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00:00Bonjour Jean-Noël Barraud, vous êtes ministre délégué démissionnaire chargé de l'Europe et président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée Nationale, vous allez pouvoir souffler ?
00:12J'ai intérêt puisque dans quelques jours je participerai avec plusieurs dizaines de milliers d'autres coureurs amateurs au marathon des Jeux Olympiques qui est ouvert pour la première fois dans l'histoire des Jeux à des non-athlètes et donc il faut que je souffle pour y être prêt.
00:29Vous savez pourquoi je vous dis cela ? Tout simplement parce qu'Emmanuel Macron a annoncé une trêve politique durant ces Jeux Olympiques que vous évoquiez à l'instant.
00:36Ecoutez, l'Assemblée Nationale a été installée, non sans mal mais c'est désormais chose faite, il nous faut désormais commencer à agir au service des Français.
00:45C'est possible, sans gouvernement, il y a un gouvernement mais des missionnaires.
00:49Je crois que l'été doit être mis à profit pour que nous puissions collectivement nous interroger sur le message que les Français ont voulu nous adresser lors des élections législatives et les réponses que nous voulons apporter.
01:00Est-ce que vous l'avez compris ce message ? Gérald Darmanin explique que vous avez perdu les élections législatives, est-ce que vous partagez le même diagnostic ce matin sur Europe 1 et C News ?
01:08Bien sûr, mais quand je parle du message, je crois qu'il faut entendre le cri de détresse, le sentiment d'abandon, d'injustice et de dépossession qui s'est exprimé à l'occasion de ces élections.
01:19Les attentes très fortes en matière de pouvoir d'achat, de sécurité, d'efficacité des services publics, de l'école, de la santé, de l'accès au logement.
01:27Et c'est à tout cela que nous devons apporter des réponses sans quoi, évidemment, nous serions tenus responsables.
01:33Lorsque je me permets de revenir sur cette trêve politique annoncée par le président de la République, est-ce qu'il faut comprendre que le gouvernement actuel, démissionnaire, pourrait rester tel qu'il est jusqu'à la rentrée prochaine ?
01:45C'est au président de la République de choisir le moment et le nom de la personne qu'il nommera pour former un gouvernement.
01:53Il vous en a parlé, il a des idées.
01:55C'est à lui que cette décision appartient et je souhaite pour ma part qu'elle intervienne le plus rapidement possible parce que nous ne devons pas faire attendre les Français qui, comme je l'ai dit, ont exprimé un certain nombre d'attentes très fortes.
02:08C'est à lui d'en décider.
02:10C'est la première fois qu'Emmanuel Macron prendra la parole sur le sol français, si je ne m'abuse, ce soir, depuis les élections législatives.
02:19Que peut-il dire ce soir, d'ailleurs, au milieu de ce brouillard politique ?
02:23Vous savez, c'est la première fois depuis un siècle que la France accueille les Jeux olympiques et paralympiques.
02:29C'est un événement d'envergure mondiale.
02:32Il est donc bien naturel que le président de la République prenne la parole à la veille de la cérémonie d'ouverture.
02:36Il y aura une partie, effectivement, sur les Jeux olympiques et il y aura une partie plus politique.
02:39J'imagine que les journalistes l'interrogeront sur les questions de politique intérieure.
02:44Mais sur ces questions-là, que peut-il dire ?
02:47Ce qu'il peut dire, je crois, c'est qu'il prendra sa décision, celle qui lui revient aux termes de notre Constitution,
02:55qui consiste à nommer un Premier ministre chargé de former un gouvernement qui tienne compte, dans sa composition, des nuances représentées à l'Assemblée nationale.
03:04Et pour ma part, je considère qu'il n'y a qu'une seule majorité susceptible d'apporter à la France la stabilité...
03:10Il y a une majorité aujourd'hui à l'Assemblée nationale ?
03:12Je crois qu'il n'existe qu'une seule majorité qui, arithmétiquement, est susceptible d'apporter la stabilité à notre pays.
03:18C'est celle qui va de la gauche modérée à la droite modérée, en passant par le centre.
03:22Donc du Parti socialiste, des écologistes, jusqu'au LR, de Laurent Wauquiez, de Bruno Rotailleau.
03:28On reviendra notamment sur le pacte législatif qu'ils ont présenté hier.
03:32Est-ce que vous avez eu des consignes pour cette période estivale ?
03:36Vous êtes un ministre démissionnaire, mais est-ce que Matignon vous a demandé potentiellement d'être disponible en moins de trois heures
03:43pour pouvoir rejoindre la capitale en cas de dossier que vous devriez prendre en charge assez rapidement ?
03:49Je suis, avant toute chose, député des Yvelines, où j'ai été réélu le 7 juillet avec 73% des voix.
03:56Je suis désormais président de la Commission des affaires étrangères.
04:00J'ai été ministre pendant deux ans, mais, Gabriel Attal ayant présenté la démission du gouvernement qui a été accepté par le président,
04:06je ne suis chargé que de l'expédition des affaires courantes pour mon ministère, c'est-à-dire le strict minimum.
04:12François Ruffin, ce matin, parle de gouvernement fantôme.
04:15C'est une période transitoire qui doit prendre fin le plus tôt possible.
04:19Donc vous acquiescez, finalement, ce terme de gouvernement fantôme ?
04:23C'est un gouvernement démissionnaire. C'est un gouvernement qui n'est chargé que du strict minimum, c'est-à-dire l'expédition des affaires courantes.
04:29Sur la délégation israélienne, cette dernière est arrivée hier à Paris.
04:33Gérald Darmanin a annoncé qu'il serait protégé, que cette délégation serait protégée par le GIGN 24 heures sur 24.
04:39Qu'est-ce que cela dit du climat dans notre pays ?
04:42Je dénonce les propos abjects et dangereux de la France insoumise qui, une nouvelle fois, flirte avec l'antisémitisme.
04:49Et je réitère, les athlètes israéliens sont évidemment les bienvenus dans notre pays.
04:55Gérald Darmanin l'a dit, ils seront protégés par nos forces de l'ordre et ils ont vocation à participer en toute sérénité aux épreuves sportives.
05:03Emmanuel Macron, juste après le 7 octobre, avait peur d'une importation du conflit israélo-palestinien dans notre pays.
05:09Est-ce que, finalement, ce conflit, d'une certaine manière, lorsque l'on voit ce qui s'est passé assez récemment,
05:15lorsque l'on voit ce qui se passe justement avec cette délégation israélienne, ces propos tenus ce week-end par Thomas Porte,
05:20est-ce que ce conflit n'est pas d'ores et déjà sur notre sol, parfois ?
05:23Il est indéniable que certaines forces politiques ont instrumentalisé ce conflit pour en faire du carburant électoral.
05:31C'est une attitude que je dénonce qui est contraire à ce qui est l'âme et l'identité de la France,
05:36son esprit universaliste qui considère les personnes pour ce qu'elles sont et non pas pour leur religion ou leurs origines.
05:44Et donc, pour ce qui me concerne et pour les forces du Bloc central, et je l'espère, de la gauche modérée et de la droite modérée,
05:51nous nous battrons, nous lutterons sans relâche contre cette tentation permanente des extrêmes d'instrumentaliser et d'importer le conflit.
06:01Nous évoquions les Insoumis à l'instant. Hier, à cette même place, Emmanuel Bonpart estimait que c'était à Emmanuel Macron
06:08d'appeler les membres du Nouveau Front Populaire et ensuite, ils lui proposeront un nom pour l'hôtel de Matignon.
06:14Que lui répondez-vous ce matin sur Europe Insight News ?
06:16Que pour une fois, il ne fait pas un contresens constitutionnel. C'est effectivement au Président de la République de choisir la personnalité chargée de former le gouvernement.
06:24Charge ensuite à cette personne, au nouveau Premier ministre, de composer un gouvernement reproduisant les nuances présentes à l'Assemblée nationale de manière à pouvoir gouverner.
06:36Puisque pour gouverner, il faut pouvoir trouver une majorité à l'Assemblée et je le redis, la seule majorité susceptible d'apporter une forme de stabilité,
06:45de soutenir durablement l'action d'un gouvernement dans notre pays aujourd'hui, c'est celle qui va de la droite modérée à la gauche modérée en passant par le centre.
06:52Est-ce que vous étiez à l'Assemblée nationale dans la nuit de vendredi à samedi ?
06:55Jusqu'à 4h30 du matin.
06:57Jusqu'à 4h30 du matin, que dites-vous à vos collègues qui n'y étaient pas ?
07:00Je regrette que nous ne soyons pas mobilisés pour être en mesure d'éviter que le bureau de l'Assemblée nationale ne soit, si l'on peut dire, dominé par des forces politiques.
07:13Il est majoritairement à gauche.
07:16Dont je crains qu'elle ait la tentation d'affaiblir l'autorité de la présidence de l'Assemblée nationale, ce qui risquerait de dégrader encore la tenue...
07:25C'est une grave erreur justement de ne pas avoir siégé à l'Assemblée nationale jusqu'à 4h du matin pour éviter justement que ce bureau de l'Assemblée nationale ne tombe d'une certaine manière aux mains des représentants de la gauche.
07:39C'est bien évidemment normal qu'ils aient plusieurs sièges compte tenu du poids politique qu'ils ont à l'Assemblée nationale, mais ils sont surreprésentés, il faut le dire, au sein du bureau.
07:46Ils sont surreprésentés.
07:47C'est une erreur de votre part, de vos collègues ?
07:49Ma crainte, c'est que l'affaiblissement possible de l'autorité de la présidence dégrade la qualité des débats, mais j'espère me tromper.
07:57N'avez-vous pas peur d'une bordélisation de l'Assemblée nationale ?
08:00Je souhaite en tout cas que le respect et l'ordre reviennent dans cet enceinte.
08:04Vous y croyez sur les 69 sanctions décidées depuis 1958, 36 ont été ces deux dernières années.
08:10Je veux y croire, et c'est ce pour quoi je me bats.
08:13C'est sincère ?
08:14Bien sûr, je souhaite que le Parlement soit un lieu où toutes les opinions qui traversent notre pays soient représentées, qui puissent se confronter, puissent parfois se battre,
08:23mais dans le respect de l'institution et dans le respect qui est dû à tous les parlementaires qui sont les représentants de la nation.
08:29On évoquait à l'instant ce pacte législatif proposé par Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, présenté d'ailleurs hier par ces deux parlementaires.
08:38Vous souscrivez toute ou partie de ces mesures qu'ils ont présentées ?
08:42Je souscris à l'approche qui consiste à faire montre d'ouverture, à mettre des propositions sur la table et à les mettre en débat.
08:50Est-ce que le centre, le Bloc central et la droite républicaine peuvent travailler ensemble ?
08:56La réponse est oui sur la revalorisation des retraites, sur la santé, sur l'école, très certainement.
09:02Est-ce que ce travail commun entre le centre et la droite est suffisant pour donner à la France la majorité dont nous avons besoin ?
09:09La réponse est non.
09:10C'est une condition nécessaire, ce rapprochement, ou en tout cas ce dialogue, mais ce n'est pas suffisant puisque seule une majorité,
09:16qui va de la droite modérée à la gauche modérée, est susceptible de permettre à la France d'agir et d'avancer.
09:23Il y a des électeurs qui nous écoutent sur Europe 1, qui nous regardent sur ces news et qui se disent peut-être
09:30« Mais pourquoi pense-t-il faire cela maintenant ? Pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt alors même que vous n'aviez plus la majorité absolue
09:38ces deux dernières années à l'Assemblée nationale ? Pourquoi ne pas avoir tenté justement d'élargir une coalition avec la droite
09:45pour tenter de faire avancer plus rapidement le pays, faire avancer le pays sur ces différents sujets que vous évoquiez à l'instant ? »
09:51Écoutez, nous l'avons tenté, nous l'avons même réalisé sur un certain nombre de lois.
09:54Réellement ? Il y a eu des ouvertures ?
09:56Bien sûr, et y compris sur un certain nombre de lois qui sont passées avec l'appui de la droite ou avec l'appui de la gauche.
10:04Mais aujourd'hui, nous sommes dans un monde totalement nouveau.
10:07Les Français nous ont donné une Assemblée nationale où aucun bloc n'est capable de dominer les autres.
10:12Et il faut donc que les blocs puissent dialoguer entre eux pour converger.
10:16Mais c'était déjà le cas en 2022, excusez-moi.
10:18Ah non, en 2022, il y avait un bloc qui dominait les autres.
10:22Aujourd'hui, ça n'est plus le cas.
10:24Et c'est la raison pour laquelle la droite modérée et la gauche modérée, le centre, doivent s'accorder sur un programme d'action minimal
10:30qui ne va pas satisfaire pleinement ni les uns ni les autres.
10:33Mais ce que les électeurs nous ont dit le 7 juillet, c'est non au Rassemblement national.
10:37Et c'est oui à des convergences, à des ententes, à de la composition pour faire en sorte que des réponses puissent être apportées aux Français.
10:44Une motion de censure n'était pas passée à neuf voix près tout de même.
10:48Sur l'instabilité actuelle de notre pays, est-ce que cela ne menace pas l'Europe aujourd'hui ?
10:55La stabilité de l'Union européenne ?
10:57Vous savez, la France a un poids en Europe qui...
11:02Notre voix porte toujours.
11:04Bien sûr. Vous savez, la semaine dernière, le Parlement européen s'est installé.
11:08La présidente de la Commission européenne a été élue.
11:11Elle a été élue dans son discours d'investiture.
11:14Elle a repris l'essentiel de ce que le président de la République avait développé il y a quelques semaines dans son deuxième discours de la Sorbonne,
11:22que sont les priorités françaises.
11:24L'idée que l'Europe soit plus forte, plus indépendante, plus souveraine.
11:28Qu'elle sorte de sa naïveté.
11:30Qu'elle considère, je dirais, mettre en œuvre la préférence européenne en matière de défense.
11:36Tout cela, nous le retrouvons dans les propos de la nouvelle ou de la présidente réélue de la Commission européenne.
11:43Et cela, c'est la démonstration que la France continue de peser.
11:48Évidemment, pour que cela se poursuive, il nous faut rapidement un nouveau gouvernement, un gouvernement pro-européen,
11:54de manière à ce que ce qui a été initié depuis sept ans puisse se poursuivre.
11:58On verra si votre appel ce matin sur Europe Insight News est entendu par le président de la République.
12:02Vous avez également été ministre en charge du numérique jusqu'à janvier dernier.
12:07Vous avez donc dû participer à la préparation des Jeux olympiques.
12:11Je parle bien évidemment de ces cyberattaques potentiellement qui pourraient cibler ces Jeux.
12:18On attend huit à dix fois plus de cyberattaques par rapport aux JO de Tokyo en 2021.
12:24Est-ce que vous êtes inquiet ? Est-ce que tout est prêt ?
12:26Est-ce que vous pouvez nous assurer notamment que des structures sensibles,
12:30je pense bien évidemment à des hôpitaux qui ont été ciblés ces dernières années,
12:34ne seront pas durant cet été la cible de cyberattaques ?
12:38Nous sommes prêts parce que la cybersécurité d'un événement comme les Jeux olympiques,
12:42ce n'est pas un sprint, c'est un marathon.
12:44Cela fait plusieurs années que nous nous préparons à sécuriser l'ensemble des sites de compétition.
12:51Comment ?
12:52Grâce notamment au travail de l'ANSI.
12:54L'ANSI, c'est l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information.
12:57C'est une agence que le monde entier nous envie,
13:00qui dispose de toute l'expertise nécessaire pour préparer, et c'est ce qu'elle a fait,
13:04pendant des mois, tous les sites de compétition, ainsi que nos opérateurs d'importance vitale,
13:09c'est-à-dire les hôpitaux, les grands établissements
13:12dont dépend la continuité de la vie économique et sociale de la nation.
13:16Tout cela, on fait l'objet d'exercices, de stress tests, de manière à...
13:21Des stress tests ? C'est quoi précisément ?
13:24Des tests en situation, parce que face à une cyberattaque,
13:29l'importance est la réponse humaine que l'on y apporte,
13:32pour être prêt le moment venu, si effectivement de telles attaques devaient se manifester.
13:37À ce stade, ce que nous dit l'ANSI, c'est qu'aucune activité anormale n'a été constatée,
13:43mais si des attaques devaient survenir, tout le monde est prêt à y faire face.
13:48Merci beaucoup Jean-Noël Barraud.
13:49Je rappelle que vous êtes ministre délégué démissionnaire,
13:51donc chargé de l'Europe et président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale.
13:56C'était votre grande interview sur CNews Europe 1.