Face à l'Info (Émission du 26/10/2023)

  • l’année dernière
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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Transcript
00:00:00 - 19h, c'est l'heure. Bonsoir à tous.
00:00:04 Ravie de vous retrouver. Comment allez-vous, Simon Guilain?
00:00:08 - Ça va très bien. Bonsoir à tous.
00:00:10 4 mois après les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nael,
00:00:14 la Première ministre a présenté aujourd'hui une série de mesures.
00:00:17 Elle a notamment annoncé un encadrement des délinquants
00:00:19 par des militaires, des stages de responsabilité parentale
00:00:22 ou encore un nouveau plan national de lutte contre les stupéfiants.
00:00:26 10 aéroports français ont été visés aujourd'hui
00:00:28 pour faire de nouvelles alertes à la bombe
00:00:30 et 5 d'entre eux ont été évacués.
00:00:32 La semaine dernière, près de 70 fausses alertes à la bombe
00:00:35 ont visé des aéroports français.
00:00:37 Plus de 60 enquêtes ont été ouvertes.
00:00:40 Et puis, aux Etats-Unis, c'est une véritable chasse à l'homme
00:00:42 après la fusillade la plus meurtrière de l'année.
00:00:45 Un homme a tué hier soir 22 personnes à Lewiston, dans le Maine.
00:00:49 Le tireur présumé serait un réserviste de l'armée
00:00:51 et les raisons de son passage à l'ACME
00:00:53 ne sont pour le moment pas connues, Christine.
00:00:56 - Le débat est au sommaire ce soir.
00:00:58 Mais quel plan peut-on proposer 4 mois après les émeutes
00:01:03 pour sauver la France de ce mal qui la guette ?
00:01:06 Encadrement de délinquants par des militaires,
00:01:09 stage de responsabilité parentale,
00:01:12 les parents des mineurs devront payer les dommages,
00:01:15 le gouvernement est à la manœuvre,
00:01:17 mais au quotidien, les Français ont peur.
00:01:19 Dans les quartiers les plus chics de Paris,
00:01:21 les délinquants entrent et frappent et se servent.
00:01:24 La délinquance frappe partout, à tout moment.
00:01:26 Qui y a-t-il derrière cette décivilisation
00:01:29 qu'évoquait Emmanuel Macron, justement,
00:01:31 après les dernières émeutes ?
00:01:33 L'édito de Charlotte Dornelas.
00:01:35 Oui, il n'y a pas d'image aujourd'hui, il n'y a que moi.
00:01:36 Une fraction du patronat utilise une forte proportion d'immigrés
00:01:44 pour faire baisser les salaires.
00:01:46 Qui dit ça ?
00:01:47 Un homme de gauche, un homme venant de la gauche,
00:01:50 à qui on ne peut rien reprocher
00:01:52 parce qu'il a la parole d'experte.
00:01:54 Aujourd'hui, il est directeur de l'Office français
00:01:58 de l'immigration et de l'intégration.
00:01:59 Il s'appelle Didier Leschi.
00:02:02 Alors que des personnalités crient cette même phrase
00:02:05 depuis plus de 20 ans, alors que ces personnalités
00:02:07 ont été critiquées, bannies, étiquetées,
00:02:09 écartées pour leurs propos,
00:02:10 la liste des messagers hors du cercle
00:02:14 des stigmatisés de très à droite
00:02:15 est de plus en plus longue, large.
00:02:18 Pourquoi fallait-il attendre la caution de personnalités à gauche
00:02:22 pour admettre les constats ?
00:02:24 L'édito de Geoffroy Lejeune.
00:02:27 Alors que plusieurs BD d'Astérix jugés racistes,
00:02:31 souvenez-vous, avaient été brûlés dans des écoles au Canada,
00:02:34 notamment il y a deux ans,
00:02:36 Astérix bouge encore.
00:02:38 Le 40e album sort aujourd'hui avec un nouveau scénariste,
00:02:42 album intitulé "L'Iris blanc".
00:02:44 Astérix reste la BD la plus vendue dans le monde.
00:02:47 Elle a de 390 millions d'exemplaires.
00:02:49 Une histoire invraisemblable, née en 1959
00:02:52 d'une formidable amitié entre deux hommes.
00:02:55 Uderzo Ghosini le regarde marmenant.
00:02:58 Le choc des civilisations.
00:03:01 Sommes-nous en plein choc des civilisations ?
00:03:04 Lorsqu'on découvre le massacre du 7 octobre en Israël,
00:03:07 lorsqu'on subit des décapitations d'enseignants en France,
00:03:10 le philosophe Michel Enfray était l'invité de Sonia Mabrouk
00:03:13 sur CNews ce matin,
00:03:14 et reprenait le célèbre écrivain Samuel Huntington
00:03:18 et son livre sur le sujet d'il y a 27 ans.
00:03:20 En quoi ce choc des civilisations, si nous y sommes,
00:03:24 est-il bénéfique, attendu, ou au contraire un danger ?
00:03:29 Au regard des préssions et en choc qui ont apporté le nazisme
00:03:33 ou la guillotine pendant la Révolution française,
00:03:36 le décryptage de Guillaume Bigot.
00:03:38 Qu'est-ce qui nous attend concrètement ?
00:03:40 Et puis le coup de poing final de Charlotte Dornélas.
00:03:43 Nous nous replongeons à Arras après l'assassinat de Dominique Bernard
00:03:46 pour un coup de projecteur sur les audacieux
00:03:49 face à cette décivilisation.
00:03:51 Ces combattants de l'ombre qui n'ont que leur courage comme arme,
00:03:55 ce que leur bravoure en guise de couteau,
00:03:58 ces professeurs, ces agents d'entretien,
00:04:00 personnels d'accueil qui méritent très largement
00:04:02 d'être honorés et décorés eux aussi,
00:04:05 ceux qui ne demandent rien mais qui sauvent la France
00:04:08 de là où ils se trouvent.
00:04:09 Les itôes de Charlotte Dornélas.
00:04:13 Ah oui, il n'y a pas d'image.
00:04:14 Allez, voilà une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité
00:04:28 avec nos mousquetaires.
00:04:30 On est ravis d'accueillir Geoffroy Lejeune.
00:04:31 Ça va, vous vous plaisez chez nous ?
00:04:32 - J'étais très heureux hier, j'espère que je serai heureux ce soir.
00:04:35 - On espère seulement que vous serez à la hauteur ce soir comme hier.
00:04:38 - Je vais tout donner.
00:04:41 - On compte sur vous.
00:04:42 Charlotte Dornélas, on va commencer avec vous ce soir.
00:04:45 C'est un honneur quand on commence cette émission.
00:04:48 Vous êtes très, très belle, très élégante ce soir.
00:04:51 Vraiment, félicitations, j'adore.
00:04:53 Charlotte Dornélas, quatre mois après les émeutes,
00:04:56 Elisabeth Borne a annoncé aujourd'hui plusieurs mesures
00:04:58 pour répondre aux violences urbaines, je disais en titre.
00:05:01 Et les Français sont déjà sceptiques.
00:05:05 Que comprendre ?
00:05:06 - Alors, c'est vrai que d'abord, Elisabeth Borne,
00:05:08 son gouvernement a annoncé
00:05:11 qu'il y aurait des annonces en deux temps.
00:05:13 Vous savez qu'au moment des émeutes,
00:05:15 certains s'étaient permis d'analyser ce qui était en train de se passer
00:05:18 à la lumière notamment de ceux qui avaient prévenu
00:05:20 que ça risquait de se passer.
00:05:22 Mais Emmanuel Macron et Elisabeth Borne
00:05:24 avaient immédiatement dit qu'il faudrait du temps pour comprendre.
00:05:26 Alors, ils ont pris quatre mois
00:05:28 pour essayer d'analyser ce qui se passait.
00:05:30 Et les annonces interviennent donc aujourd'hui et demain.
00:05:32 Aujourd'hui, le régalien nous avait-on expliqué ?
00:05:35 En présence de certains maires qui avaient été touchés par les émeutes
00:05:38 et qu'Emmanuel Macron avait rencontré,
00:05:40 et Matignon disait vouloir garantir la sécurité de nos concitoyens,
00:05:44 mieux soutenir les familles et renforcer la cohésion nationale.
00:05:48 Et demain, on a le comité ministériel des villes
00:05:51 qui se tiendra à Chantoulevine, qui est une ville dans les Yvelines,
00:05:54 pour apporter des solutions aux problèmes récurrents
00:05:56 des quartiers prioritaires, tant sur le plan, je les cite encore,
00:05:59 tant sur le plan de l'emploi, du logement,
00:06:02 l'école et les discriminations.
00:06:04 Alors, on a eu quelques annonces aujourd'hui.
00:06:07 On a eu la question de l'autorité parentale.
00:06:10 On a vu que le gouvernement lui-même a expliqué
00:06:12 que les parents des délinquants, des émeutiers, en l'occurrence,
00:06:15 seraient amenés à payer des amendes.
00:06:16 Je ne sais pas si vous vous souvenez du psychodrame
00:06:17 autour de cette demande de Marine Le Pen à l'époque.
00:06:20 C'est le gouvernement qui le propose.
00:06:21 On a la question de l'ordre républicain
00:06:23 qui a été poussée par Gérald Darmanin,
00:06:26 la question de la responsabilité parentale
00:06:28 et de la justice des mineurs par Éric Dupond-Moretti,
00:06:31 et la question des réseaux sociaux par le ministre concerné.
00:06:35 Alors, évidemment, sur tous les sujets que je viens d'évoquer,
00:06:37 on a quand même un peu l'impression de courir d'annonce en annonce
00:06:40 sur tous ces sujets-là en particulier,
00:06:43 à chaque fois qu'on va dire une actualité
00:06:46 percute le pays entier.
00:06:49 Les émeutes, évidemment, c'était puissance 1 000,
00:06:51 mais très régulièrement, on revient sur ces sujets.
00:06:53 Donc ça explique peut-être, en effet,
00:06:56 le scepticisme assez conséquent, on va dire, des Français,
00:06:59 puisque au moment où Elisabeth Borne fait ses annonces,
00:07:02 Le Figaro publie un sondage, 73 % des Français
00:07:06 pensent que le gouvernement n'agit pas assez
00:07:08 pour éviter de nouvelles pages d'ultraviolence.
00:07:11 Là, en l'occurrence, ils étaient interrogés sur les émeutes.
00:07:14 Alors, dans cette question, on va dire,
00:07:16 dans ce sondage qui a été fait auprès des Français,
00:07:19 on a 1 87 % des Français qui sont persuadés
00:07:23 que l'insécurité a augmenté dans les quartiers ces dernières années.
00:07:26 Alors, ils sont d'autant plus persuadés
00:07:28 que tous les chiffres leur donnent raison, je note,
00:07:29 parce qu'on explique qu'ils sont persuadés,
00:07:32 les chiffres leur donnent raison,
00:07:33 il n'y a qu'à voir ce qui se passe à Marseille
00:07:35 qui nous saisit tous des froids.
00:07:38 Et, par ailleurs, le sondage précise,
00:07:40 tous, quelle que soit leur proximité partisane
00:07:43 ou encore leur âge et leur lieu d'habitation,
00:07:45 partagent majoritairement cette opinion
00:07:48 jusque dans les rangs de renaissance,
00:07:50 c'est-à-dire de la majorité.
00:07:51 Et les sondeurs le notent, parce qu'en général,
00:07:53 la majorité présidentielle,
00:07:55 les adhérents, on va dire, de cette majorité présidentielle,
00:07:57 sont toujours en soutien du gouvernement.
00:07:59 Là, il y a plus de la moitié des sympathisants Renaissance
00:08:02 qui sont très inquiets,
00:08:04 de la même manière que les autres Français.
00:08:06 Alors, dans le détail, on parle trafic de drogue,
00:08:08 dégradation des biens publics, délinquance,
00:08:10 vols, cambriolages, trafic d'armes.
00:08:12 Plusieurs solutions sont testées dans ce sondage.
00:08:14 Il y a deux chiffres qui ont retenu mon attention, on va dire.
00:08:17 C'est, un, les Français comprennent très largement
00:08:20 les citoyens qui s'organisent pour réagir,
00:08:22 c'est-à-dire toutes ces rondes qui sont faites,
00:08:24 notamment dans les banlieues,
00:08:25 vous savez, pour occuper à la place d'éventuels dealers
00:08:28 les halls d'immeubles.
00:08:29 Ça, ils le comprennent dans leur immense majorité,
00:08:31 même si ça les inquiète
00:08:32 sur les conséquences possibles de ces rondes-là.
00:08:34 Et ils plébiscitent, par ailleurs, très largement aussi,
00:08:38 une société de surveillance totale,
00:08:40 c'est-à-dire les drones, pourquoi pas, pour surveiller,
00:08:42 les vidéos partout jusque dans les habitations,
00:08:44 enfin, dans les immeubles,
00:08:46 pour tenter d'inverser la situation.
00:08:47 Ces deux chiffres qui me semblent assez révélateurs, on va dire,
00:08:50 de la peur qui a saisi le pays.
00:08:53 - Comment comprendre, Charlotte Dorané, là,
00:08:54 cette défiance à l'égard du gouvernement,
00:08:56 alors qu'il montre quand même, on l'a souligné déjà,
00:08:59 une certaine fermeté du gouvernement
00:09:01 depuis la rentrée sur tous ces sujets ?
00:09:03 - Déjà, la défiance, je pense qu'elle tient
00:09:05 du fait qu'on a du mal à s'y retrouver
00:09:07 sur le temps long dans la Macronie.
00:09:09 C'est-à-dire qu'on avait Emmanuel Macron en visite dans le 93
00:09:12 qui nous avait expliqué que c'était la Californie sans la mer
00:09:14 et qui, le lendemain des émeutes, nous parle de "déscivilisation".
00:09:17 On a du mal à s'y retrouver entre les deux déclarations.
00:09:20 Éric Dupond-Moretti lui-même,
00:09:21 qui nous parlait de sentiments d'insécurité,
00:09:23 qui refusait l'ensauvagement
00:09:25 et qui, aujourd'hui, nous parle de la responsabilité parentale,
00:09:28 du drame, des conséquences de l'irresponsabilité parentale
00:09:31 de la justice des mineurs,
00:09:33 alors que déjà, des lois ont été votées pour changer ça.
00:09:35 On a Gérald Darmanin qui, au moment des émeutes,
00:09:38 nous parlait de "Mathéo et Kévin",
00:09:40 qui nous disait avoir vu "Mathéo et Kévin" partout,
00:09:42 alors que personne ne les avait vus, en l'occurrence,
00:09:44 dans les images des émeutes.
00:09:46 Et en même temps, vous avez raison, depuis la rentrée,
00:09:48 l'heure est clairement au discours de fermeté.
00:09:50 Alors, sans doute, les Français attendent-ils de voir,
00:09:53 d'autant que dans le discours de fermeté,
00:09:55 on retrouve quand même des mots qu'on a souvent retrouvés.
00:09:57 D'habitude, on les retrouve en campagne électorale,
00:09:59 c'est peut-être ce qui est nouveau,
00:10:00 c'est qu'il y a peut-être une prise de conscience
00:10:01 hors période électorale,
00:10:03 mais en attendant, ils attendent de voir,
00:10:04 ça me semble assez légitime.
00:10:06 Par ailleurs, je pense qu'il y a aussi un découragement
00:10:08 absolument légitime dans le pays.
00:10:10 On ne sait plus où regarder,
00:10:12 on ne sait plus quelles solutions plébisciter,
00:10:15 on a l'impression d'avoir à la fois tout tenté
00:10:17 sans avoir vraiment rien tenté,
00:10:18 on a l'impression d'un délitement sur un peu tous les sujets
00:10:21 sans trop savoir par quel bout reprendre, on va dire, le contrôle,
00:10:25 parce que ce sont des sujets qui, objectivement,
00:10:27 ne concernent pas ce gouvernement en particulier.
00:10:30 Là, aujourd'hui, évidemment, c'est eux qui sont en responsabilité,
00:10:32 mais on sent que c'est un lent délitement
00:10:34 et on ne sait plus très bien par quel bout prendre les choses.
00:10:37 Sur les sujets police, justice, éducation,
00:10:40 on est tous un peu perdus et je pense d'ailleurs
00:10:43 que cela explique ce que plébiscitent les Français dans ce sondage.
00:10:47 Quand vous voyez, ils plébiscitent quoi ?
00:10:49 Les rondes citoyennes, la présence de policiers dans la rue
00:10:52 et, en effet, la présence de vidéos, de drones, etc.
00:10:56 Là, au moins, tout ce qui est plébiscité, c'est extrêmement concret.
00:11:00 Quand vous êtes en bas de chez vous et qu'il y a des policiers qui sont là,
00:11:02 ça empêche les dealers d'être là en bas de chez vous.
00:11:04 Ça ne règle sans doute pas le problème du trafic de drogue,
00:11:07 mais en attendant, vous pouvez rentrer chez vous tranquille.
00:11:09 Ça, au moins, c'est concret.
00:11:10 Sur le reste, il y a probablement beaucoup de découragement.
00:11:13 Ensuite, il y a la question de la glaçante réalité
00:11:16 qu'on retrouve dans les chiffres.
00:11:18 Il faut voir quand même ce qu'on a vécu ces dernières années.
00:11:21 Un, on en parle souvent sur ce plateau,
00:11:23 le fait d'adapter son comportement.
00:11:26 On le sait tous et quel que soit l'endroit,
00:11:28 quand on parle notamment de la gendarmerie,
00:11:29 de la montée en puissance du travail de la gendarmerie,
00:11:32 ça veut dire que ça concerne vraiment tout le territoire.
00:11:34 Et en effet, il y a des comportements qui sont adaptés.
00:11:36 On s'inquiète pour ces enfants beaucoup plus
00:11:38 qu'il y a des décennies dans ce pays quand ils vont dans la rue.
00:11:41 Les femmes ne se comportent pas de la même manière,
00:11:43 notamment dans les transports en commun, notamment le soir.
00:11:46 Il y a des questions qui nous viennent et qui sont assez nouvelles.
00:11:49 On parlait des questions de la gendarmerie.
00:11:51 Les policiers qui se mettent à manifester
00:11:53 et qui disent qu'ils sont débordés par le travail qui leur parvient.
00:11:56 Les magistrats qui s'étaient inquiétés dans une tribune
00:11:59 qui avait été publiée malgré leur devoir de réserve,
00:12:01 notamment du fait des injonctions contradictoires,
00:12:03 du fait qu'ils n'arrivaient plus à traiter les dossiers correctement.
00:12:06 Les prisons qui sont pleines et on ne se sort pas de ce sujet-là.
00:12:09 Les attentats qui, évidemment, rythment à nouveau.
00:12:13 On pensait en avoir, on pensait que c'était sous contrôle.
00:12:15 Enfin, certains pensaient que c'était sous contrôle, en tout cas.
00:12:17 Et non, ça revient.
00:12:18 Aujourd'hui, il y a quelque chose d'assez significatif.
00:12:20 RTL a annoncé en 2022 qu'il y avait 337 cas de "home-jacking",
00:12:26 c'est-à-dire de cambriolage violent,
00:12:28 parce que les personnes sont à l'intérieur du lieu
00:12:32 qui est cambriolé en Ile-de-France.
00:12:34 Alors, j'ai cherché, parce que, évidemment,
00:12:36 c'est un chiffre qui est conséquent et c'était encore pire, même,
00:12:39 l'année dernière, à peu de choses près,
00:12:40 mais donc c'est sur le long terme.
00:12:42 Et par ailleurs, on nous précise qu'il y a beaucoup de mineurs impliqués
00:12:46 et qu'eux sont de plus en plus violents
00:12:48 dans la manière dont ils agressent les personnes qu'ils cambriolent.
00:12:51 Et donc, j'ai regardé dans la presse locale,
00:12:54 parce que je me suis dit "OK, en Ile-de-France",
00:12:55 et alors là, j'ai vu, il y a 24 heures, dans la Nouvelle-République,
00:12:58 je ne vous cite que les titres,
00:13:00 "Cambriolage en hausse de 40% à Poitiers".
00:13:02 Il y a trois jours, sur France Bleue,
00:13:04 Drôme, les cambriolages en hausse de 20%.
00:13:06 Il y a deux semaines, dans Ouest-France,
00:13:08 hausse des cambriolages, la vente des systèmes d'alarme
00:13:10 explose en Maine-et-Loire.
00:13:12 Il y a deux semaines, dans l'Est républicain,
00:13:14 la police alerte sur la hausse du nombre de cambriolages
00:13:16 vol à la roulotte dans les environs de Toul.
00:13:18 Il y a trois semaines, dans la Dépêche,
00:13:20 la hausse des cambriolages se poursuit en Basse-Sarriège.
00:13:22 La population en appelle...
00:13:24 La gendarmerie, pardon, lance un appel à la population.
00:13:26 Je dis ça parce que partout sur le territoire,
00:13:29 vous avez ce recours, on va dire, au cambriolage,
00:13:32 et l'augmentation, non seulement des cambriolages,
00:13:36 mais des actes de violence sur les personnes cambriolées,
00:13:38 et ça concerne absolument tout le monde.
00:13:41 Alors, évidemment, tous ces sujets recourent
00:13:44 un peu tous les thèmes abordés par le gouvernement,
00:13:46 mais sans qu'on sache trop par où commencer.
00:13:49 Évidemment, culture, éducation, parents, école, autorité,
00:13:51 tout, tout, tout.
00:13:52 Il y a un seul sujet, moi, qui me vient tout de suite à l'esprit
00:13:56 et qui n'est pas abordé par le gouvernement.
00:13:57 J'ai envie d'interroger le gouvernement en disant
00:13:59 "Quand Emmanuel Macron, le lendemain des émeutes,
00:14:01 "parlait de décivilisation, qu'est-ce qu'il entendait par là ?"
00:14:03 Parce qu'on a l'impression que c'est le seul mot
00:14:05 qui a disparu au moment de faire des annonces.
00:14:07 -Justement, j'ai envie de vous demander
00:14:08 ce qu'il y a derrière cette décivilisation
00:14:10 qu'Emmanuel Macron.
00:14:11 D'autant plus qu'on a vu des images, par exemple, à Paris,
00:14:16 en plein 16e arrondissement, Paris très chic,
00:14:19 Paris très préservée, une nounou se faire attaquer,
00:14:23 violentée par des personnes qui se sont fait passer
00:14:26 par des livrains, des libéraux, une femme, le lendemain,
00:14:29 Paris, 16e arrondissement, 81 ans, se faire tabasser,
00:14:32 se faire voler.
00:14:33 Comme vous le disiez, effectivement,
00:14:35 la décivilisation partout.
00:14:36 Qu'entendait Emmanuel Macron ?
00:14:37 -Alors, c'est vrai.
00:14:38 Qu'entendait Emmanuel Macron, je ne sais pas.
00:14:40 En tout cas, j'ai essayé d'approcher, moi,
00:14:43 ce que j'entends par décivilisation,
00:14:44 mais par ailleurs, grâce au sens des mots, tout simplement.
00:14:47 C'est quelque chose qui est assez difficile à définir
00:14:51 aujourd'hui dans le pays. Pourquoi ?
00:14:52 Parce que tout le monde, dans le débat public,
00:14:54 marche sur un tapis de braise
00:14:56 et personne n'a très envie de se brûler les pieds.
00:14:57 C'est-à-dire qu'il y a des mots qu'on n'emploie pas,
00:14:59 on n'arrive pas...
00:15:00 Décivilisation, vous savez, c'est un peu le mot...
00:15:02 Comment dire ?
00:15:03 Le mot qui englobe tout ce qu'on n'a pas très envie d'expliquer.
00:15:06 -Dans un instant, je vais montrer une petite vidéo,
00:15:08 et vous me direz si c'est de la décivilisation.
00:15:10 -La décivilisation, je pense qu'elle se fait
00:15:12 dans un mouvement double.
00:15:13 Globalement, évidemment, on voit le fait de taper
00:15:15 sur une personne âgée, sur un enfant,
00:15:17 enfin, même sur quelqu'un qui a 40 ans,
00:15:18 de taper à bras courtis sur quelqu'un qui vous supplie d'arrêter,
00:15:21 c'est déjà de la décivilisation, on est tous d'accord.
00:15:23 Mais simplement, la décivilisation inquiétante,
00:15:26 c'est-à-dire à l'échelle d'un pays, c'est un mouvement double.
00:15:29 Il y a d'abord la perte des repères en interne,
00:15:31 c'est-à-dire l'affaiblissement d'une civilisation en France,
00:15:34 le fait de ne plus savoir d'abord ce qu'elle est
00:15:36 et comment la défendre, et par ailleurs,
00:15:39 il y a aussi un affaiblissement de la civilisation,
00:15:41 donc une décivilisation européenne, cette fois-ci,
00:15:44 par l'importation d'autres civilités, d'autres civilisations
00:15:48 qui contreviennent au modèle de civilisation européen.
00:15:51 Je pense que c'est vraiment un mouvement double
00:15:53 qu'il faut analyser doublement, et d'ailleurs,
00:15:55 le premier mouvement de décivilisation interne
00:15:58 affaiblit considérablement la réponse à la décivilisation
00:16:01 voulue par l'apport étranger.
00:16:04 Donc sur toutes ces questions, d'abord en interne,
00:16:07 on se pose la question de la "guerre interne",
00:16:10 c'est tous les détracteurs de l'Occident,
00:16:12 vous voyez toute cette mouvance.
00:16:14 Alors, il y a la question de l'école, de l'autorité,
00:16:17 de l'enseignement, de l'histoire,
00:16:18 qu'on a voulu extrêmement différent,
00:16:20 qu'on a voulu décorréler, par exemple, de la chronologie,
00:16:22 ça remonte très loin.
00:16:23 Il y a la question de la France, des statuts.
00:16:25 Déboulonner les statuts, c'est en vouloir
00:16:28 à ceux qui ont fait la gloire à travers les générations d'un pays,
00:16:31 c'est pas rien dans une décivilisation.
00:16:33 Quand vous remplacez des gloires communes
00:16:35 par une culpabilité obligatoire,
00:16:37 ça, c'est un mouvement de décivilisation très clair.
00:16:40 La question de la littérature, de la langue française,
00:16:42 du patrimoine, même on pourrait aller
00:16:44 jusqu'à l'absence totale de défense des agriculteurs
00:16:46 qui ont fait tous les paysages de ce pays,
00:16:49 ça aussi, ça fait partie du mouvement de décivilisation.
00:16:52 Ensuite, il y a la question de l'apport par l'immigration.
00:16:55 Là, on a une immigration récente
00:16:57 qui est culturellement extra-européenne
00:16:59 et par ailleurs massivement musulmane.
00:17:02 Donc ça, ça pose, et par ailleurs, le nombre a rendu
00:17:04 l'assimilation, mais même, objectivement, l'intégration
00:17:07 quasiment impossible.
00:17:10 Parce que la question qui se pose,
00:17:12 c'est pas une question individuelle,
00:17:13 c'est une question culturelle globale.
00:17:15 C'est le rapport à la violence.
00:17:17 C'est le rapport aux liens familiaux.
00:17:20 C'est le rapport à la question du clan,
00:17:21 à la manière de se concevoir dans une société.
00:17:24 C'est la question du traitement des femmes.
00:17:26 C'est la question du rapport à la population d'accueil
00:17:28 qui, elle-même affaiblie, n'impose plus rien.
00:17:31 Donc toutes ces questions-là, évidemment,
00:17:32 elles se conjuguent ensemble et c'est la fameuse phrase,
00:17:35 je pense que derrière toutes ces questions,
00:17:38 explique la fameuse phrase, c'est le côte à côte et face à face.
00:17:41 Côte à côte, c'est quoi ?
00:17:42 Côte à côte, c'est le multiculturalisme.
00:17:44 C'est-à-dire, chacun va vivre comme il veut,
00:17:46 qui est un modèle qui a été choisi et plébiscité
00:17:48 par beaucoup de gens dans ce pays, notamment des responsables.
00:17:51 Vous vivez côte à côte.
00:17:52 Et au bout d'un moment, quand se pose la question
00:17:54 du contrôle, notamment culturel, du territoire,
00:17:57 alors là, vous devenez face à face.
00:17:59 Qui va gagner culturellement ?
00:18:01 Qui va imposer la manière dont on va tous vivre ?
00:18:03 Et là, en effet, cette question-là se pose.
00:18:06 Alors, on dit "des civilisations".
00:18:08 Ça évite de rentrer dans le détail de tout ça,
00:18:11 mais quand vient le moment des annonces très concrètes,
00:18:14 on parle autorité parentale, politique de la ville,
00:18:17 cohésion sociale, police de proximité,
00:18:19 déradicalisation, décrochage, travail, discrimination,
00:18:23 qui sont des mots qui empêchent de mettre les vrais mots
00:18:25 sur ce qui nous arrive.
00:18:26 Et là, vous avez les deux éléphants,
00:18:29 à la fois de la décivilisation interne
00:18:31 et de l'apport de civilisations parfois contradictoires,
00:18:34 qui sont là, intactes, au milieu de la pièce.
00:18:36 -Merci pour votre regard.
00:18:38 J'aimerais vous montrer une petite image.
00:18:40 Je parlais de Paris, 16e arrondissement.
00:18:43 On va regarder un peu ce qui s'est passé
00:18:45 dans les rues avant-hier, Avenue Victor Hugo, à priori.
00:18:48 Regardez quelques instants ces images,
00:18:50 et dites-moi, vous ne savez pas quelle image je vais vous montrer,
00:18:53 mais vous allez me dire si c'est en lien
00:18:55 par rapport à ce que vous venez de dire,
00:18:57 un rapport à la violence, liens familiaux,
00:19:00 traitement des femmes, un rapport à la population d'accueil.
00:19:03 Regardons.
00:19:05 Le préfet, on l'a appris ce soir,
00:19:25 a transmis ces images au parquet.
00:19:28 Votre réaction ?
00:19:29 -Là, oui, c'est la partie agressive de la conquête
00:19:33 et donc de la volonté de destruction d'une civilisation.
00:19:36 Là, ça me paraît assez clair.
00:19:38 Vous avez tout sur l'image.
00:19:39 Vous avez, un, le voile porté de manière...
00:19:41 Là, en l'occurrence, c'est absolument interdit,
00:19:43 la manière dont elle est habillée.
00:19:45 Il y a les enfants qui sont déjà porteurs
00:19:47 d'un message qui les dépasse, évidemment, à l'âge qu'ils ont.
00:19:50 Il y a la vulgarité absolue et la manière dont elles s'adressent.
00:19:54 Et cette phrase qu'elle adresse, je sais pas à qui elle parle,
00:19:56 je pense que l'enquête nous le dira,
00:19:57 je sais pas à qui elle parle,
00:19:58 mais quelle que soit la personne à qui elle parle,
00:19:59 elle dit "ici, vous n'êtes rien, vous le savez très bien".
00:20:02 -Elle parle à un passant.
00:20:03 -Oui, c'est ça, elle parle à un passant,
00:20:05 mais je sais pas en quoi elle dit "vous n'êtes rien ici".
00:20:07 La question que je me pose,
00:20:08 c'est est-ce qu'elle parle tout simplement à un Français
00:20:10 ou un Français qui a la particularité d'être de confession juive,
00:20:13 parce que, évidemment, la question se pose
00:20:15 vu le profil, on va dire, de cette femme
00:20:18 et les drapeaux que portent les enfants,
00:20:19 qui sont des drapeaux palestiniens.
00:20:21 Mais là, il y a une claire volonté de conquête de l'espace public
00:20:24 et une impunité absolue de cette femme
00:20:27 qui se double en plus à la vulgarité,
00:20:29 enfin, il n'y a rien qui va.
00:20:30 -Le préfet a transmis les images au parquet.
00:20:33 Qu'est-ce que ça vous évoque ?
00:20:34 Vous qui alliez parler tout à l'heure, justement,
00:20:36 du choc des civilisations,
00:20:37 est-ce qu'on est vraiment dans un choc des civilisations ?
00:20:39 Sans dévoiler votre chronique, évidemment,
00:20:40 et cette image, par exemple,
00:20:42 et par rapport à la chronique de Charlotte.
00:20:43 -Pour moi, si vous voulez,
00:20:44 c'est pas la civilisation musulmane,
00:20:46 avec ses qualités et ses défauts,
00:20:49 qui est installée ici dans un monde chrétien
00:20:52 et qui crée une erreur système.
00:20:53 Pour moi, c'est une folie totalitaire
00:20:55 qui s'est emparée du monde arabo-musulman,
00:20:57 qui est importée ici et qui rencontre une autre folie,
00:21:00 qui est une folie de la post-modernité.
00:21:02 Vous avez des fanatiques et des zombies, en fait.
00:21:04 En réalité, il y a aussi le fait que nous,
00:21:06 nous avons renoncé à ce que nous sommes,
00:21:07 nous n'avons plus de drapeau, nous n'avons plus d'identité,
00:21:09 nous ne savons pas pourquoi nous pourrons mourir
00:21:11 et pourquoi nous nous pouvons tuer.
00:21:12 Et en fait, l'être humain, il ne peut pas vivre sans ça.
00:21:14 Et donc, évidemment, eux, ils cherchent encore plus,
00:21:17 parce que ce sont des immigrés, ils ont besoin d'une identité.
00:21:19 Donc, ils se la fabriquent au besoin
00:21:20 et ils importent ce fascisme islamique.
00:21:23 - La nature a rendu vide. - Exactement.
00:21:25 - Non, mais c'est pitoyable, c'est effrayant intellectuellement.
00:21:31 Cette femme ne se rend même pas compte de son attitude.
00:21:34 C'est ça qui est terrible. - C'est une fanatique.
00:21:37 - Oui, mais il y a trop de gens comme ça,
00:21:38 mais on a tout fait pour les installer comme ça.
00:21:40 On n'a pas cherché à ce qu'il y ait un principe d'assimilation.
00:21:45 Le goût de la langue.
00:21:46 Et puis, avouez sincèrement, en dehors de ça,
00:21:49 qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, partout,
00:21:51 on a la langue inclusive qui s'impose ?
00:21:53 Quelles sont les politiques qui disent "une bonne fois pour toutes" ?
00:21:56 Non, la langue française, elle est majestueuse.
00:21:58 La langue française, c'est ce qui vous permet
00:22:00 d'entrer dans un principe de connaissance et de réflexion.
00:22:03 - Puis s'assimiler à quoi ?
00:22:05 À des power points de Mackenzie sur les bisounours ?
00:22:06 Ça fait pitié.
00:22:08 - Vous parlez de la langue française, mon Marc.
00:22:09 Vous pensez que ça suffira ?
00:22:10 - Mais c'est pas ça, c'est la base.
00:22:12 - Elle parle français. - Mais non !
00:22:13 Si vous n'avez pas ça, vous pouvez...
00:22:15 - Elle parle français. - Eh bien oui, mais sauf que...
00:22:17 Aujourd'hui, les gamins, vous les mettez dans cette lecture,
00:22:21 partout, les panneaux, la langue inclusive,
00:22:23 il n'y a plus ce goût des mots, il n'y a plus ce bonheur
00:22:26 de l'éloquence, il n'y a pas le plaisir d'être ensemble.
00:22:29 C'est le côte à côte que met en scène Charlotte.
00:22:33 Il faut, une bonne fois pour toutes, dire non à la civilisation
00:22:37 qui s'affiche, civilisation venue d'ailleurs.
00:22:40 - Moi, je pense que quand Emmanuel Macron a parlé
00:22:42 de civilisation, c'était un doux euphémisme, en réalité,
00:22:44 pour ne pas dire qu'il y avait une contre-civilisation
00:22:46 qui s'était installée.
00:22:47 Là, en l'occurrence, le passant dit Israël,
00:22:49 et elle répond, c'est drôle, ça fait 15 jours qu'on nous explique
00:22:51 qu'il est possible de soutenir les Palestiniens de Gaza
00:22:54 sans pour autant être islamiste et sans pour autant cautionner,
00:22:57 d'une certaine manière, ce qu'a fait le Hamas.
00:22:59 De fait, elle revient manifestement d'une manifestation,
00:23:02 en tout cas, en train de manifester son soutien à la Palestine,
00:23:05 mais elle dit à celui qui dit Israël,
00:23:07 "Vous n'êtes rien ici", ce qui est extrêmement violent, en fait.
00:23:09 - Le mot de la fin, pour en suivre ?
00:23:11 - Non, simplement, je pense que le côte-à-côte,
00:23:12 il faut garder à l'esprit qu'il existe en interne,
00:23:15 je veux dire, il y a des affrontements sur le terrain
00:23:18 de la question de l'écriture inclusive,
00:23:20 la question de la définition de la femme, de l'homme et de la femme,
00:23:22 Mathieu en parlerait infiniment mieux que moi,
00:23:25 la question, très largement, qu'on a regroupée
00:23:27 sur la question du wokisme,
00:23:28 le rapport à l'histoire, à notre civilisation,
00:23:30 et en effet, la question de l'importation.
00:23:32 Je réagissais juste sur ce que disait Guillaume,
00:23:34 parce que oui, il y a la partie agressive, on va dire,
00:23:37 de l'importation, qui n'est pas l'importation
00:23:39 d'une civilisation islamique qui a des côtés absolument magnifiques,
00:23:42 mais même sans la question de la délinquance ou du fanatisme,
00:23:45 il y a des civilisations différentes.
00:23:48 La civilisation islamique porte en elle des choses magnifiques
00:23:50 qui ne sont pas françaises.
00:23:52 C'est simplement ça, la question.
00:23:53 Il n'y a aucune agressivité de ma part,
00:23:55 il n'y a pas de jugement moral, en l'occurrence,
00:23:57 sur d'autres manières de vivre, là, en l'occurrence,
00:23:59 dans ce que je dis, simplement, elles sont étrangères.
00:24:02 - On parlera dans un instant avec vous,
00:24:06 c'est intéressant, ce choc des civilisations.
00:24:08 Michel Onfray en parlait chez Sonia Mabrok ce matin.
00:24:10 On va essayer d'analyser, est-ce qu'on est dans un choc de civilisation ?
00:24:14 Est-ce qu'on va vers un choc des civilisations ?
00:24:16 Est-ce que c'est souhaitable ? Quelles seraient les conséquences ?
00:24:19 Parce que les conséquences sur l'histoire, c'est le nazisme
00:24:22 et c'est la guillotine de la Révolution française.
00:24:24 On en parle dans un instant.
00:24:25 Geoffroy Lejeune, il y a une phrase, quand même,
00:24:27 dans une tribune publiée par Le Monde, sur laquelle on va s'arrêter.
00:24:31 Une tribune du directeur de l'Office français de l'immigration
00:24:33 et de l'intégration, l'OFI.
00:24:36 Il tient cette déclaration.
00:24:37 "Une fraction du patronat utilise une forte proportion d'immigrés
00:24:42 pour faire pression à la baisse sur les salaires."
00:24:48 Qu'est-ce qu'on a déjà entendu de cette phrase ?
00:24:50 Qu'est-ce qu'elle vous évoque de sa part ?
00:24:53 - Déjà, elle intervient, on va tout décrypter,
00:24:55 mais elle intervient dans un contexte qu'il faut préciser.
00:24:57 D'abord, il y a l'examen du projet de loi immigration de Gérald Darmanin
00:25:00 au Parlement, au Sénat, puis à l'Assemblée nationale,
00:25:02 qui prévoit, c'est l'article 3 de ce projet de loi,
00:25:05 qui prévoit la régularisation des travailleurs clandestins
00:25:08 dans ce qu'il appelle les métiers en tension.
00:25:10 Ça, j'y reviendrai un peu plus tard.
00:25:11 Ensuite, elle intervient, après plusieurs autres déclarations
00:25:14 de Didier Leschi, puisque c'est son nom,
00:25:15 le patron de l'Office français de l'intégration et de l'immigration,
00:25:19 qui dessine une pensée ferme sur le sujet de l'immigration.
00:25:21 Je vais vous présenter rapidement Didier Leschi.
00:25:24 Qui est-il ?
00:25:25 C'est un homme, déjà, alors, ce n'est pas essentiel pour le comprendre,
00:25:28 mais il a un petit passé de militant à gauche,
00:25:30 il y a très longtemps, quand il était lycéen, étudiant.
00:25:32 - Stop ! Déjà, ça, ça m'intéresse.
00:25:34 - C'est intéressant, mais...
00:25:35 - Non, mais parce qu'on va marquer une pause, pardonnez-moi,
00:25:38 mais c'est intéressant parce qu'il vient de la gauche,
00:25:42 mais soyons clairs, et vous allez cette fin de jeudi,
00:25:44 on a entendu Éric Zemmour dire les mêmes propos pendant des années,
00:25:46 sur ce plateau, et c'est intéressant de voir, donc,
00:25:49 que quelqu'un qui vient de la gauche reprend aujourd'hui
00:25:52 les propos d'Éric Zemmour et de bien d'autres.
00:25:54 - C'est exactement tout le sujet de Zemmour, Marine Le Pen,
00:25:57 d'une partie de la droite.
00:25:59 - Ça vaut son peson d'or.
00:26:00 On marque une pause et on revient tout de suite.
00:26:02 - Retour sur le plateau de Face à l'info.
00:26:10 Dans un instant, on parlera Astérix.
00:26:12 Souvenez-vous quand même, en filigrane,
00:26:14 qu'on a quand même brûlé beaucoup de BD d'Astérix au Canada,
00:26:17 et on parlera un peu de l'histoire de l'Astérix.
00:26:19 Vous voyez la BD "Jugez raciste", Marc Menon ?
00:26:22 On en parlera avec vous dans un instant.
00:26:23 Pas tout de suite.
00:26:24 On parlera avec vous, mon chien Guillaume,
00:26:27 du choc des civilisations.
00:26:28 Michel Enfray rappelait qu'on était en plein choc des civilisations,
00:26:34 comme le disait Samuel Huntington.
00:26:35 Qui parlait de Samuel Huntington ?
00:26:36 Quelqu'un qu'on connaît ici et qui a aussi dit cette phrase
00:26:40 sur laquelle on va rebondir, c'est-à-dire qu'une fraction
00:26:43 du patronat utilise une fin de proportion d'immigrés
00:26:45 pour faire pression, pour baisser les salaires.
00:26:48 Ce qu'on était en train de se dire avec vous,
00:26:49 Chauffeur Lejeune, c'est que c'est Didier Leschi
00:26:53 qui est directeur de l'Office français de l'immigration
00:26:57 et de l'intégration.
00:26:58 Et qu'il venait de la gauche.
00:27:00 Il venait de la gauche.
00:27:01 Ce n'était pas un militant acharné, c'était un militant lycéen.
00:27:04 Et il a été, en gros, pour aller vite,
00:27:07 ça n'a pas été l'essentiel de sa vie,
00:27:08 mais trotskiste.
00:27:10 Et puis après, il a travaillé pour Jean-Pierre Chevènement.
00:27:11 Donc il vient de la gauche, ce n'est pas non plus un acharné.
00:27:14 Mais il faut le préciser parce qu'en effet,
00:27:15 c'est important pour comprendre la fin.
00:27:16 Il est donc directeur de l'Office français de l'immigration
00:27:19 et de l'intégration.
00:27:21 Les missions de cette institution, c'est d'organiser l'accueil
00:27:23 des demandeurs d'asile et de réfugiés sur le sol français.
00:27:26 C'est aussi de gérer les procédures de l'immigration professionnelle.
00:27:30 Il est, par exemple, responsable du premier accueil
00:27:32 des demandeurs d'asile.
00:27:33 Et il gère, parmi toutes les missions de cet office,
00:27:36 le dispositif national d'accueil et d'hébergement.
00:27:39 Je vous précise l'émission pour vous dire juste
00:27:41 qu'en fait, il est en première ligne.
00:27:43 Il voit beaucoup de choses toute la journée.
00:27:44 Il sait exactement de quoi il parle.
00:27:46 Et c'est intéressant parce qu'il tient un discours,
00:27:48 en fait, depuis plusieurs mois, plusieurs années,
00:27:50 de plus en plus radical, disons,
00:27:52 qui ferait hurler la gauche politico-médiatique,
00:27:55 si ce n'était pas lui qui tenait ses positions.
00:27:57 Lui, il peut, il a le droit.
00:27:58 Je vais vous faire une petite collection de propos piochés
00:28:01 à droite à gauche depuis quelques temps.
00:28:03 Il a dit donc sur Europe 1 et sur CNews,
00:28:06 "Beaucoup de Français vivent déjà des difficultés sociales.
00:28:09 L'accès au logement est la question angoissante
00:28:11 dans l'ensemble des pays européens.
00:28:12 C'est, quel est l'espace de la solidarité ?
00:28:14 Jusqu'où peut-il s'étendre ?
00:28:16 Il n'y a jamais eu autant d'immigrés en France qu'aujourd'hui."
00:28:19 Ça, c'est déjà quelque chose qui est contesté par beaucoup de monde,
00:28:21 des démographes officiels, des hommes politiques, etc.
00:28:24 Et là, qui est aux manettes, lui, le dit.
00:28:27 Dans son dernier livre, "L'immigration en face",
00:28:29 il indique qu'entre 1968 et 2021,
00:28:33 le nombre d'immigrés en France a été multiplié par 2,2,
00:28:35 pendant que le nombre de Français a été multiplié
00:28:38 seulement, entre guillemets, par 1,4.
00:28:40 Ça, c'est pareil, quand des gens comme Zemmour vous disent ça,
00:28:42 on dit "mais il est fou, comment il fait ses calculs, etc."
00:28:45 Dans Marianne, il dit que la maîtrise insuffisante
00:28:47 des flux migratoires accentue les difficultés sociales.
00:28:50 Pareil, c'est un lien qui est compliqué à faire.
00:28:52 Dans le débat public, les politiques ne s'y risquent pas beaucoup.
00:28:55 En 2021, sur France Info,
00:28:57 au moment où on était en pleine crise en Afghanistan,
00:28:59 donc il y avait des demandes d'asile qui arrivaient d'Afghanistan,
00:29:02 il dit quelque chose, c'est pareil, quand Nadim Morano dit ça,
00:29:04 ça fait hurler tout le monde. Il dit "on espère qu'il y aura plus de femmes à l'avenir".
00:29:06 C'est une façon de dire qu'il n'y a que des hommes qui viennent,
00:29:08 or l'asile, c'est censé être des gens qui fuient la guerre.
00:29:10 Il peut y avoir des femmes, des enfants, et on dit toujours...
00:29:12 D'ailleurs, les femmes et les enfants qui fuient la guerre,
00:29:13 lui, précisent que c'était essentiellement des hommes.
00:29:16 À propos de Calais, en 2021, il dit, ça c'est assez subversif,
00:29:19 il faut connaître le dossier, mais vous connaissez par cœur,
00:29:21 que les associations ne doivent pas aider les migrants
00:29:23 à rester près du bord de la mer.
00:29:25 C'est exactement l'inverse de ce qu'elles font,
00:29:26 elles les aident à s'ancrer là où ils sont.
00:29:30 Sur Sud Radio, il dit qu'il ne peut pas y avoir de maintien d'une cohésion sociale
00:29:34 s'il n'y a pas une maîtrise de l'arrivée.
00:29:35 Ça, c'est quelque chose. Aujourd'hui, on débat d'immigration,
00:29:37 Gérald Darmanin a son projet de loi qui arrive.
00:29:39 La question des arrivées n'est même pas évoquée.
00:29:42 C'est-à-dire qu'on parle de faire repartir éventuellement
00:29:44 des gens qui sont arrivés illégalement.
00:29:46 On parle également de régulariser certains,
00:29:48 mais la question des arrivées n'est pas un sujet.
00:29:51 On l'a vu avec Lampedusa notamment.
00:29:52 Mise bout à bout, toutes ces déclarations,
00:29:54 qui viennent donc d'un homme qui vient de la gauche
00:29:56 et qui est aux manettes, qui a une grande légitimité,
00:29:59 montrent deux choses, que l'immigration, globalement,
00:30:01 est un phénomène non maîtrisé qui a tendance à nous submerger,
00:30:04 et que l'asile explose, et que la notion d'asile n'a plus aucun sens.
00:30:08 Donc, si vous raisonnez avec les grilles médiatiques habituelles
00:30:10 de nos confrères adorés,
00:30:12 elle situe ce personnage, Didier Leschi,
00:30:15 quelque part entre Gérald Darmanin et Marine Le Pen.
00:30:17 Alors, vous le mettez où vous voulez, Siotis, Zemmour, peu importe,
00:30:19 mais elle le situe très à droite.
00:30:22 Sauf que lui, on ne peut rien lui reprocher,
00:30:23 parce qu'il a une parole experte, déjà pour commencer.
00:30:26 Il est en contact avec la réalité, évidemment,
00:30:28 et surtout, il dirige une institution, c'est officiel, c'est l'État français.
00:30:31 Donc, on ne peut pas lui faire le reproche d'un agenda politique.
00:30:34 - Alors, sur le fond, Geoffroy Lejeune,
00:30:36 qui a-t-il d'interpellant dans sa déclaration sur le patronat,
00:30:40 qui utilise justement l'immigration pour faire baisser les salaires ?
00:30:43 - En soi, pas grand-chose.
00:30:45 Comme vous l'avez dit tout à l'heure, on a entendu cette déclaration 20 000 fois.
00:30:48 Il y a un discours très célèbre de Georges Marchais
00:30:50 qui reproche déjà ça au patronat
00:30:52 et qui est assez virulent, d'ailleurs, sur la question de l'immigration,
00:30:54 parce qu'il défend les travailleurs français.
00:30:56 Donc, il dit que les immigrés sont utilisés comme chair à canon
00:30:59 par le patronat pour faire baisser les salaires.
00:31:01 Georges Marchais, il y a 50 ans, était peut-être le premier à le dire.
00:31:04 Entre-temps, et je vais y venir,
00:31:06 il y a beaucoup, beaucoup de gens qui ont dit la même chose.
00:31:07 C'est un phénomène connu, ça date des années 60,
00:31:09 ça a commencé sous Pompidou et ça s'est jamais arrêté.
00:31:12 Comment ça marche ? Je vais vous le faire très rapidement.
00:31:14 Mais en gros, c'est drôle, j'ai rencontré cette semaine
00:31:17 un téléspectateur de CNews qui est roumain
00:31:21 et qui est arrivé en France il y a une trentaine d'années
00:31:23 et qui a commencé, il a changé depuis d'orientation professionnelle,
00:31:27 dirons-nous, mais il a commencé dans le bâtiment.
00:31:30 Et il m'expliquait que, en fait, c'était le seul moyen
00:31:32 de commencer à bosser en arrivant en France, de manière illégale.
00:31:34 Il était évidemment clandestin, payé au noir, payé en liquide.
00:31:37 J'ai posé la question, ça a été payé en liquide.
00:31:39 Et que c'était le seul moyen pour eux de commencer à travailler.
00:31:41 Ensuite, il a réussi à changer de statut.
00:31:44 Mais en gros, c'est comme ça que ça se passe.
00:31:46 En fait, on sous-paye des clandestins pour faire des métiers
00:31:49 qui n'ont pas vraiment les moyens de se plaindre
00:31:51 ni de se retourner contre quiconque.
00:31:53 Et on a laissé des pans entiers de l'économie être exercés
00:31:56 par des gens qui n'avaient pas de statut et qui étaient des clandestins.
00:31:58 Je vous ai cité le bâtiment, il y a aussi évidemment,
00:32:00 on a tous l'image en tête de la restauration,
00:32:02 de ceux qui font la plonge, etc.
00:32:04 Résultat, 60 ans après, on se réveille en se disant
00:32:06 que les Français ne veulent plus faire ces métiers-là
00:32:08 et que donc, il va falloir les régulariser
00:32:10 parce que sinon, il y aura des métiers en tension
00:32:12 et qu'il n'y aura plus d'activité dans ces secteurs-là.
00:32:15 Je vous ai parlé de George Marchais qui a été le premier à le dire.
00:32:17 Mais entre-temps, Jean-Marie Le Pen l'a dit, Marine Le Pen l'a dit,
00:32:20 Éric Zemmour, pendant 20 ans, l'a dit,
00:32:21 d'autres personnalités à droite l'ont dit.
00:32:23 C'est un constat qui a été assez largement partagé.
00:32:27 Et il y a évidemment deux manières de prendre le phénomène.
00:32:30 Globalement, la gauche d'aujourd'hui dit
00:32:32 "il faut régulariser ces gens parce qu'ils travaillent"
00:32:34 et la droite d'aujourd'hui dit "pour arrêter ce scandale,
00:32:36 il faut stopper l'immigration".
00:32:38 Ça, je ne rentre pas dans ce débat-là.
00:32:40 Petite parenthèse, pourquoi cette déclaration est importante ?
00:32:43 C'est parce qu'elle intervient évidemment pendant l'examen
00:32:45 du projet de loi de Gérald Darmanin au Parlement
00:32:47 sur la question justement de la régularisation
00:32:49 des travailleurs clandestins.
00:32:51 Donc, il y a cet article 3 de ce projet
00:32:55 qui va faire beaucoup de débattre au Parlement
00:32:57 dans les semaines qui viennent.
00:32:58 Au Sénat, actuellement, la droite est vent debout contre.
00:33:01 Elisabeth Borne a été obligée de dire cette semaine
00:33:03 qu'ils n'étaient pas obligés de le garder dans le projet de loi
00:33:06 parce qu'ils espèrent faire voter cette loi par la droite.
00:33:08 Ça, c'est de la politique politicienne.
00:33:09 C'est pas exactement ce qui nous intéresse ce soir.
00:33:12 Mais disons que... Et Gérald Darmanin,
00:33:13 il faut quand même citer aussi ce que dit le ministre.
00:33:15 Lui se défend en disant que ce sera pas non plus...
00:33:18 Parce que ce qu'on lui reproche, c'est d'avoir créé
00:33:19 une forme d'aspirateur à clandestins,
00:33:21 un nouvel aspirateur à clandestins.
00:33:23 Lui dit "non, ça marche pas comme ça".
00:33:25 Il y aura évidemment des garde-fous,
00:33:27 il y aura une date butoir, etc.
00:33:29 Bon, je vous épargne le débat sur la pertinence de cette mesure,
00:33:31 mais c'est la raison pour laquelle cette déclaration
00:33:33 est particulièrement intéressante et brûlante aujourd'hui.
00:33:35 - Alors, en quoi, justement, est-ce intéressant
00:33:37 que ce diagnostic vienne de Didier Leschi ?
00:33:40 Est-ce que c'est le niveau du messager, le constat public ?
00:33:45 Est-ce que tout ça peut faire changer la réalité ?
00:33:47 Le fait qu'il vienne de la gauche,
00:33:48 le fait qu'il ait les pieds dans la réalité,
00:33:51 le fait que ça soit une voix différente,
00:33:53 est-ce que ça peut changer les choses aujourd'hui ?
00:33:54 - Ça change tout, en réalité. - Ah oui ?
00:33:56 - Ça change tout et c'est d'ailleurs un peu agaçant
00:33:58 parce qu'en réalité, ça lui confère un statut particulier
00:34:01 et ça lui donne une autorité.
00:34:03 Vous avez remarqué, cette déclaration ne fait pas polémique.
00:34:04 Toutes les déclarations que je vous ai citées n'ont pas fait polémique.
00:34:06 Si c'était venu d'un responsable politique quelconque,
00:34:09 ça aurait pu faire scandale. Là, en l'occurrence...
00:34:11 - Vous êtes en train de nous dire que la droite peut aboyer autant qu'elle veut,
00:34:13 il faut que la gauche adoube.
00:34:15 - Exactement, c'est exactement le fond du problème.
00:34:18 Parce que ce qui est un peu agaçant dans cette situation,
00:34:20 c'est que, je l'ai rappelé, depuis Georges Marchais jusqu'à Marine Le Pen,
00:34:23 il y a énormément de responsables politiques
00:34:25 qui ont tenu ce constat depuis une cinquantaine d'années.
00:34:28 Et ceux qui ont porté ce constat ont été combattus, parfois insultés,
00:34:33 parfois traînés devant les tribunaux,
00:34:35 et parfois se sont fait laminer médiatiquement.
00:34:37 Et je vais quand même, pour leur rendre hommage,
00:34:38 dire que cette liste est très longue.
00:34:40 Je vous en ai cité beaucoup, Le Pen, Villiers, Pasqua, Sarkozy,
00:34:43 Marine Le Pen, Zemmour, Ciotti et même aujourd'hui Darmanin, en réalité,
00:34:47 qui se fait quand même insulter aussi toute la journée par une partie de la gauche
00:34:49 ou par l'écosystème politico-médiatique de gauche,
00:34:52 alors que le réel donne raison à tous ces gens sur ce sujet-là.
00:34:56 Donc on attend en permanence que des institutionnels
00:34:58 ou des personnalités à la légitimité incontestable
00:35:01 valident un constat pour avancer au risque qu'il soit trop tard.
00:35:03 Et c'est ça, notre problème aujourd'hui.
00:35:05 On a eu besoin, par exemple, de Didier Lallement,
00:35:07 l'ancien préfet de Paris, et de Gérald Darmanin,
00:35:10 d'ailleurs, dans la même séquence,
00:35:11 pour valider le fait qu'il y avait un lien entre immigration et délinquance,
00:35:14 parce qu'il le disait avec des chiffres et une expérience de terrain.
00:35:17 On a eu besoin, ça c'est quand même exceptionnel,
00:35:19 de Jacques Attali pour faire le lien entre le fait que l'Europe
00:35:22 sur laquelle il dit "migration", que l'Europe était devenue une passoire.
00:35:25 Il l'a dit il y a quelques semaines, vous en avez parlé, Mathieu,
00:35:26 on a parlé ici sur ce plateau.
00:35:28 On a eu besoin d'attendre ça pour pouvoir dire officiellement cette chose-là.
00:35:31 On a eu besoin, Charlotte en parlait tout à l'heure,
00:35:33 de Gérard Collomb pour admettre qu'on vivait côte à côte
00:35:35 et que peut-être demain on vivrait face à face.
00:35:38 On a eu besoin de Charlie Hebdo, de Manuel Valls ou de Philippe Valls
00:35:41 pour ouvrir les yeux progressivement sur l'islamisation du pays.
00:35:44 Avant, c'était très compliqué d'en parler.
00:35:46 On observe beaucoup d'intellectuels de gauche,
00:35:49 vous savez, d'il y a 20-30 ans, qui avaient pignon sur rue,
00:35:51 passer à droite, ou en tout cas ne plus être hébergés
00:35:53 que dans des journaux de droite, Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner,
00:35:56 Feu, Jacques Julliard, qui nous a quittés il y a très peu de temps.
00:35:59 Eux, ils ont tous rompu avec la gauche.
00:36:01 Et précisons d'ailleurs que ces gens sont tous assez courageux
00:36:04 parce qu'ils prennent un risque social énorme,
00:36:06 ils prennent les coups qui vont avec,
00:36:07 et à chaque fois qu'ils franchissent ce pas,
00:36:09 en fait, c'est de l'honnêteté vis-à-vis de ce qu'ils observent dans le réel.
00:36:12 Et bien, souvent, ils ont payé les conséquences.
00:36:14 Alors moi, je pose juste une question.
00:36:16 En fait, on connaît beaucoup de personnalités qui sont passées
00:36:18 sur tous ces sujets-là, de la gauche vers la droite,
00:36:20 sur le constat, même sur les solutions.
00:36:22 Je pose une question.
00:36:23 Mis à part le défenseur des droits, Jacques Toubon,
00:36:25 qui, lui, a fait le chemin inverse pour des raisons purement de carrière,
00:36:28 est-ce qu'on connaît une seule personnalité
00:36:30 qui, sur ces sujets-là, se situe plutôt à droite,
00:36:32 qui a fait le chemin dans l'autre sens pour dire "je me suis trompé,
00:36:34 en fait, il nous faut plus d'immigration" ?
00:36:36 Ça n'existe pas. Ça n'existe pas, tout simplement,
00:36:38 parce que ça s'appelle faire connaissance avec le réel.
00:36:40 Et quand on voit la difficulté de la prise en compte de la réalité
00:36:44 sur ces sujets-là, il y a une chose qui peut rendre un peu fou,
00:36:47 c'est de se dire qu'on a perdu beaucoup de temps.
00:36:50 - Merci beaucoup pour votre regard, Geoffroy Lejeune.
00:36:54 Dans un instant, votre coup de poing final, ma chère Charlotte.
00:36:59 Juste avant, Marc Menand, on va s'arrêter un peu sur Astérix
00:37:03 et ce nouvel album, ce 40e album d'Astérix,
00:37:06 qui sera aujourd'hui "L'hérisse blanc".
00:37:08 Alors, tout est amené...
00:37:10 Alors, je rappelle quand même qu'Astérix,
00:37:11 c'est quand même pas n'importe quoi.
00:37:13 C'est une certaine identité, c'est une certaine France,
00:37:17 c'est un certain... - C'est la résistance !
00:37:19 - Ah, voilà ! Bam, bam, bam !
00:37:22 Et vous avez envie de nous conter cette histoire.
00:37:25 - Oui, parce que, plus que symbolique,
00:37:28 elle accompagne merveilleusement bien la chronique de Geoffroy.
00:37:33 Comment être fier d'une identité ?
00:37:36 Comment se draper face aux autres et de dire
00:37:40 "Notre liberté, c'est d'avoir une certaine fantaisie,
00:37:44 d'avoir une certaine âme, d'avoir une manière
00:37:48 d'envisager l'existence avec insolence, avec dérision,
00:37:53 quelque chose de très, très, très français ?
00:37:55 Alors, ce qui est extraordinaire, c'est aussi une histoire d'assimilation.
00:37:59 Parce que nos deux boucs, d'où viennent-ils ?
00:38:01 Eh bien, il y en a un, René Goscinny, qui sera l'homme du texte,
00:38:06 qui nous vient de l'Est.
00:38:09 Ses parents étaient en Pologne et ils vont fuir
00:38:12 parce qu'il y a la peur des pogroms.
00:38:14 Et puis, il y a du côté du Dersault
00:38:18 des pauvres Italiens qui connaissent les difficultés du quotidien
00:38:22 et qui décident de venir en France.
00:38:25 Ils ont un nom d'écart.
00:38:26 On peut dire que leur vie, elle est, avant de se rencontrer,
00:38:31 dans deux expériences concomitantes,
00:38:33 où on vient avec un espoir de réalisation.
00:38:37 Ça aussi, c'est important.
00:38:38 C'est-à-dire que la France, ça reste encore aujourd'hui,
00:38:42 même si quand on y est, on ne veut pas épouser sa manière d'être,
00:38:46 ça reste un espoir.
00:38:47 C'est d'ailleurs quand même extraordinaire.
00:38:49 Vous venez là en vous disant "ça va tout changer,
00:38:51 ma vie va s'embraser au merveilleux,
00:38:53 mais je ne veux pas vivre comme ils me le proposent."
00:38:55 Vous voyez qu'il y a une schizophrénie qui est invraisemblable.
00:38:59 Eux, non, pas du tout.
00:39:00 Très tôt, on leur dit "il va falloir comprendre cela."
00:39:04 Alors, Goscinny, il naît la veille du 15 août.
00:39:07 15 août, imaginez, Charlotte, ce jour-là,
00:39:11 elle pense à la grand-mère qui l'attend le lendemain matin.
00:39:14 Elle n'était pas là, 1927, vous pensez quoi ?
00:39:18 Mais le petit bonhomme, il prend compte, c'est la veille,
00:39:23 il se dit "je nais la veille d'un jour férié"
00:39:27 et comme il a une fantaisie dans l'existence,
00:39:31 il se veut paresseux, contrarié.
00:39:33 J'adore, vous voyez, ce sens de la dérision qu'il clamera.
00:39:38 Et ses parents sont confrontés à l'immigration,
00:39:42 c'est-à-dire que les Juifs, ils sont Juifs,
00:39:45 comment pouvoir s'installer ?
00:39:48 Trop nombreux, la vague qui épouse cette capacité
00:39:53 à fuir les pogroms de l'Est,
00:39:56 et il y a une association pour essayer de faire en sorte
00:39:59 que les Juifs puissent peut-être essaimer cette fameuse diaspora
00:40:02 sur l'Amérique, et en particulier l'Amérique du Sud.
00:40:06 Et le voilà à Buenos Aires.
00:40:08 Mais les études, on les fait au lycée français,
00:40:12 et au lycée français, il découvrira certaines bandes dessinées
00:40:16 comme "Les Piéniques", "Les Bébis Fricotins",
00:40:20 alors tout gamin, il est content de pouvoir refaire ça.
00:40:23 Il est tellement doué que rapidement, quand il est au collège,
00:40:29 il est celui qui illustre le journal du collège en tant que tel.
00:40:34 Du côté du petit Tudorzo,
00:40:36 la vie, déjà, elle se présente de façon assez bizarre.
00:40:41 Il naît avec 12 doigts, c'est-à-dire qu'il a deux doigts de trop.
00:40:46 Alors, on ne va pas le laisser comme ça,
00:40:49 on enlève deux doigts pour qu'il n'ait que cinq doigts,
00:40:52 quand on pense qu'il sera dessinateur.
00:40:56 Et ce qui est encore plus étonnant, c'est que notre petit bonhomme,
00:40:59 quand il a 4-5 ans, qu'il essaie avec ses doigts,
00:41:03 et qu'ils sont réduits, mais où il trouve une forme de dextérité,
00:41:07 il sait faire de la peinture.
00:41:09 Et là, il s'aperçoit qu'il est d'Altonien.
00:41:11 Vous vous rendez compte ?
00:41:13 Cet homme, qui est l'exemple même de la réalisation artistique,
00:41:18 il a des défauts invraisemblables.
00:41:20 Les deux vont faire un parcours,
00:41:22 commencent à s'intégrer dans la vie,
00:41:23 surtout quand vous putez sur la guerre de 40.
00:41:26 Ils ont raison au moment où le grand conflit éclate.
00:41:29 Notre petit Goscinny, il est en Amérique du Sud.
00:41:33 Sa famille, elle, est en France, et il apprendra,
00:41:36 on le sait aussi par relation épistolaire,
00:41:39 qu'il vive l'enfer.
00:41:41 Et puis, le petit Tudorzo, lui,
00:41:43 il montre quand même un certain talent.
00:41:45 Il y a son frère qui lui dit
00:41:46 "Il faut que tu te fasses engager, ils font des dessins, tout ça."
00:41:51 Alors le voilà qui se fait engager.
00:41:53 On remarque son petit talent et on l'aide à se réaliser.
00:41:58 Ils vont se trouver, des années après,
00:42:00 tout leur parcours est étonnant en soi,
00:42:03 lorsqu'ils se retrouvent la grande incandescence
00:42:07 de la bande dessinée, ça se fait en Belgique.
00:42:09 Ils vont travailler pour une agence belge,
00:42:15 et là, ils se rencontrent.
00:42:17 Ils découvrent d'abord l'admiration pour Walt Disney,
00:42:21 la capacité de pouvoir faire rêver grâce...
00:42:25 Et ils décident de faire une première bande dessinée.
00:42:28 Et puis un jour, il y a la revue pilote qui se crée.
00:42:32 Alors ils prennent un engagement,
00:42:33 "Oui, on va vous inventer quelque chose."
00:42:35 Ils n'ont rien trouvé.
00:42:36 Alors Uderzo, il s'est installé à Bobigny.
00:42:40 Alors il lui dit qu'il vient, ils sont au 3e étage,
00:42:43 c'est un été épouvantablement chaud,
00:42:45 ils abusent un peu des verres de pastis,
00:42:48 c'est Goscinny qui le raconte, on est dans la fumée, tout ça,
00:42:51 et puis ça vient pas, ça vient pas.
00:42:53 Alors Goscinny lui dit "Mais dis donc,
00:42:55 raconte-moi un peu l'histoire de France."
00:42:57 Alors Uderzo, il dit "Ben, il y a les hommes des cavernes,
00:43:00 et puis après, il y a les Gaulois."
00:43:02 "Ah, les Gaulois, ça c'est formidable !"
00:43:04 Et c'est de là que, dans une sorte d'étincelle,
00:43:09 va jaillir notre petite Astérix.
00:43:12 Pourquoi Astérix ?
00:43:13 Parce que le grand-père maternel de Goscinny avait une imprimerie.
00:43:18 Alors il connaissait toutes les petites astuces de l'imprimerie,
00:43:21 vous savez ce que c'est que l'Astérix.
00:43:23 Et puis quand on fait des Gaulois,
00:43:25 il faut que ça sonne vers Saint-Géthorix.
00:43:27 Alors il prendra Astérix, et puis après il y a Obel.
00:43:31 Obel, c'est un autre signe en imprimerie,
00:43:34 une sorte de petit rappel de texte ancien,
00:43:37 et ça deviendra Obélix.
00:43:39 Voilà nos deux personnages réunis, une fraternité invraisemblable.
00:43:44 Malheureusement, Goscinny meurt à 50 ans,
00:43:46 sa fille est opérée des reins,
00:43:48 et tous les jours, notre Uderzo ira lui rendre visite à la Potiote
00:43:54 en réalisant un très beau dessin,
00:43:56 un dessin des aventures d'Obélix et d'Astérix.
00:44:01 Et il plaque ça sur le mur pour l'aider à surmonter
00:44:04 son drame et la disparition de papa.
00:44:07 -Merci beaucoup, mon Marmonix.
00:44:10 (Rires)
00:44:13 Guillaume Bigaud, Guillaume Bibix.
00:44:15 Ce matin, chez Sonia Mamreau,
00:44:19 Michel Onfray a expliqué...
00:44:21 On va s'arrêter dessus, parce que c'est très important à décrypter,
00:44:25 qu'Huntington, Samuel Huntington, avait raison
00:44:28 en disant que nous étions là aujourd'hui.
00:44:32 Donc Michel Onfray reprenait le choc des civilisations de Samuel Huntington.
00:44:35 Sommes-nous, maintenant, selon vous, dans un choc des civilisations ?
00:44:41 -Bon, j'espère que j'ai pris de la potion magique avant,
00:44:43 parce que vous racontez ça en trois minutes,
00:44:44 la pensée de Michel Onfray et le choc des civilisations,
00:44:47 mais on va quand même essayer.
00:44:49 D'abord, il faut comprendre ce fameux choc des civilisations
00:44:52 dont tout le monde parle.
00:44:53 C'est le livre de Samuel Huntington.
00:44:55 C'était un best-seller en 1996.
00:44:57 Et pour bien le comprendre, on ne peut pas le comprendre
00:44:59 si on ne comprend pas qu'il répond à un autre best-seller
00:45:02 qui s'appelle "La fin de l'histoire"
00:45:03 et qui date de 1992 par un certain Francis Fukuyama.
00:45:07 Alors, qu'est-ce que raconte Francis Fukuyama dans "La fin de l'histoire" ?
00:45:09 C'est très simple. On est un an après la chute de l'Union soviétique,
00:45:14 et Fukuyama nous explique qu'en fait, on a gagné.
00:45:17 "On", c'est qui ? C'est la démocratie,
00:45:19 c'est le marché mondial, c'est le modèle américain.
00:45:21 Donc, il n'y a plus d'espoir pour l'humanité,
00:45:24 il n'y a plus d'autres récits, il n'y a plus d'autres modèles possibles.
00:45:27 Il va y avoir des contestataires, il va y avoir des retardataires,
00:45:29 des gens un peu refroignés, mais ça prendra le temps que ça prendra.
00:45:32 De toute façon, la démocratie a gagné par chaos.
00:45:34 Il n'y a plus d'autres modèles.
00:45:36 Et qu'est-ce que dit Huntington quelques années plus tard ?
00:45:38 Il lui dit "Mais en fait, tu n'as rien compris", Francis Fukuyama.
00:45:41 "C'est pas du tout comme ça.
00:45:42 En fait, le capitalisme et le communisme vont se retirer comme une mer,
00:45:46 et là, qu'est-ce qu'on va voir derrière ?
00:45:48 On va voir ressurgir les civilisations autour des religions.
00:45:52 En fait, c'est ça qui va se passer."
00:45:53 Et donc, l'Inde va retourner à l'hindouisme,
00:45:55 le monde musulman va retourner à l'islam,
00:45:58 le christianisme, selon qu'il est orthodoxe,
00:46:01 ça va être la Russie ou les alliés de la Russie,
00:46:03 et sinon, ça va être le christianisme catholique et protestant, etc.
00:46:07 Et le monde va se réarticuler comme ça.
00:46:09 Et donc, tu as tout faux, parce que la démocratie,
00:46:12 l'Occident va redécouvrir que la démocratie, en fait,
00:46:15 ce n'est qu'une expression de ce vieux fond chrétien, en réalité.
00:46:20 Le monde, la démocratie et les droits de l'homme,
00:46:23 c'est qu'une spécificité occidentale.
00:46:25 Et alors, on est en 2015, cette fois-ci, j'accélère un peu,
00:46:27 et Michel Onfray, en 2015,
00:46:28 on est au lendemain des attentats du Bataclan, Charlie Hebdo, etc.
00:46:31 La France est dans la coalition qui bombarde l'Etat islamique,
00:46:34 et Michel Onfray, il fait un tweet et il dit
00:46:36 "On a récolté à l'intérieur ce qu'on a semé à l'extérieur."
00:46:39 Alors, pas du tout pour soutenir l'Etat islamique, évidemment,
00:46:42 parce que l'Etat islamique va reprendre ce que dit Michel Onfray
00:46:44 et va l'utiliser dans sa propagande, ce qui est absolument terrifiant,
00:46:47 évidemment.
00:46:48 Et puis, il y a des gens absolument abominables,
00:46:50 vraiment bas de plafond, je ne vais même pas le citer,
00:46:52 il ne vaut même pas la peine, qui dit "Oui, alors, Michel Onfray,
00:46:55 il a vraiment craché sur les victimes du Bataclan en disant ça, etc."
00:46:58 Que pense-t-il de Michel Onfray ?
00:47:00 En fait, il s'inscrit dans la suite de la réflexion de Samuel Huntington,
00:47:04 et il dit "C'est complètement absurde de vouloir exporter
00:47:07 le modèle occidental, d'abord parce qu'on n'a plus les moyens,
00:47:09 et de l'exporter à coups de bombe."
00:47:11 Et là où ça devient vraiment fou,
00:47:13 c'est que finalement, on bombarde l'Afghanistan, par exemple,
00:47:17 un peu pour forcer à terme les Afghans à retirer leur voile.
00:47:20 On les bombarde pour imposer nos droits de l'homme et notre démocratie,
00:47:23 et en même temps, simultanément, on importe des femmes voilées.
00:47:28 Donc on est islamophile à l'intérieur, et on est islamophobe à l'extérieur.
00:47:32 Donc là, il y a une erreur système.
00:47:33 Finalement, en conclusion, Michel Onfray et Samuel Huntington
00:47:36 sont d'accord pour dire, pour renouer avec ce vieil adage romain,
00:47:39 "A Rome, faisons comme chez les Romains, et chacun chez soi."
00:47:42 Quelles conséquences tire Michel Onfray de l'application
00:47:44 du choc des civilisations au 7 octobre
00:47:47 et au risque d'importation du conflit israélo-hamas en France ?
00:47:52 - Deux catégories de conséquences.
00:47:54 D'abord, des conséquences avec lesquelles je suis,
00:47:56 mais à mon avis, tout le monde ne peut être complètement d'accord,
00:47:58 ce sont des conséquences extrêmement claires et précises.
00:48:01 Et puis des conséquences qui me paraissent, on va dire, plus implicites,
00:48:04 et avec lesquelles j'ai peut-être quelques réserves.
00:48:05 Les conséquences claires, pour commencer,
00:48:08 Michel Onfray dit, et il a parfaitement raison,
00:48:10 d'abord que dans cette histoire du 7 octobre,
00:48:12 c'est vraiment la barbarie du Hamas
00:48:15 face à la civilisation qu'incarne Israël.
00:48:17 Et là, tout le monde ne peut être que d'accord,
00:48:19 ou alors vraiment, il faut trouver une boussole morale.
00:48:21 Et il ajoute, et il fait un parallèle, l'Arménie, c'est la même chose.
00:48:25 L'Arménie, c'est la civilisation chrétienne
00:48:27 qui est attaquée par la barbarie islamique, celle de l'Azerbaïdjan.
00:48:30 Deuxième conséquence qu'il tire, avec laquelle on ne peut être que d'accord,
00:48:34 Michel Onfray dit, finalement, il y a un risque de propagation
00:48:36 très important de cette idéologie islamique
00:48:39 dans les pays arabo-musulmans, bien sûr, mais y compris chez nous.
00:48:42 Ça se diffuse, c'est inquiétant.
00:48:44 Il parle même, il a cette expression terrible ce matin,
00:48:47 mais on l'a déjà eu les uns ou les autres depuis 15, 20 ans.
00:48:50 Il dit, il y a un risque de guerre civile à bas bruit.
00:48:54 Troisième conséquence, pardon, je vous en prie.
00:48:56 - Et il a dit qu'il l'enlève à bas bruit.
00:48:58 - Il a dit qu'il l'a enlevé à bas bruit.
00:49:00 Donc oui, parce qu'on a déjà entendu le bruit des kalachnikovs,
00:49:02 effectivement, et ça fait beaucoup de bruit, une kalachnikov.
00:49:05 Ensuite, il dit que l'islam, et là, il faut lui rendre hommage.
00:49:08 C'est un livre qui s'appelle "Penser l'islam"
00:49:09 que je recommande à tout le monde.
00:49:11 Il dit, l'islam, c'est une religion tout à fait digne,
00:49:14 qui a des qualités, des vertus, par exemple, la pudeur,
00:49:17 par exemple, le courage, les vertus qu'on a pu perdre, nous.
00:49:19 Mais d'un autre côté, il faut arrêter de plaquer sur l'islam
00:49:22 notre conception de la religion qui est venue du christianisme.
00:49:25 En fait, l'islam, c'est autre chose que la religion des bisounours,
00:49:30 paix, amour, temps l'autre joue, etc.
00:49:32 C'est une autre histoire, c'est un autre imaginaire.
00:49:35 Voilà, et donc, en fait, là, je pense qu'on peut être que d'accord.
00:49:38 Ensuite, il y a des conséquences, notamment,
00:49:40 sur la politique étrangère française,
00:49:41 sur la position qu'on devrait prendre dans cette affaire,
00:49:43 qui me paraissent un peu plus implicites, un peu moins claires.
00:49:45 D'abord, première question,
00:49:47 à partir de cette réappropriation d'Huntington
00:49:51 par mon ami Michel Onfray,
00:49:53 quelle position ça implique politiquement,
00:49:56 diplomatiquement pour la France dans la crise au Proche-Orient ?
00:49:59 Par exemple, faut-il s'aligner sur la position Netanyahou ?
00:50:02 Et ce matin, en écoutant Michel Onfray, je me rends compte que oui,
00:50:05 il dit, oui, non seulement Israël a le droit de se défendre,
00:50:07 mais il faut arrêter avec cette histoire de droit de la guerre.
00:50:10 Et Michel Onfray a cette formule, je trouve, assez bien...
00:50:12 assez sensée en disant, mais droit et guerre,
00:50:15 on est vraiment dans l'ordre de la contradiction.
00:50:18 Enfin, c'est totalement contradictoire.
00:50:19 Quand on fait la guerre, c'est plus le temps du droit, en réalité.
00:50:22 Et donc, il semble plutôt donner raison à Netanyahou.
00:50:25 Mais simultanément, il rappelle aussi
00:50:27 la vertu de la position de Dominique de Villepin,
00:50:30 qui avait refusé que la France soit embarquée
00:50:32 avec les Anglo-Saxons dans cette folie
00:50:34 qu'était la seconde guerre d'Irak.
00:50:36 Et alors, est-ce qu'il faut suivre Villepin ?
00:50:38 Parce qu'aujourd'hui, Villepin ne dit pas du tout la même chose que Netanyahou.
00:50:40 Donc voilà, ça, c'est une question, une interrogation.
00:50:43 Ça me semble moins clair.
00:50:45 De la même façon, je pense qu'il y a quelque chose de contradictoire
00:50:48 et, dans ce qu'affirme Michel Onfray, dans son rapprochement,
00:50:52 disons, entre l'Arménie d'un côté et Israël de l'autre.
00:50:55 Pourquoi ? C'est assez simple.
00:50:56 Parce qu'a priori, dans la vision huntingtonienne des choses,
00:51:00 l'Arménie chrétienne et Israël, pays juif,
00:51:03 devraient se retrouver dans le même camp, en définitive.
00:51:05 Sauf que le 7 octobre, quand on va à Bakou, en Azerbaïdjan,
00:51:09 la capitale de l'Azerbaïdjan, pays musulman,
00:51:11 à Bakou, ils ont hissé le drapeau israélien.
00:51:14 Donc là, pourquoi ils ont fait ça ?
00:51:15 Parce qu'en réalité, Israël les a armés dans la guerre contre l'Arménie.
00:51:19 L'Arménie, dans la lecture huntingtonienne de l'histoire,
00:51:23 l'Arménie, c'est un pays chrétien.
00:51:24 Sauf qu'ils sont alliés à l'Iran, qui est un pays musulman.
00:51:27 Donc on se rend bien compte que les États-nations
00:51:29 ont des intérêts au-delà, en réalité, des blocs de civilisation.
00:51:33 - Question importante.
00:51:35 Selon vous, le choc des civilisations est-il un leurre ou un piège ?
00:51:42 - On peut dire ça, on peut dire ça,
00:51:43 mais alors, il faut tout de suite prendre une précaution,
00:51:45 ce qui consiste à dire que c'est bien une réalité.
00:51:48 C'est-à-dire qu'on est quand même assaillis par une force,
00:51:52 à mon avis révolutionnaire, qui est l'islamisme radical,
00:51:55 qui nous agresse, et qui nous agresse au nom d'une autre civilisation.
00:51:59 Ça, c'est absolument indéniable.
00:52:00 Et je pense qu'il ne faut absolument pas sous-estimer
00:52:03 le potentiel de déstabilisation de désordre,
00:52:06 de propagation de la violence mimétique aussi,
00:52:08 que représente cette agression islamique.
00:52:11 Mais cette agression islamique, l'erreur, ça consisterait
00:52:14 à écouter ce que l'islamisme dit de lui-même,
00:52:16 et l'islamisme prétend qu'il est le retour
00:52:18 au véritable islam des origines,
00:52:20 alors qu'à mon avis, c'est vraiment une force révolutionnaire.
00:52:24 Et c'est toute la limite du raisonnement d'Huntington.
00:52:27 C'est-à-dire qu'à Huntington, il y a, à mon avis,
00:52:29 trop de géographie et pas suffisamment d'histoire,
00:52:32 il y a trop de religion et pas assez de politique.
00:52:34 C'est-à-dire que c'est vraiment une vision assez statique,
00:52:38 en réalité, du monde.
00:52:39 L'histoire continue.
00:52:41 L'histoire continue, et sortir du piège de Huntington,
00:52:43 c'est, par exemple, comprendre, à mon avis, que l'islamisme,
00:52:46 c'est une réaction de sociétés traditionnelles arabo-musulmanes
00:52:49 qui sont touchées par la modernité, précisément.
00:52:51 Et on a un peu oublié que nous avons, nous aussi,
00:52:55 connu des périodes absolument d'ébullition révolutionnaire,
00:52:58 ce que j'appellerais la crise d'adolescence de la modernité
00:53:00 ou la maladie infantile de la modernité,
00:53:02 le culte de l'être suprême, la guillotine.
00:53:05 Mais qu'est-ce que t'est d'autre la révolution russe,
00:53:08 sinon cette espèce de folie aussi
00:53:10 qui s'était emparée de cette société russe
00:53:11 au contact de la modernité ?
00:53:13 Qu'est-ce que c'était d'autre que la révolution culturelle
00:53:15 ou le maoïsme, avec son cortège de monstruosité ?
00:53:18 Qu'est-ce que c'était d'autre que le nazisme ou le fascisme ?
00:53:20 Donc là, il se passe ce qui s'est déjà passé ailleurs
00:53:23 dans le monde arabo-musulman.
00:53:25 Et la première société musulmane qui est rentrée
00:53:27 dans cette espèce de danse de sanguille moderne,
00:53:29 c'est l'Iran, en 1979.
00:53:31 Ça a donné le top départ de cette révolution islamique.
00:53:33 Et à mon avis, ce sera, on verra, le premier pays
00:53:35 à sortir de cette folie, à dépasser ce moment historique.
00:53:39 Mais je pense qu'il faut penser les choses de manière dynamique
00:53:41 et de manière historique, sinon on n'y comprend rien.
00:53:44 L'autre piège à tomber dans la guerre des civilisations,
00:53:47 c'est se regarder nous-mêmes, non pas pour ce que nous sommes,
00:53:50 mais se regarder comme ce que veut,
00:53:53 que l'ennemi pense que nous sommes.
00:53:55 C'est-à-dire que l'ennemi nous tend un miroir
00:53:56 qui est de dire "vous êtes décroisés".
00:53:58 Donc vous êtes des chrétiens, vous êtes des juifs, etc.
00:54:01 Et là, c'est une folie furieuse totale.
00:54:04 Nous sommes des États-nations et nous sommes des démocraties.
00:54:06 Et nous sommes effectivement l'avenir et nous sommes la raison.
00:54:10 Et nous ne sommes sûrement pas le retour à Montjoie,
00:54:13 Saint-Denis ou je ne sais pas trop quoi,
00:54:14 l'Europe de Charles Martel, des Blancs, des chrétiens.
00:54:16 Tout ça est absolument délirant pour deux raisons.
00:54:18 D'abord, la première chose, c'est qu'il faudrait faire bloc
00:54:21 entre chrétiens ou aller se réfugier avec les États-Unis.
00:54:23 Mais ne vous pensez pas que les États-Unis
00:54:24 ont déjà suffisamment fait de dégâts comme ça dans le monde ?
00:54:27 Peut-être qu'il faudra arrêter les frais.
00:54:28 Même eux le disent, d'ailleurs.
00:54:29 Ils commencent à le dire qu'il ne faudrait pas nous écouter.
00:54:31 La deuxième chose, c'est que se diluer
00:54:34 dans une espèce d'Europe chrétienne pour faire face aux Sarrazins,
00:54:38 là où ça devient délirant, c'est qu'on s'affaiblit nous-mêmes.
00:54:40 Puisqu'en réalité, l'État-nation, c'est le meilleur bouclier
00:54:43 et le meilleur antidote chez nous,
00:54:45 mais y compris dans les pays arabes ou en Perse ou en Turquie, etc.
00:54:49 C'est le meilleur antidote contre l'islamisme.
00:54:51 Et on voit bien qu'Israël n'est pas dans une guerre...
00:54:53 Israël ne se bat pas pour défendre la civilisation mondiale.
00:54:56 Il ne se bat pas pour défendre Wanderlien, Israël.
00:54:58 Israël se bat pour défendre sa patrie, sa nation et son drapeau.
00:55:01 -Moralité ?
00:55:03 -Moralité, il ne faut pas tomber dans le piège des civilisations.
00:55:06 Il faut réhisser les couleurs et les États-nations.
00:55:09 -Réaction.
00:55:10 -Oui, mais l'État-nation repose quand même malgré tout
00:55:12 sur la défense d'une civilisation.
00:55:13 Je ne vois pas Wanderlien,
00:55:14 je ne la vois pas comme défenseur de l'Occident chrétien.
00:55:16 Mais notre civilisation a gagné le monde et elle gagnera à la fin.
00:55:19 -Parce qu'elle est vraie.
00:55:20 -Parce qu'elle est vraie.
00:55:21 -Il faut qu'elle soit vivante.
00:55:23 -On est complètement d'accord.
00:55:25 -Mais une civilisation vivante...
00:55:26 -Il ne faut pas qu'elle se coupe de ses racines.
00:55:27 -C'est que, pour moi, il n'y a pas de racines chrétiennes,
00:55:30 il y a une imprégnation chrétienne.
00:55:32 Et il y a eu une évolution qui s'est faite à partir de ce courant de pensée
00:55:36 qu'on appelle le courant des Lumières, qui a fait naître la laïcité.
00:55:39 Et cette laïcité en Allemagne, avec cette imprégnation chrétienne,
00:55:44 est en soi une force culturelle.
00:55:47 -Sur la partie sur les bombes, l'islamophobie à l'extérieur
00:55:51 et l'islamophilie à l'intérieur, dont parlait Guillaume,
00:55:52 moi, ce que je trouve...
00:55:54 -C'est Michel, c'est mon frère, mais vous commentiez ça.
00:55:56 C'est que je pense que tout ça vient de l'universalisme,
00:55:59 qui, au lieu de considérer que notre modèle pourrait s'appliquer à tout le monde,
00:56:01 il va falloir l'imposer à tout le monde.
00:56:03 Et la deuxième chose, c'est que Fukuyama a encore des adeptes aujourd'hui,
00:56:06 c'est ça qui est terrifiant.
00:56:08 -Merci infiniment.
00:56:10 Bon, c'est quelques minutes qu'il nous reste, Charlotte Dornelas,
00:56:12 pour notre coup de point final, qui est finalement un coup de projecteur,
00:56:16 parce que nous allons nous replonger à Arras
00:56:18 après l'assassinat de Dominique Bernard,
00:56:20 sur les audacieux face à cette décivilisation,
00:56:24 ceux qui n'ont que leur courage comme arme
00:56:29 et que leur bravoure comme couteau.
00:56:31 -Oui, c'est vrai qu'on a vu Dominique Bernard a été assassiné
00:56:35 et puis décoré par le président de la République.
00:56:37 Le général Darmanin a annoncé qu'il avait demandé
00:56:39 que les policiers qui sont intervenus soient décorés,
00:56:41 mais il y a plusieurs professeurs, des agents d'entretien,
00:56:44 le personnel d'accueil de cet établissement,
00:56:47 qui méritent très largement, un, d'être honorés
00:56:49 et même d'être décorés.
00:56:50 Alors, eux, en effet, ne demandent rien,
00:56:53 mais pourquoi est-ce qu'ils méritent d'être décorés ?
00:56:54 C'est pas simplement pour le plaisir de la décoration,
00:56:57 c'est qu'ils méritent d'être donnés en exemple,
00:56:59 notamment parce qu'ils travaillent dans un établissement scolaire
00:57:01 et que leur courage a été assez peu commenté,
00:57:04 alors qu'il est absolument saisissant.
00:57:07 On a entendu un témoignage, notamment,
00:57:10 mais là, on a des comportements qui doivent être érigés en modèle.
00:57:12 On avait parlé de la question de l'héroïsme.
00:57:14 L'héroïsme, ça se prépare.
00:57:16 Ça se prépare en exerçant ses vertus.
00:57:19 Or, là, en l'occurrence, on a des personnes
00:57:21 qui ont clairement exercé la vertu de courage
00:57:23 pour défendre non pas leur vie,
00:57:25 mais celle de ceux qu'ils essayaient de protéger ce jour-là
00:57:28 contre l'assaillant d'Arras,
00:57:29 et vraiment, ça mérite d'être souligné, d'être honoré.
00:57:32 Alors, ils ont des prénoms, en l'occurrence.
00:57:34 Je vais pas donner leur nom, d'abord,
00:57:35 parce qu'on les a pas tous
00:57:37 et que je ne le ferai pas à leur place,
00:57:39 mais on a David, Florence, Stéphanie, Christian,
00:57:41 Benjamin, Jacques et Frédéric.
00:57:43 Peut-être même que j'en oublie à l'intérieur de ce collège,
00:57:46 mais qui se sont vraiment illustrés par un courage saisissant.
00:57:51 - Mais alors, qu'ont fait toutes ces personnes
00:57:54 dont vous nous donnez le nom, précisément,
00:57:55 pour essayer de s'identifier, peut-être ?
00:57:57 - C'est ça. Dominique Bernard, il était avec trois collègues
00:57:59 qui étaient professeurs de sport,
00:58:00 et ils allaient déjeuner à ce moment-là.
00:58:02 Il y avait David, Florence et Stéphanie,
00:58:03 je donne leur prénom.
00:58:05 Il a été lui, Dominique Bernard.
00:58:07 L'assaillant s'est directement rué sur lui.
00:58:09 Donc, lui est mort très rapidement.
00:58:10 Il a été égorgé, donc blessé.
00:58:13 Et David, un des professeurs, a été blessé au visage,
00:58:15 à ce moment-là. Il est tombé.
00:58:17 Il y a un surveillant, à ce moment-là, qui l'a vu,
00:58:19 qui est venu immédiatement désarmé,
00:58:21 qui a repoussé l'assaillant
00:58:22 pour relever son collègue professeur de sport
00:58:25 qui était en train de perdre énormément de sang par terre.
00:58:28 Il a pris une de ses collègues féminines, en l'occurrence.
00:58:31 Ils sont tous les trois, avec le professeur blessé,
00:58:34 rentrés dans l'établissement,
00:58:35 pendant que l'autre professeure, féminine, elle aussi,
00:58:37 est restée auprès de Dominique Bernard,
00:58:39 qui était en train, probablement, de mourir.
00:58:42 Ils sont rentrés dans l'établissement.
00:58:43 L'assaillant les a suivis parce qu'il voulait tuer le professeur
00:58:47 qu'il avait déjà blessé.
00:58:48 Ils sont rentrés à l'intérieur.
00:58:50 Là, il y a un...
00:58:52 Comment dire ? Les lycéens ou collégiens
00:58:54 étaient tellement affolés par ce qu'ils voyaient
00:58:55 et qu'ils couraient dans tous les sens.
00:58:57 Ça a attiré l'attention du personnel d'entretien
00:59:00 qui était en train de déjeuner.
00:59:02 Là, il y en a un qui s'est levé,
00:59:04 qui a enfermé dans un local technique
00:59:05 une de ses collègues enceintes pour la protéger.
00:59:08 Il l'a enfermée à l'intérieur.
00:59:09 Il a attrapé une chaise.
00:59:10 Il est parti dans la cour où l'assaillant était en train
00:59:12 de poursuivre le professeur qui était blessé.
00:59:15 Il s'est battu avec une pauvre chaise.
00:59:16 Il a trébuché.
00:59:18 Alors, je relis pour ne pas me tromper,
00:59:20 mais il attire le terroriste à lui
00:59:24 pour qu'il épargne son collègue qui était déjà blessé.
00:59:27 Il trébuche, il tombe, il est lui-même poignardé.
00:59:30 Là, son chef, qui voit la scène, intervient,
00:59:32 récupère la chaise, il hurle pour attirer à lui
00:59:35 l'attention du terroriste.
00:59:36 Il prend le relais.
00:59:37 Le proviseur intervient.
00:59:39 Il arrive, il voit la scène.
00:59:41 Lui-même attrape la chaise, la lance au visage du terroriste
00:59:45 pour pouvoir emmener le professeur de sport,
00:59:47 celui du début, qui était blessé, à l'intérieur de l'établissement.
00:59:50 Là, vous avez une dame qui est à l'accueil,
00:59:51 qui verrouille la porte
00:59:53 pour que le terroriste ne puisse pas sortir.
00:59:55 Là, le terroriste retourne dans la cour.
00:59:56 Et là, en effet, il y a une de ces personnes
00:59:59 qui est extrêmement blessée.
01:00:01 Et c'est la fameuse scène que décrivent les policiers.
01:00:03 Il s'agenouille parce qu'il n'en peut plus.
01:00:05 C'est lui qui appelle la police.
01:00:06 Et il essaye de raisonner l'assaillant,
01:00:09 tandis que les policiers arrivent et se mettent en face de lui.
01:00:11 Vous avouerez que cette scène
01:00:14 et l'intervention successive de gens qui viennent
01:00:16 avec une pauvre chaise comme arme en face d'un homme
01:00:18 qui est extrêmement déterminé, qui a deux coutons en main,
01:00:20 qui a déjà tué et qui poignarde,
01:00:22 c'est un courage qui mérite notre respect le plus total.
01:00:27 -Ressent le tiernel.
01:00:29 L'un d'eux a parlé à la presse, Charles Bernelas,
01:00:32 en disant qu'il a fait son devoir de Français.
01:00:35 Qu'est-ce qu'on peut analyser par là ?
01:00:36 -Ce qui est intéressant, c'est que lui a dit
01:00:38 "J'ai fait mon devoir de Français",
01:00:39 et le journaliste, en l'occurrence, qui commente,
01:00:41 reprend en disant "Il a fait son devoir de citoyen".
01:00:43 Il le reprend pas avant, mais il le présente en disant
01:00:45 "Il a fait son devoir de citoyen".
01:00:47 Et la différence, c'est qu'un devoir de citoyen,
01:00:48 c'est devant n'importe quel acte de délinquance,
01:00:50 vous venez protéger quelqu'un.
01:00:52 Quand vous dites "Je l'ai fait en tant que Français",
01:00:54 c'est que vous identifiez en face un ennemi.
01:00:56 C'est la chose différente.
01:00:57 Et je vais juste citer l'écrivain Michel Bernard,
01:00:58 donc par ailleurs, je recommande les livres,
01:01:00 qui a commenté cette différence de mots, et il dit
01:01:03 "Ce mésusage n'est pas le fruit de l'ignorance et de la maladresse.
01:01:06 Il vise à travestir délibérément, méthodiquement, la réalité
01:01:09 pour la rendre compatible avec un paysage idéologique."
01:01:13 Je pense que c'est vraiment une phrase qui mérite d'être...
01:01:15 Qui, par ailleurs, raccroche avec mon premier édito, je crois,
01:01:17 et qui nous pourrit la vie en permanence
01:01:20 dans l'analyse de ce qui nous arrive.
01:01:22 En tout cas, bravo à eux. Voilà.
01:01:23 - Bravo à eux. Très beaucoup de points finals.
01:01:25 Merci beaucoup à Charlotte.
01:01:26 Merci à Geoffroy. Merci, Guillaume Bigot.
01:01:29 Merci, Marc Menand.
01:01:31 Êtes-vous Français ou citoyen ?
01:01:33 Excellente suite de portales. - Je vais être les deux.
01:01:35 - Ou citoyen français.
01:01:36 - Oui, il est à l'air d'être en deux, tout de suite.
01:01:38 Merci à tous !
01:01:40 Merci à tous !