Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:0019h, c'est l'heure, ravi de vous retrouver ce soir, c'est Noël.
00:04J'ai une jolie surprise pour vous, vous allez voir ça dans un instant, et aussi pour les mousquetaires.
00:08D'abord, le sommaire. Dans 24 heures aura lieu le vote de la censure contre le gouvernement de Michel Barnier.
00:15Le Premier ministre s'adresse à la Nation ce soir à la télévision, sans doute son dernier entretien en tant que Premier ministre
00:22après à peine 90 jours. La censure rendra tout plus difficile et tout plus grave, a-t-il déclaré aujourd'hui.
00:31Tous les regards se tendent vers Marine Le Pen qui, avec la gauche, censure au gouvernement
00:36qui, malgré quelques éclaircies, n'a cessé de l'ostraciser.
00:40Quelle est réellement sa part de responsabilité ? Est-ce la tentation de la table rase ?
00:45L'édito de Mathieu Bocoté.
00:48Cherche-t-on un coupable au lieu de sauver la France ?
00:51Et si le fil rouge de toute cette séquence politique était le mépris ?
00:54Le mépris de certains électeurs ? Le mépris de certaines idées ? Le mépris d'une certaine politique ?
00:59Le mépris des classes dirigeantes envers certains Français ?
01:02Quel dénominateur commun depuis la dissolution ? L'analyse de Gabriel Cluzel.
01:08Cherche-t-on un coupable au lieu de sauver la France ?
01:11Et si le fil rouge de cette séquence politique était une classe politique immature ?
01:15Après les appels de la majorité à faire alliance avec le NFP pour l'arc républicain contre le RN.
01:22Après des alliances contre nature qui se font et se défont.
01:25Des jeux de poker monteurs à faire peur sur l'absence de budget.
01:28N'était-ce pas le président de l'incours des comptes qui affirmait qu'il y avait un risque de shutdown ?
01:34Alors que le budget 2024 pouvait s'appliquer.
01:37Classe politique immature avec une prise d'otage des Français.
01:40Que comprendre le regard de Marc Menand ?
01:43Les appels à la démission du président de la République se multiplient au sein de la droite nationale.
01:48Au sein du NFP mais également chez les centristes comme Hervé Morin.
01:52Ou d'autres comme Jean-François Copé.
01:54Qu'est-ce que sa démission changerait ?
01:56Et si c'était la meilleure façon de l'inciter à rester au pouvoir ?
02:00Le décryptage de Charlotte Dorné.
02:03C'est puis, nous ferons un saut dans l'avenir.
02:07Imaginons qu'Emmanuel Macron, poussé par les événements, se retire.
02:11Effectivement, comme le souhaitent les oppositions, à quoi ressemblerait une présidentielle anticipée ?
02:18L'édito de Mathieu Boccotti.
02:22Une heure avec nos mousquetaires pour tout se dire et sans tabou, c'est parti !
02:39Comment allez-vous ce soir ?
02:40Très bien.
02:41On se retrouve.
02:42Le soleil est là, malgré l'heure.
02:44Le soleil est là, même quand je ne suis pas là.
02:46Ça, j'ai plein de cadeaux pour vous, de la part de Jonathan, Alice, enfin, etc.
02:50Plein de petits cadeaux.
02:51Si vous êtes sages.
02:52Ah, bon, on n'aura rien alors !
02:56Le gouvernement vit ses dernières heures.
02:59Nous allons consacrer toute cette édition à la situation politique inédite en France depuis plus de 60 ans.
03:05D'abord, une respiration à 22 jours de Noël, à 4 jours de la réouverture de Notre-Dame,
03:11de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture.
03:15Une respiration avec la magie de Noël, une respiration au cœur du chaos.
03:35Une respiration à 22 jours de la réouverture de Notre-Dame,
03:40de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture de Notre-Dame,
03:45de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture de Notre-Dame,
03:50de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture de Notre-Dame,
03:55de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture de Notre-Dame,
04:00de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture de Notre-Dame,
04:05de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture de Notre-Dame,
04:10de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture de Notre-Dame,
04:15de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture de Notre-Dame,
04:20de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture de Notre-Dame,
04:25de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture de Notre-Dame,
04:30de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture de Notre-Dame,
04:35de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture de Notre-Dame,
04:40de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture de Notre-Dame,
04:45de la visite de Donald Trump en France pour célébrer cette réouverture de Notre-Dame,
04:50entre les deux bras de Marie.
04:57Don, Don, Don le petit fils,
05:05Don, Don, Don le petit fils,
05:13vois le talent d'or de ce grand Dieu,
05:20Don, Don, Don les anges d'or.
05:36Exceptionnel, exceptionnel.
05:39Merci infiniment à la famille Lefèvre.
05:41Au petit Raphaël, ça va mon petit Raphaël ?
05:46Raphaël, 12 ans.
05:47Colombe, 16 ans.
05:48Emmanuel, 19 ans.
05:49Clément, 21 ans.
05:50Blanche, 24 ans.
05:51Gaëlle, 26 ans.
05:53Et Gabrielle et Anne, les parents.
05:55Alors la famille Lefèvre, ils ont gagné un incroyable talent.
05:58Souvenez-vous, c'était en 2020.
06:00C'est la sortie de leur nouveau CD aujourd'hui.
06:03Je voulais absolument partager cela avec vous.
06:06Ils ont chanté entre le bœuf et l'âne gris.
06:08Il y a 17 titres de Noël.
06:10Nous, on aime Noël.
06:12On a compris qu'on aime Noël, on aime fêter Noël.
06:14Les deux prochains concerts, le 13 décembre à 20h30 à la cathédrale Saint-Louis à Versailles.
06:20Une cathédrale qui nous rappelle des souvenirs.
06:22Et le 14 décembre à 20h30 au sable Lulon à l'église Notre-Dame du Bonport.
06:26Alors, merci encore à vous, les petits chouchous, vous êtes trop mignons.
06:31Maintenant, rentrez dans le dur.
06:33À quelques jours de Notre-Dame.
06:35Vous pouvez partir par la petite porte, tout en douceur.
06:38Si vous voulez, attendez-moi pendant la pub, je viens de vous faire un petit bisou.
06:41À 19h25.
06:43Peut-être un petit tour de table par rapport à quatre jours de Noël.
06:47Parce que Donald Trump vient pour l'ouverture de Notre-Dame.
06:52Pour moi, c'est Noël.
06:54L'ouverture de Notre-Dame, c'est Noël.
06:56Non, mais vous regardez là-dessus.
06:58Pour moi, c'est Noël.
07:00Donald Trump vient voir Notre-Dame qui, dans son esprit probablement,
07:03est celui de tous ceux qui viendront.
07:04Ce n'est pas exactement le symbole de la République, fière d'elle-même,
07:07mais de la France qui a plusieurs siècles,
07:09qui a plusieurs millénaires, en deux millénaires à sa manière.
07:11Je crois qu'il vient célébrer le génie français
07:14au-delà de ce que la France aime célébrer au jour le jour.
07:17Mais, Gabrielle Cluzel, aux États-Unis, il y a plusieurs cathédrales aussi
07:20qui vont sonner leur cloche à 14h.
07:23Exactement.
07:24Ce qui est curieux, c'est que je ne crois pas qu'il y ait la même initiative en France,
07:27mais ce sera le cas aux États-Unis.
07:30Elles vont sonner ces cathédrales.
07:32C'est l'initiative des évêques de la Conférence des Évêques Américaines.
07:38Ils vont sonner à 14h.
07:40Je rappelais juste que 19% des donateurs de la reconstruction sont américains.
07:44Ah oui.
07:45Donc, ce n'est pas rien.
07:46Les Américains sont attachés à Notre-Dame.
07:48Oui, oui.
07:49On aura Dieu que pour elle, bien évidemment, et que d'oreille.
07:52Ce qui est formidable.
07:53Moi, je trouve que c'est une bonne initiative.
07:55Je ne sais pas si les piscopas ne m'écoutent pas moi,
07:57mais ils écoutent peut-être.
08:01Mais ils pourraient avoir un coup de bourdon, effectivement,
08:04au moment où celui d'Emmanuel va résonner de nouveau ce samedi.
08:08Bravo.
08:09Charles, tu as le dernier mot là-dessus.
08:11C'est vrai, on se demande toujours comment la France peut briller à travers le monde.
08:14En fait, les siècles d'histoire la font briller malgré nous,
08:19et à travers nous, si on veut bien.
08:21Donc, peut-être, il faut-il y voir une mission aussi.
08:24Et les artisans.
08:26Oui, oui, oui.
08:27En tout cas, pour l'instant, elle ne brille que par la cathédrale, pas par la politique.
08:30Les siècles d'histoire ne brillent pas par le conseil constitutionnel.
08:33Je parle des héritiers de Joseph Zébéniste.
08:36Bien sûr.
08:37Pourquoi ?
08:38On va rentrer dans le vif du sujet, maintenant.
08:40Merci beaucoup.
08:41Pourquoi Marine Le Pen a-t-elle annoncé qu'elle voterait l'ascension ?
08:45Une chose est sûre, c'est qu'elle va la voter.
08:48Cette question tourne en boucle depuis hier.
08:50Mathieu Bocoté, est-ce qu'il s'agit d'un calcul ?
08:53Certains jugent cela scandaleux, audacieux.
08:57D'autres jugent cette décision mauvaise, beaucoup la critiquent.
09:01À votre avis, est-ce qu'il faut voir l'expression d'une crise plus profonde qui trouve là
09:06un nouveau tournant en France, là, pour cette censure ?
09:09Alors, je ne dirais pas...
09:11La plupart des commentateurs, en fait, ne voyaient pas venir la censure.
09:14J'ajoute qu'une bonne partie de la classe politique ne voyait pas venir la censure.
09:17Michel Barnier lui-même ne croyait pas à la censure.
09:20Le sentiment dominant, c'était qu'elle bluffe, qu'elle n'osera pas.
09:25Elle est trop heureuse de sa respectabilité récemment acquise auprès de certains
09:32pour tout gâcher dans leur esprit par un appui à une motion de censure venant du NFP.
09:37Et pourtant, elle a décidé de frapper dans un contexte où on ne voit pas vraiment
09:43d'autres coalitions gouvernementales disponibles.
09:46Évidemment, Emmanuel Macron va essayer.
09:48Mais on ne voit pas vraiment ce qui pourrait changer de la composition présente du gouvernement.
09:51Alors, Marine Le Pen a décidé de répondre en disant « En l'instant, j'ai des réponses très rationnelles.
09:57Je vais vous expliquer pourquoi j'ai voté la censure.
09:59Ce n'est pas parce que je suis dingo. Ce n'est pas parce que je suis très en colère.
10:02Je vais vous expliquer rationnellement pourquoi j'ai voté la censure.
10:05Et je crois qu'on doit écouter ses arguments. »
10:07Le premier, dans un tweet hier qu'on a mentionné d'ailleurs,
10:10elle nous dit globalement, je ne lis pas le tweet au complet,
10:13mais elle nous dit « Le budget qui nous a été présenté, si la gauche l'avait présenté,
10:17la droite aurait dit c'est un budget digne de l'URSS.
10:20On nous présente un budget où on augmente les impôts pour à peu près tout le monde.
10:24On nous présente un budget où l'effort, la pression fiscale va être encore plus grande
10:28sur les individus comme sur les entreprises.
10:30On nous présente un budget taxeur.
10:32On nous présente un budget qui, dans une logique fiscaliste,
10:36est par ailleurs un budget qui ne coupe à peu près pas dans les dépenses.
10:39Et elle dit « Pourquoi voudriez-vous que je soutienne un tel budget? »
10:43Premier argument.
10:45Deuxièmement, elle dit que le gouvernement n'a rien fait pour réduire ses dépenses.
10:49C'est un argument qui théoriquement pourrait être entendu à droite,
10:52mais la droite au pouvoir décide d'augmenter les impôts et les taxes.
10:55Première chose.
10:56Deuxièmement, elle nous dit, parce qu'elle dit à plusieurs explications farfelues,
11:00ça c'est un tweet ce matin, plusieurs explications farfelues pour expliquer notre geste,
11:05et elle dit « Non, le budget est à ce point mauvais, de notre point de vue, qu'on doit le bloquer.
11:10Et la seule manière dont nous disposons pour le bloquer, parce que ce budget, objectivement, dit-elle,
11:15va faire souffrir les Français, croit-elle, c'est la censure, tout simplement. »
11:20Et là que la motion de censure vienne du NFP et soit agrémentée d'insultes à l'endroit du RN,
11:25elle dit « On s'en fout un peu. L'essentiel, c'est que ce gouvernement,
11:28qui a fait le choix de ce budget, dégage. »
11:30On comprend son état d'esprit.
11:32Elle nous dit, et c'est assez intéressant,
11:35ce gouvernement était peut-être le seul possible, elle l'a toléré depuis quelques mois,
11:39mais ce budget n'était pas le seul possible.
11:41Vous auriez pu faire d'autres choix, vous auriez pu prendre d'autres décisions.
11:45Si vous aviez, et ça on entend ça surtout autour d'Éric Ciotti,
11:48des gens disent « Si le gouvernement avait fait un appel churchillien à l'effort,
11:52véritablement l'effort, donc la réduction de la taille de l'État, la débureaucratisation,
11:56plusieurs auraient suivi. »
11:58Mais dans les circonstances, ce n'est pas un véritable effort qui est demandé,
12:00c'est une facilité, c'est de la paresse mentale que de vouloir encore braquer les gens par le fisc et par l'impôt.
12:05Dès lors, elle dit « On ne soutient pas. »
12:08Je note que Marine Le Pen se met un peu à l'école d'Elon Musk, à sa manière,
12:12en disant « Débureaucratisons ».
12:14Elle reprend ce message pour elle-même.
12:16D'autres arguments ont été avancés pour comprendre rationnellement cette censure.
12:20L'un d'entre eux, je crois que c'était dans Le Figaro, où on rapportait la chose,
12:24Jordan Bardella s'inquiétait, apparemment, de la montée en puissance de Bruno Retailleau.
12:29S'inquiétant de cette montée en puissance d'une figure qui incarne une droite ferme
12:33en matière de sécurité et d'identité, une renaissance d'une droite
12:36qu'on croyait au bord du dernier spasme,
12:40Bardella aurait dit « On ne doit pas lui donner le temps de prendre ses marques,
12:44on ne doit pas lui donner le temps de pleinement se déployer,
12:47donc aussi bien se débarrasser de ce gouvernement avec cet encombrant Retailleau
12:51qui pourrait nous causer des problèmes à nous, le RN. »
12:54Entendons l'argument.
12:55De la même manière, quand on cherche à comprendre rationnellement le geste de Marine Le Pen,
13:00on nous dit « Oui, mais il y avait tout simplement un électorat qui est en attente de censure.
13:04Elle ne peut pas toujours décevoir son électorat.
13:07L'électorat en a rôle bol, donc elle décide de se mettre au diapason de son électorat. »
13:11Tout ça me semble rationnel.
13:13On peut être en désaccord, mais il n'y a rien là-dedans qui relève de l'irrationnel.
13:17Je crois néanmoins que tout se joue à un autre niveau.
13:20Je ne sais pas combien de fois j'ai répété ici, au point que c'est presque devenu une formule
13:24« crise de régime, crise de régime, crise de régime »,
13:26mais je pense qu'il faut savoir à quel moment dans cette crise de régime nous sommes rendus.
13:30Nous ne sommes plus à l'entrée de la crise de régime.
13:32Je pense que nous sommes au cœur de cette crise.
13:35Et quel est le propre d'une crise de régime?
13:37Eh bien, c'est qu'on ne cherche plus à sauver un système.
13:40Chacun cherche à se positionner en disant « Si je fais ce geste-là, je vais avoir des avantages.
13:44L'autre va être désavantagé. »
13:46Autrement dit, on ne veut plus jouer selon les règles.
13:48Oui, mais tout le monde coule en même temps.
13:50Exactement, tout le monde coule avec cette idée que du chaos peut naître une situation nouvelle
13:53où nous serons dominants.
13:55Évidemment, mais c'est ce que se disent les gens du NFP,
13:58et c'est ce que se disent les gens du RN aujourd'hui.
14:00Donc, c'est un double pari.
14:02Mais j'y reviendrai parce que ça me semble assez important, cette séquence.
14:04Donc, des gens qui se disent « Le jeu, en ce moment, le système est bloqué. »
14:07Et il y a une telle chose qui existe dans la vie, la formule peut sembler étrange,
14:11c'est le goût du sang.
14:12Le goût du sang, c'est une formule, ça peut sembler trop métaphorique,
14:14mais il y a des moments dans la vie où on n'a plus vraiment envie de faire des compromis.
14:18On n'a plus vraiment envie de chercher à réparer quelque chose
14:21qui, de toute façon, ne fonctionnera pas.
14:23On ne cherche plus à trouver une solution pour équilibrer les intérêts.
14:27Les contradictions, les tensions, les oppositions sont à ce point vives
14:31qu'on dit « Basta, on en a assez, il faut précipiter la crise,
14:36il faut aller au match, il faut aller à la bataille,
14:39il ne faut plus chercher la solution de compromis temporaires. »
14:42Et je dirais que c'est presque très psychologique.
14:45On est dans un moment non pas sociopolitique, mais psychopolitique.
14:48Les êtres humains, de temps en temps, sont happés par la tentation du chaos,
14:52la tentation du choc, la tentation d'aller jusqu'au bout,
14:55la tentation de l'extrême.
14:57Et ça, je crois que c'est à ce niveau que s'écrit en ce moment cette crise.
15:01Alors, parmi les tensions qu'on peut mentionner,
15:03qui arrivent chacune à leur point maximal,
15:05la tension entre une classe politique qui se dit la seule compétente.
15:09Tous les autres, c'est des incompétents, extrémistes, fanatiques qui puent des pieds.
15:12Et nous, nous sommes les seuls compétents légitimes.
15:14Ils ont conduit le pays à la crise.
15:17Non pas à la crise, à la faillite.
15:19Non seulement à la faillite, mais à la submersion migratoire.
15:21Non seulement à la submersion migratoire, mais à la perte totale de souveraineté.
15:24Donc les compétents sont plutôt incompétents, se disent certains.
15:27Dans le même état d'esprit, on est dans cette tension entre une république antipopulaire
15:31qui ne cesse d'exclure des segments de l'électorat du cordon sanitaire républicain
15:35et de l'autre côté, un peuple jugé antirépublicain.
15:38Cette tension ne pouvait un jour qu'exploser.
15:41Nous y sommes.
15:42La tension entre le consensus des élites,
15:44qui est un consensus opposé au consensus populaire
15:47sur des questions identitaires et régaliennes.
15:50Vous avez des élites qui globalement s'entendent
15:52pour ne pas faire ce que le peuple globalement désire.
15:55Inévitablement, un jour, ça explose.
15:57Tension, et là, j'y reviens, tension autour d'un budget.
16:00On se demandait autour de quoi la crise allait éclater un jour.
16:03L'immigration, on disait l'immigration.
16:05Marcel Gauchet disait ça avec raison.
16:07Je le disais, d'autres le disaient.
16:09Mais l'avantage, entre guillemets, d'un budget quand on pense à une crise,
16:11c'est que ça met une échéance formelle.
16:13L'immigration, ça se décompose depuis 40 ans et il n'y a pas d'amélioration.
16:17Un budget, on est obligé de voter.
16:19Et ça engage le gouvernement, ça engage l'Assemblée,
16:21ça engage les institutions.
16:23Donc le budget, dès lors, devient un moment de vérité.
16:25Et puisque, je crois, c'est une hypothèse,
16:27qu'une bonne partie de la France politique, mais aussi de la population,
16:30est dans l'attente d'un moment de vérité
16:32où on va en finir avec les faux semblants
16:34et le moment de vérité arrive avec tout ce qu'il y a de risque, de danger,
16:37et bien dès lors, le budget devient ce moment de vérité par plusieurs attendus
16:41et dans les circonstances qui a envie de défendre Emmanuel Macron.
16:45Qu'appelez-vous une période d'accélération historique?
16:47Est-ce que vous pourriez traduire cela en français?
16:50Pas en québécois.
16:52Non, mais je sais.
16:53J'aime cette formule, l'accélération historique, parce que nous y sommes.
16:56Alors, il y a la vie politique ordinaire.
16:58Vous gagnez les élections, je les gagne.
17:00Vous les regagnez, je les regagne.
17:02On s'échange de pouvoir.
17:03On est globalement d'accord sur à peu près tout.
17:05Mais vous avez vos amis, j'ai les miens, on a des petits désaccords
17:09et on appelle ça la démocratie tranquille et apaisée.
17:12Mais ça fonctionne comme ça pendant longtemps.
17:14On a eu une période de grâce ainsi pendant plusieurs décennies.
17:17Mais là, nous n'y sommes plus.
17:19Maintenant, il arrive un moment où la vie politique déborde des institutions
17:22où elle était contenue.
17:24Ça déborde.
17:25Ça déborde de partout.
17:26On ne sait plus quelle digue placer.
17:27On ne sait plus quel barrage faire.
17:28Ça explose.
17:29Ça déborde.
17:30On est complètement désorienté.
17:31Donc, de quelle manière est-ce que ça déborde?
17:32Version 1, c'est débordement gilets jaunes.
17:34Le peuple va dans la rue.
17:35Le peuple dit mes représentants ne me représentent plus.
17:37Je n'en peux plus.
17:38Et je me ferai entendre de toutes les manières possibles.
17:40On l'a connu il y a quelques années.
17:42Ils sont encore là.
17:43Ils peuvent toujours en être.
17:44L'Outre-mer, les agriculteurs, ce sont les gilets jaunes d'aujourd'hui.
17:47Je suis absolument d'accord.
17:48La possibilité de l'insurrection populaire demeure.
17:51Deuxième élément, c'est l'émergence de partis nouveaux.
17:54Des partis nouveaux, des courants qui sont exclus du jeu politique
17:57mais vers lesquels le peuple se tourne.
17:59Ça commence à être un problème.
18:00On peut penser ce qu'on veut du NFP, mais beaucoup de gens votent pour le NFP.
18:04On peut penser ce qu'on veut du RN, mais beaucoup de gens votent pour le RN.
18:07Au final, qu'est-ce qu'on voit là-dedans?
18:08De plus en plus de Français ne suivent plus les consignes données par leurs élites.
18:12Mais qu'est-ce qu'on voit là?
18:13De plus en plus de gens sont prêts à voter pour des forces qui sont dans une logique d'opposition radicale.
18:18Disons ça ainsi.
18:19Ensuite, les institutions deviennent impuissantes.
18:21Je pense que c'est un paradoxe français.
18:23Aucun pays ne croit autant à la politique, magnifie la politique, c'est splendide la politique.
18:29Aujourd'hui, la politique est en faillite.
18:31Cette faillite politique et cette faillite de la classe politique
18:34fait en sorte que beaucoup de gens n'y croient plus.
18:37Qu'est-ce qu'on voit à partir de là?
18:38Accélération historique.
18:40Les événements commencent à s'accumuler.
18:42Les événements commencent à s'accélérer.
18:44Et vous savez, ça arrive dans certains moments dans l'histoire,
18:461958, 1989 très certainement, d'autres moments dans d'autres pays.
18:50On sent que quelque chose va se passer.
18:52C'est très intuitif, ce genre de formule.
18:54Il va peut-être se passer quelque chose.
18:56Difficile d'être plus général.
18:58Et pourtant, ça dit quelque chose.
18:59Ça nous dit, on a le sentiment que ça ne tient pas,
19:02que quelque chose va briser, quelque chose va casser,
19:05et les règles du jeu pour une période de réaménagement, de recomposition vont changer.
19:10Je crois que nous sommes à ce moment.
19:12C'est ce que j'appelais le goût du chaos, le goût de détruire,
19:14le goût de tout changer, le goût de ne plus faire de compromis,
19:17le goût de dire basta.
19:18Je crois que ce moment, on le vit en ce moment.
19:21Je ne dis pas que c'est une bonne nouvelle, soit disant pas ça.
19:23Non plus qu'une mauvaise, je me contente de chercher à comprendre.
19:25Mais c'est aussi le goût de, on a tout essayé.
19:26On a tout essayé, exactement.
19:28On a tout essayé, voilà, on ne nous entend pas.
19:31Est-ce que ce n'était pas, pardon, j'avoue que vous nous avez foulé, pardon.
19:34Est-ce que c'était inévitable aussi ce moment-là?
19:37Eh bien voilà, je pense qu'on est dans ce moment où on peut se dire que c'était inévitable.
19:40Parce que d'un côté, j'ai dit, les éléments de crise étaient rassemblés.
19:43L'opposition se radicalisait, entre guillemets.
19:46L'opposition n'en pouvait plus.
19:48Mais le pouvoir lui-même se radicalise.
19:50Ne l'oublions pas, le régime lui-même considère que le peuple est dangereux.
19:54Du front républicain, c'est quand même génial.
19:56J'en parlais hier, je me permets de leur dire, c'est génial.
19:58En ce moment, qu'est-ce qu'on a à l'Assemblée?
20:00On a un gouvernement qui demande au RN de le soutenir,
20:04alors qu'il a expliqué il y a quelques mois que c'était contre ces gens-là
20:07qu'il était nécessaire de construire la majorité, le front républicain.
20:11Et c'est allié à des gens qui, aujourd'hui, veulent le faire tomber à tout prix.
20:14Le NFP.
20:15Mais il y a quelque chose de fou là-dedans, pour le dire poliment.
20:17Je pourrais utiliser d'autres termes.
20:18Avec qui c'était allié avant?
20:19Exactement. On se salue avec quelqu'un qui veut nous tuer.
20:21Et finalement, on se cherche à faire alliance avec celui qu'on traitait de fasciste.
20:24Essayez de comprendre.
20:25Et ensuite, vous dites, celui que vous a traité de fasciste, vous n'êtes pas responsable.
20:28Vous n'êtes pas respectable.
20:29On les a traités de nazis et on les accuse de manquer de sens et de responsabilité.
20:32C'est un peu étrange.
20:33Donc, le front républicain.
20:34Donc, le procès de Marine Le Pen.
20:36Il ne faut pas l'oublier.
20:37La tentative de décapiter politiquement et juridiquement l'opposition.
20:40La possibilité de l'article 16.
20:42Ça traîne dans le débat public, la possibilité de l'article 16.
20:45Donc, ne l'oublions pas.
20:46Donc, vous demandez, est-ce que la période d'instabilité était inévitable?
20:49J'en suis convaincu.
20:50J'ajouterais que, je crois, et là je vais prendre une tête de devin,
20:53mais je crois à la personnalité historique des peuples.
20:56Les Français demeurent tant que ce sont des Français.
20:58Si c'est d'autres personnes, on verra un jour.
21:00Mais les Français ont une psychologie collective.
21:03Les Anglais ont une psychologie collective.
21:05Les Italiens, les Allemands, hélas, les Américains.
21:08Les peuples ont une psychologie collective.
21:10Et la psychologie française n'est pas une psychologie politique réformiste, mais révolutionnaire.
21:15Que ce soit de la jacquerie ou de l'autre côté, à la révolution,
21:19en passant par la fascination pour le pouvoir absolu du roi,
21:21nous sommes dans une nation qui parle de politique avec des majuscules.
21:25Nous ne sommes pas dans une nation qui parle de la politique sous le sens de la gestion,
21:28mais du tragique, du choc.
21:30D'ailleurs, c'est pour ça que la France fascine autant politiquement à l'étranger.
21:32Les gauches sont fascinés par la France révolutionnaire.
21:35Les droites sont fascinés par la France des discours de grandeur.
21:38Mais qu'est-ce qu'on voit à travers tout ça?
21:40C'est une nation, je terminerai avec cette formule de Raymond Aron,
21:43Aron racontait, c'est une anecdote que j'aime bien raconter,
21:46Aron dit, et c'est en échange avec de Gaulle,
21:48et puis Aron dit, la France ne fait pas de révolution,
21:51mais fait de temps en temps, non, ne fait pas de réforme,
21:54mais fait de temps en temps une révolution.
21:56Et de Gaulle corrige en disant, non, la France ne fait pas de réforme,
21:59elle fait une révolution de temps en temps,
22:01et dans le cadre de cette révolution, elle en profite pour faire quelques réformes.
22:04Il n'est pas interdit de croire que nous en soyons rendus à ce moment
22:06dans une France si irréconciliable,
22:08on peut même se demander si le gaullisme tel qu'on l'a connu
22:10n'aurait été qu'une parenthèse.
22:13Merci pour votre regard.
22:15Il y a beaucoup de questions qu'on peut se poser ce soir.
22:18C'est quand même plutôt agaçant de voir,
22:20je ne sais pas ce que vous pensez,
22:22de voir qu'on cherche un coupable alors qu'on ne cherche pas à sauver la France.
22:25Pardon, mais moi ça m'interpelle,
22:27toute la séquence politique qu'on voit.
22:29Gabriel Cluzel, alors que le spectre de la censure se rapproche,
22:32certains accusent Michel Barnier
22:34alors qu'il savait le destin du gouvernement
22:36entre les mains de Marine Le Pen,
22:38de ne pas l'avoir assez soignée,
22:40voire de l'avoir méprisée.
22:42Et on va parler du mépris ce soir.
22:44Ce mépris réel ou supposé
22:46est-il l'élément déclencheur, selon vous,
22:48de cette probable censure à 99,999% ?
22:57La séquence pourrait porter le nom d'un film célèbre,
23:00un film de Jean-Luc Godard,
23:02qui s'appelle Le Mépris, avec Brigitte Bardot.
23:04Je reste dans le thème parce que Brigitte Bardot,
23:06vous savez, elle est très appréciée du cœur de l'électorat de Marine Le Pen,
23:09d'abord parce qu'elle est emblématique d'une certaine France,
23:11en plus parce que Brigitte Bardot a toujours assuré Marine,
23:14comme elle l'appelle, de son soutien, et encore en août dernier.
23:16Et puis parce que, jadis, à l'appel de Jean-Marie Le Pen,
23:19elle avait été voir des soldats blessés.
23:21Donc, vous voyez, on est vraiment dans le sujet.
23:23Mais il y a une différence avec Le Mépris de Brigitte Bardot,
23:25avec la séquence, c'est que dans le film Le Mépris,
23:28c'est Brigitte Bardot qui est toute nue.
23:30Là, c'est le gouvernement, vous voyez,
23:33qui est au bord de la falaise face à la menace de la censure.
23:38Voilà, je voulais vous le faire dire cela.
23:42Alors, pourquoi le mépris ?
23:43Il y a plusieurs façons, évidemment,
23:45plusieurs grilles d'analyse de cette volonté du RN
23:48de voter la motion de censure,
23:50mais je crois que cette notion du mépris
23:52est vraiment une donnée essentielle du sujet.
23:57Alors, vous savez, au gouvernement,
23:59et d'ailleurs c'est ce qu'on dit aujourd'hui pour justifier,
24:01on disait que l'ERN était traité,
24:03c'est le mot qu'ils utilisent, que j'ai lu dans la presse,
24:05comme un dossier.
24:06Il était traité, l'ERN.
24:07Mais pour utiliser la rhétorique des cours de récréation aujourd'hui,
24:11il était traité, mais il n'était pas calculé par le gouvernement,
24:14c'est-à-dire qu'il n'y avait aucune considération pour lui.
24:18Et ça, c'est un vrai sujet.
24:20Alors, Marine Le Pen a cru au départ
24:23que Michel Barnier la respecterait,
24:25elle et ses électeurs,
24:26mais en fait, Michel Barnier a eu à son endroit
24:28l'attitude du grand bourgeois bien élevé
24:32qui sourit et donne quelques piécettes à l'indigent dans la rue
24:35et qui se dit qu'il va se contenter de ça
24:37parce qu'il y en a certains qui ne lui serrent pas la main.
24:39Et c'est vrai.
24:40Mais en fait, ce n'était pas assez.
24:42Rappelons-nous, par exemple, des premiers mots d'Antoine Armand.
24:44L'arc républicain, je le discutais avec tout le monde,
24:46mais sauf Marine Le Pen.
24:48Oui, et Mme Barnier-Runacher qui a refusé de serrer la main.
24:50Entre autres.
24:51On marque une pause et puis on continue à parler de ce mépris.
24:53Le mépris du ERN, le mépris des 11 millions de Français
24:56qui ont voté pour cette droite nationale.
24:58On marque une pause et on revient avec vous.
25:03On retourne sur le plateau de Face à l'Info
25:06dans cette actualité au bord du chaos.
25:09Ça fait longtemps qu'on dit qu'on est au bord du chaos.
25:11Au bord du chaos.
25:13Enfin nous y sommes !
25:15Non, pas encore.
25:16Nous sommes au bord du beau gouffre.
25:17Faisons le pas vers l'avant.
25:18On agite le chiffon rouge.
25:19On est au bord du chaos.
25:20Restons zen.
25:22Analysons tout ça.
25:23J'ai vu la famille Lefebvre qui sont là.
25:25Ils regardent l'émission.
25:26Pendant la pub, ils vont venir nous faire un petit coucou,
25:28un petit bisou d'ici la fin de l'émission.
25:30Revenons avec vous, Gabrielle Cluzel,
25:33et analysons cette séquence politique
25:35à travers le prisme du mépris.
25:38Où en êtes-nous ?
25:40J'en étais à dire que Michel Barnier
25:43a sous-évalué la façon dont il fallait traiter
25:47le RN pour qu'il se sente respecté.
25:50Michel Barnier a oublié que son camp
25:54avait essuyé quelques revers électoraux,
25:56et je reste gentille et féminine,
25:58pendant que le RN, lui,
26:00avait engrangé quelques succès.
26:02Cette motion de censure vient le montrer.
26:05Je crois que son successeur,
26:07à 99,99%,
26:11devra s'en souvenir pour l'avenir
26:15s'il veut rester un peu plus longtemps.
26:17Ce mépris pour le RN,
26:19est-ce qu'il est propre à la France,
26:21ou est-ce le traitement réservé
26:23à tous les populistes du monde entier ?
26:25Tous les populistes sont méprisés.
26:27Je vous renvoie à l'excellent livre
26:29de Chantal Delson,
26:31qui date d'il y a quelques années,
26:33qui s'appelle « Les populismes, les demeurés de l'histoire ».
26:35C'est ainsi qu'on les voit.
26:37Elle parle du reste des pays de l'Est,
26:39Hongrie, Pologne,
26:41qui ont été souvent considérés
26:43comme populistes,
26:45comme l'Europe périphérique,
26:47par les élites que sont la France,
26:49l'Allemagne, etc.
26:51Elle dit qu'il y a un léger mépris.
26:53C'est vrai que, de façon générale,
26:55tous les populistes sont réputés
26:57un peu bas de plafond, vindicatifs.
26:59Les politiques populistes
27:01sont réputés démagogiques,
27:03brutaux,
27:05fermés, obscurantistes,
27:07tandis que
27:09l'élite mondialiste
27:11est ouverte,
27:13éclairée.
27:15Il y a vraiment une notion de mépris.
27:17Les populistes sont des ploucs
27:19enracinés autour de leur maison,
27:21leur village,
27:23leur pays,
27:25tandis que les mondialistes
27:27ont évidemment
27:29une vision universelle.
27:31En réalité, le populiste est diabolisé,
27:33on le voit, ça veut dire qu'il est méchant,
27:35mais il est aussi méprisé,
27:37parce qu'il est bête. Il est bête et méchant
27:39dans l'esprit de nos élites.
27:41C'est pas très agréable.
27:43Dans Populiste, j'avais du reste populace,
27:45populacier, populaire,
27:47des mots qui autrefois ne choquaient pas que la gauche,
27:49mais avec lesquels, aujourd'hui,
27:51elle est évidemment fâchée.
27:53Il faut voir qu'on trouve souvent
27:55dans cet électorat populiste
27:57le petit peuple,
27:59celui dont le philosophe Jean-Claude Bichat
28:01disait qu'il avait gardé
28:03la décence commune.
28:05En fait, c'est les valeurs des gens ordinaires
28:07qui pensent qu'une fille est une fille, un garçon
28:09est un garçon, que les délinquants doivent
28:11être en prison et condamnés,
28:13et que les innocents doivent être protégés.
28:15Vous voyez, toutes ces choses complètement dingues aujourd'hui.
28:17Eh bien, les populistes en sont
28:19convaincus.
28:21Et puis, pourquoi
28:23il y a souvent le
28:25petit peuple, encore une fois,
28:27sans que ce soit péjoratif, cette expression,
28:29dans ma bouche, avec les populistes ?
28:31Parce qu'ils n'ont rien à perdre.
28:33Un notable, quelqu'un qui fait des affaires,
28:35qui a des clients, qui est bien installé dans la vie,
28:37il a à perdre, il a à craindre une mort sociale
28:39s'il se rapproche
28:41de certains politiques
28:43diabolisés,
28:45s'il énonce certaines idées.
28:47Alors que ces gens-là n'ont rien à perdre.
28:49Donc, cela explique
28:51la symbiose entre
28:53les populistes et cette catégorie
28:55de population. Alors, on peut citer
28:57Georgia Melanie,
28:59et puis, bien sûr, Trump. Vous vous souvenez que
29:01Hillary Clinton avait parlé
29:03d'éplorables. Et Biden,
29:05lui, avait dit, quelques années plus tard,
29:07c'est-à-dire récemment, en parlant des fans
29:09de Trump, que c'était des ordures,
29:11en toute finesse.
29:13Et puis, bien sûr, c'est la même chose du côté
29:15de Marine Le Pen. On se moque de
29:17ces élus mal formés,
29:19voire on se moque, c'est arrivé il y a quelques années,
29:21de leur tête sur les affiches. Vous voyez,
29:23on rigole, ils sont comme-ci, comme-ça.
29:25Donc, c'est tout à fait
29:27la même configuration. On dit qu'ils ne sont pas
29:29très chics. C'est des gens
29:31qui ne sont pas
29:33CSP+, vous voyez, ils sont presque
29:35illettrés, à les entendre.
29:37Alors, on entend, Gabrielle Cluzel,
29:39depuis des années, que Marine Le Pen
29:41cherche un peu la
29:43dédiabolisation. Elle se bat pour la
29:45dédiabolisation, mais en réalité, elle se battait
29:47aussi pour la considération.
29:49On a l'impression qu'elle n'a ni l'un ni l'autre.
29:51Oui, alors, ça fait un moment que ça dure
29:53et je pense qu'il est important, encore une fois,
29:55de revenir à la généalogie
29:57et la vie politique de
29:59Marine Le Pen. Elle a vraiment connu ça aussi
30:01du temps de son père, même si
30:03on est séparés politiquement.
30:05Vous savez, Jean-Marie Le Pen disait qu'il avalait un bol de
30:07crapaud tous les matins en disant,
30:09en lisant tout ce qu'on pouvait écrire dans la presse
30:11sur lui. Elle doit sans doute avaler
30:13aussi un bol de grenouille.
30:15Et c'était quand même assez curieux, parce que
30:17là aussi, de le mépriser,
30:19le diaboliser, soit, peut-être, mais le mépriser.
30:21Parce que dire que c'est un illettré, c'était
30:23sans doute le plus lettré de sa
30:25génération politique avec Mitterrand.
30:27Je me souviens, une fois, sur France Info,
30:29on lui avait dit, il n'y a pas si longtemps,
30:31je crois que c'est France Info ou France Inter,
30:33une chaîne du service public, on lui avait dit
30:35« Que ferez-vous
30:37si votre fille
30:39est élue un jour ? » Et il avait dit, je dirais
30:41« Nunc dimittis ».
30:43Et je peux vous assurer que, vous savez, c'est la
30:45phrase du vieillard siméon
30:47qui dit « Maintenant, je peux partir. »
30:49Voilà, j'ai vu le Christ.
30:51Le journaliste avait à peu près la même tête
30:53que celui du canard enchaîné quand Philippe
30:55de Villiers parle de dormition, vous voyez ?
30:57C'est-à-dire qu'il ne comprenne absolument rien.
30:59Donc, c'est vrai que c'était quand même
31:01assez incroyable de les
31:03mépriser. Mais
31:05on voit que Marine Le Pen, comme Trump,
31:07comme Georgia Meloni, veut
31:09laver l'honneur de
31:11s'est réprouvé, de
31:13s'est méprisé. Après, la dédiabolisation,
31:15c'est la déméprisation.
31:17Moi aussi, je ne parle pas français.
31:19Pardonnez-moi.
31:21Voilà.
31:23Et c'est la vengeance
31:25de Marine Christo,
31:27on pourrait en dire.
31:29Et évidemment,
31:31c'est la leçon,
31:33la leçon, encore une fois, que
31:35devront tirer ceux qui
31:37suivront ce gouvernement, ceux qui suivront
31:39Michel Barnier et ses ministres. Il est probable
31:41que Marine Le Pen ne se laissera
31:43plus mépriser. Le seul paradoxe étant, évidemment,
31:45qu'elle va devoir, et ce sera
31:47ma conclusion, qu'elle va devoir voter
31:49une mention de
31:51censure passablement
31:53méprisante pour éviter
31:55d'être méprisée.
31:57Merci pour votre regard à force de
31:59mépriser. On a vu ce que ça a donné aux Etats-Unis.
32:01Il faut suivre tout ça. Alors, on va
32:03passer maintenant à une petite séquence plutôt
32:05d'émission, éventuelle d'Emmanuel Macron,
32:07avec votre chronique à la fin, avec votre chronique
32:09aussi, Charlotte. Et peut-être avec vous aussi,
32:11Marc, parce qu'on va parler de cette
32:13immaturité de nos politiques
32:15aujourd'hui. Est-ce qu'ils ne sont pas immatures ?
32:17Est-ce que ce n'est pas ça aussi le fil rouge
32:19de la séquence politique qu'on vit aujourd'hui ?
32:21Mais à la lumière aussi de ce qu'a dit Emmanuel Macron
32:23aujourd'hui. Je serai
32:25président jusqu'à la dernière seconde.
32:27Vous avez le texte, ou bien...
32:29Je ne fais pas
32:31croire que l'ERN vote une motion de censure
32:33du NFP, qui
32:35dans les motivations, insulte son
32:37programme et ses électeurs.
32:39Il parle de lui-même, là.
32:41C'est quand même extraordinaire. Ça serait un
32:43vote d'un cynisme insoutenable.
32:45Et ce n'est pas d'un cynisme insoutenable
32:47de rappeler
32:49à un minimum de connivence
32:51ceux que l'on a considérés
32:53et affichés comme étant des pestiférés.
32:55C'est quand même invraisemblable.
32:57Et là, ça épouse tout à fait vos propos,
32:59ma chère Christine. Et là, pardonnez-moi
33:01à Marc Menand, parce qu'il dit aussi
33:03travailler ensemble, travailler ensemble, comme s'il
33:05espère encore, alors que Marine
33:07Le Pen a bien dit qu'elle va censurer.
33:09Il dit fort de cela au moment où nous parlons.
33:11Je ne peux pas croire au vote d'une censure.
33:13Il ne peut pas y croire.
33:15Il dit à la fin, je serai président
33:17jusqu'à la dernière seconde. Alors ça, on parlera de ça.
33:19On parlera de ça avec vous. Non, mais c'est intéressant.
33:21Je fais confiance
33:23à la cohérence des gens. Je ne peux pas croire que
33:25l'ERN vote une motion de censure avec le NFP.
33:27Lui, apparemment, le décalage
33:29horaire, ça ne lui réussit pas, parce que
33:31sa pensée, elle n'est pas très très
33:33claire. On ne peut pas un jour
33:35dire, ces gens-là sont infréquentables.
33:37Quoi qu'il arrive, nous devons
33:39faire la coalition. C'est ce qui s'est
33:41passé durant les élections
33:43de la députation. Et puis,
33:45quatre mois après, cinq
33:47mois après, dire, mais comment ça ?
33:49Vous êtes des traîtres. Vous n'êtes pas avec
33:51nous, alors qu'en réalité, ce que
33:53vous dites correspond tout à fait à nos
33:55attentes. Enfin, vous vous rendez compte. Mais ça montre
33:57quoi ? Que d'un glissement,
33:59on est tombé dans l'effondrement.
34:01Et pourquoi on est tombé dans l'effondrement ?
34:03Parce que cette classe politique,
34:05c'est la classe de l'inculture.
34:07C'est qui, on, qui est tombé dans l'effondrement ?
34:09La classe politique.
34:11La classe politique, c'est la
34:13classe de l'inculture. Il suffit
34:15de les entendre. Déjà, ils ont trois mots de
34:17vocabulaire. Et puis après,
34:19la moindre allusion. Alors, on a eu
34:21ce que nous a rapporté Gabriel
34:23il y a quelques secondes. Aussitôt
34:25qu'un mot est
34:27un peu ancré dans l'histoire,
34:29vous avez des yeux qui s'écartent
34:31comme des catadiopres,
34:33et on voit le type complètement abruti
34:35qui est incapable de répondre. Combien de fois
34:37les députés et les filles
34:39étaient là ? C'est pas la question que vous m'avez
34:41posée. Pourquoi vous me posez cette question ?
34:43Ils sont totalement dépassés.
34:45Il faut du prémachouiller.
34:47Alors là, avec les slogans
34:49qui leur sont incultés par
34:51les officines
34:53de communication,
34:55ils se sentent à peu près à l'aise.
34:57Mais donc, on est dans un monde
34:59de bonimenteurs, dans un monde
35:01où il n'y a rien, on est dans le creux.
35:03On est incapable de faire
35:05en sorte que cette France
35:07qui est en décrépitude, tout le monde
35:09dans ses poches voit bien qu'il y en a moins qu'il y a
35:11quelques temps. Et quand on se tourne vers
35:13un gamin, aujourd'hui,
35:15vous avez soit un petit-fils, soit
35:17un enfant
35:19dans votre famille, et si vous l'appelez
35:21à regarder l'avenir, et que
35:23vous avez le visage rayonnant,
35:25il est quand même
35:27presque improbable de pouvoir
35:29lui dire, aie confiance, bats-toi
35:31et simplement, parce que
35:33tu te seras engagé,
35:35parce que tu auras été fouillé dans les livres,
35:37que tu te seras enrichi,
35:39que tu seras capable de
35:41posséder ta capacité à la réflexion,
35:43tu verras, la vie,
35:45elle est belle. Non, c'est le néant.
35:47Et là, ils se comportent comment ?
35:49Comme des gamins infantilisés,
35:51ils s'envoient les invectives,
35:53et il n'y a plus que ça.
35:55Mais Marc, vous qui avez souvent
35:57leur recul sur l'histoire, vous nous dites
35:59tout le temps, regardez à l'Assemblée, mais oui, mais ça a été
36:01pire avant, etc.
36:03Mais attendez, c'était
36:05avec un autre éclat.
36:07Il y a l'éclat où
36:09soudain jaillissent, je dirais,
36:11les expressions.
36:13Faisons un parallèle
36:15qui flattera beaucoup M. Mélenchon,
36:17il ne mérite sans doute pas cela.
36:19Mais quoi que ce soit, un homme relativement
36:21brillant, mais qui a une fausse culture.
36:23Mais il est comme Clémenceau.
36:25Clémenceau avait décidé de briser
36:27la Troisième République. Il était constamment
36:29en opposition,
36:31il faisait tomber
36:33les ministères. Mais alors, reprenons.
36:35Ce sont des perles.
36:37A chaque fois, vous vous en gargarisez.
36:39C'est-à-dire que c'est digne
36:41du théâtre. Et tous ces gens
36:43avaient en eux
36:45cet enrichissement
36:47gagné sur les bancs de l'école
36:49de l'art équipe publique qui les catapultait.
36:51C'était brillant.
36:53Aujourd'hui, on est dans le grognement.
36:55C'est-à-dire que ce n'est plus
36:57le verbe qui fleurit.
36:59On est dans un zoo.
37:01C'est la déconfiture totale
37:03des esprits. Alors on pourrait
37:05dire, mais qu'est-ce qu'il nous raconte ? C'est déplorable.
37:07Oui, c'est déplorable du côté politique
37:09parce que ne croyez pas que
37:11le peuple soit uniquement... Oui, il est dans la
37:13dépression. Oui, il y a la drogue. Oui, il y a
37:15l'alcool.
37:17Mais regardez ce qui s'est passé
37:19à Notre-Dame.
37:21C'est là qu'il faut voir une certaine France.
37:23C'est-à-dire que quand vous offrez
37:25au peuple la possibilité
37:27de se réaliser, que
37:29vous lui dites tout à chacun
37:31en s'engageant
37:33dans sa propre existence, s'il vise
37:35à être plus grand, s'il travaille
37:37pour quelque chose qui le dépasse,
37:39il connaît
37:41la jouissance du quotidien.
37:43La jouissance dans le sens jubilation.
37:45Vous allez vous découvrir
37:47et vous allez être fiers
37:49de vous. C'est ce que tous ces gens
37:51ont offert
37:53à la nation, à eux-mêmes,
37:55et aujourd'hui, ça donne quoi ?
37:57Eh bien, ça donne cet écrin
37:59qui est un écrin de lumière
38:01qui va jaillir à partir
38:03de samedi. Eh bien, tous les
38:05gamins qui sont aujourd'hui en
38:07banlieue, que l'on laisse complètement
38:09paumés, qui tombent soit dans
38:11les auxiliaires de drogue,
38:13soit se ramarent
38:15à une religion et deviennent des
38:17sectaristes, l'indigénisme, etc.
38:19Si vous leur dites demain,
38:21eh bien, regarde, viens avec moi.
38:23Il n'y a pas un gamin qui ne soit pas curieux.
38:25Il n'y a pas un gamin qui n'ait pas envie
38:27de puiser au fond de lui
38:29la nécessité de se révéler
38:31à lui-même. Moralité, nous avons
38:33la classe politique la plus médiocre de la
38:35Vème République. Voilà.
38:37Bien évidemment. On n'a jamais été
38:39à un tel étiage et même plus d'étiage,
38:41c'est dans le gouffre.
38:43Je vais vous proposer d'écouter à Bruno Rotailleau
38:45avant de parler de la démission éventuelle.
38:47Qu'est-ce que ça pourrait changer avec vous
38:49et qui pourrait succéder, ressemblerait-il
38:51à la France aussi ? Bruno Rotailleau
38:53qui taclait Marine Le Pen aujourd'hui
38:55à l'Assemblée Nationale, il répondait
38:57à Émilie Bonivard. Écoutez.
38:59Demain, certains,
39:01certains, d'une extrémité
39:03à l'autre, s'apprêtent
39:05à jouer le destin de la France
39:07et des Français à la roulette russe.
39:09Ni plus ni moins.
39:11Bien sûr que si une censure
39:13était votée, bien sûr que
39:15ça précipitera la France
39:17et les Français dans une situation
39:19intenable. Bien entendu
39:21que ce sont les Françaises
39:23et les Français les plus modestes,
39:25les plus fragiles
39:27qui seront d'abord touchés.
39:29Madame Le Pen, comment voulez-vous,
39:31comment pouvez-vous accepter
39:33de mêler vos voix,
39:35celles de votre groupe, à l'extrême-gauche,
39:37à cette extrême-gauche
39:39qui, il y a quelques jours, déposait
39:41un texte pour abroger
39:43le délit d'apologie
39:45du terroriste ?
39:47C'est lamentable.
39:49C'est l'inverse de la politique.
39:51La politique, ce sont les convictions.
39:53C'est pas la tambouille
39:55politicienne. Vive la France
39:57et nous, nous combattrons
39:59jusqu'au bout pour les Français
40:01avec le Premier ministre, Michel Barnier,
40:03qui a toujours montré beaucoup de respect
40:05et d'ouverture aux compromis.
40:07Mais Michel Barnier,
40:09pour l'instant,
40:11est en sursis. A suivre.
40:13La démission du chef de l'État,
40:15Charlotte Dornelas, n'est plus un tabou.
40:17Et certains en parlent ouvertement
40:19parce qu'il y a la motion
40:21de censure contre le gouvernement Barnier
40:23et si on a un autre Premier ministre,
40:25encore un autre Premier ministre,
40:27on peut se poser la question de la démission.
40:29Mais comment est-ce qu'on a pu en arriver là
40:31et est-ce qu'on peut souhaiter
40:33une telle situation pour la France, Charlotte ?
40:35L'argument principal,
40:37quand on évoque la question,
40:39les différentes personnes qui ont évoqué
40:41la démission d'Emmanuel Macron,
40:43c'est, en effet, vous le rappeliez à l'instant,
40:45l'instabilité qu'un changement
40:47de gouvernement ne résoudrait pas
40:49en raison de l'Assemblée nationale,
40:51telle qu'elle est sortie des urnes
40:53lors de la dernière...
40:55Sans majorité.
40:57Voilà, lors des dernières législatives.
40:59Donc, on se rend compte que la dissolution est coupable
41:01puisqu'on accuse la stabilité aujourd'hui,
41:03donc la dissolution est coupable.
41:05Et donc, qui a décidé de la dissolution ? Emmanuel Macron.
41:07C'est donc vers lui que les regards se tournent
41:09et c'est sa démission qui est réclamée
41:11par plusieurs, vous l'avez dit,
41:13jusque dans le camp, on va dire,
41:15présidentiel, en tout cas, idéologiquement.
41:17Avec un bémol, évidemment,
41:19c'est que cette décision lui appartient
41:21et à lui seul, parce qu'Emmanuel Macron
41:23a joué, on va dire,
41:25à la fois avec les mots, avec la situation
41:27et avec la situation politique,
41:29une chose qui est vraie, c'est qu'il a été élu,
41:31assez récemment,
41:33en plus, la deuxième fois,
41:35et que ni l'opinion de quelques-uns,
41:37ni l'opinion même populaire,
41:39ni les sondages qui s'additionneraient,
41:41n'y changerait absolument rien.
41:43Sa légitimité est tirée des urnes,
41:45d'une élection,
41:47et c'est bien au suffrage universel qu'il a été élu.
41:49Donc, lui seul peut décider, finalement,
41:51en raison des événements,
41:53s'il veut démissionner ou non, et cet après-midi,
41:55il parlait de politique fiction. Alors, méfions-nous,
41:57trois jours avant la dissolution, c'était aussi
41:59de la politique fiction, la dissolution,
42:01donc les événements peuvent le conduire à prendre
42:03des décisions qu'il n'envisageait pas lui-même
42:05quelques jours plus tôt.
42:07Mais pourtant, la légitimité d'Emmanuel Macron,
42:09si elle est évidente sur le plan
42:11électoral, sur le plan de l'organisation
42:13des élections, elle vacille
42:15politiquement. Et pour quelle raison ?
42:17Il y a un point commun, si on va
42:19derrière Emmanuel Macron, il y a un point commun
42:21entre sa réélection,
42:23dans une moindre mesure, sa première élection,
42:25et les élections législatives
42:27qui nous ont donné cette Assemblée nationale.
42:29Ce point commun, il s'appelle le front républicain.
42:31Et il dépasse de loin
42:33Emmanuel Macron. C'est un peu
42:35comme la question du niveau des...
42:37Je reprends, je fais un lien avec la
42:39chronique de Marc, la question du niveau
42:41notamment à l'issue de l'école
42:43de la génération d'aujourd'hui
42:45est très largement imputable à la génération du dessus
42:47qui était certes beaucoup plus cultivée,
42:49mais qui a fait ce qu'il fallait aussi pour massacrer l'école.
42:51Donc, vous voyez, les causes
42:53ne se cherchent pas forcément dans les six mois
42:55qui viennent de se passer, ni dans les conséquences.
42:57Pour identifier les causes, il faut remonter un peu plus
42:59loin. Et aux Européennes,
43:01si on refait l'histoire, aux Européennes, le vote populaire
43:03a désavoué la politique
43:05majoritaire. Plus largement
43:07que macroniste, majoritaire, puisque tout le monde
43:09était d'accord pour faire tout, sauf Jordan
43:11Bardella, qui a été placé en tête.
43:13Donc, la
43:15majorité, on va dire, des suffrages
43:17exprimés, avait choisi
43:19autre chose. Et au lieu d'en tenir
43:21compte, on a voulu
43:23l'avis des Français qui venaient
43:25donc de le donner. Vous avez donné votre avis,
43:27donc on va vous le demander.
43:29C'était déjà assez original sur le terrain
43:31national, en plus du terrain
43:33européen. Mais en prenant la peine
43:35entre les deux fois où on demandait l'avis,
43:37de rendre absolument infréquentable
43:39tout ce qui avait été plébiscité
43:41dans l'élection qui venait de se passer
43:43et qui avait conduit donc à la décision
43:45de la dissolution.
43:47Par tous les moyens possibles, on invisibilise
43:49le fond et on ne fait une campagne
43:51nouvelle qui doit invisibiliser le résultat
43:53précédent que sur des questions
43:55de forme et de barrage à des
43:57étiquettes politiques, à une étiquette
43:59politique en l'occurrence.
44:01C'est donc un barrage de forme et très largement
44:03un réflexe qui va puiser extrêmement
44:05loin, bien avant Emmanuel Macron,
44:07évidemment. Et les questions
44:09politiques qui ont été portées dans les urnes la première
44:11fois et qui ont été largement portées
44:13dans les urnes la deuxième fois, même si
44:15en effet le Front républicain a gagné
44:17sur le vote Rassemblement
44:19national, ces questions politiques, elles
44:21demeurent entières. On rappelle en permanence
44:23qu'il y a 11 millions d'électeurs, ça n'est pas rien,
44:2511 millions d'électeurs, évidemment,
44:27dans le pays. Mais qu'est-ce qui s'est passé
44:29et là, depuis de longues années ?
44:31Tous les sujets politiques
44:33d'inquiétude, on peut ne pas être d'accord,
44:35on peut essayer de convaincre différemment,
44:37tous les sujets politiques d'inquiétude
44:39ont été renvoyés à l'extrême droite
44:41et là confère toutes les chroniques
44:43de Mathieu depuis longtemps.
44:45Vous sentez un déficit
44:47d'autorité, vous devez être un peu d'extrême droite,
44:49vous êtes inquiet de l'immigration,
44:51vous êtes évidemment d'extrême droite,
44:53vous avez un besoin
44:55de sécurité, ça n'est qu'un sentiment,
44:57vous cédez aux sirènes de l'extrême droite,
44:59vous avez peur que la théorie du genre
45:01s'invite à l'école, vous avez cru
45:03les fake news de l'extrême droite,
45:05vous vous inquiétez de la disparition de vos
45:07services publics, attention à ne pas
45:09vous laisser attirer par le
45:11populisme justement. Vous avez constaté
45:13un appauvrissement ? Alors pas du tout,
45:15écoutez le calcul de gens qui sont sérieux,
45:17vous ne vous êtes pas appauvris, c'est une vue de l'esprit,
45:19vous avez le sentiment d'être en insécurité,
45:21vous avez également le sentiment de vous être appauvris,
45:23mais c'est beaucoup plus compliqué que ça.
45:25Vous vous inquiétez du wokeisme,
45:27attention à ne pas céder au fascisme.
45:29Mais quand toutes les inquiétudes
45:31populaires sont systématiquement renvoyées
45:33à l'extrême droite et que dans le même
45:35temps vous renvoyez une partie
45:37de l'échec qui est politique, soit
45:39vous le qualifiez d'extrême droite, le Rassemblement
45:41National et le Front National avant lui,
45:43soit partout ailleurs
45:45dans l'échec qui est politique, quiconque essaye
45:47de s'intéresser à ces questions, marche
45:49sur les terres du Front National, se
45:51rapproche du Rassemblement National et devrait
45:53donc évidemment en avoir honte.
45:55Et bien peu à peu, qu'est-ce qui s'est passé ?
45:57Et bien les gens se sont tournés vers
45:59ceux qui étaient accusés des mêmes mots que,
46:01que leurs inquiétudes. Quand vous mettez
46:03sur vos inquiétudes le même mot que
46:05l'étiquette politique, vous finissez par
46:07vous intéresser à ça.
46:09Et forcément, arrive le blocage
46:11entre un système politique de contournement
46:13permanent de sujets politiques
46:15et une volonté politique
46:17qui pourtant, elle, dessine de larges
46:19consensus. On a l'impression, et ça on l'a dit
46:21souvent, que la classe politique se bat
46:23absolument et qu'il est impossible de s'entendre sur
46:25rien. Non, la majorité
46:27populaire a dessiné des consensus.
46:29Pas tous, pas sur tous les
46:31sujets, probablement pas sur les
46:33sujets économiques d'ailleurs, mais il y a
46:35des sujets sur lesquels il y a un large consensus
46:37et ce sont précisément ceux qu'en général
46:39on renvoie à l'extrême droite.
46:41Donc à partir de là, une démission du
46:43président de la République, pardon, d'Emmanuel
46:45Macron, en ce qui nous concerne,
46:47peut être jugée souhaitable ou non
46:49par les uns ou par les autres, mais
46:51c'est en réalité un autre verrou qui nous a menés
46:53là. C'est pas la personnalité seule
46:55ou le personnage ou le
46:57Emmanuel Macron lui-même, c'est
46:59évidemment cette question du front républicain
47:01qui empêche
47:03tous les débats politiques. Quand j'entends Jean-Luc
47:05Mélenchon, pour ne citer que lui, qui dit
47:07il faut une démission du président parce qu'il nous
47:09faut une campagne électorale dans laquelle on aborde
47:11les vrais sujets, je vais lui dire mais
47:13aidez-nous, aidez-nous à aborder, vous
47:15et tous les autres,
47:17aidez-nous à aborder les vrais sujets sans
47:19s'exciter une fois sur les costumes d'un tel,
47:21une fois sur les origines du
47:23parti et les déclarations de je ne sais pas qui
47:25en 72, avec qui Marine
47:27Le Pen en l'occurrence a
47:29par ailleurs tranché politiquement
47:31et donc aidez-nous à porter de
47:33vrais sujets et à les considérer quand bien
47:35même vous n'êtes pas d'accord avec les réponses.
47:37Comme le Danemark.
47:39Mais que changerait
47:41Charlotte Dornelas concrètement une telle
47:43démission du président de la République
47:45si elle arrivait ? Si Emmanuel
47:47Macron décidait de démissionner
47:49en raison d'une
47:51censure répétée, on va dire,
47:53la conséquence évidente, en tout cas sans être
47:55Madame Irma, c'est que ça nous amènerait
47:57à une nouvelle élection présidentielle. Je vais m'arrêter
47:59là dans les devinettes mais là c'est à peu près
48:01sûr. Donc, pour éviter
48:03de tourner en rond à ceux qui imaginent
48:05ou qui plébiscitent la démission
48:07d'Emmanuel Macron, prenons ceux qui
48:09réclament ça au sérieux.
48:11Bien que, je le répète, Emmanuel Macron a expliqué
48:13que c'était de la politique fiction. Pour éviter
48:15de tourner en rond, mais ce sera vrai également
48:17si Emmanuel Macron va jusqu'au bout de son quinquennat,
48:19la question demeurera entière.
48:21Il faudrait accepter que les options
48:23politiques qui sont sur la table
48:25sont légitimement sur la table.
48:27S'il y a autant de gens qui votent pour eux
48:29et c'est vrai d'ailleurs du NFP,
48:31c'est vrai de l'alliance du NFP, parce qu'on dit en permanence
48:33c'est honteuse, c'est une alliance honteuse
48:35puisque les élus PS ont été élus grâce
48:37au NFP. Posons-nous la question de savoir
48:39pourquoi il y a autant d'électeurs qui se rapprochent
48:41de ces parties de gauche qui désormais
48:43s'entendent autour de
48:45la France insoumise. Et si l'on
48:47prend au sérieux les ressorts du vote
48:49Rassemblement National, puisque c'est le
48:51Rassemblement National qui est au cœur du jeu en ce moment,
48:53maintenant que tout le monde compte sur ses voix,
48:55on peut peut-être arrêter de faire
48:57semblant, c'est-à-dire que le NFP, alors ils nous mettent
48:59un petit paragraphe
49:01contre l'ERN, qui trompe
49:03personne, qui permet à la majorité
49:05d'accuser l'alliance, mais vous voyez
49:07comment on vit depuis six mois ? Donc on a eu
49:09au début le NFP
49:11qui accusait
49:13la majorité de faire alliance avec le Rassemblement
49:15National, puis sont arrivées
49:17les élections, et là l'ERN a dit bah pas du tout,
49:19c'est le NFP qui s'est lié avec Emmanuel Macron
49:21et ensuite à chaque fois que Michel Barnier a ouvert la bouche,
49:23on a essayé de savoir est-ce qu'il se rapproche
49:25plus du NFP ou plus du Rassemblement National
49:27et toute la vie politique disparaît
49:29derrière le rapprochement,
49:31c'est maintenant, on a eu la gauche olfactive,
49:33on a désormais la politique de rapprochement géographique,
49:35qui est le plus proche de qui,
49:37qui est plus infréquentable, ça dépend des moments,
49:39attention, ne vous faites pas avoir.
49:41Et puis si vous permettez,
49:43en prenant les Français en otage,
49:45et en prenant les Français
49:47pour des gens qui ne comprennent rien,
49:49c'est-à-dire qu'ils...
49:51Oui, ils ne comprennent rien,
49:53ils oublient complètement ce qui s'est passé
49:55il y a juste là, la séquence de l'été,
49:57les Français ont tout oublié.
49:59Non mais c'est vraiment...
50:01Est-ce que ce n'est pas prendre les Français pour des imbéciles ?
50:03Justement, c'est le risque de tous ceux qui appellent
50:05aujourd'hui ou qui voudraient imaginer
50:07une démission du Président de la République pour retourner aux urnes,
50:09si on retourne aux urnes dans les mêmes conditions,
50:11nous aurons les mêmes conséquences
50:13des conditions, c'est-à-dire si nous n'abordons pas
50:15les sujets politiques en essayant de trancher
50:17et en demandant aux Français de le faire,
50:19le souffle démocratique,
50:21puisque c'est celui que tout le monde cherche
50:23ces derniers temps, il se retrouve moins dans l'étiquette
50:25d'un parti contre un autre ou dans l'alliance
50:27d'un parti contre un autre, mais simplement
50:29dans une réponse aux aspirations
50:31identifiées des Français.
50:33Le peuple souverain, ce n'est pas juste une idée
50:35et ça se présenterait juste
50:37le jour des élections en sachant qui est arrivé devant
50:39en termes de voix.
50:41C'est évidemment quelles idées ressortent de là
50:43et quelles promesses sont attendues des hommes politiques,
50:45promesses qu'ils font
50:47pendant les campagnes électorales,
50:49qu'ils ont identifiées et ensuite il faudrait
50:51les appliquer. Donc si on peut voter,
50:53parce que là c'est pareil, il faut reprendre l'histoire,
50:55si on peut voter un texte avec les voix
50:57du RN, souvenez-vous
50:59au moment de la loi Immigration,
51:01c'était on va re-voter
51:03si jamais il est pris avec les voix du RN,
51:05donc les députés ne comptaient pas. Aujourd'hui
51:07on appelle à la responsabilité de ces mêmes députés
51:09RN qui voteraient différemment,
51:11mais cette fois-ci on a besoin de leur voix.
51:13Il s'est passé quoi entre les deux ? On a eu besoin d'eux.
51:15Donc finalement ils ne sont pas si infréquentables.
51:17Ça dépend du moment, mais plus personne
51:19ne peut s'y retrouver et à la fin le sujet politique
51:21a littéralement disparu.
51:23On peut s'entendre également sur des sujets
51:25hors des votes. Quand
51:27Gabriel Attal nous dit que c'est inimaginable
51:29de s'entendre sur quoi que ce soit, mais quand il a voulu
51:31interdire la baïa, le RN applaudissait,
51:33ils étaient évidemment d'accord. Quand il a voulu
51:35tester l'uniforme, le RN applaudissait,
51:37ils étaient évidemment d'accord. Quand
51:39il veut lutter contre les fraudes sociales et fiscales,
51:41ça rassemble assez largement
51:43dans l'échec et politique. Il y a bien des sujets sur lesquels
51:45ils sont d'accord. Mais même quand ils sont d'accord,
51:47il signifie qu'ils ne sont pas d'accord.
51:49Parce qu'ils ne sont pas d'accord exactement de la même raison,
51:51parce qu'il faut quand même prouver
51:53qu'on est en désaccord. Donc évidemment,
51:55sans doute de la même manière,
51:57d'ailleurs on peut s'entendre avec des députés LFI
51:59au moment où il faut braver
52:01le danger qu'on a identifié qui s'appelle le RN.
52:03Donc il y a des moments où on est d'accord et d'autres
52:05où on n'est pas d'accord. Ça s'appelle la vie politique.
52:07C'est possible peut-être de mettre un peu de nuance
52:09dans ce débat. Et
52:11s'il était possible d'avoir la même considération
52:13pour les inquiétudes de tous
52:15les électeurs, peut-être que ce sketch
52:17où les bloqueurs d'hier sont
52:19les mains tendues d'aujourd'hui
52:21pour bloquer les
52:23alliés d'hier, vous y retrouverez
52:25comme vous voulez, a brouillé
52:27depuis des années et des années,
52:29mais bien plus que depuis six mois, a brouillé
52:31toute lecture, évidemment politique,
52:33dans une confusion totale
52:35de tout ce que l'on a renvoyé par ailleurs,
52:37dont on a interdit
52:39les préoccupations politiques majeures.
52:41Et ça réglerait un autre problème.
52:43C'est que ça renforcerait
52:45enfin la légitimité politique
52:47cette fois-ci, de celui qui serait
52:49élu sur des engagements politiques
52:51clairs, beaucoup plus que contre
52:53un adversaire
52:55pour lequel
52:57on n'aura pris aucune considération de ses
52:59options politiques.
53:01Dernière question, Charlotte, je sens que vous êtes
53:03prête à parler pendant une heure.
53:05Vous êtes très motivée.
53:07Non mais c'est passionnant.
53:09Une dernière question, Charlotte, parce que
53:11autre question qui concerne directement
53:13notre avenir politique,
53:15si Emmanuel Macron démissionnait, en effet,
53:17est-ce qu'il aurait la possibilité
53:19de se représenter comme il n'a pas
53:21terminé, achevé son deuxième mandat ?
53:23Vous vous souvenez, il y a deux ans, on avait parlé
53:25d'une décision du Conseil d'État, et on avait posé
53:27la question, est-ce qu'Emmanuel Macron
53:29prépare par le biais du Conseil d'État
53:31sa possible troisième réélection ?
53:33La plupart des constitutionnalistes
53:35répondent non à cette question, mais il se trouve
53:37que l'ancien garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas,
53:39avait examiné
53:41une décision du Conseil d'État et avait
53:43dit, ça n'est pas impossible.
53:45Il explique, comme il n'aurait pas effectué
53:47deux mandats successifs complets,
53:49il pourrait être candidat. Il imagine
53:51la chose. Pourquoi ? En gros, je vais
53:53faire très simple, c'est une décision du Conseil d'État qui
53:55concerne la présidence de la Polynésie
53:57française. Il y avait le président
53:59de la Polynésie française qui avait été
54:01condamné par la justice,
54:03et donc quelqu'un l'a remplacé, quelqu'un a été élu.
54:05Simplement, il a été élu au bout d'un an, donc il a fait
54:07un premier mandat de quatre ans, puis un deuxième
54:09de cinq. Et le Conseil d'État
54:11a été sollicité pour savoir
54:13s'il pouvait se présenter à un troisième mandat.
54:15Et le Conseil d'État a dit oui, parce qu'il n'avait
54:17pas fait son mandat entièrement.
54:19Simplement, dans le texte de la Polynésie
54:21française, on dit, il ne peut pas exercer plus de
54:23deux mandats de cinq ans successifs.
54:25Quand notre constitution dit, le président
54:27de la République est élu pour cinq ans
54:29au suffrage universel, nul ne peut exercer
54:31plus de deux mandats consécutifs.
54:33Simplement, Jean-Jacques Hervois, c'est là où ça m'a intéressé.
54:35Donc les constitutionnalistes disent, le texte est quand même
54:37plus clair. Mais il a dit une chose,
54:39il a dit, il a rappelé la citation
54:41de Géraudoux,
54:43le droit est la plus belle école de l'imagination.
54:45Et je pense que dans cette phrase extrêmement
54:47juste, il y a aussi beaucoup de la colère
54:49populaire que le monde politique
54:51ne veut pas voir.
54:53On continue sur cette lancée
54:55avec vous, Mathieu Bocoté. On va faire un
54:57saut dans l'avenir. Imaginons un seul
54:59instant. Imaginons Emmanuel Macron
55:01poussé par les événements se
55:03retire, comme le souhaitent les oppositions.
55:05À quoi ressemblerait
55:07concrètement une présidentielle anticipée,
55:09là maintenant ? Alors, premier élément, ce sera une
55:11campagne éclair. Ne l'oublions pas, la campagne devrait
55:13se tenir très rapidement. Ce pourquoi,
55:15d'ailleurs, Manuel Bompard a demandé tout récemment
55:17à Bruno Retailleau de préciser les
55:19conditions d'une élection présidentielle
55:21anticipée. Donc il faut comprendre que ça se
55:23jouerait très rapidement.
55:25Pourquoi je prends la peine de le dire ? Parce que la
55:27plupart de ceux qui se préparent pour 2027,
55:29en ce moment, se préparent justement
55:31pour 2027. Ils croient avoir du temps devant eux,
55:33ils croient avoir le temps de mobiliser leur
55:35base, ils croient avoir le temps de faire croire à l'opinion
55:37qu'ils ne veulent pas y aller, mais poussés par les
55:39circonstances et tant de gens qui leur ont dit qu'ils les
55:41aiment, ils décident finalement de se sacrifier
55:43d'être candidats. On connaît le scénario
55:45par cœur. Et là, d'un coup,
55:47si Emmanuel Macron se retirait,
55:49ce serait, encore une fois, un accélérateur,
55:51pour reprendre mon mot du jour.
55:53Alors, qu'est-ce qu'on a devant nous dans ce scénario ?
55:55Qui sont ceux qui maîtrisent
55:57l'héritage, qui dominent leur camp en ce moment,
55:59et qui seraient absolument capables de
56:01se lancer dans la course, avec un point d'interrogation
56:03à chaque fois ? Marine Le Pen
56:05est assurément la chef du
56:07camp national aujourd'hui.
56:09Mais, si elle est frappée d'inéligibilité
56:11dans les prochains temps, alors que se passe-t-il ?
56:13Est-ce qu'elle a un héritier naturel
56:15pour reprendre sa couronne ? C'est pas
56:17évident du tout. Qui serait, donc,
56:19prenons le scénario, chef absolu, mais si
56:21elle tombe, aucun héritier clair,
56:23donc, guerre des chefs dans la droite nationale.
56:25Prenons ça au sérieux.
56:27De l'autre côté, Jean-Luc Mélenchon. Moi, je suis
56:29de ceux qui croient que c'est le chef de la gauche radicale
56:31aujourd'hui, mais que se passe-t-il si
56:33les socialistes décident de lui envoyer
56:35un scott, d'une manière ou de l'autre ?
56:37Donc, si Glucksmann
56:39ou si même François Hollande vont lui prendre
56:414, 5, 6 %, est-ce que
56:43ça fait tomber Mélenchon dans les circonstances ?
56:45Mais c'est le chef de son camp, mais il peut avoir
56:47justement un castor qui grignote, d'une certaine
56:49manière, sa jambe droite ou sa jambe gauche.
56:51Le bloc central.
56:53Alors, c'est plus compliqué, ici.
56:55Qui est le candidat naturel du bloc central
56:57aujourd'hui ? Puisqu'Emmanuel Macron ne veut pas se
56:59représenter, à son grand désespoir, je n'en doute pas,
57:01qui est le candidat naturel ?
57:03Gérald Darmanin ? À moins qu'il n'appartienne
57:05à la droite, mais c'est plus certain.
57:07Édouard Philippe ? Gabriel Attal ?
57:09Pour peu qu'il n'y en ait plus d'un qui se présente.
57:11Imaginons simplement que deux de ses ambitions
57:13se disent « c'est moi le chef ». L'autre dit
57:15« non, c'est moi le chef ». Deux à bras raccourcis qui
57:17décident de se lancer. Ils se tapent dessus.
57:19Le problème, c'est qu'inévitablement, ils sont
57:21recus. Ils ne peuvent gagner,
57:23s'ils le souhaitent, qu'à condition
57:25d'être seuls. Mais il n'y a pas de chef
57:27naturel en ce moment. Et à droite, maintenant,
57:29est-ce que la droite a son propre candidat ?
57:31On peut le supposer. La droite classique.
57:33Mais est-ce que c'est Laurent Wauquiez, l'éternel
57:35candidat à la présidence de la République, mais qui
57:37tarde quelquefois à se présenter ? Ou est-ce que
57:39c'est Bruno Retailleau, qui est un homme qui a gagné
57:41une légitimité nouvelle pour ses fonctions
57:43depuis quelques mois,
57:45quelques semaines, quelques mois ? Alors, qui serait le candidat ?
57:47Donc, vous voyez, c'est un paysage assez compliqué
57:49et c'est pour ça que je disais plus tôt, ce sont les plus
57:51résolus. Dans une situation de crise, ce ne sont pas
57:53les plus réfléchis, mais les plus résolus
57:55qui peuvent l'emporter. – Et vous parlez d'une
57:57recomposition de la vie politique. Est-ce qu'elle n'est pas
57:59engagée depuis bien longtemps ? – Oui, exactement.
58:01Au-delà des hommes, en fait, c'est la question des clivages.
58:03Quel est le clivage ?
58:05Le clivage gauche-droite, on nous annonce
58:07qu'il est... On nous annonçait mille fois qu'il était mort
58:09et chaque fois, il renaît sous un nouveau visage.
58:11Le clivage souverainiste ou européiste,
58:13il commence à être dépassé un peu
58:15ou à tout moment, il se réinvente,
58:17et donc, il n'épuise pas la vie politique.
58:19Le clivage conservateur-progressiste,
58:21on en a beaucoup parlé ces dernières années,
58:23mais il ne structure pas la vie politique aujourd'hui.
58:25Le clivage élite-peuple, un peu,
58:27mais pour que le peuple prenne le pouvoir, il a besoin
58:29d'une élite avec lui. C'est la leçon de Trump
58:312024. Donc, la question qui se pose
58:33aujourd'hui est plus simple. Est-ce que le pôle national,
58:35qui est le pôle diabolisé, le pôle majoritaire
58:37sociologiquement et idéologiquement,
58:39mais le pôle diabolisé et minoritaire
58:41politiquement, est-ce que ce pôle peut devenir
58:43le pôle central au terme d'une présente élection
58:45qui inverserait le pôle du positif
58:47et du négatif dans la vie politique française?
58:49Telle est la question, comme dirait l'autre.
58:51Telle est la question. Demain,
58:5319h en direct, nous aurons
58:55les résultats de cette
58:57motion de censure ici sur CNews.
58:59Marine Le Pen,
59:01édition spéciale jeudi.
59:03Venez avec moi, les petits chouchous.
59:05Jeudi, 19h.
59:07Oh, mon chouchou, je t'aime, toi!
59:09Et la famille Lefebvre qui nous a chantés au début
59:11vient vous dire au revoir. Merci. Prochain
59:13concert le 13 décembre à
59:15Versailles, la cathédrale Saint-Louis.
59:17Ça va, mon Raphaël?
59:19Raphaël, 12 ans, il est beau comme un dieu.
59:21Excellente suite de programme avec
59:23l'heure des pro 2, tout de suite. Et moi, je leur fais des bisous.
59:25T'es beau!
59:27C'est gentil.