Eliot Deval et ses chroniqueurs débattent des grands thèmes de l'actualité dans #FacealinfoWE
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00:00 Il est 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à l'info week-end.
00:04 J'espère que vous avez passé un excellent dimanche.
00:07 On est avec Jonathan Cixous ce dimanche.
00:09 Merci d'être avec nous.
00:10 Jonathan, "Vivre en ville", c'est votre dernier ouvrage.
00:13 Il vient de sortir.
00:14 J'imagine que vous parlez de la campagne dedans ?
00:16 Aussi, exactement.
00:18 Voilà, je le savais, l'esprit du contradictoire.
00:21 Régis Le Sommier, merci d'être avec nous.
00:23 Je suis ravi.
00:24 La nuit a été courte.
00:25 Elle a été courte, en effet.
00:26 Vous n'avez pas bringué.
00:28 Non. Mais vous êtes papa pour la troisième ou quatrième fois.
00:31 Quatrième fois.
00:32 Colette va bien ?
00:33 Colette va bien, mais il faut se réhabituer aux nuits avec des nourrissons.
00:37 Ce n'est pas facile.
00:39 Paul Melun a peut-être passé une nuit courte, mais il n'est toujours pas papa.
00:43 Moi, je suis célibataire sans enfant, Eliott.
00:46 Je vous propose que vous mettiez votre numéro de téléphone.
00:49 On va le mettre dans les flashes.
00:50 Si vous êtes trop fiers, je peux le donner.
00:53 Gabriel Cluzel est avec nous.
00:55 Si vous nous avez suivis vendredi, Gabriel a organisé, orchestré un putsch éditorial.
01:02 Il fallait qu'elle fasse un peu plus court, mais elle a décidé de rester.
01:06 Interrompu la chronique de Régis.
01:08 Comment allez-vous ?
01:10 Très bien.
01:11 Pas de putsch aujourd'hui ?
01:12 Non, non, aujourd'hui, je reste très raisonnable.
01:14 Il est 19 heures.
01:15 On n'est pas en retard, bien au contraire.
01:17 Et on est avec Isabelle Piguelot pour le Point sur l'information.
01:20 Bonsoir, Eliott. Bonsoir à tous.
01:22 Énième refus d'obtempérer à Paris.
01:24 Un automobiliste a mortellement fauché un piéton.
01:27 Un homme âgé de 30 ans.
01:29 Les faits se sont passés la nuit dernière aux alentours de 3h30.
01:32 Le conducteur tentait d'échapper à un contrôle de police à Pantin, en Seine-Saint-Denis.
01:37 Après avoir abandonné son véhicule dans une rue du 19e arrondissement,
01:41 le chauffeur a été interpellé.
01:43 Une enquête a été ouverte du chef d'homicide involontaire aggravé par le délit de fuite.
01:49 12 camions des Restos du Coeur ont été vandalisés vendredi à Watreloo,
01:53 la plateforme départementale de l'association caritative.
01:57 Les pare-brises et les vitres des véhicules ont été explosés à l'aide d'extincteurs,
02:02 dont la poudre a été déversée dans les habitacles.
02:04 Les suspects, deux individus âgés entre 16 et 20 ans, sont activement recherchés.
02:09 A noter que les Restos du Coeur alimentent 80 centres de la région, soit près de 40 000 bénéficiaires.
02:16 Et puis le rassemblement annuel de la mission évangélique « Vie et Lumière » a démarré aujourd'hui,
02:21 sur l'ancienne base aérienne de Gros-Tanquin, en Moselle.
02:24 Issue de la communauté tségane et venue de différents pays d'Europe, même des États-Unis,
02:29 près de 40 000 pèlerins se sont réunis.
02:32 400 gendarmes et une quinzaine de pompiers sont mobilisés,
02:35 ainsi que des équipes de protection de l'environnement.
02:38 Les pèlerins devraient rester sur place jusqu'au 10 septembre.
02:42 Au programme de Face à l'Info ce soir, la justice a donc tranché,
02:46 après sept ans d'enquête, expertise contre expertise,
02:49 c'est donc un non-lieu pour les trois gendarmes mis en cause dans la mort d'Adama Traoré en juillet 2016.
02:54 Pendant sept années, la famille Adama Traoré a pointé la responsabilité des forces de l'ordre,
02:59 parlant de violences policières.
03:00 Hier encore, Assa Traoré, invité du service public,
03:04 qualifiait cette décision en toute impunité de « honte pour la France », « honte pour la justice ».
03:09 Pourquoi Assa Traoré peut se permettre de telles attaques ?
03:13 Que feront les politiques, les personnalités qui portaient fièrement le t-shirt « justice pour Adama »,
03:18 l'édito de Gabriel Cuzel dans un instant ?
03:21 Chose promise, chose due, Paul Melun va nous éclairer ce soir sur la politique de la ville,
03:25 souvent utilisée comme argument clé,
03:27 comprendre, expliquer, pardonner parfois la délinquance ou encore les émeutes,
03:31 ces mêmes qui refusent de voir que le mal est peut-être plus profond que des blocs de béton,
03:36 un problème d'identité, un problème de culture, d'éducation, d'amour de la France et peut-être même d'immigration.
03:42 L'urbanisme, le bouc émissaire de la délinquance, réponse dans cette émission.
03:48 Jonathan Cixous, vous avez décidé de revenir sur ces deux refus d'optempérer ce week-end aux conséquences dramatiques.
03:53 D'abord à Carcassonne, un chauffeur percute un policier et le blesse grièvement.
03:56 Puis cette nuit à Paris, alors qu'il est sommet de s'arrêter, un conducteur prend la fuite.
04:01 Et dans sa course, fauche à un piéton de 30 ans qui décédera ensuite.
04:05 Couverture minime, pour ne pas dire néante.
04:07 Idem pour les condamnations des élus.
04:09 A l'indifférence médiatico-politique, il y a la peur.
04:12 La peur des policiers, peur d'intervenir.
04:14 Et puis il y a cette impunité, impunité des délinquants.
04:17 Comment faire pour endiguer ce fléau ?
04:19 On en parle avec vous dans Face à l'Info.
04:21 Enfin, ces dernières 48 heures, la tension est montée d'un cran au Niger.
04:25 Des milliers de Nigeriens ont manifesté devant la base où sont présents les militaires français.
04:30 L'ambassadeur est lui aussi personne à Nangrata.
04:33 Comment expliquer ce sentiment anti-français ?
04:36 Régis Le Sommier nous explique tout.
04:37 Voilà le programme Face à l'Info.
04:39 C'est parti.
04:40 Gabriel Cluzel, la justice vient donc de prononcer un non-lieu dans l'affaire.
04:57 Adama Traoré, mort en juillet 2016 à la suite de son interpellation par des gendarmes à Beaumont-sur-Oise.
05:03 Je cite "Aucune trace de violence ayant contribué au décès d'Adama Traoré n'a été notée lors des autopsies et des expertises de synthèse".
05:11 Fin de sept ans d'instruction, d'expertise, de battage médiatique, de manif.
05:16 L'honneur des trois gendarmes est lavé.
05:19 Fin de l'histoire, Gabriel ou non ?
05:21 Rien n'est moins sûr car Assa Traoré, la sœur d'Adama Traoré, ne l'entend pas de cette oreille.
05:25 La famille a d'ores et déjà annoncé qu'elle allait faire appel.
05:28 Et Assa Traoré vient d'appeler à une mobilisation mardi à Paris.
05:34 Alors elle a dit sur France Inter "Nous contestons ce non-lieu qui est une honte pour la justice française".
05:40 Rien que ça.
05:41 Donc loin d'y voir un point final, Assa Traoré veut au contraire en faire visiblement un nouveau carburant.
05:48 Alors cela va-t-il fonctionner ?
05:49 Difficile à dire pour le moment.
05:51 Mais ne seraient-ce pas plutôt les gendarmes qui pourraient aujourd'hui demander des comptes ?
05:56 Bien sûr, ce sont les gendarmes qui pourraient demander des comptes,
05:58 qui pourraient faire montre de leur indignation en vue de la façon dont ils ont été traités.
06:03 Ils pourraient aujourd'hui demander des excuses de certains.
06:06 Donc il serait intéressant de savoir s'ils vont continuer à suivre Assa Traoré.
06:11 Alors ils pourraient par exemple en vouloir à la justice.
06:13 On parlait de justice qui a fait durer l'affaire, qui l'a laissée sans venimer pendant sept ans.
06:19 Est-ce que c'était de la frilosité des juges ?
06:21 On peut légitimement se poser la question.
06:23 Je crois que pour se rendre compte de ce qu'ont vécu ces gendarmes,
06:26 il faut lire le livre de la mère de l'un d'entre eux, Virginie Gauthier.
06:30 Je crois qu'elle est venue sur le plateau de CNews, du reste,
06:33 qui dans un livre intitulé "Mon fils n'est pas un assassin"
06:37 découvre l'immense roulant compresseur qui s'est abattu sur ces gendarmes.
06:42 Dès l'annonce du décès d'Adama, le secteur de Persan, Beaumont, Champagne-sur-Oise s'est embrasé.
06:48 Elle décrit véhicules incendiés, pompiers caillassés, mobilier urbain saccagé.
06:53 Une ferme gendarme se fait casser le nez en tentant de calmer la foule.
06:57 Viennent ensuite les menaces de mort contre les gendarmes, les femmes et leurs enfants.
07:01 Leurs noms sont tagués dans les cités.
07:03 Ils doivent être exfiltrés.
07:05 Elle dit qu'en deux heures, vous imaginez quelqu'un qui doit quitter son domicile en deux heures,
07:10 son fils doit partir avec sa femme et sa fille de huit mois.
07:13 Et il faut rajouter qu'en 2019, dans une tribune publiée sur Facebook intitulée "J'accuse",
07:19 comme si l'affaire Traoré était comme l'affaire Dreyfus, Assa Traoré donnera leur nom.
07:24 Ce n'est pas seulement la justice peut-être pour les gendarmes qui doivent donner des comptes ?
07:28 Mais bien sûr, la liste est longue.
07:30 Ils pourraient demander des comptes.
07:32 Certains médias, il y a un véritable léviathan de la presse partisane qui s'est mis en branle, implacable.
07:38 Alors la maire du gendarme raconte qu'elle qui se disait plutôt de gauche à l'origine,
07:41 même carrément de gauche, qui aimait beaucoup Mediapart, par exemple,
07:44 le regardait d'une façon toute autre parce que, dit-elle,
07:48 les journalistes ont créé de toutes pièces une icône.
07:52 Alors c'est vrai que la mise en avant de la famille était une arme fatale.
07:56 Quand il y a un mort, la peine de la famille est incontestée et incontestable.
08:01 Donc qui serait assez cruel pour contredire leur parole dans des moments pareils ?
08:07 Donc toute remise en perspective a été répudiée, abjecte.
08:11 Tout ce que disait Assa Traoré est devenu très vite parole d'évangile.
08:16 Les gendarmes étaient coupables, forcément coupables.
08:18 Et c'est vrai que la présomption d'innocence dans ce pays vaut pour tout le monde,
08:22 sauf pour les forces de l'ordre.
08:24 Et on aurait pu attendre de ces médias, ces gendarmes auraient pu attendre de ces médias
08:27 qui prennent de la distance, qui ne relaient pas un narratif biaisé,
08:32 qui ne correspondait pas tout à fait, même pas du tout à la réalité.
08:36 Dans la bouche d'Assa Traoré, ses frères sont des prisonniers politiques.
08:39 Ils sont carrément les Solzhenitsyn dans l'archipel du goulag français.
08:43 Elle déclame, c'est en avril 2021 devant le TGI de Paris,
08:49 il y avait toute l'extrême gauche avec elle, mais on en reparlera.
08:51 "Cinq de mes frères sont passés par la casse prison.
08:53 On a fait presque toutes les prisons d'Île-de-France."
08:56 Oui, c'est vrai, mais pas la façon de Solzhenitsyn,
08:58 parce qu'ils ont été condamnés pour des motifs crapuleux.
09:05 Donc c'est vrai que ces médias auraient pu avoir la clairvoyance
09:07 et l'honnêteté de ne pas relayer non plus les accusations de racisme
09:12 à l'endroit des gendarmes quand on sait que deux d'entre eux,
09:14 selon leur avocat, sont entillés.
09:17 Même les magazines féminins, c'est quand même assez énorme,
09:20 Cosette et Elle, exaltent une militante charismatique tenace.
09:25 Alors pourtant, ils lui traissent des couronnes de laurier,
09:28 alors que celle qui est issue d'une fratrie de 17 enfants
09:30 fait la promotion de la polygamie.
09:31 Elle dit que c'est une expérience formidable qu'elle a vécue avec ses parents.
09:35 Eh bien, ce n'est pas grave.
09:36 Pour l'occasion, les féministes sont prêtes à faire l'impasse
09:39 sur ces petits dérapages.
09:41 Jusqu'à la presse internationale qui s'en est mêlée,
09:43 puisqu'en décembre 2020, Assa Traoré est sacrée par le Time
09:48 "Guardian de l'année".
09:50 Voyez, elle occupe la une du magazine.
09:52 La photo est quasi christique.
09:53 La seule touche, c'est une touche de bleu.
09:55 Vraiment, on dirait la Sainte Vierge.
09:58 Voilà, et puis les gendarmes pourraient aussi demander des excuses
10:01 à l'extrême gauche et à Europe Écologie Les Verts,
10:05 qui ont fait aussi d'Assa Traoré leur icône, leur passionnariat.
10:10 Et là aussi, ils se sont assis joyeusement
10:13 sur la présomption d'innocence des gendarmes.
10:18 Alors, on peut citer Louis Boyard, Éric Coquerel,
10:20 ou encore Mathilde Panot et Sandrine Rousseau,
10:22 elles aussi féministes, pas tâches, enfin, censément,
10:26 ont soutenu sans faillir Assa Traoré.
10:28 Apparemment, la polygamie, c'est moins grave que le barbecue.
10:31 Arborant ses t-shirts, faisant des selfies avec elle
10:34 à la fête de l'Huma le 9 juillet dernier.
10:37 Ils étaient tous avec elle lors de la marche interdite
10:41 en mémoire d'Adama Traoré.
10:43 - Marche, pardonnez-moi de vous couper,
10:45 durant laquelle on a pu entendre "tout le monde déteste la police"
10:48 scandée par les manifestants présents
10:51 autour des députés et d'Assa Traoré.
10:54 - Vous avez bien raison de le préciser,
10:55 mais apparemment, ça ne dérange pas grand monde.
10:59 À l'extrême gauche, nul n'a trouvé non plus un décent
11:02 ni une mauvaise goût de la voir devenir,
11:04 en plus d'une icône, le chef avisé d'une petite entreprise.
11:07 La marque Adama a été déposée à l'Inpi le 30 septembre 2016.
11:12 Propriété collective de 10 membres de la famille Traoré,
11:14 déclinable en photographie, carte, objets d'art,
11:17 serviettes de toilette en papier, etc.
11:20 Et Assa Traoré deviendra plus tard l'éphémère égérie
11:23 dans le luxe de Louboutin et Stella McCartney.
11:26 À l'extrême gauche, on ne s'émeut pas de cette complicité au "walkwashing".
11:29 Vous savez, il y a le "greenwashing",
11:30 mais il y a aussi le "walkwashing" avec des entreprises de luxe
11:34 qui engraissent pourtant le grand capital.
11:36 Et puis enfin, les gendarmes, on peut le dire,
11:38 pourraient en vouloir aussi à l'État et au gouvernement,
11:41 qui, par crainte de voir s'enflammer les banlieues,
11:44 tétanisés par le magistrat moral de gauche,
11:47 a fait mordre dans cette affaire d'une grande pusillanimité.
11:50 Alors, je ne sais pas vous, mais moi, ce qui m'a le plus frappée,
11:52 c'est sans doute qu'on ait laissé Assa Traoré s'exprimer dans des lycées.
11:56 Et puis, visiblement, ce n'était pas pour y enseigner le latin et le français,
11:59 ni les maths.
12:01 Il y avait le lycée, je peux citer,
12:02 Voyeaux, Maholné-sous-Bois, Angela Davis à Saint-Denis,
12:06 Romain Rolland à Riverie, Jean-Jacques Rousseau à Sarcelles.
12:08 Pourquoi, c'est à l'époque, je crois, sous le règne,
12:10 si j'ose dire, de Jean-Michel Blanquer, pourquoi n'a-t-il pas protesté ?
12:14 On peut citer encore Christophe Castaner,
12:16 qui, en 2020, en pleine crise Covid,
12:18 a affirmé que les manifs interdites contre le racisme
12:21 ne seraient pas sanctionnés, car parfois l'émotion dépasse la loi.
12:26 Le traitement énigme dont ont fait l'objet ces gendarmes
12:28 servira-t-il de leçon ?
12:30 Malheureusement, rien n'est moins sûr,
12:32 parce que rappelons-nous que dans l'affaire Mael,
12:34 au mépris de toute présomption d'innocence,
12:36 Emmanuel Macron, sans en savoir plus avant,
12:40 a qualifié immédiatement les faits d'inexplicables et d'inexcusables.
12:46 Peut-être en un mot, Régis Le Saumier,
12:49 est-ce que mardi, cette manifestation doit être autorisée,
12:52 après tout ce qui a pu se passer précédemment ?
12:55 Je ne sais pas si vous avez entendu l'entretien d'Assa Traoré sur France Info.
12:59 - J'en ai entendu des extraits.
13:01 - 11 minutes d'entretien.
13:02 Elle était sur le plateau,
13:04 elle expliquait que c'était une honte, cette décision pour la France,
13:06 une honte pour la justice.
13:08 - Écoutez, la dernière fois, ils avaient foulé au pied la décision d'interdiction.
13:14 Il y avait eu cette manifestation,
13:16 manifestation dans laquelle il y avait eu des violences.
13:19 - Je crois qu'il y a eu une procédure en cours.
13:21 - Il y a eu une procédure en cours,
13:22 et surtout, ce qui m'avait particulièrement choqué,
13:24 ce n'est pas simplement la simple présence des habituels de la France Insoumise,
13:29 Mathilde Panot, Louis Boyard, Sandrine Rousseau.
13:32 Je ne sais plus si elle y était.
13:33 - Bien sûr qu'elle y était.
13:34 Éric Coquerel était juste à côté d'Assa Traoré.
13:36 Il était bien à la lèse.
13:38 - Ils avaient leur écharpe de représentants de la nation,
13:40 dans une manifestation interdite.
13:42 - Je peux vous dire qu'ils ont sorti des rames,
13:43 elles n'étaient pas bio, ces rames,
13:45 pour essayer d'expliquer pourquoi ils n'ont pas quitté cette manifestation,
13:49 quand il y avait ces slogans qui étaient scandés.
13:51 - La différence, là, c'est qu'il y a quand même la décision de justice,
13:55 donc ils sont un petit peu devant le fait accompli.
13:57 C'est-à-dire, vont-ils participer à une manifestation qui est illégale,
14:01 pour une décision de justice qui a été tranchée ?
14:06 - À vous, cher Paul Melun,
14:08 qui avait annoncé en début d'émission qu'il était célibataire.
14:11 - Ça, je sens que je n'entends pas.
14:14 - 0658, mon chér Paul.
14:17 - Ça ne commence pas comme ça, je suis tranquille.
14:18 - Mais bien sûr, je plaisante.
14:20 Paul, on va parler de l'urbanisme, des émeutes et des violences.
14:23 Deux mois tout juste après les émeutes,
14:25 qui en trois fois moins de temps ont provoqué trois fois plus de dégâts
14:28 qu'en 2005, difficile aujourd'hui d'y voir clair.
14:30 Et quand on ne veut pas parler éducation, culture,
14:33 amour de la France, immigration,
14:34 on parle d'urbanisme, de politique de la ville.
14:37 Est-ce que l'on peut dire que la façon dont on a pensé la ville,
14:41 conçue les banlieues dans les années 60-70,
14:44 a une responsabilité dans les émeutes d'il y a deux mois ?
14:47 - D'abord, en introduction de mon propos,
14:48 je ne veux pas effectivement laisser dire que l'urbanisme
14:50 ne serait pas une question fondamentale.
14:52 C'en est une.
14:54 De la cité grecque jusqu'au baron Haussmann, en passant par Rome,
14:57 on sait très bien que de la façon dont on conçoit,
14:59 dont on agence, dont on organise la ville et la cité,
15:02 eh bien forcément, ça, ça a une répercussion
15:05 sur la façon dont on fait société.
15:07 Vous le disiez, Eliott, dans France, dans les années 50-60-70,
15:10 on a eu cette politique des grands ensembles.
15:12 Ces immenses barres d'immeubles qui ont fleuri un peu partout
15:15 autour des grandes métropoles, c'était le confort moderne
15:17 pour les ouvriers, pour les rapatriés d'Algérie, etc.
15:20 La France, il faut le savoir, est le seul pays occidental
15:23 à faire massivement ce choix pour régler la crise du logement.
15:26 Ce n'est pas le cas au Royaume-Uni,
15:27 ce n'est pas le cas dans les pays scandinaves,
15:28 où on va, vous savez, favoriser ces petits bâtiments
15:30 de 4-5 étages avec des jardins, avec des banlieues pavillonnaires.
15:33 Donc ça, c'est quand même une exception relativement française.
15:36 Puis, dans les années 80-90,
15:38 ces quartiers sont en proie aux premières grandes crises,
15:40 aux premières crises importantes, dues notamment, effectivement,
15:43 alors là, on fait un lien entre la concentration
15:45 de populations précaires, voire immigrées, dans les mêmes immeubles.
15:48 Et on se dit, tout cela, pose question.
15:49 À partir des années 2000, l'État tente d'agir.
15:52 Vous savez, il y a les fameuses émeutes en 2005,
15:54 il y a les émeutes à Villiers-le-Bel, et là, en 2004,
15:57 on va créer l'ANRU, c'est l'Agence nationale de la rénovation urbaine.
15:59 Et on considère à l'époque, et là, c'est intéressant,
16:01 que le problème des banlieues, le problème,
16:03 le premier problème des banlieues, c'est le manque de moyens.
16:06 C'est la précarité économique.
16:07 Et à cette époque-là, d'ailleurs, il y a un large consensus,
16:10 que ce soit chez Jacques Chirac et ses ministres,
16:12 ou au Parti socialiste, ou à gauche.
16:14 Tout le monde, effectivement, est dans cette logique-là.
16:16 Et on va lancer, vous savez, la fameuse politique de la ville.
16:18 Donc là, c'est l'époque des gymnases,
16:20 c'est l'époque des piscines olympiques,
16:22 c'est l'époque des rénovations d'immeubles,
16:23 d'effondrements de certains immeubles, même du transport, etc.
16:27 Et donc, effectivement, on va tout miser sur cette question des moyens,
16:31 faisant de la situation des personnes qui habitent en banlieue,
16:34 si vous voulez, l'étendard d'une forme de prolétariat,
16:36 de crise sociale, occultant par là même toutes les autres vicissitudes
16:40 qui pouvaient s'opérer dans les banlieues françaises.
16:42 - À vous entendre, cette politique de la ville,
16:44 elle n'a pas permis d'éviter les émeutes,
16:46 que ce soit en 2005 ou il y a deux mois, et ce serait un échec.
16:50 Est-ce que le discours sur l'urbanisme permet de cacher,
16:53 en fait, les vrais enjeux de la banlieue ?
16:56 - Effectivement, l'historique que je vous ai fait montre bien
16:59 que l'argent dans les banlieues n'a rien changé au problème profond.
17:02 Il a seulement donné une forme, si vous voulez, de bonne conscience
17:04 à des gens qui ne voulaient pas voir les vrais problèmes.
17:07 Donc, je ne conteste pas que la politique des grands ensembles soit un échec.
17:10 J'en suis même convaincu, d'ailleurs.
17:11 Je pense que la concentration sociale, l'endogamie,
17:14 qu'elle soit religieuse, politique, sociale, n'est pas une bonne chose
17:16 et qu'effectivement, la mixité, j'y suis favorable.
17:18 Mais l'urbanisme, comme la question sociale, n'est pas l'élément fondamental
17:23 qui permet d'expliquer à lui tout seul la délinquance et l'embrasement des quartiers.
17:26 J'en veux pour preuve deux exemples internationaux.
17:29 Vous prenez, par exemple, la fameuse Suède.
17:30 En Suède, vous savez, il n'y a pas eu cette politique des grands ensembles.
17:33 Et pour autant, allez savoir pourquoi, en Suède, on a les mêmes problèmes
17:36 qu'en France de délinquance, de criminalité, d'ensauvagement,
17:40 de mouvements d'émeute anarchique.
17:41 Et de la même manière, en Pologne, par exemple,
17:43 où il y a eu des politiques de grands ensembles urbains,
17:45 vous allez à Varsovie, vous avez des barres d'immeubles,
17:47 il n'y a pas un problème.
17:48 Donc, ça prouve, si vous voulez, qu'il faut probablement relativiser
17:52 cette question de l'urbanisme et que précisément,
17:54 ça n'est pas seulement une question d'urbanisme.
17:56 Si ce n'est pas une question d'urbanisme,
17:58 comment expliquer la recrudescence des émeutes
18:01 et comment lutter vraiment contre ces violences ?
18:03 - Oui, parce que c'est ça la question fondamentale, Eliott.
18:05 C'est-à-dire qu'on peut réfléchir toute l'année aux problèmes urbanistiques.
18:09 Si on n'arrive pas à avoir une réflexion globale,
18:11 holistique sur ce sujet-là, on passe à côté du problème.
18:14 Mais ça nécessite de traiter un certain nombre de sujets
18:16 qui font polémique, de sujets complexes,
18:18 de sujets que la bien-pensance a occulté depuis fort longtemps.
18:21 Premier sujet, vous en parliez en introduction, l'immigration.
18:23 Quel est le point commun entre tous les pays occidentaux
18:25 qui font face à cette délinquance en hausse ?
18:27 C'est l'accueil d'une immigration massive
18:29 qui n'a pas ou mal été intégrée,
18:31 qui n'a pas ou mal été assimilée.
18:33 Par conséquent, ce n'est pas, si vous voulez faire l'amalgame
18:36 entre tous les immigrés et les délinquants des quartiers,
18:39 que de constater cela.
18:40 C'est seulement réfléchir à ce que devrait être
18:42 une vraie politique de mixité, d'assimilation ou d'intégration
18:45 qui n'a pas eu lieu en France,
18:47 comme dans beaucoup de pays européens
18:48 et dont nous payons les pots cassés.
18:49 Donc le sujet de l'immigration.
18:51 Autre sujet, celui de la décivilisation.
18:53 Là, nous parle le président de la République, vous savez,
18:55 le nihilisme qui engendre une forme de désaffiliation
18:58 des valeurs et des principes même du civisme.
19:00 Donc c'est ça qui, effectivement, avait été annoncé,
19:03 vous savez, dans les grandes prophéties
19:05 qu'on faisait des grandes villes dans les années 70, 80,
19:07 dans les films de science-fiction,
19:08 avec les films de Kubrick,
19:09 avec le film "Soleil vert" avec Charlton Heston.
19:11 On imaginait ces grandes villes surpeuplées,
19:13 polluées en proie à la violence.
19:15 Eh bien, aujourd'hui, dans certains quartiers de France, nous y sommes.
19:17 Donc ça, ça procède du processus de décivilisation.
19:20 Ensuite, il y a aussi le sujet de la négation de la France,
19:22 du patriotisme, de la crise de l'autorité
19:24 dont on parle beaucoup sur nos plateaux,
19:27 la contestation de l'ordre et du mode de vie à la française.
19:30 Donc ça, effectivement, une fois qu'on a ici vu un certain nombre de causes,
19:33 il faut les traiter.
19:34 Et là, si vous voulez, face à ces causes-là,
19:36 il y a deux types de solutions.
19:38 Il y a les solutions de la gauche, c'est le social et l'urbanisme.
19:40 Donc ça, effectivement, on le disait, ça ne suffit pas.
19:42 Et puis, il y a les solutions de la droite au pouvoir.
19:43 La droite, quand elle était au pouvoir, n'a pas fait grand-chose là-dessus.
19:46 Elle a continué à promouvoir une forte immigration,
19:48 non assimilée, non intégrée.
19:50 Elle a considéré que l'immigration de travail,
19:51 comme le grand patronat allemand, était la seule solution.
19:54 Considérant que c'était très bien ainsi,
19:56 qu'on allait laisser des gens précaires avec une même religion,
19:58 qui n'était pas la religion chrétienne,
20:00 dans un certain nombre de quartiers, qu'on allait les concentrer
20:02 et que tout ça allait se passer très bien, à ma foi,
20:03 qu'il n'y avait pas de soucis,
20:04 qu'il suffisait d'avoir certains ministres de l'Intérieur
20:06 qui allaient mettre parfois un coup de menton en disant "ça suffit,
20:09 on va faire le car-cher" et puis finalement, rien ne se passait.
20:12 Donc si vous voulez, les deux politiques n'ont pas marché.
20:14 Moi, je pense qu'il faut dépasser ce clivage pour...
20:16 Et j'en finirai par là.
20:17 Il faut dépasser ce clivage pour probablement solutionner
20:20 les grands défis qui traversent la banlieue en France.
20:22 Il faut probablement réduire considérablement l'immigration,
20:25 mais en tout cas la circonscrire aux droits d'asile.
20:28 Faire ce que font les Danois,
20:30 mettre en place les frontières de lieu,
20:31 réfléchir à des solutions diplomatiques,
20:33 rétablir l'ordre sur les dealers et les voyous
20:35 avec, à mon avis, un plan national coordonné.
20:37 Ça peut être avec la gendarmerie,
20:39 qui est une force d'intervention intermédiaire
20:41 entre l'armée et la police.
20:43 Et puis redonner le goût de la France,
20:44 rebâtir parce qu'on ne reconstruit pas dans le désordre.
20:47 Donc une fois qu'on rétablit l'ordre,
20:48 qu'on rétablit un commun, un substrat culturel commun,
20:51 là on peut reconstruire, là on peut dire
20:52 "Eh bien oui, il y a l'ascenseur social,
20:54 personne n'est exclu, ce n'est pas parce que vous êtes né
20:56 à Sarcelles ou dans je ne sais quel quartier de France
20:58 que vous ne pouvez pas faire des grandes études,
21:00 vous êtes bien les bienvenus, vous êtes dans votre pays
21:02 et donc vous allez bien aussi réussir et vous épanouir."
21:05 Et en fait, si on n'a pas tout à la fois
21:07 ce premier discours, ce premier tour de vis
21:10 d'ordre sécuritaire et effectivement
21:12 cette fermeté migratoire,
21:13 on n'arrivera jamais à lancer les grands plans
21:16 et qui là, moi, me parlent de gauche,
21:17 qui sont de dire "Eh bien effectivement,
21:19 on va promouvoir l'ascenseur social,
21:22 le mérite républicain, etc."
21:23 Donc je pense que c'est tout ça,
21:24 mais malheureusement, comme beaucoup de sujets
21:26 qu'on traite ici, ça exige du courage politique.
21:29 Et a priori, eh bien, si on voulait faire
21:31 ce que font le Danemark, c'est-à-dire réunir
21:33 la droite et la gauche autour de cette grande ambition
21:36 pour refaire du commun français,
21:38 eh bien il faudrait peut-être un peu de courage politique,
21:40 j'ai l'impression que nos dirigeants en manquent singulièrement.
21:42 - Et puis si vous l'avez rappelé,
21:44 c'est profondément insultant pour les gens
21:46 qui s'en sortent, qui travaillent,
21:47 qui vivent dignement, qui respectent évidemment
21:50 et qui aiment la France et qui vivent dans ces zones dites...
21:53 - Et oui, qui sont les premières victimes d'ailleurs
21:55 des annotations des racontes,
21:56 ce sont les habitants eux-mêmes des banlieues.
21:57 - C'est très intéressant d'avoir parlé du Danemark, Paul,
22:00 parce qu'ils ont une politique pénale
22:03 dans les quartiers où "digitoiser",
22:05 c'est comme ça qu'ils le présentent,
22:07 exactement, où finalement, c'est une politique pénale
22:09 bien plus ferme lorsqu'il y a plus de 50%
22:12 par exemple des habitants immigrés,
22:14 la politique est bien plus ferme et ça change la donne.
22:17 Qu'en pensez-vous ?
22:18 Est-ce que par exemple les émeutes,
22:19 qu'on a souvent entendues,
22:20 c'est peut-être un problème de politique de la ville,
22:22 il faut mettre encore un peu plus d'argent.
22:24 On vous a entendu, on va demander à monsieur Siksou
22:27 qui a écrit d'ailleurs "Vivre en ville".
22:29 - Merci de le rappeler, Eliott.
22:31 - Vous en pensez quoi ?
22:33 - C'est l'exposé qu'on vient d'entendre
22:35 est parfaitement complet.
22:37 Ce qui est intéressant en parlant des Danois,
22:39 c'est qu'ils sont ce qu'on n'est pas capable encore de faire.
22:43 Ce qu'on n'est pas encore capable de faire,
22:45 c'est reconnaître nos erreurs.
22:46 Quand je dis "on", ce sont nos responsables politiques.
22:48 Que font-ils ?
22:48 Ils réalisent qu'ils sont partis dans la mauvaise direction,
22:51 ils prennent avec pragmatisme la décision
22:54 d'aller dans l'autre direction.
22:55 C'est exactement ce qu'ils ont fait en termes de politique pénale,
22:57 de politique migratoire également,
22:59 de gestion des flux migratoires
23:01 et de gestion de ces quartiers.
23:04 Et on ne peut le souhaiter,
23:05 mais en même temps, ce n'est tellement pas dans nos habitudes,
23:07 dans notre "tradition" politique
23:10 que ça risque d'être un vœu pieux pendant encore très longtemps.
23:13 Des milliards, Gabrielle Cluzel,
23:14 ont été donnés dans ces zones dites de banlieue.
23:19 On pense aussi à la ruralité, les zones rurales oubliées,
23:22 des Français qui n'ont plus les moyens de construire
23:25 avec finalement des établissements publics qui sont maintenant oubliés.
23:30 Oui, de fait, je pense qu'il faut sortir de ce mantra
23:32 consistant à dire qu'il y a des émeutes
23:33 parce que les gens, par exemple, sont mal logés.
23:36 Quand les logeons mieux, ça va mieux se passer.
23:37 Alors moi, je pense que l'urbanisme, c'est un vrai sujet.
23:40 L'esthétique de nos paysages fait partie de l'écologie.
23:42 Ça, c'est vrai.
23:43 On a construit des ensembles affreux, c'est un fait.
23:46 Mais je pense, par exemple, à Frévalon,
23:49 qui est une cité à Marseille qui a fait parler d'elle ces dernières années.
23:53 Au début, elle avait été créée pour accueillir les pieds noirs,
23:55 qui ont été très mal accueillis.
23:56 Et néanmoins, il n'y avait pas de problème de délinquance.
23:59 Il n'y avait pas les problèmes qu'on rencontre aujourd'hui.
24:01 Et à contrario, il y a des centres-villes anciens,
24:03 très jolies, avec des immeubles haussmanniens
24:05 qu'on a fait rentrer dans la politique de la ville,
24:07 qu'on attribue en logements sociaux.
24:09 Et ça génère des problèmes de sécurité dans ces centres-villes énormes.
24:14 Et par ailleurs, Mohamed Merah, vous le connaissez,
24:17 Mohamed Merah, qui était de Toulouse, a vécu une partie de sa vie
24:20 dans un joli château en Occitanie qui accueillait les familles en difficulté.
24:25 Visiblement, ça n'a pas réussi à lui faire changer de chemin.
24:27 Donc, je crois que c'est une facilité intellectuelle que d'imaginer
24:30 que de vivre dans ces grands ensembles qui, certes, sont très laids
24:33 et qui ont sans doute vocation à disparaître,
24:35 soit l'explication de tous nos maux.
24:36 La publicité, on revient dans un instant.
24:38 On parlera de ces refus d'obtempérer aux conséquences dramatiques
24:43 à Carcassonne, mais également à Paris avec vous, Jonathan Cixous,
24:46 et puis le Niger, le Niger avec Régis Le Saumier, bien sûr.
24:50 La pub.
24:51 Je reçois à Paul Melin des dizaines de messages sur les réseaux sociaux
24:57 pour avoir donné le numéro en direct de Paul Melin.
25:04 Lui qui dit être célibataire sans enfant.
25:06 Ça me rassure sur mon sex appeal, sur ma capacité à séduire.
25:09 Bah écoutez, je pense que c'était plutôt la qualité de votre édite.
25:13 Ah, je préfère.
25:14 Ou peut-être la qualité de votre veste qui est très belle.
25:17 Le Point sur l'information, 19h30 avec Isabelle Puboulot.
25:21 Bonsoir Elliot, bonsoir à tous.
25:22 Les restos du cœur sont dans le rouge.
25:24 En difficulté financière, ils seront contraints de réduire
25:27 le nombre de bénéficiaires cet hiver.
25:30 Le président de l'association l'a confirmé aujourd'hui
25:32 en raison de la hausse très importante du flux de personnes
25:36 qui réclament de l'aide face à l'inflation.
25:38 Patrice Douré appelle le gouvernement à lancer un plan d'urgence alimentaire.
25:42 Par solidarité, certaines enseignes de distribution ont déjà annoncé
25:47 la mise en place d'opérations de collecte avant la fin de l'année.
25:51 La fiscalité sur le tabac n'augmentera pas à l'an prochain,
25:54 annonce de la première ministre dans un entretien à RTL.
25:58 Elisabeth Borne a également confirmé que les PEUF,
26:00 ces cigarettes électroniques jetables très prisées par les jeunes,
26:04 seraient prochainement interdites.
26:06 Le tabac reste un enjeu important de santé publique.
26:09 Chaque année, 75 000 morts sont liées à sa consommation.
26:13 872 migrants sont parvenus à traverser la Manche hier,
26:17 selon les autorités britanniques.
26:19 Un record sur une seule journée depuis le début de l'année
26:22 du fait d'une météo favorable.
26:23 Au total, en 2023, plus de 21 000 personnes sont arrivées
26:28 au Royaume-Uni par le biais d'embarcations,
26:30 un nombre qui suggère une légère baisse par rapport
26:33 aux 45 000 arrivées comptabilisées l'an dernier.
26:37 Isabelle, pour le point sur l'information,
26:39 il faut aider et soutenir les restos du cœur et ce sera
26:43 l'ouverture de leur dépôt à 20h bien sûr.
26:46 On est avec vous Jonathan Cixous et on va parler de cette actualité dramatique,
26:51 de nouveau marquée par de refus d'obtempérer,
26:53 dans l'indifférence médiatique et politique totale.
26:55 Vous avez entièrement raison.
26:56 Je n'ai pas vu une condamnation des politiques.
26:58 Très peu de médias en parlent.
26:59 Pourtant, les faits sont très graves,
27:02 puisque ça s'est passé la nuit dernière à Paris,
27:04 mais également à Carcassonne.
27:05 Oui, commençons avec Paris, c'est le fait le plus récent
27:07 et le plus grave.
27:10 Ça s'est soldé par la mort d'un homme,
27:12 par un passant qui a été fauché par le véhicule.
27:15 C'était la nuit dernière, vers 3h30 du matin.
27:17 Le scénario, malheureusement, on le connaît parce qu'il se répète
27:20 très souvent.
27:21 On est entre la ville de Pantin et Saint-Denis.
27:24 La police demande à un véhicule de s'arrêter.
27:26 Celui-ci refuse.
27:27 S'en suit une course-poursuite dans ce secteur,
27:30 qui est limite off du 19e arrondissement de la capitale.
27:34 Et dans cette course-poursuite, le chauffard réussit à semer
27:37 les policiers.
27:38 Ils apprennent par leur radio qu'après le tunnel de la porte
27:42 de la Villette, ce chauffard a renversé un passant qui a été
27:46 projeté à plusieurs mètres de la chaussée du boulevard
27:50 McDonald.
27:51 La voiture du fuyard, elle, a été retrouvée dès hier soir.
27:55 Et il y a quelques heures seulement, cet après-midi,
27:57 on a appris que la police avait mis la main sur ce chauffard.
28:00 - Et Carcassonne, que s'est-il passé ?
28:02 - Alors là, c'était la veille.
28:02 C'était dans la nuit de vendredi à samedi.
28:05 Carcassonne est en pleine feria, vous imaginez un peu l'ambiance.
28:08 Et vers 1h30, 2h moins le quart, la police établit un barrage
28:13 pour filtrer, voir les conducteurs trop alcoolisés.
28:16 Et c'est en arrêtant plusieurs véhicules sur une file que la
28:19 dernière voiture remonte toute la file de voitures à l'arrêt pour
28:23 être précisément contrôlée.
28:25 Les policiers ont le temps de jeter une hearse au sol pour
28:28 essayer d'empêcher le véhicule d'avancer.
28:31 Et c'est en voulant contourner cette hearse que le conducteur
28:35 percute un policier qui fait un bond de 4 mètres en l'air et
28:39 qui retombe sur le pare-brise.
28:40 Le chauffeur fuit à pied, la BAC le découvre, lui met la main
28:47 dessus et, oh surprise, il était connu, voire très bien connu de
28:50 la police pour des refus d'obtempérer, conduit sous état
28:54 d'alcool et conduit sous état de cannabis.
28:57 Le policier, lui, à l'heure où nous parlons, souffre de
28:58 multiples fractures.
29:00 Dans les deux cas, on voit que les policiers n'ont pas fait
29:03 usage de leur arme.
29:04 Oui, non des blazes à Jean-Luc Mélenchon et à ses amis.
29:06 Les policiers ne tirent pas sur les gens pour le plaisir de
29:11 tirer.
29:12 D'ailleurs, elles ne tirent pas systématiquement sur les gens qui
29:15 refusent d'obtempérer à une injonction de la police.
29:18 Les chiffres le prouvent.
29:19 Alors qu'il y a toutes les 20 minutes un refus d'obtempérer,
29:22 c'est 27 200 à peu près par an.
29:25 Il n'y a pas 27 200 tirs de policiers par an.
29:28 On le saurait.
29:30 Et on a les chiffres en plus.
29:31 Il y a eu en 2022 138 tirs de policiers.
29:34 C'est même des chiffres en baisse puisqu'ils étaient 157 le
29:37 nombre de tirs en 2021 et 153 en 2020.
29:41 Mais oui, il arrive que la police tire.
29:43 Il arrive qu'il y ait des morts.
29:44 On a recensé en 2022 13 décès.
29:47 Tous, vous l'imaginez bien, ne sont pas des petits anges partis
29:49 trop tôt. Ce sont des individus dangereux,
29:51 dangereux pour la police, dangereux pour
29:55 des personnes comme vous et moi qui pourraient passer à côté et
29:58 se faire faucher comme ce piéton la nuit dernière à Paris.
30:02 Et puis, je vous rappelle aussi que la mort de Naël au début de
30:05 l'été avait réveillé une vieille polémique autour de la
30:09 fameuse loi de 2017.
30:10 Cette loi de 2017 est relative à la sécurité publique et elle
30:14 assouplit notamment les conditions dans lesquelles les forces de
30:18 l'ordre peuvent faire usage de leurs armes.
30:21 Elles sont, dit ce texte, susceptibles de perpétrer,
30:26 elles peuvent neutraliser toutes personnes, susceptibles de
30:29 perpétrer dans leur fuite une atteinte à leur vie,
30:32 à la vie d'autrui et bien évidemment à celle des policiers.
30:35 Alors, ce qui est intéressant, c'est de mettre en perspective,
30:38 en regard des chiffres que vous avez cités,
30:41 ceux des victimes dans les rangs de la police.
30:42 Exactement. Et là, la différence est mal écriante.
30:45 J'ai trouvé des chiffres qui remontent au mois de juillet.
30:47 Le dernier des comptes qui remonte au mois de juillet,
30:49 selon l'agence Statista, le nombre de policiers blessés
30:53 pendant leur service s'élève à 12 853.
30:58 Le nombre de tués à 11.
31:00 Il y a à peu près 154 500 fonctionnaires de police en France.
31:04 Ça veut dire qu'il y a près de 10 % d'entre eux qui sont blessés
31:08 pendant leur service.
31:09 Or, à ma connaissance, il n'y a pas 10 % d'automobilistes
31:12 qui sont évidemment blessés par la police.
31:14 S'il y a aussi malheureusement des interventions de plus en plus musclées,
31:18 c'est qu'en face, les individus sont de plus en plus violents
31:21 et de plus en plus déterminés.
31:23 Un facteur aggravant aussi, me semble-t-il,
31:25 sur ces personnes souvent jeunes,
31:27 elles semblent avoir perdu conscience de la conséquence de leurs actes,
31:32 comme si elles étaient en quelque sorte déconnectées du réel.
31:36 Je vous rappelle encore une fois que Nahel, 17 ans, avait d'une part
31:38 refusé de s'arrêter quand la police le lui a demandé.
31:41 Et puis ensuite, il a voulu repartir alors qu'il avait une arme braquée sur lui.
31:45 Quiconque d'a priori relativement sensé,
31:49 d'abord, c'est un principe, me semble-t-il,
31:53 d'évidence, on fait ce que la police demande de faire.
31:56 Et puis, on se doit d'être encore plus docile
31:58 si on a une arme braquée sur soi.
32:00 Pourquoi ? Parce que la conséquence évidente,
32:02 c'est qu'on peut être blessé, voire même tué.
32:04 C'est la conséquence directe de cette situation.
32:06 Et vraisemblablement, il y a des individus qui ne pensent même pas à ça.
32:10 Je me tourne vers vous, Paul Melun.
32:12 Il y a deux choses qui sont vraiment saisissantes.
32:14 La première, c'est que personne n'en parle, ou très peu.
32:18 Alors qu'il y a eu d'autres drames qui ont suscité beaucoup plus d'intérêt
32:23 chez les politiques, mais aussi dans les médias.
32:25 Et puis, ça a pu entraîner également des séquences extrêmement violentes.
32:29 Puis la seconde, c'est Chivre.
32:31 C'est-à-dire que toutes les 20 minutes, vous avez quelqu'un qui refuse
32:34 de respecter une consigne demandée, une injonction de la force de l'ordre.
32:39 On en parle peu, trop peu, compte tenu de l'envolée du phénomène
32:43 de ces fameux refus d'obtempérer, qui d'ailleurs disent beaucoup de notre société.
32:47 Et c'est probablement parce qu'ils disent beaucoup de notre société
32:49 qu'ils ont tué, sans mauvais jeu de mots.
32:51 C'est que si vous voulez, il y a effectivement,
32:54 dans la pression qui est exercée contre nos forces de l'ordre,
32:57 nos forces de l'ordre sont le catalyseur, finalement,
32:59 des mots MAUX de notre société.
33:01 C'est-à-dire que nos débats, nos discussions sur la décivilisation,
33:05 sur l'ensauvagement, sur la perte de normes et de valeurs les plus élémentaires,
33:09 viennent, si vous voulez, se mettre de façon violente contre la police,
33:13 contre ceux qui portent l'uniforme, mais pas que.
33:15 Contre les pompiers, contre les médecins qui ne peuvent pas entrer
33:18 dans un certain nombre de quartiers.
33:19 Les médecins d'assaut à S-Médecin sont caillassés.
33:21 Donc, si vous voulez observer, contempler, analyser cette violence,
33:25 ce serait, si vous voulez, contempler un certain nombre de sujets
33:29 qui sont très polémiques, notamment, on en parlait tout à l'heure,
33:31 la déconstruction, la décivilisation, le problème de l'immigration massive
33:35 non assimilée et toutes sortes de problèmes qui, si on les analysait,
33:38 demanderait un fort courage politique pour essayer de faire quelque chose.
33:40 L'autre chose, Gabriel, qui est essentielle,
33:42 et les policiers peuvent nous le dire en off,
33:44 mais maintenant, la parole, finalement, est libérée,
33:47 c'est que la peur, elle a changé de camp.
33:49 Le policier, il n'a pas envie d'utiliser son arme
33:51 et d'intervenir à un refus d'optempérer.
33:53 Même si les conséquences peuvent être dramatiques,
33:55 parce qu'il sait que pour lui, sa vie va également basculer ou peut basculer.
33:59 Oui, c'est le problème de toutes ces affaires
34:03 qui ont émaillé la qualité des prises de position de certains politiques.
34:07 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le policier se dit,
34:09 j'ai intérêt à regarder ailleurs.
34:11 On sait que c'est une prise de décision extrêmement rapide, d'ailleurs.
34:16 Et c'est vrai qu'il peut se demander quel est l'intérêt pour lui
34:20 d'avoir cet acte qui peut de fait,
34:25 et on se souvient de l'affaire Traoré, on vient d'en parler,
34:28 qui peut faire basculer sa vie.
34:30 Et le problème, c'est que la conséquence perverse pour nous autres Français,
34:33 c'est que nous ne serons plus protégés.
34:34 Je crois qu'on oublie cette idée simple que les forces de l'ordre
34:38 sont le rempart entre nous et l'ensauvagement.
34:42 À nous, Régis Le Sommier.
34:44 Régis, vous poursuivez aujourd'hui votre chronique
34:47 sur le recul de l'influence française en Afrique.
34:51 Oui, alors vendredi, j'avais expliqué quelles étaient les causes
34:53 qui ont conduit aujourd'hui à cette situation
34:56 et à cette place précaire de la France en Afrique.
35:00 J'étais remonté au discours de la Bôle sous François Mitterrand,
35:04 la guerre en Libye, toutes les conséquences,
35:06 toute cette cascade de dominos qui avait conduit notre pays
35:10 aujourd'hui à être quasiment éradiqué d'Afrique.
35:15 Là, je voudrais m'attarder plus particulièrement sur le Niger,
35:20 parce que je pense que c'est vraiment...
35:22 On est en train de vivre quelque chose de très important là-bas.
35:25 Parce que les autorités militaires qui ont pris le pouvoir au Niger
35:29 ont demandé à la police française de procéder à l'expulsion de Sylvain Hité,
35:33 l'ambassadeur de France.
35:34 Son immunité diplomatique a été levée,
35:37 mais la police n'a pas le droit de pénétrer dans l'enceinte de l'ambassade.
35:41 Oui, alors en fait, il y a des conventions,
35:44 il y a une convention qui est la convention de Vienne,
35:46 qui date de 1961,
35:48 qui dit que le territoire d'une ambassade est inviolable.
35:53 Il faut rappeler donc que cet ambassadeur s'est vu
35:57 adresser une lettre du ministère des Affaires étrangères nigériennes
36:00 qui lui dit qu'il ne jouit plus de privilèges et d'immunité
36:04 attachés à son statut de membre du personnel diplomatique de l'ambassade de France.
36:08 Ses cartes diplomatiques, visa, ainsi que ceux des membres de sa famille
36:12 sont annulés de fait.
36:13 Donc c'est vraiment très sérieux.
36:16 Mais le périmètre d'une ambassade reste inviolable,
36:18 ce qui rend théoriquement impossible une intervention dans ce périmètre
36:23 et donc l'expulsion, comme le souhaiterait la jeune au pouvoir,
36:26 de notre ambassadeur.
36:27 Alors, il y a eu des précédents,
36:29 pour rappeler l'affaire de Téhéran des otages en 1979,
36:33 avec ces hordes de gardiens de la révolution
36:37 et d'étudiants islamiques pro-romainis qui attaquent l'ambassade américaine
36:42 et qui font fi complètement de ce côté inviolable.
36:45 En revanche, on peut rappeler aussi l'époque, il y a deux ans simplement,
36:51 David Martinon à Kaboul, qui lui est obligé d'évacuer son ambassade.
36:55 Les talibans laissent le personnel diplomatique partir
37:02 et l'ambassade va s'exercer ensuite, dans le chaos,
37:05 mais en bon ordre pour le personnel diplomatique
37:08 et pour l'activité diplomatique sur l'aéroport de Kaboul.
37:12 Donc là, il y a une préservation, je dirais, de ce caractère inviolable.
37:16 Et puis sinon, on peut se rappeler que pendant la guerre froide à Moscou,
37:22 la résidence de l'ambassadeur américain n'a jamais été pénétrée par les Russes.
37:28 Les Russes l'ont toujours respectée,
37:30 mais en revanche, ils avaient fait tout pour lui pourrir la vie.
37:32 Ils avaient mis d'énormes lettres, CCCP, Union des Républicains Socialistes Soviétiques,
37:39 qui clignotaient nuit et jour autour de l'ambassadeur.
37:42 On peut pourrir la vie d'un ambassadeur.
37:44 Là, des manifestants ont tenté de rentrer dans l'ambassade.
37:48 Ils en ont été, nos forces spéciales qui gardent l'ambassade les ont empêchés de rentrer,
37:53 mais ça pourrait encore recommencer.
37:55 La question est très sérieuse et très importante.
37:57 Est-ce que notre ambassadeur est en danger, Régis ?
37:59 Actuellement, j'ai réussi à rejoindre une personne qui a requis l'anonymat,
38:05 qui est à l'intérieur de l'ambassade et qui dit que les conditions sanitaires sont difficiles.
38:09 Le moral reste bon, me dit-elle.
38:13 La nourriture et l'eau, ils en ont en quantité suffisante.
38:18 En revanche, l'ambassadeur et le personnel sont réduits aujourd'hui à utiliser de l'eau de la piscine
38:24 pour pouvoir se laver.
38:25 Il n'y a plus accès à l'eau, il n'y a plus d'eau courante.
38:29 Il peut toujours communiquer avec le monde extérieur,
38:31 mais évidemment, plus ça va durer, plus les conditions vont être difficiles.
38:36 Alors, sur le danger, justement, les choses malheureusement se sont précipitées.
38:41 Avec l'allocution annuelle d'Emmanuel Macron devant les représentants de la France à l'étranger,
38:46 le chef de l'État, je le cite, a dit "je pense que notre politique est la bonne,
38:52 elle repose sur le courage du président Bassoum, qui est le président élu et déchu,
38:58 et sur l'engagement de notre ambassadeur sur le terrain,
39:01 qui reste malgré les pressions, malgré toutes les déclarations d'autorité illégitimes".
39:07 Donc le président français soutient l'ambassadeur.
39:10 Bon, inutile de dire qu'Auquai-Dorcé et dans le personnel diplomatique,
39:14 cette attitude provoque des doutes.
39:17 Le journal Marianne cite un diplomate qui dit, un diplomate chevronné,
39:22 là aussi qui parle sous l'anonymat, mais qui explique, qui dit
39:25 "la diplomatie va très rarement de pair avec une parole publique,
39:28 qui plus est autoritaire et impérative. C'est dangereux, voire inutile".
39:34 Comment on en est arrivé là aujourd'hui, Régis ?
39:37 Alors, tout simplement pour les mêmes raisons
39:39 qui sont celles qui mettent en péril notre ambassadeur aujourd'hui.
39:42 Précipitation, arrogance, avec à la base une forte méconnaissance
39:47 des réalités de l'Afrique d'aujourd'hui.
39:49 Je vais vous dire, de ma propre expérience,
39:52 je me suis rendu plein, beaucoup de fois au Mali, au Burkina, au Niger,
39:56 l'homme de la rue ne déteste pas la France.
39:59 Ses élites sont encore très influencées par la France.
40:02 Alors, il y a certains leaders, Madibo Keïta,
40:04 qui est le fondateur de la République du Mali,
40:07 ou Thomas Sankara au Burkina Faso,
40:09 qui ont trouvé plus leur inspiration du côté de Moscou
40:12 et du socialisme soviétique.
40:14 Mais de nombreux leaders africains, encore aujourd'hui,
40:16 admirent De Gaulle et des personnalités françaises.
40:19 On a un impact.
40:21 Je vais vous dire, la vraie question qu'il faut se poser,
40:25 c'est comment on a pu arriver à faire en sorte qu'aujourd'hui,
40:30 les Africains ne veulent plus compter sur nous.
40:34 On voit encore Emmanuel Macron, ou certains de ses ministres,
40:40 expliquer que le problème, ce serait les Russes.
40:43 En fait, les Russes ne sont pas du tout à l'origine de nos déboires.
40:46 Ils les exploitent.
40:48 Mais nos troupes, globalement, sur l'intervention Barkhane,
40:52 elles se sont comportées de manière exceptionnelle.
40:55 Les missions d'élimination des chefs djihadistes
40:58 ont été couronnées de succès.
40:59 Le problème, c'est que la finalité de cette présence française
41:03 n'a jamais été spécifiée.
41:05 En fait, nous sommes passés d'une entreprise de protection du Mali,
41:09 puis du Sahel, des groupes djihadistes,
41:12 à une situation où, dans certaines zones,
41:14 ces derniers sont plus appréciés que nous.
41:17 Ce qui est quand même incroyable.
41:19 En fait, il y a aussi un problème qu'on oublie souvent.
41:22 Notre objectif, c'était de former les armées nationales,
41:26 l'armée malienne, l'armée nigérienne, l'armée burkinabé.
41:29 En fait, en formant ces armées, dans la lutte contre le djihadisme,
41:33 puisque c'était la menace principale,
41:35 on a placé les militaires dans une position de force
41:38 par rapport aux civils et aux politiques.
41:40 Et ça, ça explique les coups d'État.
41:42 Le colonel Assimi Goïta, qui est le chef au Mali aujourd'hui,
41:47 était le chef des forces spéciales maliennes.
41:49 Il a travaillé avec les Français, il a lutté contre le djihadisme,
41:52 il a même été capturé et détenu par un groupe djihadiste
41:55 pendant plusieurs mois.
41:56 Donc, c'est quelqu'un qui a travaillé avec nous,
41:59 mais c'est un colonel qu'on a, quelque part,
42:01 sur lequel on a misé.
42:03 Et peut-être que ça peut aussi expliquer
42:05 cette série de coups d'État où, à chaque fois,
42:07 ce sont des militaires qui arrivent au pouvoir.
42:09 Vous avez parlé de précipitation tout à l'heure.
42:11 Est-ce qu'elle annonce du putsch au Niger
42:13 lorsque les autorités françaises condamnent ce putsch ?
42:17 Est-ce que c'est trop précipité ?
42:18 Évidemment, la réaction française au putsch de condamnation immédiate
42:22 nous désigne comme l'ennemi.
42:24 Vous remarquerez que ce n'est absolument pas le cas des Américains
42:26 qui n'ont jamais parlé de coups d'État,
42:28 qui, eux, se sont bien gardés condamnés.
42:30 Ils ont dit "on va voir l'évolution de la situation,
42:32 on s'inquiète de la santé du président Basoum".
42:35 Mais en dehors de ça, très peu de condamnations.
42:38 La jeune, évidemment, a manipulé la rue contre nous.
42:42 On a vu les images avec les slogans anti-français,
42:45 scandés avec des drapeaux russes en toile de fond.
42:48 Quant aux menaces d'intervention de la CDAO,
42:51 elles sont toujours perçues comme pilotées en sous-main par la France.
42:54 Donc, si vous voulez, ça a été assez facile pour la jeune au pouvoir
42:58 de faire croire que le sentiment était globalement anti-français.
43:01 En réalité, on ne sait absolument pas au Niger,
43:04 à l'heure où je vous parle,
43:05 si la majorité des Nigériens ne veulent plus de la France.
43:08 Ce qui est perturbant également, c'est que la situation au Niger,
43:12 s'était améliorée ces dernières années.
43:14 C'est terrible.
43:14 Le président Mohamed Basoum était sans doute l'un des meilleurs
43:17 présidents nigériens depuis l'indépendance.
43:19 Et ça, ce n'est pas moi qui le dis,
43:20 ce sont des militaires français que j'ai contactés
43:23 et qui ont travaillé avec lui.
43:25 Basoum, il est originaire d'une tribu arabe,
43:29 les Oulets de Slimane.
43:30 Et comme les Touaregs du Nord,
43:32 les relations sont tendues avec les populations noires du Sud.
43:35 C'est ça le gros problème au Sahel.
43:37 Ça n'a pas empêché son élection,
43:39 mais sur le terrain, les résultats étaient bons.
43:42 Militairement, la France s'est redéployée au Niger.
43:46 On a assisté à une baisse significative
43:48 de la violence dans le pays de près de 40%.
43:50 Mohamed Basoum, en fait, qu'est-ce qui s'est passé ?
43:52 Il a commis l'erreur de confirmer à son poste
43:56 le chef de la garde présidentielle.
43:58 Vous avez vu qu'au Gabon, c'est la même chose.
44:00 C'est aussi le chef de la garde présidentielle
44:02 qui fait le coup d'État.
44:04 Le général Tchiani, qui avait été nommé par son prédécesseur
44:07 et qui va le trahir.
44:08 Au Niger, comme dans tous ces pays,
44:10 l'armée fait peur aux dirigeants.
44:12 Il y a au moins...
44:13 En fait, il y a eu au Niger, il y avait déjà eu,
44:17 on l'a oublié, en 2020 et en 2021,
44:20 déjà deux tentatives de coup d'État venant de l'armée.
44:22 Vous avez parlé du Gabon, il nous reste un peu moins d'une minute.
44:25 C'est le prochain pays qui va tomber ?
44:27 Le Gabon, quelque part, est tombé.
44:30 La vraie question, c'est que les militaires gabonais
44:34 ont pris exemple sur ce qui s'est passé en Guinée d'abord,
44:37 au Mali, au Burkina et tout récemment au Niger.
44:40 Personne n'a été capable de mettre un terme
44:43 et un arrêt définitif à ces coups d'État.
44:45 Et donc, le risque s'est diffusé ailleurs.
44:47 Alors, en fait, le problème, c'est qu'en tant qu'ancienne puissance coloniale,
44:51 on est toujours resté dans le repentir.
44:53 Nous n'assumons pas le fait que pour rester une puissance d'envergure,
44:56 nous devons conserver une influence politique, économique, militaire,
45:00 notamment face à la présence chinoise et russe.
45:03 Et en fait, on a été, comment je dirais, prisonniers d'une façon de penser.
45:09 On voulait à la fois plaire et au final, on se retrouve,
45:13 on n'a plus de raison d'être là-bas.
45:16 Le Cameroun, vous n'allez pas parler des pays à risque.
45:19 On peut parler aujourd'hui de véritables révolutions kakis en Afrique.
45:24 Le Cameroun, dont le président Paul Biya est au pouvoir depuis 41 ans.
45:28 Il vient de procéder à des remaniements précipités au niveau de l'armée.
45:32 Il est âgé, il pourrait tomber à la manière de Mongo.
45:34 La Côte d'Ivoire est à risque, le Sénégal.
45:36 Et en fait, pour tous ces pays francophones, la situation est critique,
45:40 car le temps et l'absence de réponses concrètes,
45:43 en dehors des protestations d'usage et des indignations à peu de frais,
45:47 jouent à chaque fois pour les poutchistes.
45:49 Merci beaucoup, Régis Le Sommier.
45:50 Merci à tous les quatre.
45:52 Dans un instant, je le dis à nos téléspectateurs,
45:55 l'heure des pros avec Philippe Guibert, Michel Taubes, Véronique Jacquier,
45:58 et Georges Fenech, on a énormément de choses à traiter ensemble.
46:02 À 20h, Rima Abdelmalak, la ministre de la Culture, a fait sa rentrée médiatique.
46:09 Comme elle ne fait pas grand-chose, il faut qu'elle attaque les médias,
46:13 certains médias.
46:14 Elle a une cible.
46:15 Je ne dis rien, vous verrez ça à 20h.
46:18 On a des vagues, c'est dit.
46:20 ♪ ♪ ♪