• l’année dernière
Apres les abominables attentats survenus en Egypte le dimanche des Rameaux, le père Henri Boulad a publié un sévère « J’accuse » qui fera date. Ce prêtre égyptien qui parcourt le monde pour éveiller les consciences endormies dénonce l’islamisme qui, dans son pays comme partout dans le monde, s’est enferré dans un dogmatisme dont il ne parvient pas à sortir. Il désigne aussi les grandes nations occidentales qui tout en prétendant défendre les valeurs de liberté, de démocratie et de droits de l’homme collaborent activement avec un islam fondamentaliste pour des intérêts bassement économiques et financiers.

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00:00 [Musique]
00:22 Henri Boulade a presque 86 ans, il est entré chez les jésuites à l'âge de 19 ans.
00:28 Il a passé sa vie en Égypte au service des communautés chrétiennes.
00:32 C'est une personnalité marquante, auteur de très nombreux ouvrages de référence.
00:36 Le père Henri Boulade est l'invité de TV Liberté.
00:39 Bonjour mon père. – Bonjour monsieur Vies.
00:41 – Merci de consacrer votre temps de passage en France
00:44 à une présence sur les studios de TV Liberté.
00:48 Vous avez, je l'ai dit, passé une grande partie de votre vie en Égypte.
00:52 Vous connaissez donc parfaitement ce pays.
00:55 Quel est encore le rôle de l'Église catholique des chrétiens en Égypte ?
01:00 – Il faut distinguer l'Église catholique et les chrétiens.
01:04 Les chrétiens représentent 10 millions d'habitants sur 90 millions.
01:09 Les catholiques représentent 200 000 environ, donc une minorité dans la minorité.
01:16 Ils ont un poids spécialement à travers le réseau d'enseignement catholique,
01:21 qui est énorme. Nous avons 170 écoles catholiques
01:26 où les musulmans représentent 60% à peu près.
01:33 Et les musulmans sont les premiers à courir derrière cet enseignement catholique.
01:38 Et donc à travers l'enseignement catholique et à travers,
01:41 je dirais, notre affiliation au Vatican, il y a un poids moral considérable,
01:50 mais l'Église majoritaire, évidemment, c'est l'Église copte orthodoxe.
01:56 – Après les abominables attentats survenus en Égypte,
02:00 c'était au Dimanche des Rameaux, avant Pacte cette année,
02:03 vous avez prononcé un serment, un sévère j'accuse,
02:08 un j'accuse où vous ne vous êtes pas seulement adressé au terroriste.
02:14 – Oui, c'est-à-dire que j'accuse l'idéologie et le système de pensée
02:21 qui est derrière le terrorisme. Je disais bien j'accuse l'islam
02:26 parce que l'islam est à la source de ces actes horribles qui ont été commis,
02:35 de par l'enseignement officiel de l'islam, c'est-à-dire par le Coran,
02:43 les Hadiths et l'Avid Mohamed qui est une incitation à la haine du chrétien et du juif,
02:53 et il est spécifié dans le Coran qu'il faut les haïr, nous haïr, disons, si je puis dire.
03:05 Et donc si vous voulez, ce qu'on appelle terrorisme, c'est un euphémisme si je puis dire,
03:12 on ne peut pas dénoncer l'islam. Or dans ce texte-là, j'ai finalement décidé de dénoncer
03:19 la source de ce terrorisme qui n'est pas simplement islamiste mais islamique,
03:26 ça veut dire que ce n'est pas simplement d'un courant mais il s'agit de ce que l'islam enseigne.
03:36 C'est là que je dénonce non seulement l'islam mais je dénonce la source principale de radicalisation dans le monde
03:46 qui est l'Azhar, la grande université.
03:50 – Alors j'y viens effectivement, Azhar est la plus ancienne d'ailleurs université islamique au monde,
03:57 je crois qu'elle doit avoir près de 1000 ans, c'est quand même une référence,
04:01 c'est une institution qui reste très académique mais qui est présentée en Occident,
04:06 tout au moins comme un rempart, frêle rempart, mais un rempart quand même à l'extrémisme islamique.
04:12 Mais pour vous, l'Azhar, elle, n'incarne pas du tout cet islam modéré.
04:16 – Pas du tout, ils se prétendent modérés mais ils ne le sont pas, si vous voulez.
04:22 Lorsque le président Sisi a plusieurs reprises a demandé au chef de l'Azhar, Ahmed El Taïb,
04:32 de supprimer de ses programmes ces textes qui sont enseignés des enfants de 13, 14 ou 15 ans,
04:40 sans parler du niveau universitaire, qui disent haïsser le chrétien et le juif,
04:47 couper la main de telle manière, couper le pied de telle manière, tuer l'apostat,
04:53 et que cet enseignement qui est diffusé à travers les centaines de milliers de chèques
05:02 et d'imams qui suivent l'enseignement, qui se répand à travers le monde entier,
05:07 donc la source principale du radicalisme musulman et donc du terrorisme qui s'en suit,
05:15 c'est bien cet enseignement qui est dispensé au CAIR.
05:19 Le CAIR justement est un peu la source de cette idéologie mortifère.
05:27 C'est ainsi que, voyant l'image de l'islam terni, si je puis dire, par ses actes récurrents,
05:41 le président Sisi a demandé à maintes reprises au CAIR de l'Azad de supprimer ses textes,
05:48 de ses manuels et de son enseignement.
05:51 Il ne l'a pas fait et il ne le fera pas parce que cet enseignement,
05:55 c'est l'enseignement officiel de l'islam.
05:58 Alors il se trahirait lui-même en les supprimant.
06:01 Mais pourtant, mon père, dans votre réflexion, vous êtes bien obligé de tenir compte
06:06 de ces nouveaux penseurs musulmans qui sont d'Orient et aussi d'Occident
06:10 et qui cherchent à amorcer une réforme en profondeur de l'islam.
06:14 Il existe peut-être un moyen de travailler avec eux ?
06:17 Mais nous travaillons avec eux à longueur d'années.
06:20 Ça fait des années que je travaille avec les musulmans.
06:22 Je discingue entre l'islam et les musulmans.
06:25 Et dans ce texte que j'ai publié, j'accuse l'islam,
06:32 mais je n'accuse pas les musulmans qui sont majoritairement modérés, affables, gentils,
06:40 parmi lesquels j'ai des quantités d'amis.
06:42 Donc c'est cet amalgame entre islam et musulmans
06:46 qui fait qu'on n'arrive pas à se faire comprendre.
06:49 Alors je suis islamophobe, mais je ne suis pas musulmanophobe.
06:54 Mais le problème, c'est que les musulmans sont les premières victimes de l'islam.
06:58 Donc en d'autres termes, élevés dans cette idéologie,
07:03 ce fascisme comme dirait Hamed Abdeslamad,
07:06 qui est le grand penseur musulman,
07:09 qui enseigne en Allemagne et qui a publié l'année dernière un livre intitulé "Le fascisme musulman".
07:16 Donc les musulmans sont les premiers à dénoncer ce qui se passe.
07:21 On a des quantités de penseurs dont vous parliez il y a un instant, n'est-ce pas ?
07:24 Musulmans qui se rendent compte qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
07:29 Et donc le vert est dans le fruit, si je puis dire.
07:32 On veut innocenter l'islam.
07:35 Moi je n'innocente pas l'islam, j'innocente les terroristes.
07:41 Parce qu'ils sont gavés de cette idéologie.
07:45 Et alors ils agissent selon ce qu'il leur est demandé de faire.
07:49 Ainsi il y a des penseurs qui refusent cet extrémisme islamiste.
07:53 Néanmoins on ne voit pas de foule de musulmans dont vous appréciez l'accompagnement,
08:00 le fait que vous avez toujours travaillé avec eux.
08:03 On ne voit pas de résistance, on ne voit pas de rébellion, de révolte, de révolution.
08:09 Il y a une résistance de plus en plus grande par rapport à cet enseignement.
08:14 Ce qu'on appelle les libéraux.
08:16 Ils sont de deux catégories.
08:18 Les intellectuels, les journalistes, les écrivains, les professeurs d'université.
08:24 Ce monsieur dont je vais parler tout de suite.
08:27 Et il y a le peuple, la jeunesse.
08:31 La jeunesse qui est très branchée sur les réseaux sociaux.
08:37 Lui aussi rejette ce radicalisme, cette attitude, comment dire, intolérante.
08:49 Mais ils ne font pas le poids.
08:51 C'est ça le problème.
08:52 C'est que ni les intellectuels, ni le peuple, la jeunesse,
08:56 fait le poids par rapport à cet enseignement qui est plus que millénaire
09:03 et qui s'est bloqué, figé, sclérosé et qui est enseigné systématiquement depuis lors.
09:12 Il y a eu plusieurs tentatives de réformes.
09:15 Je ne vais pas remonter à dix siècles en arrière.
09:20 Mais je prends les deux derniers siècles.
09:24 Une première réforme, c'est celle de Mohammed Ali, ce qu'on appelle le pharaon du 19ème siècle,
09:31 qui a régné 44 ans sur l'Égypte et qui a essayé pendant 44 ans de moderniser l'Égypte.
09:40 Ça a été foudroyant.
09:42 L'Égypte est devenue un pays européen pratiquement.
09:45 Et à travers la France d'ailleurs, qui a été un des agents premiers de cette modernisation de l'Égypte.
09:55 Et on pensait que l'Égypte était finalement entrée dans la modernité.
10:00 Ça a duré un siècle et demi.
10:03 Il y a eu Mohammed Ali, il y a eu son petit-fils Ismail, qui a ouvert le canal de Suez d'ailleurs.
10:10 Et il y a eu tout ce courant libéral et éclairé qui s'est terminé avec Nasser.
10:17 Bon. Il y a eu une deuxième tentative avec ce qu'on appelle le réformisme musulman,
10:23 au 19ème siècle avec Afghani.
10:29 Afghani c'était un afghan, mais d'origine, et qui a eu des disciples.
10:34 Et c'est ce réformisme qui consiste à retourner aux sources,
10:41 a abouti au frère musulman de 1928.
10:44 En d'autres termes, réformer l'Islam, c'est revenir à des sources
10:49 qui sont encore plus radicales que celles que nous connaissons.
10:52 Les frères musulmans, c'est l'emblème de l'Islam le plus radical.
10:57 Il y a eu une troisième tentative de réforme avec ce qu'on appelle la Renaissance,
11:01 la Nahda, à la fin du 19ème, début du 20ème, des Syro-Libanais venant de Syrie et du Liban,
11:09 qui ont lancé la presse, la littérature, le roman, le cinéma.
11:15 Ça a fini avec Nasser. Troisième tentative.
11:19 Quatrième tentative, ça a été Saad, Zardoul, le nationalisme égyptien,
11:24 pour en séparer le religieux du politique.
11:28 Ça a fini avec Nasser.
11:31 Il y a eu une autre tentative, celle de la Turquie, la Turquie kémaliste,
11:39 qui a cherché à moderniser l'Islam.
11:41 Ça a fini avec Erdogan, où on est revenu à la case départ, et pire encore.
11:46 Il y a eu finalement le Cheikh Mohamed Mahmoud Taha, à Khartoum,
11:55 qui a voulu inverser la théorie de l'Abreugent et de l'Abreuger
12:00 pour que les versets meccois prévalent sur les médinois,
12:05 parce qu'ils sont beaucoup plus tolérants.
12:09 Il a été pendu sur la place de Khartoum le 18 janvier 1985.
12:16 Donc toutes les tentatives de réforme de l'Islam que tout le monde souhaite
12:21 ont échoué lamentablement. Pourquoi ?
12:24 Parce qu'elles vont à contre-courant de ce qu'est l'Islam.
12:29 Alors c'est là que je dénonce l'Islam en tant qu'Islam.
12:32 – Alors vous travaillez avec les musulmans, je le disais,
12:34 vous l'avez fait bien évidemment, ça a été votre cas.
12:36 Vous avez été recteur à collège de Jésus-Tocquer.
12:39 Ces musulmans et chrétiens étudiaient ensemble, ils vivaient donc ensemble.
12:44 Est-ce qu'aujourd'hui vous considérez que ça n'est plus vraiment possible ?
12:48 – Non c'est tout à fait possible, ça continue.
12:51 60% ou 70% de nos élèves dans nos écoles catholiques sont musulmans.
12:56 Ils vivent en parfaite harmonie avec les autres.
12:59 Mais l'Islam qu'ils vivent n'est pas l'Islam officiel.
13:04 C'est un Islam édulcoré qu'on a mis à la sauce de la modernité
13:10 parce qu'en fait l'Islam vrai, officiel, n'est pas vivable.
13:18 On ne peut pas vivre.
13:19 Si vous voulez, il y a une espèce de compromis.
13:23 Mais ceux qui veulent se réclament de l'Islam authentique,
13:31 orthodoxe, sunnite, ce sont les vrais musulmans,
13:35 ce sont les plus fidèles à l'Islam.
13:37 Et alors c'est là le problème, c'est que l'Islam est en conflit avec lui-même.
13:42 C'est ça la grande crise de l'Islam en ce moment.
13:46 C'est que l'Islam est en conflit avec lui-même
13:49 et cette guerre intestine se traduit par des guerres réelles.
13:55 C'est pas simplement chiisme contre sunnisme.
13:58 C'est pas simplement ces deux grands courants.
14:01 C'est les libéraux contre les radicaux.
14:06 C'est toute la jeunesse contre la vieille garde.
14:13 Je peux dire qu'il y a une espèce de malaise profond dans l'Islam
14:17 parce qu'il sent qu'il ne peut pas continuer sans se moderniser.
14:25 Mais il ne parvient pas à le faire parce qu'il est tenu par les scribes et les pharisiens,
14:32 si je puis dire, qui lui disent "non, là tu es en dehors de l'Islam".
14:37 Alors c'est là le grand malaise de l'Islam
14:41 qu'il se ressent dans ce monde arabe qui est en lutte perpétuelle avec lui-même.
14:46 Alors mon père, on le voit bien, les téléspectateurs l'entendent et le voient,
14:50 vous exprimez dans un français excellent, remarquable même,
14:53 et vous êtes francophile.
14:56 Francophile, francophone, si je puis dire, oui.
15:00 Mais votre dénonciation de l'islamisme, elle se passe aussi, dans votre j'accuse,
15:04 par une mise en cause directe de la hiérarchie catholique française,
15:09 ce qui est très rare, ce qui est très rare, non pas qu'elle soit mise en cause,
15:12 mais qu'elle soit mise en cause par des prêtres,
15:14 coupables à vos yeux de faire preuve de complaisance,
15:17 c'est le terme que vous utilisez avec l'islamisme.
15:19 Vous parlez même de 50 ans d'initiative à sens unique.
15:23 C'est terrible comme constat ça.
15:25 Oui, c'est terrible comme constat, mais c'est réaliste.
15:29 C'est pas simplement la hiérarchie française, je dirais,
15:34 c'est tout le courant qui a été amorcé avec le décret Nostra Aetate de Vatican II, 1965,
15:43 où on a commencé vraiment un dialogue qui se voulait ouvert,
15:48 accueillant, compréhensif avec les musulmans.
15:53 Depuis 50 ans, on n'a pas fait un pas en avant.
15:57 On a eu de belles déclarations, on a eu des textes,
16:01 on a eu des rencontres, on a eu des sourires,
16:04 on a eu des cafés ensemble, on a eu des congrès un peu partout,
16:10 mais je demande, résultat concret,
16:14 quel pas en avant avons-nous fait ?
16:17 Et si nous continuons comme ça,
16:20 et bien c'est l'impasse, et nous sommes dans l'impasse.
16:24 Alors moi ce que je demande, c'est un dialogue fondé sur la vérité.
16:30 La charité sans la vérité, ça ne va pas.
16:34 Et je me réfère au somme 82 qui dit
16:40 "Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s'embrassent".
16:46 Amour et vérité.
16:49 Le pape Benoît XVI était très conscient de ça,
16:53 et il a mis le doigt sur la plaie.
16:56 - Apparemment à Ratisbonne peut-être ?
16:59 - À Ratisbonne, c'est son fameux discours de Ratisbonne, n'est-ce pas ?
17:02 Il disait "Mettons la raison au cœur de notre débat".
17:09 "Mettons des valeurs communes".
17:13 Quelles sont ces valeurs ?
17:15 Coranique ? Non.
17:16 Évangélique ? Non.
17:17 Parce que chacun se réclame de son livre.
17:21 Alors qu'est-ce qu'il faut ?
17:23 Il faut la raison, la vérité, la justice, les faits, l'histoire.
17:30 Or, quand on refuse l'histoire, quand on refuse la raison,
17:35 quand au bout de deux heures, le fameux islamologue égyptien,
17:40 un Awati, un Dominicain très connu,
17:43 qui était un ami à moi, il est mort depuis,
17:46 il me disait "J'ai passé deux heures avec un cher de Lazare,
17:50 qui m'écoutait très gentiment, très attentivement, avec un sourire,
17:55 et quand j'ai eu terminé, au lieu de me répondre,
17:58 de répondre à des arguments par adès d'autres arguments,
18:02 il me dit "Ecoutez, vous et tous les chrétiens finiront en enfer".
18:07 Ça a été la conclusion du dialogue.
18:09 Alors, pratiquement, il nous écoute, il nous sourit,
18:14 et il n'en pense pas moins, finalement, rien ne bouge.
18:18 Rien n'a bougé pendant onze siècles.
18:20 Mais vous êtes jésuite, le pape qui est le pape actuel,
18:24 le pape François, il est jésuite comme vous,
18:26 est-ce que ça ne vous aide pas à mieux comprendre sa démarche
18:29 et peut-être à dialoguer avec lui ?
18:32 Je lui ai envoyé une lettre, il y a huit mois à peu près,
18:37 en lui disant "Très sympa, cher confrère, puisqu'il est jésuite comme moi,
18:43 je vous aime, je vous admire, mais permettez-moi de vous faire une petite remarque,
18:52 il y a deux points sur lesquels je ne suis pas d'accord avec vous.
18:55 L'islam, que vous ne connaissez pas pour n'avoir pas vécu,
18:58 l'islam, qu'un temps qu'on n'a pas vécu et qu'on n'a pas baigné dedans,
19:03 on ne sait pas ce que c'est, si on l'apprend par des encyclopédies
19:08 ou un enseignement académique, on ne sait pas.
19:10 Je lui ai dit "Vous n'êtes pas d'accord sur ce point-là
19:13 et sur l'immigration massive en Europe que vous encouragez."
19:17 Alors, il ne m'a pas répondu.
19:19 Je lui ai expédié la lettre.
19:20 La première lettre lui a été remise par le cardinal Schönborn,
19:23 personnellement en main.
19:26 La deuxième lettre, je l'ai traduite en espagnol
19:29 et je l'ai envoyée par un évêque de mes amis égyptiens,
19:33 il y a trois mois, dans sa visite à Limina.
19:38 Donc, il a reçu cette lettre en main.
19:40 Il ne m'a pas répondu.
19:42 Or, il y a un quart d'heure, on me disait que quelqu'un
19:45 qui lui envoie des voeux de Noël, il lui répond.
19:49 Il a tout un secrétariat pour ça, mais moi, son confrère,
19:54 je dirais son aîné, si je puis dire,
19:57 et qui a quelque chose à dire, je lui ai proposé
19:59 de le rencontrer, de dialoguer, de causer,
20:03 afin de non recevoir.
20:05 Je suis surpris et un peu peiné, si je puis dire.
20:10 Alors, aujourd'hui, quels sont les défis auxquels l'Égypte doit faire face
20:13 et puis aussi, quel avenir pour les chrétiens en Égypte,
20:16 les catholiques et les chrétiens ?
20:18 L'Égypte est à la croisée des chemins.
20:23 Il y a beaucoup de signes d'optimisme,
20:27 parce qu'avec le président Sisi, on se sent,
20:31 les chrétiens se sentent un peu soutenus,
20:34 mais dans le concret, il est un peu débordé
20:37 ou dépassé par la situation.
20:39 Il a mis hors la loi les frères musulmans
20:42 par cette révolution du 3 juillet 2013,
20:49 où il a pris le pouvoir.
20:52 Mais les frères musulmans qui ont été exclus officiellement sont partout,
20:56 infiltrés partout dans la société, dans la police,
20:59 même un peu dans l'armée, mais dans tous les ministères,
21:02 en particulier l'éducation.
21:04 Alors, ça freine tout.
21:08 L'islamisme, l'Égypte est gangrenée par l'islamisme
21:15 et il n'arrive pas.
21:21 Alors, il a remplacé les frères musulmans par les salafistes,
21:24 mais c'est du pareil au même, c'est la même idéologie,
21:27 la même mentalité.
21:29 En d'autres termes, la société est islamisée
21:35 de façon profonde, il est un peu débordé.
21:40 À part cette question, il y a la question économique.
21:44 L'Égypte est dans une situation économique désastreuse.
21:48 Il n'y a plus d'investissement étranger, il n'y a plus de tourisme,
21:51 qui sont les deux premières sources de revenus de l'Égypte.
21:57 Alors, face à cette insécurité à cause des islamistes,
22:04 face à cette précarité de l'économie,
22:10 et une montée démographique galopante,
22:15 3 millions chaque année d'égyptiens en plus,
22:18 quand j'étais petit nous étions 15 millions,
22:21 maintenant nous sommes 95.
22:23 Ce n'est pas une vie de ma vie.
22:26 Donc, il est dépassé, il est débordé.
22:30 Alors, il n'arrive pas à mettre en question
22:34 l'article 2 de la constitution qui stipule que l'islam est religion d'État,
22:40 parce qu'il y a Lazare, il y a les frères musulmans, il y a le peuple.
22:46 Donc, je dirais que l'Égypte est dans une souricière,
22:50 de même que l'islam est dans une souricière.
22:53 Et il y a une crise qui n'est pas simplement égyptienne,
22:57 qui est celle de toutes ces sociétés arabes
23:01 qui sont embourbées dans un marécage
23:07 dans un sens dont ils n'arrivent pas à se sentir.
23:11 Et les chrétiens dans tout cela en Égypte ?
23:14 Et les chrétiens subissent des persécutions récurrentes,
23:17 comme vous le savez très bien.
23:19 La dernière c'était ces deux autobus de pèlerins
23:23 qui allaient vers un couvent pour prier,
23:25 on les descend un à un,
23:27 "abjure ta religion, dis la shahada",
23:30 "non, tach", le second, le troisième,
23:33 dont une trentaine, dont une dizaine d'enfants
23:37 qui ont préféré la mort,
23:40 après avoir vu leurs aînés être tués,
23:43 préférer la mort à l'abjuration.
23:46 Et ça a été la même chose avec ces 21 jeunes
23:51 qui rentraient de Libye, qui ont été exécutés,
23:54 mais alors là, c'était pas avec une balle,
23:56 c'était avec le couteau, comme tout le monde a pu le voir.
24:00 Ces jeunes habillés en orange,
24:03 et alors les agressions du Dimanche des Rameaux
24:06 qui ont donné lieu à Montex,
24:09 deux églises le même jour à une heure et demie d'intervalle,
24:13 attentat à Alexandrie,
24:15 avec une quarantaine de morts,
24:17 soit une cinquantaine de morts.
24:19 En d'autres termes,
24:21 c'est pas simplement les chrétiens,
24:23 c'est l'armée elle-même qui est attaquée
24:27 par ces islamistes.
24:29 Et donc, si vous voulez,
24:31 les chrétiens sont les premières victimes,
24:35 mais les chrétiens résistent
24:41 et ont une capacité de résilience
24:45 qui date de 20 siècles,
24:47 puisqu'ils sont nés dans...
24:50 C'est une église de martyrs,
24:52 dès l'origine du temps de Dioclétien,
24:54 du temps des Romains.
24:56 Alors avec l'Issam, ça a été bien pire.
24:59 Je commençais cet entretien en rappelant un fait.
25:04 Vous avez 86 ans,
25:06 c'est un âge où certains papes décident
25:08 de renoncer à leurs charges.
25:10 Est-ce que vous, vous avez...
25:12 Vous vous dites, alors que vous parcourez le monde
25:15 et l'Europe tout le temps pour éveiller,
25:18 est-ce que vous ne dites pas
25:20 "Je vais quand même maintenant poser mon baluchon" ?
25:23 Un terme un peu trivial.
25:24 Jamais, jamais.
25:26 On parle d'âge de la retraite.
25:28 Pour moi, la retraite se prendra
25:31 lorsque le Seigneur me dira "Arrête".
25:34 Mais jusqu'au dernier jour,
25:36 jusqu'au dernier souffle,
25:38 je me battrai, je parlerai
25:42 pour changer ce monde,
25:44 car la devise de ma vie, c'est changer le monde.
25:46 Alors, je dis quelques fois que
25:50 quand j'avais 76 ans,
25:53 donc il y a 10 ans environ,
25:56 le Seigneur m'a dit "Henri, tu marcheras sur les pas de Moïse".
25:59 Je lui ai dit "Seigneur, qu'est-ce que tu entends par là ?"
26:02 Il m'a dit "Tu vois, Moïse a commencé sa mission à 80,
26:05 il a terminé à 120".
26:07 Donc j'ai devant moi 34 ans d'action.
26:10 86 ans, je ne dirais pas le début de ma vie,
26:14 mais je suis prêt à me battre comme un lion jusqu'au bout
26:19 tant qu'il y aura cette pagaille généralisée dans le monde.
26:24 Si j'ai demandé à la société hongroise,
26:28 c'est que je pense qu'il y a dans ce bloc du V4
26:33 de la Hongrie avec ses trois voisins,
26:37 une volonté d'une autre société,
26:40 d'une Europe qui retrouve ses racines judéo-chrétiennes.
26:48 Et je retrouve ça un peu dans la Russie actuelle.
26:52 C'est pour ça que j'ai proposé,
26:55 pendant le déjeuner que j'ai eu avec Victor Orban,
26:59 de faire bloc avec la Russie.
27:01 – Il vous a demandé qu'est-ce qui pouvait vous faire plaisir, c'est ça en gros ?
27:04 – Oui, au départ c'était pour la citoyenneté,
27:07 mais quand il m'a invité à déjeuner avec lui au Parlement à Budapest,
27:12 eh bien là on a prolongé la conversation
27:15 et j'ai abordé des questions d'ordre politique.
27:20 Ce n'est pas mon rôle, mais en même temps,
27:22 je crois que politique, spiritualité et théologie se rejoignent.
27:28 Alors je pense qu'il faut, à mon avis, de toute urgence,
27:32 sauver l'Europe du naufrage, sauver la France du naufrage,
27:37 et que tant qu'on passe de concession en concession,
27:42 de silence en silence, de compromission en compromission,
27:46 rien ne changera.
27:47 Alors moi je suis pour la radicalité,
27:51 et donc je suis pour un discours clair, basé sur la vérité.
27:56 Et c'est ce qu'on refuse actuellement dans notre société,
27:59 et en Europe actuellement, on vous la boucle,
28:02 au nom de l'islamophobie, au nom de toutes les…
28:08 Enfin, je voudrais que construire une société,
28:14 reconstruire l'Europe sur d'autres bases,
28:17 une Europe qui est prise entre l'islam d'un côté
28:20 et la gauche libérale de l'autre,
28:22 chacune étant une idéologie, une pire que l'autre,
28:25 et les citoyens, le bon peuple,
28:30 ils ne comprennent pas,
28:32 parce que toute l'information est manipulée.
28:36 Alors Victor Orban qui vous avait proposé
28:39 de vous offrir la citoyenneté hongroise,
28:41 que vous avez accepté, ce qui vous permet,
28:43 vous me l'avez dit, de vous déplacer plus facilement
28:46 à travers toute l'Europe dorénavant,
28:48 pour poursuivre, non pas poser votre baluchon,
28:50 mais poursuivre votre chemin.
28:52 Merci d'être passé à TV Liberté.
28:54 Merci beaucoup M. Bilt.
28:56 Merci.
28:57 (Générique)
29:00 ---

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