Face à l'Info Été (Émission du 02/08/2023)

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Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h

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00:00 Bonsoir et bienvenue, je suis ravie de vous retrouver dans Face à l'Info été.
00:05 Autour de moi ce soir deux Paul, Paul Melun et Paul Sujit, Régis Le Saumier et Raphaël Stainville.
00:12 Bonsoir messieurs, soyez les bienvenus.
00:15 A vous, je vous dis dans un instant ce que nos éditorialistes de ce 2 août nous ont préparé.
00:19 Mais d'abord on fait le point sur l'information avec Mathieu Deveze.
00:23 Le nombre de morts sur les autoroutes françaises augmente.
00:26 Au total, 188 personnes sont décédées l'année dernière.
00:29 C'est 57 de plus qu'en 2021.
00:32 Les jeunes sont particulièrement touchés.
00:34 La prise de drogue et de médicaments reste la première cause de ces décès.
00:38 Un traitement préventif contre la bronchiolite des nourrissons arrive en France.
00:43 Au mois de septembre, la Haute Autorité de Santé a en effet mis un avis favorable
00:47 pour la prise en charge de ce traitement développé par Sanofi et AstraZeneca.
00:51 Et selon certains pédiatres, 8 hospitalisations sur 10 pourraient être évitées avec ce traitement.
00:56 Enfin, l'année est loin d'être terminée et pourtant le jour du dépassement est déjà atteint.
01:01 L'humanité a en effet déjà consommé l'ensemble des ressources que la planète peut produire en un an,
01:06 soit 5 jours plus tard que l'année précédente.
01:10 Merci Mathieu, on se retrouve plus tard pour d'autres points sur l'information.
01:14 Alors au menu ce soir, Paul Sujit revient dans un instant sur cette femme au chapeau
01:19 qui régnait sur le concours Miss France pendant plusieurs décennies.
01:22 Geneviève de Fontenay s'est éteinte à l'âge de 90 ans et gérie d'une élégance à la française et aussi d'une certaine éducation,
01:30 elle eut aussi le courage de défendre fermement les valeurs auxquelles elle croyait.
01:34 Dans une société dont l'évolution s'accélérait, Geneviève de Fontenay était opposée à la PMA pour toutes,
01:40 à la GPA et aux candidatures d'hommes au concours Miss France en Irlande.
01:43 Dans un instant.
01:45 Régis de Saumier a choisi d'évoquer la situation inquiétante qui se déroule à bord d'un cargo
01:49 au large des côtes néerlandaises. Depuis une semaine, il y couvre un feu,
01:53 un incendie causé par la batterie au lithium d'une voiture électrique.
01:56 Et ce qui pourrait rester anodin est en réalité ce qu'on appelle un feu perpétuel,
02:00 presque impossible à éteindre et cela fait craindre à la Hollande une catastrophe écologique.
02:06 Avec Raphaël Stainville, nous parlerons cinéma. Pas de Barbie, non, pas d'Oppenheimer non plus,
02:11 mais de Sound of Freedom qui bat lui aussi des records outre-Atlantique.
02:15 Sauf que la presse, là-bas, au lieu de vouloir saluer le phénomène,
02:19 dresse une liste de critiques longues comme le bras de l'oncle Sam.
02:23 Et puis Paul Melun reviendra sur les JMJ, les Jeux mondiaux de la jeunesse
02:27 qui se déroulent pendant 5 jours à Lisbonne. Le pape François est arrivé aujourd'hui.
02:31 Paul Melun, vous nous direz comment François fait-il pour faire déplacer toujours autant cette jeunesse.
02:38 Et puis nous parlerons culture également avec vous en évoquant le destin tragique de Van Gogh,
02:43 alors il y a 133 ans. Bienvenue à tous.
02:47 Elle était donc la dame au chapeau, remarquée pour son élégance et sa façon bien à elle
03:08 d'incarner le chic intemporel à la française.
03:11 Geneviève de Fontenay est donc morte à l'âge de 90 ans.
03:14 Et avec elle, c'est un personnage qui disparaît car avec son caractère,
03:18 son engagement pour les Miss France, c'est un concours qu'elle a présidé pendant de très nombreuses années.
03:24 Elle a aussi défendu, Paul Sugi, une certaine vision de la féminité.
03:27 Vous vouliez revenir ce soir sur ses convictions.
03:30 Oui, alors jamais autant que ce soir, il aurait été vrai que le journalisme,
03:33 c'est l'art de parler de choses qu'on ne connaît pas forcément de très près.
03:36 Et je dois le confesser peut-être d'emblée, je ne suis pas non plus un grand connaisseur du concours Miss France.
03:40 Je ne suis pas chaque année devant ma télévision, tout le soir de l'élection.
03:43 Et malgré tout, je crois que Geneviève de Fontenay dépassait le concours de Miss France.
03:47 C'était une vraie figure nationale.
03:49 Tout le monde la connaissait.
03:50 Elle incarnait quelque chose aux yeux de tout le monde, qu'on l'aime ou qu'on la déteste.
03:53 D'ailleurs, elle suscitait souvent des réactions très marquées, très vives.
03:57 Et ce à quoi je voulais rendre hommage ce soir, dans sa personnalité, dans son engagement, dans toute sa vie,
04:03 c'était peut-être vraiment la fidélité, effectivement, vous l'avez dit,
04:06 à des valeurs qu'elle a choisi d'incarner tout au long de sa vie.
04:09 Et d'abord, parce qu'elle était, on peut s'arrêter un instant sur le choix de porter tout le temps la même tenue.
04:14 Ça avait quelque chose d'un petit peu extravagant, c'est vrai.
04:18 Pour se créer un personnage médiatique, c'était très réussi.
04:20 Elle était tout le temps habillée de la même façon, avec la même tenue noire, le même chapeau.
04:23 Mais en même temps, ça dit quelque chose, je crois, d'un choix qu'elle a fait,
04:26 qui est complètement à rebours des standards de la mode.
04:29 C'est-à-dire que, normalement, dans la mode, tout change.
04:32 Et ce qui est à un moment tendance est balayé quelques semaines plus tard.
04:36 Et elle, c'est vrai qu'il y avait déjà un certain conservatisme dans sa façon de s'habiller.
04:40 Elle est restée, vous l'avez dit, je crois que le mot est très juste, intemporelle.
04:43 Intemporelle, donc éternelle.
04:45 Je trouve que le surgissement d'une forme d'éternité, de continuité,
04:48 dans le milieu de la mode, de l'affichage des paillettes, si vous voulez, de la télévision,
04:52 où par nature, tout est superficiel, c'est déjà une très belle manière qu'elle avait d'incarner ce paradoxe,
04:58 en même temps aussi de vouloir mettre de la profondeur et une incarnation très forte.
05:02 Et alors, par ailleurs, effectivement, Geneviève de Fontenay, qui du reste était engagée très à gauche,
05:07 vous savez qu'elle avait commencé en soutenant Arlette Léguillet au début des années 2000,
05:11 elle dit qu'elle a voté une seule fois pour la droite, c'était au second tour de 2002.
05:15 Elle a voté Jacques Chirac pour faire battre Jean-Marie Le Pen.
05:17 Mais sinon, elle avait appelé ensuite à voter Ségolène Royal, François Hollande.
05:21 Je crois qu'elle était à un meeting d'Emmanuel Macron il y a quelques années,
05:24 parce qu'elle avait été traînée là par son ami Gérard Collomb à Lyon en 2017.
05:28 Mais enfin bon, ça restait une femme, si vous voulez, qui campait sur des positions humanistes de gauche,
05:31 mais qui, c'est vrai, avait une vision de la société plutôt conservatrice.
05:35 Et elle l'a exprimée à de multiples reprises.
05:37 Alors notamment, elle s'était rendue, ça lui a valu beaucoup de critiques, à une manif pour tous en 2016.
05:43 Elle avait déjà pris publiquement opposition contre la loi Taubira ouvrant le mariage et l'adoption aux personnes de même sexe.
05:49 Elle avait réitéré son engagement aussi contre la PMA pour toutes, contre la gestation pour autrui.
05:54 Elle a fini par franchir le pas, c'était le 16 octobre 2016, sur la place du Trocadéro.
05:59 Et elle s'était adressée aux militants de la manif pour tous, avec une prise de parole qui, je crois,
06:05 montrait assez bien la façon dont elle regardait au fond le monde changer et en même temps la permanence de certaines valeurs.
06:10 Elle avait rappelé son histoire, puisqu'elle avait dit aux manifestants ce jour-là,
06:14 "J'appartiens à une famille nombreuse, j'ai neuf frères et sœurs, et mes parents m'ont inculqué des valeurs.
06:19 Mes valeurs, c'est d'avoir de la dignité en toutes circonstances, d'avoir le respect de soi et le respect des autres."
06:24 Et elle avait dit avec son ton qu'on lui connaissait bien, "Eh bien, ça se perd, ça se perd." Elle avait répété ça deux fois.
06:30 C'est vrai qu'elle avait une voix aussi, assez identifiable.
06:32 Elle avait une voix qui participait évidemment de son personnage.
06:34 Tout était de la construction chez elle jusqu'à son nom de famille, qui ne s'appelait pas de Fontenay à l'état civil.
06:39 Mais au sein de cette construction, de cette superficialité, encore une fois, des paillettes et du jeu médiatique qu'elle incarnait,
06:46 il y avait cette fidélité très forte à une certaine vision des moeurs, mais derrière à une vision de la femme.
06:53 Ce n'est pas anodin que pendant 30 ans, le concours Miss France, qui je crois joue beaucoup dans la construction que l'on se fait de l'image de la féminité,
07:01 c'est un concours qui met en scène de jeunes femmes, qui est très regardé par un public extrêmement varié ensuite à la télévision.
07:07 C'est donc important évidemment pour l'image que l'on donne de la féminité, notamment aux jeunes filles qui sont évidemment très inspirées par l'exemple donné par les Miss France.
07:14 Geneviève de Fontenay, toujours ce 16 octobre 2016, avait rappelé que dans l'identité féminine même, il y a la maternité qui s'inscrit finalement dans cela.
07:24 Elle avait renvoyé le public à qui elle s'adressait, vous savez au tableau de Courbet, l'origine du monde, en disant que l'origine du monde c'est le sexe d'une femme.
07:33 Elle disait ça pour évidemment rappeler l'incongruité qu'il y a à imaginer aujourd'hui que des hommes puissent être enceints.
07:39 Pour elle, ça violait quelque chose qui participait du mystère même de la vie.
07:44 Et d'ailleurs, elle le disait, elle disait "est-ce que vous imaginez ce mystère de la vie ? Nous faisons un être humain dans nos entrailles et c'est là ce qu'ont en propre toutes les femmes du monde".
07:53 Bon et puis ensuite, elle a continué évidemment son combat à travers d'autres engagements.
07:57 Lorsqu'il y a eu des controverses sur la possibilité par exemple d'élire aussi un homme transgenre, c'est-à-dire devenu une femme au concours Miss France,
08:06 elle s'est toujours opposée alors que sa successeuse laissait entendre que ça ne serait pas inimaginable.
08:11 C'est d'autant moins inimaginable qu'on sait maintenant que c'est possible puisque Miss Pays-Bas est une femme transgenre, donc est née homme en réalité.
08:19 Et donc tous ces combats-là lui ont évidemment valu un certain nombre de critiques de la part de ceux qui lui reprochaient des prises de position rétrograde.
08:26 Mais elle, elle a su tenir bon et assumer au fond cette part de conservatisme en disant "je ne vendrai pas mon âme".
08:32 Ce qui est intéressant c'est qu'elle défendait en même temps une image de la femme qui ne rabaisse pas la femme,
08:38 c'est quand même paradoxal pour un concours de beauté, à une femme objet.
08:41 Elle s'est battue contre l'influence de la télé-réalité, elle a dit "je ne veux jamais que la société de production de Miss France tombe dans le trait de la télé-réalité".
08:49 Pour elle c'était porno, c'était vraiment, elle le disait, la citation est entre guillemets, elle l'avait dit dans un point-à-point,
08:54 c'était une forme d'instrumentalisation néfaste qui à la fin nuisait à la féminité l'image qu'elle voulait renvoyer.
09:00 Et puis vous savez aussi, elle s'était battue contre la sexualisation du corps des Miss France par les Miss France elle-même.
09:06 Il y avait cette affaire en 2008, quelques semaines après l'élection de Miss France, qui était en fait Miss Réunion.
09:11 Et bien on découvre dans la presse à scandale quelques photos tendancieuses.
09:14 Elle avait tout fait à ce moment-là pour essayer de retirer le titre de Miss France, elle n'avait pas obtenu complètement de gain de cause.
09:19 Mais ça montrait son attachement au fond, au respect d'une forme de déontologie par les Miss France.
09:24 Vous portez avec vous un symbole, celui d'une féminité qui est certes magnifiée, c'est un concours de beauté,
09:32 donc on est quelque part dans la construction aussi dans l'irréel, mais en même temps vous êtes un étendard de cette féminité,
09:37 vous devez être un exemple pour toutes les femmes qui vous regardent.
09:40 Et je crois que c'est tout ça qui disparaît un petit peu avec Geneviève de Fontenay, son combat au fond pour une forme de décence qui était liée à l'idée d'élégance.
09:47 Du coup, un mot que vous n'aviez pas prononcé, finalement son grand combat c'était la lutte contre la vulgarité.
09:51 Oui, ça revenait souvent effectivement dans son vocabulaire.
09:54 Quand on reprend les interviews de Geneviève de Fontenay, très régulièrement, elle dit non mais ça c'est vulgaire.
09:59 Pas vulgaire, si vous voulez, au sens, elle pouvait par ailleurs être assez grossière quand elle parlait,
10:04 elle avait un franc parlé qui la rendait sympathique.
10:06 Assez charrière, vulgaire.
10:07 Oui, c'était une femme au fond qui venait d'une famille d'ailleurs très populaire.
10:10 Mais Geneviève de Fontenay voyait dans la vulgarité, si vous voulez, une forme de perversion de l'idéal auquel elle croyait.
10:16 Pour elle, un certain nombre d'avancées modernes pouvaient être vulgaires.
10:21 Et c'est contre ça qu'elle se battait effectivement.
10:23 Vulgaire, la dérive, encore une fois, télé-réalisante de certaines émissions, certaines grandes productions.
10:29 Vulgaire aussi la façon de mettre en scène, d'une manière qui ne respecte pas nécessairement la dignité de la femme,
10:34 certaines actrices, certains mannequins.
10:37 Et effectivement, vraiment le fil conducteur de toute sa vie, c'était ça.
10:41 Par ailleurs, et je crois que ça mérite aussi d'être souligné,
10:45 elle transmettait une vision de la femme, elle transmettait aussi une vision de la France.
10:48 Miss France, c'est une représentation nationale.
10:51 Et je crois qu'il est important de rappeler qu'elle s'était aussi engagée contre,
10:55 alors ça vous paraît bête, mais la réforme territoriale de François Hollande,
10:58 menée sous le gouvernement Manuel Valls.
11:00 Elle avait dit "c'est un scandale, je refuse moi qu'on crée des régions qui n'ont finalement pas un nom,
11:05 qui renvoient vraiment aux terroirs".
11:07 Et cet enracinement, cet attachement aux terroirs, elle le symbolisait par exemple en faisant défiler ses miss dans des tenues,
11:12 on dirait aujourd'hui folkloriques, mais disons des tenues traditionnelles.
11:15 Chaque miss défilait dans la tenue qui était celle que l'on rattachait à l'histoire ancestrale de sa région.
11:21 Et elle avait rappelé dans une de ses interviews, où elle parle de cette réforme territoriale,
11:25 elle fulminait "non, non, non, nous continuerons à faire nos écharpes avec les titres évocateurs de nos régions,
11:31 comme la Provence", et c'est très beau, elle dit "comme la Provence qui sent bon la lavande et Marcel Pagnol".
11:36 Et de citer tous les petits pays qui font cette France si attachante,
11:40 le Béarn, le Rouer, le Carcier, la Cerdagne, l'Artois, la Flandre, le Béry, le Limousin.
11:44 Elle était attachée à cette France charnelle, et c'est je crois ce qui a fait aussi le succès de ce show télévisé
11:50 qu'était Miss France pour les générations entières, de jeunes femmes ou de jeunes hommes d'ailleurs,
11:54 ou de français tout court, qui l'ont regardée.
11:57 C'était un petit côté désuet, ceux qui critiquent disaient "désuet",
12:00 mais d'autres disent "c'est la défense des valeurs de notre société".
12:03 C'est pour elle quelque chose qu'elle souhaitait ne pas voir disparaître, et qui peut-être lui survivra d'ailleurs.
12:07 - Messieurs, que retenez-vous de Geneviève de Fontenay ?
12:10 On a parlé de ses chapeaux, évidemment, on a parlé de sa voix.
12:13 Raphaël Stainville ?
12:14 - Je crois que Paul a très bien résumé la vie de Geneviève de Fontenay.
12:19 C'était une femme enracinée, attachée à sa forme de valeur, et qui ne courait pas après la mode.
12:25 En vous écoutant, je pensais à cette phrase de Gustave Thibon qui dit que la mode,
12:30 être à la mode est une ambition de feuille morte.
12:33 Je pense qu'elle avait compris, saisie, toute la raison d'être, d'être enracinée,
12:41 de s'inscrire dans une sorte de permanence.
12:43 C'est ce qui la rend, je pense, intrigante aux yeux de beaucoup,
12:48 et probablement indispensable dans son incongruité.
12:53 - On a entendu aujourd'hui beaucoup de témoignages, Stéphane Berne, Julien Lepers notamment,
12:57 ceux qui ont côtoyé. Ils ont tous évoqué aujourd'hui de sérieuses et très houleuses conversations
13:02 avec Geneviève de Fontenay. On parlait de cette défense, de ces convictions qu'elle défendait.
13:08 - J'ai eu l'occasion de la rencontrer une fois pour enregistrer un pilote pour une radio.
13:13 Il y avait Raphaël Missrahi, il y avait elle, il y avait Sophie Darrel, c'était assez drôle.
13:19 Mais surtout, ce qui m'avait vraiment surpris, c'est d'abord le côté, son franc-parler,
13:24 ce côté drôle, et puis cette capacité de se moquer d'elle-même, de se moquer de son personnage.
13:29 De prendre de la distance avec ce qu'elle représentait, ressortant d'ailleurs des choses extrêmement drôles.
13:35 On avait passé un très bon moment.
13:37 - On parle aussi d'une femme de conviction. C'est peut-être ce qui manque un peu à notre société aujourd'hui.
13:42 On dit qu'on perd nos repères, on perd nos valeurs, et cette force a justement les défendra.
13:47 - Oui, c'est vrai. Elle est allée très loin, même dans la défense de ses convictions,
13:51 y compris sur son propre concours de beauté, puisqu'elle en a été elle-même ostracisée,
13:56 démise de ses fonctions, à la suite de la non-acceptation qu'elle avait de l'évolution du concours Miss France.
14:00 Elle avait lancé son concours, c'était Miss Prestige, si je me souviens bien,
14:03 qui était un concours qui était plus fidèle aux valeurs qu'étaient les siennes.
14:06 Et ça rejoignait un peu ce que disait Paul sur les 13 grandes régions de France Hollande.
14:09 C'est qu'en fait, Geneviève de Fontenay, et moi c'est ce qui me la rend profondément attachante,
14:13 elle partageait le goût pour les régions naturelles, pour les terroirs, pour la ruralité,
14:17 pour ce goût de la France populaire, enracinée, rurale, tout en étant une femme de gauche.
14:21 Donc vous doutez bien que moi ça m'intéresse tout particulièrement.
14:23 Et que je vis effectivement Geneviève de Fontenay comme un personnage un peu suranné
14:28 de cette gauche patriote, populaire, enracinée, que j'aime tant.
14:31 Et effectivement, elle a rendu, je pense, un grand service à la culture populaire dans ce pays.
14:36 Et donc, elle mérite de beaux hommages aujourd'hui.
14:39 Et je pense en plus, pour avoir connu beaucoup de gens qui l'ont connu,
14:42 que c'était quelqu'un de bien, de sincèrement et fondamentalement bien.
14:45 Et c'est assez rare aussi dans le milieu des paillettes et des médias.
14:48 Si on force un peu le trait, en fait, ce qu'incarnait Geneviève de Fontenay,
14:51 c'était une vision complètement antagoniste de la production, c'est-à-dire culturelle,
14:54 en tout cas télévisuelle, par rapport à ce qu'on connaît aujourd'hui.
14:57 C'est-à-dire qu'elle assumait l'idée que la télévision doit montrer un idéal.
15:00 Ça va complètement à l'encontre de la logique d'inclusivité,
15:03 où la télévision doit être simplement un reflet de nous-mêmes.
15:05 Et on doit se voir nous-mêmes à travers le miroir de la télévision.
15:08 Elle, elle assumait que non, on montrait finalement quelque chose en mieux.
15:11 C'est un peu tout le sens du concours Miss France.
15:13 C'est aussi pour ça, et ce n'est pas un hasard, que Sandrine Rousseau,
15:15 qui n'a pas déni à avoir un seul mot d'hommage pour elle,
15:17 a simplement tweeté à propos du concours Miss France,
15:20 que c'est une exhibition de corps standardisé, formaté, normé et finalement noté.
15:24 Bah oui, effectivement, Miss France montre des femmes qui sont plus belles
15:27 que la plupart des femmes, mais c'est le principe même de l'émission
15:29 et c'est ça qui fait aussi rêver.
15:31 Il y a des concours à l'opposé, qui prennent le parti
15:34 d'élire d'autres catégories de beauté.
15:36 On va changer de sujet pour aborder avec vous, Paul Melun.
15:39 C'est Journée mondiale de la jeunesse,
15:41 qui se déroule à Lisbonne pendant cinq jours.
15:44 Et le pape y est arrivé aujourd'hui.
15:46 Absolument, le pape François qui est arrivé aujourd'hui,
15:48 86 ans, est arrivé à Lisbonne.
15:50 Donc c'est effectivement la 37e édition de Journée mondiale de la jeunesse.
15:53 Alors, dès l'avion, il a confié qu'il allait rentrer rajeuni de ce voyage,
15:58 de cette rencontre, avec donc un million de jeunes
16:01 qui sont attendus jusqu'à dimanche.
16:04 Et alors, moi ce qui m'a intéressé, je voudrais donc commencer par ça,
16:06 c'est que peu après son atterrissage au Portugal,
16:08 il a été accueilli par le président du Portugal,
16:11 qui est un conservateur.
16:12 Il faut rappeler que le Portugal, c'est à peu près 80% de sa population
16:15 qui est catholique.
16:16 Donc c'est aussi un pays tout à fait emblématique pour la chrétienté.
16:19 Et donc, très vite, le pape a prononcé un grand discours.
16:22 Ce discours a été assez riche d'enseignements.
16:25 Il y a eu plusieurs points tout à fait importants.
16:27 D'abord, il a évoqué tout l'enjeu de son déplacement.
16:30 Il a commencé par des questions rhétoriques.
16:33 Il a demandé "Quelle route suis-tu, Occident ?"
16:35 Et alors il a évoqué, je cite, "Je souhaite que les journées mondiales de la jeunesse
16:38 soient pour le vieux continent une impulsion d'ouverture universelle,
16:42 car de l'Europe, la vraie, le monde a besoin.
16:45 Il a suffi de son rôle de bâtisseur de ponts et d'artisan de paix
16:48 dans sa patrie orientale, en Méditerranée, en Afrique et au Moyen-Orient.
16:51 L'Europe pourra ainsi apporter sur la scène internationale son originalité spécifique."
16:55 Donc, dès le début, le pape a évoqué cette impérieuse nécessité
16:59 pour l'Europe de s'ouvrir, ce devoir d'ouverture.
17:02 Il a également posé des questions aussi aux Européens, plus directement.
17:05 Il a dit "En regardant avec affection Europe et esprit de dialogue qu'il caractérise,
17:09 on pourrait lui demander 'Vers où navigues-tu si tu ne proposes pas d'itinéraire de paix,
17:14 de voie créative pour mettre fin à la guerre en Ukraine,
17:16 ainsi qu'à beaucoup d'autres conflits qui ensanglantent le monde ?
17:19 Quelle route suis-tu, Occident ?"
17:21 Et donc, toujours, ce discours a été ému par un profond appel à la paix,
17:26 à la pacification des esprits et au rôle, je dirais, moteur que l'Europe doit engager.
17:31 Puis, autre sujet tout à fait fondamental que le pape a évoqué
17:35 et qui est parfois un sujet tout à fait tabou,
17:37 il a évoqué le sujet de la démographie.
17:39 Et là, sur la démographie, il nous dit "En Europe, et plus généralement en Occident,
17:43 on assiste à une triste phase descendante de la courbe démographique.
17:47 Le progrès semble être une question de développement technique
17:49 et de confort des individus, alors que l'avenir exige de contrer la dénatalité
17:54 et le déclin de l'envie de vivre."
17:56 Et ça, c'est quelque chose, ce combat pour la natalité en Europe,
18:00 qui revient au goût du jour à mesure qu'on a de nouveaux débats.
18:03 On en avait même un peu parlé pendant le débat des retraites.
18:05 Et c'est en tout cas quelque chose qui a beaucoup animé le pape dans sa prise de parole.
18:10 Donc, un discours qui a été à la fois très applaudi
18:13 et qui est quand même assez éclairant de l'idéal,
18:15 c'est pour pas dire l'idéologie, de ce pape
18:18 qui appelle l'Europe à la paix et à l'ouverture aujourd'hui.
18:21 Alors, un pape qui a été souffrant ces derniers mois
18:24 et dont on s'inquiétait pour la santé.
18:27 Il a 86 ans, vous avez dit.
18:28 Et on imagine que le programme est aménagé
18:31 pour qu'il soit le plus supportable possible,
18:33 même si, on le répète, des millions de jeunes l'attendent.
18:36 Alors, il est à la fois aménagé, mais il est à la fois très chargé, ce programme,
18:40 puisque demain, plus d'un million de personnes,
18:42 il y a 354 000 pèlerins inscrits de 16 à 35 ans,
18:46 et en provenance de tous les pays du monde,
18:48 qui vont accueillir le pape à l'occasion de ce qui va être,
18:50 vous savez, ces grandes scènes que l'on connaît bien de l'IS,
18:53 d'un grand bain de foule qui aura lieu à Lisbonne.
18:56 Dès demain, ensuite, le programme est effectivement très chargé.
18:58 Il y a 11 discours, une vingtaine de rendez-vous
19:00 qui sont annoncés par le Vatican,
19:02 le chemin de croix le Vendredi d'Histoire,
19:04 la veillée de prière le samedi,
19:05 et puis tout ça, ce seront effectivement les temps forts
19:07 de ces journées mondiales de la jeunesse.
19:09 Samedi, le pape François se rendra au sanctuaire marial de Fatima,
19:12 où il se recueillera contre la guerre en Ukraine,
19:14 donc toujours sur cette logique de paix
19:16 qui semble guider son déplacement.
19:18 Et bien sûr, dimanche, il va célébrer la grande messe finale
19:22 à partir de 9h, puis sur une scène,
19:25 tout ça dressé au bord du Taj,
19:26 donc a priori, une foule absolument immense,
19:29 très dense, est attendue, y compris pour ce moment
19:31 qui est tout à fait important,
19:33 et c'est le cas dans toutes les journées mondiales de la jeunesse.
19:35 Et on se pose effectivement à chaque fois la question
19:37 de cet engouement de cette jeunesse chrétienne,
19:39 évidemment, voir le pape, quel qu'il soit,
19:41 finalement, ça déplace des foules.
19:43 Qu'est-ce que ça nous dit de la jeunesse chrétienne aujourd'hui, Paul?
19:46 Oui, c'est ça, le principal enseignement
19:48 et la principale question qu'on peut se poser.
19:50 Aujourd'hui, il y a 41 000 jeunes français
19:52 qui seront présents au JMJ,
19:53 donc on peut se dire, mais finalement,
19:55 quel est leur profil, quel est leur portrait robot,
19:57 parce qu'étudier qui sont les jeunes catholiques
19:59 les plus fervents, les plus en mesure,
20:01 parce que c'est tout de même un effort financier,
20:03 de temps, d'aller prendre de ce temps-là
20:05 pour aller faire les JMJ,
20:06 l'idée, c'est de se dire, mais finalement, qui sont-ils?
20:08 Et il y a, j'ai trouvé pour préparer cet édito,
20:10 un sondage tout à fait éclairant de la Croix,
20:12 qui nous dresse un peu le portrait de ces jeunes,
20:15 qui nous dit, contrairement à leurs aînés,
20:17 être catholique est vécu pour eux comme une fierté.
20:19 J'ai trouvé ça assez intéressant, assez nouveau.
20:21 56% de ceux qui ont été sondés,
20:24 qui sont inscrits pour ces JMJ,
20:25 estiment valorisant, je cite,
20:27 d'être identifiés comme catholiques
20:29 auprès des autres jeunes de leur génération.
20:31 Donc finalement, la foi pour ces jeunes catholiques-là
20:34 n'est pas quelque chose dont eux,
20:36 mais procède aussi d'une forme,
20:37 si ce n'est de revendication,
20:38 en tout cas d'affirmation,
20:39 de leur appartenance, de leur identité.
20:41 Ça, c'est, je pense, un premier renseignement.
20:43 Il faut aussi noter que ces jeunes
20:45 sont parmi les membres les plus actifs
20:47 de l'Église catholique,
20:48 parmi les jeunes qui participent
20:49 aux Journées mondiales de la jeunesse.
20:51 80% déclarent prendre un moment pour prier, méditer.
20:54 Alors, ils ne précisent pas forcément la fréquence.
20:56 75%, par contre, d'entre eux,
20:58 vont à la messe au moins une fois par semaine.
21:00 Donc, on a là affaire, effectivement,
21:02 à une pratique qui est quand même plus rigoureuse
21:04 que la plupart des autres pratiquants
21:05 quand on regarde les sondages de ce type.
21:07 Et alors, autre enseignement
21:08 que je trouvais intéressant, politiquement,
21:10 52% d'entre eux se situent à droite
21:12 et 8% au centre.
21:13 Alors, seulement 7% se situent à gauche.
21:15 Donc, j'ai dit, tiens, c'est intéressant.
21:17 Et alors, je me suis posé la question,
21:18 je me suis dit, finalement,
21:19 est-ce que c'est le catholicisme qui bascule à droite
21:22 ou alors est-ce que le catholicisme de droite
21:24 a mieux résisté que les cathos de gauche ?
21:25 En fait, je pense que j'ai plutôt ma réponse
21:27 dans ma deuxième proposition.
21:28 - Option 2.
21:29 - Je vote option 2.
21:30 Je pense, effectivement, que oui,
21:31 il y a eu une forme de résilience,
21:33 de résistance dans aussi une forme d'affirmation
21:35 assez rigoureuse, assez traditionnelle des pratiques.
21:39 Donc, ce portrait robot est assez éclairant
21:41 parce qu'il confirme, finalement,
21:42 ce que je qualifierais d'une quête de spiritualité,
21:45 d'engagement et à la fois d'identité
21:47 de la jeunesse catholique.
21:48 C'était déjà observable quand on regardait
21:51 ce qui s'était produit au pèlerinage de Chartres.
21:53 C'était quand même 16 000 personnes,
21:54 c'est pas rien, avec effectivement
21:56 beaucoup d'engouement.
21:57 Là où je mettrais un point de relativité
21:59 par rapport à ce raisonnement, à ce mouvement,
22:01 c'est qu'effectivement, même si ça représente
22:03 un engagement fort et construit,
22:06 ça représente tout de même
22:07 une minorité de jeunes gens,
22:08 une minorité aussi par rapport au catholicisme.
22:11 Le catholicisme, c'est le grand fait,
22:12 je pense, majeur de cette fin du XXe siècle
22:15 et de ce début du XXIe siècle.
22:16 C'est finalement le fait que le catholicisme
22:19 devient minoritaire.
22:20 Et un des premiers papes à avoir évoqué cela,
22:22 et il convient aussi de rendre hommage
22:24 à cet aspect prophétique de son discours,
22:26 c'était Benoît XVI.
22:27 Benoît XVI qui avait théorisé le concept
22:30 de minorité créative.
22:32 Ce sont les minorités créatives
22:34 qui déterminent l'avenir, avait-il dit.
22:36 C'était assez prophétique et il expliquait finalement,
22:38 il revenait un peu à la théorie,
22:39 vous savez, des minorités actives,
22:41 du fait de dire ce sont les minorités
22:43 qui font l'histoire.
22:44 Et donc je pense que c'est effectivement,
22:46 je rejoins Benoît XVI, c'est sûrement là,
22:48 l'avenir du catholicisme face aux défis
22:50 du déracinement, de l'individualisme,
22:52 d'être finalement cette minorité créative.
22:55 Alors j'en termine, je suis venu avec un peu
22:57 de littérature, avec un très bon livre
22:58 de Chantal Delsol, "La fin de la chrétienté".
23:00 Il y a une citation que je trouve
23:02 assez intéressante, elle dit
23:03 "La chrétienté se bat depuis deux siècles
23:06 pour ne pas mourir et en cela consiste
23:08 cette agonie émouvante et héroïque."
23:11 Faudrait-il comprendre que les GMJ
23:13 ne sont qu'un espoir de faire revivre
23:15 et de cultiver la flamme pour éviter
23:17 qu'elle ne s'éteigne justement ?
23:19 Je pense qu'il y a quelque chose
23:21 qui est assez intéressant dans ce que relevait Paul,
23:23 c'est que justement les catholiques
23:25 qui se déplacent aux GMJ à Lisbonne,
23:28 contrairement à d'autres générations,
23:32 sont catholiques non pas par culture,
23:35 non pas parce qu'ils subiraient finalement
23:41 comme une fatalité le fait d'être chrétien
23:44 de père en fils, mais parce qu'ils ont fait
23:46 le choix d'être catholiques.
23:47 Il y a une sorte de renouveau,
23:50 et ça se traduit notamment par ces chiffres
23:52 qu'évoquait Paul, sur la pratique religieuse.
23:56 Non seulement ils ne se contentent pas
23:58 d'aller à la messe de manière occasionnelle,
24:01 ils y vont tous les dimanches,
24:02 mais ils y vont aussi parfois,
24:04 et c'est souligné dans cette étude de la croix,
24:07 plusieurs fois par jour, si ce n'est tous les jours
24:10 pour certains d'entre eux.
24:11 Donc il y a une sorte de vitalité de foi
24:14 dans cette jeunesse qui est assez saisissante
24:18 et troublante quand on voit finalement
24:20 la perte, l'assèchement spirituel de nos sociétés.
24:24 Et après il y a une chose qui est assez paradoxale,
24:26 et c'est pour ça que je voulais revenir là-dessus,
24:29 c'est que vous avez justement évoqué
24:31 l'arrivée du pape à Lisbonne,
24:34 et vous avez cité, je ne pense pas que ce soit
24:37 des homélies, mais plus des adresses plus générales,
24:41 mais en fait il est sur un ton très politique,
24:44 comme passant à côté finalement des attentes,
24:48 j'ai l'impression, je vis ça de très loin,
24:50 mais comme passant peut-être à côté
24:51 des attentes très spirituelles de cette jeunesse.
24:54 Est-ce que vous diriez que cette jeunesse
24:55 n'est plus si politique ?
24:57 Qu'elle ne s'attend pas au pape sur ces sujets-là ?
25:00 Je ne pense pas qu'elle attende du pape
25:03 des baissages politiques, des leçons aux Européens,
25:07 et surtout que le pape est souvent maladroit
25:09 dans ses adresses, comme s'il comprenait
25:12 assez mal finalement ce vieux continent.
25:14 Vous évoquiez la question de la procréation
25:20 et de la fécondité qui inquiétait le pape,
25:23 et c'était le même pape qui il y a quelques années,
25:25 de retour à Rome, vilipendait les catholiques
25:28 qui procréaient comme des lapins.
25:30 Donc à un moment il faut choisir,
25:32 soit il y a une paternité responsable.
25:34 J'ai l'impression qu'il est toujours dans un entre-deux
25:37 et qu'il a du mal à se faire véritablement entendre
25:39 du continent européen.
25:41 Messieurs, il nous reste une minute 20.
25:43 Je dirais que les JMJ, et je reprends ce que disait
25:47 Paul à propos de Benoît XVI, c'est qu'il y avait
25:52 même, je me souviens d'un entretien
25:55 où il avait développé cette idée de revenir
25:58 au catholicisme de combat du début de l'Église,
26:01 où là il était ultra minoritaire, il était persécuté,
26:06 et que la foi, en fait, elle est revivifiée
26:09 quand on est une minorité, justement.
26:11 Il avait théorisé là-dessus, et je pense que
26:14 beaucoup de ces catholiques savent qu'aujourd'hui,
26:16 oui, cette pratique, ceux dont ils sont dépositaires
26:23 est aujourd'hui menacée dans le monde autour d'eux,
26:28 et que la démonstration de leur foi, justement,
26:31 c'est ça qui fait vivre l'Église,
26:33 et l'Église s'incarne en eux, quelque part.
26:35 Et je pense que leur militantisme,
26:37 c'est pas du militantisme, en fait,
26:39 c'est, si, on va dire, pour l'Église,
26:41 mais c'est la démonstration de leur foi
26:43 qui fait que l'Église existe.
26:45 C'est pas ces églises à moitié vide,
26:49 ou en ruine, ou ces églises qu'on a détruites.
26:55 Je pense que eux sont les piliers de l'Église aujourd'hui,
26:57 et en effet, je pense que Raphaël a entièrement raison
27:01 sur la question de politiser,
27:03 je suis pas sûr qu'il soit venu pour entendre parler
27:05 nécessairement de la guerre en Ukraine,
27:07 ou des migrants, parce que ça, c'est aussi les maraudes du pape.
27:10 Et à chaque fois, c'est un pape du tiers-monde,
27:12 c'est un pape d'Amérique du Sud,
27:14 donc c'est un pape qui a connu la théologie de la libération,
27:16 qui a quand même une orientation de gauche
27:19 très anti-vaticaniste, en fait.
27:22 - Et Paul Sujit, rapidement, pour garder du temps
27:25 pour nos éditorialistes, d'après la pub.
27:27 - On va éteindre très rapidement le portrait assez déjà complexe
27:30 qu'a fait Paul. Il y a aussi, parmi ces catholiques
27:32 qui se rendent au JMJ, beaucoup de convertis,
27:35 c'est-à-dire des gens qui ne sont pas du tout des catholiques de souche,
27:37 si j'ose l'expression, qui n'ont pas du tout issu de parents
27:39 qui eux-mêmes appartenaient à la génération Jean-Paul II, etc.,
27:42 mais qui se sont convertis, parfois très récemment,
27:44 là je voyais passer sur les réseaux sociaux des témoignages édifiants,
27:47 quelques-uns qui partent au JMJ seulement quelques mois
27:49 après avoir reçu le baptême, donc vraiment au tout début
27:51 d'un parcours de foi, et je crois que,
27:53 puisqu'on parle d'une minorité créative,
27:55 ça en dit assez long sur la nécessité pour l'Église d'être dynamique.
27:59 Effectivement, je crois que tout a été dit sur cette Église
28:02 qui a conscience aujourd'hui de constituer un fait
28:04 maintenant minoritaire, si on prend vraiment la lecture sociologique.
28:07 Il n'empêche que, il y a une dynamique qui existe
28:09 par cette formidable capacité missionnaire qu'ont les jeunes catholiques
28:13 à répandre l'adhésion à la foi autour d'eux,
28:15 et les JMJ en sont un vivant exemple.
28:17 - Allez, on s'arrête quelques instants,
28:19 on est en retour de pub, nous parlerons risque écologique,
28:22 cinéma et peinture. A tout de suite.
28:24 De retour dans Face à l'info, été, saison,
28:31 pendant laquelle on parle traditionnellement
28:33 beaucoup d'incendie, malheureusement,
28:35 mais celui dont vous allez nous parler, Régis Le Saumier,
28:38 est d'un genre un peu particulier, puisqu'il s'agit d'une voiture électrique
28:41 transportée par un cargo qui fait désormais risquer à la Hollande
28:45 une catastrophe écologique. De quoi s'agit-il ?
28:47 - Oui, alors il s'agit de ce cargo, de ce fameux cargo,
28:50 peut-être que les téléspectateurs l'ont déjà vu sur les écrans,
28:54 et je me suis rendu compte ce matin que ça faisait une semaine qu'il brûle.
28:59 Une semaine qu'il brûle, alors ça pourrait être anodin,
29:02 un navire qui brûle, sauf qu'il est victime de ce qu'on appelle
29:06 un feu perpétuel, c'est-à-dire presque impossible à éteindre,
29:10 lié probablement à l'incendie d'une voiture électrique
29:15 qui contient des batteries lithium-ion.
29:18 Alors les batteries lithium-ion, ce sont des batteries à densité,
29:21 à forte densité d'énergie, plus élevées, et qui ont une durée de vie
29:25 encore plus longue que la batterie au lithium, mais le principe est le même.
29:28 Alors ce cargo, il s'appelle le Freemantle Highway,
29:31 vous voyez c'est un de ces monstres des mers avec une coque
29:35 à plusieurs dizaines de mètres de hauteur, qui renferme des véhicules
29:38 tout neufs qu'on imagine empiler les uns sur les autres.
29:41 Celui-là en transporte exactement 3783, dont 498 véhicules électriques.
29:49 Il pèse 18 500 tonnes, il est parti du port allemand de Bremerhaven,
29:55 et il se rendait, il devait se rendre à Port Said en Egypte,
29:59 avant de prendre une route pour Singapour, vous voyez.
30:01 Donc là on fait vraiment l'histoire des routes maritimes,
30:04 et évidemment on peut imaginer qu'il n'est pas le seul à emprunter ces routes,
30:09 ce qui fait qu'il y a un danger aussi.
30:11 Alors est-ce qu'on sait ce qui s'est passé à bord, comment le feu a pris,
30:14 comment se propage-t-il maintenant de façon un peu démesurée ?
30:17 Oui, alors on le sait en fait, on n'a pas tous les éléments,
30:20 mais le Parisien ce matin a interviewé le directeur adjoint
30:26 du Centre de Documentation de Recherche et d'Expérimentation
30:29 sur les Pollutions Accidentelles des Eaux, qui s'appelle Nicolas Tamik,
30:33 et lui il parle d'auto-emballement thermique,
30:36 qui nécessite de noyer cette batterie pour calmer l'incendie du feu.
30:40 Mais le problème n'est pas tant l'incendie,
30:43 mais le fait que sur un tel navire, mener une opération pareille
30:46 pourrait faire couler l'embarcation.
30:48 Au début, les remorqueurs ont essayé de projeter de l'eau,
30:53 mais donc ça veut dire quoi ?
30:55 Ça veut dire que la masse d'eau ajoutée à la masse du navire
30:59 risque tout simplement de le faire sombrer.
31:01 Et le problème étant, je le répète, pour ces fameuses batteries,
31:05 il n'y a pas de moyen d'extinction.
31:07 Ça n'existe pas.
31:09 Et je me suis renseigné aussi au niveau des pompiers,
31:13 qui le savent très bien, quand ils doivent éteindre une voiture électrique,
31:18 la voiture électrique continue à brûler, parce que ça ne s'éteint pas.
31:24 Donc c'est un type d'incendie nouveau, en fait, et qui pose problème,
31:29 parce que les voitures électriques, c'est vers là quand même qu'on se dirige.
31:33 Alors vous dites, on sait qu'on ne peut pas les éteindre,
31:36 mais pourtant, on connaissait le risque lié à ces batteries.
31:39 Oui, on le connaît.
31:41 Et d'ailleurs, ce n'est pas la première fois qu'un cargo prend feu
31:43 à cause d'une batterie électrique.
31:45 C'est arrivé sept fois ces dernières années.
31:47 Et évidemment, la plupart de ces bateaux ont sombré.
31:51 Et ces batteries au lithium-ion, il faut voir aussi qu'elles sont extrêmement polluantes.
31:55 Alors là, on fait toujours l'éloge des voitures électriques
32:00 par rapport aux voitures à essence.
32:03 Et en fait, une fois dans les océans, c'est extrêmement polluant.
32:08 Alors, il y a eu un des 23 membres, l'évacuation a eu lieu au début,
32:12 mais ça a été dans des conditions.
32:14 Donc il y a eu un mort, plusieurs blessés.
32:18 Et en fait, aujourd'hui, les médias hollandais et une partie des pays du Nord
32:23 regardent ce remorquage avec une attention particulière.
32:27 - Et alors, que va devenir ce navire ? Où va-t-il se diriger avec ces remorqueurs ?
32:30 - Alors, actuellement, il se trouve dans ce qu'on appelle la mer des Wadden.
32:34 C'est à 16 km au nord des îles, alors attendez,
32:37 je vais essayer de prononcer le mot correctement,
32:40 Kyrmonykouk et Amelande.
32:43 Et il est tracté depuis dimanche à l'aide de remorqueurs.
32:46 Alors déjà, ceux-ci sont parvenus à le sortir du rail.
32:50 Vous savez, dans la mer du Nord et la mer de la Manche,
32:53 on a ces fameuses routes maritimes, qui sont en fait des véritables autoroutes
32:57 et ont risqué une collision.
32:59 Donc il n'est plus dans le rail.
33:01 Depuis le déclenchement de l'incendie, il a accompli un voyage de 66 km
33:06 qui s'est déroulé sans aucun problème.
33:08 Il est allé à 3 nœuds environ.
33:10 Il y a un courant favorable d'ailleurs qui a permis de le faire naviguer plus rapidement que prévu.
33:15 Mais l'opération reste toujours très délicate, comme je vous dis.
33:18 S'il coule, c'est une catastrophe naturelle absolue.
33:21 Dans cette zone, notamment dans la mer de Vaden,
33:24 il y a une diversité de plus de 10 000 espèces aquatiques et terrestres.
33:28 Donc c'est peut-être l'un des pires endroits où il ne faut surtout pas qu'il sombre.
33:35 Et puis on imagine surtout que c'est une première ce genre de sauvetage.
33:37 Je ne vais pas se souvenir qu'on en ait déjà parlé dans l'actualité.
33:40 En Europe, non. En Europe, oui.
33:42 La mission du remorquage, il y a deux entreprises néerlandaises,
33:46 Multrachip et Smith Salvage,
33:49 qui sont toutes deux spécialisées dans l'urgence maritime, l'aide et le sauvetage en mer.
33:53 C'est une société allemande originaire de Hambourg,
33:56 le Fairplay Towage Group, qui a mobilisé les remorqueurs de haute mer.
34:00 Alors c'est des gros, c'est un peu du type les abeilles qui surveillent nos côtes
34:05 et qui remorquent les navires quand ils sont dans la détresse.
34:08 Mais au total, ce sont deux remorqueurs qui ont tracté le cargo,
34:11 tandis qu'il y a un bateau aussi à côté,
34:13 capable de nettoyer le déversement d'hydrocarbures en mer qui reste justement à proximité de ce bateau.
34:19 Alors un des remorqueurs est aussi muni d'une lance à incendie.
34:24 Et comme je vous le disais, les opérations ont été abrégées.
34:28 Donc le feu continue à bord, avec le risque aussi que les structures, la coque, soient fragilisées
34:34 et que aussi le bateau coule.
34:36 Actuellement, le bateau n'a toujours pas de port de destination.
34:39 Il attend de pouvoir être accueilli dans un bassin de radou, peut-être pour justement...
34:45 Mais il faut...
34:47 Le noyer mais en dehors de l'océan en fait.
34:50 Il faut qu'il puisse trouver un port qui ait la capacité de traiter ce genre de feu
34:55 et la capacité d'abord d'éteindre l'incendie et ensuite de s'occuper de...
35:00 Parce que c'est effectivement un esquif extrêmement polluant qui va rester.
35:06 Donc il faut qu'il y ait les structures nécessaires et on ne les a pas encore.
35:11 Difficile à trouver en plus comme ça en quelques jours.
35:14 Oui, ça paraît frayant, on dirait un scénario d'un film hollywoodien.
35:17 Très inquiétant.
35:18 Le jour d'après et puis le navire en feu finalement.
35:21 Le feu continue.
35:22 Ça vous inspire quoi ?
35:23 Il faudra leur donner l'idée pour le scénario, pour la reprise Netflix.
35:26 Non, ce que révèle aussi en creux l'histoire que nous raconte Régis,
35:29 c'est quand même que si on a besoin de faire venir des voitures électriques par cargo,
35:32 c'est parce qu'on ne sait pas les produire chez nous.
35:33 Et de fait, l'Europe est effectivement très en retard.
35:35 Pour des raisons qui tiennent aussi à nos atouts naturels.
35:37 Les métaux rares qui constituent notamment l'épidalithium, on ne peut pas les extraire chez nous.
35:41 Mais d'autre part, aussi on a un retard technologique important.
35:44 Et c'est vrai que l'évolution à marche forcée et dans des conditions telles que même les grands constructeurs automobiles,
35:50 vous avez dû voir récemment le PDG de Renault qui a un peu sonné l'alarme.
35:54 Les conditions dans lesquelles l'Europe prépare le passage au tout électrique,
35:57 en fait, est une très très mauvaise nouvelle pour notre industrie.
36:00 On risque encore d'avoir besoin de nombreux et très nombreux cargos qui vont venir effectivement de l'autre bout du monde
36:05 pour nous apporter des véhicules qu'on ne sait pas produire chez nous.
36:07 Il y a quand même une bonne nouvelle, c'est quand même que le bonus écologique qui a été décrété par le gouvernement
36:12 et qui aura lieu justement pour aller dans le sens de l'électrique,
36:16 va favoriser les voitures construites en Europe et en France, au détriment des voitures construites en Chine.
36:22 Donc peut-être pour essayer d'éviter qu'il y ait moins de cargos, de ces fameux cargos qui transportent des milliers de voitures.
36:28 Ça souligne encore une fois effectivement les limites de cette mondialisation à tout va.
36:33 Oui c'est ça, c'est qu'effectivement, là aussi souvent quand il y a eu des catastrophes terribles avec des navires,
36:38 des cargos qui croisaient dans le monde entier, ça, si vous voulez, place la focale sur ce commerce mondial complètement fou
36:45 où des navires croisent dans les mers et dans les océans un peu partout.
36:49 Maintenant pour ce qui est de la voiture électrique en Europe,
36:52 ce qui est vrai c'est que nous sommes en train avec cette décision qu'a prise l'Union européenne
36:57 de terminer complètement le moteur thermique à horizon très court terme.
37:01 C'est bien aussi le fait de scier une branche sur laquelle nous sommes assis.
37:04 Parce que c'est vrai que le commerce automobile et les grands fleurons de l'automobile européen,
37:08 qu'ils soient allemands ou français, c'est quelque chose qui est très important aussi pour les équilibres économiques du continent.
37:13 Par conséquent, si nous sommes les seuls en Europe à faire ce choix-là,
37:18 ça va avoir pour effet d'abord un développement très important du marché de l'occasion
37:22 qui fait qu'effectivement il n'y aura peut-être pas tout de suite moins de moteurs thermiques en circulation,
37:25 mais qui seront beaucoup d'occasion, donc peut-être même plus polluants que des nouveaux moteurs thermiques qui seraient mieux fabriqués.
37:30 Ensuite, il faut quand même noter que les moteurs électriques, les voitures électriques,
37:33 la production d'un véhicule électrique émet plus de CO2 que la production d'un véhicule thermique,
37:37 deuxième écueil, et troisième écueil, et c'était rappelé là, c'est effectivement aussi l'idée que
37:42 toutes ces importations-là, on va aussi payer une note écologique sur les émissions de gaz à effet de serre sur ces importations.
37:47 Donc on a l'impression que c'est une décision qui a été quand même prise assez rapide.
37:51 Après, j'ai peut-être bon espoir pour que cette décision-là soit réversible,
37:55 notamment quand un certain nombre d'industriels allemands de l'automobile vont aller taper à la porte de Bruxelles
37:59 pour faire savoir qu'ils aimeraient bien un petit délai. Donc je pense que tout ça n'est pas encore fait.
38:04 Il faut une uniformité sur les décisions. On va passer à vous Raphaël Stenobil. Vous êtes prêts ?
38:09 On a beaucoup parlé ces derniers jours du succès de Barbie et de celui d'Oppenheimer au cinéma,
38:15 qui a raccolt évidemment en tête du box-office en France, mais aussi et surtout au Très-Atlantique.
38:20 Mais il y a un autre film qui cartonne aux États-Unis, il s'appelle Sound of Freedom.
38:24 Pourquoi vouloir nous en parler aujourd'hui ?
38:27 Justement parce que ce qui m'a intéressé, même intrigué dans le succès de ce film,
38:32 c'est justement le décalage entre le succès de ce film et le traitement médiatique qu'il subit,
38:41 voire même je pourrais dire dont il souffre. Parce que lorsqu'on s'intéresse justement à ce phénomène,
38:47 on s'aperçoit que les critiques, notamment de la presse ultra-atlantique, sont désastreuses,
38:51 mais je dirais moins sur le film en lui-même qu'autour du film.
38:57 Mais d'abord, j'aimerais revenir sur le succès de ce film, qui est totalement sidérant, si on s'y intéresse un petit peu.
39:04 Les premiers jours de son exploitation, il bat le dernier Indiana Jones, il bat le dernier Fast and Furious,
39:09 il bat même le dernier Mission Impossible avec Tom Cruise, qui fait pourtant des cabrioles insensées.
39:15 C'est déjà assez rare pour être souligné. Seul, vous le disiez, Oppenheimer et Barbie font mieux que lui,
39:22 avec respectivement, sur le mois d'exploitation de ces films, il est sorti dans la première semaine de juillet, le 4 juillet,
39:29 Oppenheimer réalise 174 millions de recettes en dollars et Barbie 351 millions de dollars.
39:36 Quand Sound of Freedom, après un mois d'exploitation, a quand même rapporté 150 millions de dollars de recettes.
39:44 Mais à la grande différence de ces grandes productions, grosses productions hollywoodiennes,
39:49 ce film n'a coûté en production que 14,5 millions de dollars.
39:55 Donc vraiment une paille en comparaison des sommes souvent insensées que coûte aujourd'hui un film.
40:03 Surtout, il a été produit par une toute petite société de production, Angel Studios,
40:08 qui, film après film, bouscule le marché américain et les grands studios.
40:13 A commencer par la manière dont elles financent ces films, en faisant notamment appel à des campagnes de financement participatif.
40:19 C'est la même société qui avait produit The Chosen, qui était une série consacrée à la vie de Jésus,
40:26 et que C8, d'ailleurs, avait diffusé en France un an ou deux.
40:30 Pour la petite histoire, Angel Studios a été fondé par 4 frères de confession mormone,
40:37 et il entend proposer aux familles et aux enfants des programmes sans contenu explicite.
40:42 Généralement, pas de sexe et une violence qui est quand même largement passée sous le silence.
40:49 On a parlé du succès, de la production, on n'a pas parlé de ce dont il parle ce film, de quoi s'agit-il ?
40:55 On a envie d'en savoir plus, si ça peut décider certains à les voir ou pas.
40:58 Pour l'instant, il n'est pas encore visible en France.
41:01 Certains se sont positionnés pour le diffuser, mais il n'a pas encore trouvé de diffuseur en France.
41:07 J'imagine que c'est lié à l'histoire, peut-être ?
41:09 Probablement.
41:10 Vous allez nous le dire.
41:11 Si je devais résumer le film, c'est l'histoire d'un agent fédéral américain, Tim Ballard, porté à l'écran par Jim Cazaviel.
41:17 Jim Cazaviel, je ne sais pas si vous vous souvenez, c'est cet acteur américain qui a joué notamment dans La Passion du Christ de Mel Gibson.
41:25 Et puis dans un certain nombre d'autres séries à succès, notamment Personne d'Interest, qui a connu un grand succès.
41:35 Donc, je disais, c'est l'histoire d'un agent dont on suit l'enquête des États-Unis à la Colombie,
41:41 où il s'aventure pour sauver deux enfants kidnappés par un réseau pédophile.
41:47 Alors, loin d'être une fiction dramatique, un thriller comme les Américains savent faire, c'est vraiment, et c'est l'une des promesses de ce film,
41:57 c'est Sound and Freedom, ce veut l'histoire à peine romancée de Tim Ballard, cet agent fédéral.
42:03 L'homme, en effet, est bien vivant.
42:05 Tim Ballard a fondé en 2013 une ONG dont le but est de fournir une aide logistique à diverses agences
42:15 impliquées dans la lutte contre les trafics d'enfants, voire de conduire elles-mêmes des missions de sauvetage
42:21 pour les enlever aux mains de ceux qui les ont ravis.
42:25 Alors, sur le papier, ce genre d'ONG, qui lutte contre la pédophilie et l'esclavage sexuel des enfants,
42:30 devrait faire l'admiration de tous.
42:32 Et le film, en portant ce sujet à l'écran, ce sujet bien sûr douloureux pour les enfants, leurs familles,
42:38 devrait permettre d'aborder cette question bien réelle de l'esclavagisme sexuel auxquels sont réduits bien des enfants dans le monde.
42:44 Je me suis aventuré à regarder un peu ce que ça représentait.
42:47 Je suis tombé sur un rapport de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime qui notait,
42:52 alors juste sur l'Asie, je n'ai pas trouvé de chiffre général sur l'ensemble du monde,
42:57 mais que près de 70% des victimes de trafics à des fins d'exploitation sexuelle ont en dessous de l'âge légal.
43:04 Alors, ce qui est vrai de l'Asie, on peut le supposer, pas forcément dans les mêmes proportions,
43:10 mais également dans d'autres pays et dans d'autres contrées du monde.
43:15 Et personne n'ignore l'existence de réseaux pédophiles.
43:18 Alors du coup, vous dites que ce film est décrié par la critique.
43:21 Comment expliquez-vous ce traitement médiatique infamant ?
43:24 Oui, c'est là que je trouve que ça devient intéressant.
43:27 Plutôt que de juger le film pour ce qu'il est, pour ce qu'il raconte,
43:32 pour ses éventuelles qualités, voire même ses défauts,
43:36 la presse préfère s'apesantir sur les à-côtés du film pour le rendre sulfureux, complotiste.
43:42 Si bien que le simple fait d'aller voir ce film achève de vous marquer politiquement au fer rouge
43:49 et vous faire de vous quelqu'un de complotiste, d'extrême droite, suppo de Trump et j'en passe.
43:56 Alors, c'est vrai d'une partie de la presse étrangère.
43:59 Alors, quelques organes se distinguent.
44:01 Je pense notamment à Variety qui a salué un film qui ose aborder frontalement
44:06 une thématique trop souvent ignorée par les studios hollywoodiens.
44:10 Mais le film, en revanche, est attaqué par CNN et tout un tas d'autres chaînes de télévision américaines.
44:17 Il y a le quotidien britannique The Guardian qui voit en lui un thriller adjacent au mouvement complotiste canon.
44:23 Alors, ce qui est vrai de la presse étrangère est encore plus vrai,
44:28 ou en tout cas est vrai de la presse française qui, depuis que ce film est sorti,
44:33 se gargarise des propos, notamment tenus par Jim Cassaviel, cet acteur que j'évoquais tout à l'heure,
44:38 pour ses propos, son soutien à Trump.
44:42 Et dès qu'ils peuvent se saisir d'une polémique ou de propos attribués à cet acteur ou à un producteur de ce film,
44:49 le but, c'est vraiment de décrédibiliser le film avant même que les gens aient pu l'avoir vu.
44:57 C'est vrai que Donald Trump a eu droit à sa projection privée dans l'une de ses propriétés.
45:02 Alors, ça ne fait qu'accréditer l'idée que ce film est trumpiste, complotiste et donc sulfureux.
45:09 Il ne faut pas aller le voir.
45:11 Quand la presse parle de Jim Cassaviel, elle rappelle, j'évoquais ce film tout à l'heure,
45:15 qu'il a joué dans La Passion du Christ de Mel Gibson,
45:18 mais c'est pour immédiatement ajouter le sulfureux ou le controversé film de Mel Gibson.
45:25 Jamais il n'irait évoquer d'autres films dans lesquels il a joué qui sont irréprochables à leurs yeux,
45:31 mais parce que le simple fait de cette commis dans un film de Mel Gibson rend problématique sa carrière
45:38 et ça les arrange bien dans l'histoire qu'ils veulent construire pour faire en sorte que les gens n'aillent pas voir ce film.
45:45 Quand ils emploient ce terme de controversé, c'est l'équivalent aujourd'hui dans notre débat politique
45:52 du qualificatif d'extrême droite.
45:56 On a l'impression que c'est le sage qui montre la lune et l'imbécile qui regarde le doigt.
46:03 En réalité, ce sont toujours les mêmes mécanismes qui se mettent en place
46:06 lorsqu'un film est jugé de droite ou sortant des canons officiels tels que Hollywood
46:13 ou le cinéma voudrait que ça se fasse.
46:17 Vous vous souvenez peut-être du traitement médiatique qui avait été réservé à Vaincre ou Mourir,
46:22 ce biopic consacré à l'histoire de Charette.
46:26 Libération avait consacré sa une pour démolir le film au prétexte qu'il était produit par le puits du fou.
46:33 Vous avez fait une une magnifique, le puits du fourbe.
46:36 Selon que le film est supposé de droite ou porté par des acteurs de droite,
46:41 la presse, semble-t-il, va traquer les déclarations passées des uns et des autres,
46:46 des producteurs, pour tenter d'afflébilir et de dissuader le public d'aller le voir.
46:50 Alors pourquoi ? J'ai l'impression que c'est comme si la culture devait être un domaine réservé à la gauche.
46:56 Et je pense que c'est ce qui explique d'ailleurs l'espèce de tolée médiatique,
47:02 ou en tout cas de campagne médiatique, dès lors qu'un film comme Sound of Freedom ou Vaincre ou Mourir connaît un succès.
47:09 Parce que ça vient déranger une industrie qui répond à un certain nombre de codes avec des films,
47:16 qui le plus souvent, plutôt que de produire des contenus qui vont immédiatement être portés et soutenus par le public,
47:23 mais répondent à des codes, notamment aujourd'hui le wokisme.
47:26 Et donc cette émergence d'un cinéma qui, notamment par ses réseaux de financement,
47:32 ne va pas forcément, par exemple en France, taper à la porte du CNC pour obtenir des aides,
47:38 ça, ça vient déranger le système, ça vient déranger la gauche.
47:41 Et c'est ce qui explique, je pense, les réactions outrancières, indignées,
47:46 lorsque ce genre de films sont diffusés et connaissent le succès.
47:50 Ça pose évidemment encore une fois la question de faire ou pas la différence entre l'homme et l'artiste,
47:57 le comédien et l'homme qu'il est dans la vie, ou le réalisateur et le producteur, et ce qu'ils sont dans la vie.
48:02 Il y a une petite différence près quand même, c'est que le film touche un sujet qui est quand même,
48:07 il faut le rappeler, l'objet d'un certain nombre de fantasmes qui sont proprement complotistes,
48:11 même si le film ne les met pas en scène.
48:13 Et c'est vrai qu'entre l'homme et l'artiste, la différence est pour le coup ténu,
48:17 parce que c'est vrai que ce qu'on reproche à Jim Cazivelle, au-delà de ses fréquentations politiques,
48:22 c'est vrai qu'il a participé à des conférences avec Conan,
48:24 mais c'est qu'il a quand même relayé lui-même certaines théories,
48:27 que là pour le coup on s'accordera tous à reconnaître qu'elles sont complètement farfelues,
48:30 sur un complot mondial pédophile qui fait partie des obsessions de certains complotistes,
48:35 et notamment des théories qui reprennent aussi les éléments sur l'adénochrome.
48:39 Donc c'est ça qui a un peu jeté la suspicion,
48:41 et c'est vrai que le film est desservi quand même par ces déclarations au présent,
48:45 ce que malgré tout je peux comprendre.
48:46 Ce qui est intéressant Paul, c'est justement que la presse,
48:48 lorsque elle a consenti à aller voir ce film, le regarder honnêtement,
48:53 et je vais citer nos confrères de Marianne, qui juste par exemple, je cite,
48:57 donc ils ont le droit de le juger comme ça,
48:59 ils parlent d'un mauvais thriller qui ne se fonde pas sur une vision complotiste,
49:02 donc ils sont honnêtes, ils expliquent que ce n'est pas une vision complotiste
49:07 qui va expliquer éventuellement que c'est un mauvais thriller,
49:09 mais ils ajoutent "la nature de sa production pose question".
49:12 Donc le simple fait que Jim Cazaviel ait pu avoir des propos tendancieux,
49:18 suspicieux, complotistes peut-être, vont faire que ce film lui-même est jeté à la poubelle.
49:23 Mais est-ce que lorsque l'on regarde un film de Mathieu Kassovitz,
49:28 on arrive à faire la part des choses entre les propos insoutenables
49:32 qu'il peut tenir sur la police et en revanche reconnaître le talent de l'acteur ?
49:38 En ce qui concerne Mathieu Kassovitz, je considère malgré tout
49:40 que son rôle d'acteur est desservi par ailleurs,
49:43 par les positions scandaleuses qu'il a pu avoir sur la police.
49:45 Ça veut dire que vous faites la différence entre son talent d'acteur que vous jugez bon
49:49 et ses positions politiques ?
49:51 La presse marquée peut-être à droite et celle plus consensuelle, bien pensante,
49:57 qui se refuse à séparer l'oeuvre des acteurs.
50:02 On peut ne pas être d'accord politiquement, mais apprécier le jeu d'un acteur, pour résumer.
50:06 Il y a ça, mais je trouve que dans la démarche, c'est souvent le cas,
50:10 c'est la condamnation absolue.
50:13 À la limite, certains ne prennent même pas le temps d'aller voir le film.
50:20 On voit la distribution, on voit l'acteur.
50:23 Ce qu'il a dit avant, vous avez raison, qui effectivement ne joue pas en sa faveur,
50:27 mais en réalité, on devrait avoir des critiques.
50:30 Je ne sais pas ce qu'a dit Variety, mais eux, ils vont voir les films.
50:33 Il y en a quand même qui admettent qu'il y a des choses positives.
50:38 Moi, ça m'a rappelé aussi un documentaire très controversé,
50:43 vous vous souvenez, avec le Covid, qui s'appelait "Hold up",
50:46 qui se passait un peu sous le manteau.
50:48 Je l'ai vu, il y avait effectivement des choses qui étaient parfaitement contestables,
50:52 mais il y avait aussi des choses intéressantes dedans.
50:54 Le problème de cette attitude et de ce milieu, finalement, petit milieu,
51:00 mais qui règne sur les arts et les créations, fait qu'on n'accepte pas
51:07 et dès qu'il y a quelque chose d'un petit peu alternatif ou différent, il est condamné.
51:13 On devrait pouvoir aller voir les films, vierge de toute information, pour juger l'oeuvre.
51:17 Surtout, on devrait pouvoir les critiquer, et ça c'est naturel de les critiquer.
51:20 Mais le propos, ah bah oui, évidemment, c'est Machin qui l'a fait.
51:24 Ah oui, c'est Mel Gibson.
51:26 Mel Gibson a fait des choses intéressantes dans sa vie.
51:29 Je suis assez d'accord avec vous, Rajeev, et ça fait effectivement assez bien.
51:32 Je ne vais pas faire votre travail, Barbara, mais la transition,
51:34 avec ce que je vais dire tout à l'heure sur Van Gogh,
51:37 parce qu'effectivement, je déplore qu'aujourd'hui, nous soyons dans une époque
51:41 où on a des critiques a priori sur les oeuvres, sur les textes, sur les artistes eux-mêmes,
51:47 partant d'une vision morale de l'art ou de la culture,
51:50 là où je pense que l'art ou la culture devraient être sanctuarisés des considérations morales,
51:53 autant que faire se peut.
51:55 Bien sûr, il y a des choses qui sont à mettre de côté,
51:57 mais globalement, je pense que si l'on suit les préceptes de la gauche américaine,
52:02 qui nous dit que tel ou tel artiste ou telle ou telle oeuvre est inregardable, infréquentable,
52:07 parce que son auteur ceci ou son auteur cela,
52:09 eh bien on peut gommer de notre passé 90% des productions intellectuelles, culturelles,
52:14 de toute l'histoire de l'Occident.
52:16 Il n'avait plus la peine de s'occuper de Tchaïkovski,
52:18 plus la peine de s'occuper de toutes sortes de réalités de cinéma terribles,
52:22 plus la peine, vous voyez, Van Gogh était un homme tourmenté
52:25 qui a probablement fait beaucoup de mal autour de lui,
52:27 ne le voyons plus, etc.
52:29 Et c'est mon ami Michel Enfroy qui avait dit, n'allons plus voir les peintures rupestres,
52:32 parce que probablement l'homme de Cro-Magnon mettait des bains à sa femme.
52:35 C'est absolument dramatique comme affaire.
52:37 Le cas Polanski revient régulièrement et à chaque fois, on reparle de...
52:41 Alors puisque vous parlez de Van Gogh, on va y aller justement,
52:44 parce que vous souhaitiez revenir justement sur la mort de ce peintre,
52:48 c'était un 29 juillet précisément, mais donc à quelques jours près, il y a 133 ans,
52:53 vous vouliez revenir ce soir sur le décès de ce jeune peintre hors du commun.
52:56 Oui, très jeune et il est mort à seulement 37 ans.
52:59 Et en seulement 10 ans de vie créative, il nous lègue une oeuvre absolument magistrale.
53:05 Aujourd'hui, on le place au même rang que les plus grands maîtres,
53:08 que De Vinci, que Rembrandt.
53:10 Donc je pense que cet anniversaire était l'occasion de mettre un peu le projecteur
53:13 sur cet homme au dessin absolument fabuleux, romanesque.
53:17 Une vie qui aura été quand même marquée par la détresse, par l'instabilité mentale.
53:22 C'est en cela que ça fait la transition un peu avec ce que l'on disait,
53:25 qui est effectivement aujourd'hui considéré a posteriori
53:28 comme un des plus grands artistes de tous les temps.
53:31 Donc je reviens avec vous sur cette histoire qui est absolument incroyable
53:33 et qui interroge plus que toute autre vie d'artiste le rapport entre d'abord
53:38 la création et la névrose, la création et la folie,
53:41 qui est un vieux sujet assez romanesque de l'art
53:44 et qui pose la question aussi entre le talent réel et la gloire.
53:48 Fût-elle une gloire posthume puisque Van Gogh fera partie de ces artistes
53:52 qui n'auront pas connu la gloire de leur vivant.
53:55 Certes, il avait vendu une toile, 400 francs,
53:57 mais il n'a pas vécu le tiers du dixième de la notoriété qu'il a eue,
54:01 je vais y revenir, après les années 1930.
54:04 Van Gogh naît en 1853 aux Pays-Bas.
54:07 Alors il vient d'une famille plutôt de l'ancienne bourgeoisie.
54:10 C'est une famille qui était... il y avait des pasteurs et il y avait le commerce de l'art.
54:13 C'était à peu près les deux grandes professions qui étaient représentées.
54:16 C'était les traditions familiales. C'était une famille nombreuse.
54:18 Il y avait six enfants. Il menut une vie assez simple.
54:21 Ce n'était pas une vie de grand bourgeois.
54:22 C'était une vie assez simple dans ces Pays-Bas de cette époque du 19e siècle.
54:25 Van Gogh est décrit très jeune comme un enfant plutôt sérieux, silencieux
54:29 et disait-on assez pensif, contemplatif.
54:33 Sa première expérience, quand il va avoir 16 ans, c'est dans le commerce d'art.
54:37 Il va travailler chez Goupil et compagnie, qui était une grande entreprise de commerce d'art.
54:41 Et à cette époque-là, finalement, il ne va pas être tout à fait à son travail.
54:44 Il était pris d'une quête spirituelle.
54:46 Là, ça fait plutôt lien avec notre chute tout à l'heure sur les JMJ.
54:49 Il était plutôt, vous savez, dans une forme de...
54:51 Il se renfermait sur lui, mais il était à la fois dans une quête mystique
54:53 qui, même s'il venait d'une famille de pasteurs, avait interpellé ses parents,
54:57 y compris son père.
54:58 Quand il retournait chez eux, ils ont trouvé ça un peu étrange.
55:01 Et si vous voulez, il n'était pas tout à fait à son travail.
55:03 Il va venir travailler à Paris, au siège de Goupil et compagnie.
55:06 Donc, il travaille à Paris.
55:07 Il vient à cette époque de grands bouillonnements culturels et intellectuels à Paris.
55:11 Et il va être choqué.
55:12 Ça va d'ailleurs créer son licenciement.
55:14 Il va être choqué parce que l'art est traité comme une marchandise.
55:16 Alors, pour lui, pour ce puriste, pourrait-on dire aujourd'hui,
55:19 ça semble être une abomination.
55:21 Et donc, il va le faire savoir.
55:22 Et pire encore, quand il travaille chez Goupil et compagnie,
55:24 il va dire au client, il va dire au client,
55:26 "Enfin, là, on traite l'art comme une marchandise. C'est absurde."
55:28 Donc, évidemment, il se fait virer tout de suite et il est licencié.
55:32 Donc, jeune adulte, il va mener cette vie de doux, d'hésitation.
55:35 Il va mettre très longtemps à venir à la peinture.
55:36 Il va être tour à tour enseignant, prédicateur.
55:39 Il va être assez désœuvré.
55:41 Il va se faire une petite dispute avec son frère, avec son père.
55:44 Et déjà, à cette époque-là, il a une vingtaine d'années, un peu plus,
55:47 son père va se renseigner pour le faire interner déjà dans un asile des Pays-Bas.
55:51 Ce qui fait que c'était déjà un moment très difficile.
55:54 Ah, très bien.
55:56 Vous savez qu'il vous reste quatre minutes, Paul Mellon.
55:58 Alors, on passe sur les étapes de sa vie parce qu'on a envie de savoir
56:00 comment le jeune homme taumenté devient enfin peintre.
56:02 Oui, c'est ça.
56:03 C'est-à-dire qu'en fait, comme je vous le disais, il s'est tassé sur le tard.
56:05 C'est à 28 ans qu'il devient peintre.
56:07 Et finalement, son frère, à cette époque-là, subvient à ses besoins.
56:10 Il est assez pauvre, il est assez désargenté.
56:12 Et il va très vite vouloir rompre avec les convenances de son milieu social.
56:16 Cette rupture, elle va s'incarner par son travail, par son œuvre,
56:19 par ce qu'il va commencer à faire.
56:21 Il lit beaucoup à l'époque de grands auteurs, y compris des auteurs français.
56:23 Il lit Balzac, il lit Victor Hugo, il lit Zola.
56:26 C'est là qu'il va faire aussi sa conscience artistique.
56:28 Et tout cela va alimenter sa vision du monde si féconde
56:31 qui transpire à la traverse étoile.
56:33 Donc, après ces mois et ces années passées chez ses parents,
56:36 il arrive à Montmartre, à Paris, capitale de l'impressionnisme.
56:39 Et c'est là qu'il va atteindre un peu cette forme de maturité artistique,
56:43 si je puis dire.
56:44 Il va rencontrer Toulouse-Lautrec, la plupart des grands impressionnistes,
56:46 Gauguin, Pissarro, lui aussi d'ailleurs Pissarro assez désœuvré.
56:50 Il est à l'avant-garde, ils vont se lancer dans le néo-impressionnisme.
56:53 Puis il va quitter Paris, quitter ce monde-là bouillonnant, pour la Provence.
56:56 Alors, il ne quitte pas la Provence pour les olives ou son goût de la navigation,
56:59 mais pour la lumière, la lumière qui vient irriguer ses peintures.
57:02 C'est d'ailleurs à Arles qu'il va peindre la plupart de ses toiles les plus célèbres,
57:05 les tournesols, les moissons en Provence, la Maison Jaune.
57:08 Voilà, c'est plus belles œuvres, on les doit à ce séjour en Provence.
57:11 C'est aussi là qu'il va être extrêmement tourmenté.
57:14 C'est là qu'il vit ses plus terribles crises, c'est là qu'il se tranche l'oreille,
57:18 bien connu, après avec un rasoir, après sa dispute avec Gauguin.
57:21 Là aussi, on ne sait pas vraiment ce qui s'est passé, c'est comme sa mort.
57:24 Il est admis à l'hôpital, il va même être interné dans un asile d'aliénés
57:27 à Saint-Rémy-de-Provence.
57:28 Et effectivement, tout ça va l'emmener péniblement jusqu'à 1890,
57:32 où il s'éteint d'un coup de revolver dans la poitrine.
57:35 Un écran de mystère entoure cette mort.
57:37 On ignore s'il s'est infligé ce coup lui-même, la thèse du suicide est la plus répandue.
57:41 Ou s'il était victime d'un homicide.
57:43 Il y a encore aujourd'hui toutes sortes de théories plus ou moins farfelues
57:46 qui circulent à sujet de cette mort.
57:48 Il disparaît donc sans connaître la renommée mondiale qu'on lui connaît aujourd'hui.
57:52 Oui, parce que le plus important arrive à sa mort, si je puis dire.
57:55 Il s'éteint et alors là, il a toute sa postérité qui va être due notamment
57:59 à la veuve de son frère Théo, qui elle, va hériter une grande partie de ses tableaux
58:03 et qui va faire sa gloire.
58:04 Elle va les exposer, ses tableaux, dans plusieurs villes, à La Haye, à Rotterdam, à Amsterdam.
58:08 Et puis à sa mort, à elle, en 1925, la valeur des œuvres de Van Gogh ne cesse d'augmenter.
58:14 Il va y avoir une exposition au fameux MoMA, Museum of Modern Art de New York,
58:18 où il va y avoir 120 000 personnes qui vont venir contempler les œuvres de Van Gogh.
58:22 C'est véritablement là qu'il arrive.
58:24 C'est une renommée assez tardive qui intrigue, qui interroge.
58:28 Il incarne à lui seul, finalement, cet artiste maudit, ce héros romantique,
58:32 pauvre, asocial, dépressif, dont le caractère misérable est probablement
58:36 beaucoup plus, et alimente la fécondité de son œuvre.
58:40 C'est-à-dire de se dire finalement, dans cette détresse artistique,
58:43 il y a beaucoup de son œuvre.
58:45 Donc, si sa carrière a été très courte et qu'il n'a vendu de son oeuvre qu'une seule toile,
58:48 il bénéficie d'une immense reconnaissance posthume.
58:50 Il est aujourd'hui à l'égal des grands maîtres.
58:52 Et il est lui-même, à l'image de sa vie et de sa mort, un mystère humain,
58:57 artistique, que nous n'avons toujours pas percé.
59:00 Que nous n'avons toujours pas percé.
59:02 Nous n'avons pas beaucoup de temps pour le commenter non plus.
59:04 Je pense qu'on peut juste inviter tout le monde à aller voir les œuvres
59:06 exposées dans tous les musées du monde.
59:08 Le musée Van Gogh à Amsterdam qui est incroyable.
59:12 Il y a un dialogue entre les œuvres de Van Gogh et celles de Gauguin, Cézanne et autres.
59:18 C'est vraiment remarquable.
59:21 Il y a un film qui sort sur le principe des peintres qui sont célèbres après leur mort.
59:25 Je ne sais pas si vous avez vu, dans quelques semaines,
59:27 où justement un peintre met en scène sa propre mort,
59:29 comprenant que ça lui rapporterait plus d'argent.
59:31 Ça produit l'œuvre d'art contemporain.
59:33 C'est une pensée généreuse pour ses descendants, s'il en a.
59:37 Parce qu'évidemment c'est pensée au-delà de soi-même.
59:39 Ça ne marche pas à tous les coups.
59:41 Il y a un peintre posthume qui ne vend toujours pas de toile, même posthume.
59:43 Merci messieurs d'avoir été en notre compagnie.
59:46 Merci à vous de nous avoir suivis.
59:48 Je vous donne rendez-vous demain à la même heure.
59:50 Je vous laisse en compagnie d'Eliott Deval et de ses invités pour l'heure des pros 2.
59:54 Très bonne soirée à tous.
59:56 [Musique]

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