Avec Hélène Vecchiali, psychanalyste, et auteur de plusieurs livres, de « Le Silence des Femmes » et de « Un zèbre sur le divan » aux éditions Albin Michel.
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00:00:05 14h16, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:00:09 Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio.
00:00:13 Le terme de pervers narcissique est maintenant entré dans le langage courant,
00:00:16 à tel point qu'à la moindre manipulation de notre partenaire, on va vite l'affubler de ce terme.
00:00:22 Or, entre une séduction, une manipulation peut-être un peu exagérée,
00:00:27 afin d'obtenir ce qu'on espère de son partenaire et le vrai pervers narcissique.
00:00:31 Il y a bien sûr des différences essentielles et c'est important de les comprendre.
00:00:35 C'est avec Hélène Vecchiali qui va d'abord nous expliquer comment on reconnaît ce pervers ou cette perverse narcissique,
00:00:41 parce qu'évidemment il y a aussi des femmes.
00:00:43 Et puis, on verra que dans une relation avec ce genre de personnes, mieux vaut fuir,
00:00:48 parce que vous ne changerez pas un partenaire pervers narcissique.
00:00:52 En revanche, quelqu'un d'un peu égocentrique, manipulateur ou même très narcissique,
00:00:57 vous pourrez quand même peut-être améliorer la relation.
00:01:01 Donc, mieux vaut faire le bon diagnostic et c'est ce que je vous propose de faire durant ces deux heures avec Hélène Vecchiali.
00:01:06 N'hésitez pas à venir nous rejoindre pour témoigner, si vous avez l'impression que votre partenaire
00:01:11 n'est pas tout à fait aussi bien que vous l'aviez imaginé en le rencontrant.
00:01:18 Parce qu'évidemment, quand on les rencontre, les pervers narcissiques, c'est comme les escrocs.
00:01:22 Sinon, on n'accepterait pas de s'engager avec eux.
00:01:25 Notre numéro, vous le connaissez, c'est le 0 826 300 300.
00:01:29 Bonjour Hélène Vecchiali.
00:01:30 Bonjour Brigitte.
00:01:31 Alors, vous avez été sans doute une des premières à écrire sur les pervers.
00:01:36 C'était "Maître des pervers, échec et mat", chez Marabout.
00:01:41 Donc, c'est un livre qui remonte déjà à plus de 15 ans, je crois.
00:01:45 Non, peut-être pas.
00:01:48 Je ne sais pas. En tout cas, au moins 10 ans.
00:01:51 Je n'ai pas d'idée.
00:01:52 Vous réfléchirez pendant la prochaine pause.
00:01:54 8-9 ans, je dirais.
00:01:55 Enfin, quand même.
00:01:56 C'est pas mal.
00:01:57 Et donc, je crois qu'on n'a jamais tellement abordé ce sujet avec vous.
00:02:03 Si, une fois, je crois.
00:02:06 En tout cas, on va l'aborder aujourd'hui.
00:02:08 Parce que chaque auteur qui a écrit sur les pervers narcissiques a une vision un peu différente.
00:02:13 Mais c'est normal, on est tous différents.
00:02:16 Et déjà, j'aimerais bien que vous me donniez, peut-être pas la définition,
00:02:21 parce que c'est difficile de donner la définition,
00:02:23 mais qu'est-ce que vous diriez ?
00:02:25 C'est quoi, c'est qui un pervers narcissique ?
00:02:27 Eh bien, ce qui est important de savoir, c'est que c'est quelqu'un qui est malade.
00:02:31 C'est-à-dire qu'on n'est pas dans quelqu'un...
00:02:34 On ne va pas lui plaindre.
00:02:35 Quelqu'un qui a des défauts.
00:02:36 Non, non.
00:02:37 Mais ce n'est pas quelqu'un qui a des défauts, qui n'est pas très clair, etc.
00:02:40 Non, non. C'est quelqu'un qui est malade.
00:02:42 Je ne sais pas, parce qu'en même temps, on ne peut pas le soigner.
00:02:45 Oui, mais c'est un malade incurable.
00:02:47 Donc un malade incurable qui est dans une structure psychologique qu'on appelle "borderline".
00:02:52 Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:02:53 Pour faire de façon synthétique et un peu grossière,
00:02:57 c'est qu'il est à la limite entre les gens normaux et les gens qui sont plus dans la folie.
00:03:02 Et il a une peur bleue, inconsciente, de basculer chez les fous.
00:03:07 Vraiment, entre guillemets.
00:03:09 Alors, qu'est-ce que c'est qu'un pervers narcissique ?
00:03:11 C'est une personne qui considère que l'autre est un objet.
00:03:15 Et un objet à détruire.
00:03:17 C'est la définition la plus simple qui puisse exister, mais malheureusement la plus vraie.
00:03:22 Alors, quand vous dites "est un objet à détruire",
00:03:25 vous voulez dire que c'est conscient, ça, chez lui, ou c'est inconscient ?
00:03:28 Non, c'est spontané.
00:03:29 Spontanément, chaque fois qu'il voit des êtres humains,
00:03:32 lui, il voit des objets.
00:03:35 Et des objets qu'il veut absolument détruire psychologiquement
00:03:40 pour en jouir.
00:03:41 Sauf que, c'est pas la bonne solution.
00:03:44 Il choisit cette solution-là parce qu'il a que ça comme comportement à sa disposition.
00:03:51 Et la jouissance n'est pas à la hauteur de ce qu'il attendait.
00:03:55 Donc, il faut recommencer, sans cesse recommencer.
00:03:57 Et en général, il choisit des personnes qui sont plutôt des belles personnes,
00:04:01 tant qu'à faire, on va pas choisir des mauvaises.
00:04:04 Si on prend la métaphore du vampire, il va pas prendre un sang putride.
00:04:08 Donc, en revanche, un sang champanisé, c'est dur à dire ça.
00:04:13 Un sang champanisé, ça, alors là, ça vaut le coup.
00:04:16 Donc, il faut que ce soit des belles personnes,
00:04:19 qui soient joyeuses, qui aient le goût du bonheur,
00:04:22 qui soient vraiment pétillantes.
00:04:24 Et son but, c'est de les éteindre à petit feu.
00:04:26 Voilà, c'est de les éteindre à petit feu.
00:04:27 Mais ces personnes-là ont une faille dans laquelle il va s'engouffrer.
00:04:31 C'est-à-dire que ce sont souvent des personnes qui ont pas trop confiance en elles
00:04:36 et des personnes souvent qui veulent sauver l'autre.
00:04:39 Donc, c'est génial, il se fait passer pour une victime, le pauvre malheureux,
00:04:43 l'autre veut le sauver et hop, c'est parti, elle entre dans ses filets.
00:04:47 Et là, il y a toute une stratégie et tout un tas de techniques
00:04:50 qui sont incroyablement mises au point et qui font tomber la victime.
00:04:55 - Et alors, évidemment, au début, ils sont tout à fait sympathiques,
00:04:58 attirants, séduisants... - Bien sûr.
00:05:00 Alors, c'est la phase qu'on appelle la lune de miel.
00:05:03 Donc, pendant cette phase-là, ils vont faire en sorte
00:05:07 que tous les désirs de leur victime soient satisfaits
00:05:11 et ils vont pousser plus loin le vice inconscient,
00:05:14 c'est-à-dire qu'ils vont scanner la personne
00:05:17 et percevoir des désirs inconscients que la personne elle-même ne connaît pas
00:05:22 et qu'ils vont satisfaire.
00:05:24 Donc, il va y avoir un sentiment de complétude.
00:05:27 J'ai dans mon livre, là, "Maître les pervers, échec et maths",
00:05:30 dans mon livre, je cite une personne qui dit
00:05:34 "J'étais comme au buffet du Club Med,
00:05:37 il y avait tout à ma disposition et tout pour me satisfaire,
00:05:41 c'était incroyable."
00:05:43 - Est-ce que ce sont des gens qui ont plutôt réussi dans la vie ou...
00:05:46 - Pas forcément. - Pas forcément.
00:05:48 - On leur prête une grande intelligence, ce qui est faux.
00:05:51 Ils sont brillants parce qu'ils arrivent à s'approprier les idées des autres
00:05:55 et à les mettre en avant. - Donc, plutôt opportunistes.
00:05:58 - Opportunistes. - Oui.
00:06:00 - Mais dès qu'ils peuvent accéder à des postes de pouvoir,
00:06:03 ça c'est intéressant parce que là,
00:06:05 ils vont avoir multitude de personnes
00:06:08 qu'ils vont pouvoir manipuler.
00:06:10 Et ce qui est plus grave, il y en a quand même,
00:06:12 pas énormément, mais il y en a pas mal
00:06:14 chez les psychothérapeutes et les psychanalystes,
00:06:16 parce que là, les victimes,
00:06:18 leur sont présentées sur un plateau. - Sur un plateau, évidemment.
00:06:20 Alors, on dit qu'il y en a de plus en plus dans la société actuelle,
00:06:24 des personnes avec des...
00:06:26 - Oui, je crois qu'il y en a de plus en plus,
00:06:30 parce qu'effectivement,
00:06:32 c'est des personnes...
00:06:34 L'origine des pervers narcissiques,
00:06:37 qu'est-ce qui fait que quelqu'un devient pervers ?
00:06:39 Donc, ce sont souvent des hommes,
00:06:41 et vous avez eu raison de le préciser, il y a aussi des femmes,
00:06:43 mais ce sont souvent des hommes, parce que jusqu'à aujourd'hui,
00:06:45 ce sont les femmes qui accouchent d'enfants.
00:06:47 Et que quand une femme accouche d'un garçon,
00:06:50 une femme qui n'est pas forcément perverse,
00:06:52 mais qui est plutôt très narcissique,
00:06:54 et puis dans une souffrance identitaire,
00:06:57 de voir quelle femme a engendré un petit garçon,
00:07:02 et bien, elle va s'en servir comme d'un phallus.
00:07:04 C'est-à-dire, avec lui, je suis dans la toute-puissance,
00:07:10 et je vais m'approprier ce petit garçon-là,
00:07:12 et en faire ce que je veux.
00:07:14 - Et cette emprise qu'a la mère sur ce garçon
00:07:17 va le rendre pervers narcissique ?
00:07:19 - Oui, parce qu'il va découvrir dans ses premiers liens,
00:07:21 qu'un lien affectif, c'est dangereux,
00:07:23 et qu'il peut y perdre sa vie psychique.
00:07:26 Et donc, sa meilleure défense, ça va être l'attaque.
00:07:28 Donc, il va attaquer tous les autres liens.
00:07:30 - C'est ce que disent d'ailleurs certains thérapeutes,
00:07:32 c'est que ça vient de l'enfance,
00:07:34 ce trait de pervers narcissique.
00:07:38 - Oui, tout à fait.
00:07:40 - D'où, encore une fois, la nécessité de protéger au maximum les enfants.
00:07:44 - Bien sûr.
00:07:45 - Maintenant, c'est compliqué, parce que
00:07:47 qui peut se rendre compte qu'un enfant est en danger dans une famille ?
00:07:49 - Le père.
00:07:50 Et c'est là où il y a un problème,
00:07:52 c'est que souvent, ces mères abusives,
00:07:55 qui sont incestuelles, c'est-à-dire, il ne va pas y avoir de passage à l'acte,
00:07:58 mais elles vont s'approprier l'enfant,
00:08:00 comme s'il lui appartenait en tout et pour tout,
00:08:02 et bien, il n'y a pas de père qui vient séparer ça.
00:08:05 Et dans mon livre, je cite l'exemple d'une femme
00:08:09 qui racontait que son compagnon avait un père,
00:08:14 et que le père lui avait dit
00:08:16 "Mais pendant que ma femme le fait suer,
00:08:19 on va être polis,
00:08:21 elle me laisse tranquille."
00:08:23 Donc il avait laissé son fils se faire massacrer,
00:08:26 comme ça, pendant ce temps, sa femme ne l'embêtait pas, lui.
00:08:29 Evidemment, ce qui n'est pas terrible de la part d'un père.
00:08:34 Alors, on va évoquer tout ça, bien sûr,
00:08:37 mais la question aussi qu'on peut poser,
00:08:39 est-ce qu'on peut être pervers, narcissique, à différents degrés ?
00:08:42 Est-ce qu'on est 100% ?
00:08:44 Ou est-ce qu'on peut l'être un petit peu...
00:08:45 - Non, je ne crois pas.
00:08:46 Malheureusement, c'est un peu comme la couleur des yeux.
00:08:49 - On ne l'est pas.
00:08:50 - Oui, voilà, parce que c'est un tel problème identitaire grave,
00:08:53 c'est quelqu'un qui a une angoisse de vivre constante,
00:08:59 c'est pour ça qu'il veut s'approprier des belles personnes.
00:09:02 Donc il veut déverser sur elle.
00:09:04 - D'ailleurs, c'est quelqu'un qui n'est pas en relation avec ses émotions.
00:09:06 - Non, pas du tout.
00:09:07 D'ailleurs, il n'a pas d'émotion, c'est vraiment un vide absolu.
00:09:11 C'est un gros vide identitaire,
00:09:13 c'est un déni de tout, un déni de l'autre.
00:09:18 - D'ailleurs, j'ai un invité qui m'avait dit un jour,
00:09:21 et j'avais trouvé ça assez intéressant,
00:09:22 le seul moment où il peut avoir des émotions,
00:09:24 c'est quand il est dans la jouissance de faire souffrir l'autre.
00:09:27 - Oui.
00:09:28 - Vous êtes d'accord avec ça ?
00:09:29 - Exactement, exactement.
00:09:30 C'est ces moments-là où il a l'impression de vivre.
00:09:34 Mais son objectif, c'est de s'approprier les belles qualités de l'autre
00:09:39 et en échange de déverser en elle toute sa noirceur.
00:09:43 Bon, heureusement, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
00:09:46 - On entend de plus en plus,
00:09:49 en tout cas dans cette émission,
00:09:51 de témoignages de gens qui pensent être avec des pervers narcissiques.
00:09:54 Ce n'est à mon avis pas toujours le cas.
00:09:57 Comment on peut faire la différence ?
00:10:00 Enfin, on va le faire pendant ces deux heures, bien sûr.
00:10:02 Mais est-ce que vous avez déjà comme ça un indice
00:10:04 qui peut aider ceux qui nous écoutent ?
00:10:06 - Oui. La différence, elle est que tous les gens
00:10:09 qui sont manipulateurs, méchants, égocentriques, etc.,
00:10:13 sont des gens qui vont utiliser l'autre pour quelque chose,
00:10:17 parce qu'ils ont un objectif.
00:10:19 En revanche, le pervers narcissique, lui,
00:10:22 il n'a pas d'autre objectif que d'utiliser l'autre pour le massacrer.
00:10:25 C'est toute la différence.
00:10:26 C'est-à-dire qu'un manipulateur va manipuler, par exemple,
00:10:30 un collaborateur pour pouvoir lui piquer une idée
00:10:34 ou pour pouvoir se mettre en avant par rapport au patron, etc.
00:10:37 Tandis qu'un pervers narcissique,
00:10:39 il manipule pas pour obtenir quelque chose,
00:10:42 il manipule pour manipuler.
00:10:44 C'est son but, lui.
00:10:46 C'est pas un moyen, c'est un but.
00:10:48 C'est toute la différence.
00:10:49 - Eh bien, on va en parler avec vous, bien sûr,
00:10:52 sur Sud Radio 0826 300 300.
00:10:54 N'hésitez pas à témoigner, à nous raconter
00:10:56 si vous êtes en couple ou si vous avez été en couple
00:10:59 avec quelqu'un qui vous a manipulé.
00:11:01 Et on verra, avec Hélène Véchiali, justement,
00:11:04 quel est le degré, si on est réellement avec un pervers narcissique ou pas.
00:11:08 Et ça aidera tous ceux qui nous écoutent.
00:11:10 On a besoin de vos témoignages,
00:11:12 parce que peut-être qu'actuellement, il y a des personnes qui sont en danger,
00:11:15 qui sont avec quelqu'un qui est pervers narcissique
00:11:17 et qui sont pas encore complètement... - Il y a beaucoup de suicides.
00:11:19 - Et qui sont pas encore complètement détruites.
00:11:21 Mais elles pourraient, peut-être grâce à votre témoignage,
00:11:23 prendre conscience.
00:11:24 Donc n'hésitez pas à nous appeler.
00:11:26 - Nous sommes avec Hélène Véchiali
00:11:32 et nous allons mettre les pervers chèque et mate.
00:11:34 Aujourd'hui, c'est le titre de votre livre aux éditions Marabout.
00:11:37 Bonjour, Marianne. Merci de témoigner.
00:11:39 - Oui, bonjour Brigitte et bonjour Hélène.
00:11:42 - Bonjour Marianne.
00:11:44 - Alors, je peux pas dire que c'est pas un plaisir de témoigner,
00:11:46 puisque j'ai malheureusement été victime de ce genre de personnes.
00:11:49 Mais en tout cas, si ça peut donner quelques indices à d'autres,
00:11:53 c'est avec grand plaisir,
00:11:55 parce que quand on est dans leur crise, c'est vraiment épouvantable.
00:11:58 - Vous n'êtes plus ensemble, vous avez réussi à partir.
00:12:03 - Ça a pas été sans mal,
00:12:05 puisque j'ai entendu parler de pervers narcissique,
00:12:08 j'avais jamais connu ça avant.
00:12:10 J'avais été suivie pendant des années,
00:12:12 parce que j'étais de plus en plus mal,
00:12:14 j'étais de plus en plus en dépression,
00:12:16 j'étais en souffrance avec le suicide.
00:12:18 - Vous voulez dire que vous étiez suivie par un...
00:12:20 - Un psychologue.
00:12:22 - Un psychologue, et qu'à aucun moment il a mis éventuellement le mot sur...
00:12:25 C'est surprenant quand même ça.
00:12:27 - C'est-à-dire que c'était il y a quand même maintenant déjà,
00:12:30 entre 15 et 20 ans,
00:12:32 et j'étais suivie dans une ville où il était extrêmement connu.
00:12:37 Je ne parlais absolument jamais de lui,
00:12:39 je détournais sans cesse les problèmes qui m'envahissaient.
00:12:43 Je mettais la lumière sur des choses réelles, mais pas lui,
00:12:47 ayant trop peur que ça puisse lui retomber dans les oreilles.
00:12:51 - Même auprès de votre psy ?
00:12:53 - Ah oui, ah oui.
00:12:55 En tout cas, j'en avais peur de cela.
00:13:00 Et puis un jour, on a déménagé,
00:13:03 on est allé dans une grande ville,
00:13:05 on a vu de tout le environnement dans lequel on était habitués.
00:13:08 Et ce n'est pas pour autant que c'était plus simple pour moi,
00:13:11 mais j'étais en un an de temps,
00:13:14 j'ai sombré encore plus,
00:13:17 de toute façon ça ne s'arrête jamais avec eux,
00:13:19 c'est toujours de plus en plus.
00:13:21 Et là, en urgence, j'ai été envoyée auprès d'un psychiatre.
00:13:24 Et à la première séance,
00:13:28 le psychiatre avait déjà mis un doigt sur ce que j'étais,
00:13:32 en me posant une question pour la séance suivante.
00:13:35 Et quand je l'ai quitté, je me suis dit "mais ce n'est pas possible,
00:13:39 il a vu tout ce que je ne lui ai pas dit."
00:13:41 - C'était quoi la question ?
00:13:43 - Alors la question peut paraître bizarre comme ça.
00:13:45 Je lui ai raconté ce que je disais toujours avant,
00:13:49 à d'autres personnes, les sources de mon malheur, mon enfance, etc.
00:13:52 Et il me dit "bon, j'ai tout pris, j'ai tout entendu ce que vous m'avez dit,
00:13:59 mais ce sur quoi je voudrais que vous réfléchissiez la prochaine fois,
00:14:03 c'est, et vous, votre vie de femme."
00:14:06 Et là je me suis dit "mais jamais j'ai évoqué mon mari,
00:14:08 jamais je ne l'ai nommé, jamais rien."
00:14:10 Et il me pose une question qui finalement est essentielle.
00:14:13 Et à la deuxième séance, je me suis permis, autorisé,
00:14:16 à lui dire deux, trois petites choses, mais avec beaucoup de retenue,
00:14:20 parce que je trouvais que c'était tellement fou ce que je vivais,
00:14:23 je me disais "on ne me croira jamais."
00:14:25 Et à l'issue de cette deuxième séance, puisqu'il y en a eu plusieurs derrière,
00:14:30 il m'a dit "ouh là là, il semblerait que vous soyez avec un pervers narcissique."
00:14:36 Pour être très franche, c'est en 2013, je n'avais jamais entendu parler de ça.
00:14:41 Et toujours avec la même franchise, au jour du rencontre.
00:14:44 - Je vous assure qu'en 2013 déjà j'en parlais moi.
00:14:46 - Ah ben oui, malheureusement.
00:14:48 C'était à cette période-là que j'ai commencé à écouter vos émissions,
00:14:51 grâce à lui, parce qu'il me montrait que j'étais tellement nulle,
00:14:55 que voilà, vous voyez ce que je veux dire.
00:14:57 Mais du coup, depuis, j'ai toujours continué à vous écouter
00:15:02 avec grand plaisir quotidiennement, sur l'ancienne radio et la nouvelle.
00:15:06 Mais je le dis avec le sourire, parce que lui,
00:15:09 ce n'était pas du tout dans une bonne intention.
00:15:11 Sincèrement, je n'avais jamais entendu parler de cette problématique-là,
00:15:16 puisque je croyais que mon état venait de moi.
00:15:19 - Mais donc vous étiez avec cet homme depuis longtemps déjà ?
00:15:23 - Alors en 2013, ça faisait 23 ans.
00:15:28 - Vous avez eu des enfants ?
00:15:30 - Oh oui, quatre.
00:15:32 Ça a été un drame aussi, parce qu'en le quittant, j'ai tout perdu.
00:15:36 - Bien sûr, il s'est débrouillé pour que vous perdiez tout.
00:15:40 - Tout à fait, au point que même un de mes enfants a fait une tentative de suicide,
00:15:44 il les a poussés. Il y en a une que je ne vois toujours pas.
00:15:47 Elle va avoir 32 ans, je ne la vois toujours pas.
00:15:50 J'ai vécu l'enfer en étant mariée.
00:15:53 J'ai vécu une deuxième zone d'enfer par le divorce.
00:15:57 Vraiment.
00:15:59 Et je pense que des exemples dont je pourrais vous parler quand on vivait ensemble,
00:16:05 déjà il a commencé par des choses insidieuses.
00:16:07 La violence physique, ils sont assez forts pour ça,
00:16:11 sans laisser de marque, bien sûr.
00:16:13 Toujours des choses qui ne laissent aucune trace.
00:16:16 - Ce n'est pas toujours le cas.
00:16:18 C'est même assez rare chez des pervers narcissiques,
00:16:21 parce que les violences sont plus psychologiques.
00:16:23 Mais ça arrive.
00:16:25 - Oui, mais bon, il y a eu au début, parce qu'il est venu vivre chez moi,
00:16:30 il me déplaçait des affaires.
00:16:33 Et quand je ne le retrouvais pas, il me disait "mais si, c'est toi qui les as changées".
00:16:37 Et petit à petit, je me disais "mais ce n'est pas possible".
00:16:40 Ce qui ne m'arrivait pas avant, j'avais l'impression de perdre un peu la tête.
00:16:45 J'étais jeune, je me disais "c'est pas possible".
00:16:48 Ça me mettait aussi en colère contre moi-même.
00:16:51 Ça me mettait dans un état de nervosité, à perdre du temps.
00:16:56 - Rendre l'autre fou, c'est vraiment un des projets.
00:17:00 Rendre l'autre fou.
00:17:02 - Oui, oui, oui.
00:17:04 Il était très boudeur, par exemple.
00:17:06 Pour un détail, il ne me parlait plus.
00:17:10 J'ai testé 50 000 choses avec lui.
00:17:16 Au bout d'un moment, ça pouvait être une de mes journées, une journée, trois jours,
00:17:21 c'était très variable, une semaine le plus, quand on était dans notre première ville.
00:17:26 Il revenait et me disait "je suis obligée de revenir, parce que toi tu ne reviens jamais".
00:17:32 - C'est toujours vous la coupable, de toute façon.
00:17:35 Je suppose qu'il avait fait le vide aussi autour de vous.
00:17:38 - Ah oui, oui, oui.
00:17:40 Ils sont très forts.
00:17:42 - Quand vous l'avez rencontrée, vous l'aviez trouvé séduisante, j'imagine.
00:17:46 - J'étais dans un contexte un peu particulier, d'un endroit religieux.
00:17:51 Il y avait un effet de groupe, et c'était un peu particulier.
00:17:57 J'avais bien identifié deux ou trois petites choses, même si je ne connaissais pas beaucoup.
00:18:02 Mais on m'a dit "non, t'inquiète, ça va aller".
00:18:05 Et ça a été, mais ça a été que ça n'a pas été.
00:18:08 Parce que justement, un des points qui est fort, je trouve, c'est qu'il mente énormément.
00:18:12 Et il mente tellement bien, qu'il s'en décepte, perdant le mensonge.
00:18:16 Quand je l'ai quitté en 2014, sincèrement, je lui aurais donné deux ou trois qualités.
00:18:24 C'est-à-dire qu'il travaillait beaucoup, évidemment, comme ça il n'était pas à la maison,
00:18:27 et moi je faisais tout le travail.
00:18:29 Et puis il se mettait en lumière, parce que c'était son truc.
00:18:31 Il met beaucoup d'éternité en lumière par son métier.
00:18:34 Il ne disait jamais de mots grossiers.
00:18:37 Maintenant, il les faisait dire aux autres, et moi en premier.
00:18:40 Ce qui nous pousse tellement à bout, qui nous rend...
00:18:43 Et je disais "c'est quelqu'un qui n'a jamais menti".
00:18:47 Et en fait, en le quittant, j'ai découvert...
00:18:50 - Ils ne font que ça ?
00:18:52 - Mais ils ne font que ça.
00:18:53 Mais ils le font tellement bien, qu'en vivant avec eux, on ne s'en rend même pas compte.
00:18:57 - En tout cas, vous décrivez bien la caractéristique du pervers narcissique avec Marianne.
00:19:03 On n'a pas de doute sur...
00:19:05 Et grâce à ce psychiatre, vous avez pu prendre conscience qu'il fallait que vous sauviez.
00:19:10 - Ah ben, il n'y a eu pas d'autre solution.
00:19:12 Ça a été terrible.
00:19:14 - On ne gagne jamais contre eux.
00:19:16 Il faut partir.
00:19:18 - Alors, je suis partie.
00:19:20 Les deux procédures de divorce, parce qu'on m'a quand même annulé la première procédure au bout de quatre ans et demi.
00:19:25 Là aussi, il a utilisé la justice contre moi.
00:19:28 Donc les deux procédures ont duré presque sept ans.
00:19:32 - Vous voyez, donc ça a quand même...
00:19:34 Je ne vous dis pas tous les travers que ça a pu générer.
00:19:37 Et j'ai fui l'endroit où je vivais pour pouvoir avoir le divorce.
00:19:43 Et vous me croirez si vous voulez, ça paraît tellement hors de sens.
00:19:48 On a divorcé en novembre.
00:19:50 En décembre, il se remettait avec quelqu'un.
00:19:52 En juillet, il était marié.
00:19:53 Donc très très vite, en quelques mois, il s'est remis, il a été remarié avec quelqu'un d'autre.
00:19:57 - Il change d'objet facilement, bien sûr.
00:19:59 - Oui.
00:20:00 - Écoutez, Marianne, merci de ce témoignage.
00:20:02 - Merci, Marianne.
00:20:03 - On est réellement là dans l'exemple type du pervers narcissique.
00:20:07 Donc on démarre l'émission, évidemment, avec beaucoup de sympathie.
00:20:12 Bon courage, Marianne, parce que c'est vrai que là, vous avez divorcé.
00:20:16 Mais en effet, si vous ne voyez plus vos enfants, vous en payez le prix fort.
00:20:20 On va faire une petite pause.
00:20:21 On retrouve notre Sexy News.
00:20:23 Oisyck Belin, aujourd'hui.
00:20:25 - Brigitte Lahaye, Sud Radio.
00:20:27 C'est l'instant Sexy News.
00:20:29 - Eh bien, Hélène Vecchiali, nous accueillons Oisyck Belin.
00:20:32 Bonjour, Oisyck.
00:20:33 - Bonjour, Brigitte. Bonjour, Hélène.
00:20:34 - Bonjour, Oisyck.
00:20:35 - J'aimerais attirer votre attention aujourd'hui sur le livre du journaliste Mathieu Palin.
00:20:40 "Nos pères, nos frères, nos amis", aux éditions des Arènes,
00:20:43 qui parle des violences faites aux femmes.
00:20:45 Alors, selon l'Observatoire des violences faites aux femmes...
00:20:47 - C'est intéressant, c'est donc un homme qui évoque les violences faites aux femmes.
00:20:51 - Oui, c'est intéressant. C'est pour ça que je l'ai choisi, lui,
00:20:53 alors qu'il y a quand même pas mal d'autres livres sur le sujet.
00:20:55 Donc, les chiffres nous sont donnés par l'Observatoire des violences faites aux femmes.
00:20:59 En 2021, 122 femmes sont tuées par leurs partenaires.
00:21:03 23 hommes sont tués par leurs partenaires, et 14 enfants sont tués par les parents.
00:21:08 - Alors, sur les 23 hommes, il y en a peut-être qui sont gays.
00:21:10 C'est peut-être pas que des femmes qui ont tué les 23 hommes.
00:21:12 - Ah, il n'y a pas de précision, effectivement.
00:21:13 - Oui, oui, mais je pense que c'est important.
00:21:14 Enfin, encore une fois, il y a des femmes qui tuent leurs conjoints.
00:21:17 - Légitime défense aussi, hein.
00:21:19 - Mais il est fort probable que sur les 23, ce ne soit pas que 23 femmes.
00:21:24 - Je ne m'avancerai pas là-dessus, je n'ai pas effectivement creusé le sujet.
00:21:29 - De toute façon, on voit la différence entre 22 et 23.
00:21:33 - Il y a quand même une force physique aussi.
00:21:35 Donc, de fait, dès le départ, il y a une différence.
00:21:37 - Des livres sur le sujet, comme je vous le disais, effectivement, il en pullule.
00:21:40 C'est bien normal, on est dans l'ère de la dénonciation, dans l'ère de la conscience du changement.
00:21:44 On veut déconstruire les schémas, et parfois, on ne veut pas seulement accuser, dénoncer,
00:21:47 mais aussi comprendre ce qui se cache derrière ces violences domestiques,
00:21:51 ces drames qui ont souvent lieu à l'intérieur même du foyer,
00:21:54 un lieu qui devrait pourtant respirer la tranquillité, l'apaisement, le bien-être.
00:21:58 Si dans ce lieu privé, dans ce cocon, vous n'êtes plus en sécurité,
00:22:01 c'est la fin d'un apaisement physique et psychique.
00:22:04 Et c'est ce que l'on a notamment pu constater lors des confinements,
00:22:07 où les violences conjugales ont été médiatisées, les violences au sein du foyer.
00:22:10 - Sur les enfants aussi.
00:22:11 - Oui, voilà, c'est ça, qui implique aussi.
00:22:13 Donc, les enfants, même si on pense réussir à les préserver,
00:22:16 ces derniers ne sont pas touchés physiquement,
00:22:18 à zanodin de voir sa mère se faire battre, maltraitée, de voir son père hors de lui, hors de contrôle.
00:22:23 Alors ici, Mathieu va interroger ces foyers qui sont des lieux de tension.
00:22:27 Il raconte dans le style très actuel que l'on nomme « littérature du réel »,
00:22:30 un entre-deux mêlant écriture romanesque et journalisme d'investigation,
00:22:34 son incursion dans cet univers de la violence,
00:22:36 que l'on portraitise parfois à gros traits, très manichéens,
00:22:39 en désignant le coupable et la victime.
00:22:42 Il ne fait pas l'impasse ici sur ceux que l'on nomme les « bourreaux »,
00:22:45 qui sont aussi des victimes.
00:22:46 Alors attention, je m'explique, je pèse mes mots.
00:22:48 C'est important pour comprendre les mécanismes en jeu.
00:22:50 Ces hommes sont aussi leurs propres victimes.
00:22:53 Alors je vais me faire huer, évidemment,
00:22:55 mais c'est parce que le terme « victime » est mal interprété ou dévoyé.
00:22:57 Il est tout de suite associé à de la compassion, des larmements.
00:23:00 Mais on ne n'est pas violent, on le devient,
00:23:02 pour différentes raisons, à cause de différents contextes.
00:23:05 Je ne me fais pas ici l'avocat du diable,
00:23:07 j'essaie juste de décortiquer les schémas que l'on a en tête.
00:23:10 Et c'est ce que fait le journaliste-auteur,
00:23:13 en se rendant dans des groupes de discussions d'hommes accusés par la justice,
00:23:16 qui suivent des stages de responsabilisation à la violence.
00:23:20 Des hommes doublement bourreaux, de leurs proches mais aussi d'eux-mêmes,
00:23:23 puisqu'ils répètent inlassablement le même schéma.
00:23:26 La réponse à leur frustration est la violence.
00:23:28 La réponse à leur peur est la violence.
00:23:30 La violence peut même se cacher dans une anticipation,
00:23:32 l'angoisse d'être trompé, d'être pris pour un con, par exemple.
00:23:36 Cette violence est une réponse à des angoisses.
00:23:38 Elle est instinctive et elle doit d'abord se constater.
00:23:41 Ils doivent en prendre conscience pour pouvoir travailler dessus.
00:23:44 Mathieu interroge l'enfance, Mathieu c'est le journaliste,
00:23:47 donc le parcours, le contexte qui mène aux scènes de violence.
00:23:50 L'éducation y est pour beaucoup. Apprendre à parler, à s'exprimer,
00:23:53 à mettre des mots sur ses ressentis, évite de passer par les coups.
00:23:57 Il le dit, ces générations où la violence a été admise dans la famille
00:24:00 est coupable de ces schémas.
00:24:02 Il faut donc reconstruire, et la justice aussi a son rôle,
00:24:05 celui de pénétrer les sphères privées et faire de ces sujets des questions sociétales.
00:24:09 J'ai posé à Mathieu la question de la fatalité qui revient souvent
00:24:13 chez des petits garçons qui ont peur de reproduire à l'âge adulte
00:24:17 et de devenir des récidivistes. Qu'en est-il ? On l'écoute.
00:24:21 Quand je suis arrivé dans ce groupe,
00:24:24 la première surprise a été de voir que ces hommes condamnés,
00:24:29 qui pour certains étaient multi-récidivistes
00:24:33 et qui presque tous sortaient de prison,
00:24:36 étaient quand même face à une incapacité à pouvoir dire
00:24:41 "oui, j'ai frappé ma femme", "oui, j'ai un problème"
00:24:44 et "si je suis ici, c'est pour essayer de le résoudre".
00:24:47 Le déni était comme presque une colonne vertébrale
00:24:52 autour de laquelle ils avaient agrégé tous leurs discours.
00:24:59 Et j'avais l'impression qu'accepter de dire "c'est vrai, j'ai un problème"
00:25:03 et potentiellement accepter de s'effondrer.
00:25:06 Je pense que c'est aussi une manière de continuer à se regarder dans la glace,
00:25:09 de dire "je ne l'ai pas fait", plus on le répète, plus on y croit.
00:25:12 Je ne suis pas très optimiste sur les toutes prochaines années,
00:25:17 mais il y a quand même un contexte qui permet une prise de conscience,
00:25:21 de mettre comme moi, mais aussi des gars qui sont concernés directement
00:25:24 par la violence conjugale et qui, peut-être, ne se posaient pas forcément la question.
00:25:29 C'est le cas notamment dans le livre d'un personnage comme Franck,
00:25:33 qui dit "moi, je ne savais même pas que c'était problématique de battre sa femme
00:25:40 parce que mon père, ma mère, ils la tapaient le matin, le midi, à 4h, le soir".
00:25:45 Et en fait, l'évolution de la société, le fait que la norme ait bougé
00:25:51 et qu'aujourd'hui la justice dise "en fait, ce n'est pas juste des histoires de famille,
00:25:56 c'est des histoires qui nous concernent et on va rentrer dans les familles pour les trancher".
00:26:01 - C'est très juste ce qu'il dit, l'indicalisme est tout à fait intéressant.
00:26:05 Mais je pense que tant qu'on ne comprendra pas que c'est à l'école et à la petite école,
00:26:10 l'école primaire, qu'il faut faire passer les informations aux enfants,
00:26:13 on n'avancera pas. J'ai un ami ancien commissaire qui travaille avec des hommes violents
00:26:21 et il me dit "sur les 10, il y en a à peine 2 qui sont capables de comprendre et de changer".
00:26:26 - Oui, vous avez raison Brigitte, à l'école et à la maison,
00:26:30 mais à l'école, à la maison quand les parents frappent, c'est sûr que...
00:26:35 Mais à l'école, dans mon avant-dernier livre "Le silence des femmes",
00:26:40 je raconte qu'un ami architecte qui a fait beaucoup de sport collectif me disait,
00:26:46 parce que j'ai interviewé des hommes en disant "qu'est-ce que ça serait comme solution
00:26:51 pour ces violences faites aux femmes, qu'est-ce qu'il faudrait faire ?"
00:26:55 et il me dit "peut-être déjà apprendre aux petits garçons à perdre".
00:26:59 C'est-à-dire quand ils font des jeux collectifs ou des jeux individuels au tennis, au rugby, etc.,
00:27:04 leur apprendre à perdre. Ce qui fait qu'ensuite, quand une fille va leur dire non,
00:27:09 ils vont accepter de le prendre en compte parce qu'ils auront compris qu'on peut perdre.
00:27:15 - Apprendre la frustration et le lâcher prise. - C'est vraiment quelque chose d'important ça.
00:27:20 - Effectivement, mais en tout cas, on est sur la bonne voie ?
00:27:23 - Au moins la société en parle de plus en plus, parce que ça fait très longtemps
00:27:28 que la violence faite aux femmes est interdite, mais on en parlait finalement très très peu,
00:27:33 et aujourd'hui c'est vrai que le discours médiatique fait bouger quand même je pense les choses,
00:27:39 mais on voit bien ces hommes qui sont dans le déni finalement.
00:27:43 - Oui, et il le dit, c'est ce qui leur permet de tenir. En tout cas, son livre donne la parole aussi aux femmes,
00:27:47 pas qu'aux hommes, à celles qui organisent des ateliers, à celles comme Gana Atem-Ganzer,
00:27:51 la fondatrice de la Maison des Femmes à Saint-Denis.
00:27:53 Il y a aussi un personnage féminin qui est le fil rouge, qui s'interroge sur sa propre violence en tant que femme,
00:27:58 sur son schéma d'entretien de la violence qu'elle a vécue enfant avec son père,
00:28:02 et vous l'aurez compris, donc si vous devez choisir des livres, il y en a quand même pas mal sur le sujet,
00:28:06 donc je vous parlais de celui-ci, Mathieu Bévin, qui est très intéressant,
00:28:09 et un autre, par une femme, une journaliste qui est quand même assez experte sur le sujet,
00:28:13 je ne dirais pas assez experte sur le sujet, Lorraine Descartes,
00:28:16 qui vient de publier un livre au Seuil qui s'appelle "Nos absentes",
00:28:19 et elle aussi interroge les hommes, et c'est important de ne pas donner que la parole aux femmes sur ce sujet,
00:28:23 je pense que c'est pour ça que je parlais de la question des victimes, du titre de victime.
00:28:27 - Oui, bien sûr, et puis il faut aussi toujours rappeler qu'on n'est pas victime,
00:28:31 on n'est pas un sujet victime, on est un sujet qui subit des choses qui la rendent par moment victime,
00:28:39 mais on reste un sujet, et il faut sortir justement aussi de ce terme "victime" qu'on met un peu trop à toutes les sauces.
00:28:45 - En tout cas, sujet passionnant, je vous conseille ce livre.
00:28:49 - Nos frères, nos frères, nos amis, aux arènes.
00:28:53 Alors justement, puisqu'on parle de livres, et aujourd'hui c'est un livre qui vient de sortir sur,
00:28:58 aussi, les pervers narcissiques, c'est Anne Clotilde Ziegler qui en est l'auteur,
00:29:03 "Pourquoi suis-je restée", c'est aux éditions Solard,
00:29:05 alors c'est un livre tout à fait différent du vôtre, Hélène Vécalie,
00:29:10 parce que là, en fait, elle explique pourquoi les femmes, surtout les femmes d'ailleurs, restent,
00:29:15 et ça peut peut-être aider certaines personnes, voilà,
00:29:19 c'est le lien qui se crée entre le pervers et cette femme.
00:29:26 - Et ce qui est vraiment intéressant quand on parle de ces phénomènes d'emprise,
00:29:31 entre un pervers et sa proie, c'est que le plus dépendant des deux n'est pas celui qu'on croit.
00:29:39 C'est-à-dire que c'est pas la victime qui est dépendante du pervers,
00:29:42 c'est le pervers, parce que sans sa victime, il meurt.
00:29:45 Je reprends la métaphore du vampire, si tout d'un coup vous privez un vampire de sang,
00:29:50 ben il peut plus survivre, quoi.
00:29:53 Donc le pervers, sans sa victime, il tient plus debout.
00:29:56 Et il y a beaucoup de victimes qui, ayant entendu ça, ou ayant lu mon livre,
00:30:01 m'ont contactée en me disant "mais je viens de réaliser que sans moi, il n'est plus rien".
00:30:07 Et ça, ça redonne de la force aux victimes de se rendre compte que c'est pas elles qui sont dépendantes,
00:30:12 elles sont juste sous emprise dans les filets de quelqu'un qui veut les détruire,
00:30:18 mais lui, il a besoin impératif. Les victimes, elles peuvent vivre sans le pervers, eux non.
00:30:24 - Bon, et ben voilà. Merci en tout cas, Souazic Belain. - Ça me plait.
00:30:29 - Merci beaucoup. On continue avec Paul, qui va répondre à trois questions intimes,
00:30:32 et qui pourra en poser une ensuite à Hélène. Bonjour Paul.
00:30:36 - Bonjour. - Bonjour Paul.
00:30:38 - Hélène, bonjour Brigitte. Merci de m'accueillir.
00:30:42 - Je vous en prie, je vous en prie.
00:30:44 Alors, puisqu'on parle de manipulation, Paul, est-ce que vous êtes un grand séducteur,
00:30:50 ou est-ce que vous n'êtes pas de tout genre très doué pour arriver à vos fins
00:30:55 quand vous rencontrez une femme qui vous plaît ?
00:30:58 - Ah non. - Je n'ai pas dit manipulateur, j'ai dit séducteur,
00:31:03 ce qui n'est pas un terme négatif dans ma bouche.
00:31:05 - Plutôt dans la séduction, oui. - Oui, oui, oui.
00:31:08 - Et vous êtes assez... Vous arrivez à... - Oui.
00:31:12 - Oui, oui, oui, oui, oui. - Oui, oui, oui.
00:31:14 - Globalement, oui. Mais bon, même si il peut m'arriver de commettre quelques maladresses,
00:31:20 ou d'être... Peut-être parfois, il y a la question de l'honnêteté qui prend le dessus,
00:31:26 et c'est pas toujours bon à entendre, mais...
00:31:30 - C'est-à-dire que vous n'aimez pas entendre qu'une femme vous dise "non, désolé".
00:31:35 - C'est moi qui suis... - Vous êtes trop honnête pour être manipulateur et menteur, c'est ça ?
00:31:40 - Bah peut-être, des fois... - C'est bien, c'est la séduction.
00:31:44 - Surtout ne changez pas. - Bah non, la séduction, elle s'arrête à la manipulation.
00:31:48 À partir du moment où on commence à mentir, etc., c'est plus de la séduction, c'est de la manipulation.
00:31:52 - C'est ça, d'accord. - Donc vous êtes un bon séducteur, c'est bien.
00:31:56 - Merci. - Deuxième question.
00:32:00 - Médaille. - Bah écoutez, oui.
00:32:02 Je vais commencer à offrir des médailles, oui, oui.
00:32:05 - Pour un bon point, comme à l'école. - Des bons points, oui.
00:32:09 - Et au bout de 7 bons points, vous avez droit à un déjeuner avec Brigitte.
00:32:12 - Ah bah dis donc, je vais pas être souvent nommé pour déjeuner avec vous, Hélène.
00:32:16 - Je vais me... Je suis dans les starting blocks, là.
00:32:20 - Alors, deuxième question.
00:32:24 Est-ce qu'en cas d'infidélité, vous quittez ou vous pardonnez ?
00:32:29 - Ah. - Ah.
00:32:32 - Hum. - Hum.
00:32:34 - Ça demande réflexion. - Oui, j'ai jamais été confronté à ça,
00:32:37 - mais ceci dit, j'ai un peu réfléchi. - Que vous sachiez.
00:32:41 - Ouais, pardon ? - Non, non, j'ai rien dit.
00:32:44 - Oui, que vous sachiez, oui, effectivement.
00:32:47 D'ailleurs, peut-être mieux pas savoir, mais j'ai envie de dire non, je cherche à réfléchir pourquoi.
00:32:55 - Vous êtes capable éventuellement de pardonner.
00:32:58 - Dernière question, votre première fois, c'était bien ou pas ?
00:33:01 Parce que je pose souvent cette question aux femmes, mais il faut la poser aussi aux hommes.
00:33:04 C'était bien votre première fois, votre toute première fois ?
00:33:07 - Oui. - Oui, bah oui, c'est un homme, forcément.
00:33:09 - Oui, c'est un beau souvenir, oui. - C'est un beau souvenir, oui.
00:33:12 - Oui. - Mais encore ?
00:33:14 - Mon Dieu, enfin... - Bon, bon, bon, vu ce qu'il y a à voir là-dedans.
00:33:17 - Ah oui, c'est une expression.
00:33:20 - Bon. - C'était pas une première fois complète, si vous voulez,
00:33:24 mais c'est la première fois où j'ai... c'est-à-dire que je n'ai pas eu de...
00:33:27 c'est pas un acte sexuel complet, mais un acte de temps près, ce soir...
00:33:31 - Ah, j'aime bien, j'aime bien que vous me disiez ça, parce qu'on a toujours tendance à considérer
00:33:35 que la première fois, c'est quand il y a eu pénétration. Non, la première fois, c'est...
00:33:38 - Non, il n'y a pas eu. - C'est la première fois où il y a eu quelque chose de vraiment fort entre...
00:33:42 - Oui, oui, oui, c'est ça. Et c'était sous une tente l'été, dans un camping,
00:33:47 avec une fille que je n'ai jamais revue de ma vie.
00:33:51 - Mais qui vous a marqué. - Ah oui.
00:33:56 Et je pense aussi que j'ai dû la marquer. J'espère.
00:34:00 - Bah sûrement, sûrement. - Qui est là-dedans, là.
00:34:03 Ça m'appelle, non ? - Bon, eh bien, écoutez, vous avez bien répondu,
00:34:06 vous avez le droit de poser une question à Hélène. Elle vous écoute.
00:34:09 Alors, je vous écoute. - Alors, oui. En fait, le sujet du jour,
00:34:13 je suis pas trop... j'ai jamais été confronté à ça, ou alors je ne sais pas,
00:34:17 c'est pas quelque chose qui me touche, parce que je n'ai pas été confronté.
00:34:23 En revanche, ce qui m'intéresse, c'est la question de la relation des hommes et des femmes,
00:34:28 et de cette puissance que l'homme a depuis des siècles sur la femme.
00:34:37 Et je voudrais faire le lien avec aussi le thème de l'émission globale de Brigitte,
00:34:44 c'est la sexualité, quel est, dans ce rapport homme-femme,
00:34:49 et parfois de la violence qui en ressort, qu'elle soit verbale ou autre,
00:34:58 ou de l'exigence même déjà, quel est le poids de la sexualité ?
00:35:02 Parce que finalement, j'ai l'impression que, par un certain côté, la sexualité,
00:35:08 le rapport dans la sexualité, c'est parfois et bien souvent chez l'homme,
00:35:12 et peut-être aussi chez la femme, de libérer des tensions qui existent au fond de soi,
00:35:18 et une fois que ces tensions sont libérées, tout peut aller bien.
00:35:22 Et parfois, l'homme est dans cette exigence-là, je pense,
00:35:28 et la femme n'y répond pas, ou ne souhaite pas y répondre,
00:35:33 parce qu'elle ne sait pas le lire chez l'homme,
00:35:36 elle ne voit pas cette chose-là, c'est simplement une libération qu'elle pourrait aider à faire.
00:35:45 Et que pensez-vous de cette idée-là,
00:35:47 et comment pourrait-on la creuser dans les relations homme-femme
00:35:51 pour améliorer la relation finalement ?
00:35:53 Je pense que, sans doute, il y a toujours des exceptions,
00:35:58 sans doute il y a une différence entre les hommes et les femmes dans la sexualité,
00:36:03 je crois que les femmes ont du désir,
00:36:08 et que, effectivement, la relation sexuelle va satisfaire leur désir et leur amour pour cet homme,
00:36:19 et de fait, libérer les tensions.
00:36:21 Peut-être que pour les hommes, ça peut être exactement la même chose,
00:36:26 mais j'entends aussi qu'il y a une tension supplémentaire
00:36:31 que les femmes n'ont pas forcément.
00:36:33 La spécialiste dans le domaine, c'est plus Brigitte que moi,
00:36:36 donc je vais lui passer la parole après,
00:36:38 mais je crois qu'effectivement, des hommes peuvent être sous testostérone,
00:36:43 avec des tensions, et la nécessité de libérer ces tensions,
00:36:47 et également du désir, et de libérer cette tension dans la relation sexuelle.
00:36:52 Mais pour les femmes, j'ai l'impression que ce n'est pas du même ordre,
00:36:57 et que c'est plutôt l'inverse.
00:37:00 Je reste sur ce que vous avez dit, Hélène, je crois que c'est assez juste.
00:37:06 Paul, voilà la réponse.
00:37:08 D'accord.
00:37:10 Merci.
00:37:12 On fait une petite pause, et on se retrouve dans un instant sur Sud Radio.
00:37:15 Si vous voulez témoigner également sur la perversion narcissique,
00:37:18 vous nous appelez au 0826 300 300.
00:37:21 À tout de suite.
00:37:22 Sud Radio.
00:37:23 Le plus grand site de webcam live réservé aux adultes.
00:37:27 14h16, Brigitte Lahaye, Sud Radio.
00:37:31 C'est Hélène Bécali qui est avec nous, psychanalyste, auteur de nombreux livres,
00:37:35 mais aujourd'hui, évidemment, on parle de "Mettre les pervers échecs et maths"
00:37:40 aux éditions Marabout, puisqu'on parle de la perversité narcissique.
00:37:44 Bonjour Francis.
00:37:45 Bonjour.
00:37:46 Bonjour Francis.
00:37:47 Bonjour Hélène, bonjour Brigitte. Pardon.
00:37:51 Je vous en prie, Francis.
00:37:53 Donc vous êtes tombé sur différentes femmes qui avaient des comportements
00:37:57 que vous aimeriez mieux comprendre, c'est bien ça ?
00:37:59 C'est ça.
00:38:01 Je suis divorcé depuis 1990.
00:38:04 Depuis quelques temps, c'est récurrent, je tombe effectivement sur des personnes
00:38:09 qui étaient bizarres, qui étaient...
00:38:13 On me disait qu'elles étaient perverses narcissiques,
00:38:15 mais je ne le croyais pas trop.
00:38:17 Mais chaque fois, c'était le même problème, c'était récurrent.
00:38:21 Et à un moment donné, je culpabilisais, j'ai dit,
00:38:24 bon sûrement il y a quelque chose qui ne va pas bien chez toi,
00:38:26 il faut que tu consultes, que tu en parles à un professionnel de santé.
00:38:31 C'était quoi ce comportement ?
00:38:34 C'était le comportement, l'entretien avec une communication floue,
00:38:39 des changes fréquemment d'opinion, des mensonges, des épreuves de jalousie,
00:38:45 d'inverser la situation sur quelque chose qui était véridique,
00:38:49 elle remerciait la vapeur sur vous.
00:38:52 Alors pour cette première personne, comme sur les autres, c'était récurrent,
00:38:58 mais en plus, moi je les attire parce que finalement je suis dans l'empathie.
00:39:02 Conclusion, j'ai rencontré une psycho, où je lui expliquais ce qui m'arrivait,
00:39:07 parce que je ne comprenais pas ce qui m'arrivait pour moi,
00:39:10 je voulais comprendre, voir si ça venait de moi,
00:39:12 ou si c'est mon état général, ma façon de faire, qui faisait que.
00:39:16 La psycho notait effectivement tout ce que je lui disais,
00:39:21 elle m'a dit "écoutez, Francie nous a tombés sur une perverse narcissique manipulatrice,
00:39:27 il vous faut, il vous faut, n'insistez pas, il vous faut fuir".
00:39:32 Alors moi, comme cette personne-là, c'était la dernière surtout,
00:39:36 je voulais rester avec elle pour essayer d'arrondir les angles,
00:39:40 essayer de rencontrer avec elle une professionnelle,
00:39:44 essayer de dialoguer un peu, pour essayer de trouver une solution pour pouvoir continuer.
00:39:48 Bon, elle n'a pas voulu, et puis voilà.
00:39:52 C'était la personne qui tout d'un coup me disait "tu comprends maintenant pourquoi je suis seul",
00:39:56 avec un ton comme ça.
00:39:58 - Est-ce que ces femmes vous dénigraient, vous diffamaient, vous isolaient ?
00:40:08 - Non, je suis musicien.
00:40:10 Le problème, le contraire, c'est que oui, alors t'es beau, tu fais tes beaux.
00:40:14 T'es en train de faire au clin, tu chantes, tu plais.
00:40:17 Alors il y avait une forme de jalousie, et il y avait aussi...
00:40:23 - Parce que vous savez Francis, il y a quand même beaucoup de personnes aujourd'hui,
00:40:27 et pas que des femmes, qui sont, on va dire borderline,
00:40:30 pour utiliser aussi un terme très à la mode.
00:40:32 - Oui.
00:40:34 - Oui, ce que vous décrivez, c'est des femmes qui ont des problématiques à l'évidence,
00:40:40 qui ont des problématiques identitaires et narcissiques,
00:40:44 et qui sont mal dans leur peau,
00:40:48 et qui sont jalouses, ou trop orgueilleuses pour reconnaître qu'elles se sont trompées.
00:40:56 Donc ça, je l'entends bien.
00:40:58 En revanche, quelqu'un qui est pervers, narcissique, c'est quelqu'un qui veut vous tuer psychologiquement.
00:41:03 Donc on n'est pas, si vous voulez, juste dans les mensonges, la jalousie, la manipulation.
00:41:09 On est dans quelque chose.
00:41:11 C'est pas un conflit avec un pervers narcissique, c'est un crime.
00:41:15 - Oui, mais en fait, elles veulent vous détruire, elles veulent vous accaparer,
00:41:19 elles veulent vous changer, et en même temps, on le sait, on l'écoute soi-même.
00:41:24 - Oui mais Francis, une vraie perverse narcissique,
00:41:28 dans un premier temps, elle vous voit comme un dieu,
00:41:32 et elle est tellement aimable et tellement séduisante que vous tombez dans ses bras.
00:41:38 - Oui, mais tout à fait, je suis d'accord avec vous,
00:41:40 mais au départ, que ce soit avec Pierre-Jacques O'Poil, avec toutes les personnes qui ont fait que,
00:41:45 ça a tout se passé, au départ c'était parfait.
00:41:49 C'est au fur et à mesure, en fait, on ne s'aperçoit pas au départ qu'on a affaire à une perverse narcissique.
00:41:55 Et au fur et à mesure que vous commencez à la connaître,
00:41:58 ou que vous commencez à voir sa réaction, que vous vous apercevez qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
00:42:03 Et comme vous n'êtes pas habitué à ce genre de personnage, à un moment donné, ça arrive.
00:42:07 - Oui, vous avez raison. Ce que j'essaye de vous dire, c'est que c'est évident que ces femmes-là vous ont fait souffrir,
00:42:13 et que c'est évident que vous êtes quelqu'un de bon, de généreux, d'attentionné,
00:42:17 et qu'elles se sont mal comportées avec vous.
00:42:20 Mais je crois que ce qui est vraiment important pour vous, pour bien faire la différence,
00:42:25 c'est qu'il me semble que ce ne sont pas des perverses narcissiques.
00:42:28 Les perverses narcissiques, ce sont des femmes qui vont vous isoler de tout le monde,
00:42:32 et qui vont avoir pour objectif que vous alliez vous suicider,
00:42:35 parce qu'elles vous auront tellement détruit, tellement malmené, diffamé,
00:42:39 tellement inventé de choses, tellement dit de choses horribles,
00:42:43 que vous n'allez pas vous en remettre.
00:42:45 Vous me dites "non, elles étaient simplement ou jalouses, ou menteuses, ou elles ne reconnaissaient pas leur tort".
00:42:53 Vous voyez la différence ?
00:42:55 C'est des femmes qui étaient sans doute manipulatrices, mais pas des perverses narcissiques.
00:43:01 Parce que je le répète, la perversité narcissique, c'est un crime, c'est un délit.
00:43:06 Ce n'est pas juste "je suis en conflit avec ma femme".
00:43:08 - Oui, mais c'est quand même un trouble de la personnalité.
00:43:10 - Oui, oui, oui, je ne dis pas que les femmes que vous avez rencontrées n'avaient pas un trouble de la personnalité.
00:43:14 Au contraire, je dis qu'elles avaient un trouble de la personnalité.
00:43:16 - Et vous avez eu raison de ne pas rester.
00:43:20 - Bien évidemment, et que votre gentillesse n'est pas à mettre en cause.
00:43:24 Mais il y a une différence entre quelqu'un qui est dans le mal-être et quelqu'un qui est pervers narcissique,
00:43:31 où là, c'est vraiment des vipères qui veulent vous tuer.
00:43:35 Vous voyez la différence ?
00:43:37 - En plus, c'était une personne qui prenait en cachette des antidépresseurs,
00:43:43 qui à un moment donné se cachait pour les prendre, comme il n'y avait pas lieu.
00:43:47 Je ne comprends pas de se cacher.
00:43:49 Et puis à un moment donné, j'ai vu ce qu'elle prenait.
00:43:53 J'ai dit "pourquoi tu prends des médicaments ?"
00:43:55 Elle m'a dit "pourquoi tu fouilles ?"
00:43:57 J'ai dit "je ne fouille pas, mais je m'aperçois que chaque fois que tu prends des médicaments..."
00:44:00 Donc je m'étais aperçu effectivement le médicament qu'elle prenait.
00:44:04 Je l'avais pris non plus quand j'étais en médecin.
00:44:06 Elle m'a dit "stop, stop, attendez, Francis, qu'est-ce que vous voulez ?"
00:44:09 "Il n'est hors de question que vous preniez ça ou que vous me demandiez,
00:44:12 je ne sais pas pourquoi vous me posez la question,
00:44:14 mais je voulais savoir exactement pourquoi elle prenait ça."
00:44:16 Et elle prenait ça effectivement depuis très très longtemps.
00:44:19 "Non mais c'est surtout le fait qu'elle me dise, tu comprends maintenant pourquoi je reste seul."
00:44:24 - Mais oui, mais elle risque de rester seule encore longtemps et vous avez eu raison de vous sauver,
00:44:31 parce que de toute façon on ne peut pas sauver quelqu'un malgré elle.
00:44:34 Merci Francis en tout cas de votre témoignage.
00:44:37 Et on voit même les psys, puisque son psy l'a mis l'étiquette tout de suite,
00:44:42 ont tendance à mettre un peu trop vite l'étiquette sur le pervers narcissique.
00:44:45 Et c'est dommage parce que du coup ça ne permet pas de comprendre ce que c'est que la relation à l'autre.
00:44:51 Parce qu'une relation avec un pervers narcissique n'est pas une relation à l'autre.
00:44:54 - Non, non.
00:44:55 - En effet.
00:44:56 Alors la petite devinette du jour, Hélène Vécali avant les infos.
00:45:00 "Quelle est la différence entre la beauté extérieure et intérieure chez une femme ?"
00:45:05 C'est important, c'est chez une femme, c'est l'intérêt de cette devinette.
00:45:08 Vous aurez la réponse après les infos.
00:45:11 Et nous sommes avec Hélène Vécali, nous évoquons les pervers narcissiques,
00:45:15 à ne pas confondre avec beaucoup de gens qui sont en effet égocentriques, manipulateurs, narcissiques, harceleurs, connards quoi.
00:45:26 Connasses aussi d'ailleurs.
00:45:28 Je mets tout le monde dans le même sac.
00:45:32 On va donner la parole à Adèle dans un instant, mais je voudrais d'abord la réponse.
00:45:36 "Ma devinette, quelle est la différence entre la beauté extérieure et intérieure chez une femme ?"
00:45:40 - Il n'y a pas de différence, elles sont aussi belles à l'extérieur qu'à l'intérieur.
00:45:44 - Bah si, parce qu'on n'a jamais vu un homme se retourner dans la rue sur une femme à la beauté intérieure.
00:45:49 - Ah oui.
00:45:50 - Donc vous voyez bien qu'il y a une différence.
00:45:53 Mais ils ont parfois tort, parce que c'est pas parce qu'elle est belle extérieurement qu'elle est belle intérieurement.
00:45:57 Et oui, c'est toute la différence.
00:45:59 Bonjour Adèle.
00:46:00 - Bonjour.
00:46:01 - Bonjour Adèle.
00:46:02 - Oui bonjour, vous m'entendez ?
00:46:04 - Oui, on vous entend très bien Adèle.
00:46:06 - Voilà, je vous remercie de prendre le temps de discuter à propos de ce sujet,
00:46:13 parce que c'est un sujet important.
00:46:16 Il y a quelques années, j'avais eu l'occasion de lire un article dans le Nouvelle-Age,
00:46:20 où il disait que 30% de la population était touchée, je ne sais pas si c'est le mot,
00:46:29 par cette problématique de la perversion narcissique.
00:46:33 - 30% ?
00:46:34 - Oui.
00:46:35 - Les statistiques disent 10%.
00:46:36 - Oui, ça me paraît beaucoup 30%, oui.
00:46:38 - C'est un article de Nouvelle-Age.
00:46:40 - Enfin 10%, c'est déjà beaucoup.
00:46:41 Sachant évidemment qu'un pervers narcissique va avoir plusieurs victimes, évidemment.
00:46:46 - Oui.
00:46:47 - Bref.
00:46:48 - Et vous, vous avez été victime ?
00:46:53 - Oui, alors moi j'ai commencé toute petite par être victime,
00:46:57 puisque j'ai eu un père qui était pervers narcissique,
00:47:00 je ne le savais pas bien évidemment quand j'étais à la maison, quand j'étais chez mes parents.
00:47:06 Et c'est logique, comme j'avais intégré le schéma,
00:47:11 mon ex-mari était pervers narcissique, je suis restée avec lui 25 ans.
00:47:20 La fin a été horrible.
00:47:23 - Oui.
00:47:24 - Mais...
00:47:27 - On va essayer de comprendre déjà, votre mère, elle vous a protégée un peu ou elle était vraiment très...
00:47:36 - Non, ma mère était sous l'emprise de mon père,
00:47:39 mais la perversion narcissique dans ma famille c'est une tradition.
00:47:43 Alors je ne sais pas si mon grand-père maternel était pervers narcissique,
00:47:48 mais il était très violent.
00:47:50 - Oui, Hélène Vecchiali, on voit souvent des pervers narcissiques qui sont issus de parents pervers narcissiques.
00:47:56 - Oui, oui.
00:47:58 - Ce n'est pas toujours le cas, mais effectivement, et puis après vous le décrivez bien,
00:48:02 vous avez vécu une répétition, c'est-à-dire, et vous l'avez bien analysée,
00:48:07 en disant "je connaissais ça, donc quand j'ai rencontré mon ex-mari, c'était familier pour moi".
00:48:13 - Tout à fait.
00:48:14 - "Ça m'était familier et j'y suis allée".
00:48:17 - Tout à fait. Et ça a été extrêmement dur.
00:48:24 Physiquement pas énormément, il y a eu de la violence physique,
00:48:28 mais ça n'a pas été la partie la plus significative.
00:48:33 La partie la plus significative...
00:48:35 - Justement, je pensais à une question importante, on en a parlé tout à l'heure avec Soisic Belin,
00:48:41 dans la violence faite aux femmes, est-ce que...
00:48:45 - Il y a peu de pervers narcissiques.
00:48:47 - Qui tuent leur compagne, forcément, oui.
00:48:49 - Généralement, les pervers narcissiques, c'est le meurtre parfait,
00:48:53 parce que c'est une violence psychologique.
00:48:56 C'est pour ça que c'est entré dans la loi maintenant, la violence psychologique,
00:48:59 et en particulier le fait de pousser quelqu'un au suicide.
00:49:03 C'est entré dans la loi maintenant.
00:49:05 Mais ils ne sont pas toujours... Ils sont rarement d'ailleurs violents physiquement.
00:49:11 Mais bon, vous, vous avez eu la totale de ce que j'entends.
00:49:14 - J'ai eu la totale. Après, je l'ai dit, physiquement,
00:49:19 il y a eu trois fois où j'ai été touchée physiquement, c'est trois fois de trop,
00:49:26 mais ça a été psychologiquement.
00:49:29 Là, par contre, c'était un pervers narcissique de haut vol.
00:49:34 - Oui.
00:49:35 - De haut vol.
00:49:36 - Et comment vous en êtes rendu compte, et comment vous avez arrêté tout ça ?
00:49:42 Parce que ce n'est pas simple.
00:49:44 - Je m'en suis rendu compte, c'est-à-dire qu'à des moments donnés,
00:49:48 j'avais des... on va dire des flashes de conscience.
00:49:51 C'est-à-dire qu'à des moments donnés, je me disais "mais je ne comprends pas".
00:49:54 Il est odieux, puis il suffit qu'il y ait quelqu'un qui se présente,
00:50:00 hop, il change de visage.
00:50:01 - Bien sûr. Il a plusieurs masques.
00:50:03 - Et je trouvais ça particulier.
00:50:05 Ensuite, il y avait... moi j'ai eu droit, comme dans beaucoup de cas,
00:50:12 j'ai eu droit aux cercles de la lune de miel.
00:50:14 Donc... et plus... avec le temps, ça se rapprochait,
00:50:20 et les cercles de lune de miel devenaient de plus en plus courts,
00:50:23 et les phases de perversions et de violences de plus en plus importantes.
00:50:27 - Il vous a isolée de votre famille ?
00:50:29 - Et de vos amis ?
00:50:31 - J'arrivais à un moment donné, à un stade où c'était vraiment critique.
00:50:38 - Oui, mais vous répondez... excusez-moi Adèle,
00:50:40 mais vous ne répondez pas à la question fondamentale.
00:50:43 Qu'est-ce qui vous a fait prendre conscience qu'il fallait partir ?
00:50:46 Parce que vous n'êtes plus avec lui.
00:50:47 - C'est ce que j'allais vous dire à l'instant.
00:50:48 A savoir qu'un jour, je suis allée à Emmaüs,
00:50:52 je suis tombée sur... un livre, mais tombée sur les pieds.
00:50:55 Et ce livre, c'est le livre de Marie-France Chérigoyenne,
00:51:00 "Le Mement Moral".
00:51:02 - C'est la première d'ailleurs qu'il y a écrit réellement.
00:51:04 Enfin, c'est Paul Racamier qui a parlé de "Les des pervers narcissiques",
00:51:09 mais je crois que le premier livre, c'est de Marie-France Chérigoyenne, en effet.
00:51:14 - Et là, quand j'ai lu ça au départ,
00:51:17 finalement je l'ai acheté,
00:51:19 et moi je me disais, ça sert toujours par rapport au travail.
00:51:22 Ça peut servir par rapport au travail.
00:51:24 Comme il y a deux volants.
00:51:26 Et en fait, le volant en famille, je ne l'ai pas relu deux fois.
00:51:31 La première, je pouvais citer des passages entiers par cœur.
00:51:35 Parce qu'à chaque fois, je me suis retrouvée, je me disais,
00:51:38 "On en est là, on en est là, ça c'est lui, ça c'est moi, etc."
00:51:42 Et là, à partir de ce moment-là, j'ai su que c'était mort.
00:51:47 Ça ne reviendrait jamais en arrière.
00:51:50 - Il n'y aurait pas de solution.
00:51:52 - Il n'y aurait pas de pardon.
00:51:54 Et donc là, j'ai commencé petit à petit
00:51:57 à me préparer matériellement et psychologiquement à partir.
00:52:03 - Vous aviez des enfants ?
00:52:05 - Ce livre m'a vraiment sauvé la vie.
00:52:07 - Vous avez des enfants ?
00:52:09 - Oui.
00:52:10 À l'époque, à ce moment-là, j'avais ma fille aînée qui n'était plus à la maison,
00:52:14 et j'avais mon autre fille qui était encore jeune et qui était à la maison.
00:52:21 - Et donc vous êtes partie avec votre fille ?
00:52:25 - Oui, je suis restée un maximum de temps,
00:52:30 justement pour ne pas qu'il ait la garde.
00:52:34 - C'est toute la difficulté, quand les enfants sont en bas âge,
00:52:38 si la femme quitte le foyer, elle peut perdre la garde de ses enfants.
00:52:42 - Oui, parce que le pervers narcissique
00:52:45 ne cherche pas les intérêts de ses enfants, sauf s'il peut les utiliser pour abîmer encore plus sa femme.
00:52:51 - Bien sûr.
00:52:53 Et alors, ce qui est particulier avec le pervers narcissique,
00:52:56 en tout cas avec lui,
00:52:58 c'est qu'on est séparés depuis 10 ans, plus, 12 ans.
00:53:04 On est séparés depuis 12 ans.
00:53:07 Pendant longtemps, mes enfants ne voulaient plus le voir.
00:53:11 Et ils ont repris contact avec lui.
00:53:15 Ils continuent à être très, très, très manipulateurs, ça c'est une évidence.
00:53:22 Et du coup, il y a des choses que font mes filles,
00:53:27 qui sont directement en rapport.
00:53:29 J'en suis persuadée, je peux me tromper,
00:53:31 mais j'en suis persuadée, c'est télécommandé.
00:53:35 Elles ne se rendent pas compte,
00:53:37 elles ne se rendent pas compte,
00:53:39 c'est télécommandé.
00:53:41 - Bien sûr, parce qu'il doit être dans un jeu de séduction absolue auprès d'elles,
00:53:45 pour se faire valoir par rapport à la séparation,
00:53:49 et de ce fait insidieusement, pour faire valoir qu'en fait,
00:53:53 c'est vous qui êtes responsable de cette séparation,
00:53:56 et que lui, il est exceptionnel,
00:53:58 et que ce n'était pas une bonne idée de le quitter,
00:54:02 parce que c'est un homme admirable,
00:54:04 donc c'est compliqué pour elle.
00:54:07 - Et alors, ce qui se rajoute,
00:54:09 ça étonne les gens quand je dis ça,
00:54:11 mais c'est que sur la scène de ma relation avec lui,
00:54:14 je me suis rendue compte qu'il me trompait allègrement,
00:54:17 et en fait, il était homo,
00:54:20 ce que je n'avais pas voulu voir.
00:54:22 Donc ça s'est rajouté.
00:54:23 Ça n'a pas été la chose la plus dure à entendre.
00:54:26 - Oui, sûrement.
00:54:27 - Le plus dur, ça a été sa perversion narcissique.
00:54:29 Et donc, comme tout pervers narcissique,
00:54:34 il se respecte, étant tout seul,
00:54:36 ça a été terrible pour lui.
00:54:38 Il s'est dépêché de trouver une nouvelle proie.
00:54:40 - Bien sûr.
00:54:41 - Et il a mis grand pain dessus, et il s'est marié avec.
00:54:43 Et il se débrouille toujours pour apparaître
00:54:46 comme la pauvre victime qui a été lésée par moi,
00:54:51 alors qu'il n'a pas été lésé du tout,
00:54:54 parce qu'il a réussi le tour de force majeure
00:54:56 de se faire payer des séances de psychanalyse par moi.
00:54:58 Bref.
00:55:00 Et donc, en fait, ce qui m'a été dit un jour par rapport à lui,
00:55:08 c'est qu'il se fait toujours passer pour quelqu'un de fragile.
00:55:13 - Et lui, ce qu'il voit, c'est une arme.
00:55:16 C'est-à-dire, soit il est persécuteur,
00:55:18 et puis quand il voit que ça ne marche pas,
00:55:21 il se transforme en pauvre victime qu'il faut sauver,
00:55:24 parce que le pauvre, il est très malheureux.
00:55:26 Donc c'est ça qui est extraordinaire.
00:55:28 En fait, c'est un immense comédien
00:55:30 qui peut prendre tous les masques possibles et imaginables,
00:55:34 parce qu'il n'a pas d'identité.
00:55:35 Il a un vide identitaire,
00:55:37 ce qui fait qu'il peut adopter toutes les personnalités
00:55:40 qui sont nécessaires pour abîmer l'autre.
00:55:43 - Et c'est toujours ce qui est compliqué à comprendre
00:55:45 pour la plupart des gens, Hélène Vécalier,
00:55:47 c'est que c'est vraiment quelqu'un qui n'est pas humain,
00:55:49 en quelque sorte.
00:55:51 Et donc, il ne faut pas essayer de raisonner
00:55:54 avec notre propre fonctionnement.
00:55:55 Il faut se rendre compte.
00:55:57 La seule chose à faire, évidemment, c'est de fuir.
00:55:59 - Oui, il faut vraiment partir.
00:56:00 - Exactement, et de protéger éventuellement Adèle, vos filles.
00:56:03 Mais je suppose que c'est ce que vous faites, évidemment.
00:56:05 Allez, on fait une petite pause,
00:56:06 et puis on continue avec vos témoignages
00:56:08 au 0826 300 300.
00:56:10 À tout de suite.
00:56:11 - Nous sommes avec Hélène Vécalier,
00:56:15 et nous évoquons donc les pervers narcissiques.
00:56:18 Merci Marie-Hélène de prendre la parole.
00:56:21 Vous êtes avec quelqu'un en ce moment
00:56:23 qui vous dénigre beaucoup, c'est ça ?
00:56:26 - Oui, complètement.
00:56:27 C'est-à-dire que je suis mariée depuis 19 ans
00:56:29 avec une personne que je n'ai pas imaginée comme ça au départ,
00:56:33 et qui a su me manipuler doucement.
00:56:37 Mais comme je suis très empathique,
00:56:40 et que je me disais à chaque fois qu'il se passait
00:56:43 des choses pas normales pour moi,
00:56:45 je disais "Oh, ça va passer, c'est rien,
00:56:47 il est énervé, c'est pas grand-chose,
00:56:50 demain ça ira mieux."
00:56:51 Et petit à petit, je me rendais compte
00:56:53 que notre vie tous les deux,
00:56:56 c'était pas une vie de couple normale.
00:56:59 J'avais l'impression d'être toujours la personne
00:57:02 qui dénigrait, qui allait jamais,
00:57:04 je faisais jamais bien les choses.
00:57:06 Petit à petit, il essayait de m'éloigner de ma famille.
00:57:11 - Bien sûr, de vous isoler, de vos amis aussi.
00:57:14 - Oui, de mes amis aussi.
00:57:16 Il avait des attitudes, il était très très jaloux.
00:57:20 Alors, moi je suis du Sud, donc effectivement,
00:57:23 je suis très enjouée, toujours heureuse,
00:57:27 essayer toujours d'arranger les choses.
00:57:31 - Sauf qu'on sent une certaine tristesse
00:57:34 dans votre voix quand même Marie-Hélène.
00:57:36 - Oui, oui.
00:57:38 - Donc là, vous avez pris conscience,
00:57:41 peut-être, qu'il faut partir ?
00:57:44 - Oui, pardon, je sais pas si je vais tenir.
00:57:48 Si vous voulez, j'ai demandé le divorce.
00:57:52 Là, c'est fait.
00:57:54 - Vous êtes assez courageux, bravo,
00:57:56 parce que c'est pas évident.
00:57:58 - C'est pas gagné.
00:58:00 Ça va pas être gagné, parce qu'il m'en fait quand même voix.
00:58:04 Il arrive à avoir encore un peu d'empris sur moi,
00:58:07 parce qu'il a beaucoup de problèmes de santé,
00:58:11 donc je sais pas ne pas l'aider sur ce plan-là.
00:58:16 - Il se victimise.
00:58:18 Il choisit ce problème de santé pour se victimiser
00:58:22 et faire appel à votre loyauté, à votre empathie,
00:58:25 à votre générosité, à votre bienveillance,
00:58:27 parce que vous êtes une belle personne,
00:58:29 c'est pour ça qu'il vous a choisi.
00:58:31 Marie-Hélène, vous savez qu'on a une énergie,
00:58:33 mais elle se décuple pas,
00:58:35 et cette énergie, vous en avez besoin pour vous.
00:58:39 - Je sais, c'est ce qu'on me dit,
00:58:41 tous mes amis me le disent.
00:58:43 Après, j'ai commencé à le mettre en alerte depuis...
00:58:47 Il y a trois ans, j'ai eu un cancer,
00:58:49 un cancer assez particulier, un cancer de la mâchoire,
00:58:52 qui m'a beaucoup affectée.
00:58:54 Je me suis sentie très seule.
00:58:56 Il m'a aidée les premières semaines,
00:58:58 et puis après, comme il a vu que je me débrouillais,
00:59:01 pour lui, c'était plus un souci,
00:59:03 c'était plutôt que ça le dérangeait en me disant
00:59:05 "il faudra que tu t'arranges un peu le visage",
00:59:07 des choses que personne ne m'aurait dit,
00:59:11 et que quand il me disait "oui, ton sourire,
00:59:14 t'es un peu de travers",
00:59:16 c'est des choses que personne n'aimerait entendre.
00:59:19 Donc ça, ça a été un premier pas,
00:59:21 et puis j'ai commencé à vraiment réaliser
00:59:23 qu'il n'était pas là pour me soutenir.
00:59:25 - Vous savez, Marie-Hélène,
00:59:27 j'ai l'habitude d'écouter des témoignages
00:59:29 de personnes qui sont tombées sur des pervers,
00:59:31 narcissiques, et c'est très souvent suite
00:59:33 à une maladie ou suite à quelque chose
00:59:35 qui touche le corps,
00:59:37 que les personnes commencent à prendre conscience.
00:59:39 - Oui, j'ai l'impression.
00:59:41 - Donc, je ne vais pas dire qu'il faut remercier ce cancer,
00:59:43 parce que c'est un cancer très difficile.
00:59:45 - Oui, après je suis hériée, honnêtement.
00:59:49 - Bien sûr, mais vous avez traversé quand même
00:59:52 cette épreuve qui était une épreuve difficile,
00:59:54 mais là, vraiment, prenez votre énergie pour vous,
00:59:58 faites-vous aider, puisque vous avez la chance
01:00:00 d'avoir encore quelques amis,
01:00:02 et puis qu'ils se débrouillent.
01:00:04 - Coupez les ponts.
01:00:06 - Parce que de toute façon,
01:00:08 la tactique de sa part, c'est une manière
01:00:10 de vous récupérer, de vous faire mal.
01:00:12 - Il essaie par tous les moyens.
01:00:14 - Bien sûr.
01:00:16 - Tout simplement, j'avais commencé à lui dire
01:00:18 "on va prendre un peu de recul",
01:00:20 je suis partie en vacances chez ma fille
01:00:22 au moment de Pâques, et comme ça ne lui a pas plu,
01:00:24 parce que je n'ai pas voulu qu'il vienne,
01:00:26 j'ai dit "il faut prendre un peu de recul",
01:00:28 et vous savez ce qu'il m'a répondu
01:00:30 quand je suis rentrée, au bout d'un mois,
01:00:32 j'ai trouvé qu'il était un peu bizarre,
01:00:34 il y avait des choses qui me surprenaient,
01:00:36 et il m'a dit qu'il était avec quelqu'un d'autre,
01:00:38 qu'il avait trouvé quelqu'un d'autre,
01:00:40 et donc il m'a dit "mais c'est ma vengeance".
01:00:42 C'est le terme qu'il a employé.
01:00:44 - Marie-Hélène, s'il a trouvé quelqu'un d'autre,
01:00:46 c'est ce qui peut vous arriver de mieux,
01:00:48 parce que ça va faciliter le divorce.
01:00:50 - S'il a une autre victime sous la main,
01:00:52 comme ça il vous laisse tranquille.
01:00:54 - C'est ce qu'il me dit.
01:00:56 - Il faut fuir, fuir, fuir,
01:00:58 et puis vous faire aider psychologiquement
01:01:00 pour que vous compreniez pourquoi
01:01:02 vous êtes tombée dans ce piège,
01:01:04 et que vous ne vous reproduisez plus.
01:01:06 - C'est difficile ça.
01:01:08 - C'est souvent des phénomènes de répétition.
01:01:10 Donc il faut absolument que vous repériez
01:01:12 ce qui s'est passé pour que plus jamais
01:01:14 vous ne soyez sous l'emprise
01:01:16 de quelqu'un de malade comme ça.
01:01:18 - Après je voulais rajouter une petite chose
01:01:20 qui était importante que personne n'ait abordée,
01:01:22 par rapport à lui.
01:01:24 Si vous voulez, lui,
01:01:26 il a un problème avec l'argent.
01:01:28 Il a un problème avec l'argent,
01:01:30 c'est-à-dire qu'il fait payer aux autres,
01:01:32 c'est-à-dire que moi,
01:01:34 quand je l'ai rencontré,
01:01:36 on a fait pas mal de voyages,
01:01:38 et à chaque fois c'est moi qui payais.
01:01:40 Vous savez, quand vous aimez,
01:01:42 vous comptez pas, vous voyez pas.
01:01:44 - Oui, mais ce sont des gens qui sont radins,
01:01:46 sauf s'ils sont en public,
01:01:48 et que là, tout d'un coup,
01:01:50 il faut faire preuve de générosité
01:01:52 parce qu'il y a des témoins,
01:01:54 et que ça va redorer son blason.
01:01:56 Sinon en privé, ce sont des gens hyper radins,
01:01:58 qui font pas de cadeaux,
01:02:00 et voilà, l'argent,
01:02:02 séducteur, et jaloux,
01:02:04 et puis une intolérance,
01:02:06 une intolérance qui est phénoménale.
01:02:08 Il y a des attitudes
01:02:12 où je me suis restée
01:02:14 mais profondément affectée.
01:02:16 Il a fait des choses...
01:02:20 Alors, il est violent en parole,
01:02:22 il m'a jamais touchée,
01:02:24 au contraire, je pense qu'ils sont très forts
01:02:26 à ce niveau-là.
01:02:28 - C'est une grâce.
01:02:30 - Et donc, c'est avec leurs mots,
01:02:32 avec ces mots,
01:02:34 qui peuvent vous faire aussi mal
01:02:36 qu'un coup de poing, je veux dire, très bêtement.
01:02:38 - Mais parallèlement à votre divorce,
01:02:40 Hélène Vécali a raison,
01:02:42 commencer une thérapie avec quelqu'un,
01:02:44 ça va vous faire du bien de pouvoir
01:02:46 parler, de mieux comprendre
01:02:48 ce que vous traversez.
01:02:50 Ça sera peut-être un peu long,
01:02:52 mais ça sera...
01:02:54 - Je pense, parce que je l'ai même dit,
01:02:56 je pense qu'il a détruit
01:02:58 la personne que j'étais.
01:03:00 - Non, non, il l'a pas détruit.
01:03:02 Il faut oublier. Mais Marie-Hélène,
01:03:04 ce qui est sûr, et ça c'est important,
01:03:06 je le signale aussi pour ceux qui écoutent,
01:03:08 c'est qu'actuellement, vous ne pouvez parler que de lui.
01:03:10 Et ça, c'est le signe que vous êtes
01:03:12 encore sous l'emprise. Et c'est ça
01:03:14 qu'il faut arriver à débloquer
01:03:16 avec un thérapeute. Il va falloir
01:03:18 que vous puissiez parler de vous, parce que c'est vous
01:03:20 la personne la plus importante, et c'est pas lui.
01:03:22 - Et vous souvenir que vous êtes
01:03:24 une belle personne rayonnante, solaire,
01:03:26 qui a le goût du bonheur,
01:03:28 et ça, il l'a pas détruit.
01:03:30 Il l'a pas détruit, c'est tout le temps là.
01:03:32 Donc vous allez le retrouver, vous allez juste guérir,
01:03:34 voilà,
01:03:36 mettre de côté
01:03:38 toute cette histoire, parce que vous l'aurez
01:03:40 comprise et vous pourrez l'évacuer.
01:03:42 - Voilà. Et puis,
01:03:44 parallèlement, bien sûr,
01:03:46 continuez la démarche pour le divorce,
01:03:48 parce que ça c'est aussi essentiel
01:03:50 pour sortir de cette emprise.
01:03:52 - Merci en tout cas de votre témoignage, Marie-Hélène.
01:03:54 - Merci Marie-Hélène. - On vous embrasse.
01:03:56 Bon courage.
01:03:58 On fait une petite pause, on se retrouve avec le Love Concert.
01:04:00 Je vous propose une lettre d'amour codée.
01:04:02 C'est un petit truc rigolo,
01:04:04 vous allez voir. Et puis, bien sûr,
01:04:06 vous aussi, n'hésitez pas à prendre la parole
01:04:08 pour ceux qui écoutent.
01:04:10 Ça peut peut-être être un signal d'alarme.
01:04:12 Cam4.fr,
01:04:14 le plus grand site de webcam live
01:04:16 réservé aux adultes.
01:04:18 Brigitte Lea et Sud Radio,
01:04:20 le Love Conseil.
01:04:22 - Alors, on s'envoie des SMS,
01:04:24 c'est sympa Hélène Vécalier. Alors là,
01:04:26 je propose un SMS un peu particulier.
01:04:28 En sachant que le 1, ça correspond
01:04:30 à la lettre A,
01:04:32 si j'envoie le message
01:04:34 10, 5, 20,
01:04:36 1, 9, 13, 5,
01:04:38 qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire "je t'aime".
01:04:40 Voilà.
01:04:42 Et voilà. Et donc, ça pourrait être
01:04:44 rigolo. Alors bien sûr, vous pouvez
01:04:46 envoyer un message codé beaucoup plus long,
01:04:48 comme ça la personne mettra plus
01:04:50 de temps à le décoder.
01:04:52 Et puis je trouve que, d'abord, c'est assez marrant
01:04:54 d'envoyer ce message,
01:04:56 parce qu'il faut un petit peu
01:04:58 y réfléchir.
01:05:00 Même si on n'est pas bon en mathématiques,
01:05:02 c'est facile. Et puis,
01:05:04 votre partenaire va prendre un certain temps
01:05:06 pour le décoder, peut-être que ça l'amusera,
01:05:08 donc ça l'excitera. - Voilà, et puis ça nous permettra
01:05:10 d'évaluer son QI, s'il répond pas,
01:05:12 j'ai répondu à la question. - Il faut peut-être
01:05:14 un peu préciser quand même,
01:05:16 parce que sinon,
01:05:18 il suffit de... Enfin, il ne faut pas trop
01:05:20 préciser quand même. Il faut juste dire le 1
01:05:22 égale A, et puis après, vous envoyez
01:05:24 le message codé, et puis
01:05:26 vous pourrez tester son intelligence.
01:05:28 Quelqu'un d'à peu près intelligent devrait
01:05:30 tout de suite comprendre. - On le verra alors.
01:05:32 - On verra ? On va faire le test ? - On va faire le test.
01:05:34 - Allez, on continue à évoquer
01:05:36 la perversion narcissique, mais
01:05:38 demain, on sera avec Éric Allaire. Alors, on parle toujours
01:05:40 des douleurs féminines lors des rapports,
01:05:42 et bien demain, on va parler des douleurs masculines.
01:05:44 Voilà, parce que eux aussi,
01:05:46 ils peuvent avoir mal, et c'est important,
01:05:48 il y a même une fracture de la verge,
01:05:50 alors ça, c'est vraiment la douleur extrême,
01:05:52 mais on en parlera
01:05:54 demain avec Éric Allaire.
01:05:56 Et pour l'instant, c'est Anne que l'on retrouve.
01:05:58 Bonjour Anne, merci de témoigner.
01:06:00 - Oui, bonjour Brigitte, bonjour Hélène.
01:06:02 - Bonjour Anne.
01:06:04 - Voilà,
01:06:06 j'écoute votre émission depuis tout à l'heure,
01:06:08 comme je l'écoute à peu près tous les jours.
01:06:10 Et pour ma part,
01:06:12 je suis partie en catastrophe,
01:06:14 ça va faire sept mois.
01:06:16 J'ai tout quitté,
01:06:18 mais j'étais,
01:06:20 Dieu merci, j'étais locataire, nous n'étions pas mariés,
01:06:22 mais nous étions ensemble depuis
01:06:24 13 ans,
01:06:26 et je dois dire que
01:06:28 au fur et à mesure des 13 ans,
01:06:30 je n'avais jamais vécu une chose pareille
01:06:32 de ma vie. J'ai cru
01:06:34 que je devenais folle.
01:06:36 Donc j'ai fait des
01:06:38 tentatives de suicide.
01:06:40 La dernière en date
01:06:42 a été celle
01:06:44 du décembre
01:06:46 2021.
01:06:48 Et je pense
01:06:50 que c'est là que
01:06:52 j'ai réalisé que
01:06:54 je vivais vraiment quelque chose d'épouvantable.
01:06:56 Et alors j'ai bien écouté les auditeurs,
01:06:58 enfin les auditrices précédentes,
01:07:00 dans mon cas, aucune violence physique.
01:07:02 Jamais. Jamais, jamais, jamais.
01:07:04 - Mais c'est ça qui est important, Anne,
01:07:06 parce que quand on est
01:07:08 tapé par quelqu'un,
01:07:10 on a vraiment la preuve de cette
01:07:12 violence, puisqu'on reçoit
01:07:14 des coups. Mais la violence
01:07:16 psychologique, elle est subjective
01:07:18 finalement, et elle peut être
01:07:20 quelque part un peu aveugle.
01:07:22 Et donc on ne se rencontre pas,
01:07:24 c'est ce que dit d'ailleurs Jean-Charles Bouchoud,
01:07:26 il parle de ces violences invisibles.
01:07:28 Et parfois,
01:07:30 les pervers racistiques ont
01:07:32 des violences très, très, très
01:07:34 difficiles à déconner.
01:07:36 - Oui, ils ont vraiment le grand
01:07:38 art. Il y a un livre d'un
01:07:40 monsieur qui s'appelle Searles, qui s'appelle
01:07:42 "L'art de rendre l'autre fou".
01:07:44 C'est-à-dire qu'ils ont vraiment tout un tas de techniques,
01:07:46 la double contrainte, c'est-à-dire qu'ils disent
01:07:48 deux choses opposées en même temps,
01:07:50 la mise sous hypnose, c'est-à-dire qu'ils
01:07:52 sont capables de vous parler
01:07:54 en faisant en sorte que
01:07:56 vous vous retrouviez dans un état de conscience modifié.
01:07:58 Ils sont capables aussi
01:08:00 de découvrir des désirs
01:08:02 cachés que vous ignorez, et de
01:08:04 les combler pour pouvoir après mieux
01:08:06 les enlever et vous détruire.
01:08:08 Donc vous avez raison, vous avez
01:08:10 une analyse très, très juste,
01:08:12 c'est-à-dire que les violences psychologiques
01:08:14 sont invisibles, c'est
01:08:16 vraiment un crime parfait.
01:08:18 Ils tuent avec des mots, donc il n'y a pas de traces.
01:08:20 - Et je crois que dans votre cas,
01:08:22 il était particulièrement dangereux.
01:08:24 - Particulièrement dangereux,
01:08:26 surtout qu'il était,
01:08:28 il y avait vraiment la face
01:08:30 victime très, très présente.
01:08:32 Et en même temps,
01:08:34 quand il devenait persécuteur,
01:08:36 c'était quelqu'un d'autre.
01:08:38 J'avais affaire d'un côté
01:08:40 à un petit garçon
01:08:42 en manque de sa maman et qui était terrorisé,
01:08:44 et de l'autre,
01:08:46 j'avais affaire à un bourreau ironique,
01:08:48 sardonique,
01:08:50 avec une sorte de cruauté,
01:08:52 et par moments, je relevais son propos
01:08:54 et il me disait que je n'avais
01:08:56 pas entendu.
01:08:58 - Oui, bien sûr, c'était de votre faute.
01:09:00 C'est Dr. Jekyll et Mr. Hyde, c'est-à-dire vraiment
01:09:02 deux facettes opposées,
01:09:04 et face à ça, on est
01:09:06 démuni.
01:09:08 - Oui, et je me suis rendu compte
01:09:10 qu'il s'appropriait
01:09:12 toutes mes idées,
01:09:14 tout le contenu de ma vie.
01:09:16 J'étais quelqu'un de solaire quand je l'ai
01:09:18 connue, pour ce qu'on disait de moi.
01:09:20 On me disait que j'étais brillante,
01:09:22 que j'étais comme un rayon de soleil.
01:09:24 - Mais vous l'êtes toujours.
01:09:26 - Ça court,
01:09:28 ça court, simplement.
01:09:30 - Là, il suffit de souffler
01:09:32 sur les braises et le feu va reprendre.
01:09:34 Il faut nettoyer un petit peu, mais ça va
01:09:36 revenir, ne vous inquiétez pas. - Oui, c'est ça.
01:09:38 Et je voulais témoigner que
01:09:40 c'est quelque chose d'extrêmement
01:09:42 insidieux et c'est vraiment un travail de
01:09:44 sapin en continu.
01:09:46 J'ai vu aussi qu'il n'y avait aucun affect
01:09:48 chez lui, je dis bien aucun.
01:09:50 J'ai eu l'impression, les derniers mois,
01:09:52 mais véritablement, d'être
01:09:54 à côté de quelque chose d'inhumain.
01:09:56 - Oui, oui. - Et avec un
01:09:58 sentiment d'épouvante qui
01:10:00 m'étreignait. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai pu
01:10:02 partir, parce que
01:10:04 quand on est face à l'épouvante,
01:10:06 je n'avais pas devant moi un être humain.
01:10:08 Et puis, c'est comme si
01:10:10 l'ombre me gagnait
01:10:12 à mon tour, son ombre intérieur.
01:10:14 On aurait dit qu'il était mort de l'intérieur.
01:10:16 - Mais, c'est très juste
01:10:18 ce que vous dites, Anne.
01:10:20 Mais alors, c'est cette tentative de suicide
01:10:22 que vous avez fait prendre conscience
01:10:24 qu'il fallait le quitter, c'est ça ?
01:10:26 - Oui, oui. Parce que
01:10:28 c'était une énième tentative de suicide.
01:10:30 Donc, j'ai laissé un
01:10:32 mot. Et dans ce mot,
01:10:34 je disais que finalement, quand on
01:10:36 m'enterrerait, je voudrais qu'on m'enterre
01:10:38 avec la photo de mes petits chiens
01:10:40 en train de gambader dans la prairie
01:10:42 et que c'était le seul moment où j'avais été heureuse.
01:10:44 Donc, on me récupère, etc.
01:10:46 pour la énième fois aux urgences.
01:10:48 Donc, cette fois-ci,
01:10:50 je ne suis pas passée par l'AREA, mais bon, ça n'a pas été mal
01:10:52 non plus. Et donc,
01:10:54 à ce moment-là, il a été très, très, très
01:10:56 ennuyé parce que la psychiatrie s'en mêlait.
01:10:58 J'allais être suivie.
01:11:00 - Les autres fois, non ?
01:11:02 Les autres fois, vous n'avez pas été suivie ?
01:11:04 - J'ai été suivie,
01:11:06 mais il arrivait, il se précipitait à l'hôpital.
01:11:08 Il me prenait ma main
01:11:10 et disait au médecin avec des larmes
01:11:12 plein les yeux "Oh, je suis vraiment
01:11:14 désolée, je crois qu'elle perd ma tête."
01:11:16 - Elle perd la remercie ?
01:11:18 - Oui, oui. Je l'ai vue même à mes côtés.
01:11:20 Je revenais
01:11:22 à moi sur un lit d'hôpital.
01:11:24 Je le voyais à mes côtés
01:11:26 avec des larmes plein les yeux et en train
01:11:28 de me dire "Ce sont les uniques
01:11:30 moments de ma vie où je peux ressentir
01:11:32 quelque chose."
01:11:34 - Ben oui, parce que là, il est au summum de sa gloire.
01:11:36 - Oui.
01:11:38 C'est quelque chose d'inimaginable.
01:11:40 Je me rappelle d'une fois,
01:11:42 on était en voiture tous les deux
01:11:44 et il pestait parce que chaque fois,
01:11:46 nous prenions un petit chemin pour aller promener nos chiens.
01:11:48 Il y avait une petite voiture
01:11:50 pour personne handicapé avec un petit couple
01:11:52 adorable à l'intérieur qui était un petit peu
01:11:54 mal garé sur le chemin. Chaque fois,
01:11:56 il entrait dans une colère froide
01:11:58 contre ce petit couple.
01:12:00 Un soir, je lui ai dit "Mais enfin !
01:12:02 En plus, tu as été travailleur
01:12:04 social, assistant social,
01:12:06 tenez-vous bien."
01:12:08 "Tu te rends compte ?" "Non, il a été
01:12:10 d'une froideur." Il m'a dit "Mais tu sais pas."
01:12:12 Il me dit "Tu ne mesures pas."
01:12:14 "Ils font juste un obstacle sur ma route."
01:12:16 - Mais bien sûr.
01:12:18 - Tout comme ça. Rien se file.
01:12:20 - Il faut faire sauter les obstacles sur sa route.
01:12:22 - C'est tout.
01:12:24 Je l'ai entendu me dire que s'il n'appelait plus
01:12:26 ses amis, c'est qu'il ne tenait pas à eux
01:12:28 et que j'étais folle d'éprouver des sentiments.
01:12:30 Il m'a privée
01:12:32 d'affection, il m'a privée de sexualité.
01:12:34 Il me faisait croire que j'étais une femme
01:12:36 absolue parce que j'avais des pulsions.
01:12:38 Et petit à petit, je me suis éteinte
01:12:40 dans des proportions inimaginables.
01:12:42 Et tout était de ma faute.
01:12:44 Il y avait un double discours.
01:12:46 Il refusait la communication.
01:12:48 Il me faisait faire ces commissions.
01:12:50 J'étais toujours l'intermédiaire.
01:12:52 Donc les propos étaient mal interprétés.
01:12:54 Tout comme ça.
01:12:56 Il s'est fait passer pour moi en écrivant
01:12:58 des mails jusqu'à aller copier
01:13:00 mon propre style et en me le montrant.
01:13:02 - Mais le témoignage est important,
01:13:04 Anne, parce que vous donnez
01:13:06 des détails très précis qui correspondent
01:13:08 exactement aux profils.
01:13:10 - Qui permettent de comprendre l'horreur
01:13:12 que vous avez vécue et l'horreur de ce personnage.
01:13:14 - Oui, c'est ça.
01:13:16 Et puis c'est le vide, j'insiste bien.
01:13:18 C'est le vide. Il n'y a rien.
01:13:20 J'avais du mal à le croire.
01:13:22 C'est comme quelqu'un
01:13:24 de désincarné, une ombre.
01:13:26 - Mais tout ça, vous le dites aujourd'hui
01:13:28 parce qu'évidemment, vous avez pris du recul.
01:13:30 Vous êtes partie.
01:13:32 Quand vous étiez avec lui, vous n'aviez pas
01:13:34 réellement pris conscience.
01:13:36 C'est pour ça que vous êtes restée quand même
01:13:38 13 ans, c'est pas rien.
01:13:40 Et je crois que c'est ça qu'il faut aussi comprendre.
01:13:42 C'est que quelque part,
01:13:44 comme il y a quand même des moments gentils
01:13:46 et qu'il y a la nostalgie, j'imagine, du début.
01:13:48 On reste, c'est ça ?
01:13:50 - Oui. - Il y a la nostalgie
01:13:52 de la période "Lune de miel".
01:13:54 - Il y a vraiment eu la période "Lune de miel", oui.
01:13:56 - Ce qu'il faut savoir, et que les gens ne savent pas,
01:13:58 c'est que cette période "Lune de miel", c'est pas
01:14:00 la période "Lune de miel" normale
01:14:02 dans une relation amoureuse.
01:14:04 C'est une période "Lune de miel" ++++.
01:14:06 Parce que dans une relation normale,
01:14:08 un homme, par exemple,
01:14:10 un homme normal, on va dire
01:14:12 qui n'est pas pervers,
01:14:14 a des émotions lui aussi, et a des demandes.
01:14:16 Donc, si vous voulez, dans la "Lune de miel",
01:14:18 chacun fait du bien à l'autre.
01:14:20 Là,
01:14:22 le pervers narcissique, il est entièrement
01:14:24 dévoué au bien
01:14:26 de sa femme,
01:14:28 pour faire en sorte qu'elle soit
01:14:30 la plus comblée possible.
01:14:32 Il se nie complètement, d'autant plus facilement
01:14:34 qu'il n'a pas d'identité, pas d'émotion.
01:14:36 Donc, il se met
01:14:38 100%, 180%,
01:14:40 200% au service de sa femme.
01:14:42 Ce qui fait qu'elle vit quelque chose
01:14:44 qu'elle ne vivra jamais avec aucun autre homme.
01:14:46 Donc, il faut comprendre que la nostalgie
01:14:48 de cette "Lune de miel",
01:14:50 elle est logique. - Oui, c'est comme
01:14:52 le nourrisson avec sa maman.
01:14:54 - Voilà. - Qui s'occupe que de son nourrisson.
01:14:56 Et d'un coup, c'est comme si elle avait gagné au loto.
01:14:58 C'est surréaliste.
01:15:00 - Ça me fait penser qu'il y a certainement
01:15:02 chez les personnes qui vont tomber
01:15:04 sous le joug d'un pervers narcissique,
01:15:06 une nostalgie
01:15:08 de cette fusion primitive
01:15:10 avec la maman, sans doute.
01:15:12 - Oui, avec des bonnes mères.
01:15:14 - Oui, bien sûr, mais il y a peut-être
01:15:16 un peu de ça. - Oui, il y a peut-être ça aussi.
01:15:18 C'est-à-dire être comblée à 100%.
01:15:20 Et ça, c'est compliqué.
01:15:22 - Je vous dirais que vous pouvez...
01:15:24 - N'oubliez surtout pas que
01:15:26 s'il vous a choisi, c'est parce que vous êtes
01:15:28 une belle personne, une personne solaire,
01:15:30 une personne qui a des qualités,
01:15:32 une personne qui est intelligente.
01:15:34 Et ça, il ne l'a pas détruit
01:15:36 parce que c'est vous.
01:15:38 On ne peut pas détruire quelqu'un.
01:15:40 En revanche, détruire une période
01:15:42 de sa vie et détruire
01:15:44 une relation de couple
01:15:46 et ébranler ce que vous pensez de vous,
01:15:48 oui, mais ça, ça se reconstruit, ça.
01:15:50 - Oui.
01:15:52 - Est-ce que je voulais vous dire...
01:15:54 Oui, quand je l'ai connu, j'étais aide-soignante
01:15:56 de profession. C'était très dur.
01:15:58 En plus, j'avais beaucoup de route tous les jours.
01:16:00 Et j'avais également un mandat de concierge municipale.
01:16:02 Et j'étais très engagée.
01:16:04 Et donc, évidemment,
01:16:06 il me disait qu'il était fasciné par ma personne,
01:16:08 etc. Moi, déjà, le terme me gênait un peu.
01:16:10 "Fasciné".
01:16:12 Mais très, très rapidement,
01:16:14 mais ça s'est fait de façon...
01:16:16 Voilà, je devais
01:16:18 m'occuper plus de notre relation.
01:16:20 - Il vous a fait démissionner ?
01:16:22 - L'air de rien.
01:16:24 Je n'ai pas démissionné officiellement,
01:16:26 mais je me suis moins rendue aux réunions.
01:16:28 Il a commencé à m'isoler.
01:16:30 Il me disait que ce n'était pas bien,
01:16:32 que j'étais dans des mondanités.
01:16:34 Et petit à petit, oui,
01:16:36 je me suis retrouvée de plus en plus isolée.
01:16:38 Et de plus en plus, il m'a aussi
01:16:40 assez rapidement désérotisée.
01:16:42 - Bien sûr.
01:16:44 - C'est-à-dire que très rapidement,
01:16:46 il me dictait des choses
01:16:48 comme s'il voulait me rendre infantile.
01:16:50 Et il voulait être dans la fusion.
01:16:52 Mais si vous voulez,
01:16:54 c'est après tout ça que j'ai compris.
01:16:56 Et ça m'a rappelée
01:16:58 cette fameuse fusion avec ma mère,
01:17:00 dans laquelle elle m'avait plongée
01:17:02 et dont j'avais eu tellement de mal
01:17:04 à me sortir, comme une fusion psychotique.
01:17:06 J'étais juste un prolongement d'elle-même
01:17:08 et j'avais dû faire des efforts inouïs
01:17:10 pour me sortir de là et couper avec elle.
01:17:12 Et là, il recréé ça
01:17:14 et m'a pu...
01:17:16 Il m'a dit aussi
01:17:18 "Tu rentres tard, je vais te faire à manger.
01:17:20 Mais en même temps, tu ne m'accordes pas
01:17:22 assez de temps.
01:17:24 Ces gens-là ne sont que des étrangers pour toi."
01:17:26 Et puis finalement...
01:17:28 Alors oui, hélas, pour moi,
01:17:30 je lis depuis l'âge de 3 ans.
01:17:32 Donc j'ai toujours lu beaucoup.
01:17:34 Moi, ce que j'ignorais, figurez-vous qu'il a fait
01:17:36 semblant d'aimer la lecture pendant
01:17:38 toute notre relation.
01:17:40 - Ben oui.
01:17:42 - Et à la fin, j'étais tellement mal,
01:17:44 que j'ai arrêté de lire du jour au lendemain.
01:17:46 - Et là, il avait gagné.
01:17:48 - Oui.
01:17:50 Et il a posé les livres et m'a dit
01:17:52 "Finalement, la lecture ne m'intéresse pas."
01:17:54 Et il n'a plus touché un livre.
01:17:56 C'est quelque chose d'inimaginable.
01:17:58 - Oui, vous avez raison de dire
01:18:00 "inimaginable" parce que je crois que
01:18:02 les gens qui ne se sont pas frottés
01:18:04 et brûlés à ce genre de
01:18:06 personnages ont du mal à comprendre
01:18:08 parce que c'est inhumain.
01:18:10 C'est inhumain, c'est hors normes
01:18:12 et c'est impensable.
01:18:14 - En tout cas, Anne,
01:18:16 vous avez commencé à remonter
01:18:18 la pente, rassurez-vous, vous allez
01:18:20 retrouver votre énergie
01:18:22 et votre côté solaire.
01:18:24 - Et merci
01:18:26 infiniment Brigitte pour votre
01:18:28 intelligence
01:18:30 fine, merveilleuse et votre empathie.
01:18:32 Je vous écoute, je vous dis chaque fois que je peux
01:18:34 et merci aussi à votre invité,
01:18:36 Hélène, merci pour tout ce que vous faites.
01:18:38 - Merci à vous Anne.
01:18:40 On a besoin de vos témoignages.
01:18:42 Je rappelle le titre du livre d'Hélène, il est en poche
01:18:44 en plus aux éditions Marabout,
01:18:46 "Maître les pervers, échecs
01:18:48 et maths" pour ceux qui peut-être
01:18:50 voudraient mieux comprendre
01:18:52 même si on a déjà beaucoup avancé
01:18:54 depuis 14h grâce à vos témoignages
01:18:56 au 0826 300 300.
01:18:58 On se quitte un court instant et on se retrouve tout de suite.
01:19:00 Le plus grand site de webcam live
01:19:02 réservé aux adultes.
01:19:04 14h16
01:19:06 Brigitte Laé, Sud Radio.
01:19:08 - Alors Hélène Vécali,
01:19:10 on évoque la perversion narcissique aujourd'hui.
01:19:12 On a surtout eu des femmes
01:19:14 parce qu'en effet il y a plus d'hommes pervers
01:19:16 narcissiques que de femmes
01:19:18 mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de femmes.
01:19:20 C'est important aussi de le rappeler.
01:19:22 Mélanie, bonjour.
01:19:24 - Bonjour Brigitte,
01:19:26 bonjour Hélène.
01:19:28 - Alors,
01:19:30 vous n'êtes plus non plus avec
01:19:32 s'il me semble.
01:19:34 - Non, je ne suis plus avec lui.
01:19:36 Donc moi je l'ai rencontré en début
01:19:38 2020, juste avant le premier confinement.
01:19:40 - Oui.
01:19:42 - Et bon,
01:19:44 il était très gentil au départ, voilà.
01:19:46 Après on était
01:19:48 confinés, donc lui il travaillait,
01:19:50 bon.
01:19:52 - Vous étiez ensemble, confinés
01:19:54 ensemble ou chacun chez soi ?
01:19:56 - Non, chacun chez soi mais
01:19:58 bon il venait chez moi parfois,
01:20:00 voilà, mais on n'a jamais vécu complètement
01:20:02 ensemble. - D'accord. - Mais il venait souvent
01:20:04 chez moi. Enfin,
01:20:06 il venait chez moi, moi je n'allais pas tellement chez lui.
01:20:08 En fait,
01:20:10 quand on a été déconfinés,
01:20:12 c'est-à-dire ça a duré deux mois,
01:20:14 ça allait à peu près, il a
01:20:16 commencé à me faire des crises de
01:20:18 jalousie,
01:20:20 à me demander où j'allais
01:20:22 pour faire les courses, à faire des photos,
01:20:24 enfin voilà, c'était infernal.
01:20:26 En plus,
01:20:28 bon ben il est... - Faire des photos ?
01:20:30 - Oui, de l'endroit où j'étais. - Ah d'accord.
01:20:32 - Dans le magasin
01:20:34 ou enfin voilà. - Ah d'accord, vous deviez
01:20:36 lui envoyer des photos là où vous étiez.
01:20:38 - Voilà. - D'accord. - Voilà.
01:20:40 Il ne me croyait pas que je faisais
01:20:42 les courses, j'étais avec mes amants,
01:20:44 voilà, j'étais sans arrêt
01:20:46 avec mes amants. Quand j'allais chez ma mère,
01:20:48 c'était pour voir le voisin qui était mon amant.
01:20:50 Pendant le confinement, je partais
01:20:52 la nuit, enfin bon. - Là, on a affaire
01:20:54 à un jaloux maladif, il me semble.
01:20:56 - Oui. - Déjà, oui.
01:20:58 Mais après, à côté de ça,
01:21:00 c'était quelqu'un qui avait
01:21:02 un égo très développé, il y avait
01:21:04 que lui qui avait raison,
01:21:06 tout le monde lui en voulait,
01:21:08 il était toujours
01:21:10 victime dans le privé comme dans le professionnel.
01:21:12 - Il me semble, il me semble, et je parle à la spécialiste
01:21:14 des pervers narcissiques, là, il me semble
01:21:16 qu'on n'a pas affaire à un pervers narcissique.
01:21:18 - Ce qu'il faudrait savoir, c'est est-ce que
01:21:20 il s'est mis à vous dénigrer,
01:21:22 à vous diffamer ?
01:21:24 - Oui, tout à fait. - De quelle façon ?
01:21:26 - C'est-à-dire qu'il m'a traité
01:21:28 de tous les mots,
01:21:30 par la parole,
01:21:32 il était violent,
01:21:34 il me traitait de tout, il me disait que
01:21:36 j'étais moi-même pervers narcissique.
01:21:38 - Oui, mais au début,
01:21:40 la lune de miel, elle n'a pas été
01:21:42 très longue, si je ne m'abuse,
01:21:44 il a très vite été jaloux. - Oui.
01:21:46 Il a très vite été jaloux,
01:21:48 et il m'a coupé
01:21:50 de tout le monde, il ne voulait que je vois
01:21:52 personne, ça l'arrangeait quand on
01:21:54 était confinés,
01:21:56 il me mentait,
01:21:58 il disparaissait pendant
01:22:00 une semaine, il me coupait tous les moyens
01:22:02 de communication avec lui,
01:22:04 il me bloquait, le téléphone,
01:22:06 Facebook, enfin Messenger,
01:22:08 il me bloquait,
01:22:10 il ne me donnait pas de nouvelles
01:22:12 et il revenait.
01:22:14 Et moi, je ne savais pas,
01:22:16 je n'étais pas très bonne,
01:22:18 je n'arrivais pas à m'en familiariser.
01:22:20 - Mélanie, c'est une
01:22:22 vilaine personne, c'est une personne toxique,
01:22:24 j'aime bien utiliser ce mot. - Et dysfonctionnelle.
01:22:26 - C'est évident,
01:22:28 mais je ne pense pas qu'on puisse
01:22:30 mettre l'étiquette, et c'est important,
01:22:32 et merci de ce témoignage d'ailleurs,
01:22:34 Mélanie, parce que ça montre bien
01:22:36 la différence, et d'ailleurs la preuve,
01:22:38 c'est que vous avez pu le quitter assez vite,
01:22:40 tellement il était odieux.
01:22:42 - Je souscris à ce que dit Brigitte,
01:22:44 - Oui, j'ai eu du mal quand même, mais ouais.
01:22:46 - C'est-à-dire que vous décrivez quelqu'un
01:22:48 qui était paranoïaque, jaloux,
01:22:50 et odieux, parce que
01:22:52 il avait peur que vous le trompiez,
01:22:54 mais un pervers
01:22:56 narcissique, il part pas,
01:22:58 il laisse pas sa victime comme ça,
01:23:00 sans emprise, pendant une semaine
01:23:02 ou quinze jours, non non, il est là
01:23:04 en permanence, parce qu'il faut tuer
01:23:06 sa victime, il faut
01:23:08 tuer sa proie à l'usure, tous les jours,
01:23:10 tous les jours, sans cesse, se remettre
01:23:12 au travail, pour la dénigrer,
01:23:14 pour la diffamer, pour la
01:23:16 moindrir, pour l'insulter,
01:23:18 pour... Vous voyez ce que je veux dire ?
01:23:20 - Et puis il commence son travail de sable,
01:23:22 une fois que l'autre est totalement sous emprise,
01:23:24 tandis que là, il a tout de suite pratiquement
01:23:26 été jaloux, donc
01:23:28 vous n'étiez pas, vous n'avez pas connu
01:23:30 cette lune de miel extraordinaire
01:23:32 qu'ont connue
01:23:34 les autres... - Ah non, pas vraiment,
01:23:36 non, pas vraiment, en tout cas, on était
01:23:38 confinés, donc... - Ça ne veut pas dire
01:23:40 que vous avez pas souffert, et que vous avez pas eu
01:23:42 affaire à quelqu'un qui était
01:23:44 complètement tordu et odieux, hein,
01:23:46 c'est pas ce qu'on est en train de dire, hein, mais c'est important,
01:23:48 vous voyez, de bien diagnostiquer,
01:23:50 parce que si vous avez pas le bon
01:23:52 diagnostic, vous n'arriverez pas
01:23:54 à repérer
01:23:56 le bon médicament, et surtout,
01:23:58 comment ne plus retomber sur ce genre de personnes.
01:24:00 - D'accord. - Mais c'est
01:24:04 pas un pervers narcissique,
01:24:06 c'est quelqu'un qui est
01:24:08 manipulateur, qui est jaloux, qui est
01:24:10 paranoïaque, qui est...
01:24:12 - Et qui pourrait d'ailleurs être... - Hyper narcissique,
01:24:14 et qui pourrait d'ailleurs être dangereux,
01:24:16 parce que cette jalousie-là, quand elle est
01:24:18 aussi maladive,
01:24:20 ça peut se terminer mal.
01:24:22 - Il peut être capable de tout
01:24:26 casser dans la maison, je pense, hein,
01:24:28 il prenait les affaires et il les jetait,
01:24:30 voilà. - Ça, ça s'appelle la rage
01:24:32 narcissique. Et la rage narcissique,
01:24:34 c'est un mot typique des gens
01:24:36 qui sont capables de régression,
01:24:38 et qui veulent tout, tout de suite, tout le temps,
01:24:40 et la moindre petite
01:24:42 remarque les fait entrer
01:24:44 dans des états apocalyptiques.
01:24:46 Donc, on n'est
01:24:48 pas dans le registre du pervers
01:24:50 narcissique.
01:24:52 - Parce que justement, il avait des émotions,
01:24:54 certes négatives, mais il était capable
01:24:56 d'être en colère, il était capable...
01:24:58 Vous voyez, ça c'est aussi un trait important, par rapport
01:25:00 à tout le bêté-bouillage qu'on a entendu. - Oui, mais uniquement parce que
01:25:02 j'enlevais son portrait,
01:25:04 par exemple, dans la chambre,
01:25:06 parce que j'avais une photo
01:25:08 avec lui, et qu'elle y était plus,
01:25:10 il devenait fou. - Oui, mais Mélanie,
01:25:12 c'est important de comprendre qu'il avait
01:25:14 des émotions, il était en colère.
01:25:16 Et un pervers narcissique,
01:25:18 il ne va pas être en colère,
01:25:20 il va... - Il maîtrise la situation,
01:25:22 il maîtrise tout. Donc,
01:25:24 on voit bien que ce n'était pas ça,
01:25:26 mais ni Brigitte, ni moi,
01:25:28 ne minimisons votre souffrance
01:25:30 et ce que vous avez vécu.
01:25:32 Que les choses soient claires, vous êtes tombé sur
01:25:34 quelqu'un qui est vraiment, vraiment dysfonctionnel,
01:25:36 et qui a un très gros problème
01:25:38 identitaire et narcissique.
01:25:40 - Mais ça n'est pas un pervers narcissique
01:25:42 et relationnel, et affectif.
01:25:44 - Et vous l'avez quitté très vite,
01:25:46 j'imagine, j'espère.
01:25:48 - Mais fin 2021, je suis quand même restée
01:25:50 un an et demi avec lui,
01:25:52 enfin, en relation plus ou moins,
01:25:54 voilà,
01:25:56 avec des coupures.
01:25:58 Et il me laissait
01:26:00 devant son portail cadenassé
01:26:02 pendant deux heures, à pleurer,
01:26:04 à lui supplier de m'ouvrir.
01:26:06 Il était de l'autre côté du portail,
01:26:08 il téléphonait à mes amis pour leur dire
01:26:10 que j'ai le trompé sans arrêt,
01:26:12 que j'étais... - Oui, c'est un jaloux maladif
01:26:14 et un gamin
01:26:16 capricieux
01:26:18 et qui a vraiment des problèmes énormes.
01:26:20 Vous avez bien fait de partir.
01:26:22 - Oui, je pense que c'est lié
01:26:24 aussi à son enfance,
01:26:26 parce qu'il me décrivait son père comme il était lui.
01:26:28 Il ne s'entendait pas
01:26:30 avec son père, il le critiquait,
01:26:32 et en fait, il me le décrivait,
01:26:34 et c'était lui qui le décrivait.
01:26:36 - Bien sûr, bien sûr.
01:26:38 - Mais à la fin,
01:26:40 j'avais l'impression que je devenais
01:26:42 folle, qu'il allait m'envoyer
01:26:44 à un hôpital psychiatrique, en fait.
01:26:46 J'avais vraiment ce sentiment, et j'ai réussi.
01:26:48 - Oui, Mélanie, mais c'est vrai
01:26:50 que ce qui est difficile avec des personnes qui dysfonctionnent,
01:26:52 comme lui,
01:26:54 c'est qu'il n'y a pas de communication réelle possible,
01:26:56 parce que dès que vous dites quelque chose
01:26:58 qui peut le blesser,
01:27:00 il se met en colère,
01:27:02 et j'imagine que parfois,
01:27:04 vous deviez avoir peur de lui.
01:27:06 - Oui,
01:27:08 parfois, ça m'est arrivé, oui.
01:27:10 Et puis, il était présent,
01:27:12 il n'avait aucune empathie
01:27:14 pour personne, il n'y avait que lui qui comptait.
01:27:16 - Oui, oui.
01:27:18 - Quand j'étais malade,
01:27:20 ce n'était pas vrai.
01:27:22 - En réalité, c'est quelqu'un qui n'a
01:27:24 pas du tout une bonne estime de lui-même,
01:27:26 c'est quelqu'un qui va très mal.
01:27:28 - Oui, qui n'a pas confiance en lui.
01:27:30 - Vous l'avez reconnu, ça, quand même.
01:27:32 - Il n'avait pas du tout confiance en lui, mais il le disait, en plus.
01:27:34 Il disait qu'il n'avait pas confiance en lui.
01:27:36 Mais,
01:27:38 c'était...
01:27:40 C'était invivable, quoi.
01:27:42 - Oui, oui, c'est assez...
01:27:44 - Avec le recul, je me demande comment j'ai pu supporter, quoi.
01:27:46 - Parce qu'il y a eu sans doute un peu de beaux moments
01:27:48 au début, et puis que...
01:27:50 Parce que les grands jaloux,
01:27:52 au début, ils nous trouvent
01:27:54 la septième merveille du monde, hein,
01:27:56 les grands jaloux, au début.
01:27:58 - Ah oui, oui, au début, il disait que j'étais gentille,
01:28:00 que j'étais très gentille,
01:28:02 que je faisais tout très bien la cuisine,
01:28:04 machin, enfin, voilà.
01:28:06 Et puis après, c'était tout à fait l'opposé.
01:28:08 - Bon, en tout cas, merci de ce témoignage.
01:28:10 - Merci. - Parce que c'est important aussi qu'on ait
01:28:12 un témoignage d'une personne odieuse,
01:28:14 hein, on n'a aucune envie de le rencontrer,
01:28:16 votre ex, hein, je vous rassure,
01:28:18 Mélanie, on le laisse
01:28:20 à n'importe quel... à notre pire ennemi.
01:28:22 Mais c'est important de voir
01:28:24 qu'on peut rencontrer des personnes toxiques,
01:28:26 odieuses, c'est pas pour autant des
01:28:28 pervers narcissiques. Et c'était un peu le propos
01:28:30 de cette émission, de bien expliquer ce qu'est
01:28:32 le pervers narcissique. Et je crois
01:28:34 qu'on a, grâce au témoignage,
01:28:36 et je remercie toutes celles qui ont témoigné,
01:28:38 je crois qu'on a vraiment compris
01:28:40 la différence entre...
01:28:42 - Qu'on a posé le bon diagnostic. - On a vu
01:28:44 aussi avec le témoignage de Francis tout à l'heure,
01:28:46 hein, qui n'était, bon, c'était pareil, une femme
01:28:48 qui dysfonctionnait, mais qui n'était pas
01:28:50 pervers narcissique, et c'est toute la différence.
01:28:52 Hélène Vécalie, merci beaucoup.
01:28:54 - Merci Brigitte. - Je rappelle que vous êtes également
01:28:56 l'auteur de ce livre,
01:28:58 le dernier livre "Un zèbre sur le divan",
01:29:00 et c'est aux éditions Albin Michel, où vous parlez
01:29:02 des hauts potentiels intellectuels.
01:29:04 - Des hauts potentiels intellectuels.
01:29:06 - Voilà. Ce qui n'est pas tout à...
01:29:08 C'est pas non plus la même chose que les pervers narcissiques,
01:29:10 évidemment. Tout de suite, vous allez
01:29:12 retrouver "C'est votre avenir". Alors demain, on sera
01:29:14 avec Éric Allaire, on va parler
01:29:16 des différentes douleurs
01:29:18 des hommes, lors des rapports
01:29:20 sexuels, ou pas d'ailleurs, hein,
01:29:22 quand je dis ça, ça peut être aussi des douleurs
01:29:24 au niveau des organes génitaux.
01:29:26 Donc si vous avez des douleurs,
01:29:28 c'est pas normal, hein, je crois
01:29:30 qu'on ne le dira jamais assez, le corps,
01:29:32 quand il souffre, il nous envoie un message
01:29:34 et que plus vite on en prend en compte,
01:29:36 mieux c'est, parce que souvent,
01:29:38 ça passe pas tout seul.
01:29:40 Donc on en parlera demain avec Éric Allaire.
01:29:42 Merci beaucoup Hélène Vécalie. - Merci Brigitte.
01:29:44 - Juste un petit mot pour finir. Qu'est-ce que vous avez envie de dire
01:29:46 à ceux qui nous écoutent et qui peut-être n'ont pas
01:29:48 pu témoigner, mais sont... - Eh bien,
01:29:50 ne restez pas seuls. Les pervers narcissiques
01:29:52 vous isolent, et vous, allez voir
01:29:54 un médecin, allez voir un psy,
01:29:56 mais vraiment, ne restez pas seuls,
01:29:58 si vous avez le moindre doute,
01:30:00 vraiment, allez consulter, faites-vous aider,
01:30:02 faites-vous accompagner.
01:30:04 Ne restez pas seuls.