Julien Pasquet et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité de la journée dans #SoirInfo
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00:00:00 De retour sur CNews, merci d'être avec nous. Vous êtes bien dans le Soir Info
00:00:04 été. Il est 21h, l'heure pour nous de faire un point sur les principales
00:00:09 informations de la journée et c'est avec Simon Guillin. Simon bonsoir.
00:00:12 Bonsoir chère Célia et bonsoir à tous. A la une ce soir, nouveau drame dans le
00:00:16 quartier de Pissevin à Nîmes. La nuit dernière, un jeune homme de 18 ans a été
00:00:20 tué dans une fusillade. Et cette fusillade intervient seulement quelques jours après
00:00:24 la mort d'un garçon de 10 ans qui, souvenez-vous, avait été tué par une
00:00:27 balle perdue. Et sur place, les habitants sont forcément terrorisés et vivent
00:00:31 désormais dans la peur. Les précisions de nos envoyés spéciaux sur place. Jean-Luc
00:00:34 Thomas et Sacha Robben. Depuis ce matin, c'est la stupeur ici dans le quartier de
00:00:40 Pissevin. Stupeur, le mot est faible. C'est même des habitants qui sont
00:00:45 totalement terrorisés, qui ont peur parce qu'ils n'ont jamais vécu ça. Même si les
00:00:51 trafics existent depuis des dizaines d'années,
00:00:54 eh bien là, on a passé un palier, comme ils disent. Et ils veulent être protégés.
00:01:00 C'est pour ça que l'ensemble des patrouilles des policiers, que ce soit
00:01:04 les policiers locaux ou la CRS 8, sont importantes. Mais évidemment, ça
00:01:11 ne suffit pas. La preuve, hier soir, les policiers de la CRS 8 sont partis à 2
00:01:16 heures du matin. À 3h42, il y a eu le meurtre de ce jeune homme de 18 ans.
00:01:23 Alors que faut-il faire ? Eh bien les habitants disent "pourquoi on nous
00:01:28 abandonne ? Pourquoi on nous abandonne ? Pourquoi depuis tant d'années, on n'a pas eu
00:01:33 de renfort de police ?" Il y a quelques années, on devait construire un
00:01:39 commissariat, à la fois commissariat de police et également pour la police
00:01:43 municipale. Eh bien, il n'y a rien. Et puis évidemment, il y a tout le côté social,
00:01:48 tout le côté urbanisme. Il n'y a plus de commerce dans ce quartier, si ce n'est
00:01:53 une pharmacie. Et là aussi, les habitants se sentent totalement abandonnés. Ce qui
00:02:00 est sûr, c'est que les renforts de police vont faire beaucoup de bien, dans le
00:02:04 quartier du moins, si ces renforts patrouillent de façon permanente.
00:02:11 Et pour renforcer la sécurité dans le quartier, le ministre de l'Intérieur a
00:02:14 annoncé l'envoi sur place du RAID, en plus d'une unité de la CRS 8 qui a déjà
00:02:19 été déployée sur place. Gérald Darmanin est attendu à Nîmes
00:02:22 demain matin. On va l'écouter, le ministre de l'Intérieur.
00:02:24 Il est évident que c'est un quartier difficile, pour lequel la police doit être
00:02:29 présente nuit et jour. J'ai constaté, comme vous, que ce n'était pas totalement
00:02:33 le cas. Et donc, ma commande est extrêmement claire. Non seulement la
00:02:37 police sera présente nuit et jour, partout, sur les trois lieux qui seraient
00:02:42 des lieux de deal pour cette population, que les renforts de police, en plus de
00:02:46 ceux qui sont déjà là, c'est-à-dire deux unités de CRS, plus 15 officiers de
00:02:51 police judiciaire, plus le RAID, montreront que l'ordre est retourné à la République.
00:02:56 Un homme et sa famille ont été expulsés de leur logement social du Val d'Oise.
00:03:02 L'homme avait été condamné à 12 mois de prison pour avoir participé aux émeutes
00:03:05 qui ont suivi la mort du jeune Naël. Oui, ça s'est passé hier, après une
00:03:09 décision prise par la préfecture du département. Cet homme avait été jugé en
00:03:13 comparution immédiate le 4 juillet dernier pour un pillage collectif de
00:03:16 commerce. Dounia Tangour, Marine Sabourin, avec Léomar Cheguet.
00:03:20 Ce jeune et sa famille quittent définitivement leur logement social de
00:03:24 Deuil-à-Barre, mercredi après-midi, le tout sous le regard d'agents des
00:03:28 polices nationales et municipales. Le 4 juillet dernier, cet individu a été
00:03:32 condamné à 12 mois d'emprisonnement pour avoir payé plusieurs commerces de cette
00:03:36 ville du Val d'Oise lors des émeutes liées à la mort de Naël. Ce magasin
00:03:40 alimentaire avait été attaqué dans la nuit du 29 au 30 juin, tout comme la
00:03:44 boutique d'un opticien où plusieurs centaines de paires avaient été volées.
00:03:48 Tous ont été jugés en comparution immédiate au tribunal correctionnel de
00:03:52 Pontoise, selon nos confrères du Parisien. Cette décision est jugée
00:03:55 satisfaisante par les habitants. "Ce monsieur, il a fait une grosse bêtise, il
00:03:59 doit quand même payer parce que le pauvre opticien, lui, il y est pour rien
00:04:03 et puis il subit et puis il va avoir des problèmes donc pourquoi pas lui après
00:04:06 tout. Il n'a pas à faire ça, c'est tout." "Celui qui casse doit payer.
00:04:11 Moi je trouve que c'est tout à fait normal que ce gars-là soit expulsé et
00:04:16 compagnie. Pour moi, il n'y a pas d'autre alternative."
00:04:21 Depuis 2018, un partenariat a été instauré entre la préfecture du Val d'Oise et
00:04:26 les bailleurs sociaux du département pour faire face aux incivilités dans les
00:04:30 quartiers. Les atteintes à la laïcité sont en constante augmentation depuis
00:04:35 l'assassinat de Samuel Paty en octobre 2020, selon une note du ministère de
00:04:40 l'éducation nationale que nous nous sommes procurés. "Et sur la seule année
00:04:43 scolaire 2022-2023, 4710 signalements pour atteinte à la laïcité à l'école
00:04:49 ont été recensés en France. On voit tout ça avec ce sujet signé Mathieu Deveze."
00:04:54 C'est l'une des priorités du nouveau ministre de l'éducation Gabriel Attal.
00:04:58 Lutter contre les atteintes à la laïcité à l'école.
00:05:02 Selon une note du ministère de l'éducation, elle ne cesse d'augmenter.
00:05:05 Sur l'année scolaire écoulée, 4710 signalements ont été recensés, soit une
00:05:10 hausse de 150% en un an. "La fermeté de la réponse de l'école est mise à
00:05:16 l'épreuve par ces nouveaux phénomènes, face aux coups de boutoir, face aux
00:05:19 attaques, face aux tentatives de déstabilisation.
00:05:21 Nous devons faire bloc et nous allons faire bloc. Ces derniers mois, nous le
00:05:26 savons, les tenues religieuses comme les abayas ont fait leur apparition dans
00:05:30 certains établissements, parfois ça fait même plusieurs années que c'est le cas."
00:05:33 Ce vêtement couvre l'ensemble du corps à l'exception du visage et des mains et
00:05:38 il serait de plus en plus présent à l'école. Selon le ministère de
00:05:41 l'éducation, 91 signalements ont été recensés sur trois mois en 2021 et pas
00:05:47 moins de 923 signalements relevés sur quatre mois cette année. 150 établissements
00:05:52 seraient touchés par ces atteintes à la laïcité. De leur côté, les enseignants
00:05:57 dénoncent un manque de clarté du gouvernement. "Nous ce que l'on veut, c'est
00:06:01 qu'il y ait une directive claire et écrite du ministère de l'éducation
00:06:05 nationale, nous disant une fois pour toutes, ce
00:06:08 vêtement là, c'est un vêtement religieux, il ne faut pas l'accepter ou ce n'est pas
00:06:13 un vêtement religieux et du coup il faut l'accepter." En juillet dernier, le tout
00:06:16 nouveau ministre de l'éducation, Gabriel Attal, a déclaré que les abayas étaient
00:06:20 des vêtements religieux et devaient être traités comme tels.
00:06:24 Et en parlant d'école, Bruno Le Maire lui a fait sa rentrée mais Alex en haute
00:06:29 sa voix. Oui devant les acteurs économiques, le ministre de l'économie a
00:06:33 notamment évoqué le projet de loi de finances 2024. Il assure que le
00:06:37 gouvernement va continuer de baisser les impôts. Eric de Rietmaaten a suivi ce
00:06:41 déplacement pour AC News. "Les allègements fiscaux sont confirmés, Bruno
00:06:45 Le Maire l'a dit, 2 milliards d'euros en moins pour les particuliers sur l'impôt
00:06:49 sur le revenu mais ce sera étalé dans le temps. Pour les entreprises, c'est cette
00:06:52 fameuse cotisation sur la valeur ajoutée, elle disparaîtra mais d'ici à
00:06:56 2027 donc ça ne sera pas forcément plaisir au Medef. Où trouver l'argent ?
00:07:00 Eh bien cela va concerner les taxes, des taxes notamment sur les aéroports, sur
00:07:04 les billets d'avion, tout ce qui n'est pas environnemental. Il y a aussi les
00:07:07 médicaments, il y aura un reste à charge qui va
00:07:10 augmenter. Maintenant l'état est plutôt content puisque les recettes fiscales
00:07:14 sont bonnes depuis plusieurs années maintenant. Les rentrées d'argent avec
00:07:18 l'IR, l'impôt sur le revenu, sont passées de 70 à 140 milliards ce qui est
00:07:22 exceptionnel a dit Bruno Le Maire. Pareil pour l'impôt sur les sociétés
00:07:25 parce que comme l'impôt a baissé pour les entreprises, il y a plus d'entrepreneurs
00:07:28 et on a pratiquement, non pas doublé mais passé de 50 à 70 milliards les recettes
00:07:33 fiscales liées aux entreprises. En revanche ce qui ne va pas ce sont les
00:07:36 amendes. Bruno Le Maire estime qu'on recouvre très mal les recettes liées aux
00:07:41 amendes, aux PV comme on dit et ça ça doit changer. Un tiers seulement des PV
00:07:45 sont payés, ça n'est pas normal. Au niveau de la croissance, confirmation que
00:07:50 cette année nous serons à 1% en France ce qui est vraiment exceptionnel pour un
00:07:54 pays qui est dans une Europe qui a de grandes difficultés et dont l'Allemagne
00:07:58 entre en crise. Au lendemain de la mort de Prigojine dans un crash d'avion en
00:08:04 Russie, l'Ukraine assure ne pas être impliquée sous-entend une responsabilité
00:08:07 du Kremlin. Ce qui est sûr c'est que nous n'avons rien à voir avec cette
00:08:11 situation. Je pense que tout le monde comprend qui est concerné. A déclarer le
00:08:15 président Zelensky en conférence de presse aujourd'hui. Et de son côté
00:08:19 Vladimir Poutine a lui présenté ses condoléances aux proches d'Evgeny
00:08:23 Prigojine. Le président russe parle d'un homme talentueux qui a commis de graves
00:08:27 erreurs dans sa vie. Le chef du Kremlin s'est exprimé d'ailleurs cet après-midi
00:08:31 à la télévision russe. En ce qui concerne la tragédie aérienne je tiens tout
00:08:38 d'abord à exprimer mes plus sincères condoléances aux familles de toutes les
00:08:42 victimes. C'est toujours une tragédie.
00:08:45 Les premières données indiquent qu'il y avait des employés du groupe Wagner.
00:08:55 Je voudrais noter que ces personnes ont apporté une contribution significative à
00:09:05 notre cause commune de lutte contre le régime néo-nazi en Ukraine.
00:09:11 Nous nous en souvenons, nous le savons et nous ne l'oublierons pas.
00:09:17 La vigilance rouge canicule pour les 17 départements concernés sera levée
00:09:21 demain à 6 heures. Les températures vont enfin baisser demain mais elles resteront
00:09:25 tout de même très élevées près de la Méditerranée et dans la vallée du Rhône.
00:09:30 ...enregistré à Marmande, à Montauban ou encore à Lyon où le thermomètre a
00:09:39 dépassé cet après-midi les 41 degrés.
00:09:43 Merci beaucoup Simon Guillain pour ce point sur l'information. Prochain point
00:09:49 d'actualité à 22h. Absolument je serai là comme tous les soirs depuis le début
00:09:53 de l'été à 22h. Merci beaucoup on marque une courte pause et Soir Info
00:09:57 été revient rester sur CNews.
00:10:01 De retour sur CNews vous êtes bien dans Soir Info été, 21h passée de 13 minutes.
00:10:08 Le moment pour moi d'accueillir mon invité et c'est en visioconférence.
00:10:12 Philippe Rattiné, bonsoir. Vous êtes président syndical national des écoles.
00:10:18 Merci d'être avec nous. Avant de revenir sur les déclarations du président de la
00:10:23 République notamment sur l'école dans son interview avec nos confrères du
00:10:27 Point, je vous propose de regarder ce sujet réalisé par Marine Sabourin,
00:10:32 Mathieu Devese et Charles Bagé. Un sujet qui revient sur les déclarations
00:10:36 d'Emmanuel Macron sur l'école. Changer l'école en profondeur est l'une des
00:10:41 priorités d'Emmanuel Macron pour cette rentrée. Le président a dévoilé quelques
00:10:45 pistes pour selon ses mots sortir des hypocrisies françaises sur le sujet.
00:10:49 A commencer par le raccourcissement des vacances scolaires qu'il juge trop longues.
00:10:52 Par ailleurs pour les élèves en difficulté, le chef de l'état envisage
00:10:55 notamment une rentrée au mois d'août. Les élèves qu'on aura évalué et qui en
00:10:59 ont besoin, il faut qu'on puisse les faire rentrer dès le 20 août pour leur
00:11:02 permettre de faire du rattrapage. Sur le papier, l'idée séduit. Oui elles sont un
00:11:07 petit peu trop longues mais après il faudrait changer tout, enfin faudrait
00:11:11 réformer totalement l'enseignement. Ça peut être une bonne chose mais on a
00:11:14 déjà du mal à remplacer les profs, je sais pas comment ils trouveront en fait
00:11:17 les professeurs pour le 20 août, au 1er septembre. Pour les élèves en
00:11:20 difficulté ça peut être bien, pour ceux qui ont leurs parents qui s'occupent pas
00:11:23 trop d'eux, pareil ça peut être bien. Emmanuel Macron souhaite également
00:11:26 reculer la date des épreuves du baccalauréat qui arrive relativement
00:11:29 tôt dans l'année. Autre point, la refonte des programmes d'histoire et
00:11:33 d'instruction civique. L'histoire doit être enseignée
00:11:36 chronologiquement et l'instruction civique devenir une matière essentielle.
00:11:40 Chaque semaine un grand texte fondamental sur nos valeurs sera lu dans chaque
00:11:44 classe puis débattu. Emmanuel Macron a martelé sa volonté de rebâtir la nation
00:11:49 en mettant l'accent sur l'école et a annoncé une grande réunion la semaine
00:11:52 prochaine avec toutes les forces politiques en quête d'accords utiles
00:11:55 pour la France. Alors Philippe Rattiné, certains reprochent souvent au président
00:12:00 de la République d'oublier les professeurs, d'oublier l'école et pourtant
00:12:03 dans cette interview il consacre pas mal de partis à l'école.
00:12:09 Alors c'est vrai que le président s'empare du sujet de l'école, c'est
00:12:16 quelque chose qui est intéressant mais ce qui serait encore plus
00:12:19 intéressant ce serait que son ministre soit celui qui mène l'action et qui
00:12:25 suive les directives du président pour pouvoir, en travaillant avec les
00:12:29 syndicats, essayer de construire quelque chose en fonction des désidératas
00:12:32 présidentielles éventuellement mais voilà l'interlocuteur principal reste
00:12:37 normalement et légitime le ministre de l'éducation nationale.
00:12:40 Ceci étant, ce qui est envisagé au niveau des grandes vacances, c'est une
00:12:47 question qui n'est pas neuve mais qui se pose un petit peu différemment
00:12:53 selon la manière dont on envisage les choses.
00:12:55 Si vous vous occupez essentiellement du temps de vacances, il y avait une
00:13:02 première question qui était celle du mois de juin qui était perdue pour un
00:13:05 certain nombre d'élèves, ce n'est pas du tout le cas dans le premier degré où les
00:13:08 élèves vont en classe jusqu'au début du mois de juillet, voire un début
00:13:13 de mois très avancé. Pour eux la question ce n'est pas de se dire est-ce
00:13:17 que le temps de travail doit être augmenté mais comment pouvoir
00:13:21 travailler correctement et effectivement dans des classes surchauffées en juin et
00:13:25 en juillet. Et puis il y a aussi quand même le
00:13:27 dispositif des stages de réussite qui existe aujourd'hui, qui est basé sur un
00:13:31 volontariat de la part des élèves et des enseignants et plus qu'imposer un
00:13:37 dispositif en direction des élèves et a fortiori à ce moment-là en direction
00:13:43 des enseignants, il serait peut-être intéressant de rendre plus désirables
00:13:47 ces stages de réussite pour qu'on ait des élèves et des enseignants qui
00:13:52 s'y retrouvent et que chacun puisse en tirer le plus grand profit.
00:13:55 Il est aujourd'hui évident que la question du premier degré est posée et
00:14:02 commence à être traitée, il y a eu les classes dédoublées par
00:14:05 exemple mais la question du traitement des enseignants du premier
00:14:13 degré elle reste tout à fait pleine et entière puisque tout ce qui
00:14:17 concerne le pacte sera plus essentiellement accessible et plus
00:14:22 facilement accessible aux collègues du second degré qu'à ceux du premier, ne
00:14:25 serait-ce que parce que dans le premier degré on effectue beaucoup plus d'heures
00:14:28 face élève que dans le second.
00:14:29 Alors vous parliez du ministre de l'Éducation
00:14:32 nationale, Gabriel Attay, on l'a quand même vu dès sa prise de fonction sur le
00:14:37 terrain, prendre notamment le combat du harcèlement scolaire à bras le corps,
00:14:41 est-ce que la priorité d'Emmanuel Macron dans cette interview aurait dû se
00:14:46 pencher vers d'autres chantiers pour l'école plutôt que de penser et repenser
00:14:51 le rythme scolaire notamment les vacances scolaires ?
00:14:54 Est-ce qu'il n'y a pas d'autres priorités pour l'école ?
00:14:58 Après les priorités peuvent s'envisager sous deux angles, l'angle des
00:15:04 élèves et l'angle des enseignants. Le sujet qui est aujourd'hui le plus
00:15:10 préoccupant pour les collègues en tout cas en ce qui concerne le premier degré
00:15:14 c'est le problème de l'école inclusive, c'est-à-dire qu'au jour d'aujourd'hui on
00:15:21 a un objectif qui est d'inclure le plus en plus et le plus grand nombre
00:15:24 possible d'élèves porteurs de handicap à l'école, ce qui est un très très bel
00:15:29 objectif. Le souci c'est qu'aujourd'hui on ne dispose pas et on ne met pas encore
00:15:34 en place suffisamment de choses pour que cet accueil puisse se faire partout dans
00:15:37 de bonnes conditions et lorsque toutes les conditions ne sont pas réussies pour
00:15:41 qu'on ait une école inclusive qui fonctionne bien, tout le monde en souffre,
00:15:44 que ce soit l'élève qui est censé être inclus, les enseignants qui travaillent
00:15:48 avec, les AESH qui l'encadrent et puis les autres élèves qui ont
00:15:52 effectivement éventuellement à pâtir d'un certain nombre de
00:15:55 manques et c'est vrai qu'au quotidien c'est aujourd'hui le grand sujet qui
00:16:00 agite les écoles.
00:16:02 Quelle a été la réaction des professeurs dans leur ensemble
00:16:06 après ces annonces notamment sur aussi le fait de remettre les cours
00:16:11 d'histoire, la matière histoire au coeur du programme scolaire et notamment sur
00:16:16 l'éducation civique ?
00:16:19 En fait la question de l'histoire et de l'apprentissage de l'histoire, là c'est
00:16:25 une question purement pédagogique qui est posée et la préconisation
00:16:30 du président est effectivement une manière d'aborder
00:16:34 l'histoire. Ces choix sur le travail de l'histoire
00:16:40 sont faits en équipe en ce qui concerne le premier degré. Après tout ce qui
00:16:45 concerne effectivement le vivre ensemble, l'éducation civique, c'est un
00:16:50 travail qui est fait au quotidien, qui peut éventuellement passer en
00:16:54 s'appuyant pourquoi pas sur quelques grands textes mais ça ne peut
00:16:59 certainement pas se limiter à ça et ce n'est pas en étudiant un texte par
00:17:04 semaine qu'on arrivera à faire vivre des personnes ensemble.
00:17:08 Ça nécessite un travail du quotidien, ça nécessite des projets, ça
00:17:12 nécessite une envie et tout ça doit être mis en place.
00:17:17 Il n'y a pas de baguette magique pour que l'on puisse vivre bien dans les écoles.
00:17:21 Dans une classe ça n'existe pas.
00:17:23 Avant de penser à une autre forme d'apprentissage de l'histoire et de
00:17:28 l'éducation civique, est-ce qu'il ne faudrait pas quand même déjà être sûr
00:17:31 que les fondamentaux sont maîtrisés par les élèves notamment lors
00:17:36 de leur apprentissage en primaire et aussi avant d'arriver au collège, avant
00:17:41 d'étudier des textes, de penser à d'autres formes d'apprentissage.
00:17:46 Il y avait aussi cette question de ne plus être assis devant une table,
00:17:50 d'adopter une position, une posture de liberté devant sa copie.
00:17:57 Est-ce qu'il ne faudrait pas aussi remettre l'accent sur l'apprentissage du
00:18:01 français et des mathématiques avant d'engager des scolarités au collège pour
00:18:06 justement éviter que les enfants n'aient plus de vacances scolaires et des
00:18:11 vacances raccourcies et qu'il y ait de plus en plus d'élèves aussi dans
00:18:15 ces stages de soutien scolaire ?
00:18:19 Le travail sur les fondamentaux, ça c'est quelque chose auquel nous sommes
00:18:23 beaucoup beaucoup attachés au niveau du SNE et c'est vrai que les
00:18:30 enseignants du premier degré sont des spécialistes de cet apprentissage là.
00:18:35 Il y a un fait qui est absolument indéniable, c'est que les programmes ont
00:18:39 véritablement enflé et qu'au jour d'aujourd'hui, dès que la société se
00:18:44 trouve face à un problème, très très souvent on va dire que la solution est
00:18:48 reportée au niveau de l'école en disant voilà on va instaurer quelque chose au
00:18:52 niveau de l'école et tout va bien fonctionner.
00:18:54 Mais l'école ne peut pas répondre à tout, l'école ne peut pas éduquer et
00:18:59 instruire tout le monde. C'est un objectif mais elle ne peut pas tout faire et
00:19:07 répondre à tout.
00:19:08 Et pourtant c'est quand même le premier pilier d'une société l'école.
00:19:11 En mettant les moyens dans une école on peut aussi éviter les dérives et
00:19:17 parfois aussi la délinquance.
00:19:19 On est tout à fait d'accord et c'est vrai que ce travail au niveau des
00:19:24 fondamentaux, vous avez parlé de mathématiques et de français, il est
00:19:27 absolument impératif et on voit que dans l'éducation prioritaire,
00:19:32 le fait que les classes aient été dédoublées, on a une amélioration des
00:19:36 résultats des élèves qui sont passés par ces dispositifs.
00:19:39 Ça c'est un fait. Et puis vivre dans de meilleures conditions à l'école avec
00:19:46 des classes un peu moins nombreuses, dans des environnements moins surchauffés,
00:19:49 avec un peu plus d'espace vert, avec un peu plus de possibilités de faire du
00:19:54 sport et de faire un petit peu autre chose aussi que simplement
00:19:56 mathématiques et français. Ce sont des avantages qui permettent de vivre
00:20:02 ensemble. Le fait d'avoir un peu plus éventuellement de liberté pour mener
00:20:05 des projets avec ses élèves sans être impérativement bloqué par un
00:20:12 formalisme qui est quand même plus pesant.
00:20:14 Ça a déjà été essayé avec les activités périscolaires.
00:20:16 Il y avait eu ces rythmes à 15h20, plus d'école, chaque école avait des
00:20:23 emplois du temps aménagés. On essayait de s'aligner un petit peu sur les pays
00:20:26 anglo-saxons et pourtant ça a été un échec en France.
00:20:30 Ça a été tout à fait un échec puisque aujourd'hui le rythme scolaire
00:20:36 légal est de quatre jours et demi alors qu'on a plus de 90% des écoles
00:20:41 qui ont choisi un régime dérogatoire. On s'est bien rendu compte
00:20:46 que tant pour les enseignants que pour les élèves, le rythme de quatre
00:20:50 jours était tout à fait intéressant. Quand je vous parlais de projets,
00:20:54 possibilité de faire d'autres choses, c'est la possibilité de sortir avec ses
00:20:58 élèves pour faire d'autres choses en dehors de l'école sur le temps scolaire
00:21:02 déjà. Pas forcément des activités supplémentaires à l'extérieur.
00:21:06 Un manque de classe verte, de séjour scolaire au sein des écoles mais peut-être parce
00:21:11 qu'il y a moins d'argent au sein des foyers, au sein des municipalités.
00:21:15 C'est un travail d'équipe aussi une école pour qu'elle puisse mener à bien
00:21:20 des projets aussi. Il y a de moins de kermesse, moins de spectacles.
00:21:23 Comment on peut aussi expliquer le fait que l'école aussi c'était le lieu de vie
00:21:29 d'un village et maintenant il n'y a plus rien. On ferme des classes, il y a de
00:21:34 moins en moins d'élèves. Là on s'inquiète aussi pour la venue des élèves en
00:21:37 cas scolaire. Est-ce qu'on essaye de mettre l'école en priorité et pourtant
00:21:41 on la délaisse, on la modifie ? Ça a été quand même l'un des sujets le plus
00:21:46 modifié en termes de quinquennat. On a eu des rythmes scolaires qui ont
00:21:50 changé. On court le mercredi matin, puis on enlève le samedi. C'est aussi compliqué
00:21:56 d'avoir des élèves très stables et motivés quand on leur inculque une
00:21:59 certaine instabilité.
00:22:03 Je vous dirais que l'école vit aujourd'hui au rythme de la télécommande
00:22:10 et du zapping. Et encore quand je parle de ça, je vais sonner un peu vieux.
00:22:17 Mais le fait que les programmes changent très très souvent, que les préconisations
00:22:23 changent très très régulièrement, finalement je voudrais bien savoir depuis
00:22:27 quand un élève a pu commencer sa scolarité avec un programme et la tenir
00:22:31 sur l'intégralité de l'école primaire. Comme avec l'épreuve aussi du baccalauréat.
00:22:34 Là Emmanuel Macron revient sur les propositions de son ancien ministre.
00:22:38 Pourtant c'est une continuité, c'était le même président.
00:22:42 On a l'impression qu'il fait marche arrière puisque là il va revoir les
00:22:46 dates du baccalauréat et s'est un petit peu avoué son erreur.
00:22:51 Disons que en ce qui concerne la réforme du baccalauréat, même si je ne suis pas
00:22:57 particulièrement versé sur le sujet, on peut voir que la chose a été
00:23:02 mise en place peut-être avec un brin de précipitation. En tout cas c'est ce qui
00:23:06 avait été jugé il me semble par mes collègues syndicalistes qui s'occupent
00:23:09 du second degré. L'arrivée du Covid par-dessus avec tout ce que ça a
00:23:16 pu entraîner comme crispation, difficulté, voilà tout ça mis bout à bout.
00:23:21 On se retrouve avec quelque chose qui s'avère ne fonctionnant pas forcément
00:23:26 bien. Est-ce que la chose avait été suffisamment réfléchie en amont ?
00:23:32 Je n'étais pas dans les canaux à ce moment-là, je ne me permettrai donc pas
00:23:37 de juger le travail qui avait pu être fait en amont.
00:23:39 Philippe Rattiné, comment s'annonce cette rentrée scolaire 2023 ? On est à quelques
00:23:44 jours, à moins de deux semaines. Comment on envisage cette rentrée scolaire 2023
00:23:49 au sein des équipes pédagogiques et aussi pour les élèves qui nous
00:23:52 écoutent peut-être ce soir et qui vont rentrer dans quelques jours ?
00:23:56 Je pense que quelque part les élèves sont peut-être ceux qui ont les
00:24:01 questions les plus traditionnelles, savoir avec
00:24:06 quelles personnes ils vont travailler, que ce soit en termes
00:24:11 d'élèves ou d'enseignants. En ce qui concerne les enseignants, le retour
00:24:16 dans les écoles, dans les établissements,
00:24:20 se fera dans le courant de la semaine prochaine, pour les plus
00:24:24 précoces. On ne peut pas dire qu'il y ait eu de grandes réunions,
00:24:30 les collègues sont en vacances, c'est très bien. Il est important de
00:24:34 respecter ce temps-là, parce que le temps de l'école est quelque
00:24:38 chose de très prenant et les vacances dites intermédiaires n'en sont
00:24:44 que peu pour certains collègues. C'est plutôt bien
00:24:50 d'avoir ce recul-là. Le retour dans le Grand Bain se fera la
00:24:57 semaine prochaine avec les questions et interrogations des uns et des autres.
00:25:00 Globalement, les équipes sont avec suffisamment d'expérience et de
00:25:07 recul en général pour pouvoir se dire "voilà, on va mettre les choses, essayer
00:25:10 de faire les choses comme il faut, les unes après les autres et de répondre à
00:25:15 l'impératif premier qui est celui de faire progresser les élèves".
00:25:18 Est-ce que cette année on va avoir des professeurs débutants qui vont être
00:25:22 formés en quelques jours ? Est-ce que devant les écoliers, il va y avoir des
00:25:27 novices en la matière ?
00:25:30 Des novices, il y en a toujours. Je pense que ce n'est pas forcément en tout
00:25:36 début d'année qu'on en aura le plus. On sait qu'il y a quatre académies sur
00:25:40 lesquelles il y a eu un déficit de recrutement et qui donc doivent faire
00:25:43 appel à des enseignants qui ne seront pas forcément
00:25:48 aussi bien formés que peuvent l'être ceux qui ont réussi le concours et qui
00:25:53 sont passés par toutes les années de formation. Ce sera une difficulté
00:25:59 dans ces académies-là. On sait aussi qu'il y a d'autres académies où on a eu un
00:26:03 recrutement qui a été plutôt qualitatif cette année par rapport à ce qui s'est
00:26:07 passé aux années précédentes et peut-être que dans ces endroits-là on a
00:26:10 un peu plus d'espoir pour que la rentrée se déroule dans de meilleures
00:26:13 conditions. Mais il y a quand même une certaine crispation chez les collègues
00:26:19 et on l'a évoqué un petit peu tout à l'heure, mais cette mise en place du pacte
00:26:23 qui a été précipité et assez confuse en fin d'année scolaire dernière va
00:26:28 entraîner des difficultés en ce début d'année c'est certain.
00:26:30 Merci beaucoup Philippe Rattiné d'avoir été avec nous. Je rappelle vous êtes
00:26:35 président du syndicat national des écoles. Je vous souhaite une bonne
00:26:38 rentrée, bonne pré-rentrée aussi pour les prochains jours et bonne soirée.
00:26:42 Merci beaucoup.
00:26:46 Vous êtes toujours dans le soir info été. Je vais vous présenter mes invités.
00:26:51 Ils sont au nombre de trois ce soir. Vincent Roy, journaliste, bonsoir.
00:26:55 Merci d'être avec nous ce soir. Amaury Brûlé, journaliste à Valeurs Actuelles.
00:26:59 Merci beaucoup d'être avec nous. Et l'écrivain Nathan Devers, un habitué de
00:27:03 CNews. Merci beaucoup d'être avec nous. A la une donc ces déclarations du
00:27:08 président de la République sur l'école. On va écouter notamment la réaction de
00:27:13 la co-secrétaire générale et porte-parole de la FSU SNU-IPP lors d'une
00:27:18 conférence. Elle a réagi à cette réorganisation des vacances proposées
00:27:22 par Emmanuel Macron. Moins de vacances, plus d'aide pour les élèves en
00:27:27 difficulté. Mais est-ce la bonne solution ?
00:27:30 Ça fait des années qu'on demande à répartir mieux les vacances dans l'année.
00:27:33 Et quand on sait qu'on nous oppose toujours au mois de février la question
00:27:37 du tourisme et des sports d'hiver pour ne pas réorganiser les vacances, là aussi
00:27:43 on est dans une forme d'hypocrisie. Parce qu'on sait que les élèves quand
00:27:46 ils arrivent à la dernière période certains vont avoir une dix semaines à
00:27:51 assurer. Ils sont fatigués avant de partir en vacances au mois de juillet.
00:27:54 Donc il faut repenser l'année scolaire. Il faut pouvoir en discuter mais c'est
00:27:59 pas avec des déclarations comme le fait le président hier qu'on va aboutir sur ce sujet.
00:28:04 Et les écoliers français sont-ils prêts à rentrer en classe dès le 20 août
00:28:10 pour ceux qui ont des difficultés scolaires comme l'a annoncé
00:28:14 Emmanuel Macron ? On vous a posé la question justement à Paris aujourd'hui.
00:28:19 Écoutez la réaction et on ouvre les débats juste après.
00:28:21 C'est une bonne chose mais on a déjà du mal à remplacer les profs et du coup on prend des vacataires
00:28:25 qui ont juste un diplôme de trois ans si je me trompe pas.
00:28:29 Donc je sais pas comment ils trouveront en fait les professeurs pour le 20 août au 1er septembre.
00:28:33 C'est peut-être pour Saligny avec d'autres pays européens.
00:28:36 Parce que je sais dans les pays du nord ils retournent à l'école beaucoup plus tôt.
00:28:40 Oui elles sont un petit peu trop longues mais après il faudrait changer tout.
00:28:44 Il faudrait réformer totalement l'enseignement.
00:28:47 On a des étés de plus en plus chauds donc ça devient très compliqué de se concentrer après en classe.
00:28:52 Moi je vois pour les collégiennes en tout cas, elles ont deux mois et demi de vacances.
00:28:55 Donc ça fait beaucoup.
00:28:57 Alors des ambitions pour l'école de demain, pour les vacances de demain
00:29:00 et pourtant l'école d'aujourd'hui, l'école qui va faire sa rentrée, elle est en difficulté Nathan Devers.
00:29:05 Oui mais déjà pour ma part je suis très content qu'on ait ce débat-là
00:29:09 parce qu'on ne parle pas assez de l'école et de l'éducation nationale.
00:29:12 On parle souvent dans le débat public des symptômes du mal-être ou des problèmes de notre société
00:29:18 et on ne parle pas des causes, de la racine.
00:29:20 Et évidemment que tout cela vient de l'école.
00:29:22 Quel que soit le diagnostic qu'on peut chacun ou chacune avoir sur notre société,
00:29:25 ça vient de l'école, premièrement.
00:29:27 Deuxièmement sur la temporalité à l'école,
00:29:29 il me semble en effet que nous avons une vision qui est un peu biaisée en France.
00:29:33 D'autres pays ont des modèles différents.
00:29:35 En Allemagne ils ont des modèles différents.
00:29:36 En Israël par exemple, il y a un modèle très différent aussi.
00:29:39 Temporalité française, consistant à penser le temps de l'école comme la condensation,
00:29:43 une journée qui est quand même très très longue.
00:29:45 Et on sait bien que, notamment pour des petits âges,
00:29:49 que ça pose des problèmes de concentration,
00:29:50 que ça fait que sur une journée qui commence à 8h et qui finit à 16h-17h,
00:29:54 un enfant qui est en petite classe,
00:29:55 et bien évidemment qu'il va même au collège,
00:29:57 il va se souvenir du tiers, du quart de ce qu'il aura appris
00:30:00 et le quart c'est déjà optimiste.
00:30:02 Et avec des plages de temps libre qui sont incroyablement longues,
00:30:06 en donnant cette impression comme ça que deux mois de grande vacances,
00:30:10 c'est deux mois de liberté.
00:30:11 C'est oublier que la moitié des Français ne partent pas en vacances,
00:30:13 que quand on n'est pas privilégié, les grandes vacances,
00:30:15 aussi bien pour les parents que pour les enfants,
00:30:17 ça relève souvent du cauchemar.
00:30:18 Pour les parents parce qu'ils ont 5 semaines de congé payé par an,
00:30:21 contrairement aux 8 des enfants et qu'ils ne les prennent pas tous en été.
00:30:24 Et pour les enfants parce que passer 8 semaines à être dans l'inertie,
00:30:28 à l'heure des réseaux sociaux, à l'heure etc.,
00:30:30 ça peut être aussi extrêmement pénible.
00:30:32 Ce n'est pas forcément une expérience épanouissante.
00:30:34 Face à cela, il y aurait me semble-t-il un autre modèle
00:30:36 qui serait intéressant.
00:30:37 Ce serait de penser, je ne suis pas sûr d'ailleurs
00:30:39 que ce soit totalement le modèle que prône Emmanuel Macron,
00:30:41 ce serait de penser une journée de travail,
00:30:44 entre guillemets une journée d'école, qui serait plus courte.
00:30:47 Ça veut dire qu'il ferait par exemple du 8h, 14h ou 15h.
00:30:50 À partir de 15h, vous ne seriez pas lâché dans la nature,
00:30:52 mais vous auriez des activités extrascolaires, des activités sportives.
00:30:56 Et puis on pourrait aussi des activités artistiques.
00:30:59 On l'a déjà essayé.
00:31:00 Il y a aussi cette mentalité du Français
00:31:02 où on n'arrive pas à fédérer au niveau des activités sportives.
00:31:05 Il y avait, quand on voit même dans les films,
00:31:08 aux États-Unis, tout le monde est derrière les activités sportives.
00:31:12 Il y a aussi ce phénomène de bourse, de valorisation des activités sportives.
00:31:16 Et là, en France, il y a des propositions,
00:31:17 mais ça reste toujours en libre choix.
00:31:19 Et au final, ça ne séduit pas.
00:31:20 Bien sûr, ce n'est pas...
00:31:22 Et puis d'ailleurs, on n'est pas obligé d'avoir le culte du sport.
00:31:24 On peut sporter très bien sans en faire.
00:31:25 Mais en tout cas, ça peut être autre chose que du sport.
00:31:28 Ça peut être artistique, culturel, etc.
00:31:32 Et même social, je veux dire, dans les expériences au collège,
00:31:35 l'amitié, l'amour, etc. c'est central.
00:31:37 Et ça supposerait aussi, donc,
00:31:39 qu'il y ait des vacances qui soient moins longues,
00:31:41 mais qui soient moins longues parce qu'elles seraient,
00:31:42 en quelque sorte, étalées dans le temps de la vie.
00:31:45 Il y a une phrase de Nietzsche qui est majeure
00:31:48 dans "Humain trop humain" quand il dit "un homme libre,
00:31:50 c'est quelqu'un qui a les deux tiers du temps de sa journée pour soi".
00:31:53 Je ne dis pas nécessairement qu'il faille...
00:31:54 - Il y aurait moins ce besoin de vacances
00:31:56 si il y avait ce temps pour soi et pour les autres.
00:32:00 - Le besoin de vacances, c'est, si vous voulez,
00:32:02 l'expression un peu paroxystique du fait que quand on est au collège,
00:32:04 on a le besoin de la pause de 10 heures,
00:32:06 de la cigarette de la pause de 10 heures,
00:32:07 ou du café, ou juste de la discussion dans la cour de récréation.
00:32:10 Cette attente maladive de la pause de 10 heures
00:32:13 montre bien qu'il y a un rapport à la temporalité scolaire
00:32:15 qui n'est pas forcément toujours très épanouissant.
00:32:17 Si la journée était plus courte,
00:32:18 ça ferait aussi, si vous voulez, un vrai challenge ou un vrai défi
00:32:21 pour les enfants de devoir se concentrer davantage
00:32:24 parce qu'il y a moins de temps d'école,
00:32:25 et puis aussi de repenser complètement la manière
00:32:27 dont on penserait la répartition du programme.
00:32:30 - Vous pensez envoyer des vacances plus courtes, vous êtes bon ?
00:32:33 - Là, Nathan, c'est un peu l'inverse,
00:32:35 puisque pour les élèves en difficulté...
00:32:37 - C'est une sanction, ça pourrait être...
00:32:38 - Emmanuel Macron prévoit un 8 heures, 18 heures.
00:32:42 - Très intense aussi, parce qu'il faudra les remettre au bon niveau.
00:32:46 - Vous parliez de concentration tout à l'heure.
00:32:49 Je vois mal comment on peut garder une concentration,
00:32:52 surtout pour un élève en difficulté.
00:32:54 - C'est déjà dur pour lui.
00:32:54 - 8 heures, 18 heures, c'est absolument énorme.
00:32:58 Oui, sans doute, avez-vous raison, faut-il étaler les vacances ?
00:33:01 Mais tout au cours de l'année, plutôt qu'un bloc monolithique
00:33:06 en fin d'année de deux mois ou deux mois et demi,
00:33:08 sans doute faut-il effectivement les distiller tout au cours de l'année.
00:33:13 Il dit autre chose aussi dans l'interview, il ne parle pas que des vacances.
00:33:17 - On va revenir sur les autres thèmes.
00:33:18 À Maurice Brûlé, on est sur aussi un gouvernement qui fait un peu marche arrière,
00:33:23 un président qui est en train de montrer l'échec
00:33:27 de son ancien ministre de l'Éducation.
00:33:30 - Sur le principe de raccourcir les vacances,
00:33:35 évidemment je suis totalement favorable.
00:33:37 La France de ce point de vue est une anomalie.
00:33:38 - Il faudrait des vacances apprenantes aussi,
00:33:40 parce qu'il existe déjà un petit peu des stages de remise à niveau,
00:33:42 on le montre tous les ans.
00:33:43 Là, sûrement cet été, cette semaine, il va y avoir des élèves
00:33:46 qui vont reprendre le chemin de l'école pour se remettre à niveau.
00:33:49 Qu'est-ce qui va changer de plus avec cette annonce ?
00:33:51 - On attend d'abord de voir en pratique ce que ça va donner,
00:33:54 parce qu'on est toujours avec Emmanuel Macron, c'est toujours le problème.
00:33:56 On est très souvent dans l'incantation, dans les grandes phrases,
00:33:59 et on a du mal à concrètement imaginer ce que ça va donner.
00:34:03 Mais moi, il me semble quand même que cette histoire de vacances
00:34:06 n'est pas l'essentiel du problème et du sujet.
00:34:10 De ce point de vue, Emmanuel Macron a quand même dans son interview
00:34:14 coché quasiment toutes les cases, j'allais dire pour une fois,
00:34:16 les bonnes cases, en tout cas dans les intentions.
00:34:18 Quand il évoque le dédoublement des classes, les savoirs fondamentaux,
00:34:21 lire et écrire compter, plus d'autonomie pour les établissements,
00:34:24 les heures de soutien, de rattrapage,
00:34:26 le remplacement des enseignants, qui est un vrai problème.
00:34:28 - Il emprunte du doigt les vacances scolaires,
00:34:30 mais c'est parce que c'est ce qui fait réagir.
00:34:31 Mais il y a quand même aussi des bons points,
00:34:33 juste sur le fait de remettre l'histoire au cœur du programme scolaire,
00:34:37 dans la chronologie des événements.
00:34:39 - Il a dénoncé ouvertement le pédagogisme.
00:34:42 Il a insisté en effet sur l'enseignement chronologique de l'histoire
00:34:45 et sur l'éducation civique.
00:34:46 Donc tout ça, ce sont des bonnes intentions. Elles sont là.
00:34:49 Le problème, c'est de savoir si de la théorie à la pratique,
00:34:52 ce que ça va donner, parce qu'on connaît malheureusement
00:34:55 les pesanteurs et l'inertie de l'administration centrale.
00:34:59 On a déjà connu des réformes par le passé
00:35:01 qui ont été annoncées, trompétées par les ministres de l'époque.
00:35:05 Et on a vu le résultat. Je pense à la réforme de Fillon notamment.
00:35:07 - On a déjà aussi des classes qui ont du mal aussi à finir le programme.
00:35:11 Alors, on a aussi une inégalité entre départements, entre écoles.
00:35:15 Comment faire une uniformité,
00:35:18 tant dans le rythme que dans les activités
00:35:20 et le programme qui est proposé, Vincent?
00:35:22 - Je ne sais pas comment il va y parvenir.
00:35:25 En tous les cas, il y a quand même une grande contradiction.
00:35:27 C'est-à-dire qu'à la fin de l'entretien, il nous dit, je le cite,
00:35:32 "Il n'y a à mes yeux qu'un chemin", dit le président de la République,
00:35:35 "l'autorité des savoirs, l'autorité des maîtres,
00:35:38 une école de la transmission, de l'esprit critique et de la confiance."
00:35:42 Et dans le même temps, il dit, donc ça, c'est le cap, si vous voulez.
00:35:46 Bon, le cap normal pour un président de la République,
00:35:48 il n'allait pas dire vraiment autre chose non plus.
00:35:51 Et puis, mais à l'intérieur, il dit, il faut donner plus d'autonomie aux établissements.
00:35:55 Ça, je crois que à peu près tout le monde est d'accord dessus,
00:35:59 c'est-à-dire qu'au plus proche du terrain,
00:36:00 on peut prendre des décisions sans qu'elles ne viennent d'en haut.
00:36:03 Mais alors, dans la même phrase, il dit d'ailleurs, certains ont pu,
00:36:07 et je pense qu'il pense à Marseille, ont pu tester l'école flexible.
00:36:11 Non, mais parce qu'il y a un moment, on lit des choses,
00:36:14 on est obligé de les lire deux ou trois fois pour être bien sûr qu'on vient de les lire.
00:36:18 Il faut tester l'école flexible.
00:36:19 Écoutez, pour ceux qui n'auraient pas lu cette interview, il faut acheter le coin.
00:36:23 Il faut acheter le coin rien que pour ça.
00:36:25 Les élèves peuvent être, peuvent apprendre,
00:36:29 debout, assis ou à genoux pendant la classe.
00:36:33 Il y a alors un autre rapport au savoir.
00:36:37 Du coup, à l'autorité.
00:36:38 Ce n'est pas facile d'écrire debout.
00:36:39 Il y a alors un autre rapport au savoir et ça marche.
00:36:43 Alors, Nathan Devers, moi, je voudrais savoir si vous avez fait ce test de l'IA,
00:36:49 Nietzsche, Humain, Troupe Humain, puisque vous le citiez à la fois.
00:36:52 Est-ce que vous avez lu Nietzsche à genoux ?
00:36:54 C'est ça qu'il faudrait savoir, parce qu'à partir de là,
00:36:57 vous avez une autre, vous avez obligatoirement une autre appréhension du texte.
00:37:02 Dès lors que vous êtes soit assis, soit debout, soit à genoux.
00:37:07 Voyez-vous, c'est un désordre dans les classes et qui va après se répercuter dans la société.
00:37:11 Non, mais le même Macron vous dit, sans uniformité,
00:37:15 le même Macron vous dit, autorité des savoirs,
00:37:17 autorité des maîtres, une école de la transmission, de l'esprit critique et de la confiance.
00:37:22 Il fallait rajouter assis, debout ou à genoux.
00:37:26 Les choses auraient été beaucoup plus claires.
00:37:28 Les réponses de Nathan Devers.
00:37:29 Je n'ai pas encore lu Nietzsche à genoux.
00:37:30 Je peux essayer tout à l'heure, je vous dirai l'effet que ça fait.
00:37:35 Non, mais c'est...
00:37:37 Comment on interprète ce modèle d'école vu par Emmanuel Macron ?
00:37:41 École plus libre ?
00:37:42 Deux choses déjà pour répondre même très concrètement,
00:37:45 mais ce n'est pas forcément un grand intérêt de raconter sa vie.
00:37:47 Mais moi, c'est vrai, par exemple, que j'ai appris la philosophie.
00:37:49 Ma première expérience d'apprentissage, c'était quelqu'un qui n'était pas mon professeur,
00:37:53 qui était entre guillemets mon maître et on se promenait dans la rue.
00:37:56 Il me parlait des livres dont il avait parlé et dont il avait lu, qu'il avait lu toute sa vie.
00:38:00 Mais Nietzsche parle longuement de la marche.
00:38:03 Bien sûr, vous avez une apologie.
00:38:05 Pendant les révisions des examens, chacun utilise aussi sa méthode.
00:38:08 Oui, bien entendu, mais là, on parle de la classe.
00:38:10 La classe, mais oui.
00:38:11 Mais c'est cette perception de voir le savoir et l'apprentissage différemment.
00:38:17 J'essaye de me faire la cote à la cote.
00:38:19 Est-ce que vous ne pensez pas qu'il y a d'autres soucis à l'école ?
00:38:21 C'est pour ça que je vous ai posé la question de Marcel Montorer aussi.
00:38:24 Peut-être, peut-être, littéralement, lecture lacanienne de ce passage,
00:38:31 peut-être veut-il mettre les élèves à genoux.
00:38:34 Je n'en sais rien.
00:38:35 C'est intéressant comme question parce que moi, je ne suis pas forcément
00:38:40 pour apprendre la philosophie à genoux.
00:38:42 Mais il me semble que derrière cet exemple, ce qui se pose,
00:38:45 c'est que si vous voulez, il y a un certain modèle de l'école qui ne marche pas.
00:38:48 Ça, on l'a vu.
00:38:49 Vous citiez le fait qu'aujourd'hui, il y a des classes où le programme est fini
00:38:51 longtemps avant l'année.
00:38:53 C'est vrai, dans certains lycées d'excellence, entre guillemets,
00:38:55 par exemple en terminale, aux vacances de Noël, le programme est fini
00:38:58 depuis un bon bout de temps.
00:38:59 Et puis, tout au long de l'année, on fait autre chose et on estime
00:39:03 que le programme du lycée, c'est rien du tout et que ce n'est même pas
00:39:06 une sorte de propédotique.
00:39:08 Et en revanche, il y a des établissements où on ne finit pas le programme.
00:39:11 Voilà, donc c'est vrai que par exemple, il y a un modèle aujourd'hui
00:39:13 qui ne fonctionne pas et qui est profondément inégalitaire.
00:39:16 Derrière, je ne suis pas sûr que ce qu'il faille réhabiliter,
00:39:19 c'est l'école prémé 68.
00:39:20 Ça veut dire un modèle où c'est vraiment l'autorité des maîtres,
00:39:23 l'estrade, le vouvoiement et puis surtout la logique du vouvoiement,
00:39:27 l'uniforme, etc.
00:39:29 Alors, ça ne veut pas signifier non plus qu'il faille apprendre
00:39:31 la philosophie à genoux ou en dansant ou en faisant n'importe quoi.
00:39:34 Ou coucher, pourquoi pas ?
00:39:35 Ou coucher.
00:39:36 Mais pourquoi pas ?
00:39:38 Pourquoi pas ?
00:39:39 Absolument.
00:39:40 On peut.
00:39:40 Mais en tout cas, peut-être faut-il essayer de trouver aussi des formes
00:39:43 créatives d'enseignement qui ne soient pas encore une fois du laxisme
00:39:47 un peu caricatural, mais qui ne soient pas un retour.
00:39:49 Je ne pense pas que c'est la régression qui va nous sauver.
00:39:53 Pardon, il y a juste une dernière chose.
00:39:54 Moi, je suis très étonné quand on dit l'école ne marche pas.
00:39:58 De quoi parle-t-on ?
00:39:59 Parce que l'école à Louis-le-Grand, elle marche très bien.
00:40:04 L'école à l'école alsacienne, elle marche très bien.
00:40:07 Mais quelle école faut-il pour la société d'aujourd'hui ?
00:40:09 Ah, mais pour la société d'aujourd'hui.
00:40:11 Oui, mais vous savez qu'il y a une grande disparité entre les écoles,
00:40:15 tant pour ce qui est de la qualité de l'enseignement que pour les résultats
00:40:19 que cette qualité ou cette non qualité implique.
00:40:22 Amaury Bollé, un dernier mot sur cette déclaration et cette école
00:40:25 vue par Emmanuel Macron, l'école 2.0.
00:40:28 Vincent a eu raison d'évoquer cette incongruité de cette école flexible.
00:40:32 Autre incongruité et autre signal un peu contradictoire d'Emmanuel Macron,
00:40:36 c'est la nomination de Pape Ndiaye.
00:40:38 Personne n'a compris et ça a été ressenti par beaucoup de Français
00:40:41 qui n'ont pas compris la nomination de M. Ndiaye aux idées woke
00:40:45 et à la frontière de la mouvance indigéniste
00:40:48 et qui tranchait littéralement avec son prédécesseur Jean-Michel Blanquer.
00:40:53 Donc là aussi, il y a malheureusement de la part d'Emmanuel Macron,
00:40:55 mais très souvent et pas que sur la question de l'éducation,
00:40:58 beaucoup de messages contradictoires qui ne sont pas rassurants.
00:41:01 Toujours concernant l'école et aussi cette interview,
00:41:03 puisque c'est un thème, la laïcité, qui est revenu par moment
00:41:08 dans cette interview accordée à nos confrères du Point.
00:41:11 Mais les atteintes à la laïcité sont en constante augmentation
00:41:14 depuis l'assassinat de Samuel Paty en octobre 2020.
00:41:17 Sur la seule année scolaire 2022-2023,
00:41:20 4 710 signalements pour atteinte à la laïcité ont été recensés.
00:41:25 On regarde le sujet de Mathieu Devez et on ouvre le débat.
00:41:29 C'est l'une des priorités du nouveau ministre de l'Éducation,
00:41:32 Gabriel Attal, lutter contre les atteintes à la laïcité à l'école.
00:41:36 Selon une note du ministère de l'Éducation,
00:41:38 elle ne cesse d'augmenter.
00:41:40 Sur l'année scolaire écoulée, 4 710 signalements ont été recensés,
00:41:44 soit une hausse de 150% en un an.
00:41:47 La fermeté de la réponse de l'école est mise à l'épreuve
00:41:50 par ces nouveaux phénomènes, face aux coups de boutoir,
00:41:53 face aux attaques, face aux tentatives de déstabilisation.
00:41:56 Nous devons faire bloc et nous allons faire bloc.
00:41:59 Ces derniers mois, nous le savons,
00:42:01 les tenues religieuses comme les abayas ont fait leur apparition
00:42:04 dans certains établissements, parfois ça fait même plusieurs années que c'est le cas.
00:42:08 Ce vêtement couvre l'ensemble du corps à l'exception du visage et des mains.
00:42:12 Et il serait de plus en plus présent à l'école.
00:42:14 Selon le ministère de l'Éducation,
00:42:16 91 signalements ont été recensés sur trois mois en 2021
00:42:21 et pas moins de 923 signalements relevés sur quatre mois cette année.
00:42:25 150 établissements seraient touchés par ces atteintes à la laïcité.
00:42:30 De leur côté, les enseignants dénoncent un manque de clarté du gouvernement.
00:42:33 Nous ce que l'on veut, c'est qu'il y ait une directive claire et écrite
00:42:38 du ministère de l'Éducation nationale, nous disant une fois pour toutes,
00:42:42 ce vêtement-là, c'est un vêtement religieux, il ne faut pas l'accepter.
00:42:46 Ou ce n'est pas un vêtement religieux et du coup il faut l'accepter.
00:42:49 En juillet dernier, le tout nouveau ministre de l'Éducation, Gabriel Attal,
00:42:53 a déclaré que les abayas étaient des vêtements religieux
00:42:56 et devaient être traités comme tels.
00:42:59 Alors Vincent Rouen, on parlait d'une école plus flexible,
00:43:01 une école libre de sa posture en classe,
00:43:05 mais est-ce que l'école aussi doit s'ouvrir à une liberté de tenue vestimentaire
00:43:10 puisque justement, concernant les atteintes à la laïcité,
00:43:13 c'est l'abaya qui pose grandement problème ?
00:43:16 Vous allez dire que je suis obsessionnel et vous aurez sans doute raison,
00:43:19 mais il n'y a pas de problème de laïcité à Louis-le-Grand ou à l'école alsacienne,
00:43:22 voyez-vous.
00:43:23 Il y a des problèmes de laïcité,
00:43:26 il y a des problèmes d'abaya dans un certain nombre de quartiers
00:43:29 qu'on connaît, qu'on a ciblés.
00:43:33 Donc encore une fois, il faudrait en revenir
00:43:39 à trouver le moyen d'une école plus juste pour tous.
00:43:44 Or, ça c'est un vingt mots, ça n'existe pas.
00:43:46 Donc on essaie toujours de s'en approcher.
00:43:48 Attal a raison de pointer ce problème.
00:43:52 C'est vrai que Papendiaï ne voulait pas.
00:43:54 Oui, Papendiaï.
00:43:55 Gabriel Attal, là, on peut quand même souligner que depuis son investiture,
00:44:00 il est quand même sur le terrain.
00:44:01 Il est proactif.
00:44:02 Il est proactif.
00:44:03 Alors, attendons de voir ce que cela va donner.
00:44:06 Parce que par rapport à d'autres, au moins, il aura agi dès le début.
00:44:09 Non, mais ça, on est obligé de le reconnaître.
00:44:11 En effet.
00:44:11 Amaury Brelet, on est sur une école où la laïcité commence à disparaître.
00:44:17 Oui, et où la seule solution est la réponse inflexible.
00:44:23 Dans le cas de la bagarre, ce n'est pas compliqué.
00:44:24 Il suffit de l'interdire s'il y a besoin de voter une loi en ce sens.
00:44:30 Pourquoi il y a autant d'élèves qui portent ce vêtement ?
00:44:33 Et pourquoi on a laissé aussi ce vêtement rentrer à l'école ?
00:44:36 C'est malheureusement l'un des nombreux symptômes de l'absence
00:44:42 d'assimilation d'une partie de nos compatriotes de confession musulmane.
00:44:48 Une peur aussi peut-être du personnel éducatif, des représailles,
00:44:51 depuis Samuel Paty, des professeurs qui ne se sentent pas protégés.
00:44:56 Qui pour certains, depuis longtemps, ont peut-être en effet eu peur
00:45:02 d'évoquer ces sujets-là, en effet, de crainte d'être agressés
00:45:06 ou de conséquences même de leurs collègues,
00:45:08 parce que tous les enseignants ne sont pas d'accord sur le sujet.
00:45:11 Et là, il y a nécessité que la hiérarchie et que le ministère
00:45:15 soutiennent sans faille ces enseignants sur le terrain.
00:45:19 Il y a bien un problème de laïcité puisqu'on est incapable,
00:45:22 on est incapable, à l'heure où je vous parle,
00:45:25 d'appeler dans ce pays un établissement du nom de Samuel Paty.
00:45:30 On en est incapable. Pourquoi ?
00:45:32 Parce qu'on a des peurs, parce qu'on a des préventions,
00:45:34 qu'on se dit que ça pourrait engendrer, que sais-je,
00:45:37 des rébellions, des émeutes.
00:45:40 On est incapable. À partir du moment où on est incapable,
00:45:42 c'est qu'il y a un gros, gros problème dans ce pays.
00:45:45 Plus de laïcité à l'école, Nathan Devers.
00:45:47 Déjà, en termes de valeur aussi, la laïcité,
00:45:50 qu'est-ce que ça apporte dans un établissement scolaire
00:45:53 et comment on en est arrivé à ce scénario
00:45:55 où les atteintes à la laïcité sont en nette augmentation ?
00:45:58 Je pense qu'on a en France un rapport un peu bizarre
00:46:02 dans notre débat public à la notion de laïcité,
00:46:04 rapport d'ailleurs qui nous isole un peu de la scène internationale.
00:46:07 Et quand je dis ça, je ne parle pas seulement de la perception
00:46:10 de ce débat dans le monde arabo-musulman,
00:46:11 mais même dans le monde anglo-saxon,
00:46:13 où tout le monde se dit un peu "mais qu'est-ce que c'est que ces Français,
00:46:16 leur laïcité névrotique ?"
00:46:18 Je ne comprends pas pourquoi on parle autant,
00:46:21 quand on parle de religion, des signes extérieurs.
00:46:23 Vous voyez, moi, j'ai la chance de...
00:46:25 Je donne des cours, j'enseigne à la philosophie,
00:46:27 à l'université, où c'est légal de venir en cours,
00:46:31 voilé, comme on veut, avec tous les signes qu'on veut.
00:46:33 Ce n'est pas comme au lycée.
00:46:34 Il y a deux notions de laïcité, c'est soit tout le monde cache
00:46:37 ou soit tout le monde expose.
00:46:39 Oui, mais si vous voulez, en France, c'est ça le problème, justement.
00:46:41 C'est qu'on confond la laïcité
00:46:44 et la séparation de théologique et de politique.
00:46:46 Moi, mon obsession "républicaine",
00:46:49 c'est que dans un État, tout le monde puisse vivre
00:46:51 avec la conscience qu'il a envie d'avoir,
00:46:53 musulman, catholique, athée, juif, etc.,
00:46:56 avec les pratiques qu'il a envie d'avoir,
00:46:58 sans prosélytisme, sans intimidation,
00:47:00 ni du juif sur l'athée, ni de l'athée sur le musulman,
00:47:02 ni du musulman, etc.
00:47:04 Ça, c'est pour moi essentiel, c'est la tolérance,
00:47:06 et avec une ouverture sur les savoirs.
00:47:08 Je me fiche complètement, moi, pour ma part,
00:47:09 de la question de savoir quels signes extérieurs les gens mettent.
00:47:12 Et je pense que c'est une erreur
00:47:13 de se focaliser sur cette question totalement superficielle,
00:47:16 symptomale des signes extérieurs,
00:47:19 que ce qui compte, en revanche, c'est que les gens soient tolérants.
00:47:22 Et je ferais constater une chose,
00:47:23 que quelles que soient les positions qu'on puisse avoir depuis 1989,
00:47:27 l'affaire du voile de Creil sur le voile,
00:47:29 et aujourd'hui sur la baïa, finalement, c'est toujours le même débat,
00:47:32 quand vous demandez à des collégiens
00:47:35 qui sont en crise d'adolescence,
00:47:36 qui mettent des signes extérieurs,
00:47:38 même s'il y a des influences.
00:47:40 Quand vous leur dites "enlève ce signe extérieur",
00:47:43 qu'est-ce que ça a comme effet ?
00:47:44 Ça les braque.
00:47:45 Quand il y a eu, en 1989,
00:47:46 cette décision de dire qu'on va refuser l'accès à l'école publique
00:47:51 aux filles voilées, qu'est-ce que ça a eu comme effet ?
00:47:53 Explosion des lycées privés.
00:47:55 Est-ce que vous, dans vos classes, vous avez vu cette augmentation, peut-être ?
00:47:59 Ou d'autres signes qui, avant, n'étaient pas présents
00:48:02 dans les amphithéâtres ou dans les salles de classe ?
00:48:04 Augmentation ? Je ne sais pas, je n'enseigne pas depuis 20 ans
00:48:07 et franchement, je ne compte pas.
00:48:08 Mais il n'y a jamais eu de problème.
00:48:10 Ce n'est pas le sujet.
00:48:10 Et au contraire, vous voyez,
00:48:12 j'en connais pas forcément même des étudiantes,
00:48:14 mais même des femmes voilées.
00:48:16 Est-ce que vous avez posé la question
00:48:17 "est-ce que je vais lui demander de retirer son voile ?" ?
00:48:19 Mais jamais, ça ne me traverserait absolument pas.
00:48:20 Ce serait complètement, je trouve, fou de faire ça.
00:48:23 Parce que derrière ça, il y a quoi comme croyance ?
00:48:25 Il y a la croyance qu'une femme qui est voilée,
00:48:27 qui est par exemple en train d'étudier la philosophie
00:48:29 ou la sociologie ou l'histoire ou le grec ancien,
00:48:32 et ça existe, on n'en parle peut-être pas assez
00:48:33 dans le débat public, mais ça existe énormément,
00:48:35 qu'une femme comme ça, elle est aliénée
00:48:36 ou qu'elle est intégriste.
00:48:37 C'est une mécompréhension fondamentale et de la religion.
00:48:40 Et, me semble-t-il, de ce qu'est le vrai esprit
00:48:43 de la séparation du théologique et du politique,
00:48:45 c'est-à-dire, moi, ce que j'attends d'une personne,
00:48:47 c'est qu'elle soit tolérante.
00:48:48 Je préfère de très loin une femme voilée tolérante
00:48:51 à une femme non voilée qui serait tolérante.
00:48:52 Qui serait curieuse par l'enseignement.
00:48:53 Et à mon avis, on se trompe vraiment de perception
00:48:55 en mettant la chose tout le temps sur les signes extérieurs.
00:48:58 - Amaury Brulé, votre avis sur la question ?
00:49:00 - Je suis assez d'accord à la seule différence que...
00:49:01 Et là, je ne parle pas de l'université,
00:49:03 je parle du collège excès.
00:49:05 - Oui, parce qu'il y a vraiment...
00:49:06 À l'université, on a le droit de venir avec le voile,
00:49:09 on a le droit de venir avec des signes quand même plus libres
00:49:12 concernant la religion, mais pas au lycée ou encore au collège.
00:49:15 - Je suis assez d'accord à la seule différence que
00:49:17 les signes extérieurs religieux des musulmans
00:49:21 revêtent inoubitablement un caractère politique et culturel.
00:49:24 - Pas ceux de la religion juive ou encore des chrétiens ?
00:49:27 - Et beaucoup moins, en tout cas,
00:49:29 ça n'est pas affirmé comme tel,
00:49:30 et historiquement, ça ne l'est pas,
00:49:32 ceux des chrétiens et des juifs.
00:49:34 Et deuxièmement, on se focalise beaucoup sur les abayas.
00:49:36 Très bien, mais il me semble qu'il y a des atteintes
00:49:38 à l'hystérique qui sont bien plus graves
00:49:40 et qui concernent notamment les enseignements.
00:49:42 Il y a des professeurs aujourd'hui en France
00:49:44 qui ne peuvent pas enseigner...
00:49:45 - Qui n'osent pas aborder certains sujets.
00:49:46 - Qui n'osent pas ou qui, par prévention,
00:49:47 n'enseignent pas certains sujets scientifiques, par exemple.
00:49:50 - Ou la Shoah.
00:49:51 - Ou la Shoah ou les événements liés à la Seconde Guerre mondiale.
00:49:54 Et ça, ça me paraît beaucoup plus grave que les abayas.
00:49:57 - Et à mon avis, c'est très, très important, ce que vous dites là.
00:49:59 - C'est plus important aussi.
00:50:01 - Mais bien sûr, et le grand prisme qui rend notre débat,
00:50:03 me semble-t-il, enfin pas le nôtre,
00:50:05 mais le débat public absurde,
00:50:06 c'est qu'on met sur le même plan l'atteinte à la laïcité,
00:50:09 entre guillemets, de quelqu'un qui vient avec un vêtement.
00:50:11 Franchement, ça parle des modes vestimentaires chez les adolescents.
00:50:14 Ce n'est pas toujours très passionnant.
00:50:16 - Oui, parce que là, certains défendent l'abaya avec "cacher les formes",
00:50:20 pour se sentir plus à l'aise.
00:50:21 - Voilà, mais j'en sais rien.
00:50:23 Et à vrai dire, vraiment, je pense que ce n'est pas intéressant même en soi.
00:50:26 Et on met ça sur le même plan que des gens qui, par exemple,
00:50:29 dans un cours de littérature où il va y avoir un texte érotique
00:50:31 qui vont estimer que ce texte-là n'est pas bien,
00:50:33 qu'un enseignement sur la laïcité, sur la révolution, sur 1905,
00:50:38 sur l'avortement, sur la Shoah, ça, il faut le censurer.
00:50:41 Ça, c'est évidemment très grave.
00:50:43 Ou sur les caricatures.
00:50:45 Et on ne peut pas mettre ça sur le même plan que des questions, en effet, vestimentaires.
00:50:47 - Et vous ne pensez pas que les deux sont liés ?
00:50:49 - Vincent Roux, on va marquer une courte pause
00:50:51 et ensuite, on répondra à votre question.
00:50:53 Restez sur CNews, Soir Info, été revient.
00:50:55 - 22h sur CNews, vous êtes toujours dans Soir Info, été.
00:51:03 Le moment pour nous de faire un point sur les principales informations du jour.
00:51:06 Et c'est avec Simon Guillin.
00:51:08 Simon, rebonsoir.
00:51:10 - Rebonsoir, chère Célia, et bonsoir à tous ceux qui nous rejoignent ce soir sur CNews.
00:51:14 On commence ce rappel avec ce nouveau drame dans le quartier de Pissevins-Animes.
00:51:17 La nuit dernière, un jeune homme de 18 ans a été tué dans une fusillade
00:51:20 seulement quelques jours après la mort d'un garçon de 10 ans.
00:51:23 Et pour renforcer la sécurité dans ce quartier, le ministre de l'Intérieur
00:51:27 a annoncé l'envoi du raid en plus d'une unité de la CRS 8.
00:51:31 Gérald Darmanin qui est attendu sur place demain matin.
00:51:34 On va l'écouter, le ministre de l'Intérieur.
00:51:36 - Il est évident que c'est un quartier difficile
00:51:38 pour lequel la police doit être présente nuit et jour.
00:51:41 J'ai constaté, comme vous, que ce n'était pas totalement le cas.
00:51:44 Et donc, ma commande est extrêmement claire.
00:51:47 Non seulement la police sera présente nuit et jour partout sur les trois lieux
00:51:51 qui seraient des lieux de deal pour cette population,
00:51:54 que les renforts de police, en plus de ceux qui sont déjà là,
00:51:57 c'est-à-dire deux unités de CRS plus 15 officiers de police judiciaire,
00:52:03 plus le raid, montreront que l'ordre est retourné à la République.
00:52:08 Au lendemain de la mort d'Evgeny Prigojine dans un crash d'avion en Russie,
00:52:11 l'Ukraine assure ne pas être impliquée et sous-entend une responsabilité du Kremlin.
00:52:16 - Ce qui est sûr, c'est que nous n'avons rien à voir avec cette situation.
00:52:19 Je pense que tout le monde comprend qui est concerné.
00:52:22 C'est ce qu'a déclaré aujourd'hui le président Zelensky en conférence de presse.
00:52:26 Et de son côté, Vladimir Poutine a lui présenté ses condoléances
00:52:29 aux proches d'Evgeny Prigojine.
00:52:32 Le président russe parle d'un homme talentueux
00:52:34 qui a commis de graves erreurs dans sa vie.
00:52:35 Le chef du Kremlin qui s'est exprimé cet après-midi à la télévision russe.
00:52:39 On l'écoute.
00:52:40 - Je crois que c'était un avion de catastrophe.
00:52:43 En ce qui concerne la tragédie aérienne,
00:52:45 je tiens tout d'abord à exprimer mes plus sincères condoléances
00:52:48 aux familles de toutes les victimes.
00:52:50 C'est toujours une tragédie.
00:52:52 - C'est toujours une tragédie.
00:52:58 Les premières données indiquent qu'il y avait des employés du groupe Wagner.
00:53:01 - Les dernières données indiquent que les employés de la compagnie Wagner étaient là.
00:53:08 Je voudrais noter que ces personnes ont apporté une contribution significative
00:53:12 à notre cause commune de lutte contre le régime néo-nazi en Ukraine.
00:53:16 Nous nous en souvenons, nous le savons et nous ne l'oublierons pas.
00:53:24 - Et puis nous l'avons appris ce soir,
00:53:26 le président de la Fédération espagnole de football va démissionner.
00:53:29 Il était sur la sellette après avoir embrassé de force une jose espagnole sur la bouche.
00:53:33 C'était lors de la victoire de l'Espagne dimanche en finale du Mondial.
00:53:37 Luis Rubiales va présenter sa démission vendredi.
00:53:40 Ce sera à l'occasion de l'Assemblée Générale de sa fédération.
00:53:44 Voilà pour ce rappel de l'actualité.
00:53:46 A 22h sur CNews, vous retrouvez tout de suite Célia Barotte et ses invités.
00:53:49 C'est la suite de Soir Info.
00:53:51 - Merci beaucoup Simon Guilain pour toutes ces informations.
00:53:54 On attend le prochain point tout à l'heure à 23h.
00:53:57 Pour l'instant, on marque une courte pause sur CNews.
00:54:01 Soir Info été revient dans quelques minutes.
00:54:02 De retour dans Soir Info été.
00:54:08 Merci d'être avec nous.
00:54:10 Je suis toujours accompagnée de Nathan Deverdin,
00:54:12 Maury Brulé et de Vincent Roy.
00:54:14 Merci beaucoup messieurs d'être avec nous.
00:54:16 Nous allons revenir sur les déclarations d'Emmanuel Macron
00:54:20 dans une interview accordée à nos confrères du Point.
00:54:23 Après l'école, Emmanuel Macron a aussi évoqué les émeutes liées à la mort de Naël
00:54:29 pour le président de la République.
00:54:31 Ce ne sont pas les étrangers qui ont causé ces émeutes.
00:54:34 90% sont nés français.
00:54:36 Une immense majorité des personnes interpellées vient de familles monoparentales
00:54:40 ou de l'aide sociale à l'enfance.
00:54:42 Pour le président de la République, le problème c'est l'intégration.
00:54:46 Des gens disent que c'est un problème d'immigration récente.
00:54:49 C'est surtout un problème d'intégration et de refondation de la nation.
00:54:53 Vincent Roy, est-ce que le président de la République a vu juste ?
00:54:57 - Le président de la République tient des propos politiques.
00:55:02 Il voit juste quand il dit que ce sont des Français qui ont été arrêtés durant les émeutes.
00:55:12 90% sont nés français et il a raison.
00:55:16 Là où il n'a pas raison, c'est de laisser dire à son ministre d'Armenins
00:55:24 les gens que nous avons arrêtés s'appelaient Mathéo et Kévin.
00:55:28 Interrogez les policiers durant ces émeutes, ils vous disent qu'ils n'ont pas arrêté des Mathéo et des Kévin.
00:55:38 Ils ne s'appelaient ni Mathéo ni Kévin.
00:55:40 - Il y a peut-être des Mathéo aussi et des Kévin dedans ?
00:55:42 - Bien entendu, mais je veux dire que dans l'écrasante majorité,
00:55:46 ils ne s'appelaient pas Mathéo et Kévin.
00:55:47 Effectivement, quand il dit qu'on a un problème d'intégration,
00:55:52 on pourrait aussi tout aussi bien parler d'assimilation.
00:55:55 On a devant nous, je parle des émeutiers, pas des gens qui allaient voler des paires de Nike
00:56:00 et qui profitaient finalement d'une situation.
00:56:02 Je crois qu'il faut distinguer entre ceux qui voulaient casser les écoles
00:56:06 et ceux qui allaient voler des Nike.
00:56:09 Il me semble que ce ne sont pas exactement les mêmes populations.
00:56:12 En tous les cas, je pense que ça, c'est vraiment pas vouloir prendre à bras le corps le problème de l'immigration.
00:56:20 C'est de toute façon un problème d'intégration et d'assimilation.
00:56:25 Il est vrai, mais enfin, en tous les cas, ces jeunes qui ont été arrêtés
00:56:30 viennent malgré tout de parents ou de grands-parents qui étaient immigrés.
00:56:34 Donc, ils sont français, je veux dire, c'est absolument incontestable,
00:56:38 mais ils ont avec la France et avec notre pays de gros problèmes.
00:56:44 - Quand on parle à Maurice Brelet de problème d'intégration,
00:56:47 qu'est-ce qu'il veut vraiment dire le président de la République avec cette intégration ?
00:56:51 - Il veut surtout visiblement occulter le problème.
00:56:53 Quand il dit que 90% des émeutiers sont des Français, ce sont en effet des Français de papier.
00:56:59 Le problème, c'est que "français", c'est aussi être français dans la tête, dans le cœur et adhérer aux valeurs.
00:57:04 - Aux actions aussi.
00:57:05 - Adhérer, par son comportement, aux valeurs françaises, ce qui n'est pas le cas.
00:57:12 Déjà, deux ou trois jours après la fin des émeutes, il avait tenu des propos assez hallucinants
00:57:17 où quand on lui demandait comment il interprétait quelles étaient selon lui les causes de ces violences,
00:57:23 il avait répondu, je crois, en paraphrasant "je n'ai pas vraiment réfléchi, je ne sais pas".
00:57:28 Enfin bon, c'est absolument hallucinant.
00:57:31 Et là, à nouveau, visiblement, il occulte le problème en évoquant l'intégration.
00:57:34 Mais le problème, je vais dire, le plus profond,
00:57:37 celui qui est derrière le problème d'intégration, c'est évidemment le problème d'immigration,
00:57:41 c'est-à-dire une immigration incontrôlée depuis 20, 30 ans.
00:57:46 - Il a ajouté également "j'ai parlé de décivilisation il y a quelques mois,
00:57:49 c'est bien cela que nous avons vu, il faut donc s'atteler à reciviliser".
00:57:54 Nathan Devers, pendant les émeutes, c'était de la décivilisation ?
00:57:58 - Non, pas du tout, en tout cas, pas du tout au sens du concept de Norbert Elias.
00:58:04 Ce concept de décivilisation n'est pas tout à fait présent, d'ailleurs, dans l'œuvre de Norbert Elias,
00:58:08 mais le président Macron avait fait savoir quand il avait employé ce terme
00:58:11 que c'était en référence aux travaux de Norbert Elias.
00:58:14 Norbert Elias, quand il pense le processus de civilisation et sa dissolution ou sa négation,
00:58:19 dans son livre qui s'appelle "Les Allemands", c'est pour penser un phénomène
00:58:22 qui non seulement n'a rien à voir, mais qui est presque inverse,
00:58:25 c'est comment l'Allemagne, à la fin du 19e siècle,
00:58:29 est le grand modèle émergent de la nation,
00:58:31 c'est le grand pays qui a réussi à fonder sa nation au 19e siècle,
00:58:35 alors que ce n'était pas une nation en 1815, à la suite des accords de Vienne,
00:58:40 le grand modèle de la civilisation, de la philosophie, de la littérature, de la musique, de tout,
00:58:45 comment ce pays-là tombe, 40 ans plus tard,
00:58:48 dans l'abîme de la sauvagerie, du totalitarisme, etc.
00:58:51 Et la décivilisation, au sens de Norbert Elias,
00:58:53 c'est quelque chose qui a trait à la manière dont les élites,
00:58:57 la bourgeoisie, les élites économiques, les élites politiques, etc.,
00:59:00 ont progressivement abandonné ou corrompu ou enrayé
00:59:05 le principe de civilisation dont il se prévalait.
00:59:08 Et puis comment reciviliser, comment on recivilise une société ou une jeunesse ?
00:59:13 Mais en l'occurrence, déjà, je pense que ce ne sont pas les bons termes,
00:59:15 ni décivilisation, ni reciviliser.
00:59:18 Et ce que décrit Emmanuel Macron, finalement,
00:59:20 c'est à peu près ce qu'avait décrit M. Borloo dans son rapport remis en 2018 ou 2019,
00:59:26 juste après l'élection d'Emmanuel Macron pour son premier mandat,
00:59:30 où Borloo avait dit qu'en effet, il y avait un certain nombre de quartiers
00:59:34 où on a un taux de chômage qui est explosif,
00:59:37 quartiers qui ont été construits à partir des années 50 et 60
00:59:40 par des architectes et des urbanistes qui étaient animés d'utopies complètement délirantes,
00:59:45 où ils pensaient qu'en construisant des grands ensembles comme ça,
00:59:47 on allait créer une nouvelle société.
00:59:49 En fait, ils ont juste contribué à dissoudre complètement le lien social.
00:59:53 L'urbanisme est central dans la question.
00:59:55 Le seul homme politique de la modernité, de la France post-révolutionnaire,
00:59:59 qui a réussi à endiguer tout risque d'insurrection dans une grande ville,
01:00:03 c'est Napoléon III et Haussmann,
01:00:05 précisément l'invention de l'immeuble haussmannien,
01:00:08 c'est précisément un lieu où, dans le même immeuble,
01:00:11 vous avez plusieurs catégories sociales qui cohabitent.
01:00:13 Les grands ensembles qui ont été ceux des quartiers où il y a eu des émeutes,
01:00:17 c'est précisément le contraire de l'immeuble haussmannien.
01:00:18 - Attendez, je vous arrête une seconde.
01:00:20 Je suis tout à fait d'accord avec ce que vous dites.
01:00:21 La seule difficulté, c'est que dans l'immeuble haussmannien,
01:00:24 il y a effectivement tout en haut le personnel,
01:00:27 dans l'étage noble, la bourgeoisie ou l'aristocratie.
01:00:33 On est tout à fait d'accord et tout fonctionne,
01:00:35 mais simplement, il fait cohabiter différents strates sociaux,
01:00:43 mais pas culturels ni religieux.
01:00:48 Il n'y a pas des musulmans, des catholiques, des juifs, ça n'existe pas.
01:00:54 Or, là, le problème qu'on a actuellement est aussi un problème avec les religions.
01:00:59 Donc, le modèle haussmannien, il ne faut pas occulter le fait
01:01:04 que c'est juste une mixité sociale, mais pas une mixité religieuse.
01:01:08 - Vous êtes en train de dire que dans les émeutes,
01:01:09 il y a eu aussi un problème de religion,
01:01:10 que la religion a joué un rôle dans ces affrontements
01:01:14 ou dans cette colère qui a été démontrée dans la rue ?
01:01:20 - Non, les gens qui se mettaient à combattre les signes de notre République
01:01:27 lorsqu'ils s'attaquaient aux écoles, etc.,
01:01:29 ce sont des gens qui, comme le disait Thibaud de Montbrial dans "Le Figaro",
01:01:34 ce sont des gens qui ne nous aiment pas beaucoup.
01:01:36 Ce ne sont pas des chrétiens, des catholiques,
01:01:41 ce sont des gens qui ne nous aiment pas beaucoup.
01:01:43 Ce sont des musulmans qui nous en veulent.
01:01:45 Alors, ils peuvent nous en vouloir pour des tas de raisons,
01:01:49 notamment pour la guerre d'Algérie, etc.
01:01:51 Tout ça ressort, vous avez des drapeaux.
01:01:53 Au moment de la marche contre Nahel,
01:01:55 outre le fait qu'on criait "mort aux porcs" et "mort aux juifs",
01:01:58 il y avait quand même des drapeaux algériens.
01:02:03 Il y a tout ça, c'est composite.
01:02:06 - Mais dans les émeutes, il n'y avait pas que des musulmans.
01:02:09 Dans les piliers de l'émeute, ce n'était pas que des musulmans.
01:02:12 Il faut aussi remettre...
01:02:13 - Je n'ai pas dit qu'il n'y avait que des musulmans,
01:02:14 j'ai dit qu'il y avait aussi des musulmans.
01:02:16 - Oui, mais ce n'est pas la religion musulmane
01:02:18 qui fait qu'on va aller sur des émeutes.
01:02:21 Ce n'est pas parce qu'une personne est musulmane ou est musulmane
01:02:25 qu'on va aller faire des émeutes.
01:02:27 - Non, mais bien sûr, il s'avère que ce sont ces gens des quartiers
01:02:31 qui étaient dans les émeutes.
01:02:32 Or, il y avait dans ces gens beaucoup de musulmans.
01:02:34 - Après, dans les quartiers, il y a aussi d'autres personnes...
01:02:36 - Bien entendu, il y a de tout.
01:02:38 - La moribrelaise.
01:02:39 Là, on a aussi un président de la République
01:02:40 qui parle enfin des émeutes et de ses émeutiers,
01:02:43 de comment on va avoir la vie après émeute.
01:02:46 - Oui, mais à nouveau dans le flou,
01:02:48 et je suis assez d'accord avec ce qu'a dit Nathan,
01:02:52 il y a un problème de vocabulaire,
01:02:53 et à nouveau des termes contradictoires.
01:02:56 C'est-à-dire qu'Emmanuel Macron, dans son interview au Point,
01:02:58 a du mal à mettre les mots sur le mal et à faire un constat clair.
01:03:04 On a évoqué tout à l'heure cette phrase de 90 %,
01:03:07 et en même temps, il utilise le mot "reciviliser",
01:03:10 qui est un mot très fort, qui a une signification très, très forte,
01:03:13 et dont on n'imagine d'ailleurs pas aujourd'hui
01:03:15 ce qu'il revêt concrètement.
01:03:18 C'est-à-dire qu'est-ce qu'il imagine comme mesure en pratique
01:03:20 pour "reciviliser" une partie de la population française.
01:03:24 - Nathan Devers, terminé votre propos sur cet immeuble haussmanien,
01:03:29 pour vous, tout vient aussi de l'urbanisme,
01:03:30 du contexte, du paysage habitable pour ces personnes ?
01:03:35 - Il me semble que oui, que vraiment fondamentalement,
01:03:37 tout vient profondément de cela.
01:03:40 Quand je dis ça, c'est-à-dire que là,
01:03:42 on voit bien ce qui s'est passé avec les émeutes.
01:03:44 Il y a eu, la réponse a été une réponse répressive, policière, pénale.
01:03:49 Il y a eu des comparutions immédiates avec une sévérité rare,
01:03:54 et donc parfois des gens qui ont été jugés en cinq minutes,
01:03:57 j'exagère, mais enfin en une poignée de minutes,
01:03:58 et qui se retrouvaient avec des peines lourdes en prison.
01:04:01 Bon, réponse pénale, aveugle.
01:04:02 Si on ne répond pas aux causes profondes
01:04:05 qui expliquent la situation de ces quartiers-là,
01:04:07 que ce soit quand il y a des émeutes,
01:04:09 que ce soit, c'est une situation différente,
01:04:10 on en parlera tout à l'heure, mais le pis-vin anime,
01:04:13 c'est-à-dire le trafic de drogue, c'est-à-dire les économies parallèles,
01:04:15 c'est-à-dire les groupes de délinquance structurelles,
01:04:18 des groupes qui sont organisés autour de la délinquance,
01:04:20 de la violence, d'agression.
01:04:22 Si on ne répond pas à la question de la causalité de tout cela,
01:04:24 eh bien on ne résoudra jamais le problème.
01:04:26 En l'occurrence, je fais observer,
01:04:28 je fais exprès d'utiliser un argument bête,
01:04:30 mais dans le huitième arrondissement de Paris,
01:04:33 vous n'avez pas des jeunes qui sont tentés
01:04:36 de rejoindre le trafic de drogue,
01:04:38 en tout cas peut-être il y en a un ou deux qui font ça
01:04:40 pour se révolter contre leurs parents.
01:04:42 Parce qu'il y a du trafic de drogue aussi dans les quartiers riches.
01:04:43 Ils consomment.
01:04:44 Oui, pour participer activement.
01:04:46 Précisément pour une raison très simple,
01:04:48 c'est que pourquoi vous rejoignez un trafic de drogue ?
01:04:50 Parce qu'on vous propose de gagner 3000 euros à 15 ans
01:04:52 et que vous savez que statistiquement,
01:04:54 vous ne gagnerez jamais cette somme-là,
01:04:56 même en faisant des études, même en travaillant.
01:04:58 En tout cas, la majorité des habitants de votre quartier,
01:05:00 ça se passe ainsi.
01:05:01 Ils sont mis, si vous voulez,
01:05:02 dans le banlieue, ils sont mis au banc.
01:05:04 Étymologiquement, c'est ça.
01:05:05 Ils sont mis au banc du reste de la société,
01:05:07 surtout qu'ils sont juste à la marge des métropoles
01:05:09 où il y a toute l'activité économique, etc.
01:05:10 Par exemple, si on ne traite pas de cette question-là,
01:05:13 si on ne traite pas du fait qu'il y a des quartiers,
01:05:15 le PIS20, on en parlera,
01:05:16 mais 70% des gens qui vivent sous le feuille de pauvreté,
01:05:19 que vous avez des quartiers où le chômage est explosif,
01:05:21 évidemment que les gens se révoltent.
01:05:23 On a vu une révolte, moi je pense fondamentalement,
01:05:25 contrairement à vous,
01:05:27 que cette révolte, elle n'est pas culturelle,
01:05:28 qu'elle est socio-économique
01:05:30 et qu'elle est en cela comparable
01:05:31 à ce qu'on a observé avec les Gilets jaunes.
01:05:33 Alors évidemment, c'est des populations
01:05:34 qui sont très très différentes.
01:05:36 Évidemment, les Gilets jaunes, il y avait moins de violence.
01:05:37 On se souvient qu'il y a eu toute une première période,
01:05:39 les Gilets jaunes des ronds-points, etc.
01:05:40 Mais ce sont des gens, globalement,
01:05:42 qui sont dans une situation
01:05:43 où ils n'ont pas de perspective sociale épanouissante,
01:05:46 collectivement, il y en a qui s'en sortent individuellement,
01:05:47 mais collectivement, ils n'en ont pas.
01:05:49 Et puis ils se révoltent, et puis à un moment,
01:05:50 dans ces révoltes, il y a des violences.
01:05:51 Il faut condamner les violences,
01:05:53 mais si on se contente de condamner les violences
01:05:54 et qu'on ne réfléchit pas à leur cause,
01:05:56 eh bien en fait, on fait ce que j'appellerais de la cosmétique
01:05:59 et on ne répond pas aux vrais problèmes.
01:06:00 - Ça, je suis d'accord.
01:06:00 - On va marquer juste une courte pause
01:06:03 et juste après cette courte pause,
01:06:05 Soir Info été abordera de nombreux sujets,
01:06:07 notamment le trafic de drogue.
01:06:08 Anim, restez avec nous.
01:06:09 [Musique]
01:06:16 - Soir Info été, c'est le retour pour la dernière partie de l'émission
01:06:20 et nous allons aborder ce drame.
01:06:22 Anim, trois jours après le décès d'un enfant de 10 ans dans une fusillade,
01:06:27 une nouvelle personne est morte dans le quartier Pisse 20.
01:06:30 Il s'agit d'un adolescent de 18 ans connu des services de police.
01:06:34 Selon nos informations, le soir du drame,
01:06:35 il occupait un rôle de vendeur ou de guetteur
01:06:38 sur le point de deal situé dans la cité.
01:06:40 Une sacoche contenant 85 euros en petite coupure
01:06:42 ainsi que du cannabis ont été retrouvés sur lui.
01:06:45 Nous allons écouter les explications et le ressenti
01:06:49 de nos reporters sur place,
01:06:51 Jean-Luc Thomas accompagné de Sacha Robin,
01:06:53 concernant l'ambiance générale dans les rues de Nîmes
01:06:57 et aussi sur les dernières informations.
01:07:00 Écoutez Jean-Luc Thomas.
01:07:01 - Depuis ce matin, c'est la stupeur ici dans le quartier de Pisse 20.
01:07:06 Stupeur, le mot est faible.
01:07:08 C'est même des habitants qui sont totalement terrorisés,
01:07:12 qui ont peur parce qu'ils n'ont jamais vécu ça.
01:07:16 Même si les trafics existent depuis des dizaines d'années,
01:07:20 eh bien là, on a passé un palier, comme ils disent,
01:07:23 et ils veulent être protégés.
01:07:25 C'est pour ça que l'ensemble des patrouilles des policiers,
01:07:29 que ce soit les policiers locaux ou la CRS 8,
01:07:33 eh bien sont importantes.
01:07:35 Mais évidemment, ça ne suffit pas.
01:07:37 La preuve, hier soir, les policiers de la CRS 8
01:07:40 sont partis à 2h du matin.
01:07:42 À 3h42, eh bien, il y a eu le meurtre de ce jeune homme de 18 ans.
01:07:48 Alors, que faut-il faire ?
01:07:50 Eh bien, les habitants disent pourquoi on nous abandonne ?
01:07:54 Pourquoi on nous abandonne ?
01:07:55 Pourquoi depuis tant d'années, on n'a pas eu de renfort de police ?
01:08:01 Il y a quelques années, on devait construire un commissariat,
01:08:05 à la fois commissariat de police,
01:08:07 et également pour la police municipale.
01:08:09 Eh bien, il n'y a rien.
01:08:11 Et puis, évidemment, il y a tout le côté social,
01:08:14 tout le côté urbanisme.
01:08:16 Il n'y a plus de commerce dans ce quartier,
01:08:18 si ce n'est une pharmacie.
01:08:20 Et là aussi, les habitants se sentent totalement abandonnés.
01:08:24 Ce qui est sûr, c'est que les renforts de police
01:08:28 vont faire beaucoup de bien dans le quartier, du moins,
01:08:31 si ces renforts patrouillent de façon permanente.
01:08:36 - Et pour parler de la situation dramatique à Nîmes,
01:08:38 nous sommes en direct avec Rudi Mana, porte-parole Alliance Sud.
01:08:42 Merci beaucoup d'être avec nous, Rudi Mana.
01:08:45 Alors, quelle est la situation à Nîmes ?
01:08:47 Est-ce que le calme est de retour avec le renfort annoncé
01:08:52 par Gérald Darmanin pour rétablir l'ordre ?
01:08:56 - Bonsoir à tous.
01:08:57 Oui, il faut espérer quand même qu'avec tous les renforts
01:09:00 qui vont arriver sur Nîmes ce soir,
01:09:02 le calme soit de retour parce que le ministre de l'Intérieur
01:09:06 a annoncé que la CRF 8 serait complétée ce soir sur Nîmes.
01:09:10 Il y a une deuxième CRS qui va arriver de manière pérenne
01:09:14 pendant minimum un mois sur Nîmes.
01:09:17 Il y aura un appui du RED pour interpeller des individus
01:09:20 qui pourraient être les auteurs de ces coups de feu.
01:09:22 Donc, si avec ça, on n'a pas le calme d'Anne-Yves,
01:09:25 franchement, on peut être relativement inquiet.
01:09:28 Donc oui, ce soir, je comprends tous ces habitants
01:09:31 qui malheureusement vivent dans la terreur,
01:09:34 comme il faut le dire aussi,
01:09:36 un nombre incalculable de cités en France
01:09:39 où on voit des habitants qui, eux, essayent de s'intégrer,
01:09:43 qui, eux, essayent de travailler et qui vivent dans la terreur,
01:09:47 qui vivent sous la pression de ces trafiquants de stupes
01:09:51 qui, malheureusement, ont pignon sur rue dans ces cités
01:09:54 malgré, et il faut le dire aussi,
01:09:56 des interventions de police quasi quotidiennes,
01:09:59 des interpellations tous les jours.
01:10:01 Et malheureusement, ce trafic se régénère toutes les heures
01:10:05 après des interpellations de police.
01:10:07 Donc, on est devant une énorme difficulté
01:10:10 et cette difficulté ne pourra être résolue uniquement par la police,
01:10:14 mais il va falloir que toutes les institutions de l'État
01:10:18 s'associent à la police pour essayer de résoudre une partie de ce problème.
01:10:23 Oui, parce que vous connaissez très bien Marseille,
01:10:26 vous avez l'habitude de vous exprimer sur cette ville.
01:10:29 Est-ce que Nîmes commence à prendre le chemin de Marseille ?
01:10:33 Est-ce qu'on est sur une généralisation incontrôlable du trafic de drogue
01:10:37 et surtout de ses conséquences, de ses drames ?
01:10:40 On est à plus d'une trentaine de personnes à Marseille
01:10:43 décédées dans ce genre de scénario.
01:10:46 Là, à Nîmes, on est sur une semaine quand même assez dramatique
01:10:51 et même si 25 policiers de la CRS 8 ont été déployés
01:10:54 depuis la mort de cet enfant de 10 ans,
01:10:56 on est sur des trafiquants, des dealers qui n'ont peur de rien.
01:11:00 Nos reporters sur place ont vu le trafic reprendre.
01:11:03 Quelle est cette spécificité à Nîmes ?
01:11:06 Pourquoi le problème est assez ancré ?
01:11:10 Alors, vous savez, il n'y a pas que Nîmes,
01:11:12 parce qu'il y a deux mois, il y avait des fusillades à Valence
01:11:15 avec des morts quasiment tous les deux jours.
01:11:17 On a eu des fusillades à Grenoble, on a eu des fusillades à Navignon
01:11:21 et aujourd'hui, Nîmes.
01:11:23 En fait, Marseille, on est habitué à ça.
01:11:25 Marseille, c'est 38 morts cette année, 71 blessés par balle.
01:11:29 Ça fait des années que ça dure
01:11:31 et malheureusement, on n'arrive pas à indiquer ce phénomène.
01:11:34 Mais ce qui est nouveau, c'est effectivement toutes ces villes moyennes
01:11:37 qui sont touchées de manière très importante
01:11:40 par ces trafics de subventions
01:11:41 et qui sont surtout touchées par ces fusillades
01:11:46 qui arrivent très régulièrement sur fond de trafics de stupéfiants.
01:11:51 Tout ça, c'est assez nouveau et il est logique que les policiers du quotidien,
01:11:55 ces policiers de sécurité publique qui sont là pour essayer
01:12:00 de préserver la sécurité de leurs concitoyens dans des villes moyennes
01:12:04 ne soient pas aussi nombreux qu'à Marseille
01:12:05 et du coup, se trouvent un petit peu en difficulté
01:12:09 dès que ce genre de phénomène arrive.
01:12:11 Donc très clairement, ce phénomène s'étend,
01:12:13 s'étend sur beaucoup de villes moyennes en France
01:12:16 et même des toutes petites villes sont touchées par ce trafic de stupéfiants.
01:12:20 On a pu voir aussi la ville de Montpellier qui a été touchée
01:12:23 il n'y a pas longtemps par un meurtre abominable d'une femme
01:12:26 qui a pris dix coups de couteau.
01:12:28 Donc tout ça, ce phénomène de violence s'étend partout en France
01:12:32 et c'est ça la vraie difficulté.
01:12:33 Vous avez raison de souligner que ces mecs-là n'ont peur de rien.
01:12:37 Ils n'ont peur de rien, certainement pas de la police,
01:12:40 encore moins de la justice.
01:12:42 En fait, ils n'ont pas peur de l'État
01:12:44 parce qu'ils considèrent que l'État est faible
01:12:46 et qu'en France, ce sont eux qui sont forts.
01:12:49 Mais est-ce que vous avez constaté aussi une évolution,
01:12:51 un changement dans le profil de ces trafiquants
01:12:54 en termes aussi de moyens, on les voit de plus en plus armés
01:12:57 et aussi de plus en plus jeunes.
01:12:59 Comment on peut expliquer ce constat de trafiquants,
01:13:03 de profils qui changent quand même ?
01:13:06 Bien sûr qu'on a constaté un changement du profil.
01:13:09 On a des individus de plus en plus jeunes
01:13:12 vous avez raison de le dire.
01:13:13 L'individu d'hier soir avait 18 ans.
01:13:16 Il y a des individus qui sont décédés à Marseille par exemple,
01:13:21 il y a trois jours à la cité de la Caillot,
01:13:24 il avait 14 ans.
01:13:25 Donc en fait, on a des individus de plus en plus jeunes
01:13:28 qui sont récupérés dans les trafics
01:13:29 et c'est là qu'il faut se poser les bonnes questions.
01:13:31 Ces individus de 14, 15, 16, 17 ans,
01:13:34 je crois qu'ils devraient être à l'école de la République à cet âge-là
01:13:37 et pourtant, ils sont déjà dans les trafics de sud.
01:13:39 Ça, c'est une première inquiétude qu'il faut avoir
01:13:41 et comme l'école est obligatoire à minimage qu'à 16 ans,
01:13:44 il faut se poser la question de savoir pourquoi
01:13:47 les parents ne les ménagent pas à l'école de la République.
01:13:50 Et ensuite, il faut, comme je le dis assez souvent,
01:13:53 passer des messages, avoir de la pédagogie,
01:13:56 que beaucoup de médecins, que des associations de quartier,
01:14:00 que des politiques aillent dans ces collèges, dans ces lycées
01:14:02 ou même dans ces primaires CM2 par exemple
01:14:05 et commencent à expliquer tous les méfaits de la drogue,
01:14:08 expliquer que la drogue c'est de la merde
01:14:10 et que quand on rentre dans un trafic de stupéfiants,
01:14:12 il n'y a que deux issues, c'est soit le cimetière, soit la case prison.
01:14:16 Et je crois que ça, il faut leur dire
01:14:17 et il faut que des personnes autres que les policiers leur disent
01:14:20 parce qu'aujourd'hui, je vous le dis clairement,
01:14:22 c'est le ressenti de tous les collègues de terrain,
01:14:25 c'est qu'en fait, on est seul face à eux,
01:14:28 on est seul à parler avec eux,
01:14:30 on est seul à les interpeller parfois, à se battre avec eux
01:14:35 et toutes les institutions de l'État
01:14:38 ont presque démissionné dans ces cités.
01:14:40 C'est ça la vraie difficulté,
01:14:41 il faut créer à nouveau ce service public,
01:14:44 il faut créer un lien, il faut créer un dialogue
01:14:47 et peut-être qu'on arrivera à sortir certains jeunes.
01:14:50 Je ne vous dis pas qu'on va tous les sortir
01:14:51 mais si on en sort 20%, c'est déjà pas mal.
01:14:54 Et puis ensuite, quand on les interpelle,
01:14:56 il faut que ces mecs-là aillent au ballon,
01:14:58 ils aillent en prison et ils aillent en prison
01:15:00 pour un certain nombre d'années pour leur donner,
01:15:03 pour leur faire passer l'envie de recommencer
01:15:05 quand ils sortent derrière parce que souvent ils se disent
01:15:07 "je suis condamné à deux ans, je ne suis même pas sûr d'aller en prison
01:15:09 si j'ai deux ans en ferme et si je fais huit mois,
01:15:12 eh bien quand je vais ressortir, je vais re-rentrer dans le réseau
01:15:14 et je vais me refaire un peu de la "thune"
01:15:16 comme ils disent, vulgairement parlant.
01:15:18 Donc tout ça, il faut qu'on arrive à avoir une réponse globale,
01:15:20 sinon très clairement, le phénomène va s'empirer
01:15:24 et les violences vont s'accentuer.
01:15:26 Réaction de Vincent Roy, présent sur le plateau.
01:15:28 Oui, Roudimana, bonsoir.
01:15:30 Juste une question, quand la CRS 8 qu'on a déployée à Nîmes,
01:15:35 quand celle-ci, aidée du Raid, va partir, le trafic va reprendre,
01:15:40 c'est un cataplasme sur une jambe de bois ce qu'on est en train de faire.
01:15:43 C'est-à-dire qu'on ne peut pas ne rien faire,
01:15:46 alors comme une sorte de pansement,
01:15:49 on envoie pour une semaine la CRS 8.
01:15:51 Mais au fond, ça sert à quoi ?
01:15:53 Enfin si, ça va rassurer les gens du quartier pendant une semaine,
01:15:57 mais c'est du maquillage, c'est du cosmétique.
01:16:02 Vous avez raison de dire qu'on ne peut pas ne rien faire,
01:16:06 parce que si on ne faisait rien, on nous le reprochait.
01:16:09 Donc aujourd'hui, le ministre de l'Intérieur décide d'envoyer la CRS 8 à Nîmes,
01:16:14 comme il a décidé de l'envoyer à Marseille.
01:16:16 Mais il est évident que c'est très compliqué pour cette CRS,
01:16:19 dont je tiens à saluer leur courage, leur détermination,
01:16:22 leur implication dans leur travail,
01:16:24 parce que c'est des hommes et des femmes formidables cette CRS 8,
01:16:27 ils font un travail remarquable et ça il faut le souligner.
01:16:29 Mais la difficulté c'est qu'effectivement, ils sont pour des missions courtes,
01:16:32 comme vous l'avez dit, c'est pour calmer la situation, apaiser la situation.
01:16:37 Mais le problème de ces villes moyennes effectivement,
01:16:39 c'est que les effectifs de police ne sont pas extrêmement nombreux,
01:16:43 parce qu'habituellement, on arrivait à contenir cette délinquance,
01:16:46 cette violence avec les effectifs que nous avions,
01:16:49 sauf qu'aujourd'hui effectivement, on a un phénomène nouveau,
01:16:52 qui est que les règlements de comptes ne concernent plus que des villes comme Marseille,
01:16:58 comme Paris ou comme Lyon, ça concerne aussi des villes comme Avignon,
01:17:01 comme Grenoble, comme Valence et dernièrement comme Nîmes.
01:17:04 Et ça, c'est un nouveau phénomène qui est inquiétant
01:17:07 et c'est difficile pour des policiers de sécurité publique de lutter contre ça.
01:17:11 Et j'aimerais aussi parler de la police judiciaire,
01:17:15 parce qu'en fait, ce qui interpelle ces mecs-là, c'est la police judiciaire.
01:17:20 Et eux aussi sont souvent à effectifs relativement restreints,
01:17:24 vu le nombre de règlements de comptes et de fusillades et d'actes criminels qu'il y a.
01:17:31 Donc, eux arrivent à procéder à des interpellations,
01:17:34 eux arrivent à interpeller des commandos,
01:17:37 comme à Marseille, on en a interpellé 5 depuis le début de l'année, c'est énorme.
01:17:41 5 commandos qui tuent des mecs, c'est énorme.
01:17:44 Et bien pourtant, ça continue à flinguer, ça continue à arroser à la Kalachnikov.
01:17:48 Franchement, on fait ce qu'on peut, tout le monde travaille d'arrache-pied,
01:17:53 mais le problème de la violence est quand même extrêmement important en France.
01:17:56 Et ça, il faut que tout le monde le comprenne bien.
01:17:58 Et pour lutter contre ça, il faut que la police soit aidée
01:18:01 de toutes les institutions dont je vous ai parlé tout à l'heure.
01:18:04 Alors on va écouter Gérald Darmanin qui était aujourd'hui dans le Finistère en déplacement.
01:18:09 Le ministre de l'Intérieur s'est exprimé sur l'origine aussi
01:18:13 de ces règlements de comptes pour le ministre de l'Intérieur.
01:18:16 Il n'y aurait pas de trafic s'il n'y avait pas de consommateurs.
01:18:20 Il a également fait un bilan sur les résultats menés par la police sur le trafic de drogue.
01:18:27 Écoutez le ministre de l'Intérieur.
01:18:29 Pour qu'il y ait moins de drogue, bien sûr qu'il faut qu'il y ait plus de policiers,
01:18:32 mais il faut qu'il y ait moins de consommateurs.
01:18:34 C'est aussi un message général à passer.
01:18:35 S'il y a de la consommation de drogue, c'est le cas bien évidemment de la cocaïne,
01:18:40 c'est le cas de l'héroïne, c'est le cas du crack,
01:18:42 c'est le cas des matières désormais qui touchent la population.
01:18:46 On le voit d'ailleurs aux États-Unis d'Amérique.
01:18:47 La plus jeune et qui la met dans la situation évidemment de mort,
01:18:51 soit de mort sociale, soit de mort évidemment tout court,
01:18:54 alors il n'y a plus d'offres.
01:18:55 Il n'y a pas de traficants s'il n'y a pas de consommateurs.
01:18:57 Donc c'est aussi un message à chacune des Français.
01:19:00 Vous pouvez ne pas déplorer simplement les causes.
01:19:03 Regardez évidemment le comportement.
01:19:06 Regardons le comportement de chacun.
01:19:07 Nous avons une guerre contre la drogue qui est très difficile et nous avons des résultats.
01:19:11 Ces résultats font sans doute naître ces règlements de comptes.
01:19:15 Cette année, en tout cas en 2022,
01:19:18 il y a eu 3 tonnes de cannabis saisies rien que dans le département du Gard.
01:19:23 C'était moins d'une tonne il y a 4 ans.
01:19:25 Nous avons interpellé dans les trafics de drogue dans la ville de Nîmes et aux alentours,
01:19:30 130 trafiquants de drogue.
01:19:32 Certains dorment en prison pour de longues années.
01:19:35 Évidemment lorsque des points d'île sont entre 60 000 et 100 000 euros d'argent liquide,
01:19:40 lorsque nous mettons fin à des trafics qui pourrissent la vie des citoyens,
01:19:45 c'est le cas à Nîmes, c'est le cas à Marseille, c'est le cas en région parisienne,
01:19:48 il y a des réactions.
01:19:49 Il y a une volonté de montrer que les délinquants l'emporteraient sur l'ordre républicain.
01:19:53 Ce ne sera pas le cas.
01:19:54 C'est un long combat contre la drogue, très difficile.
01:19:57 Rudy Mana, on a quand même un ministre de l'Intérieur qui est conscient du problème
01:20:02 et pourtant l'hémorragie continue.
01:20:04 Est-ce que c'est un travail de plusieurs années ou au contraire,
01:20:07 il faut attaquer directement maintenant le problème à sa racine
01:20:09 parce qu'on a quand même des habitants, des riverains qui souffrent ?
01:20:13 Est-ce que cette présence policière doit être permanente ?
01:20:16 Et pourtant aussi on a un problème dans la police, un manque de moyens.
01:20:20 Alors comment fait-on pour régler ce problème ?
01:20:22 Déjà, Charles Darmanin a raison sur un point,
01:20:26 s'il n'y a pas de consommateurs, il n'y a pas de vendeurs.
01:20:29 Ça c'est d'une certitude.
01:20:30 Alors il a été créé l'amende forfaitaire délictuelle,
01:20:33 qui à mon avis est une excellente idée.
01:20:35 Et pour le syndicat Alliance également, on trouve que c'était une bonne idée.
01:20:39 Le souci c'est qu'elle n'a que 35% qui sont payés.
01:20:41 Donc en fait, il faut trouver une solution pour les faire payer davantage.
01:20:45 Et ça, on ne va pas encore donner cette mission aux policiers
01:20:47 comme à un moment donné, on l'avait pensé,
01:20:49 on voulait donner des distributeurs des appareils à carte bleue
01:20:52 pour faire payer les gars.
01:20:53 Non mais là à un moment donné, on va tout faire dans ce pays.
01:20:56 C'est ça la difficulté.
01:20:57 Effectivement, il faut qu'on arrive à les faire payer davantage.
01:21:00 S'il y a une récidive, il faut que la somme soit encore plus importante.
01:21:04 Et puis, s'il y a une deuxième récidive,
01:21:06 il faut peut-être réfléchir aussi à des peines de prison de courte durée.
01:21:09 Mais bon, surpopulation carcérale, comment faire ?
01:21:12 En fait, c'est un problème…
01:21:14 Je sais, mais le problème de cette surpopulation carcérale,
01:21:18 ça fait 20 ans qu'on nous le bassine,
01:21:20 ça fait 20 ans qu'on nous en parle,
01:21:21 et il n'y a jamais personne qui a trouvé une solution à ça.
01:21:24 Donc aujourd'hui, il va falloir qu'on trouve une solution,
01:21:26 et de manière très rapide,
01:21:28 parce que la délinquance a tellement évolué,
01:21:30 la violence est devenue tellement gigantesque,
01:21:33 qu'il va falloir quand même, à un moment donné,
01:21:35 qu'on enferme ces mecs-là.
01:21:37 On ne va pas laisser ces fous furieux dans les rues,
01:21:40 qui vont continuer à commettre des violences,
01:21:42 à commettre des crimes ou à commettre des actes graves.
01:21:45 Donc, il va falloir qu'on trouve aussi une solution rapidement,
01:21:48 pour trouver des places de prison,
01:21:50 de manière à incarcérer peut-être pour des peines de courte durée,
01:21:54 des individus qui ont commis des délits un peu moins graves.
01:21:58 Parce qu'à un moment donné, on ne pourra pas trouver,
01:22:01 on n'a pas de solution.
01:22:02 Si ces individus, on ne les met pas quelque part,
01:22:04 eh bien, ils sont de nouveau sur la voie publique,
01:22:06 et croyez-moi que la pédagogie de leur dire
01:22:09 "il ne faut pas recommencer parce que la prochaine fois,
01:22:11 attention à vous, je vous garantis que ça ne marche plus ça",
01:22:13 il y a bien longtemps que ça ne marche plus.
01:22:14 Donc, en fait, quelle est la difficulté ?
01:22:17 C'est que ce sont les policiers
01:22:19 qui se retrouvent toujours en face des mêmes mecs,
01:22:21 et que ces mecs-là, à un moment donné,
01:22:23 on n'en peut plus de les arrêter,
01:22:24 de les remettre à disposition de la justice,
01:22:26 parce qu'in fine, ça nous use,
01:22:29 et ça fait perdre du sens à notre métier,
01:22:32 et aujourd'hui, il faut le reconnaître,
01:22:34 le malaise de la police est aussi dû à ça,
01:22:36 à la perte de sens que nous avons
01:22:38 dans la fonction de policier,
01:22:40 parce qu'à un moment,
01:22:41 on trouve que ce qu'on fait est parfois inutile,
01:22:44 alors qu'on y met du cœur, de la détermination,
01:22:46 et qu'on rentre dans la police par vocation.
01:22:49 Ça, c'est une réalité.
01:22:51 Donc, il faut qu'on arrive à trouver des solutions là-dessus,
01:22:54 pour redonner du sens au travail de policier.
01:22:56 Réaction de Nathan Devers pour vous, Ritchie Manin ?
01:23:00 Moi, j'ai l'impression, en vous entendant,
01:23:01 qu'on fait peser sur les policiers
01:23:04 et sur les forces de l'ordre
01:23:05 une pression qui est folle,
01:23:07 parce que c'est des attentes impossibles
01:23:09 qu'on leur donne, comme si c'était à eux
01:23:11 qu'ils revenaient de réparer une situation
01:23:13 dont l'insécurité n'est pas la cause.
01:23:16 Je veux dire que l'insécurité est le symptôme
01:23:19 du fait que dans un certain nombre de quartiers,
01:23:21 il y a un problème qui est beaucoup plus global
01:23:23 et dont les racines n'ont rien à voir
01:23:24 avec une question ni policière, ni pénale.
01:23:27 Pourquoi ?
01:23:28 Je reviens à ma question que je posais naïvement tout à l'heure,
01:23:31 pourquoi ces problèmes-là qu'on évoque,
01:23:33 ce qui s'est passé au PIS 20,
01:23:34 les drames successifs,
01:23:36 cet enfant de 10 ans qui est mort,
01:23:38 donc manifestement dans des règlements de comptes
01:23:40 liés à un trafic de drogue,
01:23:41 pourquoi les règlements de comptes
01:23:42 qui ont lieu dans les quartiers nord à Marseille,
01:23:44 pourquoi tout cela a lieu
01:23:45 dans les quartiers nord de Marseille ou au PIS 20,
01:23:48 à la Castellane, etc.
01:23:49 et pas dans le huitième arrondissement ?
01:23:50 Est-ce que c'est parce que ces quartiers
01:23:52 seraient mystérieusement peuplés de gens
01:23:54 qui seraient des sauvages, des barbares,
01:23:55 des gens ontologiquement voués à la violence,
01:23:58 ou est-ce que c'est parce que ce sont des quartiers
01:24:00 qui, encore une fois, s'y ont fait leur histoire ?
01:24:02 Le PIS 20 a été créé
01:24:03 par un architecte,
01:24:05 Arsène Henry,
01:24:07 qui était un des grands partisans
01:24:08 des grands ensembles,
01:24:10 qui a, on peut dire, en quelque sorte,
01:24:11 charcuté les grandes métropoles françaises,
01:24:13 charcuté en les construisant,
01:24:15 en édifiant des sortes de
01:24:17 grands ensembles, de grandes prisons.
01:24:20 C'est le modèle de la prison,
01:24:21 du modèle carcéral
01:24:22 de quartiers où on est assigné à résidence sociale,
01:24:25 où il n'y a pas d'évolution,
01:24:26 où il n'y a pas de mixité,
01:24:27 où il n'y a pas de justice sociale,
01:24:28 où il n'y a pas de perspective
01:24:29 d'émancipation,
01:24:31 enfin pas d'émancipation, mais d'ascension sociale.
01:24:33 Les quartiers nord de Marseille,
01:24:34 ils ont été construits quand, pourquoi, par qui ?
01:24:36 Ils ont été construits dans les années 50.
01:24:38 Juste après la Seconde Guerre mondiale,
01:24:40 Marseille est détruite par les bombardements
01:24:42 et on construit ces quartiers nord
01:24:44 pour loger un prolétariat sous-payé
01:24:47 destiné à reconstruire à la hâte
01:24:49 la ville de Marseille.
01:24:50 Le principe même de ces quartiers,
01:24:52 c'est que c'était pour loger une population
01:24:53 qui n'allait pas participer du contrat social.
01:24:56 Et du contrat social au sens fort,
01:24:57 pas seulement le contrat civique,
01:24:58 un droit de vote, etc.
01:25:00 Mais le contrat social, c'est-à-dire faire partie
01:25:02 d'une société qui me donne des devoirs,
01:25:04 des armes et des perspectives.
01:25:05 Et donc, quand en effet,
01:25:06 vous avez des quartiers qui ont été conçus pour ça,
01:25:09 qui ont été conçus pour mettre des gens
01:25:10 au banc des métropoles,
01:25:12 ce n'est pas très compliqué,
01:25:13 pas besoin d'avoir fait polytechnique,
01:25:14 pour deviner qu'au bout d'un certain nombre de décennies,
01:25:17 les choses finissent par mal se passer.
01:25:18 Donc encore une fois, moi, j'ai le plus grand respect
01:25:20 pour les forces de l'ordre,
01:25:21 ce n'est pas du tout le sujet,
01:25:22 mais je pense que ce n'est pas
01:25:24 de leur institution que viendra la solution,
01:25:26 mais de l'État en général et du service public
01:25:29 qui est dans un mauvais état dans toute la France,
01:25:30 mais en particulier dans ces quartiers.
01:25:32 Mais enfin, pour l'instant,
01:25:32 si on n'a pas les forces de l'ordre, on fait quoi ?
01:25:34 - Amaury Brelet ?
01:25:35 - Et en même temps, dans ces quartiers,
01:25:37 la très grande majorité de ceux qui y habitent
01:25:39 ne sont pas liés au trafic de drogue
01:25:40 et sont les premières victimes.
01:25:41 - Arrête, j'avais aussi la présence policière.
01:25:43 Rudy Manat, dernière question,
01:25:45 et après, je vous libère.
01:25:46 Quelle va être la mission
01:25:48 de vos collègues sur le terrain à Nîmes,
01:25:50 de ce renfort ?
01:25:51 Comment vont-ils procéder
01:25:53 pour rétablir l'ordre ?
01:25:56 - Il va y avoir une présence importante sur le terrain.
01:26:00 Le rôle principal, c'est de rassurer
01:26:02 toutes ces personnes qui vivent paisiblement
01:26:05 dans cette cité nîmoise,
01:26:07 qui ont envie d'aller travailler le matin
01:26:09 sans s'inquiéter de rentrer le soir
01:26:11 et de prendre une balle de Kalachnikov.
01:26:14 En fait, l'enjeu, il est là, pour l'instant,
01:26:16 de la part de mes collègues.
01:26:17 Ensuite, il y a un travail de la police judiciaire
01:26:20 qui va être fait pour essayer de trouver
01:26:23 les auteurs de ces tirs d'armes de guerre odieux,
01:26:27 notamment sur le petit de 10 ans,
01:26:29 parce que c'est absolument dingue
01:26:31 ce qui est arrivé là, c'est absolument odieux.
01:26:33 Et je fais confiance à la police judiciaire
01:26:35 qui travaille aussi à l'Arachpi,
01:26:36 qui sont des mecs formidables,
01:26:38 pour trouver les auteurs de ces coups de feu.
01:26:41 Et ensuite, il y aura sûrement des interpellations,
01:26:44 en tout cas, je le souhaite.
01:26:45 Et peut-être que le RAID aidera
01:26:47 à interpeller ces individus,
01:26:48 parce qu'on voit que c'est quand même
01:26:50 des sensibles de la gâchette
01:26:52 qui sont prêts à beaucoup de folie.
01:26:54 Donc, c'est bien quand on a des services spécialisés,
01:26:56 notamment comme le RAID,
01:26:57 pour aider à interpeller ces faux furieux.
01:27:00 Rudy Mana, merci beaucoup.
01:27:01 Je rappelle, vous êtes porte-parole
01:27:04 du syndicat Alliance Sud.
01:27:06 Merci beaucoup d'avoir été avec nous
01:27:07 et on vous souhaite beaucoup de courage
01:27:09 ainsi qu'à vos collègues.
01:27:11 Merci.
01:27:12 Merci beaucoup.
01:27:13 Et on en parlait justement avec Rudy Mana
01:27:16 et mes invités sur le plateau.
01:27:17 Les familles dans ces quartiers
01:27:19 qui deviennent des scènes dramatiques
01:27:22 sont terrorisées dans la cité Pisse 20.
01:27:24 Nombreuses ont été notamment
01:27:26 des victimes de balles perdues
01:27:27 dans une des tours du quartier.
01:27:29 Deux jours après la fusillade de Nîmes,
01:27:31 notre équipe a pu rencontrer
01:27:34 certaines d'entre elles.
01:27:35 Reportage de Thibault Marcheteau,
01:27:37 Fabrice Elsner,
01:27:38 récits de Sarah Varney et Marine Sabourin.
01:27:41 C'est dans cette tour de la cité Pisse 20
01:27:44 que des balles ont atterri
01:27:45 dans les appartements de deux familles
01:27:47 victimes collatérales des trafics de drogue.
01:27:49 Chez cette habitante,
01:27:50 la balle a traversé la chambre de son futur bébé.
01:27:53 Fort heureusement,
01:27:54 elle n'était pas présente ce soir-là.
01:27:56 Ça a percé le mur,
01:27:59 la vitre aussi et le volet.
01:28:02 J'ai envie de partir parce que je sais que ça...
01:28:04 Même hier soir, on ne dormait pas,
01:28:06 on pensait que ça allait se reproduire encore.
01:28:09 Cet étage plus haut même constat chez son amie,
01:28:12 alors qu'elle se trouve dans sa chambre
01:28:13 avec son enfant, une balle traverse ces murs.
01:28:16 Là, j'ai entendu du bruit,
01:28:18 et c'était...
01:28:20 On dirait du bruit d'artefices et tout,
01:28:23 mais c'était pas ça,
01:28:24 j'ai compris que c'était pas ça.
01:28:25 J'ai pris mon fils et je suis partie au salle bébé.
01:28:27 Depuis la fusillade,
01:28:28 cette jeune mère reste traumatisée.
01:28:30 C'est trop grave, regardez.
01:28:32 Même là, on ne peut pas dormir,
01:28:34 on attend du bruit tout le temps, tout le temps.
01:28:36 C'est pas vraiment un quartier
01:28:37 qu'on pouvait rester ici.
01:28:39 Les douilles ont été récupérées
01:28:40 par la police judiciaire dans le cadre de l'enquête.
01:28:43 Depuis le drame, de nombreux habitants,
01:28:45 à l'image de ces jeunes femmes,
01:28:46 souhaitent déménager au plus vite.
01:28:48 Alors, on salue le travail réalisé par nos équipes sur le terrain.
01:28:53 Bravo à Thibault Marcheteau et à Fabrice Elsner
01:28:56 pour ces témoignages exclusifs.
01:28:58 À Maurie-Brelé, on est sur des riverains
01:29:00 qui se sentent abandonnés,
01:29:02 qui sont désespérés et en insécurité.
01:29:04 Voilà, on a des personnes qui doivent
01:29:06 changer la configuration de leur logement,
01:29:07 qui pensent, qui envisagent peut-être le déménagement.
01:29:11 Quelle réponse on leur apporte à ces personnes
01:29:13 qui ont peur de sortir de chez eux
01:29:16 et vivent à la merci des trafiquants de drogue ?
01:29:18 À court terme, la seule réponse,
01:29:20 c'est celle qui a été déclenchée par Gérald Darmanin.
01:29:23 C'est la tactique sécuritaire de court terme,
01:29:26 c'est-à-dire l'envoi de la CRS 8 et du RAID.
01:29:30 Mais on ne peut pas imaginer que cette tactique
01:29:32 soit reproduite dans les centaines,
01:29:34 voire les milliers de quartiers qui sont concernés,
01:29:36 comme celui-ci, par le trafic de drogue.
01:29:38 D'abord, on n'a pas les effectifs.
01:29:39 Et ensuite, malheureusement, on ne peut pas solutionner
01:29:42 un problème qui date de 10, 20, 30 ans en 15 jours.
01:29:47 Et le problème de fond, ce n'est pas la CRS 8 ni le RAID
01:29:50 qui vont le solutionner.
01:29:51 C'est malheureusement des moyens considérables à mobiliser
01:29:55 pour les enquêteurs, pour démanteler les trafics
01:29:58 et les filières.
01:29:58 Et pour cela, il faut un plan, il faut une stratégie,
01:30:01 une stratégie qui doit durer 5, 10, 15, 20 ans.
01:30:05 Donc, c'est un travail de long terme.
01:30:06 Et en plus, évidemment, de ces moyens policiers,
01:30:12 il faut évidemment que la réponse pénale,
01:30:14 en parallèle, soit à la hauteur.
01:30:16 Et ça nécessite donc une inflexibilité maximale
01:30:19 et la construction de prison,
01:30:20 puisque malheureusement, contrairement à ce qui était dit
01:30:24 par Emmanuel Macron, d'ailleurs, dans son interview,
01:30:27 le taux d'incarcération en France est inférieur
01:30:30 à la moyenne européenne.
01:30:31 Par rapport à nos voisins européens,
01:30:33 dans quel État est la France ?
01:30:34 Est-ce qu'on doit se cacher de notre situation ?
01:30:38 Parce qu'on est sur, par exemple, l'Allemagne qui légalise
01:30:41 le cannabis récréatif.
01:30:43 Mais nous, si on légalise, ça sera aussi un autre trafic.
01:30:46 On peut envisager, par exemple, le trafic d'armes,
01:30:48 le trafic d'autres marchandises qui se propage
01:30:52 dans ces environnements.
01:30:54 Alors, est-ce que le problème n'est pas plus loin
01:30:56 au niveau aussi de la personnalité des personnes
01:30:58 qui sont dans ces quartiers ?
01:30:59 Mais ça fait des années qu'on laisse faire le gamin,
01:31:02 le gamin qui est siffleur, enfin on les appelle...
01:31:04 Le guetteur, oui.
01:31:05 Le guetteur, voilà, qui siffle pour...
01:31:08 Voilà, qui gagne des 3 000 euros par jour,
01:31:10 dont parle ou par semaine ou que sais-je...
01:31:12 Par mois.
01:31:12 Par mois, dont parlait Nathan tout à l'heure.
01:31:15 On le laisse là et puis on l'a laissé là pendant des années.
01:31:18 Parce que s'il ne fait pas ça, on en fait quoi ?
01:31:23 Il y a ça aussi de la part de l'État.
01:31:25 Pourquoi ? On s'interroge beaucoup.
01:31:27 Pourquoi l'État ne fait rien dans ces quartiers
01:31:29 depuis des années, etc. ?
01:31:30 Si, qu'est-ce qu'on en fait de cette population ?
01:31:32 On ne sait pas quoi en faire.
01:31:33 Donc, elle est là, elle est en quelque sorte fixée,
01:31:37 fixée dans le trafic, fixée dans l'horreur,
01:31:40 fixée dans la misère dont vous parliez,
01:31:42 dans la misère sociale dont vous parliez.
01:31:44 Enfin, sociale, non, là, pour le cas qui nous occupe, non.
01:31:47 Mais elle est fixée.
01:31:48 À partir du moment où elle est fixée,
01:31:50 c'est pour ça que la situation perdure depuis des années.
01:31:54 Encore une fois, je le redis ici,
01:31:57 je ne sens pas de volonté politique
01:31:59 de mettre véritablement les mains dans le cambouis
01:32:02 en assumant les conséquences de cette prise
01:32:07 ou reprise en main des banlieues.
01:32:08 On peut, à mon avis, on a les moyens techniques
01:32:11 de reprendre en main ces grands blocs dont vous parlez.
01:32:15 Pour ça, il faut véritablement un courage politique
01:32:20 et être capable d'assumer les conséquences
01:32:23 de ce courage politique.
01:32:24 Voilà, sinon, ce sont effectivement,
01:32:26 comme le disait Rudy Manin, les voyous qui font la loi.
01:32:28 Allez-y, Maurice.
01:32:28 Il faut enfin que le politique,
01:32:31 jusqu'au plus haut sommet de l'État,
01:32:33 prenne la responsabilité de mener la guerre à la drogue,
01:32:35 ce qui n'a jamais été fait sérieusement en France depuis 50 ans.
01:32:38 On avait peur, c'était un tabou, peut-être de s'attaquer à ces...
01:32:41 d'avoir peur de ces émeutes, peut-être aussi.
01:32:43 D'abord, on n'a pas les moyens.
01:32:45 Il n'y a pas les moyens financiers qui nécessitent un plan sur 10 ans.
01:32:47 Ce sont des milliards d'euros à mobiliser pour les enquêteurs,
01:32:52 pour démanteler les trafics,
01:32:54 qui pour certains d'ailleurs, se poursuivent jusqu'à l'étranger.
01:32:57 Et surtout, il y a en effet, ce qu'a très bien dit Vincent,
01:33:00 il y a nécessité d'une volonté politique
01:33:02 et de prendre le risque, j'allais dire politique,
01:33:05 d'assumer les morts, c'est-à-dire que les dealers
01:33:08 sachent qu'au bout du compte, face à la police,
01:33:12 soit c'est l'hôpital, soit c'est la morgue.
01:33:14 Et ça, c'est un risque, j'allais dire politique et létal,
01:33:18 que le pouvoir en place, mais d'ailleurs comme les gouvernements précédents,
01:33:21 n'a jamais eu le courage de prendre.
01:33:23 Justement, on va écouter un témoin qui connaissait
01:33:26 le jeune homme de 18 ans qui est décédé et qui explique pourquoi
01:33:30 il y a deux mois, quand il est arrivé à Nîmes,
01:33:33 il a commencé à se mettre dans ce business
01:33:36 et à devenir guetteur pour gagner de l'argent.
01:33:40 On fait de la peine, il est là ça fait que deux mois.
01:33:43 Il devait reprendre ses études, il a eu le bac,
01:33:45 il voulait un peu d'argent de poche,
01:33:46 il est allé chercher un job, il n'y avait pas.
01:33:49 Quand on n'a pas le permis, on a une tête d'arabe,
01:33:52 ça ne passe pas les jobs.
01:33:53 Moi, regardez, j'ai un bac +2, je dois faire du ménage
01:33:55 de 5h45 à 8h45.
01:33:57 Après, il s'étonne qu'au final, ça finit là-bas.
01:33:59 C'est normal, ça paye 1000 euros la semaine.
01:34:01 Sérieusement, vous ne voulez pas les prendre 1000 euros la semaine ?
01:34:03 Même moi, je suis tenté de les prendre.
01:34:05 Après, je suis père de famille, ce n'est pas la même chose.
01:34:08 - Nathan Devers, on a un témoignage sur le terrain des adolescents.
01:34:12 Le témoin qui raconte la personnalité de la victime décédée
01:34:17 nous dit qu'à 22 ans, à 18 ans,
01:34:20 on est obligé de se faire de l'argent de poche facilement
01:34:23 parce qu'il est difficile d'avoir un emploi.
01:34:25 Est-ce que c'est un argument pour se lancer dans ce business ?
01:34:30 - C'est évidemment la clé de compréhension.
01:34:32 Et encore une fois, quand on dit ça,
01:34:33 souvent, on nous répond que c'est insultant
01:34:35 parce que c'est enlever la responsabilité individuelle.
01:34:38 Évidemment qu'à l'échelle de la responsabilité individuelle,
01:34:40 si vous vivez dans une famille pauvre, etc.,
01:34:42 et qu'on vient vous proposer de gagner 3000 euros par mois
01:34:45 pour faire une action illégale, votre responsabilité se pose.
01:34:47 En revanche, si ça se pose à l'échelle d'un quartier
01:34:50 ou dans tout un quartier où vous avez une pauvreté
01:34:53 qui est anormalement élevée,
01:34:55 un taux de chômage qui est anormalement élevé,
01:34:57 une absence de perspective, d'enseignement,
01:35:00 socio-professionnel, etc., qui est anormalement élevée,
01:35:02 eh bien, à partir de là, c'est de l'échantillonnage basique,
01:35:05 mais si vous avez cette tentation qui se présente
01:35:06 sur 10 000, 20 000, 30 000 jeunes,
01:35:08 eh bien, il y en aura évidemment qui vont tomber dedans
01:35:11 et c'est quelque chose de parfaitement normal
01:35:13 d'un point de vue sociologique.
01:35:14 Parce que pour les petits, c'est dans le décor,
01:35:16 le grand frère qui fait ça,
01:35:17 à force, ça devient une normalité dans le quartier de faire ça plus tard.
01:35:21 C'est un phénomène statistiquement normal.
01:35:23 Donc, à partir de là, il ne faut, à mon avis,
01:35:26 pas être dans un mirage sur cette question de la drogue.
01:35:29 Vous parliez tout à l'heure de faire une guerre à la drogue.
01:35:31 Moi, je pense vraiment que c'est le grand mirage français
01:35:35 par rapport à cette question, pour deux raisons.
01:35:37 D'abord, si on se place du point de vue, non pas de l'offre,
01:35:40 mais de la demande.
01:35:40 La France est un des plus grands pays de consommateurs de cannabis,
01:35:44 en tout cas, d'Europe et des pays occidentaux.
01:35:45 On est champion d'Europe.
01:35:47 On est champion d'Europe,
01:35:49 si on additionne les autres drogues, mais restons sur le cannabis.
01:35:52 Et il est évident que les consommateurs de cannabis,
01:35:54 à part peut-être quelques mondains qui en prennent comme ça de temps en temps,
01:35:57 mais que les consommateurs de cannabis qui sont dans un lien de dépendance,
01:36:00 on peut multiplier les amendes par 10, par 20, par 30,
01:36:03 ils continueront d'aller acheter du cannabis,
01:36:06 quelle que soit la situation.
01:36:07 Donc, je pense déjà que ça devrait nous interroger de se dire
01:36:09 qu'est-ce que c'est de vivre dans un pays
01:36:11 où il y a une loi dont tout le monde sait qu'elle n'a pas de sens.
01:36:13 La preuve, c'est d'ailleurs que personne vraiment n'essaye de faire en sorte
01:36:16 de la faire respecter au sens plein du terme.
01:36:18 On fait un peu du travail de scisif, on met la poussière sous le tapis,
01:36:21 on arrête quelques personnes ici ou là, on démantèle un point de deal.
01:36:23 Mais personne jamais en France ne viendra dire
01:36:26 on va empêcher qu'il y ait zéro cannabis, si vous voulez.
01:36:29 Ça n'a pas de sens.
01:36:29 Il faudrait m'expliquer comment on s'y prendrait.
01:36:31 Est-ce qu'on s'y prendrait comme le président d'Uterté aux Philippines,
01:36:33 de tirer sur les gens qui prennent...
01:36:35 Enfin, oui, j'exagère, je caricature,
01:36:37 mais je veux dire, c'est une ambition qui n'a pas de sens à mon avis.
01:36:39 Et deuxièmement, qu'est-ce qu'on reproche aux consommateurs de drogue ?
01:36:43 Moi, pour ma part, je ne leur reproche pas du tout
01:36:45 de se mettre leur santé en danger.
01:36:49 C'est leur droit.
01:36:49 C'est leur droit le plus total.
01:36:50 Moi, je suis humeur, je peux être alcoolique si j'ai le droit,
01:36:53 c'est mon droit légal.
01:36:54 Je me fais du mal.
01:36:55 Alors, l'État doit faire de la prévention dans les médias,
01:36:58 dire que l'alcool, les drogues, le tabac, c'est dangereux.
01:37:00 À partir de là, à un moment, un individu qui décide de se ruiner la santé,
01:37:04 eh bien, c'est lui qui sera puni tout seul.
01:37:07 Et en revanche, moi, je reproche aux consommateurs de drogue
01:37:10 de financer un réseau qui fait couler du sang et qui brise des vies.
01:37:13 Mais si vous voulez, il y a une sorte de collusion
01:37:15 entre un puritanisme hygiéniste d'État
01:37:18 et pour le coup, une responsabilité sociale en France qui est problématique.
01:37:22 Et face à cela, à mon avis, la question qu'on doit poser quand même,
01:37:26 c'est la question de la dépénalisation de certaines drogues.
01:37:28 Et moi, je dis ça, je sais que souvent, les gens qui disent ça
01:37:30 sont eux-mêmes concernés et ils en prennent.
01:37:32 Moi, je n'en prends pas.
01:37:33 Je ne le sais pas du tout.
01:37:34 Vous pouvez me tester tout ce que vous voulez.
01:37:36 Je dis ça, non pas parce que j'y gagnerais quelque chose,
01:37:39 mais parce qu'il me semble que c'est la seule solution raisonnable dans la mesure.
01:37:42 Alors, l'argument qu'on nous répond toujours, c'est
01:37:44 si vous les égalisez, par exemple, le cannabis,
01:37:46 eh bien, les trafics vont se répercuter sur des drogues plus...
01:37:50 Plus lures, oui.
01:37:51 D'accord, très bien.
01:37:52 Mais la majorité des consommateurs s'en tiendraient évidemment au cannabis.
01:37:55 C'est-à-dire qu'on voit bien, je veux dire, aujourd'hui,
01:37:58 le cannabis, il est répandu dans toutes les échelles de la société,
01:38:01 dans tous les milieux, partout, à tous les âges,
01:38:03 même des gens très, très jeunes en consomment,
01:38:05 en consomment très fréquemment, dans les soirées, etc.
01:38:07 Donc, si vous voulez imaginer que les gens vont s'arrêter d'en consommer,
01:38:09 c'est un mirage.
01:38:10 En revanche, si c'était dépénalisé,
01:38:12 si ce n'était pas des réseaux qui font couler du sang,
01:38:14 qui détruisent des vies, qui brisent des quartiers,
01:38:16 qui s'en chargaient, mais des commerçants normaux,
01:38:18 eh bien, je pense que la plupart des consommateurs actuels de cannabis
01:38:22 s'en tiendraient là et n'iraient pas,
01:38:23 si vous voulez, rentrer dans une surenchère de drogue.
01:38:25 Ça s'entend, ça s'entend, oui, pourquoi pas ?
01:38:27 Mais je crois que de toute façon, il va bien falloir,
01:38:30 à un moment ou à un autre, trouver des solutions.
01:38:33 Je vous rappelle que sur la seule ville de Paris,
01:38:35 entre juin 2022 et juin 2023,
01:38:38 les infractions à la législation sur les stupéfiants
01:38:41 ont augmenté de plus de 30 %,
01:38:44 31,6 % en un an.
01:38:47 Ça parle de soi-même.
01:38:50 - Amoré Brûlé.
01:38:50 - Oui, quand je parlais de guerre à la drogue,
01:38:52 je n'avais évidemment pas en tête l'objectif de zéro crime
01:38:56 lié au trafic de stupéfiants.
01:38:57 Ça n'est même pas imaginable.
01:38:59 La guerre à la drogue, si elle était véritablement menée,
01:39:01 elle permettrait de réduire le niveau de nuisance lié au trafic
01:39:05 à un seuil, j'allais dire, "acceptable".
01:39:07 C'est ça l'idée de la guerre à la drogue.
01:39:09 Personne ne peut imaginer qu'en menant une guerre,
01:39:11 même avec les moyens illimités,
01:39:13 on puisse mettre fin à 100 % au trafic sur le sol français.
01:39:17 La question de la dépénalisation,
01:39:19 moi, en tout cas, je ne suis pas du tout hostile au débat.
01:39:21 Le seul problème, c'est qu'imaginer qu'on puisse dépénaliser,
01:39:24 voire légaliser, par exemple, le cannabis en France,
01:39:29 le faire dans le contexte actuel,
01:39:31 c'est-à-dire avec un appareil policier qui n'est pas au niveau,
01:39:33 qui manque de moyens et surtout une réponse pénale
01:39:36 qui n'est pas non plus au niveau,
01:39:38 c'est prendre des risques considérables.
01:39:40 C'est la promesse du chaos.
01:39:42 - Oui, ça, c'est vrai.
01:39:43 Il ne faudrait pas que ce soit, si vous voulez,
01:39:45 en effet, la seule solution face au problème actuel.
01:39:47 - Mais pourquoi ?
01:39:48 Ça doit s'accompagner d'autres mesures.
01:39:50 - Bien sûr.
01:39:50 - Mais ça se discute.
01:39:51 - Pour le coup, sans être d'obédience macroniste,
01:39:54 mais que la notion de "et" en même temps
01:39:56 a une certaine forme de légitimité.
01:39:57 Ça veut dire que quand vous avez un problème qui est multifactoriel,
01:40:00 évidemment qu'il faut prendre des solutions
01:40:02 qui sont elles-mêmes multitélologiques.
01:40:04 Certaines qui vont être laxistes,
01:40:05 d'autres qui vont être plus punitives
01:40:07 et qu'il faut essayer de les allier.
01:40:09 - De les conjuguer, oui, bien sûr.
01:40:11 - On va écouter, avant de passer au flash info de Simon Guillain,
01:40:15 le son de l'habitante du quartier sur le Jeune Mort
01:40:19 qui n'a rien à voir avec les grosses têtes,
01:40:21 puisqu'on est quand même sur des victimes qui sont très jeunes,
01:40:24 qui rentrent dans des réseaux de grands trafiquants.
01:40:28 En fait, ils sont aussi un petit peu les victimes de manipulateurs,
01:40:32 comme les réseaux de prostitution avec ces chefs de gang
01:40:36 et aussi comme les migrants avec les passeurs.
01:40:38 Il y a aussi cette notion de profit.
01:40:42 En fait, on profite d'eux, on profite de leur jeunesse, de leur naïveté.
01:40:45 - Mais dans...
01:40:46 - C'est compliqué, il faudrait aussi les accompagner
01:40:48 avec des activités au sein des cités
01:40:50 pour leur montrer qu'il y a autre chose.
01:40:53 - Mais écoutez, dans les quartiers dont nous parlions tout à l'heure,
01:40:58 vous avez ces jeunes dont nous avons aussi beaucoup parlé ce soir.
01:41:03 Ce sont des candidats formidables pour le trafic de drogue
01:41:09 ou même pour l'islamisme.
01:41:10 Ce sont vraiment des candidats...
01:41:13 - Il y a des profils, voilà, ils sont très naïfs ou encore manipulables.
01:41:18 - Manipulables, ce sont des candidats parfaits
01:41:21 dont il faudrait qu'effectivement nous nous occupions, c'est évident.
01:41:26 - Ils sont lâchés.
01:41:28 Est-ce qu'il y a une jeunesse aussi qui est en train d'être perdue
01:41:32 face à l'illusion de l'argent facile
01:41:35 et aussi d'une autorité qui ne s'occupe même plus d'eux ?
01:41:37 La Marseille, on a entendu aussi Rudy Mana, ça devient une habitude.
01:41:41 Donc on laisse, ça fait partie du paysage.
01:41:43 - Oui, le rôle des parents, on évoque assez peu.
01:41:48 Malheureusement, beaucoup de parents démissionnaires dans ces quartiers.
01:41:52 - Beaucoup de familles monoparentales.
01:41:53 - Beaucoup de familles monoparentales où le père n'est plus là.
01:41:56 Et puis on parle des jeunes, mais il y a aussi,
01:41:59 parmi les petites mains, j'allais dire, du trafic,
01:42:01 beaucoup de jeunes clandestins.
01:42:05 On en parle assez peu, mais il y a de plus en plus de recrues
01:42:08 parmi les clandestins, notamment à Marseille,
01:42:11 mais dans d'autres villes du sud de la France.
01:42:13 Et ça nous renvoie évidemment à l'autre problème,
01:42:16 qui est celui de l'immigration clandestine.
01:42:17 - Nathan Devers.
01:42:18 - Oui, sur ce sujet, il y a un documentaire, en quelque sorte,
01:42:22 que je recommande à tout le monde, de la comédienne Marie Saint-Filtre,
01:42:25 qui s'est justement infiltrée dans les quartiers nord de Marseille
01:42:28 et puis en grande banlieue aussi parisienne
01:42:31 et qui s'est infiltrée auprès des trafiquants de drogue,
01:42:33 mais parfois dans des situations très dangereuses,
01:42:35 des scènes avec des kalachnikovs, etc.
01:42:37 Et en fait, ce qu'elle montre, il faut vraiment le voir,
01:42:39 c'est sur Internet, c'est en accès libre,
01:42:40 elle montre que derrière tout cela, il y a une rationalité totale.
01:42:45 Il y a des gens qui témoignent,
01:42:46 qui ne sont absolument pas des barbares, des imbéciles, etc.,
01:42:50 mais qui sont des gens qui disent "Regardez, ma mère,
01:42:51 elle n'a jamais gagné un centime,
01:42:54 moi, je gagne X mille euros, etc.
01:42:57 Je sais très bien que dans mon parcours,
01:42:59 je vais avoir des augmentations,
01:43:01 comme on peut avoir des augmentations
01:43:02 dans un parcours professionnel normal,
01:43:04 et que je vais avoir une casse-prison.
01:43:05 Et la casse-prison, ça va être cinq ans,
01:43:07 mais j'aurai épargné 300 000 euros.
01:43:08 - Oui, ils n'en ont pas peur.
01:43:09 - C'est logique, si vous voulez, quand on vous dit...
01:43:12 Enfin, c'est logique, je ne dis pas que je le ferai,
01:43:14 mais je dis qu'il y a une rationalité économique derrière tout ça.
01:43:16 - Puis c'est juste faire deux mois en prison...
01:43:17 - Ou même cinq ans, mais en ayant épargné 300 000 euros,
01:43:20 en pouvant éventuellement continuer à travailler depuis la cellule,
01:43:23 via son téléphone, etc.
01:43:25 Ça arrive aussi dans certains cas.
01:43:26 Il y a une rationalité.
01:43:27 Donc, encore une fois, si on ne réfléchit pas...
01:43:30 Et puis ça, c'est la dimension drogue,
01:43:32 mais il y a une dimension qui est encore pire et plus lugubre,
01:43:34 c'est la prostitution sur les mineurs,
01:43:35 et ça, c'est vraiment abominable, et elle le montre aussi.
01:43:38 Mais si on ne réfléchit pas, encore une fois,
01:43:40 à toute la cause qui engendre ça,
01:43:41 on sera dans le mur.
01:43:42 C'est le grand texte de Marx,
01:43:45 la "Social-Démocratie allemande",
01:43:47 où il montre bien que...
01:43:50 Il étudie ce paradoxe de ce qu'il appelle le "Lumpenproletariat",
01:43:52 c'est que dans un certain nombre de lieux,
01:43:54 qui sont des lieux où il n'y a vraiment aucune perspective,
01:43:56 même du point de vue du simple prolétariat,
01:43:59 va se développer certaines personnes,
01:44:01 qu'il appelle lui, alors dans certaines traductions,
01:44:03 il rende ça par "racailles", mais en tout cas,
01:44:05 des "grands bandits", voilà,
01:44:07 qui sont des caricatures du capitalisme.
01:44:09 C'est-à-dire qu'ils fonctionnent exactement...
01:44:10 C'est exactement ça, les trafiquants de drogue,
01:44:12 c'est les voitures de luxe,
01:44:14 on se comporte comme des grands patrons,
01:44:16 mais de manière évidemment gangster et mafieuse.
01:44:18 Et si vous voulez, comme une sorte de miroir déformé,
01:44:21 abject de tout ce qu'il y a de pire
01:44:23 dans le modèle qui est celui de notre société.
01:44:25 C'est ça qui est très paradoxal,
01:44:27 c'est que c'est facile de venir critiquer
01:44:29 la logique du trafic de drogue,
01:44:31 mais il faut voir que ça vient nous envoyer,
01:44:33 si vous voulez, le reflet déformé, hideux et négatif
01:44:37 de toutes les belles valeurs qu'on exhibe
01:44:39 dans une société capitaliste, libérale,
01:44:41 où le grand patron est l'idole,
01:44:43 et le dealer de drogue est en revanche le grand salaud.
01:44:46 Vous avez utilisé le mot de "mafia"
01:44:47 et en l'espèce, vous avez pour part raison,
01:44:51 la mafia prospère là où l'État déçoit,
01:44:55 où l'État n'est plus là, où l'État est absent.
01:44:58 La mafia prospère toujours sur un vide de l'État.
01:45:01 C'est vrai à Palermo, c'est vrai dans les quartiers.
01:45:04 Désormais, on ouvre une page sur l'économie,
01:45:08 puisque le ministre Bruno Le Maire
01:45:10 a fait sa rentrée politique en Haute-Savoie.
01:45:12 Il a annoncé les priorités économiques de la rentrée
01:45:15 et il a justement parlé de la baisse des impôts.
01:45:18 Pour le ministre de l'Économie,
01:45:20 il n'y aura pas de baisse conséquente,
01:45:24 il n'y aura pas d'augmentation, le contraire,
01:45:26 sur les impôts des ménages
01:45:28 ou encore sur les impôts des entreprises.
01:45:30 Vincent Roy, c'est une bonne nouvelle
01:45:32 pour les chefs d'entreprise ?
01:45:36 Oui, évidemment, c'est une bonne nouvelle.
01:45:39 Simplement, il y a mille manières de prélever l'impôt.
01:45:43 On n'est pas obligé de le prélever sur l'impôt sur les sociétés,
01:45:46 sur l'impôt sur le revenu.
01:45:47 On peut masquer le prélèvement d'impôts en haussant les taxes.
01:45:51 Il y a bien des manières.
01:45:51 Donc, je préférais, avant d'applaudir totalement,
01:45:56 d'attendre un peu de voir quand même.
01:45:58 Je suis un peu...
01:46:00 Voilà, je m'inquiète.
01:46:02 On va voir les précisions de notre journaliste
01:46:04 Éric Deric-Maten,
01:46:06 qui a suivi cette prise de parole
01:46:08 du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.
01:46:11 Les allègements fiscaux sont confirmés,
01:46:13 Bruno Le Maire l'a dit,
01:46:14 2 milliards d'euros en moins
01:46:16 pour les particuliers sur l'impôt sur le revenu.
01:46:17 Mais ce sera étalé dans le temps.
01:46:19 Pour les entreprises, c'est cette fameuse cotisation
01:46:22 sur la valeur ajoutée, elle disparaîtra,
01:46:24 mais d'ici à 2027.
01:46:25 Donc, ça ne fera pas forcément plaisir aux Medef.
01:46:27 Où trouver l'argent ?
01:46:28 Eh bien, cela va concerner les taxes,
01:46:30 des taxes notamment sur les aéroports,
01:46:32 sur les billets d'avion,
01:46:33 tout ce qui n'est pas environnemental.
01:46:35 Il y a aussi les médicaments.
01:46:36 Il y aura un reste à charge qui va augmenter.
01:46:39 Maintenant, l'État est plutôt content
01:46:41 puisque les recettes fiscales sont bonnes.
01:46:43 Depuis plusieurs années maintenant,
01:46:44 les rentrées d'argent avec l'IR, l'impôt sur le revenu,
01:46:47 sont passées de 70 à 140 milliards,
01:46:50 ce qui est exceptionnel, a dit Bruno Le Maire.
01:46:51 Pareil pour l'impôt sur les sociétés
01:46:53 parce que comme l'impôt a baissé pour les entreprises,
01:46:56 il y a plus d'entrepreneurs
01:46:57 et on a pratiquement, non pas doublé,
01:46:59 mais passé de 50 à 70 milliards
01:47:01 les recettes fiscales liées aux entreprises.
01:47:03 En revanche, ce qui ne va pas, ce sont les amendes.
01:47:05 Bruno Le Maire estime qu'on recouvre très mal
01:47:08 les recettes liées aux amendes, aux PV comme on dit.
01:47:11 Et ça, ça doit changer.
01:47:12 Un tiers seulement des PV sont payés.
01:47:14 Ça n'est pas normal.
01:47:15 Au niveau de la croissance,
01:47:17 confirmation que cette année, nous serons à 1% en France,
01:47:20 ce qui est vraiment exceptionnel
01:47:22 pour un pays qui est dans une Europe
01:47:24 qui a de grandes difficultés
01:47:25 et dont l'Allemagne entre en crise.
01:47:28 Amoré Brelet, des priorités économiques
01:47:31 qui visent les chefs d'entreprise, les ménages.
01:47:34 Est-ce qu'on est sur la bonne voie
01:47:36 pour un budget 2024 positif et utile ?
01:47:39 Comme sur l'éducation, sur le principe,
01:47:42 les annonces qui ont été faites sont rassurantes.
01:47:44 La politique de l'offre,
01:47:45 déjà utiliser l'expression politique de l'offre en France,
01:47:49 d'habitude, c'est une horreur.
01:47:51 Vous passez pour un ultra-fascho-libéral.
01:47:55 Donc c'est déjà bien de l'assumer.
01:47:57 Pour ce qui est des impôts, pareil.
01:48:00 Moi, je suis comme Saint-Thomas en matière fiscale.
01:48:01 J'attends de voir pourquoi.
01:48:03 Vous aussi, vous aussi.
01:48:05 C'est un principe de base.
01:48:06 Les impôts, surtout quand on nous annonce visiblement
01:48:08 certaines hausses avec des impôts déguisés,
01:48:11 quelques taxes ici ou là pour se rattraper.
01:48:14 On peut compter sur le génie des bureaucrates de Bercy
01:48:17 pour nous inventer des stratagèmes fiscaux
01:48:20 pour nous taxer un maximum.
01:48:23 Pareil sur la simplification administrative.
01:48:25 Ça fait des années qu'on en parle.
01:48:26 Mais alors on essaye, on fait semblant de simplifier.
01:48:30 Puis en même temps, on vote des lois tous les mois
01:48:32 qui ne cessent de s'empiler et qui complexifient le droit.
01:48:36 Et il est même prévu d'ailleurs des assises de la simplification.
01:48:40 On va créer des assises de la simplification.
01:48:42 C'est totalement ridicule et totalement contradictoire
01:48:44 avec le but recherché.
01:48:45 Ce qui veut dire que la simplification sera affise.
01:48:47 Bien sûr.
01:48:48 Et qu'elle sera complexifiée.
01:48:50 Et pas comme à l'école.
01:48:51 Et pas de bourre.
01:48:51 Ce sera complexifié la simplification.
01:48:53 Absolument.
01:48:54 Ça, c'est magnifique.
01:48:54 Ça devrait être un slogan de la partie politique.
01:48:56 Comme disait Beckett, dont j'aime beaucoup cette phrase,
01:48:58 je serai là si vous avez besoin d'obscurcissement.
01:49:00 Voilà.
01:49:01 Et puis surtout, tout dépendra des impératifs budgétaires
01:49:03 parce qu'on est là à promettre des baisses d'impôts.
01:49:05 Mais si jamais la situation économique devait se dégrader
01:49:09 ou que les rentrées n'étaient pas celles prévues,
01:49:11 le gouvernement n'hésitera pas à revoir à la hausse ou à la baisse
01:49:15 ses prévisions fiscales.
01:49:16 Et puis juste une petite...
01:49:17 J'adore le concept de saint Thomas fiscal.
01:49:20 Formidable.
01:49:20 Mais juste une petite...
01:49:22 Cette histoire d'amende impayée,
01:49:24 il faut quand même voir où ça mène.
01:49:26 Aujourd'hui, vous avez beaucoup de pays qui,
01:49:30 en Chine par exemple,
01:49:31 ou avec les moyens de la société de surveillance numérique,
01:49:35 les caméras de vidéosurveillance, les algorithmes, etc.
01:49:38 Les amendes impayées, ça peut mener à une société de drones,
01:49:41 de voitures intelligentes qui, en cinq minutes,
01:49:43 repèrent toutes les voitures qui, dans le quartier, sont mal garées, etc.
01:49:47 Je n'aime pas tellement le concept de l'amende.
01:49:49 Je n'aime pas tellement le concept, si vous voulez,
01:49:51 d'une sorte d'impôt aléatoire sur la punition, comme ça.
01:49:55 Et surtout, la volonté de contrôle,
01:49:57 la volonté de surveillance qui va derrière.
01:49:59 À l'heure des nouvelles technologies, du modèle chinois,
01:50:02 du modèle qui n'est pas d'ailleurs pratiqué qu'en Chine,
01:50:04 il faut se méfier de ce grand concept du manque à gagner
01:50:07 sur les amendes impayées, à mon avis.
01:50:10 Qui implique, pour recouvrer ces amendes,
01:50:14 un certain nombre de surveillance.
01:50:16 Puisqu'il va bien falloir trouver les...
01:50:19 Alors, ce qui est formidable, c'est que notre ami Bruno Le Maire,
01:50:23 qui, après un roman mauvais, s'attaque aux amendes...
01:50:26 - Il n'était pas très mauvais. - Très mauvais.
01:50:29 Absolument mauvais, mais vraiment très mauvais.
01:50:31 Alors qu'il y a eu des livres de lui qui n'étaient pas idiots,
01:50:33 notamment sur la musique.
01:50:34 Vraiment, c'était très mauvais.
01:50:36 Et ça lui fait un point commun avec Giscard d'Estaing.
01:50:38 Et donc, là, il s'attaque aux amendes.
01:50:40 Et alors, c'est formidable parce qu'il était presque en train de...
01:50:44 Parce qu'il faut les recouvrir à toute force.
01:50:46 Simplement, chez des gens qui prennent des amendes
01:50:49 et qui sont insolvables,
01:50:51 je ne vois pas comment il va les récupérer.
01:50:53 Donc, tout ça est quand même un peu du...
01:50:56 On va encore s'attaquer à la classe moyenne, peut-être, aussi.
01:50:58 On ne va s'attaquer qu'à ça.
01:51:00 On ne va s'attaquer qu'à la classe moyenne, encore une fois.
01:51:02 Mais il faut prendre l'argent là où il est.
01:51:03 Or, la classe moyenne est parfaite pour ça.
01:51:06 En plus, la classe moyenne honnête va payer ses amendes.
01:51:09 La classe moyenne, vous voulez dire les beaufs
01:51:10 dont parle le Parti socialiste.
01:51:12 Ou les nouveaux pauvres, maintenant.
01:51:14 Les sans-dents.
01:51:15 Voilà.
01:51:16 On va écouter la réaction des chefs d'entreprise
01:51:19 qui, justement, ont réagi à ces annonces de Bruno Le Maire,
01:51:23 aujourd'hui en Haute-Savoie.
01:51:25 Je retiens une grande vision pour la France,
01:51:28 pour la propulser au niveau international
01:51:31 dans le domaine de l'excellence,
01:51:34 en particulier sur l'énergie décarbonée
01:51:35 et sur l'économie verte.
01:51:37 Je trouve que c'est une introduction qui fait du bien
01:51:39 à entendre pour qu'on se rappelle tous qu'effectivement,
01:51:42 on est un pays performant et il y a des belles nouvelles.
01:51:44 Je pense que le ministre a vraiment appuyé
01:51:47 sur cette valeur travail,
01:51:48 c'est quelque chose qui me tient à cœur.
01:51:50 Et la deuxième chose, il a beaucoup parlé de jeunesse,
01:51:52 d'apprentissage.
01:51:54 Donc, moi je suis assez satisfaite de la volonté,
01:51:58 le fait qu'il faut qu'on soit flexible,
01:52:00 qu'on puisse bouger.
01:52:01 Dans les grandes lignes, je suis assez satisfaite.
01:52:03 Après, j'attends un petit peu de voir quand même
01:52:05 les choses, comment les choses vont se passer à l'avenir.
01:52:08 Et pour réécouter le discours de Bruno Le Maire
01:52:12 dans son intégralité, rendez-vous à 23h30
01:52:15 sur notre antenne, Vincent Roy.
01:52:16 Si vous voulez le réécouter,
01:52:18 il faudra rester sur CNews.
01:52:19 Oui, mais je resterai avec bonheur sur CNews,
01:52:22 mais peut-être pas pour réécouter le discours.
01:52:24 Mais vous avez vu, les gens, ils sont heureux.
01:52:27 Ils sont contents, les gens, tout va bien.
01:52:28 Ils sont comme le président de la République.
01:52:30 Non mais c'est rare de voir des Français heureux.
01:52:32 Le monsieur, il était enthousiaste.
01:52:33 Il avait vraiment une faciès ravie.
01:52:37 Il souriait, il était bien.
01:52:39 Tout va bien.
01:52:40 C'est un peu comme le président Macron
01:52:42 dans son interview au Point,
01:52:43 qui a tout bien fait tout le temps, partout.
01:52:46 Tout va bien.
01:52:48 À m'aurivoler.
01:52:49 Ils étaient peut-être encartés sur une essence, tous.
01:52:51 Ah, peut-être, peut-être.
01:52:52 On n'a pas d'informations sur leur profil, mais...
01:52:54 On n'avait pas invité de grands dissidents.
01:52:57 Donc, j'imagine que...
01:52:59 Si le patronat, en tout cas,
01:53:00 si les patrons sont plutôt satisfaits des annonces,
01:53:03 c'est plutôt bon signe.
01:53:04 Mais bon, on jugera sur pièce.
01:53:06 Et si votre entreprise, justement,
01:53:08 vous délivre des tickets restaurant en format papier,
01:53:11 attention, de plus en plus de professionnels les refusent.
01:53:14 10 % selon une étude du groupement des hôtelleries
01:53:17 et restaurations de France.
01:53:19 Depuis une réforme du système en février dernier,
01:53:21 ces professionnels dénoncent une procédure trop compliquée
01:53:24 pour être remboursés et même des défauts de paiement.
01:53:27 Le syndicat majoritaire des restaurateurs,
01:53:29 l'UMI, demande au gouvernement d'intervenir,
01:53:31 dénonçant au passage des commissions conséquentes
01:53:34 prélevées par les quatre organismes
01:53:36 qui émettent ces tickets restaurant.
01:53:38 Reportage de Michael Chahou en Bretagne.
01:53:40 Dans cette boucherie, depuis le 31 mai,
01:53:43 on ne prend plus les tickets restaurant en format papier.
01:53:46 Une réforme est passée par là.
01:53:48 Depuis le 28 février,
01:53:50 il n'y a plus un seul organisme centralisateur
01:53:53 pour encaisser les tickets et payer les professionnels.
01:53:56 Conséquence, les couacs se multiplient.
01:53:58 En fait, nous, notre boulot, c'est d'envoyer à chaque organisme
01:54:01 les tickets resto pour se faire rembourser.
01:54:03 Sauf que le souci, c'est que là, on a stoppé depuis quelques mois
01:54:07 parce qu'on n'a aucun remboursement.
01:54:08 Et là, on a 3 000 euros dehors.
01:54:11 Trier, compter, envoyer les tickets resto,
01:54:13 en recommander à chacun des quatre organismes émetteurs
01:54:17 pour être payés un mois plus tard,
01:54:18 c'est chronophage et insupportable,
01:54:20 selon ce restaurateur syndiqué.
01:54:22 10% des professionnels refusent déjà le titre papier.
01:54:25 Ils seront deux fois plus dits la fin de l'année, selon une étude.
01:54:29 Le chèque déjeuner se meurt.
01:54:31 Vive la carte tickets resto.
01:54:33 Pas vraiment.
01:54:33 Si on n'est pas syndiqué, on va jusqu'à 6% de commission.
01:54:36 Donc, c'est quasiment la marge nette du restaurateur qui part en fumée.
01:54:41 Il faut réellement que le gouvernement prenne les choses en main
01:54:44 et régule ses frais.
01:54:47 Si actuellement 40% des titres restaurant sont au format papier,
01:54:51 ce bug dans les remboursements dénoncé par les professionnels
01:54:55 pourrait accélérer leur disparition.
01:54:57 Nathan Devers, vous avez fait ce constat dans les établissements de restauration.
01:55:01 On voit quand même des restaurants qui refusent les tickets resto
01:55:05 ou encore même la carte tickets resto.
01:55:07 Oui, on n'a pas de tickets restaurant, donc je ne sais pas.
01:55:10 Mais oui, c'est très intéressant.
01:55:13 C'est que les problèmes qu'évoquaient les restaurateurs dans le sujet,
01:55:16 ce n'est pas des problèmes actuels.
01:55:18 Le problème qui existe depuis la nuit des temps,
01:55:19 depuis les tickets restaurant, à part pour la carte tickets restaurant,
01:55:21 ça, c'est un peu nouveau.
01:55:22 Mais sinon, c'est une situation, si vous voulez,
01:55:24 banale.
01:55:25 Donc, pour que les restaurateurs en soient là,
01:55:27 et en effet, oui, pour vous répondre,
01:55:29 on en voit certains aujourd'hui qui refusent les tickets restaurant.
01:55:32 Pour que les restaurateurs en soient là,
01:55:33 c'est qu'une chose aussi banale qu'accepter un ticket restaurant
01:55:37 est devenue pour eux quelque chose qui peut les mettre en danger économiquement
01:55:42 dans la mesure où ils ont des tickets qui reçoivent le remboursement un peu plus tard.
01:55:45 Il faut avoir quand même de l'empathie et du soutien vis-à-vis des restaurateurs
01:55:49 qui se sont pris successivement,
01:55:51 bon, les Gilets jaunes, pas pour tous, mais pour certains,
01:55:54 le coronavirus, c'est-à-dire paralysie décidée par le politique,
01:55:58 fermeture des restaurants, c'est une des professions qui a le plus souffert
01:56:01 alors qu'ils avaient montré qu'il y avait des possibilités de faire des vitres en plexiglas
01:56:05 pour que les clients puissent quand même venir.
01:56:06 On leur a dit non, vous restez fermés.
01:56:08 Ils étaient mal représentés par leur syndicat aussi.
01:56:10 Le coronavirus, l'explosion du prix de l'énergie
01:56:17 après la guerre en Ukraine avec l'inflation et la baisse du pouvoir d'achat qui s'en suit, etc.
01:56:22 Les restaurateurs, on voit qu'aujourd'hui, dans un certain nombre de villes, de quartiers, etc.,
01:56:26 il y a de moins en moins de restaurants.
01:56:28 Ils plient boutiques les uns après les autres.
01:56:30 C'est un drame parce que la notion de restaurant, de bistro, de café,
01:56:34 c'est vraiment l'âme de la France.
01:56:35 Je veux dire, c'est quand même quelque chose de central dans la socialité française,
01:56:39 que ce soit à l'échelle du village, que ce soit à l'échelle de la métropole.
01:56:41 Quand on voit que les restaurateurs aujourd'hui, qui sont peut-être des portes,
01:56:45 alors je ne sais pas si c'est des portes drapeaux, mais en tout cas des portes esprit,
01:56:48 des portes art d'être français, des incarnations de cela,
01:56:51 qu'on les voit à ce point menacés, c'est particulièrement triste et préoccupant.
01:56:57 Vincent Roy, un constat que vous partagez malheureusement.
01:57:00 Oui, je suis tout à fait d'accord.
01:57:02 Ils ont été les premiers à être empêchés, notamment, vous avez raison, pendant le Covid.
01:57:09 Et par conséquent, oui, il s'agit de les soutenir parce qu'ils détiennent quelque chose de l'esprit français.
01:57:18 C'est difficile aussi d'entreprendre, d'ouvrir son restaurant, de recruter.
01:57:23 On est aussi sur beaucoup de problèmes de recrutement.
01:57:26 On l'a vu justement pendant cette saison estivale pour avoir des saisonniers.
01:57:30 Aussi, un métier difficile en termes de conditions physiques et d'horaire.
01:57:35 Là, on leur rajoute un inconvénient à moribreler sur leur profession.
01:57:38 On tape encore sur les mêmes.
01:57:41 Je voudrais quand même rappeler qu'ils ont été massivement soutenus financièrement lors du Covid.
01:57:44 On a dépensé des milliards à l'échelle nationale.
01:57:49 Mais ce qui est vrai, c'est que cet exemple témoigne du poids de la bureaucratie qui pèse sur les restaurateurs,
01:57:57 mais j'allais dire sur tous les commerçants et même artisans en France,
01:58:00 dont on devrait baisser les charges et on le dit déjà depuis des années, qui sont encore beaucoup trop élevés.
01:58:06 Tout ça s'ajoute au reste.
01:58:09 Sur ces tickets restaurants en papier, il me semble naturel d'évoluer.
01:58:13 Nous, à Valeurs Actuelles, il y a encore deux ou trois ans, on était encore au papier.
01:58:16 On est passé à la carte.
01:58:18 C'est beaucoup plus simple.
01:58:19 On parle de commissions exorbitantes.
01:58:21 J'ai du mal à comprendre comment on peut...
01:58:24 On est obligé, on oblige les restaurateurs à payer des commissions exorbitantes.
01:58:27 Ça paraît curieux.
01:58:29 Dans l'idée, il faut évidemment soutenir, réduire un maximum les charges sur les restaurateurs et sur les commerçants et simplifier un maximum.
01:58:37 Mais c'est vrai aussi, sans doute, et chez les restaurateurs en particulier, enfin chez les bistrotiers,
01:58:42 on reprend le mot typiquely French, il y a aussi ce problème avec la carte bleue tout court.
01:58:49 Vous avez vu que...
01:58:50 Il y a un montant.
01:58:51 Et alors, c'est très marrant parce que lorsque vous êtes assez curieux et que vous avez l'âme voyageuse, ce qui est mon cas,
01:58:57 vous allez un peu partout en Europe, n'importe qui vous prend la carte bleue pour un euro.
01:59:01 Il n'y a qu'en France ou...
01:59:02 Même en France, dans beaucoup d'endroits.
01:59:04 Ah non, non.
01:59:04 C'est un problème des grandes villes.
01:59:05 Non, mais oui, des grandes villes.
01:59:07 Non, mais à Paris, on ne vous prend pas la carte bleue à moins de 10, 15 euros dans un...
01:59:11 Dans certains établissements.
01:59:12 Non, mais dans beaucoup d'établissements.
01:59:13 Dans les magasins de vêtements.
01:59:15 Oui, vous allez en Espagne, vous allez en Italie, vous allez en Grèce, vous allez à Londres.
01:59:20 On vous prend la carte bleue tout le temps pour n'importe quel montant, pour un euro, pour 50 centimes.
01:59:26 Enfin, on vous prend...
01:59:27 Et chez nous, non, parce que les commissions, encore une fois, parce que les commissions bancaires sont importantes
01:59:33 et que les commerçants n'arrivent pas à faire baisser ces fameuses commissions.
01:59:37 On va partir désormais, enfin, de retour à Paris.
01:59:41 Vincent Roy, je ne sais pas si vous êtes un utilisateur des trottinettes électriques.
01:59:45 Je les ai laissées à l'entrée du studio.
01:59:47 J'adore les trottinettes.
01:59:49 Mais je sais que la politique menée par Anne Hidalgo, ce n'est pas trop...
01:59:51 Cette femme m'enchante.
01:59:52 Cette femme m'enchante.
01:59:54 Je trouve que c'est une très grande poétesse et qu'elle a fait de Paris une merveille.
01:59:59 Il y aura un avant et un après Hidalgo.
02:00:02 Ce sera radical.
02:00:03 Mais pour l'instant, il y aura un avant et un après trottinette électrique,
02:00:06 puisque dès le 1er septembre, les trottinettes en libre-service vont disparaître de la circulation parisienne.
02:00:13 Pour certains, c'était un moyen de transport particulièrement pratique.
02:00:16 Pour d'autres, un vrai cauchemar.
02:00:18 Reportage de Goderic Bey.
02:00:19 Les Parisiens et les touristes n'ont plus que quelques jours pour utiliser les trottinettes comme celle-ci.
02:00:25 Ces véhicules électriques vont être bannis des rues de Paris.
02:00:29 Début avril, les riverains ont voté l'interdiction de ces deux roues en libre-service
02:00:33 à cause des nuisances et des risques liés à la circulation.
02:00:36 C'est dangereux, c'est pas assez protégé, il n'y a pas assez d'endroits sur les routes.
02:00:40 Je pense que c'est plus sécuritaire qu'on s'arrête là et que finalement,
02:00:44 on repasse sur du vélo ou que les gens prennent le bus, les transports en commun.
02:00:47 Je pense qu'il y a quand même une offre qui est assez complète sur Paris.
02:00:50 Les usagers sont accusés d'abandonner les véhicules électriques sur la chaussée
02:00:54 et de ne pas respecter le code de la route.
02:00:56 Mais certains regrettent cette décision.
02:00:58 Je trouve ça tellement agréable de pouvoir se balader comme ça,
02:01:00 de naviguer de droite à gauche sans se stresser d'être en voiture, d'être bloqué.
02:01:04 En trottinette, on passe partout.
02:01:06 Enfin, c'est agréable d'être en plein air.
02:01:10 Donc c'est bien dommage, je suis triste.
02:01:12 Nous les utilisons également à Tel Aviv.
02:01:14 On les utilise tous les jours et c'est bien.
02:01:16 Ça évite les bouchons, on est plus rapides.
02:01:18 C'est bon pour les touristes et bon pour la population locale aussi.
02:01:23 Le 1er septembre, les 15 000 trottinettes parisiennes seront transférées
02:01:26 vers d'autres villes de l'Hexagone, mais aussi dans le reste de l'Europe.
02:01:30 Nathan Devers, comment va circuler, notamment lors des Jeux olympiques ?
02:01:35 On est dans une ville avec beaucoup de travaux, avec beaucoup d'événements,
02:01:38 des transports en commun peu fiables.
02:01:41 Et là, on nous enlève à un moyen de locomotion propre aussi pour la planète.
02:01:45 Bien sûr, ça va être un sujet.
02:01:46 Moi, je connais deux personnes qui ont été,
02:01:48 qui sont handicapées à vie d'un accident de trottinette.
02:01:50 Je ne connais personne, en tout cas dans mon entourage,
02:01:52 dont ce soit le cas pour un accident de voiture.
02:01:54 Et c'est vrai que c'est extrêmement dangereux.
02:01:56 Il n'y a pas besoin de faire un dessin à la trottinette
02:01:58 parce qu'on ne peut pas regarder à la fois devant soi et le sol.
02:02:00 Il suffit qu'il y ait une petite infractuosité, un petit cul de poule,
02:02:03 comme on dit, et puis c'est la chute assurée.
02:02:05 Moi, ma fiancée faisait très, très bien de la trottinette.
02:02:07 Je lui ai fait promettre de plus jamais en prendre.
02:02:09 Et il m'est arrivé deux, trois fois de la croiser dans la rue
02:02:11 en train de prendre une trottinette.
02:02:13 Donc, je suis content. Elle ne pourra plus le faire, mais plus sérieusement.
02:02:15 Clément Bonne parle de plutôt mettre un cadre,
02:02:18 de sanctionner ceux qui sont à deux, ceux qui utilisent le téléphone portable.
02:02:21 Au lieu de les supprimer, il ne faudrait pas juste réglementer.
02:02:24 Moi, je pense surtout qu'il faut s'inquiéter de se dire
02:02:27 pourquoi les gens prennent des trottinettes.
02:02:28 Ils prennent des trottinettes parce que les transports deviennent compliqués.
02:02:31 Le monsieur Jallot le disait très bien.
02:02:32 Les gens disaient, ce n'est pas qu'ils prennent un plaisir
02:02:34 à s'infantiliser sur des trottinettes.
02:02:35 C'est qu'aujourd'hui, de facto, quand vous êtes Parisien,
02:02:37 quand vous habitez en grande ville, c'est extrêmement compliqué.
02:02:40 Que voiture, ce n'est pas question.
02:02:41 Les transports en commun, c'est extrêmement complexe, etc.
02:02:45 Et que donc, vous avez cette solution de la trottinette qui s'impose.
02:02:47 Il faut réfléchir sur les conditions de possibilité du succès de la trottinette.
02:02:50 Et parce que les gens ne l'apprennent pas de gaieté de cœur.
02:02:52 Ils l'apprennent juste parce que ce n'est plus pratique.
02:02:54 Écoutez, j'espère que Christine Rousseau n'écoute pas cette émission,
02:03:01 parce que sinon, elle en voudrait terriblement à mon ami Nathan Devers,
02:03:04 qui intime l'ordre à sa fiancée de ne pas utiliser la trottinette.
02:03:09 Je pense que si ça tombe dans l'oreille de Sandrine Rousseau,
02:03:12 Nathan, vous allez au devant le grand problème.
02:03:15 Trois morts, 459 blessés en 2022 à Paris.
02:03:19 Pour le constat. Merci beaucoup messieurs de m'avoir accompagné pour Soir Info été.
02:03:24 L'information continue sur CNews.
02:03:26 Prochain point sur l'actualité avec Simon Guillain.
02:03:29 Et puis, retrouvé à 23h30, le discours en intégralité de Bruno Le Maire
02:03:33 en Haute-Savoie qui parlait des projets économiques de la rentrée pour notre pays.
02:03:39 A tout à l'heure.
02:03:40 De retour sur CNews.
02:03:45 Vous êtes bien dans Soir Info été.
02:03:47 Il est bientôt 23h30.
02:03:49 Le moment pour nous de faire un rappel de l'actualité.
02:03:52 Et c'est avec Simon Guillain.
02:03:53 Simon, rebonsoir.
02:03:55 Rebonsoir, chère Célia.
02:03:56 On commence ce journal avec ce nouveau drame dans le quartier de Pizvin à Nîmes.
02:04:00 La nuit dernière, un jeune homme de 18 ans a été tué après une fusillade,
02:04:03 seulement quelques jours après la mort d'un enfant de 10 ans
02:04:06 qui avait été tué par une balle pertue dans ce même quartier.
02:04:09 Et pour renforcer la sécurité sur place,
02:04:10 le ministre de l'Intérieur a annoncé l'envoi du RAID
02:04:13 en plus d'une unité de la CRS 8 qui est déjà déployée sur place.
02:04:17 Gérald Darmanin qui est d'ailleurs attendu à Nîmes demain matin.
02:04:20 Et on va l'écouter.
02:04:20 Le ministre de l'Intérieur.
02:04:22 Il est évident que c'est un quartier difficile
02:04:25 pour lequel la police doit être présente nuit et jour.
02:04:28 J'ai constaté comme vous que ce n'était pas totalement le cas.
02:04:31 Et donc ma commande est extrêmement claire.
02:04:33 Non seulement la police sera présente nuit et jour partout sur les trois lieux
02:04:38 qui seraient des lieux de deal pour cette population,
02:04:41 que les renforts de police en plus de ceux qui sont déjà là,
02:04:44 c'est-à-dire deux unités de CRS plus 15 officiers de police judiciaire,
02:04:50 plus le RAID,
02:04:51 montreront que l'ordre est retourné à la République.
02:04:53 Au lendemain de la mort d'Evgeny Prigojine dans un crash d'avion en Russie,
02:04:58 l'Ukraine assure ne pas être impliquée
02:05:00 et sous-entend d'ailleurs une responsabilité du Kremlin.
02:05:03 Volodymyr Zelensky s'est exprimé ce jeudi en conférence de presse.
02:05:13 Ce qui est sûr, c'est que nous n'avons rien à voir avec cette situation.
02:05:16 Je pense que tout le monde comprend qui est concerné.
02:05:21 Et de son côté, Vladimir Poutine a lui présenté ses condoléances
02:05:28 aux proches d'Evgeny Prigojine.
02:05:31 Le président russe parle d'un homme talentueux
02:05:32 qui a commis de graves erreurs dans sa vie.
02:05:34 Le chef du Kremlin qui s'est exprimé également ce jeudi à la télévision russe.
02:05:37 On l'écoute.
02:05:42 En ce qui concerne la tragédie aérienne,
02:05:44 je tiens tout d'abord à exprimer mes plus sincères condoléances
02:05:47 aux familles de toutes les victimes.
02:05:49 C'est toujours une tragédie.
02:05:50 Les premières données indiquent qu'il y avait des employés du groupe Wagner.
02:06:00 Je voudrais noter que ces personnes ont apporté
02:06:09 une contribution significative à notre cause commune
02:06:12 de lutte contre le régime néo-nazi en Ukraine.
02:06:15 Nous nous en souvenons, nous le savons et nous ne l'oublierons pas.
02:06:21 Voilà pour ce dernier journal de la soirée.
02:06:27 Je vous retrouve pour ma part à minuit pile pour l'édition de la nuit.
02:06:30 Je vous dis à tout à l'heure.
02:06:31 Merci beaucoup, Simon.
02:06:32 Le moment est venu pour nous de vous refaire découvrir
02:06:36 le discours de Bruno Le Maire,
02:06:39 prononcé aujourd'hui en Haute-Savoie.
02:06:41 Il a annoncé les priorités économiques de la rentrée.
02:06:44 Pour ma part, on se retrouve demain dès 19h pour Face à l'Info
02:06:48 et dès 21h pour Soin Info.
02:06:49 Belle soirée.
02:06:50 Merci à tous !