Avec Sabine Prokhoris, philosophe et psychanalyste, auteure de « Le mirage # Me too » aux éditions du Cherche Midi et de « Les habits neufs du féminisme » aux éditions Intervalles.
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00:00:04 14h16, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:00:09 Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures.
00:00:13 Le consentement, voilà un mot bien à la mode, bien trop à mon avis,
00:00:17 et surtout mal compris par bon nombre de gens.
00:00:20 Je me souviens avoir écrit dans un ouvrage il y a quelques années
00:00:23 qu'il me semblait normal de parler de consentement lors du mariage,
00:00:26 puisque en effet il y a un contrat.
00:00:28 Mais parler de consentement dans des relations qui a priori devraient être
00:00:32 des relations de séduction, ça me semble particulièrement sclérose.
00:00:36 Avec mon invitée Sabine Procoris, qui est tout à fait de cet avis d'ailleurs je crois,
00:00:41 elle va dans un instant nous donner ses arguments,
00:00:44 et puis je vous invite à nous rejoindre pour donner votre avis également,
00:00:48 parce qu'après tout il y a peut-être certains d'entre vous qui ne sont pas d'accord
00:00:51 et qui considèrent que le consentement ça permet des rapports plus équilibrés
00:00:55 entre les hommes et les femmes.
00:00:57 En tout cas, la séduction, je crois qu'on est tous d'accord,
00:01:00 ce serait bien qu'elle puisse continuer et qu'elle existe dans nos relations humaines,
00:01:04 sinon on risque bien de la perdre justement cette humanité,
00:01:08 parce que dans les relations humaines, c'est jamais tout noir ou tout blanc,
00:01:13 c'est jamais tout oui ou tout non,
00:01:15 et c'est peut-être là-dessus qu'on va commencer avec Sabine Procoris.
00:01:19 En tout cas je vous invite à réagir en nous appelant au 0 826 300 300.
00:01:23 Bonjour Sabine Procoris.
00:01:25 Bonjour, merci pour votre invitation.
00:01:27 Alors vous êtes à la fois psychanalyste, mais vous êtes également philosophe,
00:01:32 vous avez beaucoup beaucoup travaillé par rapport à Me Too,
00:01:35 notamment en écrivant ce livre "Le Mirage Me Too"
00:01:38 qui était aux éditions du Cherche Midi.
00:01:41 Vous avez écrit également un joli livre, un petit livre aux éditions Intervalle,
00:01:47 "Les habits neufs du féminisme", vous revenez sur cette vaste question.
00:01:52 Alors je viens juste de dire que le consentement,
00:01:56 moi ce qui me gênait c'est que c'est un peu tout oui ou tout non.
00:02:00 Vous êtes d'accord avec ça je suppose ?
00:02:02 Oui, c'est-à-dire qu'en fait quand on parle de consentement,
00:02:05 on renvoie un registre qui est celui de la volonté,
00:02:07 mais ce n'est pas la même chose que le registre du désir.
00:02:10 Le désir c'est un registre beaucoup plus ambigu
00:02:13 et qui naît évidemment au plus profond de soi-même,
00:02:17 mais on n'est pas l'auteur de son désir.
00:02:19 Il vous vient le désir, il est inspiré par ceci, cela,
00:02:22 et vous en êtes le sujet, c'est-à-dire vous l'assumez ou vous ne l'assumez pas,
00:02:26 mais vous n'êtes pas l'auteur du désir.
00:02:28 Donc le désir, et puis le désir peut être ambigu, ambivalent aussi,
00:02:32 c'est-à-dire vous pouvez désirer des choses contradictoires,
00:02:34 il y a plein de contes qui montrent ça, avec des conséquences assez comiques souvent.
00:02:39 C'est pour ça d'ailleurs qu'on veut interdire certains contes, ça m'étonne.
00:02:42 Alors par contre le consentement, comme vous l'avez très bien dit au début,
00:02:45 c'est le registre de la volonté,
00:02:47 c'est-à-dire où consciemment j'accepte tel ou tel,
00:02:51 de m'engager dans ceci ou dans cela.
00:02:54 Par exemple, vous parliez du mariage bien sûr,
00:02:57 mais on peut parler aussi quand vous faites opérer par un chirurgien,
00:03:00 vous signez un consentement à l'opération,
00:03:02 vous savez que vous serez endormi pendant l'opération
00:03:05 et que par conséquent le chirurgien va, avec ses instruments,
00:03:09 savoir agir pendant que vous n'êtes pas conscient,
00:03:14 mais vous assumez que vous acceptez cette situation.
00:03:17 De même quand vous vous mariez.
00:03:18 Vous savez bien que le mariage, c'est une institution
00:03:22 et qui se préoccupe très peu du désir et de l'amour.
00:03:26 La question n'est pas là, la question est que vous acceptez dans le mariage
00:03:30 de vous accepter ce que signifie l'institution du mariage.
00:03:36 C'est pour ça d'ailleurs que quand vous êtes à la mairie et que vous vous mariez,
00:03:38 on vous lit un certain nombre d'articles auxquels vous vous engagez,
00:03:42 même si vous n'en avez d'ailleurs aucune envie par exemple,
00:03:44 vous êtes tenu quand vous êtes marié avec quelqu'un,
00:03:47 si cette personne décède et que ses parents, votre époux ou épouse,
00:03:51 se trouvent dans le besoin, d'assurer une aide à vos beaux-parents,
00:03:57 même si vous les détestez.
00:03:58 C'est-à-dire le consentement, ça veut dire que vous admettez quelque chose
00:04:01 dans lequel vous vous engagez, dont vous n'êtes pas non plus l'origine,
00:04:04 c'est-à-dire l'institution du mariage.
00:04:06 Ce n'est pas vous qui l'avez inventée.
00:04:09 Par contre, vous acceptez qu'une relation de type privé,
00:04:13 le fait que vous aimiez cette personne, ou d'ailleurs pas,
00:04:17 vous pouvez vous marier pour d'autres raisons que l'amour ou le désir,
00:04:20 vous acceptez de vous y engager en pleine conscience.
00:04:23 C'est comme vous disiez, un type de contrat.
00:04:25 Et en matière sexuelle, je dirais que le seul domaine
00:04:30 où peut-être on peut parler de consentement en ce sens,
00:04:33 ce sont les relations tarifées.
00:04:35 Parce que, pourtant je fais ça, pourtant je vais faire ça,
00:04:39 et ça ne concerne pas la question du désir de la personne
00:04:42 qui accepte ceci ou ceci ou cela.
00:04:45 Évidemment qu'on peut violer une prostituée.
00:04:48 - Elle a le droit de porter plainte.
00:04:51 - Non mais c'est important.
00:04:52 Ce n'est pas parce que c'est une prostituée que tout est permis.
00:04:55 Elle a dit que pour telle somme, elle accepte telle chose,
00:04:57 mais pas telle autre.
00:04:59 - Et donc le consentement qui aujourd'hui semble rentrer dans les mœurs,
00:05:04 si je puis dire, on peut craindre en effet que ça enlève
00:05:08 toute la zone grise de séduction.
00:05:13 - La zone trouble en tout cas, je ne sais pas si grise mais trouble,
00:05:16 parce qu'elle peut être très lumineuse aussi.
00:05:18 - Oui, c'est-à-dire par rapport au noir et au blanc.
00:05:20 - Oui, mais c'est par rapport au fait qu'on confond le registre,
00:05:24 on veut superposer le registre du désir au registre du consentement
00:05:29 en réduisant la question du désir, qui est niée, à une simple affaire de contrat.
00:05:36 Ce qui est évidemment impossible, vous savez qu'il y a des boîtes de nuit,
00:05:39 ça a commencé en Australie, mais ça existe également aujourd'hui
00:05:43 dans le sud de la France, où on a engagé des gens, des types,
00:05:49 en Australie ils sont vêtus de gilets roses,
00:05:51 pour traquer, imaginez-vous, les regards non consentis.
00:05:55 Alors qu'est-ce que c'est qu'un regard non consenti ?
00:05:57 Ça veut dire que, c'est un regard insistant on suppose,
00:06:01 la personne qui regarde par exemple une fille qui danse sur la piste,
00:06:05 et qu'on suppose que c'est un regard non consenti,
00:06:07 je ne sais pas ce que ce serait un regard consenti exactement,
00:06:10 eh bien elle va être dégagée de la boîte,
00:06:12 et n'aura le droit d'y revenir que moyennant une formation là-dessus.
00:06:18 Mais vous voyez bien que c'est un business aussi,
00:06:20 parce que les formations il faut les payer.
00:06:22 Donc il y a des associations qui délivrent de telles formations.
00:06:25 Vous voyez bien qu'il y a beaucoup de choses qui se mêlent,
00:06:27 et qui ne sont pas si moralement pures qu'on veut nous le faire croire.
00:06:31 Oui, oui, bien sûr, dès qu'il y a business,
00:06:33 on peut se poser des questions sur les vraies motivations.
00:06:36 Mais moi ce que je trouve inquiétant dans cette histoire de consentement,
00:06:40 c'est que, vous aussi d'ailleurs Sabine Prokhoris,
00:06:43 on a beaucoup travaillé pour libérer les femmes,
00:06:46 pour qu'elles soient justement maîtresses de leurs envies,
00:06:50 de leurs désirs, et de leur vie.
00:06:52 Et je trouve que ce consentement, ça remet les femmes dans des positions finalement
00:06:57 de petites êtres fragiles,
00:07:00 qui finalement ne sont pas suffisamment aptes à gérer leurs désirs,
00:07:04 et donc il faudrait vraiment que l'homme leur demande
00:07:07 si elles sont vraiment d'accord.
00:07:09 Et je trouve que c'est un retour en arrière finalement sur la libération féminine.
00:07:13 C'est-à-dire, oui, parce que d'abord on suppose que c'est dans ce sens-là uniquement.
00:07:19 Oui, l'homme serait toujours demandeur,
00:07:22 et la femme consentirait ou non, alors que ça peut être dans l'autre sens.
00:07:25 Il peut y avoir des femmes qui draguent assez ouvertement des hommes,
00:07:29 qui ne seraient pas consentants, je veux dire.
00:07:32 Donc voilà, et donc elles prennent des râteaux,
00:07:35 comme deux hommes peuvent prendre des râteaux aussi.
00:07:37 Bon, je veux dire, oui, parce que ça suppose,
00:07:40 mais vous voyez c'est lié à une représentation du rapport entre les sexes,
00:07:44 où on suppose qu'il y a d'un côté, de façon systémique comme ils disent,
00:07:48 c'est-à-dire que c'est structuré de cette façon,
00:07:51 en fait par la place des rapports, par la manière dont sont organisés
00:07:55 de toute éternité d'une certaine manière les rapports de genre,
00:07:59 qui sont des rapports, qui sont supposés être des rapports de domination,
00:08:02 exclusivement, dans un sens vis-à-vis de l'autre,
00:08:06 d'un genre vis-à-vis de l'autre.
00:08:08 Et donc on suppose que par définition, les hommes seraient du côté,
00:08:12 seraient des prédateurs, si vous voulez, en puissance ou en actes,
00:08:15 c'est-à-dire soit ils agissent, soit ils n'agissent pas,
00:08:18 mais ils sont par définition des prédateurs, donc des violeurs en puissance,
00:08:22 et d'autre part on considère que les femmes sont des proies en puissance.
00:08:26 Autrement dit, quand vous mettez un vêtement sexy,
00:08:29 si quelqu'un vous regarde avec désir, ou vous fait une remarque, etc.,
00:08:35 en fait votre vêtement n'est pas du tout considéré comme...
00:08:39 Vous avez mis ça parce que vous aviez envie d'être sexy,
00:08:42 pas seulement parce qu'il faisait chaud,
00:08:44 mais que vous aviez envie d'être sexy,
00:08:46 mais comme un révélateur, un sérum de vérité du violeur, si vous voulez.
00:08:50 Ce qui évidemment biaise absolument tout, parce que ça criminalise a priori,
00:08:54 ou ça pénalise, ça criminalise d'une certaine manière, potentiellement,
00:08:58 tout rapport de séduction.
00:09:00 - Absolument. C'est bien ce qui m'inquiète,
00:09:03 c'est pour ça que je parlais de la séduction,
00:09:05 qui est indispensable dans nos rapports humains.
00:09:08 La séduction, elle est même, quand on regarde des petits-enfants,
00:09:11 ils sont déjà en train de nous séduire.
00:09:13 - Bien sûr, mais il n'y a rien de plus séducteur
00:09:15 qu'un tout petit-enfant, bien entendu.
00:09:17 Et il en est tout à fait conscient, il joue avec,
00:09:19 d'ailleurs c'est un jeu, la séduction.
00:09:21 C'est un jeu, et ce n'est pas une personne qui séduit l'autre,
00:09:24 c'est quelque chose qui se passe entre deux personnes.
00:09:26 C'est quelque chose qui se passe entre deux personnes,
00:09:28 ça ne veut pas dire que ce soit symétrique,
00:09:30 mais c'est mutuel, et puis si quelqu'un vous déplait,
00:09:34 et que vous plaisez à quelqu'un qui vous déplait,
00:09:37 il n'est pas interdit de lui dire "Allez vous promener ailleurs".
00:09:41 C'est-à-dire le non-consentement par contre,
00:09:43 le refus, c'est quelque chose qui est toujours...
00:09:46 Il faut plutôt penser en termes de refus,
00:09:48 qu'en termes de consentement explicite,
00:09:52 d'autant que le consentement dit explicite,
00:09:55 d'abord c'est un petit peu lourd, quand même,
00:09:57 pour casser la séduction, on ne peut pas faire mieux, je crois.
00:10:00 - D'ailleurs c'est la différence entre le dragueur et le séducteur.
00:10:03 - Bien sûr, et d'autre part, ça veut dire qu'on peut toujours après coup vous dire,
00:10:07 vous pouvez toujours après coup, si vous regrettez,
00:10:10 dire "Ah bah non, en fait je ne consentais pas, on me l'a extorqué,
00:10:13 j'étais sous emprise, je ne savais pas ce que je faisais".
00:10:15 - Et c'est ce qui provoque d'ailleurs beaucoup de problèmes auprès des jeunes hommes,
00:10:19 qui ne savent plus comment, et même les autres hommes d'ailleurs,
00:10:23 ne savent plus très bien comment essayer de séduire une femme,
00:10:27 parce que justement ils ont peur...
00:10:29 - Ah bah c'est certain !
00:10:30 - Ils ont peur du courant actuel, et on peut les comprendre.
00:10:34 On va vous donner la parole, en tant que femme, en tant que comme,
00:10:37 qu'est-ce que vous en pensez, vous pouvez réagir,
00:10:39 vous savez qu'on parle vrai sur Sud Radio, 0 826 300 307.
00:10:44 Isabelle qui sera avec nous dans un instant.
00:10:46 14h16, Brigitte Lahaie, Sud Radio.
00:10:49 - Nous sommes en compagnie de Sabine Procoris, philosophe et psychanalyste,
00:10:53 auteure de ce livre "Le Mirage, Me Too", aux éditions du Cherche Midi,
00:10:59 dont nous avons déjà beaucoup parlé, je crois qu'André Bercoff également vous avez reçu.
00:11:04 Bonjour Isabelle.
00:11:05 - Bonjour Brigitte, bonjour Sabine.
00:11:07 - Bonjour.
00:11:08 - Alors, vous, vous avez subi une agression, je crois.
00:11:13 - Oui c'est ça, mais je voulais juste dire que j'étais d'accord avec vous
00:11:17 par rapport au fait que le consentement parfois est à la limite du désir et de la séduction,
00:11:26 et parfois on ne sait pas où est la limite en fait.
00:11:30 Et par rapport à cette agression que j'ai subie il y a deux ans,
00:11:34 en effet c'était un collègue de travail,
00:11:37 les intentions étaient claires de mon côté,
00:11:41 c'était une personne ressource pour moi, j'ai appris énormément professionnellement grâce à lui,
00:11:46 et plusieurs reprises des invitations au restaurant le soir que j'ai refusées,
00:11:51 en disant que c'était clair pour moi, qu'il n'y avait rien d'autre qu'une relation professionnelle entre nous,
00:11:55 et après le confinement on ne pouvait plus se regrouper au bureau,
00:12:00 donc un soir pour travailler, enfin une après-midi, je lui ai proposé de venir travailler chez moi,
00:12:04 et il est resté plus tard, l'apéritif, on a dîné,
00:12:09 et en parlant de la vie et de nos vies,
00:12:15 il retente un geste vis-à-vis de moi et je lui dis que non,
00:12:19 que c'était clair, qu'il ne se passait rien du tout entre nous.
00:12:23 Et il me dit "mais je sais très bien que chez les femmes non ça veut dire oui".
00:12:29 Et là j'ai eu peur.
00:12:32 J'avais mes amis qui étaient au restaurant,
00:12:35 qui m'envoyaient des messages pour me proposer de venir les rejoindre,
00:12:39 et il est parti aux toilettes à ce moment-là,
00:12:44 et je ne répondais pas en fait, je lisais les messages mais je ne répondais pas,
00:12:47 et mon ami me dit "mais est-ce que ça va ?"
00:12:49 et je lui dis "non je ne crois pas que ça va là".
00:12:51 Et elle me dit "j'arrive tout de suite".
00:12:53 Et en fait il est revenu à table,
00:12:56 et en une fraction de seconde, je ne sais pas ce qu'il s'est passé,
00:12:58 je me suis retrouvée plaquée contre mon buffet de salle à manger,
00:13:02 les mains dans le dos, et il essayait de m'embrasser,
00:13:04 et il tenait tellement fort que j'étais sidérée.
00:13:07 J'ai été complètement paralysée.
00:13:10 Hypnotisée, oui.
00:13:12 Et c'est la sonnette de mon appartement qui a retenti,
00:13:15 et ça m'a réveillée en fait.
00:13:17 Et il m'a demandé ce que c'était que ce bruit,
00:13:20 et je ne savais pas ce que c'était que ce bruit en fait,
00:13:22 j'étais complètement perdue,
00:13:24 et je l'ai poussée, je me suis jetée sur la porte,
00:13:26 et mes amis sont arrivés.
00:13:28 Et je me suis jetée dans leurs bras en fait.
00:13:30 C'est-à-dire sans vos amis, on peut craindre qu'ils vous auraient en effet violée.
00:13:34 Alors ce processus de se retrouver complètement sidérée,
00:13:39 c'est un processus qu'on connaît bien,
00:13:41 et d'ailleurs si vous observez les animaux,
00:13:44 la souris par exemple qui est face à un serpent,
00:13:49 à un moment donné elle a tellement peur qu'il y a un phénomène
00:13:52 qui fait qu'elle va rester complètement hypnotisée,
00:13:56 et ne pas bouger, et se faire avaler.
00:13:58 Et c'est le même processus qui se passe dans le cerveau
00:14:01 quand une femme a très peur,
00:14:03 et donc ça c'est quelque chose de...
00:14:06 et qui est très embêtant parce que du coup l'homme,
00:14:09 comme on ne fait rien, s'imagine qu'on est d'accord.
00:14:14 C'est quelque chose que je crois qu'on devrait expliquer un peu plus
00:14:18 aux jeunes filles et aux jeunes garçons,
00:14:20 justement ce genre de...
00:14:22 Alors là évidemment on a envie de dire que cet homme méritait
00:14:25 que vous portiez plainte, ce que vous avez fait ou pas ?
00:14:27 Non je ne l'ai pas fait, non du tout.
00:14:29 Non parce que c'est un collègue de travail ?
00:14:31 Oui et puis j'ai eu peur dans l'environnement professionnel
00:14:34 dans lequel j'étais, il avait une certaine influence,
00:14:37 et oui effectivement j'ai eu peur pour moi.
00:14:39 Par contre, dans la demi-heure qui a suivi,
00:14:43 il m'a envoyé un SMS en me disant que j'avais eu de la chance cette fois-ci,
00:14:46 mais que la prochaine fois ça ne se passerait pas comme ça.
00:14:49 Et là par contre, j'ai réagi en lui disant que
00:14:54 je gardais précisément tous les messages qu'il m'avait envoyés à ce sujet,
00:14:59 et qu'il m'avait agressé, et que je n'hésiterais pas à me servir
00:15:03 de tout ça, de tous ces échanges contre lui,
00:15:06 si jamais il se passait quoi que ce soit de négatif,
00:15:11 et que ça se reproduisait, etc.
00:15:14 Mais par contre après j'en ai parlé au secrétaire de son travail,
00:15:17 et elles m'ont toutes confirmé que c'était quelqu'un
00:15:21 qui était toujours tendancieux, toujours à la limite du harcèlement, etc.
00:15:27 - La limite est un peu dépassée là, Sabine Pancolis.
00:15:30 - Bien sûr, puisque vous aviez clairement refusé, bien sûr.
00:15:34 Donc là oui, il n'y avait pas de plaisir ni consentement de votre côté.
00:15:38 Après la réaction qui a été la vôtre, c'est une des réactions possibles,
00:15:41 ce n'est pas la seule, d'être sidéré, tétanisé, ça arrive,
00:15:46 mais ce n'est pas automatique.
00:15:48 Pour certaines femmes, ça se passe tout à fait différemment,
00:15:50 c'est-à-dire qu'elles ont un réflexe de donner un coup de genou bien placé,
00:15:53 de se dégager, mais c'est très variable selon la psychologie,
00:15:57 l'histoire qu'on a eue, les personnes, mais là clairement,
00:16:00 surtout si ensuite il y a eu une sorte de menace, si je comprends bien.
00:16:03 Donc là voilà, vous avez des éléments assez clairs,
00:16:06 mais on n'est même plus dans la question du consentement,
00:16:08 on est plutôt dans la question du non-consentement.
00:16:10 Et quand on passe outre ce non-consentement,
00:16:13 il y a agression, naturellement.
00:16:16 Mais bien sûr, votre réaction n'est pas la seule possible,
00:16:20 il y a des femmes pour qui ça se passe différemment,
00:16:23 dans le même genre de situation, quant à leur réflexe, si vous voulez.
00:16:26 Ça c'est variable, on ne peut pas en faire une loi générale.
00:16:29 Après, il est vrai que dans certains jeux de séduction,
00:16:34 mais là on parle des jeux de séduction,
00:16:36 il y a des oui qui veulent dire des non, et des non qui veulent dire des oui.
00:16:39 Et ça c'est très compliqué, mais on sait qu'on est dans un jeu de séduction.
00:16:43 Ce qui n'est pas le cas dans ce que vous décrivez.
00:16:46 Non, ce n'était pas le cas du tout, d'autant plus que j'avais été claire.
00:16:49 Voilà, exactement, quand quelque chose est clairement exprimé,
00:16:53 un refus est clairement exprimé,
00:16:55 quand l'autre passe outre, c'est un abus, évidemment.
00:16:58 La seule petite erreur que vous avez faite, Isabelle,
00:17:03 c'est que vous aviez compris que cet homme était un peu harceleur,
00:17:07 et qu'il n'avait pas tellement conscience des limites,
00:17:11 et qu'il se croit un peu tout permis.
00:17:13 Donc l'inviter chez vous, c'était quand même prendre un risque, surtout toute seule.
00:17:18 J'avais confiance en lui, j'avais une grande confiance en lui en fait.
00:17:21 Et tout le temps, à chaque fois que je posais le cadre,
00:17:24 c'était au début de notre collaboration professionnelle,
00:17:29 j'avais posé le cadre, et pendant un an et demi, deux ans,
00:17:32 il ne s'était plus rien passé du tout.
00:17:34 Et en fait, je travaillais beaucoup avec lui,
00:17:38 et j'avais vraiment une grande confiance en lui,
00:17:40 c'était vraiment quelqu'un de ressource, à chaque fois que je l'appelais, il m'aidait.
00:17:43 Vraiment, j'ai appris énormément grâce à lui,
00:17:46 mais ce soir-là, je pense que le fait de se retrouver chez moi,
00:17:49 il a pris ça pour un rendez-vous.
00:17:51 - Voilà, il s'est mépris, c'est pas pour l'excuser,
00:17:54 mais à sa décharge, il est possible qu'il se soit mépris sur vos intentions.
00:17:58 - Ah oui, mais complètement !
00:18:00 Après, en l'espace de deux minutes...
00:18:04 - Il a pété un câble.
00:18:06 - Ah oui, quand il m'a dit que non, c'est oui,
00:18:09 là j'ai dit non, non, non, non, là c'est là,
00:18:11 et je me suis sentie en danger,
00:18:13 et j'ai reçu le message de mes amis, j'ai dit hop, de suite secours.
00:18:16 Mais en fait, j'ai pas eu les ressources en moi pour le mettre dehors,
00:18:20 j'ai pas eu les ressources en moi pour tout ça.
00:18:22 Alors j'ai été agressée sexuellement quand j'étais enfant,
00:18:25 et j'avais travaillé sur ce traumatisme avec ma thérapeute,
00:18:29 mais ça a réouvert en fait des choses qui n'étaient pas réglées,
00:18:33 et j'ai pu travailler beaucoup plus profondément
00:18:36 grâce à cet événement traumatique,
00:18:39 bien qu'après j'ai quand même été quelques mois pas très sereine chez moi.
00:18:43 Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, c'est important pour moi,
00:18:47 le consentement, parler de ma sexualité, parler de mes attentes,
00:18:51 c'est vraiment toujours dit, et je cherche toujours à échanger avec mon partenaire sur ce sujet-là,
00:18:57 et aujourd'hui, j'ai des ressources en moi nécessaires pour dire non.
00:19:02 Et quand je sens que mon intuition est mauvaise,
00:19:06 de suite je me tire de faire...
00:19:09 C'est intéressant ce que vous dites, parce que ça montre bien que vous avez appris
00:19:12 de cette mauvaise expérience, vous n'êtes pas restée enfermée dedans,
00:19:15 et ça je crois que c'est très important, parce que tout le monde peut traverser un jour ou l'autre
00:19:18 une expérience déplaisante de ce genre ou autre,
00:19:21 dans laquelle on a une part plus ou moins grande de responsabilité,
00:19:26 parfois par imprudence tout simplement,
00:19:28 mais je veux dire, c'est intéressant de voir qu'on n'est pas contraint,
00:19:31 sous prétexte qu'on a vécu une situation vraiment déplaisante,
00:19:34 de rester enfermée dans la position éternelle de victime,
00:19:37 au contraire, là ce que vous dites, c'est qu'aujourd'hui vous avez les ressources
00:19:40 pour réagir différemment le cas échéant,
00:19:43 et puis éventuellement pour suivre vos intuitions,
00:19:46 c'est-à-dire en comprenant qu'avec cette personne, il ne vaut mieux pas lui donner
00:19:49 matière à mal interpréter certaines choses.
00:19:52 Oui, j'avais des codes sociaux et des codes relationnels qui étaient faussés en fait.
00:19:58 Mais je crois, enfin votre témoignage le prouve une fois de plus,
00:20:01 je crois que justement les codes ne sont pas suffisamment exprimés
00:20:05 aux jeunes garçons et aux jeunes filles.
00:20:07 Le nombre de jeunes filles qui montent prendre un verre chez un jeune garçon
00:20:11 alors qu'elles n'ont aucune intention de quoi que ce soit,
00:20:13 et le jeune garçon, si la fille monte, tout de suite s'imagine que c'est presque oui.
00:20:18 C'est vraiment des codes qui ne sont pas suffisamment...
00:20:21 Il faut apprendre ces codes.
00:20:23 Oui, je trouve qu'on pourrait les apprendre assez facilement aux jeunes
00:20:26 quand ils ont 15-16 ans.
00:20:28 Oui, oui, et puis apprendre aussi aux jeunes gens et aux jeunes filles
00:20:31 de prendre la mesure de leur puissance de séduction,
00:20:35 et de leur attraction sexuelle.
00:20:37 Pas du tout pour la brider, mais pour pouvoir jouer avec éventuellement,
00:20:41 et puis pour savoir aussi que, bah, oui, elles sont désirables.
00:20:45 Oui, oui. Merci beaucoup Isabelle.
00:20:47 Je suis ravie d'avoir commencé avec vous, parce qu'on voit à quel point
00:20:50 les femmes réfléchissent beaucoup plus qu'on ne le prétend.
00:20:53 Allez, une petite pause et on retrouve notre Sexy News.
00:20:55 Philippe Hoffman qui nous rejoint.
00:20:57 Eh bien, Sabine Prokhoris, nous retrouvons Philippe Hoffman
00:21:05 qui nous parle des ados, et aujourd'hui vous avez choisi de nous parler
00:21:09 de la dépression à l'adolescence.
00:21:11 Vous auriez pu nous choisir de parler de la pulsion de l'adolescent,
00:21:15 ça aurait été plus dans le sujet du jour.
00:21:18 Oui, on pourra en parler une autre fois, alors, si vous voulez.
00:21:23 Mais j'en parle souvent des pulsions chez l'adolescent.
00:21:26 La dépression, ça va, on est tranquille, on peut l'emmener boire un verre chez nous.
00:21:30 Voilà, mais bon, la dépression, il fallait qu'on en parle,
00:21:33 parce que j'ai fait beaucoup, beaucoup de chroniques,
00:21:35 et je n'en avais pas parlé, donc je me suis dit
00:21:38 que c'est moins léger, mais c'est important quand même.
00:21:41 Vous savez, surtout qu'on en a beaucoup parlé pendant la pandémie
00:21:44 qui a fait exploser les troupes chichiques et les tentatives de suicide
00:21:47 chez les 12-19 ans, et c'est vrai que cette sensation d'enfermement
00:21:52 et d'empoisonnement par le virus, ça produit beaucoup de violence,
00:21:57 et on en a pas mal parlé, et tout le monde s'est un peu inquiété.
00:22:03 Maintenant, c'est un peu derrière nous, mais pour autant,
00:22:08 la dépression chez l'adolescent, ça existe,
00:22:10 c'est pas la même chose que chez l'adulte, ou l'enfant, ou même la personne âgée.
00:22:14 Selon les âges, il y a des types de dépression, je vais vous en parler,
00:22:17 sans faire trop de détails non plus.
00:22:20 Donc, vous savez, j'insiste tout le temps, que pendant toute l'adolescence,
00:22:24 il y a une nécessité de se construire, de dépasser ses peurs, ses angoisses,
00:22:28 en les partageant avec les autres.
00:22:30 En fait, quand il n'y a pas de relation réelle,
00:22:35 on a l'impression qu'on est nul, que plus rien ne sera possible,
00:22:40 et on auto-entretient un peu cette pensée négative.
00:22:45 C'est vrai que les plus fragiles, ils ont craqué pendant la Covid,
00:22:48 ils se sont retrouvés aux urgences, il y a eu 40% d'augmentation des admissions
00:22:52 dans les services d'urgence pour des tentatives de suicide.
00:22:58 40% c'est énorme !
00:23:00 On en a chiffré entre 25 et 30 000 en 2021,
00:23:06 et 350 morts de moins de 20 ans, ça fait quand même pas mal.
00:23:12 Ce ne sont pas les 9000 morts par suicide qu'on retrouve par an,
00:23:16 mais quand même, c'est toujours 350 de trop, et c'est épouvantable.
00:23:22 Donc, maintenant, on a l'impression que c'est un peu derrière nous,
00:23:26 mais c'est vrai que même si les adolescents sont un peu tristes,
00:23:31 parfois un peu déprimés, comme on dit, c'est un mot qui est peut-être un peu galvaudé,
00:23:37 parce qu'il faut bien différencier la déprime de la maladie dépressive.
00:23:42 La maladie dépressive, ça concerne environ 8 à 10% des jeunes,
00:23:47 ce qui est beaucoup, ça représente des milliers de jeunes,
00:23:50 mais ce n'est pas la déprime qui est classique pendant toute la période de l'adolescente
00:23:55 qui est en fait un état transitoire qui peut durer d'une heure à quelques jours.
00:24:00 En fait, pendant cette période, l'ado, on pourrait penser qu'il traverse une dépression,
00:24:07 il est morose, grincheux, il a la fleur de peau, mais ça ne dure pas.
00:24:11 Il suffit d'un coup de fil pour une invitation, et l'humeur sombre redevient joyeuse.
00:24:16 Ça, c'est vraiment quelque chose de transitoire, et c'est ce qu'on pourrait appeler la déprime adolescente.
00:24:22 Par contre, la dépression, c'est une maladie, on appelle ça épisode dépressif caractérisé,
00:24:28 ça s'inscrit dans la durée.
00:24:30 En fait, un épisode est jugé grave quand c'est de plus de deux à trois semaines que ça dure.
00:24:36 L'ado, il est impossible à approcher, il est enfermé dans sa chambre avec son ordi,
00:24:41 il ne parle plus, il hurle, il a des accès de rage, de colère,
00:24:45 en fait, c'est ce qu'on appelle des troubles de l'humeur.
00:24:48 Et puis, il rejette tout le monde, il ne répond même plus aux sollicitations de ses amis.
00:24:53 Et ça, c'est grave, parce qu'en général, quand il y a un coup de fil ou une attente de ses amis
00:25:00 ou des activités préférées, il se bouge.
00:25:03 Là, il ne bouge plus.
00:25:05 En plus, il a souvent des douleurs physiques, diffuse, il n'a pas faim,
00:25:09 et puis il décroche scolairement.
00:25:11 En fait, et puis parfois, certains se font vraiment mal, il se scarifie ou d'autres choses.
00:25:17 Donc, c'est assez grave et il faut consulter, bien sûr,
00:25:22 mais ce n'est pas toujours évident parce que le jeune refuse
00:25:26 et qu'en plus, ça ne se voit pas toujours parce qu'il est très enfermé
00:25:30 et il planque pas mal de choses.
00:25:32 En plus, contrairement aux adultes dépressifs, les ados, ils n'ont pas, vous savez,
00:25:36 ce masque caricatural de la tristesse avec un épuisement physique, des plaintes.
00:25:42 Non, ils ont les mêmes sentiments intérieurs, de vie, des dévalorisations,
00:25:47 mais extérieurement, c'est autre chose.
00:25:50 On appelle ça dans notre jargon une dépression masquée.
00:25:54 Et on retrouve ça à différents âges de la vie.
00:25:56 Par exemple, les bébés qui manquent d'amour et d'attention,
00:25:59 ils peuvent avoir des dépressions dites anaclytiques,
00:26:03 et ils s'effondrent et ils peuvent même en mourir.
00:26:06 Les enfants qui ont subi des pertes de proches ou traumatismes violents
00:26:10 comme les maltraitances sexuelles d'avant que vous parliez,
00:26:13 ou les séparations accidentelles ou les séparations même conjugales,
00:26:17 ils sont tristes, énervés, ils ont souvent retrait,
00:26:20 ils ont des difficultés d'apprentissage scolaire,
00:26:23 et c'est une forme de dépression aussi.
00:26:26 Pour les ados, ça peut être la suite de tout ça,
00:26:30 mais ça peut aussi être tout simplement lié à des angoisses
00:26:35 de transformation du corps, de l'esprit,
00:26:38 et puis tout ce qui se passe dans leur environnement
00:26:40 quand ils sont par exemple harcelés, on en parle souvent.
00:26:44 On sait aussi que certains qui découvrent leur homosexualité
00:26:48 peuvent aussi avoir des moments dépressifs assez importants.
00:26:53 Exactement.
00:26:54 Ça c'est toute la construction de l'identité sexuelle.
00:26:58 Elle est compliquée à l'adolescence, j'en avais déjà parlé,
00:27:01 elle passe par plusieurs phases,
00:27:03 et à un moment donné, s'il y a vraiment
00:27:07 une orientation qui se précise au fil des années
00:27:10 vers une orientation homosexuelle,
00:27:13 ça trouble profondément l'adolescent
00:27:16 qui fait partie uniquement des 4 ou 5% de personnes comme ça,
00:27:20 et donc il a l'impression de ne plus faire partie
00:27:23 du reste du groupe, du reste du monde même,
00:27:26 et ça le déprime.
00:27:29 Donc en fait, comme ils se plaignent souvent de douleurs diffuses,
00:27:36 ils ne veulent pas aller consulter un psy,
00:27:39 mais ils veulent bien aller consulter le médecin de famille
00:27:42 pour les douleurs.
00:27:44 Et puis celui-ci, le médecin, il va regarder
00:27:47 si c'est une dépression sévère, modérée,
00:27:50 il va repérer différentes causes,
00:27:53 si c'est la famille, des amis, le harcèlement ou d'autres choses,
00:27:59 et il va aussi repérer quelque chose d'un peu troublant,
00:28:03 c'est des troubles psychiatriques débutants
00:28:06 qui arrivent à la grande adolescence,
00:28:08 comme les troubles bipolaires ou la schizophrénie,
00:28:11 et ça aussi, ça peut coubler profondément les jeunes
00:28:14 et donner des pensées même suicidaires.
00:28:18 Donc après, il va l'aider, il va préparer une démarche de soins,
00:28:22 et jamais il ne lui donnera de médicaments,
00:28:25 dans un premier temps, on ne donne pas de médicaments aux adolescents,
00:28:29 il y a des risques, parfois suicidaires,
00:28:32 il faut d'abord penser à la psychothérapie,
00:28:35 puis ensuite éventuellement à l'hospitalisation,
00:28:38 et puis après on voit s'il faut un petit traitement,
00:28:41 mais il ne faut pas que ça dure longtemps,
00:28:43 et ce n'est pas la même chose que pour les adultes
00:28:45 qui malheureusement pourvivent parfois en besoin d'un traitement.
00:28:49 Et puis pour les parents, l'important c'est de tenir,
00:28:52 et de rester proche de leur jeune,
00:28:55 de le rassurer sur ses capacités à rebondir,
00:28:58 d'éviter de se culpabiliser en trouvant tous les arguments faciles
00:29:01 qui expliqueraient toutes ces causes de la dépression de leur enfant,
00:29:05 ça c'est beaucoup plus compliqué que ça n'y paraît,
00:29:08 et il faut laisser ça aux spécialistes.
00:29:11 Et oui, toujours la difficulté d'être parent.
00:29:14 Sabine Prokhoris, vous voulez ajouter quelque chose ?
00:29:17 Non, pas rien de particulier, c'est vrai que c'est une période toujours délicate,
00:29:20 l'adolescence, parce que c'est une grande période de transformation,
00:29:25 et les transformations c'est toujours déstabilisant,
00:29:28 et on a un rapport plus ou moins, retrouver des points d'appui,
00:29:32 c'est difficile, c'est un processus,
00:29:35 et parfois on ne trouve pas les points d'appui en soi et à l'extérieur
00:29:39 qui permettent de traverser cette phase.
00:29:42 Merci beaucoup Philippe Hoffmann, en tout cas merci.
00:29:45 Je rappelle que vous êtes également l'auteur de
00:29:47 "L'impossible séparation entre les jeunes adultes et leurs parents",
00:29:50 c'était aux éditions Albin Michel.
00:29:52 On continue avec Mickaël, qui va répondre à trois questions intimes,
00:29:56 et qui pourra ensuite en poser une à Sabine Prokhoris.
00:29:59 Bonjour Mickaël.
00:30:00 Bonjour Brigitte, bonjour Sabine, ravi de vous avoir.
00:30:03 Nous aussi.
00:30:04 Alors première question, est-ce que depuis "Me Too"
00:30:07 vous avez changé votre manière de séduire ?
00:30:10 Non du tout, du tout du tout.
00:30:13 C'est bien, très bien.
00:30:15 Ça n'a rien changé pour moi.
00:30:17 Après j'ai une approche je dirais assez sympa par rapport aux autres,
00:30:21 et alors je vais vous raconter une petite anecdote par exemple,
00:30:25 et j'aime bien parfois quand je trouve une fille jolie,
00:30:29 ou un joli parfum pour lui dire "Waouh, vous êtes super jolie",
00:30:32 mais je dis toujours "Fais attention".
00:30:35 Il n'y a aucune manière de penser,
00:30:37 mais j'avais juste envie de vous dire "Vous êtes jolie", simplement.
00:30:40 Et vous n'avez jamais été rembarré,
00:30:42 parce qu'aujourd'hui il y a des femmes qui ne supportent pas
00:30:45 qu'on leur dise qu'elles sont jolies.
00:30:47 Alors jusqu'à aujourd'hui non,
00:30:49 mais voilà je prends des précautions quand même.
00:30:52 Oui, faites-le.
00:30:54 Il paraît, c'est un ami qui m'a dit ça,
00:30:58 il m'a dit "Mais de toute façon c'est plutôt les leds qui sont agressifs
00:31:03 quand on leur essaye de les séduire".
00:31:06 Je ne sais pas si c'est vrai.
00:31:08 Mais voilà, bon écoutez, en tout cas ça a l'air de vous faire rire.
00:31:12 Deuxième question, dans quel endroit vous avez fait l'amour
00:31:16 et que ça a été le plus fantastique à part le lit, évidemment ?
00:31:20 Je dirais que dans une autoroute le soir en rentrant,
00:31:23 et on s'est fait attraper, pardon,
00:31:25 on s'est retrouvé avec un voyeur à camionneur,
00:31:28 qui est descendu sur le camion pour nous regarder.
00:31:31 Voilà, du coup ça a été assez rigolo.
00:31:33 Et vous étiez, elle était ravie de se donner en spectacle votre compagne ?
00:31:37 On était sur le capot de voiture,
00:31:39 donc on était contents tous les deux.
00:31:41 Oui, oui, je comprends bien,
00:31:43 mais quand vous vous êtes rendu compte que vous étiez observé,
00:31:47 ça a été, ça vous a excité ou au contraire ?
00:31:50 Oui, carrément.
00:31:52 D'accord, oui, bon.
00:31:54 Il était quasiment 3h du matin, et c'était ça.
00:31:57 Bon, mais je crois que ça se passe souvent sur les aires d'autoroutes,
00:32:01 de toute façon, je pense.
00:32:03 Et dernière question,
00:32:05 est-ce que vous seriez tenté par le polyamour ?
00:32:09 Alors c'est une question qu'on s'est énormément posée avec ma compagne,
00:32:12 parce qu'elle est totalement vieille,
00:32:14 et pendant, on voudrait quasiment,
00:32:17 7-8 mois, on a cherché pour trouver une autre fille,
00:32:20 ce qui était très compliqué.
00:32:22 Et puis aujourd'hui, on a trouvé autre chose.
00:32:25 Mais ça reste un peu toujours dans le capot, on va dire.
00:32:28 D'accord.
00:32:30 Et bien vous pouvez poser une question à Sabine, elle vous écoute.
00:32:33 Je dirais, quelle serait votre plus grand regret ?
00:32:37 Quelque chose qui n'est pas plus vive ou un regret.
00:32:39 Quel serait votre plus grand regret ?
00:32:41 Oh, moi j'ai pas de regrets.
00:32:43 Ok.
00:32:44 Ben, il faut pas, d'ailleurs.
00:32:46 Voilà, la réponse de Sabine.
00:32:49 Merci Michael, merci beaucoup.
00:32:51 On fait une petite pause et on se retrouve dans un instant.
00:32:54 Vous pouvez réagir sur le consentement sur Sud Radio 0826 300 300.
00:32:59 A tout de suite.
00:33:00 CAM4.fr, le plus grand site de webcams live,
00:33:03 réservé aux adultes.
00:33:05 14h16, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:33:09 Nous sommes en compagnie de Sabine Procoris, philosophe et psychanalyste.
00:33:13 Nous évoquons le consentement, ses avantages, ses inconvénients.
00:33:17 Et c'est Hélène qui nous rejoint. Bonjour Hélène.
00:33:20 Oui, bonjour Brigitte, bonjour Sabine.
00:33:23 Oui, ben moi, j'ai effectivement parlé de mon expérience.
00:33:28 Un homme que j'ai quitté d'ailleurs depuis,
00:33:30 parce que, effectivement, il était pas dans le respect de ces choses-là.
00:33:34 Et à l'époque, moi j'étais en pleine thérapie, justement.
00:33:37 Après avoir fait partie dans l'enfance de l'SF,
00:33:41 et la pédophilie de mon grand-père.
00:33:44 J'avais quand même des troubles, mais j'étais en pleine thérapie.
00:33:47 Donc effectivement, lui, quand il avait envie,
00:33:52 il aurait fallu que j'écarte les cuisses systématiquement.
00:33:55 Et quand j'ai voulu en parler, il me disait que j'avais un problème avec le sexe.
00:34:02 Mais au début, quand vous l'avez connu, vous étiez, entre guillemets, consentante ?
00:34:07 Oui, alors au début, quand je l'ai rencontré, je n'étais pas retombée,
00:34:11 enfin je veux dire, j'étais encore dans cette séduction, pour plaire.
00:34:16 Bon voilà, j'étais capable de ne pas me respecter.
00:34:22 D'accord, vous acceptiez des rapports chaque fois qu'il en avait envie ?
00:34:26 Oui, et puis petit à petit, chemin faisant,
00:34:30 moi je suis retombée dans des choses qui me sont revenues,
00:34:35 que je n'avais pas réglées avec moi-même.
00:34:37 Et du coup, quand j'ai commencé à expliquer ces problèmes-là,
00:34:42 lui, il ne voulait pas entendre.
00:34:44 Donc il me disait que j'étais malade, que j'avais un problème avec le sexe, etc.
00:34:48 Et puis bon, il n'y avait pas moyen d'en discuter.
00:34:51 Mais vous voulez dire que vous lui disiez non, et il vous sautait dessus quand même ?
00:34:59 Oui, il voulait absolument.
00:35:02 Et si je ne le faisais pas parce que je le repoussais, j'avais droit à la gueule.
00:35:07 Il faut savoir qu'aujourd'hui, on reconnaît le viol entre époux.
00:35:13 Oui, tout à fait.
00:35:15 Donc bon, chemin faisant en thérapie, j'ai fini par le quitter,
00:35:20 parce que ça ne m'intéressait pas de continuer dans une relation comme ça.
00:35:25 Et du coup, j'ai passé 4 ans toute seule,
00:35:28 en travaillant sur moi et en comprenant les mécanismes, etc.
00:35:33 Et puis ça s'est avéré que j'ai rencontré un homme, quelqu'un,
00:35:37 qui est tout à fait l'inverse.
00:35:39 C'est absolument différent.
00:35:41 Mais c'est intéressant parce que, Sabine Prokhoris,
00:35:44 on voit dans le témoignage d'Hélène qu'au fond,
00:35:47 sans doute que c'était aussi un malotru,
00:35:50 Oui, c'est un malotru.
00:35:52 Mais on voit bien que c'était à la femme, déjà,
00:35:55 dès le départ, de se respecter, avant même de parler de consentement.
00:35:59 C'est-à-dire qu'à partir du moment où il y a...
00:36:02 Mon problème, c'est pas...
00:36:04 À partir du moment où il y a un refus,
00:36:06 il y a un refus, c'est tout.
00:36:08 Mais ce que je critique, c'est l'idée qu'il faille un consentement explicite.
00:36:12 C'est-à-dire qu'on présume le non-consentement.
00:36:15 C'est ça qui ne va pas, comme la loi espagnole, par exemple.
00:36:18 Où seul un oui est un oui.
00:36:20 Non, mais c'est important.
00:36:22 Il faut que l'on prévoie, pour toute relation sexuelle,
00:36:26 un consentement explicite.
00:36:28 Quand il y a un non-consentement explicite, en plus,
00:36:32 il n'y a pas de problème.
00:36:34 On n'a pas à passer outre. C'est tout.
00:36:36 Après, vous avez vécu ce que vous avez vécu.
00:36:38 Vous avez quitté cet homme. Personne ne vous a empêché de le quitter.
00:36:41 Voilà. Ça va. Vous êtes passé au-delà, en fait.
00:36:44 Oui, je suis passé au-delà.
00:36:46 Mais tout en faisant...
00:36:48 Parce que j'étais idée, à l'époque, avec une kinésiologue.
00:36:51 J'ai fait des schémas.
00:36:53 J'ai appris à me respecter à ce niveau-là.
00:36:55 Du coup, il n'y avait plus d'être dans cette relation.
00:36:58 Je ne voulais plus ce philosophe.
00:37:00 C'était fini pour moi.
00:37:02 Mais encore une fois, on voit bien que, de toute façon,
00:37:06 même si vous lui disiez non, il était incapable de l'entendre.
00:37:10 Ah non. Il était incapable de le comprendre, oui.
00:37:12 Oui, mais c'était vraiment un grouge à ce niveau-là.
00:37:15 Et il m'a renvoyé la faute, bien évidemment.
00:37:17 Et c'est ça qui est embêtant.
00:37:19 C'est qu'à cause d'un pourcentage d'hommes, je ne sais pas lequel,
00:37:22 et personne ne le sait d'ailleurs,
00:37:24 on en arrive à des besoins de mettre des termes,
00:37:29 comme le consentement.
00:37:31 Parce que finalement, vous lui dites non, il continue.
00:37:34 Ça paraît...
00:37:36 Oui, mais ça c'est clairement, je veux dire, dans la loi,
00:37:38 quand on passe outre un non-consentement,
00:37:41 il y a un abus agressif.
00:37:43 Oui, oui, bien sûr.
00:37:45 C'est présent de toute façon dans la loi,
00:37:47 il y a du consentement sous la forme du non-consentement.
00:37:49 Et justement, quand il voulait me forcer comme ça,
00:37:52 ça me ramenait justement à ce passé où, à l'époque,
00:37:56 d'abord j'étais petite fille,
00:37:58 et puis après ado, et ado,
00:38:00 je ne savais pas où j'allais subir.
00:38:02 C'était en quelle année à peu près, Hélène, tout ça ?
00:38:05 Alors là, je vous parle, moi j'ai 60 ans aujourd'hui,
00:38:09 et la première fois, mon grand-père, j'avais 3 ans...
00:38:12 Non, mais je parle de cette relation avec cet homme.
00:38:14 Là, maintenant, il y a 5 ans que je l'ai quittée.
00:38:17 Il y a 5 ans que vous l'avez quittée ?
00:38:19 Donc, c'est pas très vieux ?
00:38:23 Non.
00:38:24 Vous n'étiez pas quand même au courant que,
00:38:27 quand on dit non, l'homme n'a pas le droit d'aller plus loin ?
00:38:30 Si, j'étais au courant, mais j'avais encore cette faiblesse affective,
00:38:33 j'étais dépendante affectivement,
00:38:35 donc je pensais toujours que c'était ma faute, moi,
00:38:39 donc j'étais pas suffisamment arpée dans le respect de moi-même.
00:38:47 C'est grâce à la thérapie.
00:38:49 C'est la thérapie, oui, c'est du tiers qui a été nécessaire
00:38:53 pour que vous puissiez vous respecter.
00:38:56 Oui, complètement.
00:38:57 Oui, parce que j'avais vraiment, dans mon disque dur,
00:39:00 personnel dans mon inconscient,
00:39:04 j'avais engrammé des choses qui étaient vraiment...
00:39:07 Je savais que c'était pas bien,
00:39:11 que je me respectais pas, donc j'étais mal appris,
00:39:14 mais je pouvais pas faire autrement.
00:39:16 J'étais dépendante affectivement de lui.
00:39:19 Voilà, jusqu'au jour où j'ai défait ce schéma-là...
00:39:22 Voilà, vous l'avez défait, c'est-à-dire ?
00:39:24 Oui, j'ai défait.
00:39:25 Vous l'avez défait, ce qui montre bien que ces questions-là,
00:39:27 c'est, avant d'être un rapport entre soi et l'autre,
00:39:29 c'est un rapport entre soi et soi, en fait.
00:39:31 Oui, complètement.
00:39:33 Et ça a été une libération pour moi, ouf !
00:39:37 Oui, et comme par hasard, le choix que vous avez fait ensuite,
00:39:41 vous avez choisi un homme qui, au départ, vous respecte.
00:39:43 Alors, je suis restée quatre ans toute seule,
00:39:45 je suis restée quatre ans toute seule, j'avais pas le choix,
00:39:47 je voulais vraiment aller au fond des choses,
00:39:49 vraiment me comprendre, et du coup,
00:39:51 la vie m'a mis sur la route à un homme absolument extraordinaire à ce niveau-là.
00:39:55 Oui, enfin, la vie, vous étiez prête à le rencontrer aussi ?
00:39:58 Oui, j'étais prête à le rencontrer, oui.
00:39:59 Je crois, je crois que vous l'auriez rencontré dix ans plus tôt,
00:40:02 peut-être que...
00:40:03 Je l'aurais pas suivi, certainement.
00:40:05 Voilà, je crois que c'est...
00:40:06 Mais, mais c'est...
00:40:07 Enfin, je sais que vous insistez beaucoup là-dessus, Sabine Prokhorie,
00:40:10 c'est que finalement, chaque femme fait son parcours.
00:40:13 Bien sûr, et je crois que ce qui est important, c'est effectivement que,
00:40:16 ben voilà, on apprend aussi.
00:40:18 Tout à l'heure, le monsieur a demandé, j'avais des regrets.
00:40:20 Tout le monde a vécu des choses, plus ou moins,
00:40:23 plaisantes, déplaisantes, etc.
00:40:25 Mais la question, c'est qu'au fond, on apprend de ce qu'on vit.
00:40:28 Et à partir du moment où on aime apprendre,
00:40:30 on est capable d'avancer en soi-même,
00:40:32 ben on n'a pas à avoir de regrets,
00:40:34 simplement on apprend, on apprend.
00:40:36 La vie, c'est pas que du...
00:40:38 - Et on apprend beaucoup plus de ses erreurs et de ses échecs.
00:40:42 - De ses échecs, de ses erreurs.
00:40:43 Et la vie, c'est pas juste le prince charmant et les bisounours.
00:40:46 La vie, c'est plein de choses.
00:40:48 Oui.
00:40:49 - Eh oui, donc vous avez appris, Hélène...
00:40:51 - Oui, j'ai beaucoup appris, oui.
00:40:53 Donc aujourd'hui, je dis merci à cet homme-là, et voilà quoi.
00:40:57 - Bon, peut-être pas lui dire merci, mais merci.
00:40:59 - Oui, mais je veux dire merci à vous d'avoir su sortir d'une relation qui n'était pas satisfaisante, en fait.
00:41:06 - C'est ça.
00:41:07 - Et ça va être non plus satisfaisante pour cet homme,
00:41:09 d'ailleurs parce que c'est pas agréable pour un homme
00:41:11 de sentir que l'autre n'a pas envie et n'est pas désiré.
00:41:13 - Exactement.
00:41:14 C'est ce que je lui ai...
00:41:15 D'ailleurs, quand on est parti, c'est ce que j'ai dit.
00:41:17 J'ai dit, Frédéric, on peut pas continuer comme ça, quoi.
00:41:19 Je veux dire, bon, toi t'es pas heureux, moi je le suis pas non plus,
00:41:21 donc quittons...
00:41:22 Enfin voilà, je m'en vais.
00:41:24 Parce que c'est pas satisfaisant, quoi, ni pour l'un ni pour l'autre.
00:41:27 - La rupture n'a pas été trop difficile ?
00:41:29 - Non, pas du tout.
00:41:30 Non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non,
00:41:33 mais de toute façon, ça faisait quelques temps qu'on était encore ensemble,
00:41:36 alors on se voyait pas tous les jours malgré tout,
00:41:39 et je savais qu'il y avait quelqu'un...
00:41:41 qu'il voyait quelqu'un d'autre.
00:41:42 J'avais intuité et bien senti qu'il voyait quelqu'un d'autre,
00:41:45 parce que ça faisait six mois que je voulais pas du tout, du tout, du tout, quoi.
00:41:48 Je voulais qu'on discute, je voulais qu'on pose des choses,
00:41:50 mais je voulais pas, donc lui, il est parti voir ailleurs.
00:41:53 - D'accord.
00:41:54 Eh bien merci, en tout cas, Hélène, de ce témoignage.
00:41:58 Sabine Procoris, à quel âge on devrait commencer à expliquer aux...
00:42:03 - Mais tout de suite, très tôt, aux enfants ?
00:42:06 Petit à petit, les enfants apprennent...
00:42:09 D'abord, déjà, il est important qu'ils apprennent à s'apercevoir,
00:42:13 à ce qu'on leur mette des limites.
00:42:15 On leur met des limites.
00:42:16 Aux enfants, on parle tout le temps d'éducation positive,
00:42:18 je sais pas quoi, ce qui est un peu absurde.
00:42:20 C'est-à-dire, il est important qu'un enfant apprenne la frustration,
00:42:22 apprenne les limites, ça veut pas dire le maltraiter.
00:42:24 Ça veut dire qu'il fasse la différence entre ce qu'il peut avoir comme désir et fantasme,
00:42:28 et ce qui est possible dans la réalité.
00:42:30 C'est-à-dire, il n'y a pas à lui interdire des désirs ou des fantasmes.
00:42:33 Il peut désirer découper en rondelles ses camarades,
00:42:37 mais il n'a pas le droit de le faire, si vous voulez.
00:42:40 Donc, il faut apprendre la différence entre son univers imaginaire
00:42:44 et puis l'univers commun, l'univers social.
00:42:48 Et ça, c'est la première chose qu'on apprend.
00:42:50 C'est à partir de là, déjà, il faut apprendre à se contrôler.
00:42:53 Et ensuite, savoir ce qu'ils peuvent ou non accepter des autres.
00:42:59 Et ça va ensemble.
00:43:01 - Et est-ce qu'il faut apprendre de la même manière aux petits garçons ?
00:43:04 - Bien sûr, je pense que oui.
00:43:06 Je pense que oui, parce que c'est des êtres pulsionnels,
00:43:09 ça se manifeste pas de la même façon chez les garçons et chez les filles, bien entendu.
00:43:12 Mais ne croyez pas que les petites filles soient moins pulsionnelles que les petits garçons.
00:43:17 - Je n'ai pas dit ça, je vous ai questionné.
00:43:20 - Non, non, non, mais je ne dis pas vous, Brigitte,
00:43:22 mais enfin, il ne faut pas qu'on pense ça,
00:43:24 parce qu'on aurait tendance à penser, en considérant que les filles sont passives,
00:43:27 et les hommes sont actifs, et les garçons sont actifs,
00:43:29 mais en réalité, ce n'est pas comme ça.
00:43:31 Et le champ psychique, il est...
00:43:34 Le libido, comme Freud disait une chose intéressante,
00:43:36 il disait que le libido est des sens masculines chez les deux sexes.
00:43:39 Seulement, quand il disait "masculine",
00:43:42 il avait en tête quelque chose de parfaitement ambigu, en réalité,
00:43:45 puisque les deux images qu'il employait pour...
00:43:48 Il figurait le masculin, dont il dit que c'est...
00:43:51 Le masculin et le féminin font partie des concepts les plus flous
00:43:54 du domaine scientifique et social.
00:43:56 Il prenait deux images.
00:43:58 L'une des images, c'était la main qui saisit.
00:44:01 Donc c'est un acte volontaire.
00:44:03 Enfin, pardon, mais l'érection d'un garçon, c'est pas un acte volontaire.
00:44:07 Comme disait Montaigne à propos de son sexe,
00:44:10 il disait "ce membre indocile qui s'érige quand on en a le moins besoin
00:44:14 et qui défaille quand on en a le plus besoin".
00:44:16 C'est un certain humour.
00:44:18 Donc la main, c'est-à-dire l'acte volontaire,
00:44:20 et l'autre, c'était le fleuve qui se répand en mille petits ruisseaux.
00:44:25 Ce qui est une image plutôt du côté du féminin.
00:44:27 Vous voyez donc, en fait, l'idée que la libido,
00:44:30 c'est une sorte d'élan,
00:44:33 de désir, de pulsion et de désir,
00:44:36 et qui est, au fond, qui traverse la vie psychique des êtres humains.
00:44:39 Après, comment ça s'organise chez les garçons et chez les filles,
00:44:42 c'est une autre question.
00:44:44 - Qu'on pourra peut-être aborder dans cette deuxième heure.
00:44:47 La question, ou plutôt la devinette, je sais que vous êtes philosophe,
00:44:50 donc j'ai trouvé cette phrase de Socrate.
00:44:52 Il dit "Mariez-vous, si vous avez une bonne épouse, vous serez heureux,
00:44:56 et puis sinon, et bien la réponse, c'est après les infos".
00:44:59 - Sud Radio, 14h16, Brigitte Laé, Sud Radio.
00:45:03 - C'est en compagnie de Sabine Procoris,
00:45:06 auteure de cet ouvrage "Le Mirage, Me Too",
00:45:09 aux éditions du Cherche Midi,
00:45:11 et également de ses "Habits Neufs du Féminisme", aux éditions Interval.
00:45:15 Un livre assez acéré, je pourrais dire,
00:45:19 où vous remettez beaucoup de choses au point,
00:45:22 comme vous le savez très bien le faire.
00:45:25 Et vraiment, si vous avez envie de mieux comprendre
00:45:27 les dangers, justement, de ce consentement,
00:45:29 je vous conseille ce livre, "Les Habits Neufs du Féminisme",
00:45:32 c'est des éditions Interval, ça se lit,
00:45:35 c'est franchement très facile à lire.
00:45:38 J'aime bien quand vous dites "le consentement",
00:45:41 c'est vraiment la démarcation entre le bon sexe et le mauvais sexe,
00:45:45 comme si il y avait...
00:45:47 - Ah ben c'est pas moi qui le dis, c'est l'auteur, la Manon Garcia,
00:45:50 qui parle du bon sexe, c'est-à-dire celui qui est moralement bon.
00:45:54 Autrement dit...
00:45:56 Et c'est intéressant parce qu'elle fait tout un livre sur la question des relations sexuelles,
00:46:00 sans parler une fois, le mot "désir" n'apparaît pas une seule fois.
00:46:03 C'est quand même extraordinaire.
00:46:05 - Et c'est bien pour ça que vous dites que c'est privé un peu les femmes
00:46:08 de leur propre capacité à désirer et à vouloir.
00:46:11 - Et à vouloir.
00:46:13 - Et donc c'est pour ça qu'on en parle aujourd'hui sur Sud Radio.
00:46:16 Alors, Socrate a dit "Mariez-vous, si vous avez une bonne épouse,
00:46:19 vous serez heureux, sinon ?"
00:46:21 - Alors là, j'en sais rien du tout.
00:46:23 - Ben vous deviendrez philosophe !
00:46:25 Bonjour Sabrina.
00:46:28 - Oui, bonjour Brigitte.
00:46:31 - Bonjour Sabrina.
00:46:32 - Bonjour à votre invitée, Sabine Frocorix.
00:46:34 - Bonjour madame.
00:46:35 - Je suis ravie d'être à vos côtés.
00:46:37 - Ben merci.
00:46:38 - Alors moi, concernant le consentement, je l'ai assez malmené,
00:46:42 quand même pendant pas mal d'années.
00:46:44 Et en tout cas, j'ai accepté pas mal de choses
00:46:49 sans vraiment que ce soit mes désirs, mais le désir de l'autre.
00:46:56 - Alors Sabrina, je suis ravie que vous disiez ça,
00:47:01 mais je pense que c'est le lot de beaucoup de femmes.
00:47:04 Et que c'est peut-être pas si grave.
00:47:07 - Bon ben c'est rassurant. J'y ai travaillé, j'y ai compris.
00:47:10 - Non mais vous voyez, c'est bien que vous me répondiez "c'est rassurant",
00:47:13 parce que si on vous dit "comment tu as pu accepter
00:47:17 alors que tu n'étais pas réellement dans le désir, etc. etc."
00:47:21 ben ça fait quoi ?
00:47:22 Ça fait de vous une pauvre victime qui n'a pas su se respecter.
00:47:26 Et vous partez avec l'idée que finalement vous avez été un petit peu trop faible,
00:47:31 ou trop je ne sais quoi.
00:47:32 Et si je vous dis "ben oui, il y a beaucoup de femmes,
00:47:35 au début de leur vie sexuelle, qui acceptent des choses
00:47:37 parce qu'elles ont envie d'être désirées, elles ont envie de plaire,
00:47:41 elles croient que parce qu'elles vont avoir une relation sexuelle,
00:47:44 elles vont s'épanouir, etc. etc."
00:47:47 - Exactement.
00:47:48 - Et alors ?
00:47:50 - Moi c'était beaucoup des injonctions religieuses, Brigitte.
00:47:55 - La religion qui vous disait de faire l'amour ?
00:47:58 - Non, c'est-à-dire qu'on me disait "tu es mariée avec, tu dois être..."
00:48:03 - Ah oui, oui.
00:48:04 - "Tu dois être..." c'est ton avis ?
00:48:08 - Le devoir conjugal.
00:48:09 - Le fameux devoir conjugal, exactement.
00:48:11 Tout à fait.
00:48:12 Moi qui étais grandie dans une famille de confession musulmane,
00:48:15 je ne mets pas d'étiquette bien sûr, mais je parle de mon histoire personnelle,
00:48:19 j'avais grandi avec toutes ces convictions qui faisaient qu'une fois que tu te mariais,
00:48:24 tu lui appartenais, et puis c'était comme ça, point c'est tout.
00:48:28 - Oui, mais c'était... vous auriez...
00:48:31 vous vous seriez sentie mal de ne pas obéir à cette sorte de loi intérieure
00:48:36 qui a été donnée par votre éducation,
00:48:39 et puis à un moment donné vous grandissez.
00:48:44 - Oui, mais c'est important ce que vous dites,
00:48:46 parce que c'est vrai pour cette religion-là, mais ce n'est pas la seule religion.
00:48:49 D'ailleurs, ça a beaucoup pesé sur les hommes aussi,
00:48:52 cette histoire de devoir conjugal, parce que par exemple, des hommes impuissants,
00:48:56 on pouvait faire annuler un mariage à cause de ça,
00:48:59 et il y avait une épreuve, c'est terminé depuis longtemps,
00:49:02 mais dans les années... enfin au Moyen-Âge, etc.,
00:49:04 où on est obligé, l'homme, à faire l'amour en public avec son épouse
00:49:08 pour voir s'il était impuissant ou pas.
00:49:10 Donc c'est quand même... il y a de quoi l'être, franchement.
00:49:13 - Oui, ça...
00:49:14 - Mais je veux dire, il y a beaucoup de gens,
00:49:17 c'est vrai en matière de sexualité, mais pas seulement,
00:49:20 il y a beaucoup d'hommes aussi qui font des choses qu'ils n'ont pas envie de faire,
00:49:24 parce que c'est le devoir, parce que c'est une injonction
00:49:29 qui ne correspond pas forcément à ce qu'ils désireraient faire,
00:49:33 y compris se marier, y compris avoir des tas d'enfants, etc.
00:49:39 La question c'est comment est-ce qu'un être humain arrive à tracer sa voix
00:49:45 et sa liberté dans le monde partagé,
00:49:48 c'est-à-dire en composant avec un certain nombre de choses
00:49:51 qui sont aussi les valeurs auxquelles il croit.
00:49:54 C'est pour ça que je disais que la question du consentement,
00:49:56 c'est aussi un rapport entre soi et soi, parce que même par rapport au désir...
00:50:00 Au fond, si on prend dans la littérature, deux exemples de la littérature,
00:50:04 il y a deux romans importants dans la littérature sur ces questions,
00:50:07 qui sont "La princesse de Clèves" et "Anna Karenine".
00:50:10 Alors dans "La princesse de Clèves", c'est une femme,
00:50:13 ça se passe au XVIIe siècle, qui est mariée,
00:50:16 et qui est folle amoureuse d'un autre homme.
00:50:19 Et elle le désire intensément, et lui aussi,
00:50:23 et elle refuse de vivre cette liaison.
00:50:26 C'est pas à lui qu'elle se refuse, c'est à elle qu'elle refuse.
00:50:31 - Au nom de sa morale.
00:50:33 - Voilà, au nom de sa fidélité à son mari.
00:50:35 Elle ne consent pas à son propre désir, ça veut pas dire qu'elle l'efface,
00:50:38 ça veut dire qu'elle renonce à le satisfaire.
00:50:41 Le désir, elle ne peut pas le commander.
00:50:43 Et à l'inverse, dans le roman de Tolstoy "Anna Karenine",
00:50:46 qui est un roman magnifique, peut-être un des plus beaux romans de la littérature,
00:50:50 Anna Karenine est également une femme mariée,
00:50:53 qui elle, cède, consent à son désir,
00:50:56 et vit une liaison amoureuse avec un amant,
00:50:59 mais en fait qui n'est pas tout à fait à sa hauteur.
00:51:02 Ça se termine mal pour elle, mais pas du tout par morale,
00:51:05 je dirais, ça se termine mal parce que cette femme va au bout d'elle-même.
00:51:09 - Oui, c'est Tolstoy.
00:51:11 - Comment ?
00:51:12 - Je dis que c'est Tolstoy, ça se termine jamais.
00:51:14 - Mais c'est un livre magnifique sur le désir, sur l'amour,
00:51:17 et sur ce qui se passe dans les conflits qu'on peut avoir intimes.
00:51:21 Parce qu'il y a des conflits intimes.
00:51:23 Vous me parlez de votre histoire,
00:51:25 mais j'ai eu l'occasion de rencontrer dans ma clinique de psychanalyste,
00:51:29 j'ai eu l'occasion de rencontrer à deux ou trois reprises
00:51:33 des situations de mariage forcé,
00:51:36 de jeunes filles d'origine en effet de culture musulmane,
00:51:40 qui étaient des filles qui faisaient des études,
00:51:43 et qui pendant les vacances avaient été mariées de force,
00:51:46 sans le vouloir, avec un cousin, etc.
00:51:49 Dans ce cas-là, ces filles-là,
00:51:52 je pense à l'une en particulier, qui avait réussi par la suite,
00:51:55 étonnamment grâce à l'aide de sa belle famille,
00:51:57 à divorcer de son mari.
00:51:59 C'était tout un chemin,
00:52:01 mais ce qui était très frappant chez cette jeune femme,
00:52:04 c'était le conflit intérieur,
00:52:06 le désir de ne pas blesser ses parents,
00:52:11 qu'elle aimait, c'est pas seulement qu'elle leur était soumise,
00:52:14 mais elle les aimait.
00:52:16 Et le désir de ne pas se marier avec,
00:52:18 le refus de se marier avec ce garçon,
00:52:20 ça a été très élevé comme prix psychique pour elle.
00:52:24 Mais elle a fait tout un trajet,
00:52:27 qui lui a permis ensuite de se séparer de cet homme,
00:52:30 sans pour autant entrer en conflit avec sa famille.
00:52:34 C'était extraordinaire ce qu'elle a réussi à faire.
00:52:36 Mais je veux dire, il y a aussi des conflits intérieurs,
00:52:39 qui font que, quelquefois, on fait plutôt tel type de choix,
00:52:43 plutôt que tel autre,
00:52:45 quitte à se frustrer soi-même.
00:52:47 - C'est ça.
00:52:48 - Et j'imagine, Sabrina,
00:52:50 entre le moment où vous vous mariez,
00:52:53 et quand vous commencez à vous affirmer,
00:52:55 il y a eu ce travail psychique, certainement, en vous.
00:52:58 - Exactement, oui.
00:53:00 Et à un moment donné, j'étais...
00:53:02 Déjà à l'époque, quand je m'étais mise avec mon conjoint,
00:53:06 j'avais une image de moi qui était complètement abîmée par mon enfance.
00:53:10 Et après, avec le recul, après avoir fait un travail,
00:53:12 et à écouter vos émissions de qualité,
00:53:15 j'ai compris et j'ai fait un cheminement sur moi.
00:53:18 Et là, maintenant, je sais ce que je ne veux plus.
00:53:21 Je ne respecte pas désir,
00:53:23 et plus par obligation,
00:53:25 comme je l'ai toujours fait.
00:53:28 Et au jour d'aujourd'hui, j'ai aussi une fille de 17 ans,
00:53:31 et je la pousse vraiment à être dans ça,
00:53:33 dans un désir,
00:53:35 que plutôt dans un...
00:53:37 - Dans un devoir.
00:53:39 - Exactement. Je vais chercher le mot, je vous en remercie.
00:53:42 - Non, je vous en prie.
00:53:43 - C'est exactement ça.
00:53:44 - Mais vous savez, Sabrina,
00:53:46 c'est aujourd'hui ces désirs-là que vous avez envie de satisfaire,
00:53:49 et peut-être que dans 10 ans, ce sera d'autres désirs.
00:53:52 C'est fluctuant, le désir.
00:53:54 - Oui, c'est fluctuant.
00:53:56 - Mais c'est important que vous puissiez apprendre cette liberté à votre fille,
00:53:59 transmettre ça.
00:54:01 - Oui. Je le transmets grâce à vous,
00:54:03 parce que moi, j'ai eu le déclic en écoutant vos émissions, Brigitte.
00:54:07 C'est pour ça que je suis vraiment...
00:54:10 Je vous dois énormément de choses,
00:54:12 parce que je me sens femme.
00:54:15 - Vous savez, Sabrina, merci de cet hommage que vous me rendez.
00:54:18 Je le prends volontiers.
00:54:20 Mais c'est vous qui avez su entendre.
00:54:22 Il faut toujours savoir qu'on a tous,
00:54:25 à un moment de notre vie, des gens qui nous disent les choses,
00:54:28 et puis parfois on les entend, parfois on les entend pas.
00:54:31 Mais ça a fait résonance en vous, et vous en avez fait quelque chose.
00:54:35 - Oui, parce que vous avez aussi cet esprit de liberté de parole, Brigitte.
00:54:39 Vous savez, la façon dont vous exprimez,
00:54:41 la façon et les différents intervenants que vous avez,
00:54:44 avec la qualité de leur savoir,
00:54:47 on n'en trouve pas à chaque coin de route.
00:54:49 C'est souvent des praticiens qu'on trouve en payant une consultation,
00:54:52 sans savoir ce qu'on va avoir derrière.
00:54:55 Et vous, vous nous proposez ça sur une antenne libre,
00:54:58 et rien que ça, c'est un cadeau que vous nous offrez.
00:55:00 - Vous m'offrez vos témoignages, donc on échange, c'est formidable.
00:55:04 Mais c'est vrai que c'est important d'entendre des paroles,
00:55:08 et on se construit grâce à ce qu'on...
00:55:11 Enfin, je veux dire, l'humain se construit grâce au langage.
00:55:14 - Oui, bien sûr, et grâce aux... On apprend les uns des autres, bien sûr.
00:55:17 - Absolument. - On apprend.
00:55:18 Et on est toujours capable d'apprendre.
00:55:20 - Oui, on est sur le chemin, et c'est infini.
00:55:24 Merci beaucoup, Sabrina. - Moi qui vous remercie.
00:55:26 Au revoir, mesdames. - Au revoir.
00:55:28 - Allez, on fait une petite pause, on se retrouve,
00:55:30 et on continue à parler vrai, bien sûr, sur Sud Radio 0826 300 300.
00:55:34 - Quoi faire ?
00:55:35 14h-16h, Brigitte Laé, Sud Radio.
00:55:39 - Nous sommes avec Sabine Prokhoris.
00:55:42 Nous évoquons la question du consentement.
00:55:44 Alors, on a des femmes, surtout, mais les hommes sont les bienvenus, également.
00:55:48 Vous pouvez, vous aussi, prendre la parole sur Sud Radio, bien sûr.
00:55:52 Bonjour, Marie.
00:55:54 - Oui, bonjour, Brigitte, et bonjour, Sabine.
00:55:57 - Bonjour, madame.
00:55:59 - Allez-y, on vous écoute, Marie.
00:56:01 - Alors, justement, je parlais avec Jordan, donc, du consentement,
00:56:06 et j'évoquais donc le verbal et le non-verbal,
00:56:10 qui, pour moi, est important.
00:56:12 Alors, je comprends qu'en couple, c'est très compliqué de dire non
00:56:16 et de ne pas avoir une relation sexuelle avec son mari.
00:56:19 C'est très, très difficile, parce que j'ai vécu ça aussi à l'époque.
00:56:23 Néanmoins, aujourd'hui, quand quelqu'un essaie de me séduire,
00:56:27 alors que ce soit parce que je l'ai vu une fois ou deux,
00:56:30 puis après, texto, voilà, moi, ça me fait plaisir de t'entendre,
00:56:34 est-ce que toi, ça te fait plaisir ?
00:56:36 Bon, sauf que moi, ça ne me fait rien, je veux dire,
00:56:38 c'est une relation simplement professionnelle.
00:56:41 Et j'ai rencontré cette personne qui s'est un peu trop rapprochée de moi,
00:56:46 et là, du coup, j'ai tendu mes bras et je lui ai dit
00:56:49 "Là, tu t'arrêtes, c'est mon espace, tu ne dépasses pas mes bras, quoi."
00:56:52 C'est là que je parle du verbal et du non-verbal,
00:56:56 c'est-à-dire mettre une ligne...
00:56:58 - Alors, il est certain que peut-être, dans les échanges de SMS,
00:57:02 vous avez un petit peu laissé la porte entre-ouverte ?
00:57:06 - Absolument pas.
00:57:07 - Ou en tout cas, il a cru que vous la laissiez entre-ouverte,
00:57:10 parce que c'est toujours la même chose.
00:57:13 On est tous, je veux dire, moi, même Sabine Prokhoris,
00:57:18 qui pourtant est psychanalyste,
00:57:20 on est tous en train d'entendre ce que dit l'autre à travers notre prisme.
00:57:24 - Oui.
00:57:25 - Et je crois que c'est vraiment important,
00:57:28 quand un homme vous dit "Est-ce que ça te fait plaisir de m'entendre ?"
00:57:34 c'est évident qu'il est en train d'essayer de vous séduire.
00:57:37 - Oui, mais là, c'est quand même...
00:57:40 - Donc si vraiment ça ne vous intéresse pas,
00:57:42 il faut tout de suite casser, si vous êtes...
00:57:46 Enfin, voyez, c'est important quand même,
00:57:49 parce que les hommes ont cette tendance à lancer des petites avances,
00:57:56 et puis si on laisse la porte entre-ouverte, ils continuent.
00:58:00 Et plus ils ont avancé, plus c'est compliqué de leur dire non.
00:58:04 - Alors, moi, il me semble bien, dans tous mes messages,
00:58:07 je relisais ce que je répondais,
00:58:09 parce que je ne laissais aucune faille, quoi.
00:58:12 Je veux dire, là, n'est pas la question,
00:58:14 je t'ai bien expliqué ma situation,
00:58:16 je ne cherche aucunement quelqu'un, je ne veux personne dans ma vie,
00:58:20 c'était très clair, quoi.
00:58:22 Néanmoins, quand on s'est rencontrés,
00:58:24 il a quand même, parce que j'étais appuyée à un mur,
00:58:27 il a quand même essayé de se rapprocher,
00:58:29 et c'est là que j'ai dit, bon, là, stop, quoi.
00:58:31 On va s'arrêter là, parce que je ne veux pas qu'il empiète sur...
00:58:34 - Oui, mais là, vous me dites autre chose que ce que vous m'avez dit il y a deux minutes, Marie.
00:58:38 - Ah, pardon.
00:58:39 - Non, mais je ne sais pas, et puis je crois que...
00:58:43 De toute façon, s'il vous plante contre un mur,
00:58:46 c'est de toute façon un abus, on est d'accord ?
00:58:49 - Non, là, c'est moi qui ai été appuyée contre un mur.
00:58:52 Donc, si vous voulez, il s'est approché de moi,
00:58:54 je n'ai pas pu reculer, et c'est là que j'ai tendu mes bras,
00:58:57 je me suis dit, bien, là, c'est mon espace.
00:58:59 - Et là, il s'est arrêté ?
00:59:01 - Il s'est reculé dessus.
00:59:02 Il m'a dit, c'est bon, je ne vais pas t'embrasser,
00:59:04 mais j'y compte bien, oui, que tu ne m'embrasses pas.
00:59:06 - D'accord, oui, donc il vous a respecté, il n'y a pas de problème.
00:59:08 - Oui, oui, oui, tout à fait.
00:59:10 Mais là où je voulais en venir, c'est par rapport...
00:59:13 Ce qui est très compliqué, c'est le verbal et le non-verbal.
00:59:17 - Oui, oui, oui, mais là, votre témoignage montre bien
00:59:20 à quel point, entre vous, il y a eu des malentendus.
00:59:24 - Oui, tout à fait, tout à fait.
00:59:26 - Après, c'est très compliqué, lorsqu'on est marié,
00:59:30 quand on est en couple, de refuser à son conjoint une relation.
00:59:35 Ce n'est pas simple.
00:59:37 Moi, j'ai le cas d'une copine à moi qui...
00:59:39 - Si, ça devrait être simple.
00:59:42 Ce n'est pas simple. Pourquoi ce n'est pas simple ?
00:59:44 Parce que c'est très compliqué pour la plupart des couples
00:59:47 de parler réellement de sexualité.
00:59:49 - Oui, il y a ça.
00:59:51 Il y a ça, mais je pense qu'il y a aussi
00:59:54 le fait d'une personne qui m'a raconté très récemment
00:59:59 que son compagnon était énervé, en colère, et tout.
01:00:03 Elle lui dit "Qu'est-ce que je t'ai fait ?
01:00:05 J'ai fait quelque chose qui n'allait pas ?
01:00:07 Ouais, non, j'en ai marre, nanana, bref, il se déhoronne."
01:00:10 Et après, une demi-heure après, il va lui faire un câlin.
01:00:14 Je lui dis, et elle répond.
01:00:17 Elle se laisse faire le câlin, et c'est là, en fait,
01:00:20 comme elle ne dit rien, elle consent.
01:00:22 Donc on repart du consentement.
01:00:24 Et là, j'aurais dû lui dire, tu aurais dû lui dire,
01:00:27 j'ai pensé, peut-être lui dire "Bon, écoute, là, je peux pas faire un câlin."
01:00:31 - Mais elle ne pensait pas à sa place, Marie ?
01:00:33 - Non, non, non, j'ai dit "Peut-être que là, il y saurait."
01:00:38 - Mais vous savez, il y a des personnes que ça peut exciter
01:00:43 de faire l'amour après avoir été un petit peu en crise.
01:00:48 Je crois que, si vous voulez Marie,
01:00:50 je crois que ce qui est vraiment très compliqué,
01:00:52 c'est que ce sont des zones très très très complexes
01:00:55 et qu'on peut réagir d'une certaine manière un jour,
01:00:58 autrement l'autre jour.
01:01:00 C'est idem pour notre partenaire.
01:01:02 Donc vous imaginez bien la complexité de bien se comprendre.
01:01:07 Et parfois, on croit qu'on s'est bien compris,
01:01:09 puis on découvre le lendemain ou six mois plus tard
01:01:13 qu'en fait, non, c'était pas comme ça.
01:01:15 Donc je crois que c'est vraiment très compliqué.
01:01:17 Mais c'est déjà compliqué d'être claire avec soi-même.
01:01:21 - Oui, non mais déjà, à la base, elle est là.
01:01:24 Mais c'est vrai que la personne me disait
01:01:26 que je n'avais pas du tout envie de lui faire un câlin.
01:01:29 C'est pour ça que je lui ai dit "Mais peut-être que tu aurais dû lui dire
01:01:33 "Tu te mets en colère et tu m'entends derrière."
01:01:35 - Je vais être exprès provocatrice, Marie,
01:01:37 pour vous et pour tous ceux qui écoutent.
01:01:39 Eh bien oui, on n'a pas toujours très envie de faire un câlin.
01:01:42 Est-ce qu'on a toujours très envie de faire la cuisine ?
01:01:44 Est-ce qu'on a toujours très envie d'aller faire les courses ?
01:01:46 Est-ce qu'on a toujours très envie de sortir la poubelle ?
01:01:49 Est-ce qu'on a toujours très envie de... je ne sais quoi ?
01:01:54 Après, je ne suis pas en train de dire que faire l'amour,
01:01:59 c'est quelque chose d'anodin.
01:02:01 Mais c'est peut-être moins important que ce qu'on dit.
01:02:05 - C'est-à-dire qu'on en fait un peu une affaire d'Etat.
01:02:07 - Oui, si vous voulez.
01:02:09 Marie, je crois, surtout quand on est avec son partenaire,
01:02:12 qu'on a déjà fait l'amour je ne sais combien de fois,
01:02:14 le faire une fois de plus ou une fois de moins.
01:02:16 Est-ce que c'est si important que ça ?
01:02:18 Que ce soit raté ou réussi, est-ce que c'est si important que ça ?
01:02:21 Je ne voudrais pas que cette histoire de consentement
01:02:24 qui est actuellement beaucoup mise en avant,
01:02:27 fasse du sexe quelque chose d'essentiel.
01:02:31 Parce que là, je crois qu'on a déjà assez de problèmes de symptômes sexuels,
01:02:35 on risque d'en avoir beaucoup plus.
01:02:37 - Je suis tout à fait d'accord, il y a une espèce de sacralisation absolue.
01:02:42 En plus, là j'entends bien ce que vous dites,
01:02:47 maintenant votre amie vous dit ça,
01:02:49 c'est une série de...
01:02:52 On ne sait pas ce qu'elle...
01:02:54 Elle n'est pas là en train de nous parler votre amie,
01:02:56 donc on n'en sait rien.
01:02:57 Et puis ce qui se passe vraiment dans l'intimité d'un couple,
01:02:59 dans une relation, dans la complexité d'une relation,
01:03:02 qui peut en juger de l'extérieur ?
01:03:04 Personne.
01:03:05 - Non mais je comprends, je comprends tout à fait.
01:03:07 Après le consentement...
01:03:08 - Il y a des ambiguïtés, je veux dire, il y a des ambiguïtés.
01:03:11 Si vraiment on n'a pas envie, on repousse.
01:03:13 Mais si on n'a pas trop envie, mais en fait on ne sait pas trop,
01:03:16 mais après tout pourquoi pas ?
01:03:17 Et puis en fait, on peut avoir des très mauvaises raisons
01:03:19 pour accepter quelque chose.
01:03:21 Mais on est responsable des raisons pour lesquelles on accepte
01:03:24 même quelque chose qu'on ne désire pas.
01:03:25 Je veux dire, il y a aussi la question de la responsabilité.
01:03:28 Les femmes ne sont pas sous tutelle,
01:03:30 ce n'est pas des êtres mineurs et dénués de capacités et d'autonomie.
01:03:34 Je veux dire, si une femme accepte quelque chose
01:03:37 qu'elle n'a pas très envie d'accepter,
01:03:39 c'est aussi sa responsabilité.
01:03:41 - Oui, et puis il n'y a pas mort d'homme.
01:03:43 - Ni de femme.
01:03:44 - Oui, ni de femme.
01:03:45 - Non mais c'est important ce que vous dites Sabine Procriste.
01:03:47 C'est notre responsabilité.
01:03:49 Je crois qu'il ne faut pas tout mélanger entre,
01:03:53 vous voyez Marie, un rapport sexuel qu'on accepte
01:03:55 alors qu'on n'en a pas vraiment envie,
01:03:57 et puis bon ben on l'accepte,
01:03:59 et puis un viol, c'est-à-dire un viol où on se défend,
01:04:02 où on dit non, et vous voyez,
01:04:04 parce que sinon on mélange tout.
01:04:07 - Oui mais ce n'est pas étonnant qu'on mélange tout
01:04:09 parce qu'on est dans une espèce de représentation
01:04:11 qui vient de Me Too, du continuum
01:04:13 des violences sexistes et sexuelles,
01:04:15 comme on dit, c'est-à-dire le fameux regard non consenti
01:04:18 sur lequel je démarrais, ce qui est une pure absurdité,
01:04:21 et le viol, c'est certainement pas la même chose,
01:04:24 mais c'est considéré comme étant en fait
01:04:27 juste des degrés sur une même échelle
01:04:29 qui démontrent l'intention prédatrice du mal.
01:04:32 Il y a quand même quelque chose qui ne va pas là.
01:04:35 - Oui, parce que le 90% des hommes,
01:04:38 quand ils ont envie de faire l'amour,
01:04:41 c'est parce qu'ils ont envie de nous et qu'ils nous désirent.
01:04:44 - Et puis ils aimeraient être désirés aussi, il ne faut pas oublier ça.
01:04:46 - Ce n'est pas parce qu'ils ont envie de nous violer,
01:04:48 et ce n'est pas parce que c'est des prédateurs en puissance.
01:04:50 - Tout à fait d'accord, oui.
01:04:52 - Donc vous voyez Marie, c'est très très complexe.
01:04:54 - Et puis vous parliez du cadavre, je veux dire,
01:04:56 il y a la sécurité, mais il y a la tendresse aussi,
01:04:58 il y a l'attachement, il y a beaucoup de choses
01:05:00 qui se passent à l'intérieur d'un couple,
01:05:02 et puis il peut y avoir de la détestation,
01:05:04 il est mieux de se séparer, aujourd'hui on en est capable.
01:05:06 - C'est possible.
01:05:08 - Merci beaucoup Marie, merci beaucoup.
01:05:10 On va faire une petite pause, on se retrouve pour le Love Conseil,
01:05:12 je vais vous évoquer les raisons qui rendent une relation difficile,
01:05:16 et puis on continue bien sûr à parler vrai sur Sud Radio 0826 300 300.
01:05:31 - On va parler des raisons qui rendent une relation difficile, Sabine Prokhoris.
01:05:35 D'abord, quand notre partenaire a des addictions,
01:05:39 je crois que c'est vraiment important de savoir si ça serait supportable,
01:05:43 sinon il vaut mieux éviter de trop s'engager,
01:05:45 parce que les addictions c'est du tiers,
01:05:47 c'est quelque chose qui pèse parfois lourd dans la relation.
01:05:51 Attention aussi aux personnes qui sont particulièrement colériques,
01:05:55 parce que c'est rare que ce caractère change au fil de la relation,
01:05:58 bien au contraire, notamment s'il est extrêmement jaloux.
01:06:02 S'il y a encore soit l'ex, soit la belle-mère,
01:06:08 soit je ne sais quoi qui est très présent dans sa vie,
01:06:11 faites quand même aussi un peu attention,
01:06:13 parce que vous risquez de vivre à trois.
01:06:15 Qu'est-ce qu'il y a d'autre ?
01:06:17 Quand il y a un grand dysfonctionnement sexuel,
01:06:20 un grand symptôme sexuel, ça ne fonctionne pas très bien sexuellement entre vous,
01:06:24 c'est pareil, il y a peu de chances que ça s'arrange au fil du temps,
01:06:27 alors que souvent on a tendance à penser que ça va s'arranger,
01:06:30 ce n'est pas vraiment le cas.
01:06:32 Et puis si vous remarquez des incompatibilités essentielles,
01:06:36 style l'un d'entre vous adore la campagne,
01:06:39 l'autre adore sortir tous les soirs en ville,
01:06:41 ça risque d'être un petit peu difficile de vivre ensemble.
01:06:45 Moi j'aime bien, j'appelle ça les fameux cartons rouges,
01:06:47 vous savez le carton rouge, c'est-à-dire quelque chose qu'on ne supporte pas,
01:06:51 par exemple si vous ne supportez vraiment pas les fumeurs,
01:06:54 par exemple les poils de chat ou je ne sais quoi,
01:06:57 si la personne a ce genre,
01:07:00 peut-être que c'est à vaut le coup d'y réfléchir à deux fois,
01:07:04 parce que ce qui au départ est assez pénible,
01:07:07 ça devient assez vite insupportable au fil de la relation.
01:07:10 Oui, l'ennui c'est que l'amour ça ne se commande pas,
01:07:13 on peut tomber amoureux de quelqu'un qui n'est pas son genre, comme disait...
01:07:17 Certes, mais on peut...
01:07:19 Après, la raison peut à un moment donné un peu quand même...
01:07:21 Oui, oui, oui, sûrement, sûrement.
01:07:23 Certainement.
01:07:25 Et puis après, ben...
01:07:27 Oui, ça...
01:07:29 Il y a aussi quelque chose qui est quand même fréquent chez les êtres humains,
01:07:32 et souvent chez les femmes,
01:07:34 c'est l'idée qu'elles vont réussir à transformer l'autre.
01:07:37 Ah ça c'est vrai.
01:07:38 Et cette espèce de fantasme de toute puissance,
01:07:41 qu'on va réussir parce qu'on est unique,
01:07:43 parce que l'autre vous aime, et parce qu'on l'aime,
01:07:45 et parce qu'on est irremplaçable,
01:07:47 transformer l'autre, ça c'est une grande illusion,
01:07:51 parce qu'on va être le sauveur, par exemple, dans un cas d'addiction, etc.
01:07:54 Ça je crois que c'est important d'arriver à renoncer
01:07:57 à ses propres fantasmes de toute puissance,
01:08:00 dans l'idée qu'on va transformer l'autre,
01:08:02 et le modeler en fait, à sa propre vision du prince charmant.
01:08:07 Voilà, bon en tout cas je vous ai fait une petite liste,
01:08:10 qui n'est pas exaucise, évidemment.
01:08:12 Bonjour Arnaud.
01:08:14 Alors, bonjour Brigitte, bonjour Sabine.
01:08:18 Merci Brigitte pour le résumé de ces dix frères en profil,
01:08:22 auxquels je pense ne pas correspondre.
01:08:26 Donc du coup, je m'appelle Arnaud,
01:08:29 33 ans, à Toulouse, menuisier et guérisseur.
01:08:32 Et donc du coup, moi...
01:08:34 Vous êtes un bon parti, c'est ça ?
01:08:36 Pour parler du consentement,
01:08:38 moi j'ai je pense une vision sur celle,
01:08:44 par exemple, entre guillemets, d'une certaine forme de réticence,
01:08:49 probablement, et je pense créée par
01:08:53 cette espèce de mouvement féministe,
01:08:56 du coup que je considère comme peut-être un peu trop extrême,
01:09:00 dans le sens où ça va favoriser une crainte,
01:09:04 une certaine résistance,
01:09:07 alors je ne dis pas qu'elle n'est pas légitime,
01:09:10 mais je dirais qu'elle complexifie le rapport à l'autre,
01:09:15 où moi je ne me définis pas comme étant quelqu'un qui va...
01:09:21 Vous n'êtes pas un prédateur ?
01:09:23 Alors, je mets des guillemets parce que je pense aimer ça,
01:09:28 cette forme de prédation, de ce côté animal,
01:09:33 mais dans le respect, et vous parliez tout à l'heure d'intelligence morale,
01:09:37 et je pense que tout est là, en fait.
01:09:39 Je pense qu'on peut aller au paroxysme de ce que chacun a envie pour l'autre,
01:09:46 parce que c'est pareil,
01:09:48 c'est pas parce qu'on a cette envie de prédation, de spontanéité,
01:09:51 de côté un peu sauvage, qu'on aime bien préserver...
01:09:54 - Oui, mais Arnaud, qu'on se comprenne bien,
01:09:57 que vous ayez ce fantasme de faire l'amour avec toutes les femmes qui vous plaisent,
01:10:03 ça peut tout à fait s'entendre,
01:10:05 après, c'est si vous passez à l'acte que la question peut se poser, on est d'accord.
01:10:10 - Je dirais même avant, parce que même pour nous,
01:10:14 les garçons, c'est compliqué d'aborder une fille sans avoir l'image du prédateur, entre guillemets.
01:10:23 Après, bien sûr que...
01:10:25 - Peut-être que le mot prédateur est un peu fort et peut être mal interprété, Arnaud.
01:10:31 - Connaissant certains garçons, je pense qu'il n'y a aucun problème à leur parler de prédateur,
01:10:37 et je pense même voir certains comportements de filles qui ont peur de cette prédateur,
01:10:45 et je pense qu'en plus c'est le cas, il y a vraiment...
01:10:48 - Oui d'accord, mais je pense que la différence, enfin vous allez me dire si vous êtes un prédateur ou pas,
01:10:51 je pense que la différence elle est quand même fondamentale,
01:10:53 c'est-à-dire que le prédateur, il se jette sur sa proie pour la consommer dans son plaisir à lui,
01:10:59 il se fout du plaisir de l'autre, un homme à peu près normal,
01:11:03 il a une pulsion qui le fait désirer faire l'amour avec une femme,
01:11:07 mais il a aussi envie qu'elle en ait envie et qu'elle ait du plaisir.
01:11:11 Donc vous voyez, ce n'est pas tout à fait la même chose quand même.
01:11:14 - Je suis d'accord, et je pense que c'est la notion de respect qui différencie les deux,
01:11:17 je pense qu'à partir du moment où on prend une considération pour l'autre,
01:11:21 forcément tout change, dans l'approche et au final dans le stop,
01:11:27 et dans l'écoute des besoins de l'autre, si on voit qu'on dérange, etc.
01:11:34 donc on voit qu'on a une limite,
01:11:37 et je pense que c'est important non seulement chez les garçons de plus l'assimiler,
01:11:42 mais aussi peut-être chez les filles,
01:11:44 de se dire qu'on n'est pas tous comme ça non plus,
01:11:47 et que c'est compliqué aussi pour nous de passer contre...
01:11:51 - Mais vous allez absolument dans le sens de ce que disait Sabine Procoris au début,
01:11:55 "tous les hommes ne sont pas des prédateurs, et toutes les femmes ne sont pas des proies".
01:11:59 Et c'est vrai que si il était peut-être nécessaire,
01:12:03 Me Too a été certainement nécessaire,
01:12:05 parce qu'il y avait, on se rappelle, de certaines réflexions
01:12:09 qui ont parfois laissé croire que, puisqu'elle l'a bien cherché, etc.
01:12:15 Ce sont des réflexions qui ne sont plus aujourd'hui entendables ni acceptables,
01:12:19 mais elles étaient encore entendables et acceptables il y a dix ans.
01:12:23 On voit bien que Me Too, il y a un avant et un après Me Too, et c'est très bien,
01:12:27 sauf qu'aujourd'hui, on a quand même un petit peu vrillé,
01:12:31 et c'est ça qu'on essaie dans cette émission aujourd'hui de démontrer.
01:12:36 - Oui, mais non seulement, je pense qu'en plus, selon les personnes qui appellent,
01:12:41 il y avait toujours cette notion d'équilibre que vous cherchez à réadapter,
01:12:46 et je pense qu'au final tout est une question d'équilibre,
01:12:49 ou à partir du moment où le respect est commun, alors c'est ok.
01:12:57 - Oui, mais le terme "respect" déjà dans une relation sexuelle,
01:13:01 il est parfois un peu complexe.
01:13:04 - Je dirais peut-être "accord", disons un accord,
01:13:06 parce que je crois qu'en fait vous ne parlez de rien d'autre que de la fougue amoureuse, c'est tout.
01:13:10 - Bien sûr, alors...
01:13:12 - Et évidemment, il est préférable qu'elle soit partagée, si c'est plus intéressant.
01:13:18 - Oui, mais c'est assez paradoxal.
01:13:21 Ensuite, dès que la première approche est lancée,
01:13:24 donc forcément après qu'il y a un contact intime, etc.,
01:13:28 moi je sais que j'aime ce côté spontanéité, un peu sauvage, un peu libre,
01:13:34 mais il me viendrait, ce serait bien mal à agir selon moi,
01:13:39 de forcer l'autre et qu'il n'y ait pas de communication.
01:13:42 Je pense que c'est même envisageable à partir du moment où il y a une bonne communication,
01:13:46 où c'est ok pour les deux,
01:13:49 et dans ce cas-là, réaliser ces fantasmes,
01:13:53 même sans forcément qu'il y ait de communication préalable,
01:13:56 mais que ça se trouve un commun accord.
01:13:58 - Oui, oui, le terme "accord" peut-être...
01:14:00 - C'est l'accord qui convient, oui.
01:14:02 - Oui, oui.
01:14:03 - Mais est-ce qu'il doit être absolument formulé ?
01:14:06 - Non, vous voyez, on se comprend,
01:14:09 je veux dire, comme tout quelqu'un parlait de langage non-verbal tout à l'heure,
01:14:12 il y a des signes qui font qu'on s'accorde.
01:14:16 C'est subtil, ce n'est pas forcément immédiat,
01:14:20 mais il y a des alchimies aussi qui font qu'entre deux personnes,
01:14:23 ça peut être très fougueux ou pas.
01:14:26 Ce n'est pas forcément ce qu'on aurait imaginé, peut-être, parfois.
01:14:30 - Maï ?
01:14:31 - Oui, parce qu'il se passe ça aussi, Arnaud,
01:14:34 on commence une relation intime avec quelqu'un,
01:14:38 on part sur un enthousiasme réciproque,
01:14:41 et puis finalement, on est parfois un peu déçu,
01:14:46 parfois c'est carrément l'extase, enfin, vous voyez...
01:14:51 - C'est une alchimie, en fait.
01:14:53 - Oui, c'est vrai.
01:14:54 - Un peu imprévisible,
01:14:56 et qui suppose aussi une capacité de percevoir,
01:14:59 des sortes d'antennes dans le rapport à l'autre et à son propre corps.
01:15:04 - Oui, oui, pour moi c'est tout à fait ça.
01:15:07 Mais je pense que quand même,
01:15:08 ce n'est pas évident à partir du moment où il y a une mauvaise communication.
01:15:11 Je pense que, justement, favoriser la communication,
01:15:14 sans forcément en parler pendant deux heures,
01:15:16 mais juste, c'est-à-dire que moi j'ai plutôt,
01:15:18 par exemple, personnellement, j'ai plutôt ce côté domination masculin fort,
01:15:24 mais entre guillemets, pour moi, il est préférable de, justement,
01:15:29 être à l'aise avec ça,
01:15:31 et de pouvoir le communiquer à mon partenaire,
01:15:33 et pouvoir lui dire,
01:15:34 « Bon, ben, moi j'ai plutôt tendance à agir comme ça,
01:15:36 est-ce que c'est ok pour toi ? »
01:15:38 Et ensuite, ça peut être très léger,
01:15:41 mais à partir du moment où on a commencé à apporter chacun sa tendance,
01:15:46 au final c'est beaucoup plus...
01:15:48 - Mais est-ce que ce besoin de communiquer dont vous parlez,
01:15:52 et c'est très bien,
01:15:54 vous l'avez depuis que vous avez 20 ans,
01:15:58 ou est-ce que c'est récent ?
01:16:00 - Non, non, c'est assez récent.
01:16:02 - D'accord, c'est bien depuis ce fameux terme de consentement
01:16:08 que vous avez appris à mettre plus de mots avant les actes.
01:16:12 - Oui, parce que moi je pense,
01:16:14 être né dans une famille où on n'en parlait pas beaucoup,
01:16:17 c'était assez tabou,
01:16:18 et donc du coup, c'est avec l'expérience que j'ai appris,
01:16:21 et je pense aussi, de développement personnel quand même,
01:16:24 développement personnel où on apprend à être bien avec soi,
01:16:27 avec soi-même, donc du coup avec sa sexualité,
01:16:30 on apprend, et donc du coup,
01:16:32 l'autre nous est important aussi,
01:16:35 donc je pense qu'il est tout aussi préférable,
01:16:39 donc du coup, de se connaître,
01:16:42 et au final de discuter avec l'autre,
01:16:45 si ça sera ok, etc.
01:16:47 Et voilà, mais je trouve que quand il y a cette notion de respect,
01:16:51 d'intelligence morale,
01:16:52 alors il y a peu de chances pour que le non-consentement ait lieu.
01:16:56 - Eh bien merci Arnaud, merci d'avoir réagi,
01:16:59 au moins on aura eu un homme qui aura pris la parole.
01:17:01 On fait une petite pause sur Sud Radio et on se retrouve dans un instant.
01:17:04 14h-16h, Brigitte Laé, Sud Radio
01:17:08 4.fr, le plus grand site de webcam live, réservé aux adultes.
01:17:12 14h-16h, Brigitte Laé, Sud Radio
01:17:16 Sabine Procoris est avec nous, philosophe, psychanalyste,
01:17:20 vous pouvez vous procurer le Mirage Me Too,
01:17:23 c'est aux éditions du Cherche Midi, vous comprendrez mieux
01:17:26 les dangers justement de ce terme consentement,
01:17:30 même si Garance qui est avec nous pense qu'il y a encore un bon chemin à faire
01:17:35 en ce qui concerne le consentement.
01:17:37 Bonjour Garance.
01:17:38 - Bonjour Brigitte, bonjour Sabine.
01:17:40 - Merci de témoigner, allez-y.
01:17:43 - Alors voilà, oui je trouve qu'il y a encore du chemin à faire,
01:17:48 par rapport sans doute à une génération
01:17:51 qui n'avait pas l'idée même du consentement,
01:17:55 ou n'arrive pas à entendre cette notion de consentement.
01:18:00 En deux mots, alors que j'ai été agressée jeune,
01:18:04 je suis donc très méfiante, j'ai du mal à accepter d'aller boire un café
01:18:10 ou manger avec des collègues, parce que voilà,
01:18:14 ça s'est vraiment inscrit de façon très durable dans ma façon d'être,
01:18:18 et pour autant j'ai dû aller dernièrement pour un soin
01:18:22 chez un médecin que je connais et qui connaît toute ma famille,
01:18:26 et qui m'a proposé de boire un café dans son cabinet.
01:18:32 Alors je l'ai refusé plusieurs fois,
01:18:36 et puis il me propose un autre rendez-vous,
01:18:39 mais toujours pour un soin,
01:18:41 parce que c'est un soin, je veux dire, dentaire,
01:18:44 donc ça demandait plusieurs séances,
01:18:46 et il me propose un matin à 8h moins le quart,
01:18:49 donc comme je travaille, j'accepte.
01:18:52 A l'issue du soin, il me dit "Bah tiens, je t'offre un café",
01:18:55 donc je lui dis "Bah j'ai pas trop le temps, mais bon, allez, ok pour un café".
01:19:00 Là je me suis retrouvée à me faire peloter dans tous les sens,
01:19:03 et heureusement que le patient derrière est arrivé en avance et cassonné,
01:19:08 et voilà, et pour autant je vais avoir 50 ans,
01:19:12 je suis méfiante,
01:19:14 mais il y a des circonstances qui font qu'on ne s'y attend pas.
01:19:17 Et malgré que vous puissiez vous positionner comme "je suis pas intéressée",
01:19:22 même si je suis séparée, je suis pas intéressée,
01:19:25 il y a des générations qui ne veulent pas entendre.
01:19:28 Je pense qu'il y a encore du travail qui dure.
01:19:30 - Il y a certainement des très jeunes qui ne veulent pas entendre aussi.
01:19:33 Je crois qu'il faut bien qu'on se comprenne, puisqu'on est en fin d'émission,
01:19:38 ni moi ni Sabine Procoris ne sommes pour justifier quoi que ce soit
01:19:44 quand un homme se comporte de cette manière-là.
01:19:47 - Bien sûr.
01:19:48 - Donc voilà.
01:19:50 Et là où je m'interroge, c'est qu'à la suite de ça,
01:19:53 je suis partie en me disant "mais là t'es passée encore à deux doigts dans un truc",
01:19:58 et j'ai pris contact avec un autre dentiste,
01:20:01 et en une séance le soin était réglé,
01:20:04 alors qu'avec lui ça prenait des séances et des séances,
01:20:07 donc vous voyez j'arrive même à me demander si la démarche n'était pas réfléchie depuis un moment.
01:20:13 - C'est possible.
01:20:14 - Après on n'arrive pas à s'en sortir,
01:20:16 de se dire "mais zut, du coup j'ai choisi une femme",
01:20:19 en me disant que ce sera plus simple.
01:20:22 Enfin voilà.
01:20:24 - Oui, de toute façon, qu'il y ait des...
01:20:29 Alors le problème en plus, c'est que quand un homme a les mains baladeuses,
01:20:34 ou je ne sais quoi, de toute façon il va le faire avec beaucoup de femmes,
01:20:39 ce qui laisse à penser qu'il y a beaucoup d'hommes,
01:20:41 mais le même homme va forcément abuser et aller trop loin avec plusieurs femmes.
01:20:50 C'est pour ça qu'on a l'impression qu'il y a beaucoup d'hommes.
01:20:53 Mais mettons pas tous les hommes dans le même sac,
01:20:58 c'est ça le risque,
01:21:00 et c'est ça qui a tendance à faire ce terme de consentement.
01:21:04 Elle a laissé croire aux femmes que de toute façon,
01:21:07 dès qu'un homme les approche, elles peuvent se faire tripoter.
01:21:13 Parce qu'on voit bien d'ailleurs vous, du coup,
01:21:17 qu'est-ce que vous faites ? Vous allez voir une dentiste.
01:21:20 - Oui.
01:21:22 Oui, parce que je me dis, on est en position relativement de faiblesse.
01:21:28 Au moment où vous êtes en soins d'enfer,
01:21:31 vous ne pouvez pas vous défendre,
01:21:34 vous ne pouvez pas réagir comme vous le voulez.
01:21:36 Il y a une position de faiblesse liée au soin en lui-même.
01:21:41 - Oui, vous avez vécu quelque chose qui visiblement vous a traumatisé,
01:21:48 et ça se comprend, Garence.
01:21:50 Peut-être que dès la première fois, vous aviez ressenti un léger malaise,
01:21:55 et c'est peut-être ça qu'il faut écouter aussi.
01:21:58 - Alors, j'en suis certaine.
01:22:02 Il est vrai que je pense...
01:22:06 que ça vient s'inscrire dans mon histoire,
01:22:09 et que mon ressenti, je ne l'ai jamais écouté.
01:22:13 C'est bien pour ça qu'il m'est arrivé tout ce qui a pu m'arriver de difficile,
01:22:17 et que cette fois encore, je me suis dit,
01:22:20 "Mais non, tu te fais des idées, là. Tu te fais des idées."
01:22:25 - Non, je crois qu'il faut que vous écoutiez plus votre...
01:22:28 Vous savez, quand le corps dit non,
01:22:30 ce sentiment de malaise qu'on ressent dans son corps,
01:22:34 c'est toujours à prendre au sérieux.
01:22:37 Quelle que soit la situation, d'ailleurs.
01:22:41 Vous savez, on a une sorte d'instinct animal,
01:22:44 quand on n'est pas bien dans son corps face à quelqu'un,
01:22:47 c'est quelque chose qu'il faut toujours prendre au sérieux.
01:22:50 Et peut-être que c'est ça qu'il faut que vous appreniez, justement, actuellement.
01:22:54 Peut-être qu'il faut aller vers des techniques comme la soufrologie.
01:23:00 Il faut que vous arriviez à être plus en accord avec votre ressenti corporel.
01:23:05 Pour vous respecter, justement.
01:23:08 - J'étais en plein travail avec une thérapeute,
01:23:12 et la vie est parfois très difficile.
01:23:16 Ma thérapeute vient de décéder, donc c'est toujours dans ma...
01:23:20 Il y a des choses qui sont difficiles quand on a entamé un travail avec quelqu'un,
01:23:24 qui s'arrête là aussi.
01:23:26 Je le partage avec vous en toute confiance.
01:23:29 Donc je me dis qu'il va falloir que tu reprennes ce travail avec quelqu'un d'autre.
01:23:33 Et je le continuerai, bien sûr.
01:23:35 - Oui, mais ce travail, ce que vous avez fait avec cette thérapeute,
01:23:40 c'est fait.
01:23:42 - Oui, oui. Absolument.
01:23:44 - C'est pas perdu.
01:23:46 - Non, non, c'est pas perdu.
01:23:48 - Vous allez repartir avec déjà une base qui a été faite.
01:23:52 - Tout à fait.
01:23:54 Et peut-être que dans l'idée de consentement que vous venez de nous dire,
01:23:59 sur le fait de s'écouter,
01:24:01 il est peut-être là la vraie notion de consentement.
01:24:04 C'est-à-dire de s'écouter.
01:24:06 D'être dans la capacité de se dire "là non, j'y vais pas parce que je le sens pas".
01:24:11 Et d'arriver à être certaine de son nom, peut-être.
01:24:16 Parce que j'entendais au début de l'émission, et j'ai trouvé ça très intéressant,
01:24:20 la différenciation entre une réflexion, un choix tout à fait volontaire,
01:24:26 et puis le ressenti émotionnel qui parfois nous est trompeur.
01:24:30 Mais effectivement, il y a des situations où ça s'impose à nous.
01:24:35 Et peut-être que si on apprend déjà à bien l'entendre,
01:24:39 on sera plus en mesure de se positionner par rapport à ce consentement.
01:24:45 - Oui, sûrement.
01:24:47 - Mais encore une fois, vous savez, Garence,
01:24:51 alors je sais que j'ai la chance d'être très en relation avec mon corps et mes ressentis,
01:24:56 mais je crois que quand on rencontre quelqu'un la première fois,
01:24:59 il y a énormément de messages qui nous viennent.
01:25:03 Et que si on rationalise, on peut pas les entendre.
01:25:07 - Oui, alors moi dans le cas que je vous ai expliqué à l'instant,
01:25:11 cette personne, ça fait plus de 25 ans que je le connais.
01:25:15 Et en 25 ans, il n'y avait pas eu d'ambiguïté jusqu'à ce que je vienne à divorcer et qu'il la traîne.
01:25:22 C'est comme s'il y avait, il n'y a plus de limite, là on peut y aller.
01:25:26 Alors que pendant 25 ans, je n'ai pas eu de souci.
01:25:29 Donc là où c'est difficile, c'est justement ce basculement sur quelqu'un qu'on connaît depuis longtemps.
01:25:34 - Oui, oui, bien sûr, bien sûr. Mais vous le dites bien, il a changé un peu.
01:25:39 Il vous offre un café, il ne vous l'offrait pas avant.
01:25:41 Donc voyez bien que quelque part, vous aviez aussi des signes.
01:25:44 Que c'est pas, encore une fois, vous n'êtes coupable de rien du tout.
01:25:48 Garcon, ça, je ne suis pas en train de vous...
01:25:51 Mais ce sont, c'est les rapports humains.
01:25:55 Et les rapports humains sont très complexes.
01:25:57 Et de temps en temps, ben oui, on n'a pas vu quelque chose.
01:26:01 Et puis on est obligé de réajuster le tir.
01:26:05 Mais c'est aussi ça la vie.
01:26:07 Et on l'a dit tout à l'heure, nos échecs, nos erreurs.
01:26:10 Peut-être que cette expérience, qui est une expérience négative,
01:26:13 elle va vous permettre d'en éviter une autre qui aura été plus négative aussi.
01:26:18 Allez savoir.
01:26:19 - Alors, déjà je l'entends.
01:26:21 Et puis votre invité tout à l'heure avait dit quelque chose qui à chaque fois me touche.
01:26:26 C'est de dire que les hommes comme les femmes ne sont pas toujours conscients du désir qu'ils peuvent représenter pour les autres.
01:26:36 Et ce qu'il y a, c'est que moi je n'ai jamais considéré que je pouvais être désirable.
01:26:40 - Rien n'a qu'à écouter votre voix, Garance.
01:26:44 On peut être sûr que vous êtes désirable.
01:26:47 - Je vous remercie.
01:26:49 Je vous remercie vraiment.
01:26:50 Mais voilà.
01:26:51 Mais quand on a grandi avec cette idée qu'on peut être...
01:26:54 On n'est pas désirable.
01:26:56 On ne s'imagine pas qu'on puisse faire comme ça l'objet d'un fantasme, d'un désir qui va être au-delà de...
01:27:02 - Peut-être que quand on a cette impression de ne pas être désirable et qu'on en a souffert,
01:27:08 peut-être qu'on envoie des signaux qui sont peut-être des signaux qui nous rendent désirables.
01:27:14 Mais bon, c'est tellement complexe.
01:27:16 En tout cas, merci Garance.
01:27:18 Merci de ce témoignage.
01:27:19 Demain, nous serons avec Jean-Charles Bouchoud en direct du Cap d'Agg.
01:27:23 Il sera deux jours sur le libertinage.
01:27:25 Et évidemment, là, le désir, il est partout.
01:27:29 Et puis, merci beaucoup Sabine Procoris.
01:27:32 - Merci de votre invitation.
01:27:34 - Merci d'être venue nous éclairer avec, comme toujours, ces paroles particulièrement percutantes.
01:27:40 Tout de suite, vous retrouverez C'est votre avis.