Conférence régionale des acteurs de la lutte contre la pauvreté, le 4 juillet 2023 à Sciences Po Bordeaux (Pessac, 33)
//Le futur pacte des solidarités en Nouvelle-Aquitaine : enjeux et perspectives//
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00:00 Je vous propose que nous commencions dès maintenant avec Noemi Castet. Bonjour. Bordeaux
00:09 Mécènes Solidaires, c'est une fondation territoriale qui fait le trait d'union entre
00:12 les entreprises qui souhaitent s'engager et les associations qui portent des projets
00:16 de lutte contre les précarités d'insertion sociale et professionnelle. Bordeaux Mécènes
00:22 Solidaires est référent dotation d'action territoriale pour la métropole bordelaise
00:30 et c'est ce programme que vous allez nous présenter. Oui, tout à fait. Merci. Bonjour
00:35 à tous. Alors, je suis venue vous parler du programme jeunesse que l'on porte du coup
00:41 à l'échelle de Bordeaux Métropole aujourd'hui. On est devenu référent DAT, donc dotation
00:47 d'action territoriale en 2020 parce qu'on a été sollicité par l'institut Break Poverty
00:52 qui déploie ce programme à l'échelle nationale. Et pourquoi on a décidé d'intégrer ce dispositif?
00:58 C'est parce qu'à l'époque, on avait déjà 38% de nos projets soutenus qui concernaient
01:03 la jeunesse, l'enfance et la jeunesse. Donc, c'est une méthodologie bien établie qu'on
01:09 a suivie. On a commencé par un diagnostic de territoire à l'échelle de la métropole
01:15 avec un diagnostic quantitatif qui a été mené par un cabinet d'études. Et nous,
01:20 on a mené un certain nombre d'entretiens semi-directifs pour aller à la rencontre
01:25 des acteurs du territoire et identifier les problématiques des enfants et des jeunes.
01:30 On a ensuite lancé un appel à candidature pour lequel on a reçu 40 dossiers d'association.
01:38 On en a retenu 13 avec pour objectif de les accompagner au changement d'échelle à développer
01:44 leur projet sur trois ans. J'appuie sur le fait qu'on a soutenu ces associations sur
01:50 trois ans parce que c'est vraiment ce que les associations nous remontent, que c'est
01:54 très important ce financement pluriannuel. On avait pour objectif de lever 600 000 euros
02:00 de fonds et nous en sommes aujourd'hui à 700 000 euros pour donc les 13 associations
02:06 soutenues. Deux, enfin, un rapide mot sur le diagnostic, mais je ne vais pas revenir
02:12 sur les chiffres et vous assommer. S'il y a un chiffre à retenir, c'est qu'aujourd'hui
02:16 en France, il faut six générations pour sortir de la pauvreté. C'est quand même
02:21 énorme. Et donc, on s'est donné pour mission avec ce programme d'enrayer le déterminisme
02:26 social dès le plus jeune âge avec un axe autour de la petite enfance et la prévention
02:31 des retards de développement, un axe autour du raccrochage scolaire et enfin un axe sur
02:38 l'insertion professionnelle. Donc pour ce faire, on a sélectionné 13 projets comme
02:46 je vous le disais, 4 sur la petite enfance, 5 sur le raccrochage scolaire et 4 sur l'insertion
02:53 professionnelle avec 3 leviers fondamentaux qu'on a déjà évoqués tout à l'heure.
02:57 La démarche d'aller vers, c'est très important d'aller vers ces jeunes et surtout de les
03:03 impliquer dans les projets, travailler sur les représentations que les jeunes ont de
03:11 l'école et de l'entreprise et ensuite travailler sur l'interculturalité et leur permettre
03:17 d'acquérir les codes de notre société. Quelques données d'impact puisqu'on arrive
03:23 à la troisième année de ce programme. Aujourd'hui, sur le premier axe, on a levé 137 000 euros
03:29 pour les 4 projets et ces projets ont accompagné 400 enfants et 116 familles et ont formé
03:41 un certain nombre d'acteurs éducatifs. Donc les 4 projets qu'on a soutenus, je ne vais
03:45 pas rentrer dans le détail parce qu'on n'a pas trop le temps, mais c'est la FEV, l'association
03:49 du Lala, Parrainage 33 et l'Institut de la Parentalité. Sur l'axe 2, on a soutenu
03:57 donc 5 projets associatifs qui sont Cap d'Agir, IKIGAI, UVS aux Objets, Soyons le Changement
04:04 et Je suis Nord de Monde. On a levé 176 000 euros et les associations ont sensibilisé
04:12 plus de 2000 adolescents et ont formé 40 acteurs éducatifs sur des méthodes innovantes.
04:20 Enfin, l'axe 3, on a 4 projets soutenus avec près de 167 000 euros de fonds levés,
04:28 275 jeunes menés vers un emploi ou une formation et près de 400 jeunes sensibilisés au métier
04:39 grâce à l'ADPAP33, l'association Osons Ici et Maintenant, entre autres, et Sport-Emploi.
04:46 Donc là, je vous ai mis un petit patchwork de photos parce que derrière les jeunes et
04:52 les enfants, c'est des personnes et j'avais envie de vous montrer leur sourire. Au total,
04:57 aujourd'hui, c'est plus de 6 300 bénéficiaires. Donc on n'est pas encore à notre objectif
05:03 qui était d'accompagner 10 000 enfants et jeunes, mais on y arrive bientôt.
05:09 Au-delà du mécénat financier, on fait aussi du mécénat de matériel et de compétences.
05:16 Donc on a lancé l'année dernière une plateforme de mécénat de compétences locale qui s'appelle
05:22 la Fabrique à partenaires et qui permet aux associations de poster des missions et aux
05:27 collaborateurs d'entreprises d'y répondre directement et de passer du temps auprès
05:32 de leurs associations. C'est quelque chose qui nous tient à cœur puisque un de nos
05:39 piliers, c'est vraiment de faire le lien entre les entreprises et les associations
05:44 à travers ce mécénat de compétences, mais aussi à travers des événements, des rencontres
05:50 projets. Hier, on a visité trois projets associatifs sur la rive droite avec un certain
05:55 nombre d'acteurs. Et on peut dire aussi qu'on a atteint une certaine expertise aujourd'hui
06:01 puisque on a 10 ans d'existence et on a toujours à cœur d'échanger avec nos partenaires
06:06 pour identifier les besoins des territoires. Quelques données d'impact aussi. Ce que
06:13 nous remontent les associations, c'est vraiment que le programme leur a permis de gagner en
06:17 visibilité sur le territoire. Et côté entreprises, c'est vraiment ce programme
06:24 leur a permis de mieux comprendre les problématiques et le rôle qu'elles avaient à jouer sur
06:30 un domaine de précarité, de lutte contre la précarité.
06:35 Donc nos partenaires, nous avons aujourd'hui une vingtaine de partenaires. Comme je vous
06:43 disais tout à l'heure, on a levé près de 700 000 euros. On a encore des besoins,
06:50 mais je tiens à remercier tout particulièrement Isabelle Grimaud aujourd'hui qui nous soutient
06:54 depuis le début et qui fait partie de notre comité de pilotage. C'est très important
06:58 aussi d'avoir des acteurs publics à nos côtés. Elle nous soutient aussi dans le
07:04 développement de ce programme en Gironde parce que si il a agi pendant trois ans sur
07:09 Bordeaux-Métropole, aujourd'hui on entend son développement en Gironde et donc on a
07:15 cette démarche de diagnostic. Nous allons à la rencontre de tous les acteurs sur la
07:20 Gironde et pour ensuite lancer un appel à candidature certainement à la fin de l'année
07:25 et soutenir les projets associatifs sur trois ambes via le mécénat des entreprises.
07:30 Merci Noémie Casté. Et je me tourne maintenant vers vous Pauline Neckman, Marc Melotti et
07:37 Nicolas Las. Vous allez à trois voix faire une présentation sur une action transversale
07:43 et innovante pour répondre aux enjeux de précarité alimentaire en Dordogne.
07:49 Oui, bonjour. Merci et donc je dois commencer par rappeler que je suis un élu et que c'est
08:00 bien aussi que les élus s'engagent dans des dispositifs mais aussi sachent rester
08:07 en retrait. Donc nous on est dans des phases plutôt de décision, les élus, d'adaptation
08:12 de dispositifs. Donc on a aussi, je suis accompagné de deux personnes mais sur la
08:17 première diapositive, il y avait aussi donc la stratégie pour voter, donc la direction
08:22 départementale de l'emploi parce que ce sont des acteurs incontournables. Dans certains
08:27 contextes, à certains moments, les élus peuvent s'engager mais ne s'engagent pas.
08:31 Des fois il faut des déclics et qu'ils soient eux aussi accompagnés. Donc merci à ces
08:35 acteurs de nous avoir proposé ou au moins laissé penser qu'on pouvait avoir un projet
08:40 de structuration de l'aide à domicile en Dordogne. Donc, pardon, et de l'aide alimentaire.
08:45 Merci. De l'aide alimentaire. C'est vrai que je suis un élu engagé sur plusieurs
08:50 phases et que je vais un peu trop vite sur aide, aide alimentaire, tout à fait. Donc
08:55 je suis accompagné de Nicolas et de Pauline Eckman qui vont vous présenter le sujet.
09:00 Je vais faire court parce qu'autrement je pourrais peut-être reprendre la parole mais
09:05 je crois qu'il vaut mieux que je passe directement là. Merci.
09:09 Donc bonjour. Donc l'UDCCS porte un projet depuis trois ans avec le soutien de l'ADD
09:16 ETSPP, donc un projet de structuration des acteurs de l'aide alimentaire en Dordogne.
09:21 Donc c'est un projet qui peut se découper en plusieurs phases. Donc une première phase
09:25 qui est une phase de diagnostic et d'étude de la situation de la coordination de l'aide
09:29 alimentaire en Dordogne qui s'est constituée de deux diagnostics réalisés par l'UDCCS.
09:36 Donc le premier était un état des lieux des acteurs de l'aide alimentaire qui avait
09:40 pour objectif de disposer d'un regard global des acteurs de l'aide alimentaire sur la
09:48 Dordogne, donc que ce soit concernant les lieux d'action, les modes de distribution,
09:52 etc. qui s'est traduit notamment par l'élaboration d'une cartographie mettant en avant trois
09:57 niveaux de couverture des besoins en aide alimentaire sur le territoire, qui a aussi
10:02 permis de mettre en avant les zones blanches. Donc ce premier diagnostic a également permis
10:07 d'identifier les prestations annexes proposées par les dispositifs d'aide alimentaire
10:11 et également de recueillir les ressentis des structures vis-à-vis de l'évolution
10:16 de la situation pendant la crise sanitaire. Une deuxième étude a été menée en parallèle
10:22 par rapport aux liens entre les acteurs de l'aide alimentaire et les acteurs agricoles
10:26 locaux. Donc l'objectif de cette étude était de rendre compte de ce lien et d'étudier
10:31 la place qu'occupaient les produits issus de l'agriculture locale dans les dispositifs
10:35 d'aide alimentaire. Donc au sortir de cette étude, il ressort qu'il n'y a pas ou peu
10:40 de produits de l'agriculture locale dans les dispositifs d'aide alimentaire et que
10:43 le lien entre ces deux milieux, ces deux mondes d'acteurs est qualifié quasi-unanimement
10:49 d'inexistant. Un autre objectif de cette étude était d'étudier les freins qui expliquaient
10:55 cette place. Donc on pourrait notamment citer le manque d'interconnaissance entre les
11:00 groupes d'acteurs. Également le cadre législatif qui a plus tendance à favoriser les liens
11:07 entre les acteurs des grandes et moyennes surfaces et l'aide alimentaire qu'avec l'aide
11:12 alimentaire et les producteurs locaux. Et il y a également plusieurs facteurs qui sont
11:16 propres à chaque groupe d'acteurs, notamment le facteur temps, les problématiques budgétaires
11:20 ou encore les problèmes logistiques. Donc c'est une étude qui a permis d'engager
11:27 de premières réflexions vis-à-vis de réflexions sur de nouvelles sources d'approvisionnement
11:35 pour l'aide alimentaire dans la mesure où les sources d'approvisionnement traditionnelles
11:39 se tarissent. Donc une deuxième phase a été engagée par la suite, donc une phase de réflexion
11:47 concertée avec les acteurs du territoire, dont les objectifs étaient d'approfondir
11:53 les constats qui ont été établis lors de cette première phase de diagnostic et d'étude,
11:59 également de préciser les enjeux et d'entreprendre une dynamique partenariale de co-construction
12:05 d'actions avec les acteurs du territoire. Donc ces quatre ateliers étaient les suivants.
12:11 Continuité et pérennité de l'aide alimentaire, couverture des besoins et prise en compte
12:18 des zones blanches, le développement de filières solidaires et également des réflexions
12:23 vis-à-vis de la gouvernance. Donc ces deux premières phases d'études puis de réflexions
12:29 concertées avec les acteurs ont permis l'élaboration d'une première feuille de route qui visait
12:35 à orienter les actions et les acteurs vers différents enjeux et différents objectifs
12:43 sur lesquels Madame Eichmann va revenir maintenant.
12:48 Alors, moi il m'appartient de vous présenter un peu le rôle de l'État dans ce projet-là
12:57 qui a un rôle assez central et pour lequel le programme de lutte contre la pauvreté
13:04 a permis de décentrer et d'élargir notre rôle d'accompagnateur de projet.
13:10 Donc l'idée de ce projet c'était de faire, vous l'avez compris dans le premier temps
13:16 d'explication, des allers-retours entre la théorie et la pratique, c'est-à-dire
13:20 à la fois de partager du diagnostic et du savoir mais aussi de passer à l'action.
13:24 Donc là sur cette troisième phase, l'enjeu c'est d'accompagner un projet de territoire
13:29 spécifique et de passer des constats à la réalité d'une action partenariale partagée.
13:36 Donc l'État, enfin la DDET-SPP, à la fois sur son volet interministériel et sur son
13:42 volet d'accompagnement a pu permettre dans cette impulsion et grâce à la participation
13:47 étroite de l'UDC-CAS de multiplier les champs d'analyse de la problématique de
13:54 l'aide alimentaire, c'est-à-dire de passer en gros d'un sujet qui était très budget
14:00 tarot-centré sur un budget qui s'appelle aide alimentaire à une politique publique
14:05 de lutte contre la précarité alimentaire, donc un élargissement de la focale, ce qu'on
14:09 a bien vu depuis le départ, ce qui impulse ces plans de lutte contre la pauvreté.
14:16 Donc on a multiplié les champs agricole, sociale, insertion par l'activité économique
14:21 et les enjeux, l'aide alimentaire, la lutte contre le gaspillage et les filières solidaires.
14:26 L'idée finale c'est d'arriver à recréer un cercle vertueux de restauration de l'être
14:31 qui commence par se restaurer au sens de manger, ce qui va bientôt arriver à midi
14:36 32 pour nous aussi, et aussi se restaurer d'un point de vue social et d'un point
14:41 de vue statut. Donc restaurer l'être dans sa globalité. Et donc pour faire ça il
14:46 fallait aussi évidemment travailler avec la parole des gens et c'est aussi ce qu'il
14:51 a été important de faire dans cette première phase, d'aller chercher la parole des personnes
14:57 qui viennent sur des dispositifs d'aide alimentaire. L'État il est aussi là pour
15:02 aider à mobiliser les outils existants parce que les politiques publiques, on l'a évoqué
15:06 aussi ce matin à plusieurs reprises et sous différents prismes, mais c'est des outils,
15:10 mais c'est aussi une grande complexité administrative. Donc l'ADDET-SPP a été là pour traduire,
15:16 aider à rendre lisible un certain nombre de choses et du coup mettre autour de la table
15:21 des acteurs qui ne savaient pas forcément qu'ils pouvaient avoir un lien entre eux.
15:25 C'est évidemment aussi coordonner des acteurs. L'État a cette légitimité-là de pouvoir
15:31 proposer et créer des espaces d'échange et c'est absolument central si on veut réussir
15:35 à accompagner des projets de territoire. Et à ce titre, l'enjeu de la gouvernance
15:40 est vraiment apparu comme extrêmement central. La gouvernance pilotée, mais la gouvernance
15:46 aussi horizontale. Alors co-piloter État-UDCCAS, ça permet d'avoir la tête et les jambes,
15:54 si j'ose dire, c'est-à-dire qu'au sens physiologique du terme, mais vraiment de pouvoir
16:01 avoir à la fois un acteur ensemblié qui est l'État et des acteurs agissant par réseau
16:07 et sur des micro-territoires par l'UDCCAS. Tout ça s'est rendu possible parce qu'aujourd'hui
16:14 on a des leviers financiers pour le faire très clairement. On arrive à faire ça parce
16:18 que les moyens mis sur l'aide alimentaire ou sur la structuration de l'aide alimentaire
16:24 ont permis d'aller chercher des compétences qu'on n'a pas à l'État, qu'on n'a pas
16:28 forcément non plus dans les collectivités, de pouvoir aussi se donner du temps supplémentaire
16:33 d'action et avoir tout simplement de l'argent pour donner de la visibilité et de la lisibilité
16:38 aux acteurs. On voit bien que notamment le fonds La Mieux Manger Pour Tous potentialise
16:44 aujourd'hui le déclenchement d'acteurs et d'actions qui se disent maintenant on va pouvoir
16:49 passer à l'action, on peut vraiment y aller parce qu'on a une possibilité de lever des
16:56 financements. Peut-être dernier prisme puisque la table ronde s'appelle Action Innovante.
17:05 Moi je trouve que pour revenir sur ce que permet ce plan de lutte contre la pauvreté
17:09 et peut-être sur ce bilan des 5 ans, en tous les cas à l'intérieur des DDI et pour les
17:14 services de l'État interministériel dans les départements, c'est une capacité à
17:18 animer autrement des politiques transversales et peut-être enfin cette capacité à le
17:23 faire, sachant qu'il nous faut des ETP pour le faire, petite incise, cette capacité à
17:29 accompagner les territoires dans les différents projets et donc à trouver aussi du relais
17:34 de structuration pour ces politiques et puis à potentialiser les actions et ce sera je
17:40 l'espère l'issue favorable des projets qui ont été déposés en Dordogne sur Mieux
17:46 Manger Pour Tous pour passer véritablement à l'action dans des territoires et fédérer
17:51 les acteurs.
17:53 Merci, donc je n'ai quasiment rien à rajouter, je voudrais simplement dire que les élus
18:01 nous revendiquons une connaissance de proximité, sauf que ce n'est pas si facile que ça et
18:06 on s'aperçoit qu'effectivement au-delà de la connaissance il y a l'action et dans les
18:10 actions il y a des choses à construire, la gouvernance, c'est une grande question, comment
18:14 on peut que chacun trouve sa place dans ce dispositif et dans la concrétisation des
18:19 actions qui viennent d'être évoquées. Les outils pour nous ça a été aussi Ocarina,
18:24 donc je pense que beaucoup de personnes le connaissent cet outil, les outils, outils
18:30 utiles, il n'y a qu'une lettre de différence, donc ils sont bien les outils quand ils sont
18:33 utiles et Ocarina nous a permis d'adapter notre connaissance puisque Ocarina va aller
18:39 chercher jusqu'à la commune ou jusqu'à l'EPCI, il y a eu des tables, des cartes qui nous
18:44 ont été présentées et qui soulignaient justement la présence territoriale sur les
18:49 EPCI et après c'est aussi les outils d'ouverture parce que peut-être que nous sommes dans
18:55 des réseaux, alors des réseaux de territoire puisque les élus font référence souvent
19:00 à un territoire d'ancrage, donc d'ouverture vers d'autres systèmes, d'autres personnes
19:05 notamment peut-être les producteurs, les agriculteurs, la chambre d'agriculture et
19:09 donc tous les programmes alimentaires du territoire mais là il faudra beaucoup plus de 10 minutes.
19:14 Merci.
19:15 On va poursuivre cet échange après la présentation d'une dernière action, le dispositif Parcours
19:24 qui est porté par le SAMU social qui dépend lui-même de l'association laïque Le Prado.
19:29 Cédric Lothar, bonjour, vous êtes chef de service du dispositif et avant tout vous avez
19:35 choisi de commencer la présentation par la diffusion d'une courte vidéo, nous allons
19:41 vous retrouver à fil à couche, donc on va regarder cet extrait que vous avez choisi
19:46 et on discute après.
19:48 Alors, on a posé le problème au début de la Parcours et qu'on a dit Parcours est
19:54 un lieu différent des autres lieux d'accueil, des autres lieux d'émergement.
19:59 Alors, de Saint-Paul au hôtel jusqu'à l'hôpital, en passant par la prison, par les centres
20:04 d'appel d'urgence, tous les lieux de mise à l'écart de l'enfermement avec le règne
20:08 strict.
20:09 Et par contre, dans son expérience en Mitterrand, qui est ainsi de concilier les différents
20:19 aspects d'occupation des lieux.
20:21 On a connu d'abord la tente, le parking, je ne sais pas, le carnage, hein, le carnage,
20:29 oui, le carnage, je t'en ai parlé à l'hôtel de Thon, je ne compte pas ces autres.
20:34 Mais tous ces lieux, on a en tout fait l'expérience, on les part, on sait comment vivre dans ces
20:39 lieux, on a la possibilité à l'époque d'habiter ces lieux.
20:43 Et effectivement, ici, ce qui était important, c'est cette...
20:49 Bon, voilà, j'ai cette expérience d'habiter, elle est problématique, évidemment, c'est
20:58 pour ça qu'on s'y penche, comment faire pour que je puisse espérer un rejoint de
21:06 droite de main, par exemple, dans lequel on a quand même fait des règles de stig.
21:10 Comment réaliser dans le futur ?
21:13 Et ce qui a été intéressant ici, j'ai vu le cercle de Schumacher, chez les...
21:20 Je ne connais pas les signes.
21:22 - Chez les autres, enfin.
21:24 - C'est qu'on essayait d'emboîter toute cette expérience qu'on avait d'habiter.
21:30 Et c'était très difficile.
21:32 C'est ce qui a posé problème ici, en disant, bon, je m'y tire, je reste là, ici, c'est
21:37 quoi ce lieu où je n'arrive pas, comment dire, à comprendre.
21:41 Alors que d'habitude, je comprends ce que j'habite, ce qu'il dit.
21:45 Donc il était absolument nécessaire de vivre pendant à peu près six mois l'expérience
21:52 de ce lieu.
21:54 Alors, moi, j'ai mis du temps à passer de ma chambre à la salle à manger, puis au jardin,
22:03 et j'ai mis plusieurs mois à revestir cette salle commune, qui m'impressionne.
22:08 - Merci.
22:13 Oui, alors on a fait le choix d'une vidéo parce qu'affite comme moi, on a du mal à
22:17 tenir en cinq minutes.
22:19 - C'est le défi pourtant.
22:20 C'est un défi.
22:22 Merci d'abord, affite, de nous avoir laissé regarder cette vidéo.
22:27 En filigrane, ce dont parle affite, c'est une question de la temporalité.
22:31 C'est cette question d'une temporalité longue.
22:34 Le dispositif Parcours, il a été créé dans le cadre de l'AMI, l'appel à manifestation
22:38 d'intérêts porté par la DIAL et dans le cadre de la stratégie du plan pauvreté,
22:42 pour travailler auprès des personnes qu'on appelle en situation de grande marginalité,
22:47 c'est-à-dire concrètement les personnes qui ne pouvaient plus, voire ne voulaient plus
22:51 rentrer dans les dispositifs de droit commun.
22:53 On parle ici de personnes qui sont dans des situations de non-recours au droit,
22:57 donc qui ne demandaient plus.
22:59 Des personnes qui, dans le cadre du dispositif, ont jusqu'à 30 ans de rue,
23:05 30 ans de vie à la rue ou dans une grande errance.
23:08 Des personnes qui ne pouvaient plus rentrer dans les dispositifs,
23:14 du fait de multiples exclusions, notamment par rapport au non-respect des règles de vie
23:18 ou au refus des règles de vie qui sont proposées sur le dispositif.
23:21 Et enfin, des personnes pour lesquelles les dispositifs n'avaient pas de solution,
23:27 c'est-à-dire à la fois des personnes qui avaient de multiples animaux,
23:29 des personnes qui étaient en groupe et qui refusaient d'être séparées.
23:33 Donc la première action pour nous, c'est effectivement d'aller rencontrer les personnes
23:41 et de travailler avec elles l'éventuel accès sur le dispositif.
23:44 Donc les personnes accèdent au dispositif directement depuis la rue,
23:47 dans le cadre d'une orientation par les équipes mobiles.
23:52 Et...
23:55 Je vais... Ouais.
23:57 Directement depuis la rue.
23:59 Et proposer aux personnes le choix d'un axe d'engagement,
24:03 qui peut se traduire ensuite par un axe d'accompagnement,
24:06 mais d'abord un axe d'engagement qu'on a organisé sous forme de cinq modules.
24:10 Le premier module, c'est le module tisser des liens.
24:13 Et c'est un module qui est essentiel. Il parle là encore de la temporalité,
24:16 c'est-à-dire combien de temps il faut à la personne pour pouvoir tisser un lien de confiance
24:19 qui va permettre d'aller au-delà dans l'accompagnement.
24:22 C'est un peu ce que disait Afid dans la vidéo.
24:24 Ça veut dire d'avoir la possibilité de tisser des liens avec les personnes
24:27 avant même qu'elles rentrent dans le dispositif
24:29 et avant même qu'elles rentrent dans un éventuel hébergement.
24:33 Le deuxième axe, évidemment, ça va être la question de l'axe d'habiter.
24:37 Donc le module habiter. Et là, encore une fois, dans cette expérimentation,
24:41 c'est de pouvoir proposer aux personnes d'être hébergées dans le cadre du dispositif.
24:45 Donc on a comme ça 18 personnes qui sont hébergées dans le cadre du dispositif,
24:48 mais de pouvoir être accompagnées aussi hors hébergement.
24:50 Et d'avoir la possibilité de faire des allers-retours entre les deux.
24:53 Afid dit bien à quel point c'est compliqué de s'inscrire dans un nouveau lieu,
24:57 surtout après une longue période d'errance.
24:59 Et cette possibilité d'aller-retour, cette possibilité d'être accompagnée
25:03 avant même de rentrer dans ce cadre-là,
25:05 et voir aussi la possibilité d'être accompagnée hors d'un hébergement collectif.
25:09 Puisqu'il y a effectivement un certain nombre de personnes.
25:11 Donc on a aujourd'hui trois personnes qui sont accompagnées vers et dans le logement,
25:15 dans ce cadre-là.
25:17 Le troisième module est un module qui parle de prendre soin.
25:22 Donc dans prendre soin, on parle évidemment de la réduction des risques.
25:26 C'était un des axes forts de l'appel à manifestation d'intérêt.
25:30 Donc on travaille avec la réalité des risques et des dommages
25:34 auxquels sont confrontés les personnes.
25:35 Alors on parle évidemment d'addiction,
25:37 mais on parle de l'ensemble des risques possibles.
25:40 Donc l'interdiction de consommer sur les sites n'a pas lieu sur le site de Téné.
25:47 Les personnes ont le droit de boire librement de l'alcool sur tout le site.
25:51 On ne peut pas évidemment se substituer à la loi sur les produits toxiques.
25:56 En tout cas, nous, on n'a pas d'action d'interdiction.
26:01 Ou en tout cas, sur ce regard, les personnes font ce qu'elles veulent dans leur lieu de vie.
26:06 Ça recouvre évidemment le prendre soin aussi,
26:08 la capacité d'avoir accès aux droits et de pouvoir, à un moment donné,
26:12 ouvrir des droits et avoir la possibilité ensuite d'agir.
26:17 Le quatrième axe, c'est l'axe en face direct, c'est la question de se soigner.
26:22 Donc c'est de rentrer dans un parcours de soins.
26:26 Parcours de soins qui peut être dans l'ordre et dans le désordre somatique,
26:30 psychique, psychiatrique ou addicto.
26:35 La majorité des personnes ont à un moment donné un parcours de soins,
26:41 où on la demande à minima d'entrer dans un parcours de soins dans le cadre du dispositif.
26:47 Le dernier axe, c'est l'axe de reprendre une activité.
26:52 Alors reprendre une activité, chez nous, c'est protéiforme.
26:55 Ça commence par s'impliquer dans le dispositif,
26:57 puisqu'on a cette particularité d'avoir co-construit le dispositif
27:01 avec une douzaine de personnes concernées, dont 5 personnes sont restées avec nous à l'issue
27:06 et ont intégré le dispositif.
27:08 Donc on a eu deux mois de travail, on a entièrement co-écrit le projet de service
27:13 depuis la proposition de l'accompagnement, mais jusqu'au fonctionnement de l'équipe.
27:18 Et ça se poursuit dans le temps, puisqu'encore il y a deux semaines,
27:22 on avait 5 personnes concernées avec nous pour réfléchir en équipe
27:25 à la façon dont on allait, nous, modifier nos façons de travailler,
27:28 nos façons d'intervenir en tant qu'équipe professionnelle.
27:33 Ça commence là, ça commence par l'implication, ça se traduit aussi par du bénévolat,
27:37 avec des personnes qui s'impliquent dans diverses actions bénévoles,
27:40 jusqu'à l'accès à l'emploi, favorisé à l'accès à l'emploi par des dispositifs adaptés.
27:47 Donc on a travaillé notamment sur le dispositif Premières heures,
27:50 qui est arrivé sur le territoire récemment, qui part du principe de proposer aux personnes
27:57 une montée graduelle dans l'emploi à partir d'une demi-journée de travail.
28:03 Voilà.
28:05 À travers le dispositif Parcours, l'idée est effectivement de montrer à quel point
28:14 l'accompagnement des personnes se joue dans la temporalité.
28:17 C'est-à-dire qu'à partir du moment où on veut permettre aux personnes,
28:20 j'ai entendu beaucoup parler d'aller vers, beaucoup parler de développement du pouvoir d'agir.
28:24 Le développement du pouvoir d'agir, ça passe d'abord par agir.
28:27 On a du mal à le donner.
28:30 Et permettre aux personnes d'être en action, et permettre aux personnes de faire,
28:35 y compris dans le comportage d'un projet, ça prend du temps.
28:38 Et ça prend aussi du temps de s'inscrire dans un projet,
28:42 de reprendre la main sur une trajectoire de vie.
28:44 Donc on a des personnes qui sont avec nous maintenant depuis deux ans.
28:47 Le projet n'a pas de... l'accueil sur le dispositif n'a pas de durée.
28:52 C'est évidemment temporaire, mais c'est effectivement donner le temps aux personnes
28:56 de se ressaisir après un long parcours d'errance.
29:00 Je vais m'arrêter là et vous laisser la parole aux questions,
29:02 ce qui permettra peut-être à Phy de s'y prendre la parole.
29:05 Est-ce qu'il y a des questions, effectivement ?
29:12 Non ?
29:14 Alors je peux en poser une, peut-être ? Vous êtes sûr ?
29:17 Vous parliez à Phy d'un lieu, dans la vidéo, que vous n'arriviez pas à comprendre.
29:23 Qu'est-ce qu'il y avait de difficile à comprendre dans le fonctionnement de ce lieu ?
29:28 Du lieu spécifique, ou parcours, ou du lieu en général ?
29:34 Spécifique ? Parcours, on reste sur parcours, oui.
29:38 Parcours était un surgissement, finalement, pour moi, au moment du déconfinement.
29:45 Le confinement a posé, comment dire, la problématique d'habiter dehors, d'être dehors,
29:51 et d'habiter dedans, se dur dedans.
29:53 Et le confinement nous a permis, comment dire, de nous retrouver tous ensemble
29:58 dans une expérience, préalable à celle de parcours,
30:02 dans une expérience, comment dire, de cohabitation,
30:05 non pas simplement entre nous, entre citoyens,
30:10 mais de cohabitation, comment dire, du dedans et du dehors.
30:16 Ce double désir, comment dire, de ceux qui sont dehors,
30:19 qui espèrent aller dedans, se loger, par exemple,
30:22 et ce désir aussi de ceux qui ont été à l'occasion de ce confinement privé,
30:27 de la liberté de la rue,
30:29 de comprendre ce que peut signifier le confinement,
30:32 de la liberté de la rue, de comprendre ce que peut signifier aussi le dehors.
30:37 Et Parcours, dans la temporalité qu'il propose,
30:42 dans le lieu, comment dire, qu'il occupe aussi,
30:46 nous permet, comment dire, d'accéder à quelque chose qui nous échappe la plupart du temps,
30:52 qui m'a échappé à moi pendant très longtemps,
30:55 c'est comment fonctionne le pouvoir d'habiter.
31:00 Le pouvoir d'agir, bien sûr, le pouvoir de désirer,
31:03 mais le pouvoir d'habiter.
31:05 Habiter Parcours, c'est habiter un lieu,
31:07 mais c'est aussi habiter de nouvelles règles,
31:10 mises en jeu, créées par Parcours.
31:12 Et moi, ce que j'ai compris à ce moment-là,
31:15 c'est qu'au-delà, comment dire, du fait d'habiter tel et tel dispositif,
31:21 structure d'hébergement ou d'accueil,
31:23 il s'agit à un moment de comprendre
31:25 comment habiter les différentes règles et règlements
31:28 qui sous-tendent l'existence de ces structures.
31:32 Et à ce moment-là, j'ai fini par comprendre
31:36 qu'il était absolument nécessaire
31:38 que je comprenne, que je sois capable
31:42 d'habiter ce verbe, justement, habiter, le comprendre.
31:47 Habiter ma présence au monde,
31:49 ma présence à Parcours, évidemment,
31:51 qui permet, non pas seulement l'aller-retour entre dedans et dehors,
31:56 mais l'aller-retour entre cette vaste hésitation
32:02 qui nous fait dire constamment
32:05 "Est-ce que je fais partie de la ville, de la cité ?"
32:09 Voilà.
32:10 Merci beaucoup de ce témoignage.
32:12 [Applaudissements]