Face à l'Info (Émission du 03/10/2023)

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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 -J'ai croisé Pascal Praud dans les couloirs.
00:00:03 Je pensais qu'il allait chanter à "Punchline"
00:00:06 une chanson de Michel Sardou, que nenni.
00:00:08 On va chanter, nous, tout à l'heure,
00:00:11 mais après la minute info d'Augustin Donatien.
00:00:14 -Bonjour, Christine.
00:00:15 Bonjour à tous. Une menace d'attentat en plein cours.
00:00:18 Un jeune de 16 ans, déjà condamné à deux reprises,
00:00:21 a été placé en garde à vue.
00:00:23 Scolarisé au lycée Galilée de Vienne,
00:00:25 l'élève aurait crié "Alakbar" en classe
00:00:28 pour le visionnage d'un film sur l'Etat islamique.
00:00:31 Il aurait menacé le proviseur de commettre un attentat
00:00:34 s'il était renvoyé.
00:00:35 Des investigations sont en cours
00:00:37 afin de mieux cerner le profil de l'individu.
00:00:40 La Nation a rendu hommage à l'historienne
00:00:43 Hélène Carrère-Dancos dans la cour d'honneur des Invalides.
00:00:46 La cérémonie a été présidée par Emmanuel Macron.
00:00:49 Elle a été la première femme à la tête de l'Académie française,
00:00:53 dont elle a été membre à partir de 1990,
00:00:56 avant de devenir secrétaire perpétuelle de l'institution
00:00:59 à partir de 1999.
00:01:00 Elle s'est éteinte le 5 août dernier à Paris,
00:01:03 à l'âge de 94 ans.
00:01:05 Et l'émotion pour Anne Lully,
00:01:07 à la sortie de son université en Suède,
00:01:09 applaudie par ses élèves.
00:01:11 La scientifique s'est vue décerner
00:01:13 avec son confrère Pierre Agostini
00:01:16 le Prix Nobel de physique 2023.
00:01:18 Les physiciens ont été récompensés
00:01:20 pour leurs travaux sur des lasers ultra-rapides,
00:01:23 plus tôt dans la journée.
00:01:25 C'est l'Assemblée nationale
00:01:27 qui a longuement applaudi les deux scientifiques tricolores.
00:01:30 -Merci beaucoup, Auguste.
00:01:32 La prochaine fois, un petit peu plus...
00:01:35 Si ça vous dérange pas, ça nous donne une petite minute de plus.
00:01:39 Merci. Au sommaire ce soir,
00:01:40 si, si, si Emmanuel Macron venait à se retirer,
00:01:45 voici celui qui lui succéderait, Gérard Larcher,
00:01:48 le ténor de la droite soutenu par le centre
00:01:51 et apprécié au-delà,
00:01:53 vient d'être largement élu
00:01:55 pour la cinquième fois à la tête du Sénat.
00:01:58 Quelle force pour l'un ou pour l'autre.
00:02:00 En quoi le Sénat ou les territoires
00:02:02 représenterait-il la France qui ne veut pas mourir ?
00:02:06 Gérard Larcher est-il le seul contre-pouvoir
00:02:08 à Emmanuel Macron ?
00:02:10 L'édito de Mathieu Boquecôté.
00:02:12 "Le temps d'attente pour accéder à un logement social
00:02:15 "ne cesse de s'allonger
00:02:16 "alors que le nombre de constructions est en berne.
00:02:20 "Les acteurs du secteur DHLM se réunissent à Nantes
00:02:22 "pour trois jours.
00:02:24 "La crise du logement est en train de devenir
00:02:26 "le sujet économique numéro un.
00:02:28 "Edouard Philippe parle même de bombe sociale.
00:02:31 "Jamais il y a eu autant de demandeurs
00:02:33 "de logements sociaux.
00:02:35 "On ne rappellera pas que des députés occupent
00:02:38 "encore des logements sociaux, mais on le gardera bien en tête
00:02:41 "pendant le décryptage de Dimitri Pavlenko."
00:02:44 Le président de la République a présidé une cérémonie d'hommage
00:02:48 à l'académicienne Hélène Carrère d'Ancos,
00:02:51 première femme à la tête de l'institution,
00:02:54 l'historienne décédée en août à 94 ans.
00:02:57 "Le jour de l'élection à l'Académie,
00:03:00 "j'ai reçu mon second baptême", avait-elle déclaré.
00:03:03 Cette femme de culture savait déjà lire en français et en russe
00:03:07 à l'âge de 6 ans.
00:03:08 Étudier lui a été une joie chaque jour.
00:03:11 Comment cette femme représente le succès
00:03:14 de la véritable assimilation à la française
00:03:17 et de la même manière son successeur Amin Mahalouf
00:03:20 le regard de Marc Menand ?
00:03:22 Après les pompiers, les policiers, les médecins, les enseignants,
00:03:26 maintenant, ce sont les chauffeurs de bus
00:03:29 qui vont au travail la peur au ventre.
00:03:31 Nous apprenons aujourd'hui que 891 chauffeurs de bus
00:03:35 ont été agressés en 2022 sur Paris et la Petite-Couronne.
00:03:38 La violence qui impacte ainsi le service public,
00:03:42 comme à Pissevin, près de Nîmes,
00:03:44 quartier gangréné par le trafic de drogue,
00:03:47 des familles protestent contre la suppression des bus.
00:03:49 Pourquoi cette double peine,
00:03:51 avec des chauffeurs agressés, des habitants sans service ?
00:03:55 Jusqu'où cette délinquance aura-t-elle un impact
00:03:57 sur l'équipage de Charlotte Dornelas ?
00:04:00 Et puis Mathieu Bocote nous emmènera au Canada, pas au Québec.
00:04:04 Là-bas, le mois d'octobre est un mois particulier.
00:04:08 C'est le mois de l'histoire islamique au Canada.
00:04:11 L'objectif est de n'urbaniser la présence de l'islam au Canada,
00:04:15 mais en faire un élément central de son identité.
00:04:19 Le pays se réjouit de la croissance du nombre de musulmans.
00:04:24 Le Canada veut-il devenir un pays musulman ?
00:04:27 On posera la question à Mathieu Bocote pour son dernier édito.
00:04:31 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité
00:04:34 avec nos mousquetaires. C'est parti !
00:04:37 Musique douce
00:04:39 ...
00:04:48 -Je disais que Michel Hussain Arnaud monte sur scène ce soir.
00:04:52 Qui veut pousser la chance ?
00:04:55 Charlotte !
00:04:57 Mathieu, allez !
00:04:59 -C'est un chat-atlantiste, vous me le pardonnerez.
00:05:02 -Si les Ricains n'étaient pas là, on serait tous en Germanie
00:05:07 A raconter je ne sais quoi, à saluer je ne sais qui.
00:05:11 Je peux poursuivre ?
00:05:13 -Excellent.
00:05:15 On attendait Pascal Brault, mais ça sera Mathieu Bocote
00:05:18 avec un écho Dimitri Pavlenko.
00:05:21 -Je soutiens le coeur.
00:05:22 -Charlotte, elle veut pas.
00:05:25 -En ce temps-là, monsieur le surveillant de classe secondaire
00:05:29 était un peu efféminé.
00:05:32 En ce temps-là, du dortoir des premières
00:05:34 au détendu des secondes, je me faisais plaisir,
00:05:37 je m'inventais un monde. Voilà.
00:05:39 Pas maintenant. -Allez.
00:05:41 Rires
00:05:43 Une petite dernière ?
00:05:45 Une petite musique. -C'est vous qui chantez ?
00:05:47 -Je prends du temps. Non, je sais pas chanter.
00:05:50 À part du zouk.
00:05:52 -Allez.
00:05:53 -C'est le décor
00:05:55 -Voilà. La vraie, la seule.
00:05:58 -Oui, bien sûr.
00:06:00 -Là, là, là.
00:06:02 -Le ciel irlandais
00:06:04 -Arrêtez ça, c'est l'extrême droite.
00:06:06 Arrêtez, ça nous va pas du tout.
00:06:08 Bon, allez. Merci beaucoup.
00:06:10 Alors, sérieusement, merci à tous.
00:06:13 On démarre en beauté ce soir.
00:06:14 Merci à toutes d'être là le soir.
00:06:17 Jusqu'à 800, 900 spectateurs tous les soirs.
00:06:19 Record historique pour CNews.
00:06:21 On est contents, on vous le dit.
00:06:23 Quand Gérard Larcher a obtenu son premier mandat
00:06:27 de sénateur en 1986,
00:06:30 Mathieu Bocoté, Emmanuel Macron était a priori au CM1,
00:06:34 peut-être CM2.
00:06:35 Que penser de la réélection de Gérard Larcher
00:06:38 à la tête du Sénat pour la cinquième fois ?
00:06:41 C'est lui qui, en cas de vacances de la présidence,
00:06:45 remplacera Emmanuel Macron.
00:06:47 Question, est-il le réel contre-pouvoir Emmanuel Macron ?
00:06:51 En joue-t-il suffisamment de ce contre-pouvoir ?
00:06:53 Ou bien est-ce celui qui vote
00:06:55 pour toutes les lois du président ?
00:06:57 Quelle analyse de ces deux hommes ?
00:06:59 -Je pense que le jeu de contraste entre les deux hommes
00:07:02 est tout à fait passionnant.
00:07:04 "Passionnant" et "politique sénatoriale",
00:07:06 ça ne vient pas spontanément à l'esprit.
00:07:09 Et pourtant, ce jeu de contraste est intéressant.
00:07:11 C'est plus modeste et plus réaliste.
00:07:14 D'un côté, je dirais, c'est deux types de leadership.
00:07:17 Deux époques, deux manières de faire la politique,
00:07:20 deux physiques, deux imaginaires.
00:07:22 On va explorer ces contrastes
00:07:24 pour justement répondre à la question politique.
00:07:26 Contraste biographique, le premier,
00:07:28 vous l'avez dit, en cinquième président comme...
00:07:31 -Du Sénat. -Oui, exactement.
00:07:33 Cinquième mandat comme président du Sénat.
00:07:35 Combien d'hommes politiques rêveraient d'avoir droit
00:07:38 à plus de deux mandats ?
00:07:39 Lui a cinq mandats.
00:07:41 On peut s'imaginer qu'il en aura un sixième.
00:07:43 C'est pas inimaginable.
00:07:44 Quoi qu'il en soit, premier élément,
00:07:46 Emmanuel Macron, 45 ans.
00:07:48 Son parcours, c'est le contraste biographique.
00:07:51 C'est un parcours de jeune premier,
00:07:53 président de la République, de banquier,
00:07:55 qui a réussi une forme de coup de force,
00:07:57 qui est apparu dans la vie politique.
00:07:59 Il s'est emparé de tout, il a tout bouleversé,
00:08:02 propulsé, certes, par un système,
00:08:03 mais c'est une aventure personnelle inattendue.
00:08:06 Il fascinait par sa jeunesse, son coup de force.
00:08:09 Certains l'ont même comparé à Bonaparte.
00:08:11 Gérard Larcher, 74 ans, de formation vétérinaire.
00:08:14 C'est intéressant à mentionner.
00:08:16 Sénateur depuis 1986, au temps de la première cohabitation.
00:08:21 Il faut comprendre que Gérard Larcher,
00:08:23 sénateur depuis 1986, la première cohabitation,
00:08:25 c'est l'époque où le programme RPR-UDF
00:08:28 était inspiré par un club qui, depuis, passe mal,
00:08:31 mais qui, à l'époque, était influent,
00:08:33 le club de l'horloge.
00:08:34 Gérard Larcher était contemporain d'un programme
00:08:37 qui était rédigé en partie par le club de l'horloge.
00:08:40 Ça permet de voir l'évolution doctrinale de la droite.
00:08:42 Ensuite, premier engagement, il faut le dire,
00:08:45 en 79, avant l'élection de Mitterrand.
00:08:47 C'est pas mal, au temps du premier RPR.
00:08:49 Il a une installation lente en politique.
00:08:51 Il a progressé peu à peu à partir des territoires.
00:08:54 Il s'est installé progressivement
00:08:56 jusqu'à devenir une figure centrale de l'État,
00:08:59 mais c'est le contraire absolu du coup de force macronien.
00:09:02 Deuxième élément, qui n'est pas secondaire,
00:09:04 le contraste physique qui doit être mentionné.
00:09:07 D'un côté, on a Emmanuel Macron,
00:09:09 qui, encore une fois, incarne le physique
00:09:11 de cette France métropolitaine, mondialisée,
00:09:14 très heureuse d'elle-même,
00:09:15 quelquefois, on pourrait dire très, très nerveuse,
00:09:18 mais qui n'incarne pas non plus,
00:09:20 inversement à la différence de Gérard Larcher,
00:09:22 qu'est-ce qu'on pourrait appeler le charisme des territoires,
00:09:26 un charisme paysan, un charisme contrasté.
00:09:28 Je précise, en politique, quoi qu'on en dise,
00:09:30 le physique compte.
00:09:32 On est ici devant un charisme rassurant,
00:09:34 un charisme paysan, un charisme à l'ancienne,
00:09:37 un charisme qui dit "non, je veux pas tout bouleverser,
00:09:40 "je vais m'occuper de chacun."
00:09:41 On devine par ailleurs que les deux ont deux rapports distincts.
00:09:45 Je précise, pour être certain,
00:09:47 je m'identifie bien plus à Gérard Larcher en ces matières.
00:09:50 - On s'en doutait.
00:09:51 - Spontanément, on se comprendrait à table, lui et moi.
00:09:54 Alors, contraste sociologique aussi.
00:09:57 Start-up, pour Emmanuel Macron,
00:09:59 c'est la France des start-up, des métropoles,
00:10:01 la France qui se propulse dans le...
00:10:03 La France qui aime parler anglais,
00:10:05 qu'elle le parle bien ou non,
00:10:07 c'est la France qui croit que dire un mot en anglais
00:10:10 est plus moderne que le dire en français.
00:10:12 C'est la France des catégories sociales supérieures
00:10:15 à Gérard Larcher,
00:10:16 ce qu'on appelle publiquement les territoires,
00:10:18 mais il ne devrait pas dire les provinces,
00:10:21 la France de la ruralité, des campagnes, de l'enracinement.
00:10:24 Le contraste est encore très fort entre les deux.
00:10:27 Il réclame le pouvoir des territoires.
00:10:29 Emmanuel Macron, pouvoir de la technocratie,
00:10:31 pouvoir des sachants, pouvoir "machinisé",
00:10:34 de l'autre côté, pouvoir des territoires,
00:10:36 pouvoir des gens très proches de leurs gens,
00:10:39 quitte à manquer l'envergure, c'est l'envers de la technocratie.
00:10:42 Le rapport à la majorité.
00:10:44 Emmanuel Macron a réussi un coup de force en 2017,
00:10:47 un peu moins en 2022,
00:10:48 donc c'est un homme sans majorité à l'Assemblée.
00:10:51 Ils appellent ça une majorité relative.
00:10:53 C'est amusant.
00:10:54 C'est une minorité qui se veut conquérante.
00:10:57 Mais c'est un homme sans majorité
00:10:59 et qui est obligé chaque fois et qui se sent fragile.
00:11:01 Inversement, Gérard Larcher a sa majorité sénatoriale,
00:11:05 la droite classique, la droite d'hier,
00:11:07 la droite traditionnelle est bien présente au Sénat
00:11:10 et de ce point de vue,
00:11:11 il représente une majorité conservatrice à l'ancienne
00:11:14 et son style de leadership n'est pas le même.
00:11:17 Emmanuel Macron peut être assez cassant
00:11:19 et il aime les palabres.
00:11:21 Il aime les grands moments où tout le monde va parler,
00:11:24 lui d'abord, mais ensuite les autres.
00:11:26 Gérard Larcher est dans un leadership moins cassant,
00:11:29 davantage de rassemblements, davantage consensuel,
00:11:32 quitte l'envers du consensus en idéalisant personne.
00:11:35 L'envers du consensus, c'est souvent l'impuissance.
00:11:38 Voilà deux hommes qui occupent les deux premières fonctions
00:11:41 pour je ne sais quelle raison.
00:11:43 C'est une toute autre figure, Gérard Larcher,
00:11:46 qui occuperait cette fonction,
00:11:48 comme quoi une nation porte en elle des visages contradictoires.
00:11:51 - De quoi ce décalage est-il le nom ?
00:11:53 - Alors, les critiques... - Ils en sont complémentaires.
00:11:57 - Oui, on dit souvent complémentaire
00:11:59 pour ne pas dire conflictuel inavoué.
00:12:01 C'est d'abord un décalage d'époque.
00:12:03 Qu'est-ce que le Sénat ?
00:12:04 C'est d'une certaine manière le musée vivant de la France d'hier.
00:12:08 On y retrouve pour mille et une raisons.
00:12:11 Les forces politiques qui existaient dans la France d'hier
00:12:14 mais qui ne parviennent plus à structurer celles d'aujourd'hui
00:12:18 s'y conservent comme si elles étaient dans un bol de formule.
00:12:21 C'est l'occasion pour des forces politiques mortes
00:12:24 de se donner l'illusion qu'elles vivent encore.
00:12:27 Vous noterez, inversement, les forces politiques nouvelles
00:12:30 issues de la présidentielle ou des deux dernières.
00:12:33 La Macronie, le RN version Marine Le Pen
00:12:35 et les forces de M. Mélenchon sont assez absentes du Sénat.
00:12:39 Inversement, les forces qui y sont encore,
00:12:41 c'est la droite traditionnelle, les centristes.
00:12:44 Dites-vous que la gauche radicale au Sénat,
00:12:47 ce sont des communistes des territoires.
00:12:49 C'est autre chose que M. Mélenchon tel qu'on le connaît aujourd'hui.
00:12:53 Une forme de gauche un peu folklorique.
00:12:55 Il y a aussi le contraste.
00:12:56 Emmanuel Macron, l'homme du mouvement,
00:12:58 l'homme qui aime secouer des choses.
00:13:01 Le Sénat se présente avec la légitimité des territoires,
00:13:04 de l'immobile, de la France qui ne bouge pas,
00:13:07 la légitimité de la France permanente
00:13:09 et peut-être la légitimité d'une France qu'on aime bien néanmoins.
00:13:13 - À travers tout cela, quelle est la fonction du Sénat ?
00:13:16 Est-ce que vous y voyez une fonction finalement essentielle ?
00:13:20 - On se dit quelquefois que c'est une force peu représentative.
00:13:24 On l'entend souvent.
00:13:25 On pourrait nuancer.
00:13:27 La représentativité n'est pas que mathématiques en démocratie.
00:13:31 Il faut représenter des territoires, des villages, des communes,
00:13:35 des villes, des régions, des provinces.
00:13:37 Le Sénat tient compte d'une représentativité
00:13:39 non strictement arithmétique.
00:13:42 Il représente les profondeurs du pays
00:13:45 et pas simplement une addition d'électeurs
00:13:47 quelquefois manipulées par les sondages.
00:13:50 C'est un type de légitimité qui compte.
00:13:52 On en arrive à cette figure particulière
00:13:55 qu'est Gérard Larcher.
00:13:56 C'est presque un portrait idéal.
00:13:57 Est-ce qu'il ne représente pas la France de toujours,
00:14:00 qui devrait être celle de demain ?
00:14:03 On peut être néanmoins critique en revenant sur son parcours.
00:14:06 Depuis 1986 au Sénat,
00:14:08 Gérard Larcher, c'est pas un révolutionnaire,
00:14:10 pas un homme d'extrême gauche.
00:14:11 On peut supposer que l'ensemble des grandes mutations
00:14:14 qui ont frappé la France depuis 40 ou 50 ans,
00:14:16 il ne les a pas embrassées, il s'en est désolé.
00:14:19 On peut supposer que Gérard Larcher, de 1986,
00:14:22 si on lui disait "Regardez comment la France va changer d'identité
00:14:25 "par l'immigration massive",
00:14:27 je devine qu'il n'aurait pas applaudi, il aurait dit "Ca n'arrivera pas".
00:14:29 Ensuite, elle a perdu sa souveraineté.
00:14:32 Je devine que lorsqu'il soutenait les différents projets européens,
00:14:34 il n'imaginait pas le machin technocratique européen
00:14:37 neutralisant ainsi les peuples et leur souveraineté.
00:14:40 Elle s'est perdue bureaucratiquement dans des normes toujours plus folles
00:14:43 et on devine que la France des territoires
00:14:44 n'est pas particulièrement friande de ces normes bureaucratiques
00:14:47 qui étouffent, qui étouffent, qui étouffent l'existence.
00:14:50 Elle s'est américanisée aussi de mille manières.
00:14:52 Alors, je suppose que Gérard Larcher, je suppose,
00:14:55 s'est opposé fondamentalement à tous ces mouvements.
00:14:58 Et je constate fondamentalement que tout ça est arrivé.
00:15:01 Pourquoi ? Est-ce parce que cette droite sénatoriale,
00:15:04 cette droite sénatoriale qui est un peu plus conservatrice,
00:15:06 un peu plus roublarde,
00:15:07 est-ce que ce n'est pas aussi une droite de l'impuissance ?
00:15:09 Est-ce que ce n'est pas une partie de droite
00:15:12 qui trouve sa grandeur dans une forme de lucidité désespérée ?
00:15:15 C'est-à-dire, nous n'aimons pas le monde qui vient,
00:15:17 mais nous ne le combattrons pas,
00:15:19 car nous sommes lucides et acceptons notre époque.
00:15:22 Et je dirais que la seule fermeté de cette droite,
00:15:24 c'est de se tourner contre l'autre partie de la droite,
00:15:27 qu'ils appellent l'extrême, qui, elle, dit
00:15:28 "Nous n'aimons pas ce qui vient et donc nous combattons
00:15:31 pour faire en sorte que ce monde qui vient
00:15:32 et que nous n'embrassons pas,
00:15:34 eh bien, nous faisons en sorte qu'il n'arrive pas."
00:15:35 Et est-ce que cette droite sénatoriale,
00:15:38 tranquille, qui se veut rassurante,
00:15:40 est-ce que sa plus grande fonction,
00:15:41 ce n'est pas finalement de nous faire accepter
00:15:43 les réformes de la gauche,
00:15:44 en nous expliquant qu'accepter les réformes de la gauche,
00:15:47 c'est justement l'autre nom de la lucidité ?
00:15:50 Alors, cette droite sénatoriale, qui n'est pas sans vertu,
00:15:52 je le dis, que l'on peut apprécier, je le dis,
00:15:54 mais qui n'est pas sans limites, j'insiste,
00:15:57 elle me fait penser à cette citation de Chesterton
00:16:00 que j'aime beaucoup.
00:16:01 "Le monde s'est divisé entre conservateurs et progressistes.
00:16:04 L'affaire des progressistes est de continuer
00:16:06 à commettre des erreurs.
00:16:08 L'affaire des conservateurs est d'éviter
00:16:09 que les erreurs ne soient corrigées."
00:16:11 N'est-ce pas ainsi la vocation de la droite sénatoriale ?
00:16:14 (Rires)
00:16:15 -Bravo. -Merci beaucoup pour votre regard.
00:16:18 Mathieu Bocoté, dans un instant, on parlera avec vous
00:16:21 de ce qui se passe au Canada, pas au Québec.
00:16:23 -Alors, on va ressortir les gants de boxe.
00:16:25 -Là, je vous sens très mobilisé.
00:16:27 J'insiste, pas le Québec, le Canada.
00:16:29 -Je te fais raison.
00:16:30 -On va en parler tout à l'heure, justement,
00:16:33 de ce qui se passe au Canada,
00:16:36 avec ce mois d'octobre qui est particulier,
00:16:38 qui est le mois de l'histoire islamique au Canada.
00:16:40 Qu'est-ce que ça veut dire, concrètement ?
00:16:42 Charlotte, on vous change pas de place,
00:16:44 on garde la place habituelle, on fait ce que vous voulez.
00:16:47 Bon, allez, on continue avec Dimitri.
00:16:49 (Rires)
00:16:50 Dimitri, c'est en train de devenir, quand même,
00:16:53 le sujet économique numéro un,
00:16:57 la crise du logement qui s'aggrave partout.
00:17:00 Alors, samedi, l'ancien Premier ministre
00:17:03 a parlé d'une bombe sociale.
00:17:05 -Edouard Philippe, oui. -Edouard Philippe.
00:17:07 Et c'est maintenant le mouvement HLM
00:17:10 qui tire la sonnette d'alarme.
00:17:11 Il se l'est réuni, là, en congrès,
00:17:13 à partir d'aujourd'hui, pendant trois jours.
00:17:15 -Oui. -Qu'est-ce qui se passe ?
00:17:16 -J'ai vraiment tenu à ce qu'on parle des HLM ce soir,
00:17:18 parce que vous allez comprendre, en fait,
00:17:19 c'est un des nœuds de la crise du logement,
00:17:21 et c'est très révélateur des mentalités françaises.
00:17:24 Alors, oui, le HLM va pas bien.
00:17:26 C'est pas une bonne nouvelle, parce que, vous savez,
00:17:27 c'est typiquement...
00:17:29 Il a une fonction contracyclique, le HLM.
00:17:32 Alors, c'est un mot un peu compliqué.
00:17:33 Ça veut dire quoi, "contracyclique" ?
00:17:35 Ça veut dire qu'on a besoin de lui quand c'est la crise.
00:17:37 C'est comme l'assurance chômage.
00:17:39 L'assurance chômage, elle est faite pour être généreuse
00:17:41 quand il y a beaucoup de chômage.
00:17:42 Vous voyez, l'HLM, c'est pareil.
00:17:44 On a besoin de logements à petits loyers
00:17:48 quand c'est trop cher pour les Français de se loger.
00:17:50 C'est assez logique. Or, qu'est-ce qu'on voit ?
00:17:52 C'est que le parc HLM français est totalement saturé.
00:17:56 Alors que la demande augmente partout.
00:17:58 Même, vous avez des territoires, des départements
00:18:00 où vous avez plus d'offres que de demandes.
00:18:02 Ça paraît fou quand on dit ça depuis la région parisienne, par exemple.
00:18:05 Mais ça existe. Et même dans ces départements-là,
00:18:07 la demande, elle a fait un bond de 5 à 10 % en l'espace d'un an.
00:18:10 Vous voyez, c'est vraiment... Ça veut dire quelque chose.
00:18:12 C'est-à-dire que les gens ont du mal à payer leur loyer.
00:18:16 Et la construction de HLM nouveau,
00:18:19 elle baisse d'année en année.
00:18:21 Vous allez voir les chiffres.
00:18:22 2017, on en produit 125 000.
00:18:25 L'année dernière, en 2022, on est à 90 000.
00:18:29 Cette année, 85 000. On sera à 70 000 l'an prochain.
00:18:31 Ça ne fait que baisser.
00:18:33 Et le gouvernement, face à ça, il est où ?
00:18:35 Il est aux abonnés absents.
00:18:36 Et un petit peu, d'ailleurs, comme tous,
00:18:38 sur tous les sujets liés au logement.
00:18:39 Alors, sur les taux bancaires,
00:18:41 le gouvernement ne peut pas grand-chose.
00:18:42 C'est la politique monétaire de la Banque centrale européenne
00:18:44 qui détermine tout.
00:18:45 Mais en revanche, il pourrait libérer du foncier.
00:18:48 Il pourrait encourager les maires à signer les permis de construire.
00:18:51 Il pourrait encadrer ce que j'appelle la micro-démocratie
00:18:55 - vous savez, toutes ces associations de riverains,
00:18:56 les associations écologistes -
00:18:58 qui vont bloquer tout un tas de projets immobiliers
00:19:00 et faire pression sur les maires
00:19:02 pour qu'ils ne signent pas les permis de construire.
00:19:04 On pourrait déplafonner les hauteurs des constructions, etc.
00:19:07 Dans plein d'agglomérations,
00:19:08 vous ne pouvez pas faire plus de R+5, R+6.
00:19:11 Je crois qu'en région parisienne, même sur Paris,
00:19:12 c'est R+3 ou 4,
00:19:14 alors que du temps d'Haussmann, on faisait du R+7.
00:19:16 C'est-à-dire, vraiment, voilà,
00:19:18 il y a quand même comme ça des bizarreries.
00:19:20 Non, le gouvernement ne fait rien.
00:19:21 La seule chose qui l'intéresse sur le logement,
00:19:23 c'est l'isolation des passoires thermiques.
00:19:25 Alors ça, vous avez vu la réaction à la sortie de Bruno Le Maire,
00:19:28 qui, la semaine dernière, dit "oui, à titre personnel",
00:19:30 je suis solidaire du gouvernement, mais "à titre personnel,
00:19:33 peut-être ce serait bien qu'on envisage de repousser,
00:19:36 vous savez, l'interdiction, la sortie du marché de la location
00:19:39 des passoires thermiques EFG de quelques années".
00:19:42 Parce qu'on va avoir un petit problème
00:19:43 quand il va falloir sortir du marché de la location
00:19:45 7 millions de logements à horizon 2034
00:19:47 si ces logements ne sont pas rénovés.
00:19:50 Vous voyez, donc voilà.
00:19:50 Et alors, le gouvernement s'est complètement ridit.
00:19:53 La réaction en substance, c'était de dire "non, non, non,
00:19:55 l'écologie, on ne transige pas".
00:19:57 Et il ne faut jamais oublier, en France, quand même,
00:19:58 on est dans ce pays où il y a plus d'aide
00:20:00 pour aider les gens à acheter des voitures électriques
00:20:02 que pour aider les étudiants à se loger.
00:20:03 Moi, je trouve ça... Enfin, voilà.
00:20:05 Comme quoi, c'est parlant.
00:20:07 Ça nous dit des choses de l'idéologie qui nous gouverne.
00:20:10 Alors que vous allez ailleurs en Europe,
00:20:13 eh bien, deux exemples.
00:20:14 La semaine dernière, les Britanniques,
00:20:16 Rishi Sunak, Premier ministre conservateur,
00:20:18 repousse de quelques années l'interdiction des chaudières à gaz
00:20:22 et l'interdiction des moteurs thermiques.
00:20:24 Vous voyez, pragmatisme.
00:20:25 Il se rend compte que ça ne passe pas dans l'opinion,
00:20:27 qu'il y a une fatigue écologique,
00:20:28 je vous en ai parlé la semaine dernière, dont acte.
00:20:31 En Allemagne, pareil.
00:20:32 Olaf Scholz a fait voter en fin d'année dernière
00:20:34 une loi qui disait, à partir du 1er janvier 2025,
00:20:37 vous voyez, l'échéance de temps très courte,
00:20:39 obligation de triple vitrage,
00:20:41 tout un tas de nouvelles normes écologiques
00:20:43 pour faire des économies d'énergie.
00:20:44 Bon, il a repoussé le calendrier, s'y nédier.
00:20:47 Chez nous, c'est totalement hors de question.
00:20:48 On ne transige pas avec l'écologie.
00:20:50 En attendant, les Français ont du mal à se loger,
00:20:54 à rénover, à acheter, à vendre.
00:20:56 Et le logement social, pour revenir à lui,
00:20:58 il affiche complet.
00:21:00 Il y a une queue de 2,5 millions de personnes
00:21:01 qui attendent devant.
00:21:03 Alors justement, Dimitri Pavlenko,
00:21:05 on ne va pas rappeler...
00:21:07 Oui, puis il y a des passe-droits aussi.
00:21:09 Oui, on ne va pas rappeler ceux qui y sont encore
00:21:11 et qui n'ont pas le droit d'y être.
00:21:13 Ça mériterait d'y être,
00:21:14 mais on le garde quand même sous le coude,
00:21:16 les politiques qui sont dans les logements sociaux
00:21:18 et qui ne doivent pas y être.
00:21:20 Mais qu'est-ce qui ne va pas, Dimitri ?
00:21:22 Pourquoi on construit de moins en moins de HLM
00:21:25 si on en a tant besoin ?
00:21:26 Où est-ce que ça bloque ?
00:21:28 Le mouvement HLM, il aimerait bien construire plus.
00:21:30 Seulement, il a le malheur
00:21:31 de passer pour riche aux yeux de l'État.
00:21:34 Et regardez ce qui se passe avec l'Agir Carco.
00:21:36 Vous savez, les retraites complémentaires
00:21:37 gérées par le privé.
00:21:39 Quand un mordefins désargenté a du pouvoir sur vous,
00:21:42 qu'est-ce qu'il fait ?
00:21:43 Il vous fait les poches !
00:21:44 Et c'est ce que l'État veut faire avec l'Agir Carco.
00:21:47 Et en ce qui concerne le logement social,
00:21:49 alors c'est un peu différent,
00:21:51 c'est que l'État a arrêté d'apporter son éco,
00:21:53 a arrêté de payer sa part,
00:21:55 de subventionner le logement social.
00:21:56 Et en plus, il est allé taper dans la caisse d'Action Logement.
00:21:59 Parce qu'en fait, le logement social,
00:22:01 c'est un peu compliqué, mais vous avez trois grandes sources
00:22:04 de financement des HLM.
00:22:05 Vous avez d'abord l'épargne populaire,
00:22:07 c'est-à-dire le livret A.
00:22:09 Et quand le rendement de 3 % de votre livret A,
00:22:11 actuellement, en fait, c'est les taux d'intérêt du crédit
00:22:14 qui est consenti aux bailleurs sociaux
00:22:16 pour construire du logement social
00:22:18 et l'argent que vous placez sur votre livret A.
00:22:21 C'est pour ça, d'ailleurs, que l'été dernier,
00:22:23 Bruno Le Maire a dit "on ne passera pas à 4 %
00:22:25 le rendement du livret A",
00:22:26 parce que ça coûtait trop cher pour les bailleurs sociaux.
00:22:28 Ensuite, vous avez le 1 % patronal,
00:22:31 qui est géré par Action Logement.
00:22:32 Alors en fait, c'est plus 1 %,
00:22:33 mais les entreprises versent 0,45 %
00:22:37 de leur masse salariale sous forme de...
00:22:40 à Action Logement.
00:22:41 Cet argent finance le logement social.
00:22:43 Et alors là, c'était un organisme paritaire,
00:22:45 comme l'Agir Carco.
00:22:47 L'État l'a nationalisé en administration publique
00:22:49 et en 2021, qu'a-t-il fait ?
00:22:51 Il a pris un milliard d'euros dans la caisse,
00:22:53 comme quoi, vous voyez, c'est une vieille habitude de l'État.
00:22:55 Et puis, vous aviez les subventions publiques,
00:22:58 c'est-à-dire l'argent que l'État apportait
00:23:00 directement aux bailleurs sociaux pour construire.
00:23:02 Et là, c'est en baisse constante depuis 20 ans.
00:23:05 Il y a eu un moment historique, si vous voulez,
00:23:07 au début des années 2000,
00:23:08 tous les logements sociaux qu'on avait construits
00:23:10 dans les années 60-70 ont été amortis,
00:23:12 c'est-à-dire qu'on avait remboursé tous les emprunts.
00:23:15 Donc, tous les loyers qu'encaissaient les bailleurs sociaux,
00:23:17 l'État a dit "Ah, vous êtes une machine à cash,
00:23:19 vous n'avez plus besoin de notre aide".
00:23:21 Oui, alors c'est vrai qu'ils gagnaient beaucoup d'argent,
00:23:22 les offices HLM, mais il fallait entretenir,
00:23:25 il fallait construire aussi du nouveau,
00:23:26 parce que la France construit sans arrêt du logement social.
00:23:29 Dans certains pays, on a arrêté.
00:23:30 Les Allemands, notamment, ont arrêté pendant longtemps.
00:23:32 Ils commencent à s'y remettre parce qu'eux aussi
00:23:34 ont des problèmes de logement comparables
00:23:36 à ceux qu'on a aujourd'hui.
00:23:37 - Et ça ne suffit pas. - Voilà.
00:23:39 - Et ça ne suffit pas. - Je ne vous ai pas laissé finir.
00:23:41 Non, mais ça ne suffit pas, à tel point qu'aujourd'hui,
00:23:42 c'est pour ça qu'aujourd'hui, les bailleurs sociaux
00:23:44 vendent des logements sociaux, 10 000 par an.
00:23:48 On peut acheter un logement social
00:23:50 et en faire son appartement privé dans ce but-là.
00:23:52 Et on dit qu'un logement social vendu au privé,
00:23:55 ça peut permettre d'en construire trois ou quatre nouveaux.
00:23:58 Mais ça ne suffit pas, vous avez raison,
00:24:01 parce que d'abord, les bailleurs sociaux doivent aussi
00:24:04 rénover les passoires thermiques
00:24:07 qui risquent de sortir du parc locatif.
00:24:09 Et puis, en France, on a un modèle un peu particulier
00:24:12 de logement social qu'on dit généraliste,
00:24:13 c'est-à-dire qu'en fait, on veut tout faire.
00:24:15 Vous savez, il y a un modèle qui s'appelle
00:24:17 le logement social résiduel, c'est ce que font les Anglais,
00:24:19 ce que font les Espagnols.
00:24:20 Les Espagnols, ils disent un peu trivialement,
00:24:22 pardonnez-moi de le dire comme ça,
00:24:24 mais le logement social chez eux, c'est pour les gitants,
00:24:27 c'est ce qu'ils disent.
00:24:27 Les Anglais disent que c'est pour les très pauvres.
00:24:30 En France, non, nous, on veut de la mixité sociale,
00:24:32 c'est-à-dire qu'on ne veut pas créer des ghettos urbains.
00:24:34 Mais le problème, c'est qu'on a un glissement
00:24:36 puisque depuis quelques années,
00:24:37 c'est en train de devenir, le logement social,
00:24:40 une trappe à pauvreté, une trappe à misère.
00:24:43 On est en train d'aller en fait vers le modèle résiduel.
00:24:46 Et la cause, paradoxalement,
00:24:48 ce sont tous les mécanismes qu'on met en place,
00:24:49 qu'on a inventés pour fluidifier les entrées et les sorties.
00:24:52 En fait, on a un système à points, avec des critères
00:24:56 qui favorisent 14 publics prioritaires.
00:24:58 Ce sont les personnes handicapées,
00:24:59 ce sont les victimes de violences conjugales,
00:25:01 les personnes qui sortent de la rue,
00:25:04 les gens qui bénéficient du droit au logement opposable,
00:25:07 les mamans célibataires avec des enfants, etc.
00:25:09 Tout ça au détriment de qui ?
00:25:11 Des jeunes ménages actifs
00:25:13 pour qui ont été construits initialement les logements sociaux
00:25:16 et qui n'ont en fait, eux, que le simple malheur
00:25:19 d'avoir des petits revenus.
00:25:20 Vous voyez, on arrive à ce truc complètement paradoxal.
00:25:22 Mais bon, c'est comme ça, c'est la loi.
00:25:24 Donc, on veut tout faire, on veut faire de la mixité sociale,
00:25:26 mais on veut que ce soit concentré sur les plus pauvres.
00:25:28 Ça, c'est les bizarreries à la française.
00:25:29 C'est comme ça, l'État l'exige.
00:25:31 Alors que de l'autre côté, parce que l'État finance
00:25:33 moins le logement social, le coût du logement social
00:25:36 ne cesse d'augmenter à construire.
00:25:37 Donc, les loyers qu'on demande sont de plus en plus élevés.
00:25:39 Et on arrive à ce paradoxe.
00:25:40 Écoutez ça, Christine.
00:25:41 Vous avez des demandes de logements sociaux
00:25:44 aujourd'hui qui sont refusées à des gens
00:25:46 parce que les revenus qu'ils présentent sont jugés insuffisants.
00:25:49 - Non. - Voilà.
00:25:50 Voilà, ça, c'est la France.
00:25:51 On marque une petite pause ?
00:25:52 Vous n'avez pas fini, j'ai encore...
00:25:54 Si, si, j'ai terminé.
00:25:55 Vous me posez toutes les questions que vous voulez.
00:25:57 On va partir en pub et regarder
00:26:00 juste quelques petites images quand même d'Hélène Carère d'Ankos
00:26:04 parce qu'on en parle dans un instant avec vous.
00:26:07 Et de son...
00:26:11 De la cérémonie aujourd'hui.
00:26:14 On en parle dans un instant avec vous, mon cher Marc.
00:26:16 Allez, on part en pause et on revient à tout de suite.
00:26:19 - Quand t'as 15 mecs qui...
00:26:24 - On retourne sur le plateau.
00:26:25 On est...
00:26:26 Arrêtez de parler pendant la pub.
00:26:28 En plus, il parle du sujet de Dimitri.
00:26:30 - Voilà, c'était intéressant.
00:26:32 - Non, mais c'était passionnant.
00:26:34 On n'a pas fini, je vais vous relancer là-dessus.
00:26:35 Dans un instant avec Charlotte, on parlera des policiers,
00:26:39 des pompiers, etc.
00:26:41 Et maintenant, ce sont les chauffeurs de bus
00:26:42 qui vont au travail, la peur au ventre
00:26:44 parce qu'on apprenait que 890 chauffeurs de bus
00:26:46 ont été agressés en 2022.
00:26:50 Paris et sa petite couronne, la violence qui impacte
00:26:52 le service public, on en parle dans un instant avec vous.
00:26:55 Le portrait, dans un instant, de notre...
00:26:59 - Et l'intérieur d'en cause, mais la langue française aussi.
00:27:02 - Et la langue française.
00:27:03 Mathieu Bocoté, dans un instant, on ira au Canada.
00:27:06 Et pas au Québec, attention, au Canada.
00:27:08 On va parler de ce sujet qui vous tient tant à cœur,
00:27:12 qui est un mois d'octobre assez particulier,
00:27:15 le mois de l'histoire islamique au Canada.
00:27:19 Tenez-vous bien, c'est dans un instant.
00:27:20 Dimitri, je vous avais terminé votre chronique quand même,
00:27:23 mais juste une petite question.
00:27:25 Vous disiez pendant la pub,
00:27:27 je vais quand même le dire aux téléspectateurs,
00:27:28 parce que c'est unique en Europe,
00:27:30 qu'il y a une moyenne de 15 ans en HLM.
00:27:33 - Oui, c'est ça. - En France.
00:27:35 - Oui, parce qu'en fait, c'est l'une des perversions
00:27:37 de notre système, c'est-à-dire qu'à la fois,
00:27:39 on veut y loger les plus modestes, les plus pauvres
00:27:41 avec ce système à point.
00:27:42 En même temps, on est bien content
00:27:43 qu'il y ait des gens qui puissent rester
00:27:45 parce qu'on a une règle du droit au maintien dans les lieux.
00:27:48 Et donc, vous avez beaucoup de gens en HLM
00:27:50 qui payent un surloyer parce qu'avec leur revenu,
00:27:52 ils devraient normalement sortir.
00:27:53 Et ce qui fait que ces gens, en fait,
00:27:55 il n'y a pas de rotation dans le logement social à cause de ça.
00:27:56 Et en moyenne, c'est vrai, en France, on reste 15 ans en HLM.
00:27:59 C'est presque autant que la moyenne passée
00:28:01 dans votre résidence principale,
00:28:02 si vous êtes propriétaire qui est de 18 ans.
00:28:04 C'est pour ça qu'on parlait des politiques.
00:28:06 Finalement, les bailleurs sociaux sont bien contents
00:28:08 de les avoir dans le HLM parce qu'ils payent le surloyer.
00:28:11 Et ça, c'est autant d'argent que l'État n'apporte pas
00:28:14 et qui permet de continuer à faire fonctionner la machine
00:28:16 et à construire de nouveaux logements sociaux.
00:28:18 - C'est bien d'avoir des politiques dans les HLM, Dimitri,
00:28:20 mais près de 2,5 millions de ménages sont en attente.
00:28:24 - Effectivement.
00:28:25 - Oui, mais ce qui est dramatique, c'est qu'il y a une équation
00:28:28 que personne ne cherche à résoudre, apparemment.
00:28:30 Alors, Mathieu me dirait que je suis un sale coco.
00:28:35 - Pas ça.
00:28:36 - En l'occurrence, vous avez des gens qui gagnent,
00:28:40 en travaillant au quotidien, ils gagnent 850 euros
00:28:43 et le prix moyen dans les grandes villes
00:28:45 pour un tout petit appartement, c'est 700, 800 euros.
00:28:49 Donc, il y a quelque chose qui ne va pas.
00:28:50 Vous ne pouvez pas passer votre temps à travailler
00:28:53 et ne même pas pouvoir avoir la possibilité
00:28:56 de dormir sous un toit.
00:28:59 Il y a quelque chose qui ne va pas, quand même.
00:29:00 - Un tiers des ménages peut prétendre un logement social,
00:29:03 un taux de mobilité de moins de 8 %.
00:29:05 - Deux Français sur trois, avec nos critères de revenus,
00:29:08 en réalité, deux Français sur trois
00:29:09 peuvent aujourd'hui prétendre un logement social.
00:29:12 - C'est énorme.
00:29:14 Et l'attente, elle est incroyable, avec un taux de mobilité
00:29:16 de moins de 8 %.
00:29:17 - C'est ça.
00:29:18 - Qu'est-ce que ça vous évoque, Mathieu Bocoté ?
00:29:20 - J'ai l'impression d'être sur le mode du désaccord
00:29:23 atlantique.
00:29:24 C'est-à-dire que le logement social, pour moi,
00:29:26 ça doit être réservé aux catégories sociales
00:29:28 qui en ont véritablement besoin,
00:29:29 les catégories les plus modestes.
00:29:31 Et pour le reste, c'est le jeu naturel du marché
00:29:33 qui doit prévaloir.
00:29:34 Et cette idée que l'État doit planifier
00:29:36 au nom de la mixité sociale,
00:29:37 qui doit vivre où, de quelle manière,
00:29:39 en quelles circonstances,
00:29:40 Marc parlait de la question des salaires.
00:29:42 Oui, mais ça vient ensemble.
00:29:43 C'est-à-dire qu'en État, l'État ponction sur ponction
00:29:45 sur ponction, vampirise les salaires,
00:29:47 multiplie les charges.
00:29:48 Tout ça crée un environnement qui ne tient plus la route.
00:29:51 De ce point de vue, une forme de mouvement libéral
00:29:53 ne serait pas trop, si je peux me permettre.
00:29:55 Le mot de la fin ?
00:29:56 Il y a un pays qui allait même encore plus loin.
00:29:58 L'État construisait des logements sociaux
00:30:00 dans le but unique de faire baisser les loyers
00:30:02 dans le parc privé.
00:30:03 C'était du dumping public officiel.
00:30:05 C'était en Suède.
00:30:06 L'Union européenne a fini par interdire cette pratique
00:30:08 qui était jugée anticoncurrentielle.
00:30:09 Très intéressant, Suède.
00:30:12 Merci beaucoup, Dimitri Parlenk.
00:30:16 On se ressemble.
00:30:17 Il est Gérard Larcher, je suis Emmanuel Macron.
00:30:21 Il y en a un qui est le double de l'autre.
00:30:23 Ça va, ça va, on va se calmer.
00:30:26 - Visitement. - Non, mais merci infiniment.
00:30:29 Marc Menand, le président de la République,
00:30:31 il a présidé une cérémonie d'hommage en mémoire
00:30:35 à l'académicienne Hélène Carrère-Doncos,
00:30:37 première femme à la tête de l'institution,
00:30:39 historienne décédée, débute à l'âge de 94 ans.
00:30:43 "Le jour de l'élection à l'Académie,
00:30:45 "je reçus mon second baptême", avait-elle déclaré.
00:30:48 Cette femme de culture, elle savait déjà lire en français, en russe,
00:30:51 elle n'avait que six ans.
00:30:52 Étudier, c'était une joie pour elle, chaque jour.
00:30:55 Comment cette femme représente le succès
00:30:58 de la véritable assimilation à la française ?
00:31:00 Et de la même manière, d'ailleurs, son successeur, Amine Mahalouf.
00:31:04 Oui, parce que tous les deux sont d'ailleurs, si je puis dire.
00:31:08 Elle est d'origine russe
00:31:10 et les premières années de son enfance,
00:31:14 c'est en russe qu'on lui parle.
00:31:16 Elle ne découvre notre langue qu'à l'occasion
00:31:19 d'un séjour en Bretagne, chez des amis de la famille.
00:31:23 Et là, elle s'en tiche de la langue.
00:31:26 Et elle ne deviendra française qu'à 21 ans.
00:31:29 Jusque-là, elle était apatride.
00:31:31 Notre nouveau secrétaire perpétuel,
00:31:35 lui, est d'origine libanaise.
00:31:37 Sa langue naturelle, c'est l'arabe.
00:31:40 Il dit d'ailleurs, il y a une originalité dans mon identité.
00:31:44 Je suis d'une langue arabe et en étant chrétien.
00:31:49 C'est-à-dire qu'il y a une sorte de dualité en moi.
00:31:52 C'est formidable. Et tous les deux, ils défendent quoi ?
00:31:55 Et en particulier, Hélène Carrière-Codan-Cos.
00:31:58 La langue. La langue en tant que telle.
00:32:01 Cette puissance, ça nous fait penser à quoi ?
00:32:05 À Albert Camus, qui disait
00:32:07 "Ma patrie, c'est la langue française."
00:32:09 N'oublions pas non plus Ferdinand Brodel, qui disait "La France."
00:32:13 C'est d'abord la langue française.
00:32:15 Si on n'a pas la langue, nous ne sommes rien.
00:32:18 Car sur un plan de vue culturel,
00:32:21 nous avons Charlotte, qui est chrétienne.
00:32:23 Moi, je suis athée. Et pour autant, on est français.
00:32:26 Qu'est-ce qui nous permet d'être dans les Georges le plus vif,
00:32:30 le plus chaleureux ? C'est ce goût des mots.
00:32:33 C'est cette capacité à mettre en équation
00:32:37 la pensée la plus scintillante.
00:32:40 Et ne pas tomber dans cette déviance,
00:32:43 qui est un véritable fléau.
00:32:46 Et d'ailleurs, Hélène Carrière-Codan-Cos
00:32:50 a condamné la langue inclusive.
00:32:54 Elle disait "C'est mortel."
00:32:56 Car si on la laisse partir,
00:32:59 nous sommes dépourvus, tel la cigale,
00:33:03 lorsque le printemps sera venu
00:33:06 et que dans la rue, il n'y aura plus qu'une sorte de jargon.
00:33:09 Alors n'oublions pas, le jargon, c'est quoi ?
00:33:12 C'est la folie de chercher, par pédantisme,
00:33:16 c'est un peu notre présidente de la République,
00:33:18 il est bon d'y aller de son petit anglais.
00:33:20 Ah, on est bien, et on laisse dépérir ce goût des mots.
00:33:25 Il y a aussi la féminisation.
00:33:29 Elle disait "Je suis le secrétaire perpétuel
00:33:33 de l'Académie française."
00:33:34 Je ne suis pas la secrétaire, le secrétaire.
00:33:38 Nous sommes dans une continuité.
00:33:40 Ce n'est pas la fonction qui devient, en quelque sorte,
00:33:44 un élément dans lequel je serais l'élément dominant,
00:33:50 mais au contraire, c'est moi qui me fonds dans la fonction.
00:33:54 Elle rejoint là les grandes féministes,
00:33:56 les aventurières de la conquête des avions,
00:34:00 que ce soit Hélène Boucher, Adrienne Boland,
00:34:04 quand on leur disait "Vous êtes aviatrice",
00:34:06 elles disaient "Non, je suis aviateur,
00:34:09 je veux être comme les hommes,
00:34:11 je suis là dans la capacité de montrer
00:34:14 qu'il n'y a pas de différence entre un homme et une femme,
00:34:17 que nous sommes tous des chevaliers de l'audace,
00:34:20 des chevaliers du courage."
00:34:23 Voilà ce qu'il faut retenir de cela,
00:34:25 sortir de cette psychose, de cette victimisation,
00:34:29 où on niche partout le genre.
00:34:32 Et quand elle parlait de cette langue,
00:34:35 de cette dérive avec ces anglicismes,
00:34:39 elle rappelait aussi que ça ne signifie pas
00:34:42 qu'on ne cherche pas à s'enrichir de mots venus d'ailleurs.
00:34:46 Elle mettait en avant, disait par exemple "le budget".
00:34:49 Mais le budget, au départ, c'est un mot français,
00:34:53 et ce mot français, c'était "escarcelle".
00:34:57 C'est amusant.
00:34:58 "Challenge", c'était "chalanson".
00:35:01 - Pardon ? - Ca se ressemble beaucoup.
00:35:03 - Non, mais c'est pas ça. - C'est le budget.
00:35:06 - Le budget, c'était "l'escarcelle".
00:35:10 C'était le mot en tant que tel qui nous revient après.
00:35:14 C'est-à-dire qu'en français,
00:35:16 on avait le budget qui était l'escarcelle.
00:35:19 Il nous est revenu en tant que budget.
00:35:22 Vous voyez ce que je veux dire ? C'était un synonyme.
00:35:25 "Challenge", c'était "chalanson".
00:35:27 Et puis, elle aimait rappeler aussi
00:35:30 que le latin, c'était enrichi du grec.
00:35:33 Mais si on n'a pas ce désir de faire en sorte
00:35:37 que la langue nous façonne,
00:35:40 nous nous perdons.
00:35:42 Et cela, c'est essentiel à comprendre.
00:35:45 C'est drôle de voir que c'est le président Macron
00:35:48 qui ne fait pas grand-chose pour la langue française,
00:35:50 qui rend aujourd'hui hommage à celle qui en fut le chantre.
00:35:55 Et il est intéressant de voir maintenant
00:35:58 le successeur d'Hélène Carrière-Dancos.
00:36:02 M. Amine Mahalouf.
00:36:03 Là, j'ai noté, dans son livre formidable,
00:36:07 c'est un livre sur les identités meurtrières.
00:36:10 Alors, il dit, "Si les hommes de tout pays,
00:36:13 "de toutes conditions, de toute religion,
00:36:17 "ont pu se transformer en massacreurs frénétiques,
00:36:21 "en illuminés sanguinaires,
00:36:24 "en somnambules possédés par la haine,
00:36:28 "c'est bien parce qu'ils sont possédés par leur identité."
00:36:32 Une conception de l'identité fondée sur l'exclusion et la haine.
00:36:38 Une conception tribale.
00:36:40 Une identité meurtrière.
00:36:43 Alors, quand aujourd'hui, on a M. Mélenchon
00:36:46 qui sacralise les jeunes filles qui portent le voile,
00:36:51 eh bien, en l'occurrence, elles s'excluent,
00:36:53 elles créent la discrimination.
00:36:55 C'est-à-dire qu'elles se veulent assigner à une conduite.
00:36:59 C'est non seulement perdre ce goût de la langue,
00:37:02 le sens de la langue,
00:37:03 mais perdre ce sens de ce que représente
00:37:07 l'identité française grâce à notre langue.
00:37:11 C'est indissociable.
00:37:13 Et aujourd'hui, on avait dans un lycée,
00:37:16 le lycée Colbert, des jeunes qui se sont mis à crier dans la rue
00:37:20 parce que deux jeunes filles avaient été exclues
00:37:23 pour avoir porté la...
00:37:25 - La baïa. La baïa.
00:37:27 - La baïa. J'ai même du mal à le dire.
00:37:30 Eh bien, c'est là qu'on s'aperçoit de la paupérisation des écoles.
00:37:33 Elle le condamnait, ça aussi.
00:37:35 Elle disait aujourd'hui, "L'élève n'est plus un élève
00:37:38 "et l'instituteur devient un mandataire."
00:37:41 C'est-à-dire qu'on négocie, on n'est plus dans
00:37:44 "je viens vous apprendre à réfléchir,
00:37:46 "je viens vous apprendre à utiliser les mots."
00:37:49 Non. Il y a quelque chose de lâche.
00:37:52 Il y a "lâche" dans tous les sens du terme.
00:37:55 Et ce laxisme conduit au dépérissement de l'esprit.
00:38:00 Il nous faut en tenir compte, essayer de redonner à ces jeunes
00:38:03 le goût de la réflexion,
00:38:05 qu'ils voient bien que l'exclusion,
00:38:08 en l'occurrence, ce sont ceux qui se la votent,
00:38:10 et ce n'est pas du tout une exclusion
00:38:12 de la part du français, encore moins de la langue française.
00:38:16 - Emmanuel Macron tweet à l'instant sur votre sujet.
00:38:19 C'est devant vous, Hélène Carrière-Dancoz,
00:38:22 que la nation s'incline.
00:38:24 C'est à vous que la France endeuillée présente
00:38:26 une dernière fois ses hommages,
00:38:28 à vous qu'il avait tant aimé, tant chéri,
00:38:30 à vous, l'immortel, universel et perpétuel.
00:38:34 Merci, Marc Menand, pour votre regard sur...
00:38:37 Qu'est-ce qu'il y a ?
00:38:39 - Non, je voulais savoir, je dois regarder Dimitri,
00:38:41 s'il était d'accord sur ce que je lui ai dit.
00:38:44 - Dimitri, vous êtes d'accord ? - Je suis 100 % d'accord.
00:38:47 Marc a bien parlé.
00:38:49 - Très, très bien.
00:38:51 - Charlotte Dornelas, après les policiers, les pompiers,
00:38:55 les médecins, les enseignants,
00:38:56 maintenant, ce sont les chauffeurs de bus
00:38:59 qui vont au travail, la peur au ventre.
00:39:01 On a appris qu'à 891,
00:39:03 les chauffeurs de bus ont été agressés en 2002
00:39:06 sur Paris et la Petite-Coronne,
00:39:08 mais c'est également la crainte qui prive désormais
00:39:11 Pisse-Vin, quartier de Nîmes, de son trafic de bus.
00:39:15 - Il y a eu une enquête de la RATP,
00:39:17 qui gère les bus, notamment dans Paris et la Petite-Coronne,
00:39:21 qui a rendu son... Le Parisien a publié l'enquête.
00:39:24 C'est une enquête interne,
00:39:25 qui n'a pas du tout été contredite ou discutée par la RATP,
00:39:29 et qui explique qu'il y a une baisse amorcée
00:39:31 sur le début de 2023,
00:39:33 mais que 2022 était un nouveau record après tous les records,
00:39:36 puisque la seule année où les agressions ont baissé,
00:39:39 c'est 2020, où on a passé la moitié de l'année enfermés chez nous.
00:39:44 Peut-être la chose la moins rassurante,
00:39:46 dans ces chiffres-là,
00:39:48 c'est que non seulement le nombre d'agressions augmente,
00:39:51 mais parfois, on se dit que quand ça devient un sujet,
00:39:54 les gens portent plainte plus facilement,
00:39:56 et les chiffres augmentent.
00:39:58 C'est difficile de les calculer.
00:40:00 Non seulement les agressions sont plus nombreuses,
00:40:03 mais elles sont plus violentes.
00:40:05 C'est vrai de la délinquance en général.
00:40:07 Les délinquants sont de plus en plus jeunes et de plus en plus violents.
00:40:12 C'est vrai pour les chauffeurs de bus.
00:40:14 Souvenez-vous de l'histoire dramatique de Philippe Monguillon
00:40:18 et de la femme Véronique,
00:40:19 qui disait, au moment du procès,
00:40:21 qu'elle a monté une association de défense des chauffeurs de bus
00:40:25 depuis la mort de son mari,
00:40:27 et qu'elle a quasiment tous les jours des témoignages
00:40:30 de chauffeurs de bus qui n'en peuvent plus,
00:40:33 qui ont peur d'aller travailler,
00:40:35 parce que la violence, qui devient structurelle,
00:40:38 n'est pas gratuite.
00:40:39 Ça fait partie de leur manière de communiquer, d'être au monde.
00:40:43 Ça pèse sur les chauffeurs de bus.
00:40:46 Ce ne sont pas que des histoires individuelles.
00:40:49 Il y a des trajets que les chauffeurs de bus ne veulent plus faire.
00:40:52 Ils peuvent avoir peur partout,
00:40:54 parce que parfois, ça peut arriver partout.
00:40:57 Mais il y a des trajets et des quartiers
00:41:00 qui sont particulièrement hostiles pour les chauffeurs de bus.
00:41:04 Il y a Pissevin, dont vous parliez,
00:41:06 un quartier de Nîmes.
00:41:08 On en avait parlé cet été,
00:41:09 notamment après la mort de ce petit garçon,
00:41:12 Fayet, de 10 ans,
00:41:14 dans un règlement de compte,
00:41:16 ou dans le fait de terroriser.
00:41:18 Aujourd'hui, les trafiquants de drogue
00:41:20 ne se contentent plus de "régler leur compte" entre eux.
00:41:24 Parfois, ils terrorisent un quartier entre eux,
00:41:27 quitte à avoir des victimes collatérales.
00:41:29 Ça fait partie du plan de terreur dans un quartier.
00:41:33 Revenir sur l'histoire de Pissevin.
00:41:35 On parle souvent de l'abandon de certains Français,
00:41:38 notamment dans certains quartiers.
00:41:41 Mais on peut voir l'histoire récente de ce quartier à Pissevin.
00:41:45 Les étapes de l'histoire de ce quartier, c'est lunaire.
00:41:48 Aujourd'hui, l'actualité, c'est que les bus,
00:41:51 après 2 à 3 semaines d'arrêt total dans le quartier,
00:41:54 reprennent demain matin,
00:41:56 parce que les mères de famille,
00:41:58 qui faisaient jusqu'à 4 km le matin
00:42:01 pour emmener leurs enfants au bus
00:42:03 qui passait dans le quartier d'à côté,
00:42:05 ont fini par se rendre dans le quartier d'à côté,
00:42:09 en disant qu'il fallait repasser chez eux,
00:42:11 c'est plus gérable de vivre comme ça.
00:42:14 Le trafic reprend demain matin,
00:42:16 parce que la préfecture, la mairie et l'entreprise
00:42:19 qui gère ces bus se sont mis d'accord
00:42:22 sur une protection accentuée pour les chauffeurs de bus.
00:42:25 Ça reprend demain matin.
00:42:27 Mais l'histoire récente, c'est quoi ?
00:42:30 En mai dernier, on a les fonctionnaires de la médiathèque,
00:42:33 à proximité d'un point de deal, qui exercent leur droit de retrait.
00:42:38 Il faut voir les témoignages.
00:42:39 Ils ne supportent plus les agressions, les injures,
00:42:43 les checkpoints le matin avant d'aller travailler
00:42:46 à proximité de la médiathèque.
00:42:48 Donc, il y a un point de deal qui s'est mis à côté.
00:42:51 Ils ont d'autant plus peur que ces checkpoints
00:42:54 sont le fait de personnes cagoulées et armées.
00:42:57 Le matin, pour aller travailler,
00:42:59 ils sont contrôlés par des personnes cagoulées et armées.
00:43:02 Ils se disent qu'ils ne vont plus travailler dans ces circonstances.
00:43:07 En juin, la mairie ferme la médiathèque
00:43:09 en disant qu'elle n'a plus la capacité,
00:43:12 la mairie, d'assurer la sécurité
00:43:14 et de contredire ce droit de retrait,
00:43:17 car on ne peut pas le faire.
00:43:18 Fin août, deux mois plus tard,
00:43:20 le petit Fayet, dont on parlait,
00:43:22 meurt dans la voiture de son oncle.
00:43:25 En l'occurrence, il prend une balle.
00:43:27 Pendant l'hommage... -Dix ans.
00:43:30 -Dix ans.
00:43:31 Pendant l'hommage rendu à Fayet dans son quartier,
00:43:34 il y a très peu de gens par rapport à d'autres activités.
00:43:37 Il y a très peu de gens.
00:43:39 Les cris des guetteurs...
00:43:41 On entend les cris des guetteurs qui ont repris en bas de la tour.
00:43:45 Le trafic a repris instantanément.
00:43:47 Ca n'a traumatisé personne.
00:43:49 Une semaine après, seulement,
00:43:51 un gamin de 18 ans mourait pareil par balle,
00:43:53 au même endroit.
00:43:55 À ce moment-là, on a un journaliste de M6
00:43:57 qui a été sauvagement agressé
00:43:59 car il essayait de faire un reportage.
00:44:02 J'ai essayé tant que je pouvais d'avoir des nouvelles de ce journaliste.
00:44:06 Personne n'en donne depuis ce moment-là.
00:44:08 Et Darmanin envoie à ce moment-là la fameuse CRS 8,
00:44:12 qu'il envoie régulièrement, et une compagnie de CRS à plein temps.
00:44:16 Mais le trafic ne s'arrête pas.
00:44:18 Il y a plusieurs règlements de compte depuis,
00:44:20 malgré ce dispositif-là.
00:44:22 La médiathèque n'a jamais rouvert depuis.
00:44:25 Ces derniers jours, ces dernières semaines,
00:44:28 les chauffeurs de bus réclamaient la présence permanente
00:44:32 de la police à leur côté, comme les habitants.
00:44:35 Il n'y avait plus de bus.
00:44:36 Ces derniers jours, la mairie a décidé
00:44:39 de réduire le temps de présence des employés municipaux
00:44:42 de tous les services d'accueil d'enfants dans le quartier
00:44:45 car ils ne sont pas en mesure d'assurer la sécurité
00:44:48 des fonctionnaires qui gèrent tous ces services d'accueil d'enfants.
00:44:53 On a des habitants qui ont réagi sur le bus
00:44:55 car c'était le plus urgent.
00:44:57 Quand on vous retire des heures de garde de vos enfants
00:45:00 qui correspondent aux heures où vous allez travailler
00:45:03 et que vous perdez du temps à chercher votre bus à 4 km,
00:45:06 tout ça devient une vie absolument ingérable.
00:45:09 On voit dans cet exemple et dans la succession,
00:45:12 en quelques mois seulement,
00:45:14 du calvaire que vivent certains habitants.
00:45:16 On mesure assez mal, par ailleurs,
00:45:19 le degré d'exaspération mêlée à un degré de terreur totale
00:45:23 de ces habitants livrés à eux-mêmes, d'une certaine manière.
00:45:27 - Quelles pourraient être les conséquences
00:45:29 d'une telle situation que l'on retrouve de plus en plus régulièrement ?
00:45:33 - Il y a plusieurs quartiers.
00:45:35 La première conséquence, c'est qu'on voit l'emprise
00:45:38 qui devient totale sur ces quartiers.
00:45:40 Je me souviens, au moment de Viry-Châtillon,
00:45:43 quand la voiture de police était chargée
00:45:45 de surveiller la caméra de surveillance...
00:45:48 On oublie ce point-là, quand même, à Viry-Châtillon.
00:45:51 Les policiers étaient dans leur voiture
00:45:54 qui surveillaient potentiellement le trafic de drogue.
00:45:57 Donc, ils attaquent la voiture.
00:45:58 On connaît l'histoire de Viry-Châtillon.
00:46:01 Les policiers disaient qu'ils avaient entendu
00:46:03 jusqu'à 1 000 personnes dans le quartier.
00:46:05 Personne n'avait rien vu, rien entendu.
00:46:08 Ce n'était pas la réalité,
00:46:09 les gens étaient terrorisés de parler.
00:46:12 Donc, les policiers ont du mal à enquêter.
00:46:14 Les journalistes, on l'a vu avec ce journaliste de M6,
00:46:17 ont du mal à travailler.
00:46:19 On a du mal, tout simplement, à contrevenir à la loi
00:46:23 de ceux qui ont pris le pouvoir.
00:46:25 C'est la 1re conséquence, mais il faut la répéter.
00:46:27 C'est grave.
00:46:29 Ensuite, la 2e chose, je pense,
00:46:31 une des conséquences graves, également,
00:46:33 c'est le désaveu total de la possibilité
00:46:36 d'une réponse politique.
00:46:37 Tout le monde tombe sur le maire, à Pismey,
00:46:40 qui décide d'arranger les horaires de fermer la médiathèque.
00:46:43 Mais le maire fait ce qu'il peut
00:46:45 avec le droit de retraite,
00:46:47 l'impossibilité qu'il a de fait de les protéger,
00:46:51 parce que c'est une donnée.
00:46:52 Si demain, il y a un homme à la médiathèque
00:46:55 qui se fait agresser ou tuer,
00:46:56 qu'est-ce qu'on dira du maire et de son absence de responsabilité ?
00:47:00 Il ne peut pas non plus répondre à tout ça.
00:47:03 Et l'Etat intervient de manière assez sporadique
00:47:06 dans ces quartiers en envoyant des CRS.
00:47:09 Et en même temps, on a tellement attendu avant de réagir
00:47:12 qu'on peine à imaginer ce qu'il pourrait faire.
00:47:15 La 3e conséquence,
00:47:16 c'est des quartiers définitivement condamnés à l'errance.
00:47:20 Qu'est-ce que vous faites quand vous habitez dans ce quartier ?
00:47:23 Mais le jour, la première heure où vous avez un moyen
00:47:26 d'aller vivre ailleurs, vous partez.
00:47:28 Et comme on continue par ailleurs à accueillir des gens,
00:47:31 après, on a une désagrégation sociale.
00:47:33 Je vous confirme, c'est impossible comme équation.
00:47:36 Qui va vouloir aller vivre dans ces quartiers gangrénés
00:47:39 par ces criminels-là ?
00:47:40 Les gens qui n'auront pas le choix.
00:47:42 Donc, vous n'avez absolument aucune possibilité
00:47:45 même d'intégration, je ne parle même plus d'assimilation,
00:47:49 à la vie sociale. Donc, là, c'est de la pure folie.
00:47:51 Et la 4e conséquence qui devrait inquiéter tout le monde,
00:47:56 c'est la question, en effet,
00:47:57 jusqu'où l'exaspération va aller.
00:47:59 Soit c'est une démission totale par la terreur,
00:48:02 soit des gens vont s'organiser pour répondre à la place de l'Etat.
00:48:06 Et là, on pourra dire tant qu'on voudra,
00:48:08 faire mille chroniques en disant
00:48:10 qu'il est interdit de se faire justice soi-même,
00:48:12 quand personne ne le fait, et que vos enfants risquent de mourir,
00:48:16 et que vous ne pouvez pas agir.
00:48:18 Il y a urgence à tous les niveaux,
00:48:20 à la fois politique, sociale,
00:48:21 et à l'échelle du pays tout entier, en réalité.
00:48:24 -Alors, hier, Charlotte Dornelas,
00:48:26 nous l'avons évoqué, le président de la République
00:48:29 a repris un journaliste qui parlait de sentiments d'insécurité.
00:48:32 On en a parlé ici.
00:48:34 Cette bataille-là, au moins, est gagnée par la réalité.
00:48:37 Est-ce que là, ce n'est pas une étape importante, finalement ?
00:48:40 -J'ai l'impression que...
00:48:42 On a tous remarqué hier qu'Emmanuel Macron
00:48:45 avait repris ce journaliste en lui disant
00:48:47 que c'était un sentiment d'insécurité.
00:48:49 Ca fait 20 ans que je le dis,
00:48:51 ça fait des années que des gens le disent,
00:48:53 qu'ils se font insulter parce qu'ils le disent.
00:48:56 On dit tout le temps qu'on ne se rendait pas compte.
00:48:59 Mais si, il y a des gens qui se rendaient compte.
00:49:01 C'est pas simplement qu'on ne l'avait pas vu venir.
00:49:04 C'est quand même deux choses très différentes.
00:49:07 Par ailleurs, je pense qu'il y a les deux.
00:49:09 On oppose les deux, car c'est pratique de dire
00:49:12 que l'insécurité en a l'air de rabaisser l'existence de la sécurité.
00:49:16 C'est ce que faisait la fameuse déclaration d'E.Dupond-Moretti,
00:49:19 qui explique que c'est parce que les gens regardent ces news
00:49:23 qu'il y a des agressions dans la rue.
00:49:25 En réalité, il y a l'insécurité, de fait,
00:49:27 avec des chiffres qui augmentent dans la réalité.
00:49:30 Et ce qu'on appelle le sentiment d'insécurité,
00:49:33 il n'accompagne pas, comme dit E.Dupond-Moretti,
00:49:36 la vue de je ne sais pas quoi à la télévision.
00:49:38 Il n'accompagne pas, comme dit E.Macron,
00:49:41 encore avant-hier, l'absence de police.
00:49:43 Ce qu'E.Macron nous a expliqué,
00:49:45 c'est qu'il y avait un sentiment d'insécurité
00:49:48 parce qu'il n'y avait pas de police dans la rue.
00:49:50 Non, le sentiment d'insécurité, c'est le fait que vous constatiez
00:49:54 qu'il y a une insécurité bien réelle et que vous adaptez votre vie à ça.
00:49:58 Les femmes dont on parle,
00:49:59 qui s'habillent de manière différente dans le métro
00:50:02 ou de manière différente quand elles vont dans tel quartier,
00:50:06 elles le font pas parce qu'elles ont regardé la télé.
00:50:09 Elles ont déjà eu une expérience,
00:50:11 que ça leur est arrivé,
00:50:12 ou qu'elles ont les chiffres en face d'elles
00:50:15 et qu'elles savent qu'il faut s'adapter.
00:50:17 On n'attend pas de se faire agresser ou violer
00:50:20 pour éviter que ça arrive.
00:50:23 Donc, oui, il y a un sentiment
00:50:25 qui accompagne une insécurité bien réelle,
00:50:28 mais les deux sont aussi importants.
00:50:30 Par ailleurs, je pense que les deux comptent terriblement
00:50:33 devant le politique.
00:50:34 Parce que si les auteurs de l'insécurité
00:50:37 ont, eux, non pas le sentiment, mais une impunité bien réelle,
00:50:41 alors le sentiment d'insécurité va grandir
00:50:43 en même temps que l'insécurité dans le pays.
00:50:46 Donc, à tous les niveaux,
00:50:48 c'est une question politique d'urgence maximale, en réalité.
00:50:51 Maximale, vraiment.
00:50:53 -Merci beaucoup pour votre regard.
00:50:56 C'est passionnant, parce que je voulais vous faire réagir
00:51:00 un peu dans la foulée de votre chronique sur la Suède.
00:51:03 Elle est confrontée à une vague de meurtres imputés
00:51:07 au trafic de drogue, la Suède,
00:51:09 et veut faire appel, du coup, à des militaires.
00:51:12 C'est intéressant.
00:51:13 Le Premier ministre souhaite la mobilisation des forces armées
00:51:17 en renfort de la police
00:51:18 dans la lutte contre cette criminalité liée à des gangs.
00:51:21 Qu'est-ce que ça vous évoque, Mathieu Bocote?
00:51:24 C'est intéressant.
00:51:25 -En un mot, les structures juridiques qui sont les nôtres
00:51:29 ne sont plus adaptées aux sociétés qui sont les nôtres.
00:51:32 Lorsqu'on se donnait des moyens de combattre
00:51:34 une criminalité ordinaire qui n'avait pas cette ampleur,
00:51:38 on pouvait avoir telles règles.
00:51:40 Là, quand on se retrouve devant des gangs qui ont des moyens
00:51:43 militaires, qui occupent des territoires,
00:51:45 qui enchassent les forces de police,
00:51:47 il faut s'adapter.
00:51:49 Je le dis avec tristesse, soit dit en passant,
00:51:51 je n'aime pas une société où il y a des policiers partout
00:51:54 et où il y a de la vidéosurveillance partout.
00:51:57 Le fait est que pour restaurer la civilisation,
00:52:00 il faut un coup de force.
00:52:01 Qui peut se réjouir de voir à chaque coin de rue
00:52:04 un représentant de l'autorité avec des armes ?
00:52:09 Vous vous promenez dans une gare,
00:52:11 vous voyez ces gens qui défilent avec la mitraillette.
00:52:14 C'est vrai qu'en soi, ça crée une angoisse.
00:52:16 Quelle est cette société alors qu'on leur représente
00:52:19 un monde avancé, un monde dans lequel, théoriquement,
00:52:23 il fait bon vivre ?
00:52:24 Mais il faut bien passer à une réaction.
00:52:26 On ne peut pas rester avec le trafic d'armes
00:52:29 qui ne cesse de se généraliser.
00:52:31 Il y a les kalachnikovs des années 20 ans,
00:52:35 et là, il y a tout un trafic de drogue
00:52:37 qui se fait écraser aux armes qui viennent d'Ukraine.
00:52:41 Il y a tout un trafic qui ne cesse de s'amplifier.
00:52:44 -C'est un peu particulier, la Suède,
00:52:47 parce que c'est une armée
00:52:48 où ils ont un système de conscription participe.
00:52:51 Ils sont souvent en assistance des policiers.
00:52:54 Mais un peu comme c'était envisagé,
00:52:56 vous vous rappelez, dans des cas extrêmes
00:52:58 de chocs terroristes en France,
00:53:00 il y avait cette idée que l'armée...
00:53:02 -Même J.Pirat, en soi.
00:53:04 -Oui, je suis... Pardon, je cherchais un peu...
00:53:07 Mais là-bas, en Suède, la police fait aussi le lien
00:53:11 entre la délinquance grave
00:53:13 qui confine la criminalité jusqu'au meurtre
00:53:16 et l'immigration.
00:53:17 Ils ont exactement les mêmes logiques que nous,
00:53:20 mais ils tirent des conséquences que nous ne tirons pas aussi,
00:53:23 parce qu'on n'a pas la même armée.
00:53:25 Mais c'est vrai qu'on franchit un cap, très clairement.
00:53:29 -Vous pensez qu'il faut faire appel à l'armée ?
00:53:31 -Je pense qu'il y a les moyens que l'on donne.
00:53:34 L'armée, ça sert à faire la guerre.
00:53:36 C'est pas un outil de maintien de l'ordre.
00:53:38 Combien de policiers vous disent que dans ces quartiers-là,
00:53:42 il ne se passera pas grand-chose de plus ?
00:53:44 Quand on vous demande de reculer, de ne pas provoquer...
00:53:47 C'est une phrase qui revient souvent,
00:53:50 que la présence de police, on leur demande d'être en retrait.
00:53:53 Jusqu'au sommet de l'Etat,
00:53:55 c'est la police qui peut provoquer dans ce genre de quartier
00:53:58 un peu inverser les choses.
00:54:00 La présence de l'armée vous permet de prendre conscience
00:54:03 que vous êtes en guerre.
00:54:05 C'était le signe que nous étions en guerre contre des terroristes.
00:54:08 Si la question de la drogue est une guerre,
00:54:11 la seule image que j'ai dans la tête,
00:54:13 quand je vois tous ces pays européens
00:54:15 être confrontés au même problème sur le terrain du narcotrafic,
00:54:19 c'est l'Amérique du Sud.
00:54:21 Là, on se prépare des années d'horreur.
00:54:23 On peut faire toutes les arguties juridiques qu'on veut.
00:54:27 Mais quand on va se réveiller, ça va être pire.
00:54:29 Il vaut mieux réagir tôt que trop tard.
00:54:32 -C'est le nouveau mot de "narcomycide"
00:54:34 qui a été forgé par Frédéric Camilleri,
00:54:37 la préfète de police des Bouches-du-Rhône.
00:54:40 Juste pour dire que le taux de homicide,
00:54:42 de mort violente liée à la drogue en Suède,
00:54:45 c'est 4 % mille.
00:54:47 On est à 1,3 % mille. On n'est pas très loin derrière.
00:54:51 -Et puis on parle de la drogue, mais il n'y a pas que ça.
00:54:54 Aujourd'hui, à Mante-la-Jolie,
00:54:56 un lycée visé par un tiens de mortier à l'entrée des classes,
00:55:00 l'auteur de l'attaque, un individu cagoulé, a pris la fuite.
00:55:03 Les professeurs ont fait usage de leur droit de retrait
00:55:06 et les élèves vont être...
00:55:09 Les élèves vont être libérés des heures de cours.
00:55:11 C'est de plus en plus grave.
00:55:13 -Il faut qu'il y ait une répression,
00:55:15 mais après, revenons à Hélène Carrière-Danco,
00:55:18 ça l'avait créée la Fondation pour l'intégration républicaine.
00:55:22 -Chacun devait passer un contrat, quand il arrivait de l'étranger,
00:55:26 apprendre ce qu'étaient nos mœurs, nos façons de vivre,
00:55:30 apprendre la langue française,
00:55:32 et on signait un contrat comme quoi on allait faire les efforts
00:55:37 pour arriver à ce résultat.
00:55:39 Et c'est à cette condition que l'on pouvait être assimilé.
00:55:44 -Très, très belle remarque.
00:55:46 Merci beaucoup, Marc Benormandier.
00:55:48 "Signer un contrat pour faire courant."
00:55:50 -Merci beaucoup, je vous adore, vous savez bien.
00:55:53 Dernière partie, Mathieu Bocote, avant-hier, 1er octobre,
00:55:57 le gouvernement canadien diffusait sur Twitter une vidéo
00:56:01 annonçant que le mois d'octobre était celui du mois canadien
00:56:04 de l'histoire islamique.
00:56:05 Il ajoutait "c'est l'occasion idéale d'en apprendre plus
00:56:09 "sur les communautés musulmanes, de reconnaître le rôle important
00:56:13 "que les communautés musulmanes jouent dans la société canadienne
00:56:17 "et de souligner le rapport extraordinaire..."
00:56:19 -C'est une fin de citation.
00:56:21 Sur cette vidéo, vous avez envie de revenir sur votre 2e édito.
00:56:24 -Oui, je crois parce que le Canada,
00:56:26 c'est un peu le laboratoire de la société diversitaire.
00:56:29 Et si vous regardez le Canada,
00:56:32 il y a tout un calendrier liturgique des temps présents.
00:56:35 Donc, il y a la journée pour ci, la journée pour ça,
00:56:37 toute communauté réclame finalement sa fête
00:56:40 dans le calendrier liturgique diversitaire.
00:56:42 Et là, dans ce cas-là, ça date de 2007.
00:56:44 Je vais revenir sur l'accélération de la référence à l'islam
00:56:47 dans l'espace public au Canada.
00:56:49 Je note sur ce vidéo, il y a deux personnes.
00:56:51 Il y a la ministre de la diversité, de l'inclusion
00:56:53 et des personnes en situation de handicap,
00:56:56 qui est Kamal Khera.
00:56:57 Je précise qu'elle ne parle qu'anglais dans la vidéo.
00:57:00 Même si vous savez le Canada, on dit que c'est un pays bilingue.
00:57:03 C'est un pays bilingue de langue anglaise.
00:57:05 Elle ne parle qu'en anglais et elle explique
00:57:07 la contribution majeure de l'islam à la poésie canadienne,
00:57:10 à la philosophie canadienne, à la vie politique canadienne.
00:57:13 La 2e, celle qui a la responsabilité de parler français,
00:57:16 c'est Amira El Gawabi.
00:57:17 C'est un français assez approximatif.
00:57:19 Elle est, je cite, la représentante spéciale du Canada
00:57:22 chargée de la lutte contre l'islamophobie.
00:57:24 Elle explique que les Canadiens musulmans, les Canadiennes musulmanes,
00:57:27 subissent des barrières systémiques
00:57:29 relevant de l'islamophobie qu'il faudrait combattre.
00:57:32 Ça, c'est la vidéo.
00:57:34 Ce qu'il faut voir, c'est le contexte.
00:57:36 Je l'ai dit, ça date de 2007, cette journée.
00:57:38 Depuis que Justin Trudeau est aux Affaires à Ottawa, depuis 2015,
00:57:42 on a vu une accélération de la référence à l'islam
00:57:44 dans la vie publique canadienne. Je donne quelques exemples.
00:57:47 En 2015, j'en ai souvent parlé ici,
00:57:49 célébration, sacralisation du niqab
00:57:51 comme symbole d'ouverture à la diversité,
00:57:53 comme symbole féministe, comme symbole d'affirmation des femmes.
00:57:56 Le niqab comme symbole d'affirmation des femmes.
00:57:59 Ensuite, et là, je bascule, parce qu'il y a un lien avec la France.
00:58:02 Vous allez voir.
00:58:03 2020, attentat contre Samuel Paty.
00:58:06 On est tous bouleversés. Le monde occidental est bouleversé.
00:58:09 Justin Trudeau l'est peut-être, mais il prend son temps pour réagir.
00:58:12 Onze jours avant de réagir.
00:58:14 Alors que quand il y avait eu Black Lives Matter,
00:58:17 il a vraiment hésité à s'agenouiller sans le moindre souci,
00:58:19 de manière très ostentatoire. Là, il a vraiment fallu le forcer
00:58:22 pour qu'il réagisse.
00:58:24 Je cite son intervention à ce moment, parce que c'est important.
00:58:27 "La décapitation ou le meurtre de Samuel Paty
00:58:29 "est absolument inacceptable et injustifiable,
00:58:31 "mais en même temps, nous sommes aussi dans une situation
00:58:34 "où les tensions s'enflamment à la rhétorique
00:58:37 "et nous devons être à l'écoute et travailler dans le calme
00:58:40 "pour empêcher un accroissement des tensions dans le monde."
00:58:43 Donc la réaction à Samuel Paty, c'est ne la visite pas à sa manière.
00:58:46 Cherchez.
00:58:47 - Incroyable. Autrement dit, Mathieu Bocote,
00:58:50 ce mois est assez révélateur, finalement,
00:58:52 de ce que devient le Canada.
00:58:54 - Oui, je crois. C'est-à-dire que c'est un pays
00:58:56 qui a fait du multistructuralisme une religion.
00:58:58 Ah bien oui, c'est le contre-modèle, en fait.
00:59:00 Rappelez-vous, attentat de Nice.
00:59:01 Quelques jours après Samuel Paty, soit dit en passant,
00:59:04 là, Trudeau décide de réagir plus rapidement.
00:59:05 Mais ça ne veut pas dire qu'il réagit intelligemment.
00:59:07 Après, il dit que c'est terrible l'attentat.
00:59:09 Oui, effectivement, Justin Trudeau, c'est terrible l'attentat.
00:59:12 Mais il ajoute, "la liberté d'expression n'est pas sans limite."
00:59:15 Et on lui pose une question, Charlie Hebdo, tout ça.
00:59:18 Il répond, "il ne faut pas blesser de façon arbitraire
00:59:20 et inutile certaines communautés."
00:59:22 Il ajoute, "nous allons toujours défendre la liberté d'expression.
00:59:25 Nous devons d'agir avec respect pour les autres
00:59:28 et de chercher à ne pas blesser de façon arbitraire ou inutile
00:59:31 ceux avec qui nous sommes en train de partager une société et une planète.
00:59:34 On n'a pas le droit, par exemple, de crier au feu.
00:59:36 Dans un cinéma bondé de monde, il y a toujours des limites."
00:59:40 Et il ajoute, "dans une société pluraliste,
00:59:42 diverse et respectueuse comme la nôtre,
00:59:44 nous nous devons d'être conscients de l'impact de nos mots,
00:59:47 de nos gestes sur d'autres, particulièrement ces communautés,
00:59:50 ces populations qui vivent encore énormément de discrimination."
00:59:53 Donc, il faut comprendre la logique.
00:59:54 Quand, en France, Samuel Paty est la cible de l'attentat qu'on sait,
00:59:58 quand il y a l'attentat ensuite à Nice,
01:00:00 la réaction de Justin Trudeau, après avoir prononcé,
01:00:02 je dirais, la phrase rituelle où il se désole de l'attentat,
01:00:05 c'est d'expliquer que tout ça n'est pas sans lien
01:00:08 avec une liberté d'expression désinhibée,
01:00:11 une liberté d'expression trop agressive
01:00:13 qui provoquerait des communautés marginalisées,
01:00:16 qui provoquerait des communautés islamiques,
01:00:19 et que pour cela, ça susciterait des réactions
01:00:21 comme la France a pu les connaître.
01:00:24 Donc, vous voyez le raisonnement de Justin Trudeau.
01:00:25 De ce point de vue, ça veut dire, je crois,
01:00:26 qu'il y a une forme de lucidité étonnante chez lui.
01:00:29 Justin Trudeau nous explique qu'il y a une contradiction,
01:00:31 fondamentalement, entre le multiculturalisme
01:00:34 et la liberté d'expression.
01:00:36 Je suis absolument d'accord avec lui,
01:00:38 mais lui prend le parti du multiculturalisme
01:00:39 et je prends le parti de la liberté d'expression.
01:00:42 - Merci beaucoup, Mathieu Beaucoté,
01:00:44 pour votre regard sur ce "moi canadien"
01:00:47 de l'histoire islamique.
01:00:49 Merci à tous.
01:00:51 Ça va, Dimitri, Charlotte, Marc, à demain ?
01:00:53 - À demain.
01:00:54 - Allez, tout de suite, Pascal Praud, à demain.
01:00:57 *musique*

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