Le directeur général de Renault, Luca de Meo, est l'invité éco de franceinfo jeudi 15 février 2024.
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00:00 Bonsoir à toutes et à tous, résultat record affiché aujourd'hui par l'automobile Tricolor et notamment par Renault avec un chiffre d'affaires en hausse de 13%
00:09 pour atteindre plus de 52 milliards de chiffre d'affaires. Résultat net en hausse aussi à 2 milliards 2 en 2023. Bonsoir Lucas Déméo.
00:17 Bonsoir.
00:18 Vous êtes le directeur général de Renault. Merci d'avoir choisi France Info. Ces résultats, aujourd'hui, ce sont les vôtres.
00:24 Vous qui êtes arrivé il y a 3 ans maintenant à la tête d'une entreprise à l'époque extrêmement meurtrie par l'affaire Ghosn.
00:31 Entreprise qui faisait une course frénétique au volume. Ces bons résultats, aujourd'hui, sont le fruit de quelle stratégie ?
00:38 Des voitures vendues plus cher qui coûtent moins cher aussi à fabriquer.
00:42 Déjà, ce n'est pas le résultat de mon travail, c'est le travail de beaucoup de monde chez Renault.
00:48 Des cent dix mille employés, de nos fournisseurs, de nos concessionnaires, etc. Donc, il faut que je remercie aussi tout le monde pour le travail.
00:57 On a appliqué une politique différente par rapport au passé. On a essayé de se rentrer sur la valeur, donc sur donner au client du contenu
01:07 qu'il était prêt éventuellement à payer. Et on s'est limité dans la croissance pendant une période, justement, pour remettre la maison dans le bon ordre.
01:18 Ça marche. Je pense qu'aujourd'hui, Renault, c'est une entreprise qui fonctionne bien. C'est le meilleur résultat en 125 ans d'histoire de Renault.
01:25 Donc, je veux dire que c'est quand même une performance assez exceptionnelle. Donc, le mérite va à toutes les équipes et à tous nos partenaires.
01:32 Alors, sur le créneau du 100% électrique, vous allez lancer la Renault 5 cet été. Qu'est-ce que vous en attendez en termes de vente ?
01:41 Est-ce qu'elle peut faire aussi bien que son ancêtre des années 80 et que la Clio aujourd'hui, en gros, devenir numéro un ?
01:48 Écoutez, je pense que l'ancêtre en a vendu quelques 9 millions. Ça serait bien de vendre 9 millions de carrelles.
01:54 Là, vous êtes à 2 millions par an.
01:57 9 millions dans toute sa carrière, ce qui a été très long. On avait en tête de proposer la meilleure voiture citadine électrique au monde.
02:06 J'espère qu'on aura réussi notre pari. Mais la voiture est assez exceptionnelle. Elle sera dans les concessionnaires à partir de septembre.
02:17 Donc, on va la présenter à Genève et on va ouvrir les commandes avant la fin de la... disons au printemps.
02:24 J'espère que ce produit très symbolique pourra vraiment relancer Renault au niveau mondial et nous permettre de faire le virage à l'électrique et de rentrer vraiment dans les volumes.
02:35 Parce que je pense que c'est le but de tous les constructeurs en ce moment.
02:39 Donc, de vendre beaucoup de ce modèle ?
02:41 Oui, de vendre beaucoup. Je pense qu'il y aura pour une génération, une génération et demie, il y aura encore deux marchés.
02:48 Le marché du thermique et le marché de l'électrique. Mais je pense qu'au final, l'objectif, ça va être une partie électrique très prédominante en Europe.
02:59 Et donc, avec cette Renault électrique fabriquée en France, à quel prix ?
03:05 Mais on va... le prix d'entrée...
03:06 Ça fait plusieurs fois que vous me posez la question.
03:08 Oui, le prix d'entrée va être aux alentours de 25 000 euros et puis ça va éventuellement monter.
03:13 Mais c'est un prix très compétitif parce que vous... si vous imaginez qu'aujourd'hui, on vend une Mégane entre 37 000 et 38 000 euros.
03:22 Et donc, ça fait déjà un seuil d'accès à l'électrique beaucoup plus bas.
03:27 On vend une voiture, une Clio hybride, à un peu plus de 23 000 euros.
03:30 Donc, on est déjà presque au niveau du thermique.
03:33 Mais ce que vous êtes en train de nous dire, Lucas Déméau, c'est qu'on peut fabriquer une voiture à 25 000 euros en France puisque cette voiture, elle s'est fabriquée à Douai.
03:40 La réponse est oui. La réponse est oui.
03:43 Parce que vos concurrents, ils ont choisi d'autres pays pour leurs petits modèles.
03:47 La C3, elle est fabriquée en Slovaquie à 23 000 euros, la 2008 en Espagne.
03:51 Écoutez, le projet Ampère est un projet d'abord industriel.
03:56 On a beaucoup parlé de finances autour d'Ampère, mais il faut se rendre compte qu'on est en train de monter un système dans le nord de la France qui est assez impressionnant.
04:05 Ça va être la plus grande plateforme de production de voitures électriques en Europe avec une capacité à 600 000 voitures un jour.
04:16 Il y a deux usines d'assemblage, donc Douai et Maubeuch qui sont dedans.
04:23 Il y a l'usine de Clio qui va faire des moteurs électriques.
04:27 Il y a 11 000 personnes, 35 % desquelles sont des ingénieurs.
04:34 C'est vraiment un projet industriel.
04:36 Le défi que nous avons eu, c'était justement de démontrer qu'on était capable de produire des voitures compétitives en France.
04:44 J'espère qu'on va gagner le prix.
04:45 Avec des voitures qui vont bénéficier des nouveaux critères du bonus écologique qui privilégient les voitures fabriquées en France et en Europe.
04:54 C'est une bonne mesure, même si la Dacia Spring n'en bénéficiera pas puisqu'elle est fabriquée en Chine.
05:00 Je pense que le soutien qui nous est donné par le gouvernement et les gouvernements nationaux européens est le bienvenu.
05:08 Les voitures électriques coûtent encore plus cher que les voitures thermiques, ce qui fait que les prix sont encore plus hauts.
05:14 La demande de l'électricité n'est pas encore naturelle.
05:18 Il faut un coup de pouce.
05:21 Un jour, on pourra se priver de ces subventions.
05:25 Pour l'instant, c'est très utile.
05:30 Bienvenue les subventions, bienvenue l'aide qui nous est donnée par le gouvernement.
05:34 La presse italienne a évoqué la possibilité d'une fusion Renault-Stellantis.
05:38 Une hypothèse qui a été écartée ce matin même sur France Info par le patron de Stellantis, Carlo Stavares.
05:45 De qui pourriez-vous vous rapprocher aujourd'hui, Luca De Mio ?
05:49 Nous avons quand même dans les derniers trois ans noué des partenariats différents.
05:54 Une vingtaine d'entreprises qu'on connaît très bien, comme Valeo ou ST Microtronics pour faire des choses.
06:02 Jusqu'au partenariat qu'on a eu avec Geely ou avec Google.
06:05 Je pense que le nouveau monde de l'automobile est un monde beaucoup plus horizontal.
06:10 Donc des partenariats plutôt que des fusions ?
06:12 Qui sont ciblés.
06:14 On n'envisage pas en ce moment.
06:16 On n'a pas de projet de ce type-là.
06:18 Et je pense que les résultats qu'on montre cette année démontrent qu'on est peut-être sur la bonne approche.
06:24 Il y a beaucoup de technologies nouvelles qu'on n'est pas habitué à traiter.
06:29 Et donc à travers ce type de relation avec des gens aussi d'autres secteurs, on apprend beaucoup.
06:35 Et on peut s'allier aujourd'hui quand on est Renault à d'autres horizons, aux chinois notamment ?
06:41 Ecoutez, je pense que toutes les options sont ouvertes.
06:46 Mais pour l'instant, le schéma de jeu qu'on a mis en place, il a l'air de marcher très très bien.
06:52 Et je ne suis pas sûr que tout l'enjeu de la taille soit la clé pour tous les problèmes qu'une entreprise d'automobile a.
07:01 Parce qu'il faut construire des organisations qui sont beaucoup plus agiles pour gérer la volatilité.
07:05 Et des organisations qui sont très orientées à l'innovation.
07:09 Nous on essaye de faire de Renault une entreprise très très moderne.
07:14 Et une entreprise très orientée aux clients.
07:17 Parce que quand tu fais quelque chose pour les clients, normalement tu te trompes presque jamais.
07:21 Merci beaucoup Luca Demeo, directeur général de Renault.
07:25 Invité Eco de France Info ce soir, merci beaucoup.