Nomination du nouveau Premier ministre : «Laissons-nous le temps de dialoguer», estime Benjamin Haddad

  • la semaine dernière
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos
Chaque matin de l'été, à 8h15, Lionel Gougelot reçoit une personnalité au centre de l'actualité. Ce mardi, Benjamin Haddad, député de Paris du groupe Ensemble.

Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video

Nos nouveautés : http://bit.ly/1pij4sV

Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Transcript
00:00L'invité politique de la matinale, c'est Benjamin Haddad, député Ensemble de Paris.
00:03Bonjour Benjamin Haddad.
00:04Bonjour.
00:04Bienvenue dans les studios d'Europe 1.
00:06Est-ce que vous vous dites, vous aussi, Benjamin Haddad,
00:09enfin, enfin, on va savoir, pour la formation d'un gouvernement
00:13et la nomination d'un Premier ministre ou d'une Première ministre ?
00:16Vous le savez, le Président de la République va recevoir dans deux jours
00:18les chefs des forces politiques de l'Assemblée Nationale pour consulter.
00:22La question fondamentalement qui se pose,
00:24c'est comment constituer une majorité à l'Assemblée Nationale pour gouverner ?
00:28Il nous reste encore beaucoup de défis majeurs pour notre pays,
00:31à commencer par un budget à la rentrée qui devra être adopté par l'Assemblée et le Sénat,
00:36qui devra répondre à la question notamment de nos dépenses publiques
00:39et faire réduire nos déficits et notre dette.
00:41Donc, ce sera des choix difficiles qui devront être faits.
00:44Et pour cela, le Président de la République doit nommer un Premier ministre.
00:46Je pense qu'il le fera dans les prochains jours.
00:49Mais en effet, l'équation est difficile, donc il fallait prendre le temps.
00:51Ça ne sert à rien de se précipiter pour nommer un gouvernement
00:54qui serait censuré immédiatement.
00:55Et donc, il faut être capable d'élargir, de travailler bien sûr avec les Républicains
00:59et puis avec les sociodémocrates modérés qui comprennent qu'il faut continuer de réformer notre pays,
01:03qu'il faut continuer d'avoir une réponse forte sur le régalien, sur l'autorité, sur l'ordre.
01:08C'est ce qu'attendent nos concitoyens.
01:10Est-ce que ça n'a pas été trop long, quand même, cette prise de temps,
01:13comme vous dites, pour réfléchir ?
01:15Beaucoup de Français, déjà, pouvaient comprendre qu'on avait les Jeux Olympiques,
01:18qu'on était un succès formidable, qu'on était un moment d'unité, de rassemblement.
01:20Donc, il fallait mettre de côté la politique pendant ces quelques semaines de Jeux Olympiques.
01:24Et puis, une fois de plus, ce que je vous dis, c'est-à-dire qu'à un moment,
01:27la question, ce n'est pas d'aller vite ou pas vite, c'est de constituer une majorité pour gouverner.
01:32J'entends le Nouveau Front Populaire qui nous explique qu'il faut nommer Lucie Castex le Premier ministre.
01:36Alors, tout d'abord, il n'y a absolument rien dans la Constitution qui explique
01:39que le Président de la République doit se précipiter pour nommer le représentant
01:44d'un mouvement qui, certes, est arrivé légèrement en tête aux élections législatives,
01:48mais qui est très loin de constituer une majorité à l'Assemblée nationale,
01:51comme on l'a vu d'ailleurs, puisque c'est Yelbrun Pivet qui a été réélu Président de l'Assemblée nationale,
01:55parce que nous avons su travailler avec les Républicains sur cette élection importante,
01:59mais aussi parce qu'on a là un Nouveau Front Populaire qui a un programme profondément radical
02:04sur les questions de sécurité, sur les questions d'économie,
02:08avec une explosion de la dette des dépenses publiques et des impôts,
02:11et qui, clairement, n'a pas envie de travailler avec les autres forces modérées de l'Assemblée nationale.
02:14Alors, justement, Benjamin Haddad, est-ce qu'il n'aurait pas mieux valu,
02:17dans la stratégie du Président de la République, de nommer tout de suite Lucie Castex à Matignon,
02:21tabler sur une motion de censure immédiate pour faire la démonstration de l'impossibilité d'une majorité à gauche,
02:25et donc de chercher une autre majorité au centre ou à droite ?
02:29Bon, ce que vous dites a été proposé par certains,
02:31il y a des commentateurs, des analystes qui proposent cette approche.
02:33Je dois reconnaître que ce n'est pas mon avis.
02:35Je pense que certains, peut-être d'ailleurs, dans la majorité, ne seront peut-être pas d'accord avec moi,
02:39mais ce n'est pas mon avis parce que, une fois plus, je crois que, déjà,
02:42le message qu'on enverrait aux investisseurs étrangers,
02:46pareil, ce serait qu'on pourrait avoir l'extrême gauche avec sa radicalité, sa violence,
02:49avec son programme qui serait absolument délirant sur le plan de la fiscalité et de l'économie au pouvoir,
02:54même quelques jours, et donc je pense qu'alors que nous avons rendu notre pays
02:57attractif et stable sur la question de la fiscalité et des investissements
03:01que nous avons pu faire réouvrir des usines et faire baisser le chômage ces dernières années,
03:04je pense que ça enverrait un mauvais signal, même si ce gouvernement serait rapidement censuré,
03:09et je ne pense pas qu'il faille jouer à la carte de l'instabilité.
03:12Donc, laissons-nous le temps de dialoguer,
03:15de faire ce que nous avons su faire pendant les JO, c'est-à-dire mettre tout le monde autour de la table,
03:19pour échanger, pour trouver des compromis, pour négocier, pour nommer un gouvernement qui sera stable.
03:25Nous, nous l'avons dit dès le début, c'est pour ça d'ailleurs qu'un gouvernement du Nouveau Front Populaire ne serait pas stable,
03:29un gouvernement qui aurait notamment des ministres insoumis,
03:32qui est un mouvement radical, qui a bafoué nos institutions,
03:37qui a fait de l'antisémitisme son carburant électoral depuis des années, serait immédiatement censuré.
03:43Le portrait robot du candidat idéal à Matignon, c'est quoi Benjamin Haddad ?
03:47Un technicien qui pourrait assurer un bon fonctionnement de l'État,
03:50mais sans réforme, susceptible de provoquer des oppositions ?
03:54Non, sans réforme, vous savez, je n'y crois pas du tout.
03:56Je pense que le portrait robot, déjà, c'est se demander quel est le projet, sur le fond,
03:59qu'est-ce qu'on a envie de faire avec les Républicains.
04:01Je souligne d'ailleurs que Laurent Wauquiez et les députés républicains ont fait des propositions constructives,
04:05intéressantes sur les questions d'autorité, sur les questions de fiscalité au sein de leur pacte législatif.
04:10Nous avons nous-mêmes fait un pacte d'action avec Gabriel Attal,
04:14dont certaines peuvent être convergentes sur ces sujets avec les Républicains,
04:17et qui peut travailler aussi avec les socialistes sur les questions d'ordre,
04:20sur les questions de réforme, de justice sociale aussi,
04:23de lutte contre l'immigration illégale qui sont attendues par nos concitoyens.
04:26Donc parlons d'abord du fond, mais vous savez, je relisais cet été la biographie d'Aristide Briand,
04:31rapporteur de la loi sur la laïcité de 1905 au cours de la Troisième République.
04:35Voilà une République dont on a souvent dit, et c'est vrai, qu'elle était instable,
04:38on voyait beaucoup de gouvernements se succéder, jamais ou rarement de majorité absolue,
04:43et pourtant on a pu faire des réformes comme la loi de 1905,
04:46qui ont été des réformes majeures pour notre pays, où on a pu négocier,
04:50on a pu mettre autour de la table le centre gauche, le centre droit à l'époque,
04:53faire des compromis, négocier, alors c'est plus dans notre culture politique.
04:56Et donc aujourd'hui on dit, il n'y a pas de majorité absolue, donc on ne pourra pas faire de réforme.
04:59Moi je n'y crois pas, je pense que ça demandera effectivement de changer de logiciel,
05:03d'être capable de négocier, je pense qu'on en sera capable.
05:07Mais d'une certaine façon, Lucie Castex vous répond ce matin dans une interview à Libération,
05:10parce qu'elle assure que le gouvernement qu'elle dirigerait, avec des responsables de la France Insoumise,
05:14serait justement en mesure de trouver des accords sur certains sujets du programme du Nouveau Front Populaire,
05:20comme la bourrogration, la réforme des retraites, ou encore la question des services publics.
05:23A gauche aussi on peut avoir le raisonnement qu'il va cesser son temps à se contredire.
05:29Puisque je l'ai vu par exemple un jour expliquer qu'elle allait travailler avec le Rassemblement National
05:32pour trouver des majorités, puis le lendemain dire non, il est en ordre de question, on ne leur parlera pas.
05:36Un jour dire finalement le SMIC à 1600 euros, ou la bourrogation, la réforme des retraites,
05:40ce sont des horizons lointains.
05:42Et l'après-midi, peut-être parce qu'elle avait été rattrapée par la patrouille,
05:44expliquer que non, c'était à prendre ou à laisser, que ce serait fait immédiatement.
05:48Nous, on a expliqué par exemple que la présence de ministres insoumis au sein d'un gouvernement
05:52était une ligne rouge absolue, parce qu'il suffit de voir leur comportement.
05:55Et encore juste cet été, Rima Hassan qui a participé à une manifestation pro-Ramas en Jordanie,
06:01Sophia Chikirou qui a partagé des commentaires favorables, élogieux vis-à-vis d'Ismail Agnès,
06:07le chef du Hamas qui a été tué sur sa page Instagram,
06:11il est hors de question de gouverner avec des gens comme ça.
06:15La France Assoumise, qui accuse Emmanuel Macron de dérive institutionnelle,
06:18envisageait hier une procédure de destitution du président de la République.
06:21Alors on sait que ça a peu de chances d'aboutir, mais est-ce qu'en laissant d'une certaine façon
06:25bourrir la situation, est-ce qu'Emmanuel Macron n'est pas responsable des tensions qui apparaissent
06:30et des provocations et des brutalités finalement de la France Insoumise ?
06:35Non mais les seuls responsables de la brutalité de la France Insoumise, c'est la France Insoumise.
06:40Ce sont les ingénieurs du chaos au sein de notre pays.
06:42Moi je ne me rappelle pas l'article de la Constitution qui explique
06:44qu'il faut nommer Lucie Castex immédiatement au gouvernement.
06:47La Constitution est très claire, c'est le président de la République qui nomme un Premier ministre
06:50et a fortiori il doit nommer un Premier ministre qui sera capable de gouverner,
06:53c'est-à-dire de ne pas se faire censurer par une majorité à l'Assemblée Nationale.
06:56Il se laisse le temps pour consulter, pour dialoguer.
06:59Moi ce que je vois, c'est le président de la République qui, au contraire,
07:02dans les prochains jours, dialogue avec toutes les forces politiques
07:04et qui reçoit même Lucie Castex, envoyée par le Nouveau Front Populaire.
07:08Mais justement, est-ce qu'elle a une légitimité Lucie Castex à l'Élysée de Vendredi ?
07:12Écoutez, le président a dit je veux parler à toutes les forces politiques,
07:14le Nouveau Front Populaire propose Lucie Castex, et à ce moment-là il accepte de dialoguer avec elle.
07:19Donc là, moi je trouve que ça montre au contraire une ouverture d'esprit,
07:22une volonté d'apaisement, de rassemblement, de dialogue.
07:26On sort encore une fois des Jeux Olympiques qui ont été un formidable moment d'optimisme
07:31et de rassemblement pour notre pays.
07:32Continuons sur cette lancée.
07:34Mais là, l'approche de la France Insoumise a toujours été la radicalisation
07:39et le fait de vouloir mettre à bas nos institutions.
07:41J'ai vu leur comportement depuis deux ans à l'Assemblée Nationale.
07:45La seule conséquence concrète que ça a eu, c'est de faire monter inexorablement
07:50leur Assemblée Nationale dans notre pays.
07:52Il n'y a aucun sujet sur lequel vous pouvez discuter avec le Nouveau Front Populaire
07:57et la France Insoumise ?
07:58Avec la France Insoumise, certainement pas.
08:00Moi je souhaite travailler avec les socialistes,
08:02les socialistes sociodémocrates avec qui nous aurons peut-être des désaccords,
08:06mais sur les sujets comme l'urgence de la transition écologique,
08:09avec les Verts d'ailleurs aussi, sur les questions de justice sociale,
08:13sur les questions européennes.
08:15Moi j'étais président du groupe d'amitié France-Ukraine au mandat précédent.
08:18J'ai beaucoup travaillé avec les socialistes et les écologistes sur ces sujets.
08:21Sur lesquels d'ailleurs, il faut reconnaître qu'ils étaient en désaccord profond
08:24avec la France Insoumise, qui a toujours été dans l'alignement systématique avec la Russie.
08:28Mais sur les sujets européens, on a su se retrouver.
08:30Moi quand j'entendais la campagne de Raphaël Glucksmann aux élections européennes,
08:34sur beaucoup d'aspects, je peux comprendre pourquoi des électeurs se sont retrouvés dans son message,
08:38que je trouvais être un message positif et optimiste,
08:40et non pas un message anti-républicain comme celui des Insoumis.
08:43Et quand vous l'entendez, Raphaël Glucksmann, dans une interview au Point,
08:47demandait que l'on se, entre guillemets, débarrasse de Jean-Luc Mélenchon,
08:51mais aussi d'Emmanuel Macron.
08:53Quelle est votre réaction, Benjamin Dattes ?
08:55Emmanuel Macron, il est président de la République.
08:56Il sera président de la République pour les trois prochaines années.
08:58Et puis, quant à Jean-Luc Mélenchon, j'ai lu cette déclaration de Raphaël Glucksmann.
09:03Je voudrais quand même dire juste deux choses.
09:04La première, c'est qu'il a soutenu la constitution du Nouveau Front Populaire,
09:08avec les Insoumis, avec Jean-Luc Mélenchon.
09:11Et puis Jean-Luc Mélenchon, c'est le chef de la France Insoumise.
09:15D'ailleurs, renforcé depuis quelques mois,
09:17puisqu'il s'est débarrassé des quelques voix dissonantes,
09:19comme Raquel Garido, Alexis Corbière et d'autres,
09:23qui faisaient entendre une autre voix au sein de la France Insoumise.
09:25Mais surtout, c'est l'âme qui cache la forêt.
09:27Parce que, que nous dit Raphaël Glucksmann ?
09:29Donc, on se débarrasse de Jean-Luc Mélenchon,
09:31mais on peut quand même gouverner avec Rima Hassan,
09:33avec Thomas Porte, avec Sofia Chikirou,
09:36mais même Ruffin, dont on dit souvent que c'est un modéré,
09:39était celui qui avait dit, pendant les Gilets jaunes,
09:41qu'Emmanuel Macron a été anonymé comme John Kennedy.
09:43Donc, moi, je voudrais quand même qu'on rappelle la violence
09:46qui est consubstantielle à ce mouvement,
09:48et pas uniquement à la personne de son dirigeant.
09:51Alors, vous parliez de Rima Hassan, l'eurodéputée insoumise,
09:53qui s'était affichée vendredi dernier à Amman, en Jordanie,
09:56dans une manifestation au cours de laquelle il y a eu des hommages
09:58au chef du Hamas, Ismail Haniyeh,
10:01qui avait été tué à Téhéran le mois dernier.
10:04Depuis, alors, elle s'est défendue,
10:05assurant ne pas vouloir s'associer à cet hommage.
10:07Est-ce que vous faites partie de ceux qui réclament
10:09la levée de son immunité parlementaire pour apologie du terrorisme ?
10:12Oui, absolument, et je soutiens la démarche
10:15de ma collègue Caroline Yaddan,
10:17qui fait un signalement article 40 au procureur de la République
10:22pour apologie du terrorisme et incitation à la haine raciale.
10:25Rima Hassan a participé à une manifestation pro-Hamas en Jordanie.
10:28Elle savait très bien ce qu'elle faisait.
10:30Depuis, d'ailleurs, quelques semaines,
10:32elle est coutumière de déclarations antisionistes, violentes.
10:37C'est quelqu'un qui avait dit que Israël était,
10:41je ne sais plus quelle était l'expression, une barbarie.
10:44Elle multiplie ce type de provocation.
10:47On ne peut pas les laisser passer.
10:49Nous avons une responsabilité.
10:51Je me réjouis, d'ailleurs, que François-Xavier Bellamy,
10:53aussi au Parlement européen, ait décidé de porter plainte
10:56pour menace de mort, puisque, évidemment,
10:58c'est de ça dont il s'agissait quand elle dit
11:00« Vous ne pourrez plus dormir tranquille »
11:02dans un tweet à François-Xavier Bellamy.
11:04Et je m'associe à la démarche de Caroline Yaddan.
11:06Je lui ai eu au téléphone hier pour lui dire
11:08que je soutiendrai ce signalement article 40
11:10pour apologie du terrorisme.
11:12On ne peut pas laisser passer ce genre de propos.
11:14Moi, je suis tout à fait favorable à ce qu'on ait
11:16un débat mesuré, responsable, ouvert
11:21sur le conflit israélo-palestinien,
11:23mais pas si on remet en cause la réalité
11:26de la barbarie qui s'est passée le 7 octobre
11:28ou qu'on s'associe à des gens qui manifestent pour le Hamas.
11:32Deux mots sur l'actualité à l'étranger, Benjamin Haddad.
11:34Vous connaissez bien la vie politique américaine.
11:37Vous êtes un chercheur en relations internationales.
11:40Vous avez beaucoup travaillé sur le sujet.
11:42Vous avez suivi, j'imagine, même peut-être un peu de loin,
11:45l'investiture de Kamala Harris,
11:47cette nuit, par le camp démocrate.
11:49D'abord, première question, si elle est élue,
11:51est-ce que ce sera une bonne nouvelle pour la France et pour l'Europe ?
11:53Moi, je fais partie de ceux qui pensent
11:55qu'au-delà des personnalités de Donald Trump,
11:59de Kamala Harris ou avant eux, de Joe Biden,
12:01il y a une tendance de fond aux Etats-Unis
12:03qui est que les Etats-Unis se détournent de l'Europe,
12:05qu'ils ont aujourd'hui des intérêts stratégiques.
12:07Ça a commencé avec Barack Obama, non ?
12:09Absolument, ça a commencé avec le pivot de Barack Obama,
12:11donc avant Donald Trump, même si on a pu se parler pendant la présence de Donald Trump,
12:14le pivot vers l'Asie,
12:16et puis aussi un repli sur les sujets de politique intérieure.
12:18Et une fois de plus, Kamala Harris, sans surprise,
12:20fait campagne essentiellement sur les sujets de politique intérieure.
12:22Donc il faut que nous, Européens et Français,
12:24on en tire les conclusions,
12:26non pas pour être anti-américains,
12:28mais pour investir beaucoup plus dans notre autonomie,
12:30dans notre souveraineté stratégique au niveau européen,
12:32donc en augmentant nos budgets de défense,
12:34en étant moins dépendants de l'aide militaire américaine,
12:37parce que je crois que c'est une tendance de fond qui a été accélérée
12:40et exacerbée de façon rhétorique par Donald Trump,
12:43mais qu'on voyait déjà avec Barack Obama,
12:45et notamment, par exemple, avec la fameuse ligne rouge sur la Syrie,
12:48qui n'avait pas été respectée,
12:50qui avait des conséquences beaucoup plus sur la sécurité de l'Europe,
12:52des attentats terroristes, que sur celles des Etats-Unis.
12:54Donc ça, il faut le reconnaître,
12:56au fond, au-delà de se poser la question
12:58de si c'est Trump ou Kamala Harris.
13:00Moi, je crois que si Kamala Harris est élue demain,
13:02ce sera probablement une bonne nouvelle pour les Etats-Unis,
13:05mais il ne faut pas pour autant se reposer sur nos lauriers
13:07et dire, c'est bon, on ne va pas poser de problème
13:09sur l'orientation des Etats-Unis au niveau de l'Europe.
13:12Oui, parce qu'il restera le conflit en Ukraine,
13:15il restera le conflit au Moyen-Orient,
13:17sur lequel les Etats-Unis,
13:19enfin, sur lesquels les Etats-Unis ne pourront pas se détacher.
13:21Oui, mais il restera aussi les tendances protectionnistes
13:24que l'on a vues sous Joe Biden,
13:26comme sous Donald Trump.
13:27Joe Biden n'a pas levé la plupart des tarifs douaniers
13:29qui avaient été imposés par Donald Trump.
13:31Joe Biden a fait l'IRA, c'est-à-dire l'investissement massif
13:34dans la transition environnementale
13:36et dans l'industrie américaine
13:38qui était profondément protectionniste
13:40au détriment de l'industrie européenne.
13:41Donc, tant mieux pour les industries américaines,
13:43mais effectivement, le président de la République
13:44et les dirigeants européens avaient eu raison
13:46de dénoncer une démarche qui avait été
13:48faite de façon totalement unilatérale
13:50par les Etats-Unis.
13:52Merci, merci Benjamin Haddad.
13:54Merci d'avoir accepté notre invitation ce matin sur Europe.

Recommandée