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Chaque matin de l'été, à 8h15, Alexandre Le Mer en juillet et Lionel Gougelot en août reçoivent une personnalité au centre de l'actualité. Ce lundi, Alma Dufour, députée LFI-NUPES de la 4e circonscription de Seine-Maritime, revient sur le problème de pouvoir d'achat et sur la nécessité de réformer la police.
Retrouvez "L'invité du 8h13" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
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Transcription
00:00 - On va l'inviter ce matin Lionel Alma-Dufour, député LFI de Seine-Maritime.
00:03 - Bonjour Alma-Dufour. - Bonjour.
00:05 - Bienvenue sur Europe 1.
00:06 Dans un entretien accordé à nos confrères du Figaro Magazine, dont on parlait tout à l'heure avec Guillaume Roquet,
00:11 Emmanuel Macron annonce une initiative à la rentrée pour, dit-il, faire nation.
00:15 Qu'est-ce que ça vous inspire Alma-Dufour ?
00:17 - Alors pas grand-chose, parce que c'est quand même assez vague, pour être assez flou.
00:21 On a eu quand même le Conseil national de la résistance, enfin de la refondation,
00:27 enfin bon, les mêmes acronymes, la volonté de co-construire tout en faisant du 49-3
00:32 une arme utilisée en permanence sur le budget et évidemment sur la réforme des retraites.
00:36 Donc on est quand même assez dubitatif par ce genre d'annonce émanant du président de la République.
00:41 - Vous ne vous sentez pas concerné pour faire nation avec Emmanuel Macron ?
00:45 - Alors, nous on est parlementaires, donc on est là pour voter des lois,
00:49 et on est concerné pour respecter la volonté des Français.
00:52 Nous ça nous embête un peu qu'on appelle à l'unité, alors que c'est un beau mot l'unité,
00:57 faire nation, trouver la concorde, c'est super, moi je suis d'accord avec ça.
01:00 Après, être passé en force sur la réforme des retraites,
01:03 qui a été rejetée par 80% des Français, voire plus, à coup de 49-3.
01:07 C'est-à-dire que c'est toujours une manière de faire le contraire de ce qu'on dit.
01:10 Emmanuel Macron, un peu ses habitudes, là, je suis désolée, tout le monde, je pense, partage un peu ça.
01:15 C'est-à-dire qu'il annonce des choses et il fait exactement l'inverse.
01:18 Donc, que la France ait besoin d'être apaisée, c'est sûr,
01:21 que la France ait besoin d'unité, c'est sûr, mais il faut que tout le monde contribue.
01:25 Or, nous on pose la question, qui est toujours la même depuis l'élection législative,
01:29 c'est-à-dire, est-ce que les riches, est-ce que les élites contribuent vraiment à l'unité de la nation,
01:34 alors qu'on enchaîne crise sur crise sur crise, Covid, guerre en Ukraine, inflation.
01:38 Et c'est ça qu'on demande à Emmanuel Macron, c'est-à-dire, ok,
01:41 mais il faut que tout le monde contribue, y compris les plus riches de ce pays.
01:43 - Alors, Alma Dufour, sur l'une des réformes qui devraient occuper l'agenda parlementaire à la rentrée,
01:47 le texte de loi sur l'immigration, Emmanuel Macron évoque justement,
01:50 dans cet entretien au Figaro Magazine, la possibilité d'une adoption avec le 49-3,
01:55 s'il n'a pas de majorité.
01:57 - Bah écoutez, ça ne me surprend pas.
01:59 Je pense qu'Emmanuel Macron sait qu'il peut s'appuyer sur la Constitution de la Ve République.
02:04 - C'est ce qu'il dit, il utilisera les outils de la Constitution.
02:06 - Pour gouverner, alors qu'il n'a plus de majorité vraiment certaine au Parlement,
02:11 c'est un vrai problème, c'est-à-dire que pour un président qui s'est fait élire en 2017
02:16 sur la promesse d'un renouveau démocratique qui agitait des instruments comme le Grand Débat,
02:20 puis comme les conventions citoyennes sur le climat, etc.
02:23 Un président qui se voulait réformateur sur ces aspects-là,
02:26 c'est un vrai problème de s'asseoir et d'utiliser une Constitution
02:30 qui date d'un autre âge, qui a été quand même adoptée pendant des grands troubles,
02:35 la guerre d'Algérie, etc.
02:36 Enfin, ce n'est pas une Constitution qui tombe de nulle part,
02:38 elle était là pour des raisons précises.
02:42 Aujourd'hui, on la trouve dépassée.
02:44 Je pense que la majorité des Français, quand ils sont sondés sur le sujet de là,
02:46 la trouvent dépassée.
02:47 La démocratie ne s'arrête pas à la Constitution de la Ve République,
02:50 la démocratie s'est donnée au peuple, l'impression qu'il est écouté.
02:53 - Mais pour revenir sur ma question, vous pensez que ça peut encore réduire,
02:57 être à l'origine de tensions politiques à la rentrée de l'éventuelle adoption par 49-3 ?
03:04 - Évidemment, c'est-à-dire que tant qu'il n'y a pas soit une volonté d'écouter le Parlement,
03:08 soit une dissolution, il y aura des tensions,
03:10 puisque là, on se retrouve effectivement dans un scénario
03:12 où le gouvernement va essayer de passer en force à chaque fois,
03:16 au lieu d'essayer d'élargir et de construire une majorité.
03:20 Et puis après, effectivement, c'est aussi la responsabilité des forces politiques,
03:24 et notamment, je pense, aux Républicains,
03:25 qui en fait partagent quand même beaucoup des orientations économiques du gouvernement,
03:29 et ne s'assument pas comme un partenaire potentiel.
03:31 - Et sur cette question, cette déclaration leur est adressée d'une certaine façon.
03:35 Une rentrée qui devrait être à nouveau placée sous signe des questions du pouvoir d'achat,
03:38 à la main du four.
03:39 Michel-Édouard Leclerc disait récemment qu'il n'y aurait pas de septembre vert pour les consommateurs.
03:43 Autrement dit, il faut s'attendre encore à des mois difficiles,
03:45 notamment sur les questions de l'énergie, sur lesquelles je crois que vous travaillez particulièrement.
03:48 - Tout à fait.
03:49 Alors déjà, effectivement, sur cette question de l'inflation,
03:52 qui est en fait le sujet qui préoccupe le plus les Français,
03:54 on s'est quand même fait un peu balader pendant un an.
03:57 Je suis désolée, on nous parlait du pic de l'inflation,
03:59 après c'était le plateau de l'inflation,
04:00 après on nous dit "en septembre ça va baisser",
04:02 puis là, on apprend que les industriels et la grande distribution
04:05 se sont pas vraiment mis d'accord et qu'il y aura quelques promotions
04:08 à la rentrée dans les supermarchés, mais que ça s'arrête à peu près là.
04:11 C'est un énorme problème.
04:13 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a un Français sur six à peu près qui se sautent des repasses,
04:17 ça fait plus de 10 millions de Français, c'est absolument colossal,
04:19 on n'a pas vécu une crise comme ça du pouvoir d'achat depuis 40 ans.
04:23 À cela s'ajoute effectivement l'augmentation annoncée des factures d'électricité,
04:27 qui ne devrait pas pour le coup augmenter,
04:30 parce qu'on avait les moyens de faire complètement autrement,
04:33 pour le coup EDF produit 80% d'électricité en France,
04:37 EDF est une entreprise maintenant 100% publique,
04:39 puisque l'État a racheté les actions.
04:41 Tout ça vient quand même d'une volonté européenne
04:44 de démanteler notre outil de production électrique qui s'appelle EDF,
04:47 et qui était un outil public et qui marchait très bien, on s'est mis volontairement...
04:49 - Grâce au nucléaire notamment.
04:51 - Écoutez, nous on est pour sortir du nucléaire quand on pourra en sortir,
04:54 en tout cas ce qui est sûr c'est qu'aujourd'hui,
04:56 ça nous permet d'avoir des prix bas et stables
04:59 quand les réacteurs fonctionnent, puisqu'ils étaient quand même à l'arrêt cet automne.
05:02 Ce que je veux dire c'est que cette situation sur les prix de l'énergie
05:05 est anormale, ne devrait pas arriver, c'est une situation spéculative
05:08 qui a fait énormément de mal au PME, mais aussi aux consommateurs français,
05:12 et ils n'ont pas à payer la facture, les factures ne devraient pas augmenter,
05:15 on devrait rester dans un monopole public, le système qu'on avait avant.
05:18 C'était la première chose.
05:20 Et la deuxième chose sur l'alimentaire,
05:22 écoutez, soit l'État tape du poing sur la table
05:26 et regarde vraiment ce qui se passe dans les comptes des entreprises,
05:29 parce que ce que dit la grande distribution c'est que
05:31 les industriels de l'agroalimentaire ne donnent pas les informations.
05:34 Ils ont que dans 14% des cas, ils ont les informations,
05:36 sinon le reste c'est le grand flou.
05:38 Personne ne justifie pourquoi les marges augmentent,
05:40 et donc soit ils tapent du poing sur la table,
05:42 voire ils bloquent les prix sur certains produits,
05:44 soit ils augmentent les salaires à la hauteur de l'inflation.
05:46 Il y a deux options pour les français.
05:48 - Autre sujet, Madhu Four,
05:51 le 23 septembre, plusieurs organisations de gauche,
05:53 dont la France Insoumise, dont vous faites partie,
05:55 Europe Ecologie, l'EVER ou encore la CGT,
05:58 appellent à manifester contre ce qu'elles appellent
06:01 les violences policières et le racisme systémique.
06:03 Est-ce que vous serez dans le défilé ?
06:05 - J'y serai, parce qu'on a un vrai problème,
06:09 et j'aurais aimé qu'Emmanuel Macron,
06:11 mais évidemment c'est le seul sujet dont on ne veut pas parler,
06:13 pose cette question de la réforme nécessaire de la police
06:16 et du pacte républicain qui nous lie à la police,
06:19 et notamment une partie de la population avec la police,
06:23 notamment dans les quartiers populaires.
06:25 Là ce que je dis, et je tiens vraiment à le préciser,
06:28 parce que souvent ce qu'on dit peut être mal compris,
06:30 en tout cas détourné, transformé.
06:32 Je ne parle pas de tous les policiers.
06:34 Je ne dis pas que tous les policiers font mal leur travail.
06:36 Je dis juste qu'il y a une culture de l'impunité
06:38 qui s'est développée ces dernières années,
06:40 où des actes graves commis par des policiers
06:42 n'ont pas été sanctionnés à la hauteur de la gravité de ces faits.
06:45 Aujourd'hui, on arrive dans une phase
06:48 où justement parce qu'il y avait eu la vidéo du meurtre du jeune Nahel,
06:51 et qui était filmée, il y a eu un tel choc dans l'opinion publique
06:54 que la justice a été plus sévère que d'habitude.
06:56 C'est-à-dire qu'elle a mis en détention provisoire des policiers,
06:58 ce qui n'arrivait quasiment jamais.
07:00 - Avec une décision qui est attendue aujourd'hui.
07:02 - Aujourd'hui, tout à fait.
07:03 Et aujourd'hui, on voit comme à chaque fois
07:05 qu'il y a une tentative de réglementer certaines pratiques
07:07 et certaines dérives de la police.
07:09 Les syndicats, notamment les plus radicaux comme Allianz,
07:12 font pression sur le gouvernement.
07:14 Le gouvernement cède, et on en est là.
07:16 Et aujourd'hui, si on appelle à cette marche en septembre,
07:18 c'est pour essayer d'avancer sur une sortie de crise
07:21 qui ne soit pas... En fait, parce que là, on risque d'atterrir
07:24 sur une situation qui était pire que celle d'avant le meurtre de Nahel.
07:27 C'est-à-dire plus d'impunité pour la police,
07:29 alors qu'on sait qu'on a besoin d'encadrer cette profession davantage.
07:32 Et dans les deux sens aussi, qu'on a besoin de leur donner
07:35 des meilleures conditions de travail, puisqu'on est aussi sensibles
07:37 au fait que le taux de suicide chez les policiers est extrêmement élevé.
07:40 Là, je crois que c'est le 15e cette année, il y a à peine quelques jours.
07:43 Et on est sensibles à ça aussi.
07:44 On a demandé une commission d'enquête sur le sujet.
07:46 - Une renue d'appel que vous appelez de vos voeux.
07:47 Pardonnez-moi, mais si certains dans ce défilé scandent
07:49 "Tout le monde déteste la police", est-ce que vous quitterez le défilé ?
07:52 - Écoutez, mais comme dans toutes les manifestations, en fait.
07:54 C'est-à-dire qu'il y a des gens, une frange radicale
07:58 qui utilise ce slogan-là en manifestation radicale,
08:00 très avancée sur la gauche.
08:02 Écoutez, non, je ne vais pas quitter des manifestations
08:05 parce que des gens scandent des choses qui ne me plaisent pas.
08:07 - Ça ne vous plaît pas ?
08:09 - Non, je pense que ce n'est pas malin comme slogan.
08:12 Je pense que ce n'est pas malin parce qu'on a besoin d'une police républicaine
08:15 et on a besoin de réconcilier.
08:17 Donc je pense qu'on peut demander la fin de l'impunité policière
08:20 sur les violences policières sans tomber là-dedans.
08:23 Parce qu'en fait, les Français ne comprendraient pas.
08:25 Et on a besoin de réconcilier la police et la population.
08:27 Ça marche dans les deux sens.
08:28 Donc ce n'est pas avec ce genre de slogan qu'on va avancer.
08:30 Par contre, ce n'est pas avec l'attitude de M. Darmanin notamment
08:33 et avec celle de Frédéric Vaud ou de Nounia,
08:35 qu'on va avancer non plus.
08:36 Là, aujourd'hui, c'est circulé, il n'y a rien à voir.
08:38 Ces émeutes, elles ne sont pas parties du fait qu'il y ait un adolescent
08:41 qui s'est fait tirer dessus à bout portant par un policier expérimenté.
08:44 Ce n'était pas un bleu.
08:46 L'affaire Eddy, c'est la même chose.
08:48 On découvre que le policier qui est mis en cause
08:51 avait aussi fracassé le crâne d'une jeune femme,
08:53 potentiellement en 2018.
08:54 À un moment donné, tout ça, c'est réel.
08:56 Ça fait peur aux gens.
08:58 C'est une question de vie ou de mort dans certains quartiers.
09:00 À un moment donné, il faut adresser cette question-là.
09:02 - Donc vous êtes d'accord avec le fait qu'il y a d'autres moyens
09:04 de régler les problèmes qu'en hurlant tout le monde des têtes à la police ?
09:08 - Oui, mais ça, ça me paraît évident.
09:10 - Pardonnez-moi, c'est peut-être pas évident pour une certaine partie de la gauche.
09:14 - Ce que je veux dire, c'est que nous, on propose des vraies réformes.
09:16 On est parlementaires.
09:17 On propose de revenir sur la loi de 2017 sur les refus d'obtempérer,
09:19 sur l'IGPN, d'augmenter les salaires, de recruter.
09:23 On a un vrai programme sur la police.
09:25 On n'est pas là pour faire le show.
09:27 - Remettre tout ça à plat, il faudrait que le climat s'apaise.
09:32 - Oui, mais pour que ça s'apaise,
09:35 le retour à l'ordre, c'est important,
09:37 mais l'ordre, c'est aussi la justice.
09:39 Sans justice, l'ordre n'est pas accepté
09:42 et il y aura des nouvelles émeutes,
09:44 et il y aura des nouveaux Nahels.
09:46 Et c'est ça qu'on veut dire.
09:47 Nous, bien sûr qu'il faut que la société s'apaise,
09:49 mais il faut qu'elle progresse vers plus de justice.
09:51 Ça, c'est une certitude, c'est une nécessité absolue.
09:54 Nous, on a peur qu'il y ait des nouveaux drames.
09:56 On va être très clairs.
09:57 Et si le message envoyé par le président, par le ministère de l'Intérieur,
10:00 n'est pas plus clair,
10:02 s'il ne durcit pas le ton sur la police,
10:04 il y aura des nouveaux drames et on va recommencer.
10:06 Peut-être pas tout de suite, peut-être dans deux ans, trois ans,
10:08 mais ça recommencera.
10:09 Tant qu'on n'aura pas résolu le problème de fond.
10:11 Merci Alma Dufour, députée La France Insoumise de Seine-Mariti.
10:15 Merci d'avoir répondu à l'invitation d'Europe 1.
10:17 Excellente journée.

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