, constructeur automobile français qui a été créé par les frères Renault il y a 125 ans.
05:42 Aujourd'hui, vous avez présenté la filiale électrique Emperre.
05:46 Qui nous dit que demain, ça ne veut pas dire que Renault est amené à disparaître ?
05:50 Je pense que c'est une façon à Emperre de réinventer la marque Renault.
05:54 Le nom de la société c'est Emperre, mais le nom de la marque commercialisée c'est des voitures de Renault.
06:02 C'est vrai aussi que dans la plateforme Emperre, on va produire des Alpines, des Nissans, des Mitsubishi.
06:10 Aujourd'hui, on a annoncé aussi que nos partenaires historiques voulaient venir en France pour produire leurs voitures sur nos plateformes, dans nos usines.
06:17 C'est de très bonnes nouvelles.
06:19 Donc la création d'Emperre, ça ne veut pas dire la disparition de Renault ?
06:24 Pas du tout. Au contraire, c'est une façon de réinventer la marque Renault, de projeter la marque dans le futur,
06:31 et de profiter de ces changements technologiques pour donner un nouveau sens et de remettre Renault dans le leadership de certaines technologies
06:39 comme Renault mérite pour sa longue histoire.
06:42 Sauf qu'Emperre va donc devenir un "pure player", c'est-à-dire une structure qui est consacrée uniquement à l'électrique et aux logiciels.
06:51 Est-ce que c'est obligatoire pour concurrencer Tesla, pour concurrencer également les Chinois ?
06:57 Je pense que quand on regarde le succès des différentes marques sur la partie électrique et software,
07:02 on voit très bien que ce que les Anglais appellent des "joueurs purs" sur le sujet, des "pure players",
07:09 en fait ils font les trois quarts du marché.
07:11 Parce qu'aujourd'hui ce sont eux les vrais concurrents.
07:13 Exactement, ce sont des gens qui ne font que ce sport.
07:15 La vérité, et moi j'utilise cette métaphore un peu sportive, c'est qu'on a joué au foot pendant 100 ans,
07:21 et maintenant ils nous disent que le marché de l'automobile va être les Jeux Olympiques,
07:25 il faudra savoir jouer sur différentes disciplines.
07:28 Donc ce qu'on est en train de faire chez Renault, c'est de découper la chose pour spécialiser les équipes sur des sports qui montent,
07:37 des disciplines qui montent, en termes de croissance, en termes de profitabilité.
07:40 Donc il n'y a pas qu'Ampère, il y a Alpine, il y a ce qu'on va faire sur l'économie circulaire, autour de Flandres,
07:46 il y a ce qu'on fait dans les services, autour de la marque Mobilize.
07:50 Donc il faut imaginer une équipe qui va aux Jeux Olympiques, on a toujours le même tricot,
07:56 on représente la même nation, mais chacun a un talent différent, a une façon de mesurer la performance différente.
08:04 Sauf que l'équipe Ampère, vous avez dit que vous alliez l'introduire en bourse au premier semestre 2024,
08:11 est-ce que c'est toujours d'actualité, l'UKWO ?
08:14 Oui bien sûr.
08:15 C'est indispensable ?
08:16 Non, je pense que ce n'est pas indispensable techniquement, parce que je pense qu'on a le projet financé,
08:21 et heureusement maintenant Renault est capable de générer du cash, ce qui veut dire qu'on peut se permettre de faire le projet.
08:27 Mais le thème de la bourse c'est une façon d'accélérer le projet, parce que dans le moment où tu as la ressource des investisseurs,
08:36 tu peux accélérer beaucoup de décisions qu'on devrait peut-être retarder pour suivre le plan comme il est aujourd'hui.
08:44 Et après quand tu rentres dans la bourse, tu dois de l'argent à des investisseurs,
08:50 en fait tu dois cocher beaucoup de cases et tu as la responsabilité sur la performance et la transparence.
08:56 Donc ce n'est pas tout de suite ?
08:57 Oui, la première fenêtre possible serait au printemps 2024, mais il faut que les conditions de marché soient là.
09:05 Avec Renault qui reste majoritaire, c'est important ?
09:07 Très important environ.
09:08 Merci beaucoup Lucas Demeo, directeur général de Renault.
09:13 Invité ECO de France Info à l'occasion de la présentation d'Emperre, filiale 100% électrique du groupe.
09:20 Merci à vous.