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Chaque matin de l'été, à 8h15, Alexandre Le Mer en juillet et Lionel Gougelot en août reçoivent une personnalité au centre de l'actualité. Ce lundi, Jérôme Guedj, député socialiste de l’Essonne, revient sur le vieillissement de la population.
Retrouvez "L'invité du 8h13" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
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Transcription
00:00 - A 9h c'est Europe 1 matin avec Lionel Gougelot, soyez les bienvenus, il est 8h15.
00:04 Votre invité ce matin Lionel, c'est le député socialiste de l'Essonne Jérôme Guedj.
00:08 - Bonjour Jérôme Guedj. - Bonjour.
00:09 - Bienvenue sur Europe 1.
00:10 Vous tirez ce matin Jérôme Guedj un vrai signal d'alarme, un vrai signal d'alarme et un coup de coeur sur la question de la politique du grand âge en France
00:18 ou plutôt sur l'absence de politique, accusant dans un entretien à nos confrères du Parisien ce matin le gouvernement de négligence
00:26 à l'égard du vieillissement de la population, vous parlez de déni politique alors qu'il y a urgence, expliquez-nous.
00:31 - Le coup de coeur ou le coup de gueule du jour il est venu vous savez il y a 20 ans,
00:36 jour pour jour, nous étions en plein dans la canicule de 2003, qui a été une sorte de moment de prise de conscience,
00:41 une double prise de conscience, que la transition écologique, le réchauffement climatique allait avoir des conséquences
00:47 et notamment sur les plus fragiles
00:50 et sur cette fameuse transition démographique, cette révolution de la longévité.
00:53 20 000 morts il y a 20 ans en quelques jours et principalement des personnes âgées.
00:58 On s'est beaucoup émus à l'époque,
01:00 ça aurait dû être une prise de conscience, un changement de braquet sur ce vieillissement, cette massification du vieillissement de la population.
01:07 Rendez-vous compte dans les années qui viennent on va passer de 4 millions de personnes de 75 à 84 ans à 6 millions.
01:14 On va doubler dans les 25 ans qui viennent les plus de 85 ans, ça va se voir, c'est une bonne nouvelle.
01:18 L'allongement de l'espérance de vie, c'est une chance, c'est le fruit de notre modèle de protection sociale
01:23 mais en même temps si on n'adapte pas l'ensemble de nos politiques à cette révolution de la longévité
01:27 alors on aura, je pèse mes mots, une crise du vieillissement, c'est-à-dire des personnes âgées, c'est déjà le cas aujourd'hui,
01:32 pour lesquelles l'accompagnement dans les EHPAD, dans les services à domicile, la question de l'isolement des personnes âgées
01:37 ne sont pas prises en compte à leur juste mesure et mon coup de gueule c'est que ça fait des années,
01:44 tout gouvernement confondu, je tiens à le dire, que on ne prend pas la mesure.
01:48 Sur la transition écologique ça a mis du temps, il y a eu un déni et puis maintenant les choses se sont mises en place.
01:53 Sur ce vieillissement de la population c'est moins le cas.
01:55 - Notre maison vieillit et on regarde ailleurs dites-vous ?
01:59 - Oui j'ai voulu reprendre, c'est mon ami Luc Broussy qui m'a donné cette formule, cette expression.
02:05 Jacques Chirac disait à l'époque "la maison brûle et on regarde ailleurs",
02:08 ben là la maison vieillit et on regarde ailleurs, on fait comme si spontanément les familles allaient pouvoir s'en occuper par elles-mêmes.
02:14 - Pourquoi ce désintérêt ?
02:15 - Alors d'abord il y a une explication un peu psychologique, le vieillissement on n'a pas envie de le voir,
02:20 il y a un déni intime du vieillissement, chacun conteste son propre vieillissement
02:23 et ça se prolonge par une sorte de déni collectif,
02:26 c'est pas sexy, c'est pas glamour de s'occuper des personnes âgées,
02:30 alors que derrière ça c'est les solidarités intergénérationnelles,
02:33 c'est de l'emploi qui est créé, c'est de l'aménagement du territoire
02:36 et puis il y a évidemment un obstacle financier et c'est celui sur lequel on se fracasse depuis des années
02:41 mais depuis l'annonce d'Emmanuel Macron en juin 2018, rendez-vous compte, il y a plus de cinq ans,
02:47 le président il dit "on va faire une loi grantage, enfin, ça va coûter 9 à 10 milliards",
02:51 tout le monde se dit "c'est super, il y a des rapports qui sont produits, de la concertation, plein d'idées qui sont mises sur la table"
02:57 et tous les ans la réforme elle est repoussée, elle est repoussée, elle est repoussée, c'est insupportable.
03:01 - Il y a eu une loi grantage présentée au Parlement au printemps dernier, qu'est-ce qu'elle est devenue ?
03:05 - Alors c'est justement pas une loi grantage, c'était une petite proposition de loi bien vieillir,
03:08 des parlementaires renaissance, courageux, qui en avaient marre de cette procrastination,
03:13 ont décidé eux-mêmes de proposer un texte, mais c'était un texte d'initiative parlementaire très limité.
03:17 Et bien même ce petit texte n'a pas réussi à être examiné jusqu'au bout, c'est-à-dire qu'il a été suspendu en avril,
03:24 il devait être repris en mai, en juin, en juillet, il y avait une promesse du ministre de l'époque
03:29 qui a été débarqué dans le nouveau gouvernement, la nouvelle ministre Aurore Bergé,
03:35 et j'en appelle à elle aujourd'hui, puisqu'elle-même avait dit "il faut qu'on termine ce texte",
03:38 et bien c'était pas allé à son terme. Et pour moi, c'est dramatique, parce que derrière ce refus d'obstacle du gouvernement,
03:46 c'est le problème pour les professionnels qui travaillent dans les EHPAD, dans les services à domicile,
03:50 on sait qu'ils n'en peuvent plus, on manque de personnel, on ne recrute pas suffisamment de personnel,
03:54 on ne crée pas des postes, c'est un parcours du combattant pour les familles,
03:58 il y a des situations dramatiques d'isolement des personnels.
04:00 - Qu'est-ce qu'il faut faire ? C'est une vraie révolution !
04:03 - Ah c'est une révolution ? C'est pour ça que je...
04:05 - Les établissements d'accueil, l'accueil à domicile, l'embauche d'aide de soignants plus généralement ?
04:10 - Je fais souvent la comparaison avec la transition écologique parce que c'est un changement anthropologique,
04:17 un changement d'organisation de la société qui devrait nous préoccuper matin, midi et soir.
04:22 La manière dont on adapte les villes au vieillissement, il y a des villes pionnières qui ont compris,
04:26 je pense à Montpellier, Rennes, Le Havre ou d'autres, qui comprennent que dans le quotidien de leur organisation,
04:32 il faut remettre des bancs publics dans l'espace parce que s'il n'y a pas de bancs dans l'espace public,
04:35 les personnes âgées ne sortent pas de chez elles et elles restent confinées.
04:39 On connaît bien ce terme aujourd'hui.
04:41 Il faut lutter contre l'isolement, c'est-à-dire comment les gardiens d'immeubles dans le parc HLM
04:47 peuvent repérer les fragilités, faire le lien entre des personnes âgées qui sont isolées.
04:51 Bref, c'est un chantier gigantesque qui ne se réduit pas aux EHPAD.
04:54 Les EHPAD, bien sûr, c'est essentiel.
04:55 Il y a une crise des EHPAD aujourd'hui, de leur organisation, de leur financement,
04:59 du recrutement des personnels et tous ces sujets-là.
05:02 On fait comme si on ne les abordait pas.
05:03 Alors nous, on formule des propositions.
05:05 Moi, j'ai proposé avec les députés socialistes une proposition de loi
05:09 qui reprend toutes les idées qui ont été mises sur la table ces dernières années.
05:14 On l'a envoyée à Elisabeth Borne au mois d'avril en disant que ça peut être un travail transpartisan.
05:19 Tous les parlementaires de tous les bancs ont envie de s'emparer de ce texte.
05:22 - Et c'est pour ça que vous appelez à un matignon de la longévité comme il y a eu un grenelle de l'environnement ?
05:27 - Oui, parce que c'est une manière de dire aussi que c'est un sujet qui ne concerne pas que le ou la ministre des solidarités des personnes âgées.
05:33 Ça concerne le ministre des transports, ça concerne le ministre du logement,
05:36 ça concerne le ministre de la culture, le ministre des sports, les activités physiques adaptées pour les personnes âgées.
05:43 Bref, c'est un changement de braquet parce que, je le redis, si on ne s'empare pas de ce sujet,
05:47 alors on aura une crise du vieillissement.
05:49 C'est quoi une crise du vieillissement ?
05:50 C'est que dans quelques années, on se rendra compte qu'il y aura des déserts médicaux.
05:54 C'est déjà le cas aujourd'hui.
05:55 Les personnes âgées ont besoin de consulter des médecins.
05:57 Mais en plus des déserts médico-sociaux, on n'arrive pas à recruter des aides à domicile ou des aides soignantes dans les EHPAD.
06:03 Des déserts alimentaires, des villes en détresse.
06:05 - Des situations de détresse pour des familles.
06:07 - Exactement.
06:08 Et moi, je pense principalement aux familles, les aidants qui sont aux côtés des personnes âgées.
06:13 Et il faut qu'on fasse, vous savez, c'est les 68 arts qui sont concernés par le vieillissement.
06:19 Parce qu'ils avaient 20 ans en 68.
06:21 - Il faut qu'ils fassent un peu leur évolution de soins de vie.
06:23 - C'est eux qui vont changer le regard de la société sur la jeunesse.
06:25 Et il faudra qu'eux aussi contribuent à changer le regard de la société sur la vieillesse.
06:29 Ça ne peut pas être que l'affaire des politiques.
06:31 Il faut aussi qu'il y ait un mouvement, un rapport de force qui s'organise dans la société.
06:34 Et nous, on va lancer une pétition parlementaire pour demander au gouvernement de mettre à l'ordre du jour
06:39 la fameuse loi Grand âge que le président de la République, encore une fois, je le redis, il l'avait promis il y a 5 ans.
06:44 Il n'y a pas une seule promesse faite de manière aussi précise qui a été enterrée de manière aussi tonitouante.
06:50 - Et d'ailleurs, sur cette question, il pourrait y avoir un consensus politique.
06:54 - Je pense qu'il peut y avoir un consensus politique.
06:56 Après, on aura des désaccords sur la manière de financer.
06:58 Ce n'est pas neutre d'aller chercher 9 à 10 milliards d'euros.
07:00 - 10 milliards d'euros, oui.
07:01 - Oui, mais derrière ça, encore une fois, je le redis, c'est des créations d'emplois dans les EHPAD,
07:06 dans les services à domicile, c'est de l'aménagement du territoire,
07:09 c'est lutter contre la désertification en milieu rural,
07:13 parce que les personnes âgées ont envie de pouvoir vieillir là où elles ont vécu.
07:16 C'est accompagné dans les quartiers. Bref, c'est une belle politique transversale.
07:21 Aurore Berger doit vous présenter la fameuse feuille de route qui avait été annoncée depuis plus d'un an maintenant.
07:26 J'espère qu'elle sera à la hauteur. En tous les cas, nous, on a contribué à ce travail.
07:30 On est volontaire, on est disponible.
07:32 Il faudrait que le président Emmanuel Macron s'empare du sujet,
07:34 parce que c'est un sujet qui a besoin d'une impulsion politique forte.
07:37 - En parallèle à cette question du grand âge, la question de la fin de vie,
07:40 nos confrères du Figaro ont dit ce matin qu'Emmanuel Macron serait favorable
07:43 à l'instauration d'une assistance au suicide plutôt qu'à l'euthanasie,
07:46 comme cela se pratique dans certains pays européens. Qu'est-ce que vous en pensez ?
07:50 - Je pense, je fais le lien d'ailleurs avec le sujet précédent,
07:52 parce que c'était aussi une forme d'inquiétude,
07:54 que c'est très bien qu'on légifère sur l'aide active à mourir.
07:57 C'est une aspiration pour plus d'accompagnement, de dignité, de soutien aux soins palliatifs,
08:03 et aussi à ce choix, à cette liberté ultime.
08:07 Mais je le dis aussi avec beaucoup de solennité, il y a un paradoxe terrible.
08:10 On avance, je n'aime pas le terme de droit à mourir dans la dignité, mais on a compris l'idée,
08:14 et que dans le même temps, on n'avance pas sur ce droit à vieillir dans la dignité.
08:17 Il y a un signal subliminal qui serait terrible dans la société de se dire,
08:21 écoutez, on va aider pour ces choix de fin de vie,
08:25 mais d'abord, on ne s'est pas préoccupé à la hauteur de l'enjeu,
08:28 de la manière de vieillir dignement,
08:30 parce que c'est ce qu'on doit à l'ensemble des personnes âgées
08:33 qui ont construit ce pays et pour lesquelles il y a besoin de cette juste reconnaissance.
08:38 Donc il faut avancer sur ce texte.
08:40 On avait dans la précédente mandature fait, là aussi de manière transpartisane, des propositions.
08:45 Ça avait été arrêté. J'espère que Agnès Firmin-Lebaudot ira au bout de la démarche.
08:49 Moi, j'ai, avec d'autres parlementaires, travaillé en amont sur ce texte.
08:54 Il faut qu'il y ait la reconnaissance des droits des patients,
08:57 il faut qu'on améliore les soins palliatifs, parce que c'est un droit qui doit être reconnu pour tous,
09:01 et puis qu'on puisse aller vers cette aide active à mourir.
09:04 En tous les cas, c'est la proposition que nous, on défendra.
09:06 - Quelques petits mots de politique, de politiciens, Gérard Gatch.
09:08 Qu'est-ce que vous attendez de l'initiative politique envisagée par Emmanuel Macron pour la rentrée, très rapidement ?
09:14 - Ça ressemble à un teasing estival, et on en a eu tellement de la part d'Emmanuel Macron,
09:19 des "Ah là là, vous allez voir ce que vous allez voir",
09:21 que pour tout vous dire, je n'attends pas grand-chose.
09:23 Si l'idée, c'est de se dire qu'on est prêt à travailler sur des sujets d'intérêt général, nous, on est disponible.
09:28 Le sujet du grand âge est une illustration des dynamiques qu'on peut construire ensemble.
09:35 Mais je me méfie du marketing communicationnel frénétique du président de la République,
09:41 qui masque en réalité une grande difficulté.
09:44 Il n'y a toujours pas de majorité, il n'y a pas d'axe qui s'est construit au Parlement.
09:49 Et moi, ce qui m'inquiète plus dans les annonces du président de la République,
09:52 c'est qu'en gros, il dit "je vais continuer comme avant",
09:54 c'est-à-dire que je vais utiliser la matraque constitutionnelle,
09:57 c'est-à-dire le 49.3 pour faire passer des textes.
09:59 Et ça, ça ne correspond pas à l'aspiration à plus de démocratie, de débat, de dispute apaisée.
10:04 Dans le débat public, c'est un peu regrettable, mais qu'on verra à la rentrée.
10:08 - Rendez-vous à la rentrée, parlementaire notamment.
10:10 Merci Gérard Duguêge, député socialiste de l'Essonne.
10:13 Merci d'avoir accepté l'invitation d'Europe.
10:15 Une excellente journée à vous.

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