• l’année dernière
Avec Didier Pleux, psychologue, psychothérapeute et auteur de plusieurs ouvrages, dont « On aime comme on a été aimé » avec Brigitte Lahaie aux éditions La Musardine et de « Comment échapper à la dictature de notre cerveau reptilien » aux éditions Odile Jacob.

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##BRIGITTE_LAHAIE-2023-03-29##
Transcription
00:00:00 CAM4.fr, le plus grand site de webcam live réservé aux adultes.
00:00:05 14h-16h, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:00:09 Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio.
00:00:14 L'éducation bienveillante, ça suffit ! C'est le cri du cœur de mon invité aujourd'hui, Didier Pleu.
00:00:20 Alors c'est vrai que Didier Pleu, il y a fort longtemps qu'il nous rappelle qu'élever des enfants,
00:00:24 eh bien c'est en effet les aider à s'élever et comme le nom l'indique, à leur permettre de monter, de grandir,
00:00:32 ou si vous préférez tout simplement, à devenir adulte.
00:00:35 Et si l'amour est bien sûr nécessaire, eh bien figurez-vous que ça ne suffit pas.
00:00:39 Il faut dès leur plus jeune âge leur apprendre la frustration puisque la vie, eh oui, la vie, elle est faite de frustrations.
00:00:45 Et plus on a été préparé tôt à ce que tout ne soit pas possible, mieux semble-t-il, on dépassera ces frustrations.
00:00:52 Et il est vrai qu'on constate que de nombreux adultes aujourd'hui considèrent que tout leur est dû,
00:00:57 qu'ils ont des droits et bien peu de devoirs et la politesse, eh bien la politesse, ça ne fait plus tellement partie de leur vocabulaire.
00:01:04 Didier Pleu va durant ces deux heures nous expliquer ce que devrait être une éducation rationnelle
00:01:09 et déjà dans un instant, il va nous rappeler quelles sont les trois acceptations qu'il faut transmettre aux enfants.
00:01:15 Et puis je vous propose de venir nous raconter quelle éducation vous avez reçue ou bien comment vous pensez éduquer vos enfants.
00:01:22 Et puis bien sûr, si vous avez envie de contredire Didier Pleu en ces temps de crise,
00:01:27 eh bien vous venez, vous nous appelez et on vous donnera évidemment la parole.
00:01:31 Et Didier, j'espère, en tout cas c'est mon vœu le plus cher, saura vous convaincre que,
00:01:35 en effet, l'éducation bienveillante, ça ne suffit pas.
00:01:39 En tout cas, je vous donne tout de suite la parole, Didier Pleu, bonjour.
00:01:45 Bonjour Brigitte.
00:01:46 Alors c'est votre combientième livre sur ce sujet ?
00:01:51 Ah bien, bientôt, je vais bientôt approcher de la vingtaine.
00:01:54 C'est pour ça que je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui dans votre émission, Brigitte,
00:02:00 parce que je sais qu'on a toujours du temps, du temps pour argumenter et s'expliquer,
00:02:03 alors que vous avez dû entendre que le contexte actuel, il y a une guerre qui est faite
00:02:08 entre les tenants de l'éducation bienveillante classique
00:02:11 et puis d'autres auteurs qui demandent beaucoup plus de fermeté.
00:02:15 Et ce que j'aimerais aujourd'hui, c'est expliquer, comme vous l'avez dit dans votre introduction,
00:02:19 qu'on peut bien faire les deux.
00:02:22 Comme me disait une collègue québécoise hier, l'éducation c'est bonté,
00:02:26 donc ça veut dire empathie, bienveillance, amour, mais c'est aussi fermeté,
00:02:30 donc ça, ça veut dire autorité, frustration, et elle disait aussi continuité,
00:02:34 c'est-à-dire pas un jour c'est positif et le lendemain c'est négatif,
00:02:38 pas un jour c'est Club Med et le lendemain on fait des camps de travail pour les enfants.
00:02:44 Donc j'aimerais bien vous expliquer un petit peu, parce que ça vient de loin,
00:02:47 toute cette histoire d'éducation, et c'est vrai qu'en ce moment,
00:02:50 le débat c'est pas de dire qu'il faut du répressif ou du permissif,
00:02:54 c'est est-ce qu'on peut quand même faire une synthèse en 2023
00:02:59 de tout le bien fondé de ce qu'on a appelé l'éducation positive,
00:03:03 des critiques aussi qu'on peut émettre, et puis aussi de tout ce qui peut augmenter,
00:03:07 comme vous l'avez dit, le seuil de tolérance aux frustrations de nos enfants,
00:03:11 qui malheureusement développent de plus en plus une sorte d'hypertrophie de l'ego,
00:03:15 moi, moi, moi, je fais ce que je veux quand je veux,
00:03:18 je veux plus d'autorité et tout ce qui est contraignant dans la vie.
00:03:20 Donc c'est de ça que je voudrais partager aujourd'hui avec vous.
00:03:24 - Eh bien on va le partager, et bien sûr aussi avec les auditeurs
00:03:27 qui peuvent nous appeler, nous rejoindre au 0 826 300 300.
00:03:30 Alors j'ai lu votre dernier livre qui vient de sortir aux éditions Audi de Jacob,
00:03:34 donc l'éducation bienveillante ça suffit, avec un petit bonhomme qui dit oui, oui, oui, oui, voilà.
00:03:40 Et alors il y a plusieurs choses qui m'ont intéressé,
00:03:43 mais d'abord comme je l'ai dit dans l'introduction,
00:03:45 est-ce qu'on peut revenir sur les trois acceptations qu'il faut transmettre aux enfants,
00:03:50 dont vous parlez évidemment dans ce livre ?
00:03:53 - Oui, tout à fait, c'est vrai, ce que moi j'appelle l'éducation rationnelle,
00:03:57 donc qui se veut finalement la synthèse de ce qu'on a pris de positif dans l'éducation bienveillante
00:04:02 et de ce qu'il faudrait rajouter, ce qu'il manque,
00:04:04 parce qu'on peut être très bienveillant, très empathique avec un enfant,
00:04:07 mais ne pas élever son seuil d'acceptation des contraintes.
00:04:11 Donc oui, l'histoire d'acceptation c'est quoi ?
00:04:13 C'est d'abord l'acceptation inconditionnelle de soi qu'on enseigne à l'enfant,
00:04:17 non pas l'estime de soi,
00:04:19 l'estime de soi et c'est ça souvent qui est le biais dans l'éducation positive actuelle,
00:04:24 c'est que l'enfant est survalorisé, l'enfant est surstimulé, surprotégé,
00:04:30 mais il y a surtout une estime de soi qui est un peu trop gonflée,
00:04:33 tout est fait dans le sens "moi, moi, moi, qu'est-ce que t'es bon, qu'est-ce que t'es grand,
00:04:38 qu'est-ce que t'es le meilleur ?"
00:04:40 Donc nous on parle d'acceptation de soi, c'est-à-dire que oui, t'as des qualités,
00:04:44 mais t'as aussi des déficits, c'est-à-dire qu'il y a des choses où il faudra que tu travailles,
00:04:47 on va te mettre dans des zones d'inconfort,
00:04:50 pour que si t'es effectivement pas très sportif,
00:04:52 on va t'obliger peut-être à faire un peu plus d'exercice,
00:04:55 si t'es pas très cérébral, on va peut-être t'obliger à lire un peu plus,
00:04:59 bref, c'est d'obliger l'enfant à se voir tel qu'il est,
00:05:02 non pas le gonfler à l'hélium pour lui dire "tu seras le dieu des dieux",
00:05:06 ça c'est l'acceptation de soi,
00:05:08 ensuite on parle de l'acceptation inconditionnelle des autres,
00:05:10 alors contrairement à l'éducation bienveillante,
00:05:12 on ne pense pas que l'empathie soit naturelle chez l'enfant,
00:05:15 elle l'est, et les enfants anxieux,
00:05:17 ça quand vous allez dans une crèche, vous allez voir très vite qu'un petit enfant
00:05:21 un petit peu inquiet, un peu introverti,
00:05:23 il aura tendance à donner son nounours ou son jouet aux copains,
00:05:26 par contre la plupart des enfants plutôt offensifs, intrépides,
00:05:29 ils vont plutôt prendre le...
00:05:31 - Le ballon pour eux, oui.
00:05:33 - Oui, le ballon pour eux, le petit jouet qu'ils intéressent de pomper pour eux,
00:05:38 donc l'empathie naturelle, non, ça s'apprend,
00:05:41 et ça s'apprend comment ?
00:05:42 Ben justement en enseignant très tôt à l'enfant,
00:05:45 mais qu'est-ce que tu fais pour les autres ?
00:05:47 C'est pas simplement, comme disait ma chère Françoise Dolto,
00:05:50 les enfants n'ont que des droits et les parents des obligations,
00:05:54 non, non, quelles obligations tu as toi aussi ?
00:05:56 C'est-à-dire, je sais pas quoi, des petites tâches ménagères à faire tous les jours,
00:05:59 qu'est-ce que tu penses à papi et mamie en envoyant un petit courrier,
00:06:03 est-ce que tu vas aider à la cueillette des fruits,
00:06:05 est-ce que tu vas aider à l'entretien de la maison,
00:06:07 est-ce que tu fais des petites choses pour décorer si y'en a un anniversaire,
00:06:10 bref, qu'est-ce que tu fais aussi pour les autres,
00:06:12 alors qu'on est tout le temps, nous, dans une relation,
00:06:15 comme si le parent était la main de l'enfant, quoi, voilà.
00:06:18 - Oui, et que l'enfant est le centre du monde, oui, bien sûr.
00:06:21 - Le centre du monde, et la dernière acceptation, bien sûr, c'est la plus difficile,
00:06:24 c'est l'acceptation du réel tout court, c'est-à-dire,
00:06:27 écoute, Coco, on fait pas ce qu'on veut dans la vie,
00:06:30 on marche pas à l'envie,
00:06:32 on a beau dire que t'es le plus beau,
00:06:33 ben peut-être que tu vas pas séduire la petite copine brune que tu aimeras en sixième,
00:06:37 on te dit que t'es très intelligent,
00:06:39 mais tu auras peut-être du mal à apprendre les déclinaisons en allemand,
00:06:41 ou faire je ne sais quoi,
00:06:42 c'est-à-dire lui faire comprendre que tout n'est pas facile,
00:06:46 qu'il y a de l'effort,
00:06:48 il y a des choses contraignantes, des plaisances...
00:06:49 - Mais, Didier Pleu, quand je vous écoute, ça paraît tellement évident,
00:06:53 ça me paraît fou qu'on en soit encore pas là, aujourd'hui,
00:06:58 alors que quand même, on a avancé grâce aux neurosciences,
00:07:01 on sait comment fonctionne le cerveau, tout ça,
00:07:02 enfin, ça me paraît complètement fou,
00:07:04 et alors, il y a une chose qui m'a beaucoup amusée dans votre livre,
00:07:06 c'est quand vous dites que finalement,
00:07:10 quand un enfant va pas très bien, etc.,
00:07:12 on va le traiter d'hypersensible, hyperactif, ou je ne sais quoi,
00:07:16 alors qu'en fait, la plupart du temps, c'est une carence éducative.
00:07:20 - Oui, c'est souvent les diagnostics psy qui sont faits,
00:07:22 quand un enfant qui a une intelligence normale va pas très bien à l'école,
00:07:26 s'entend pas avec les copains,
00:07:27 alors maintenant, les nouveaux trucs à la mode, c'est effectivement HPI,
00:07:30 haut potentiel intellectuel, ou interactivité, etc.,
00:07:33 donc maintenant, le haut potentiel intellectuel,
00:07:35 il passe son bac à 12 ans, il n'en quitte qu'une personne,
00:07:38 et c'est ça qui est un peu problématique, il est trop mature,
00:07:41 donc il y a des tas de diagnostics psy qui sont faits,
00:07:43 alors quand vous dites, pourquoi on en est resté là ?
00:07:44 C'est parce que, si je refais un peu d'histoire,
00:07:47 souvenez-vous, il y a une cinquantaine d'années,
00:07:49 enfin, dans les années 70, c'est vrai qu'on sortait de l'autoritarisme,
00:07:52 moi, je me souviens, j'ai connu ça,
00:07:54 on était coincé entre le prêtre du village et puis l'instituteur,
00:07:58 et les parents ne s'occupaient pas de nous,
00:08:00 le rôle éducatif était pris par l'église ou par l'éducation nationale,
00:08:04 donc il y avait de l'autoritarisme, on n'était peut-être pas respecté,
00:08:07 il y avait beaucoup de maltraitance, il y avait beaucoup de déligrements,
00:08:11 on ne s'occupait pas de nos petits égos, de notre créativité,
00:08:13 ni de notre développement personnel,
00:08:14 il fallait apprendre, point, tu passes ton bac,
00:08:17 et tu seras un gentil petit soldat pour la guerre d'Algérie,
00:08:20 je schématise, mais il y avait un peu de ça.
00:08:21 Donc, révolution des années 70, on se dit,
00:08:24 dites donc, l'enfant, quand même, c'est un être d'émotion,
00:08:26 ça, c'est le bon côté de Françoise Dolto quand elle dit,
00:08:29 un enfant, ce n'est pas un légume, ça existe,
00:08:31 un enfant, ça ressent, un enfant, on peut lui parler,
00:08:34 et tout d'un coup, c'est ce qu'on appelle la théorie de l'attachement
00:08:37 qui est devenue prioritaire, c'est-à-dire, la loi, c'était,
00:08:40 si l'enfant est aimé, estimé, reconnu, si on respecte ses désirs,
00:08:45 et s'il y a moins de parents, moins d'autorité,
00:08:48 si on lui donne plus d'autonomie, plus de facilité pour choisir ses vêtements,
00:08:51 pour manger à certaines heures, pour se coucher selon ses libertés,
00:08:56 vous verrez, il va s'épanouir comme un être social formidable.
00:09:00 Et on est resté là-dessus, on est resté là-dessus,
00:09:02 mais alors, depuis 15 ans, ça ne marche pas,
00:09:05 d'où mon premier bouquin en 2002.
00:09:07 – Oui, donc en fait, on a oublié l'autorité,
00:09:09 en supprimant l'autoritarisme, on a supprimé l'autorité, ce qui…
00:09:13 – Tout à fait, parce que le parent était vécu,
00:09:15 vous l'aviez dit justement dans l'introduction, élevé,
00:09:18 ça veut dire qu'on doit être au-dessus,
00:09:20 c'est-à-dire qu'on est à la verticale de l'enfant,
00:09:22 et tout d'un coup, tout ça a été, non, on doit être à l'horizontale,
00:09:25 souvenez-vous, les parents qui se faisaient appeler par les prénoms,
00:09:28 on le voit encore maintenant,
00:09:29 des parents qui se mettent à genoux pour parler à un enfant de 3 ans,
00:09:32 pour le réprimander, se mettre à son niveau.
00:09:34 On refusait cette hiérarchie familiale et ça n'a pas marché,
00:09:38 d'où mon premier cri, il y a bientôt 20 ans,
00:09:41 je disais de l'enfant roi à l'enfant tyran,
00:09:43 je disais "attention, à force de lui dire qu'il est merveilleux,
00:09:45 il va prendre le pouvoir, il va usurper le pouvoir,
00:09:48 il va décider des loisirs, il va tout décider, etc."
00:09:51 On a vu que l'enfant allait dans ce sens-là,
00:09:53 et depuis 5-6 ans avec l'apparition des neurosciences,
00:09:56 il y a la bienveillance à la française,
00:09:58 je dis bien à la française,
00:09:59 ça n'a rien à voir avec l'éducation positive anglo-saxonne,
00:10:01 où on nous dit tout d'un coup "oh, attention,
00:10:04 ce n'est pas de sa faute si l'enfant est pulsionnel,
00:10:06 il n'y a pas de maturation au niveau de son cerveau,
00:10:08 ça n'est pas de sa faute s'il a des comportements aussi difficiles,
00:10:12 c'est qu'il essaie d'exprimer son égo, sa présence, sa personnalité,
00:10:16 bref, ils ont pris ce qu'ils voulaient dans les neurosciences
00:10:19 et on est allé simplement dans bienveillance,
00:10:22 empathie, amour, attachement, sécuriser l'enfant,
00:10:26 ça va suffire.
00:10:27 Oui, ça lui fait du bien sur le plan personnel,
00:10:29 mais comme on le disait,
00:10:30 ça n'augmente pas son seuil de tolérance aux frustrations,
00:10:33 c'est-à-dire, à chaque fois que je demande aux parents
00:10:35 comment ça se passe à la maison avec la bienveillance,
00:10:37 "ah ben, il y a moins de conflits, c'est plus sympa,
00:10:39 il y a moins de trucs difficiles,
00:10:40 il n'y a pas d'escalade caractérielle entre parents et enfants",
00:10:43 mais quand je leur dis "mais il est sympa,
00:10:45 c'est facile pour aider à la maison, pour faire ses devoirs,
00:10:48 pour prendre des petites habitudes, pour se penser aux copains,
00:10:50 pour faire des choses déplaisantes",
00:10:52 "ah ben non, ça c'est une autre histoire".
00:10:54 Donc vous voyez, c'est pour ça qu'il y a une réaction là depuis deux ans,
00:10:57 surtout avec Caroline Goldman,
00:11:00 qui dit "file dans ta chambre",
00:11:02 en gros, ras-le-bol, il y a un moment donné,
00:11:04 il faut dire aussi à l'enfant qu'on existe, nous les parents,
00:11:06 qu'on ne peut pas tout accepter.
00:11:08 Elle a raison.
00:11:09 - Alors, on va avancer.
00:11:11 - Oui, pardon.
00:11:12 - Excusez-moi Didier Pleu, je sais que vous êtes passionné,
00:11:15 vous aurez toutes les deux heures pour continuer à exprimer vos convictions,
00:11:19 et vous savez très bien que je les partage en plus.
00:11:21 Didier Pleu, on fait une petite pause,
00:11:24 et on donne la parole à Claire dans un instant,
00:11:26 et on verra ce qu'elle nous raconte justement.
00:11:27 - Entendu.
00:11:28 - Eh bien, nous sommes en compagnie de Didier Pleu,
00:11:35 psychologue, psychothérapeute,
00:11:36 et qui nous propose donc une éducation rationnelle,
00:11:40 pour en finir avec l'éducation bienveillante,
00:11:42 dont c'est tout ce qu'il nous raconte dans son dernier livre
00:11:45 qui vient de sortir aux éditions Audit de Jacob.
00:11:47 Claire, bonjour.
00:11:49 - Bonjour Brigitte, bonjour Didier.
00:11:51 Merci beaucoup pour cette émission.
00:11:53 Je suis ravie qu'on puisse aborder le sujet de la parentalité sous cet angle.
00:11:59 C'est quelque chose qui manquait,
00:12:02 et je suis ravie que ça soit abordé dans cette émission.
00:12:06 Donc merci encore.
00:12:09 - Alors visiblement, vous êtes enthousiaste après avoir écouté Didier Pleu.
00:12:15 - Oui, alors j'avais déjà lu des extraits d'interviews de Didier Pleu,
00:12:23 ainsi que d'ailleurs de Madame Goldman récemment.
00:12:27 C'est vrai qu'on a vu ces 10-15 dernières années,
00:12:34 on va dire les débordements un petit peu de ce manque de limite,
00:12:38 de ce manque de cadre malheureusement,
00:12:40 qui n'a pas été compris je pense aussi par les parents.
00:12:44 Et ça d'ailleurs Monsieur Pleu, vous le disiez très bien,
00:12:48 on peut être bienveillant tout en donnant une fermeté et un cadre.
00:12:52 Alors ça, c'est aussi la théorie,
00:12:55 des fois dans la pratique on a des moments qui ne sont pas toujours simples.
00:12:59 Ça peut être la maladie, le handicap, le chômage,
00:13:03 il y a des fois des épreuves de vie qui font qu'on a resté justement
00:13:07 dans cette fameuse continuité que vous évoquiez,
00:13:10 ce n'est pas toujours simple.
00:13:11 Mais c'est peut-être garder ça toujours en tête
00:13:15 quand on est avec ses enfants, de rester toujours sur la même ligne.
00:13:20 Et ça d'ailleurs, c'est mon compagnon qui me le rappelle tout le temps,
00:13:23 donc je tenais aussi à mentionner l'importance quand même d'être deux
00:13:28 dans ce rôle de parent, parce qu'on est aussi complémentaires.
00:13:32 Et ça, ça joue énormément dans la réussite de ce challenge quand même,
00:13:39 qui en est un, je trouve.
00:13:41 - Ah ben vous avez raison, je pense qu'à deux,
00:13:43 c'est toujours plus facile d'élever des enfants que seul, évidemment.
00:13:48 - Et c'est aussi toute la nuance, une maman va des fois avoir ce côté plus maternant,
00:13:54 pas forcément permissif, mais j'ai envie de dire presque par la biologie,
00:13:58 on a quand même ce côté des fois qui varie suivant les femmes
00:14:02 etc. Je ne peux pas faire de généralité, mais on va être des fois un peu plus mère poule.
00:14:06 Et l'homme va des fois avoir ce côté qui fixe la limite.
00:14:11 Et c'est...
00:14:13 - Vous savez Claire, déjà me semble-t-il, quand le père est présent,
00:14:20 il y a du tiers.
00:14:21 Et dès qu'il y a du tiers, de toute façon, ça permet déjà à l'enfant d'être un peu frustré
00:14:25 puisqu'il n'a pas sa maman pour lui tout seul, n'est-ce pas Didier Pleu?
00:14:28 - Tout à fait.
00:14:29 Et puis en plus, il y avait quand même cette sorte de leitmotiv
00:14:33 qui était les mères forcément coupables.
00:14:35 Quand on regarde tout ce qui est diagnostic psychopathologique dans la psychologie de l'enfant,
00:14:40 c'est quand même la maman et son responsable justement d'avoir insécurisé son enfant
00:14:44 par sa propre dépression, etc.
00:14:46 Donc non, tout ça ce sont des hypothèses d'une certaine psychologie,
00:14:51 ça n'a aucune réalité scientifique, donc ça n'est pas du tout validé.
00:14:54 J'ai vu des mamans qui étaient très dépressives, qui ont eu des enfants tout à fait heureux.
00:14:58 J'ai vu des mamans très très heureuses qui ont eu des enfants tout à fait inadaptés
00:15:01 parce que justement il y avait ce problème de carence éducative.
00:15:04 Mais comme vous le disiez si bien, il faut être deux.
00:15:06 Et si on peut avoir un tiers, c'est encore mieux
00:15:08 parce qu'effectivement quand il y en a un des deux qui commence à être un petit peu trop dans le positif,
00:15:14 dans l'empathique alors qu'il faudrait un petit peu plus de fermeté, c'est bien qu'il y ait des relais.
00:15:18 Mais les deux ensemble, c'est possible.
00:15:20 Mais c'est ça qui est très très dur et c'est pour ça que je n'en veux pas aux parents.
00:15:23 Quand j'écrivais mon premier bouquin sur l'enfant roi, je disais toujours
00:15:26 "Moi mon père n'a jamais été à la piscine avec moi, il n'a jamais fait du vélo avec moi,
00:15:30 il ne faisait rien avec moi, nos pères ne faisaient rien, nos parents ne faisaient rien avec nous."
00:15:34 Mais c'était une très bonne chose que les parents partagent avec leurs enfants.
00:15:38 Mais j'ai vu ça avec mes propres enfants.
00:15:40 Quand on va à la piscine et qu'on joue au marsouin avec ses filles pendant une heure et demie
00:15:44 et qu'on fait le clown et qu'on fait des trucs etc.,
00:15:46 c'est très difficile de dire à un moment donné "on sort du bassin,
00:15:50 c'est moi qui donne l'ordre entre guillemets de la sortie et on nettoiera son maillot
00:15:55 et puis on va voir comment on organise le goûter derrière."
00:15:57 Vous voyez ce que je veux dire ?
00:15:58 C'est difficile d'être en même temps partageur, animateur
00:16:02 et tout d'un coup reprendre un pôle d'autorité.
00:16:05 Mais ça, ça s'apprend.
00:16:07 Mais comme on nous a dit que l'essentiel, par exemple dans la piscine,
00:16:10 c'était le partage, la joie, la fête avec les enfants et non pas
00:16:14 "à quelle heure on sort du bassin, qui l'a dit, qui va nettoyer les maillots
00:16:17 et comment ça va s'organiser la maison ?"
00:16:19 Je crois que les parents se sont dit "il suffit de donner beaucoup de bonheur,
00:16:23 de joie, de plaisir, d'animation et partage et ça va suffire."
00:16:27 Alors que non, l'enfant est un être pulsionnel et il ne peut pas s'arrêter.
00:16:31 Certains, oui, certains ça suffit la bienveillance.
00:16:34 Il y a des tempéraments qui sont tellement dans une espèce de sérénité
00:16:38 qu'à l'aidement à la demande, ils sont sereins.
00:16:42 Il y en a d'autres, à l'aidement à la demande, ils en demandent,
00:16:44 ils en demandent, ils en demandent.
00:16:45 Il y a des enfants qui jouent, ils sont contents, satisfaits.
00:16:48 Il y en a d'autres, c'est pas "il faut mettre un jeu derrière,
00:16:50 il faut encore autre chose."
00:16:51 Il y a des enfants, on leur parle, ils sont satisfaits,
00:16:53 ils vont aller tout seuls dans leur chambre et d'autres
00:16:55 "ah bah je veux encore une discussion, je vais être encore..."
00:16:58 - Justement Claire, vous aviez des enfants de quel ordre ?
00:17:01 Vous avez des enfants qui sont plutôt...
00:17:04 - Moi j'ai des grands enfants maintenant, 17, 14 et 11.
00:17:06 Donc j'ai vu aussi l'évolution par rapport à ce qu'ils disaient il y a 15 ans
00:17:12 et l'évolution des enfants, des amis de mes enfants aussi.
00:17:17 Et je me dis que j'ai pas dû complètement rater tout
00:17:21 parce qu'ils ont quand même eu ce cadre.
00:17:24 Alors je trouve qu'il faudrait encore là,
00:17:26 maintenant qu'ils sont quand même dans l'adolescence,
00:17:28 et ma fille aînée qui va vers l'âge adulte quand même,
00:17:32 encore plus les responsabiliser,
00:17:34 même si finalement, quand je regarde par rapport à toute une société,
00:17:40 ils ont quand même, c'est d'ailleurs tout à fait ce qu'évoquait
00:17:44 M. Peu encore en introduction,
00:17:47 ils participent à la maison, alors ils râlent,
00:17:49 comme beaucoup d'enfants, surtout ma grande d'ailleurs,
00:17:53 qui va râler, et le petit.
00:17:56 Le deuxième va être beaucoup plus...
00:17:59 on va dire...
00:18:01 il va accepter, on va lui demander, il va faire.
00:18:05 Et c'est ça aussi, ce sur quoi je voulais insister,
00:18:08 c'est que finalement, chaque enfant,
00:18:10 on peut pas appliquer forcément une formule magique à tous.
00:18:14 Il va falloir s'adapter aussi à l'enfant.
00:18:16 - À leur personnalité bien sûr.
00:18:18 - Parce qu'effectivement...
00:18:20 Pardon, oui...
00:18:21 - Oui, bien sûr.
00:18:23 Mais en tout cas, vous semblez, Claire,
00:18:25 leur avoir donné les trois acceptations
00:18:27 dont parlait Didier Pleu dans l'introduction,
00:18:29 et c'est l'essentiel.
00:18:32 Après, bien sûr, c'est des êtres aussi différents de vous,
00:18:37 et c'est ça aussi qui fait la richesse
00:18:40 des échanges entre parents et enfants.
00:18:42 Merci beaucoup, Claire,
00:18:43 de vouloir commencer cette émission avec nous.
00:18:46 Didier Pleu, on va faire une petite pause,
00:18:48 et puis on va retrouver Philippe Hoffman,
00:18:49 qui va nous parler des jeux stupides
00:18:51 au moment de l'adolescence,
00:18:52 et vous pourrez évidemment communiquer avec Philippe Hoffman,
00:18:56 puisque vous serez évidemment dans le cœur du sujet.
00:18:59 Eh bien, Didier Pleu, nous accueillons Philippe Hoffman,
00:19:07 qui nous évoque toutes les semaines
00:19:09 comment fonctionnent nos adolescents,
00:19:11 et aujourd'hui, vous avez envie de revenir sur les jeux stupides
00:19:15 qui ont lieu au moment de l'adolescence.
00:19:17 Bonjour Philippe Hoffman.
00:19:18 Oui, bonjour Brigitte, bonjour Didier.
00:19:22 Oui, c'est sûr, j'ai déjà parlé de la prise de risque,
00:19:26 mais là, c'est une prise de risque un peu particulière,
00:19:29 puisqu'il y a beaucoup de jeux stupides et dangereux,
00:19:32 et aussi de défis qui se passent au moment de l'adolescence,
00:19:37 en particulier au collège,
00:19:39 et ça peut durer par la suite.
00:19:42 Et il y a même des...
00:19:44 Parmi ces jeux stupides,
00:19:45 il y a des établissements qui recensent
00:19:47 que la moitié des élèves de l'établissement,
00:19:50 c'est-à-dire sur 600 ou 700 élèves,
00:19:52 il y en a 300 qui jouent à ces jeux dangereux.
00:19:55 Donc, c'est un peu curieux.
00:19:58 Vous pourriez en donner quelques-uns pour ceux qui le connaissent ?
00:20:01 Oui, je vais vous en dire.
00:20:02 Alors, il y a trois sortes de jeux, en fait.
00:20:04 Il y a les jeux d'agression,
00:20:06 il y a les jeux de non-oxygénation,
00:20:08 et il y a les jeux de défis.
00:20:10 Alors, les jeux d'agression,
00:20:12 c'est les jeux qui sont...
00:20:15 qui peuvent être intentionnels.
00:20:17 D'ailleurs, les jeunes,
00:20:19 ils participent plus ou moins de leur plein gré,
00:20:21 mais ils préfèrent en fait y participer.
00:20:24 C'est un peu...
00:20:25 C'est comme les jeux de ballon
00:20:26 où le perdant est roué de coups par ses camarades, quoi.
00:20:28 Alors, donc, il y a le petit pont massacreur,
00:20:30 on écarte les gens,
00:20:32 et puis celui qui perd la balle,
00:20:34 il est frappé par les autres.
00:20:36 Il y a le fameux jeu aussi "Action Vérité"
00:20:39 où il faut faire une action
00:20:42 ou alors carrément donner...
00:20:46 décrire une partie de son intimité
00:20:48 quitte à être raillé par les autres.
00:20:51 Bon.
00:20:52 Et puis, il y a des jeux beaucoup plus...
00:20:54 beaucoup moins intentionnels qui sont contraints.
00:20:57 On ne fait pas partie du groupe, hein.
00:20:59 Parce que là, à ce moment-là,
00:21:01 il s'agit d'intimider, de ridiculiser,
00:21:03 de blesser les autres et de les isoler.
00:21:05 Donc là, ça fait des victimes, on peut dire.
00:21:08 Et ça ne sert pas du tout à affirmer son endurance,
00:21:12 sa forme physique ou sa supériorité, hein.
00:21:15 Mais ça sert à sadiser l'autre.
00:21:17 Alors, par exemple, il y a le fameux "Happy Slapping",
00:21:19 vous savez, la baffe joyeuse, là,
00:21:21 qui vient de Londres,
00:21:22 qui consiste à frapper le plus violemment possible,
00:21:25 voire à rouer de coups,
00:21:26 quelqu'un qui ne s'y attend pas du tout.
00:21:28 Et il y en a un autre qui filme la scène.
00:21:30 Alors, donc, il y a une double humiliation, hein.
00:21:32 D'abord dans la cour ou dans la rue, des fois.
00:21:35 Et puis, il y a la diffusion sur les réseaux sociaux.
00:21:39 Et ça, c'est quelque chose qui est malheureusement...
00:21:42 - Oui, oui. Didier Pleu, vous pouvez réagir,
00:21:44 bien sûr, si vous voulez.
00:21:45 Et Philippe Hoffmann, est-ce que le fait de filmer
00:21:47 a augmenté ce genre de jeux stupides ?
00:21:51 - Oui, ça les a augmentés considérablement
00:21:54 parce que ça existait déjà dans la cour des collèges.
00:21:57 Mais le fait de se filmer,
00:22:00 de pouvoir passer sur les réseaux sociaux
00:22:02 et de faire toujours de plus en plus spectaculaire,
00:22:06 eh bien, ça amplifie le phénomène.
00:22:09 Et ça s'étend à la rue, à toutes sortes de gens.
00:22:13 Il y a eu un mort l'autre jour
00:22:15 qui a été roué de coups dans un bus.
00:22:18 Enfin, bon.
00:22:19 Donc, c'était parti de ce jeu-là.
00:22:22 Donc, il y a des jeux comme ça qui sont vraiment...
00:22:26 Terribles.
00:22:27 Bon, il y a le jeu de la mort subie,
00:22:29 qu'ils appellent ça aussi.
00:22:30 Il faut attaquer un élève
00:22:32 qui est désigné comme une victime comme ça
00:22:34 parce qu'il a des vêtements d'une certaine couleur
00:22:37 ou que c'est son anniversaire.
00:22:38 Vous voyez, on lui fête son anniversaire comme ça.
00:22:40 Ou alors tout simplement parce que le hasard l'a désigné
00:22:42 et qu'il n'a pas de chance ce jour-là.
00:22:44 En fait, dans ces jeux-là,
00:22:45 c'est le lynchage qui est de règle.
00:22:47 Et ce qui est particulier,
00:22:49 c'est que les jeunes ne voient pas du tout
00:22:52 la violence qui peut y avoir à l'intérieur de ça.
00:22:54 Pour eux, c'est des scènes filmées...
00:22:56 - Alors, excusez-moi, Philippe, je vous coupe,
00:22:58 mais je crois que c'est important
00:22:59 parce que ça correspond bien
00:23:00 à ce que nous disait tout à l'heure Didier Pleu.
00:23:02 Finalement, ça montre quoi, Didier Pleu ?
00:23:04 Ça montre que ces ados n'ont aucune empathie, finalement.
00:23:08 Ça va dans votre sens.
00:23:10 - Oui, parce que les jeux dont vous parlez,
00:23:12 ce sont des jeux de petits tyrans.
00:23:13 Ce sont des jeux de petits poutines.
00:23:16 C'est-à-dire qu'on les blesse, on les agresse,
00:23:17 on les dévalorise d'autres.
00:23:19 Moi, ce qui me heurte dans tout ça,
00:23:21 c'est que j'ai envie de dire,
00:23:22 mais où sont les adultes ?
00:23:23 Parce que tout ça, ça naît dans les cours de récréation,
00:23:25 que ce soit collège, lycée et autres.
00:23:27 Où sont les adultes ?
00:23:28 Quand j'étais à l'école primaire,
00:23:30 ça fait très longtemps,
00:23:31 je me souviens très bien que je faisais partie
00:23:33 de ces enfants qui étaient plutôt sensibles,
00:23:35 pas très affirmés, un petit peu coincés,
00:23:37 je ne sais pas quoi.
00:23:38 Mais je me souviens aussi de M. Pottel,
00:23:40 notre instituteur,
00:23:42 qui allait engueuler les plus affirmés,
00:23:45 les plus offensifs, les plus intrépides,
00:23:47 pour dire, dis donc,
00:23:48 c'est pas parce qu'il n'est pas comme vous,
00:23:50 votre copain, qu'il faut l'embêter.
00:23:52 L'adulte existait.
00:23:53 L'adulte protégé, le plus faible,
00:23:55 le plus sensible.
00:23:57 Maintenant, on a l'impression que la culture jeune,
00:23:59 comme on dit, l'emporte.
00:24:01 On constate, on sait qu'il y a des jeux comme ça,
00:24:03 mais qui intervient ?
00:24:04 Qui essaie de contrebalancer ça ?
00:24:06 Donc moi, j'ai envie de dire…
00:24:08 Il y a quand même beaucoup de gens
00:24:09 qui essayent d'intervenir
00:24:10 au sein des états viscons scolaires.
00:24:12 Il y a beaucoup de gens qui interviennent.
00:24:15 Mais ça ne…
00:24:16 Oui, mais ils interviennent quand même…
00:24:18 Tu dis, il y a un phénomène
00:24:19 qui s'est quand même beaucoup amplifié.
00:24:21 Oui, ils interviennent,
00:24:23 mais je vois toujours que c'est une admonestation,
00:24:25 un deuxième avertissement,
00:24:27 une troisième petite notion de morale, etc.
00:24:29 Il n'y a pas ce qu'on appelle, là aussi,
00:24:31 l'autorité juste,
00:24:32 c'est-à-dire que ces passages à l'acte
00:24:34 de ces jeux, comme vous dites,
00:24:35 d'agression, etc.,
00:24:36 ce sont des petits délits.
00:24:38 Il faut que la réponse soit excessivement ferme
00:24:40 de la part des adultes,
00:24:41 c'est-à-dire, non,
00:24:42 on ne chosifie pas les autres à l'école,
00:24:44 non, on ne critique pas les plus faibles,
00:24:46 les plus petits, etc.
00:24:47 Et je pense que les adultes restent
00:24:49 dans la compréhension, le dialogue.
00:24:51 On m'a même dit l'autre jour,
00:24:52 ils n'ont pas d'immaturité cognitive
00:24:54 à l'adolescence.
00:24:55 C'est normal qu'ils aient des jeux à risque,
00:24:57 c'est normal qu'ils n'aient pas assez d'empathie
00:24:59 pour les autres,
00:25:00 il n'y a pas de maturation.
00:25:01 Ils sont encore trop immatures.
00:25:03 Alors, j'ai envie de dire,
00:25:04 justement, adultes,
00:25:05 remplacez l'immaturité par votre autorité.
00:25:07 S'ils sont immatures, soyez-là,
00:25:09 ils sont immatures,
00:25:10 nous, les adultes,
00:25:11 on va penser à votre place,
00:25:12 on va vous contraindre,
00:25:13 on va vous mettre dans des zones d'inconfort
00:25:15 et non pas tout le temps dans…
00:25:17 C'est la crise du homard,
00:25:18 ils sont très fragiles, défendables.
00:25:19 On va redonner la parole à Philippe Hoffman, Didier.
00:25:22 Excusez-moi, excusez-moi.
00:25:23 Vous avez raison, Didier.
00:25:28 De toute façon,
00:25:30 on est bien dans une problématique
00:25:32 de crise d'autorité
00:25:33 qui va bien au-delà des adolescents
00:25:35 et qui se prolonge dans notre société.
00:25:38 Mais, il faut aussi constater
00:25:41 que quand ils sont très jeunes,
00:25:43 ils jouent à ces jeux-là depuis très longtemps.
00:25:45 Vous savez, le pouilleux massacreur,
00:25:46 ça existait quand on était petit.
00:25:48 Donc, il fallait écraser la main de l'autre
00:25:50 qui perdait au quart.
00:25:51 Donc, il y a une forme de sadisme,
00:25:55 d'expérimentation dans tout ça,
00:25:57 mais parfois, ça va beaucoup trop loin.
00:25:59 Et le fait qu'effectivement,
00:26:00 aujourd'hui, ce soit filmé et diffusé,
00:26:04 eh bien, ça prend une ampleur considérable.
00:26:06 Donc là, il faut intervenir.
00:26:07 Alors, il y a beaucoup de choses
00:26:08 qui existent contre le harcèlement,
00:26:10 croyez-moi, au sein des établissements scolaires
00:26:13 et qui sont mises en place,
00:26:14 y compris avec les services de police.
00:26:16 Ce sera d'ailleurs notre sujet demain.
00:26:18 On évoquera le harcèlement avec Jean-Louis Guilleneuve.
00:26:21 Je vous laisse continuer.
00:26:23 On va y arriver.
00:26:24 Oui, il y a un autre jeu qui existe,
00:26:27 qui est un peu particulier,
00:26:29 qui est plus maso, celui-là,
00:26:30 qui est le jeu de non-oxygénation.
00:26:32 Le fameux jeu du foulard, vous savez.
00:26:35 Il consiste en fait à déclencher
00:26:37 ou provoquer chez autrui une syncope
00:26:40 par une strangulation,
00:26:42 en diminuant l'oxygénation cérébrale.
00:26:45 En fait, ça déclenche des picotements,
00:26:50 des tournoiements,
00:26:51 on tombe dans les pommes
00:26:52 et on a aussi des hallucinations.
00:26:55 Bien sûr, il y a des risques dans tout ça
00:26:59 et ça ressemble beaucoup au risque qu'on prend
00:27:02 quand on consomme des psychotropes
00:27:04 et il y a l'impression de planer,
00:27:06 de perdre sa conscience et tout.
00:27:08 Et puis, il y a certains jeunes,
00:27:10 on pourrait dire,
00:27:11 qui cherchent cette impression aussi
00:27:13 de décoller de leur corps.
00:27:14 Comme vous savez,
00:27:15 dans les expériences de mort imminente.
00:27:17 Donc, c'est un peu particulier.
00:27:20 C'est très dangereux en plus.
00:27:23 Ah oui, c'est très dangereux.
00:27:24 Il y en a qui ont des convulsions,
00:27:26 des pertes de conscience graves.
00:27:28 Il y a eu, surtout quand ils pratiquent seuls,
00:27:31 parce que quand ils sont plusieurs,
00:27:32 quand même, ils peuvent se sauver les uns les autres,
00:27:34 mais quand ils sont seuls et qu'ils font ça,
00:27:36 ils peuvent carrément en mourir.
00:27:38 Donc, mais ça prouve bien
00:27:41 qu'il faut expérimenter
00:27:43 et jouer un peu avec la mort à cet âge-là.
00:27:45 Et ça, ça existe.
00:27:47 Enfin, il y a les fameux jeux de défis.
00:27:50 Vous savez, t'es pas cap.
00:27:52 Alors ça, ça a toujours existé.
00:27:53 Aussi, c'est pareil.
00:27:55 Et ceux-là, c'est bon, bah voilà,
00:27:57 on saute d'un toit,
00:27:58 on sort sur une rande d'escalier,
00:27:59 on boit cul sec à un lit de vodka
00:28:01 et on est applaudi en général.
00:28:04 Ces défis, ça fonde l'identité sociale du groupe.
00:28:08 Et puis, ça permet aussi
00:28:11 de faire la preuve de ses performances
00:28:13 sur les réseaux sociaux.
00:28:15 Mais le problème, c'est qu'il faut des images
00:28:18 de plus en plus percutantes
00:28:19 pour avoir une vraie reconnaissance.
00:28:21 Donc, les jeunes,
00:28:23 ils imaginent toujours des défis plus cons
00:28:25 les uns que les autres.
00:28:26 Par exemple, avaler des pastilles de lessive
00:28:32 parce que ça ressemble à des bonbons,
00:28:34 jusqu'à s'en rendre très malade,
00:28:35 voire en mourir, s'empoisonner.
00:28:38 Ou en Chine, les jeunes filles, par exemple,
00:28:44 elles mettent des feuilles A4 sur leur ventre
00:28:48 et il ne faut pas que leur ventre dépasse de ça.
00:28:51 Alors ça, c'est une porte ouverte à la anorexie.
00:28:54 Bon, et puis, bien sûr, il y a le sexting.
00:28:58 Et puis, chez les plus âgés,
00:29:00 il y a l'œil que ça dure.
00:29:01 C'est-à-dire qu'en fait,
00:29:02 on reste cons longtemps quand on est ado.
00:29:04 Et il y a, par exemple, le "fire challenge".
00:29:08 Il s'agit de se foutre le feu
00:29:10 et d'essayer de l'éteindre sans se brûler.
00:29:12 Ou de sauter d'un balcon à un autre, évidemment.
00:29:15 Aussi de picoler un maximum en un minimum de temps.
00:29:20 Donc, c'est vrai que c'est particulier tout ça.
00:29:25 Ça donne une drôle d'idée des adolescents.
00:29:30 Mais pour eux, ça correspond aussi à des rites de passage.
00:29:33 Et il faut être courageux.
00:29:35 Il faut affronter le danger.
00:29:36 Il faut prouver qu'on va devenir un homme, une femme.
00:29:40 Et là, vraiment, c'est un ressenti émotionnel très fort.
00:29:45 C'est intéressant parce que vous parlez de rites de passage.
00:29:48 Est-ce que finalement,
00:29:49 certains rituels qui n'existent plus, justement,
00:29:52 ne font pas exploser ce genre de prise de risque,
00:29:56 ce genre de défi ?
00:29:57 Exactement ça.
00:29:58 C'est dans les sociétés hyper modernes.
00:30:00 On n'a plus ce genre de rituels
00:30:02 que l'on trouve dans les sociétés traditionnelles.
00:30:04 Et donc, du coup,
00:30:05 pour passer du monde de l'enfance à celui de l'adulte,
00:30:07 on invente des choses qui sont assez douloureuses,
00:30:11 mais qui prouvent le courage, la négation et puis la force.
00:30:15 Le seul problème, c'est qu'en éprouvant de la souffrance
00:30:19 qu'on s'invente soi-même,
00:30:21 on a envie d'en éprouver encore davantage
00:30:23 et le plaisir se renforce.
00:30:25 Alors, vraiment, pour les parents,
00:30:27 il faut vraiment parler avec les jeunes
00:30:30 de la différence entre un jeu stimulant,
00:30:34 comme le sport ou les jeux de société,
00:30:36 et un jeu excitant et dangereux.
00:30:38 Et il faut rappeler les dangers de mort,
00:30:40 parce que quand on joue avec le feu, on se brûle.
00:30:43 Donc, la protection des adultes, vous savez,
00:30:46 ça n'empêchera pas les ados de continuer à faire ça.
00:30:49 Mais ils percevront peut-être mieux les dangers
00:30:52 et ils iront peut-être un peu moins loin.
00:30:54 Eh bien, merci beaucoup, Philippe Hoffmann.
00:30:57 On va faire une petite pause
00:30:59 et puis on va continuer avec vous, bien sûr, Didier Pleu.
00:31:01 Vous pourrez réagir si vous le désirez, évidemment.
00:31:03 Et nous revenons avec Didier Pleu
00:31:15 sur l'éducation des enfants.
00:31:18 Et évidemment, je recite ce livre,
00:31:22 "L'éducation bienveillante, ça suffit",
00:31:24 c'est aux éditions Lille-Jacob, c'est tout chaud,
00:31:26 ça vient de sortir.
00:31:28 Didier Pleu, on va donner la parole à Aurélie maintenant,
00:31:31 qui a priori a des soucis avec son ado de 15 ans.
00:31:34 Bonjour Aurélie.
00:31:35 Bonjour Brigitte, bonjour Didier.
00:31:37 Oui, effectivement, j'ai des problèmes.
00:31:40 Mon ado de 15 ans
00:31:42 qui a mis beaucoup de distance entre nous,
00:31:46 qui aujourd'hui m'estime comme seulement sa génitrice.
00:31:53 Texto, voilà, c'est ce qu'il m'a expliqué.
00:31:57 Avec ma totale incompréhension sur ce terme-là,
00:32:03 ce qui ne me paraît tellement pas justifié.
00:32:05 C'est une parole un peu compliquée de se couter là.
00:32:10 Oui, c'est évidemment terriblement douloureux d'entendre ça.
00:32:13 Alors expliquez-nous, vous avez...
00:32:15 Oui, allez-y.
00:32:16 Je n'ai pas entendu, qu'est-ce qu'avait dit le fils d'Aurélie ?
00:32:19 Il ne la considère que comme sa génitrice
00:32:22 et non pas comme sa maman.
00:32:23 Ah d'accord.
00:32:26 Alors, l'histoire...
00:32:27 Allez-y Aurélie.
00:32:28 J'ai quatre enfants.
00:32:31 J'ai mon grand de 15 ans avec sa soeur de 12 ans
00:32:35 que j'ai eues d'une précédente union.
00:32:37 Quand mon ex-conjoint m'a quittée,
00:32:42 ils avaient respectivement 4 ans et 18 mois.
00:32:48 On a fait une garde alternée comme ça pendant plus de 7 ans.
00:32:53 Ça marchait très bien, mes rapports avec mon fils étaient très très bien.
00:32:58 Puis j'ai rencontré mon conjoint de maintenant
00:33:03 avec qui j'ai eu deux enfants de petits.
00:33:06 Et donc j'ai quitté l'endroit où on vivait.
00:33:12 Donc votre fils avait 11 ans quand vous rencontrez l'homme avec qui vous êtes aujourd'hui.
00:33:19 Et avec qui vous avez eu aussi un petit garçon j'imagine.
00:33:24 J'ai eu une petite fille et un petit garçon il y a peu de temps.
00:33:29 Et j'ai quitté la région, j'ai demandé la garde, je ne l'ai pas eue.
00:33:33 Puisque les enfants doivent grandir avec leurs amis et pas avec leur maman.
00:33:40 Il ne faut pas les sortir de ce milieu, de leur milieu.
00:33:44 Et au début je les voyais tous un week-end sur deux.
00:33:47 Puis leurs activités du week-end sont qu'ils ont demandé à plus venir.
00:33:52 Donc je ne les voyais plus que la moitié des vacances.
00:33:55 Et aujourd'hui je n'ai pas vu mon fils depuis Noël
00:34:01 ou l'immatriculée que je n'étais que sa génitrice.
00:34:05 Alors c'est clair qu'on peut imaginer qu'il s'est senti un peu abandonné.
00:34:13 Ce qui encore une fois ne justifie pas ce qu'il vous sort.
00:34:17 Parce que finalement vous l'avez quand même beaucoup élevé ce garçon.
00:34:21 Ah oui, oui.
00:34:23 Vous l'avez élevé de quelle manière ?
00:34:27 Alors justement là, quand j'étais toute seule,
00:34:32 je faisais ce que je pouvais avec deux enfants.
00:34:34 C'était un peu compliqué.
00:34:37 Quand j'ai rencontré mon nouveau compagnon,
00:34:41 j'ai adhéré à ses valeurs éducatives que j'aurais aimé mettre en place toute seule.
00:34:47 Et effectivement ça fait un peu de changement pour eux.
00:34:51 On les met sur les écrans, on ne reste pas dans la chambre, on fait des jeux de société.
00:34:56 Des choses qui me paraissent aujourd'hui normales.
00:35:00 Qui ne sont pas non plus le bout du monde du respect.
00:35:05 Mais il y a aussi autre chose qui joue,
00:35:08 c'est qu'il vit dans un environnement où je suis diabolisée.
00:35:13 Son papa me déteste par-dessus tout.
00:35:17 Et depuis de toute façon son départ,
00:35:21 il avait, en tout cas c'était ce que je craignais,
00:35:25 c'est qu'il voulait que je sois la pièce rapportée,
00:35:30 que lui et sa nouvelle compagne étaient la famille.
00:35:33 Et c'est ce qui se passe aujourd'hui.
00:35:36 - Et c'est bien lui qui vous a quitté.
00:35:39 - Ah oui, oui.
00:35:42 Mais il raconte tout ce qu'il veut.
00:35:47 Et il fait en sorte qu'il y ait toujours des clashes avec mes enfants.
00:35:53 - Et c'est vrai que c'est facile avec des enfants de cet âge-là de leur faire croire un peu n'importe quoi.
00:35:58 Didier Pleu, qu'est-ce que vous avez envie de dire à Aurélie ?
00:36:02 - C'est difficile parce que là c'est un cas vraiment particulier
00:36:06 qui n'est pas franchement dans le contexte éducatif.
00:36:09 Quoique Aurélie dise que dans la petite enfance,
00:36:12 elle n'a peut-être pas fait tout ce qu'elle pouvait au niveau apprentissage et frustration avec ses enfants en bas âge.
00:36:18 Ce qui fait que quelquefois on fait une addition très lourde plus tard.
00:36:21 C'est-à-dire que quand l'enfant est adolescent, ça peut être des reproches qui sont faites.
00:36:25 Moi j'avais une maman qui s'occupait de moi, qui me donnait des tas de choses,
00:36:28 qui était sympathique, très maternante.
00:36:30 Elle me renvoie des patouilles-toiles dans la nouvelle garde, etc.
00:36:35 Donc ça peut être ce sens-là.
00:36:37 Mais c'est vrai que ça peut être aussi que si elle a des nouvelles règles éducatives à la maison
00:36:43 qui ont été données par son nouveau conjoint,
00:36:45 quelquefois on voit très souvent ça,
00:36:47 des adolescents dans une garde, ils vont commencer à considérer que
00:36:50 "bah c'est pas marrant de retourner chez ma mère parce que c'est la mère fouettard,
00:36:54 on n'a plus le droit aux écrans, on n'a plus le droit à faire ceci, cela,
00:36:57 oui justement il faut qu'on joue aux monopolies,
00:37:00 on peut même plus faire rigoler comme on veut avec des jeux à risque
00:37:04 comme parlait notre collègue tout à l'heure.
00:37:06 Donc effectivement il y a plein de choses,
00:37:08 mais je pense que cette histoire quand un enfant dit "t'es ma génitrice",
00:37:12 c'est pas dans le sens "je ne t'aime pas maman",
00:37:14 c'est dans le sens "il y a quelque chose qui ne va pas bien là,
00:37:17 il y a quelque chose où je ne comprends plus rien là,
00:37:20 t'étais hyper maternante, maintenant t'as des règles,
00:37:23 tu nous as gardées, maintenant tu ne nous gardes plus".
00:37:25 C'est pour ça que c'est un cas très particulier qui pour moi
00:37:27 ne relève pas d'une carence éducative traditionnelle j'ai envie de dire,
00:37:31 là il se joue d'autres comptes.
00:37:33 Oui je crois que vous avez fait ce que vous avez pu Aurélie,
00:37:35 et puis il y a plusieurs choses qui jouent contre vous si je puis dire,
00:37:39 il y a déjà le père qui vous dénigre sans doute un petit peu,
00:37:45 il y a le fait que vous avez à un moment donné pris un autre homme
00:37:49 et on sait bien qu'il avait quoi, il avait 10-11 ans ce petit garçon
00:37:52 quand tout d'un coup il voit sa maman qui préfère dans sa tête de petit garçon
00:37:58 un autre homme que lui, et puis il y a aussi l'âge, 15 ans c'est des âges
00:38:04 où on a parfois tendance à rejeter très violemment l'un de ses parents
00:38:11 et quand il vous dit "tu n'es que ma génitrice" c'est vrai que c'est une manière
00:38:15 quelque part de lutter contre quelque chose qui doit être une souffrance chez lui,
00:38:21 et en vous rejetant quelque part il fait sortir cette souffrance hors de lui,
00:38:27 mais ça n'empêche que c'est violent pour vous évidemment.
00:38:31 Oui, mais après du coup je ne sais pas tellement comment réagir,
00:38:36 j'essaye de garder la porte ouverte mais pas en acceptant tout non plus
00:38:41 parce que ce n'est pas possible.
00:38:43 Non, non, mais soyez la plus juste possible et laissez-le grandir.
00:38:48 Ça va mieux avec votre fille qui a 12 ans ?
00:38:51 Elle commence à le suivre, mais ça je savais,
00:38:55 elle a un conflit de loyauté déjà envers son père
00:38:58 et maintenant je savais que de toute façon elle a un conflit de loyauté avec son frère également.
00:39:05 Je sais qu'on la passera par là.
00:39:09 Vous arrivez à parler avec leur père ou pas ?
00:39:11 Pas du tout, il ne me parle pas.
00:39:14 Oui, parce que ça serait quand même bien qu'il comprenne que sa manière de faire n'est pas bonne pour ses enfants.
00:39:21 Non, lui il explique ce qu'il signifie régulièrement.
00:39:24 Non, non, c'est pour ça que là typiquement il faut une sorte de médiation familiale,
00:39:29 parce que si les enfants sont bêtes, ou alors il faut que ce soit quelqu'un qui soit un peu plus directif pour expliquer aux enfants,
00:39:35 ce n'est pas parce qu'il y a des gardes alternés,
00:39:37 ce n'est pas parce qu'il y a des remariages qu'on doit être insultant, méprisant,
00:39:40 pas sympa parce qu'on est ados,
00:39:44 parce que souvent c'est une justification, c'est la crise d'adolescence.
00:39:46 Non, non, non, rien ne justifie, vous n'avez rien fait de mal,
00:39:49 vous avez fait plein de choses pour eux quand ils étaient petits,
00:39:52 maintenant ils sont endoctrinés par leur père qui est en train de faire de vous un mauvais objet,
00:39:56 mais je crois qu'il faut que quelqu'un intervienne pour dire,
00:39:58 mais qu'est-ce que c'est que cette histoire-là ?
00:40:00 Il n'y a rien qui fait qu'il y a eu maltraitance.
00:40:02 Vous n'avez pas été maltraités les enfants,
00:40:04 vous êtes en train d'être sous-emprise, d'être conditionnés,
00:40:07 et ça, il faut vraiment des professionnels qui disent aux ados,
00:40:09 non mais dites donc, ce n'est pas normal de parler comme ça à ses parents.
00:40:13 Moi je me souviens dans mon cabinet,
00:40:15 quand je l'entendais à un ado, quand il y avait des histoires comme ça de séparation,
00:40:19 et qu'il disait, oh bah ma mère, de toute façon c'est une, d'ailleurs de dire c'est une pute,
00:40:23 ou je ne sais pas quoi, c'était aussitôt dans la salle d'attente,
00:40:26 tu dégages, on va en reparler tout à l'heure,
00:40:28 je montrais que, quelle que soit ta souffrance psychique,
00:40:31 quel que soit ce que tu as souffert, non, c'est un nono.
00:40:34 Et c'est là que je répète qu'il faut que l'adulte fasse autorité,
00:40:38 c'est-à-dire on ne dit pas n'importe quoi parce qu'on a 15 ans,
00:40:41 ou parce qu'on a été malmené, ou qu'on a eu des carences affectives,
00:40:44 il y a des choses qu'on ne fait pas,
00:40:46 j'ai l'impression que vous êtes bien toute seule à défendre ça, malheureusement.
00:40:49 - Ah oui, c'est sûr.
00:40:51 Même ma famille ne me soutient pas dans ce sujet-là,
00:40:55 elle m'explique que si j'étais plus cool,
00:40:58 ou si je n'avais pas autant changé, on n'en serait pas là,
00:41:01 et qu'il faudrait mieux que je laisse passer les choses,
00:41:04 parce que je ne le vois pas déjà beaucoup,
00:41:06 et que ça n'arrange pas les choses.
00:41:08 - Voilà, voilà.
00:41:09 Soyez plus empathique et bienveillante, et il vous aimera.
00:41:11 Ben non, j'ai envie de dire, soyez plus présente, plus adulte,
00:41:14 plus autoritaire dans le bon sens du terme,
00:41:16 partagez des choses avec eux,
00:41:18 et ne laissez pas passer les transgressions du style
00:41:20 "je t'aime pas" ou je ne sais pas quoi,
00:41:22 vous ne les avez pas maltraité, vous ne méritez pas ça.
00:41:25 - Oui, non, effectivement.
00:41:28 - Ben écoutez, je crois en plus Aurélie,
00:41:30 que vous avez l'attitude juste,
00:41:33 puisque vous continuez à vous respecter,
00:41:36 et vous ne laissez pas tout passer,
00:41:38 et je crois que c'est ce qu'il faut faire.
00:41:40 - C'est ce que je veux leur montrer pour plus tard, c'est ça.
00:41:42 C'est ça être une maman, je ne suis pas là pour être cool,
00:41:44 je suis là pour leur montrer des valeurs,
00:41:46 et notamment celle de respect.
00:41:49 Et voilà, je leur demande de me respecter.
00:41:52 - Mais vous avez raison.
00:41:54 Écoutez, merci de votre témoignage, et bon courage.
00:41:57 On sait, Didier Pleu, on en parlait avec Claire tout à l'heure,
00:42:01 on sait à quel point les familles recomposées,
00:42:04 ça complique et ça complexifie encore plus les choses.
00:42:09 - Oui, ça complexifie parce qu'il n'y a pas de communication
00:42:12 entre les ex, entre les adultes,
00:42:14 et c'est ça qui fait qu'il n'y a pas ce qu'on appelle
00:42:17 une éducation commune, finalement.
00:42:19 Donc tout marche à l'affect.
00:42:21 Un jour j'aime un tel, un jour je déteste l'autre,
00:42:23 un jour je veux aussi un autre.
00:42:25 Non, il faut une cohérence,
00:42:27 d'où ces fameuses histoires de médiation.
00:42:29 Ce ne sont pas des médiations simplement d'écoute,
00:42:32 sans qu'il y ait trop de directivité et de réajustement,
00:42:35 ça ne marchera pas.
00:42:36 Non, il faut vraiment qu'il y ait des cohérences.
00:42:38 Et l'incohérence, ça n'aide pas.
00:42:40 Ce n'est pas parce qu'on est enfant d'un couple divorcé
00:42:43 qu'on doit être insultant, injuste et maltraitant
00:42:45 avec sa mère ou son père.
00:42:47 - Oui, et puis ce qui est terrible dans ce qu'on a entendu
00:42:49 dans le témoignage d'Aurélie, c'est qu'on voit bien
00:42:51 qu'entre sa mère et son père, ce ne sont pas les mêmes repères,
00:42:55 et on sait très bien qu'à 15 ans, on a encore besoin
00:42:58 d'un repère juste et identique d'un côté et de l'autre.
00:43:01 Et quand c'est un petit peu, d'un côté c'est blanc,
00:43:04 de l'autre côté c'est noir, c'est très compliqué
00:43:06 de se comporter correctement.
00:43:09 En tout cas, le témoignage d'Aurélie,
00:43:12 moi je suis tout cœur avec vous Aurélie,
00:43:14 parce que ça doit être difficile d'en être là.
00:43:18 Espérons que quand il grandira, il reviendra vers vous
00:43:22 et qu'il fera son mea culpa.
00:43:24 En tout cas, c'est tout ce qu'on peut vous souhaiter.
00:43:26 On va continuer évidemment, après les infos,
00:43:29 à écouter les témoignages et à comprendre
00:43:32 à quel point l'éducation bienveillante
00:43:35 peut faire des dégâts dans la construction d'un adulte.
00:43:39 Et puis, vous n'échapperez pas non plus à la devinette du jour,
00:43:43 elle est mignonne celle-là, Didier Pleupy.
00:43:45 Pourquoi les amants, quand ils s'embrassent,
00:43:49 pourquoi ils lui ferment les yeux, à votre avis ?
00:43:52 Vous avez le temps des infos pour essayer de trouver une réponse.
00:43:55 Pourquoi les amants, quand ils s'embrassent, ferment les yeux ?
00:43:58 Allez, on laisse la place aux infos et puis on se retrouve tout de suite
00:44:01 avec vos témoignages. Je vous rappelle notre numéro 0 826 300 300.
00:44:05 A tout de suite.
00:44:06 Sud Radio.
00:44:09 Nous continuons à évoquer l'éducation à donner aux enfants
00:44:13 avec Didier Pleupy à l'occasion de la sortie de ce livre
00:44:16 "L'éducation bienveillante, ça suffit".
00:44:19 C'est aux éditions Odile Jacob et vous nous parlez évidemment
00:44:22 d'une éducation beaucoup plus rationnelle,
00:44:25 parce qu'en effet, les enfants ont aussi besoin de repères.
00:44:30 Ils ont besoin aussi qu'on leur apprenne la frustration.
00:44:32 Tout n'est pas possible. Le plaisir immédiat,
00:44:35 eh bien, ça n'a qu'un petit moment immédiat, justement.
00:44:40 Ça ne peut pas être tout le temps.
00:44:42 Alors, est-ce que vous pourriez donner déjà la devinette,
00:44:44 la réponse à ma devinette, Didier Pleupy ?
00:44:46 Pourquoi les amants, quand ils s'embrassent, ferment les yeux ?
00:44:49 J'essaie de réfléchir, Brigitte. Je pense que c'est lié au plaisir,
00:44:54 un peu comme quand on goûte un aliment qui est exceptionnel,
00:44:57 on a envie de fermer les yeux pour une sorte de...
00:44:59 Mais non, vous cherchez une réponse rationnelle.
00:45:01 Non, c'est une devinette.
00:45:03 C'est tout simplement parce que l'amour est aveugle.
00:45:06 Donc, ça ne sert à rien de garder les yeux ouverts.
00:45:08 C'est pour ça que les amants ferment les yeux quand ils s'embrassent.
00:45:11 [Rires]
00:45:14 On va donner la parole à Marie.
00:45:17 Je crois qu'elle a beaucoup de choses à dire
00:45:19 et je pense que vous allez pouvoir bien communiquer tous les deux.
00:45:21 Bonjour Marie.
00:45:23 Bonjour.
00:45:25 Bonjour.
00:45:27 Moi, je suis maman de trois enfants qui ont trois ans
00:45:31 et les deux derniers ont 16 mois.
00:45:33 Et je suis aussi instite en maternelle.
00:45:35 Et c'est vrai qu'on voit beaucoup aujourd'hui
00:45:39 des comportements parentaux qui provoquent ensuite
00:45:42 des problèmes chez les enfants.
00:45:46 J'ai eu les deux cas des éducations qui étaient beaucoup trop strictes
00:45:50 où je ne parlais plus des petits soucis que l'enfant pouvait avoir en classe
00:45:54 par peur des réactions parfois physiques et violentes des parents.
00:45:58 Et à l'inverse, j'ai aussi des parents qui ne comprennent pas ce que vous expliquiez,
00:46:04 que le plaisir immédiat n'est pas toujours possible,
00:46:07 que l'importance de la frustration.
00:46:10 J'ai notamment eu des enfants qui ont pu être en danger au niveau de la santé
00:46:15 parce qu'ils ne suivaient pas les traitements donnés par les médecins pour x ou y maladie.
00:46:21 Parce que l'enfant, vous comprenez, il ne supporte pas,
00:46:24 que ce soit les gouttes dans les yeux, que ce soit des médicaments à prendre.
00:46:27 Et nous, on avait des répercussions en classe avec des enfants
00:46:30 qui finalement étaient plus malades qu'au début.
00:46:33 J'ai eu aussi le cas d'un enfant qui montait sur les tables
00:46:36 et lorsque j'en ai parlé aux parents, ils m'ont dit
00:46:38 "Elle va apprendre toute seule, vous savez, elle va bien voir que les autres ne montent pas sur la table
00:46:43 parce qu'elle risque de tomber."
00:46:45 Ce à quoi j'ai répondu "Oui, donc vous comptez finalement sur l'éducation des autres enfants
00:46:48 pour que la vôtre apprenne."
00:46:50 Et donc c'est vrai qu'en classe ça provoque...
00:46:52 - Ou alors ils attendent l'accident pour que la pauvre enfant comprenne
00:46:57 que c'est dangereux de monter sur une table. C'est terrible oui.
00:47:00 - C'est ça, c'est-à-dire qu'on arrive à des situations vraiment extrêmes
00:47:04 de mal-être de l'enfant même à cause d'une bienveillance à outrance
00:47:08 qui finalement devient pour moi, entre guillemets, on va dire de la malveillance.
00:47:12 - Bien sûr.
00:47:13 - Voilà, et des enfants qui n'arrivent plus à communiquer entre eux,
00:47:16 avec des enfants qui finalement plus on avance, plus ils sont malheureux
00:47:19 et on obtient l'inverse de ce qu'on voulait faire à la base,
00:47:22 de l'éducation qu'on voulait donner à la base.
00:47:24 - Et visiblement Marie, c'est intéressant parce que quand vous essayez d'expliquer ça à des parents,
00:47:30 de toute façon ils ne comprennent rien, ils n'entendent rien.
00:47:33 - Alors il y a différentes réactions.
00:47:37 On a des parents qui sont complètement perdus et qui viennent nous voir notamment par exemple,
00:47:41 je suis encore assez jeune, j'ai la trentaine,
00:47:44 et qui me demandent des conseils d'éducation,
00:47:47 moi finalement ce n'est pas mon métier à la base,
00:47:51 mais qui vont par exemple me demander à quelle heure on couche les enfants.
00:47:54 Quand je leur dis "votre enfant est fatigué, est-ce que vous le couchez à une heure un petit peu normale
00:47:58 parce qu'il s'endort en classe ?"
00:48:00 "Allez, c'est quoi une heure normale ?"
00:48:02 Donc pour eux il n'y a même pas cette réflexion-là.
00:48:08 Et ça vraiment, on a des parents qui sont demandeurs.
00:48:11 Et après il y a aussi des parents qui sont complètement fermés,
00:48:13 qui nous disent "mais de toute façon c'est un enfant, c'est un bébé,
00:48:16 vous ne pouvez pas demander à un bébé de ne pas mordre, de ne pas taper."
00:48:19 Si, on peut lui demander, et c'est cet apprentissage-là.
00:48:23 Bien sûr notre réaction est adaptée à son âge,
00:48:26 mais on ne peut pas ne pas relever ces petits soucis comportementaux
00:48:32 qui font qu'après en société c'est tout simplement perdu.
00:48:35 Moi ce qui m'intéresse dans votre témoignage Marie,
00:48:38 c'est que ça m'amène cette question.
00:48:40 Didier Pleu, au fond, quels sont les repères qu'on donne aux parents aujourd'hui,
00:48:45 par exemple justement sur l'heure du coucher,
00:48:47 sur des choses qui semblent tellement importantes ?
00:48:53 Oui c'est pour ça que le témoignage de Marie est essentiel,
00:48:57 parce que quand on s'occupe d'enfants, que ce soit école maternelle, crèche, etc.,
00:49:01 on se rend compte qu'il y a beaucoup de parents qui sont perdus,
00:49:04 qui n'ont rien compris au niveau de ce qu'était l'autorité juste.
00:49:07 Et malheureusement, alors là vous allez me trouver un petit peu véhément,
00:49:11 mais c'est vrai que dans mon livre,
00:49:14 je cite quand même constamment les grands prêtres de l'éducation bienveillante à la française
00:49:20 qui répètent quand même les mêmes choses depuis des années et des années,
00:49:23 qui sont, là j'ai ça devant les yeux,
00:49:25 qui sont par exemple "l'enfant peut manger quand il veut",
00:49:28 "il ne faut pas le réprimander s'il salit le salon avec des boîtes pleines de boue",
00:49:32 "il faut répondre à toutes les demandes de l'enfant",
00:49:34 "il faut le laisser libre choisir ses vêtements",
00:49:36 "ce doit être fait pour autonomiser l'enfant",
00:49:38 enfin s'il vous dit "je", c'est pas qu'il s'oppose,
00:49:42 c'est qu'il est en train de s'affirmer, il ne veut pas franchir les lignes.
00:49:46 Toutes ces choses-là, les parents l'ont entendu, ça a été vulgarisé,
00:49:49 je veux dire que quand vous regardez les plus grandes ventes des livres de poches pour enfants,
00:49:53 c'est ça qu'on entend en 2023, c'est ça qu'on lit.
00:49:56 Donc les parents se disent "mais ce sont des enfants, on nous l'a dit,
00:50:00 il faut les laisser s'autonomiser,
00:50:02 laisser se découvrir un petit peu, expérimenter, s'affirmer".
00:50:06 On a vendu quelque chose qui est archi faux,
00:50:08 l'enfant est malheureusement pulsionnel,
00:50:11 et l'enfant a besoin d'autorité,
00:50:13 mais non, on nous répond "laissez-le libre, aimez-le,
00:50:16 soyez empathique, soyez bienveillants".
00:50:18 Peut-être que ce qu'il faudrait entendre,
00:50:20 et qui serait plus facile à entendre pour ces parents-là par exemple,
00:50:24 c'est que l'enfant certes est pulsionnel,
00:50:26 mais il a juste besoin de barrières,
00:50:29 enfin en tout cas, c'est comme un fleuve,
00:50:32 enfin un torrent qui est très...
00:50:35 s'il n'y a pas des rives bien claires,
00:50:38 en effet ça déborde et c'est dangereux pour l'enfant.
00:50:41 C'est ça qu'il faudrait expliquer,
00:50:44 non pas pour dire que l'enfant est à la base méchant,
00:50:46 on a dit qu'il y a des tempéraments très différents,
00:50:48 mais il y a des enfants plus intrépides que d'autres,
00:50:50 qui sont tout le temps à quémander,
00:50:52 qui sont victimes, souvenez-vous de ce fameux striatum,
00:50:54 le creuset du plaisir qu'on a dans le cerveau,
00:50:57 que tout être humain a, et que l'enfant a multiplié par 10 000,
00:51:00 donc il faut expliquer que non, dès qu'on laisse l'enfant dans son plaisir immédiat,
00:51:04 il en veut plus, il ne va pas s'arrêter tout seul en disant
00:51:07 "formidable, j'ai expérimenté ça, c'est sympa,
00:51:10 j'ai pris le ballon du copain, je vais lui rendre, maintenant ça suffit",
00:51:12 non, il va continuer, donc je ne veux pas stigmatiser les enfants,
00:51:16 mais voilà ce qu'on entend quand on intervient dans un wagon de train,
00:51:19 et quand on dit "votre enfant n'arrête pas de courir dans l'allée,
00:51:23 il fait du bruit, il monte sur les tables, etc.",
00:51:26 moi je me souviens, on me dit toujours "vous n'aimez pas les enfants, vous",
00:51:29 alors je ne disais pas que j'avais écrit lentement "Roi",
00:51:31 parce que sinon on me décongeait à la con suivante,
00:51:35 mais c'est vrai qu'il n'y a maintenant plus personne qui n'ose réagir,
00:51:40 parce qu'on vous répond "mais c'est ça un enfant, il est en maturation,
00:51:44 il n'a pas de limite, il ne peut pas se résonner tout seul",
00:51:47 c'est justement parce qu'on sait ça qu'il ne faut pas que le parent,
00:51:50 que l'enfant reste droit comme un balai pendant tout le voyage,
00:51:54 à ne rien dire, à ne pas parler, à ne pas dessiner,
00:51:57 mais entre ça et courir dans les couloirs,
00:51:59 bousculer tout le monde, agresser la grand-mère du coin,
00:52:02 ça ne va pas, et je crois que là les gens croient que ça va castrer l'enfant,
00:52:08 qu'il ne va pas s'épanouir,
00:52:11 "soyez un petit peu..." moi on me disait "mais vous n'êtes pas bienveillant",
00:52:14 mais c'est faux, vous n'êtes pas bienveillant, vous êtes maltraitant.
00:52:17 - Oui, non mais Didier Pleu, n'empêche qu'on voit bien maintenant,
00:52:21 ces enfants qui ont été élevés à la fin des années 90,
00:52:25 ils sont aujourd'hui adultes et on voit bien ce que ça donne,
00:52:28 donc forcément aujourd'hui on en revient de tout ça.
00:52:32 Marie, vous qui êtes sur le terrain,
00:52:35 quel serait le pourcentage d'enfants qui sont mal éduqués, osons le dire ?
00:52:40 - Honnêtement, vous donner un pourcentage c'est compliqué,
00:52:44 ce que je peux vous dire c'est qu'on en a de plus en plus,
00:52:47 et ce n'est pas mon avis, c'est l'avis de tous mes collègues réunis,
00:52:51 c'est de plus en plus compliqué, et ce que j'explique souvent aux parents,
00:52:54 c'est un peu ce que vous disiez tout à l'heure,
00:52:56 c'est que finalement on a la possibilité de faire des écarts avec l'enfant
00:53:00 quand on est toujours sur la même ligne,
00:53:03 c'est-à-dire qu'on rassure l'enfant qu'on est strict et qu'on a toujours les mêmes règles,
00:53:06 ça nous permet justement de temps en temps de faire une petite entorse aux règles qu'on a,
00:53:10 "bon ben ce soir t'as envie de manger plus tôt et t'as envie de choisir ton repas",
00:53:13 comme d'habitude le repas est heure fixe et que c'est un repas qui se passe bien,
00:53:18 ce soir tu manges à l'heure que tu veux, sur ton plateau, tranquille,
00:53:21 et moi c'est ça que j'essaie de faire avec mon mari et avec mes enfants,
00:53:25 c'est que ça nous permet justement de transgresser ces règles qu'on impose,
00:53:32 on peut passer des moments où on casse les règles et où on fait les fous tous ensemble,
00:53:39 parce qu'on a les règles à côté,
00:53:41 et ça c'est ce que j'essaie d'expliquer aux parents,
00:53:43 c'est qu'on ne peut pas toujours tout accorder parce que ces moments-là,
00:53:46 ils n'ont même plus de valeur, mais voilà, c'est de plus en plus d'enfants.
00:53:51 – Voilà, mais Brigitte, le constat c'est qu'il y a de plus en plus d'enfants qui sont comme ça,
00:53:56 et je le vois bien quand je supervise les enseignants,
00:53:58 quand je supervise les professionnels de l'enfance,
00:54:01 ils me disent tous que l'enfant un peu tyrannique qu'on avait,
00:54:04 il y en avait un sur je ne sais pas, il y en a de plus en plus,
00:54:07 parce qu'il y a un problème de carence éducative,
00:54:10 et l'autre fois dans une conférence,
00:54:12 je parlais de mettre l'enfant dans des zones d'inconfort
00:54:15 pour qu'il apprenne le difficile quand même,
00:54:17 tout ne peut pas être fun dans la vie,
00:54:19 et quelqu'un me répond "mais qu'est-ce que vous pensez de la pédagogie ludique ?"
00:54:23 Alors elle m'explique "essayez d'apprendre dans le plaisir,
00:54:26 parce qu'on sait maintenant grâce aux neurosciences
00:54:28 qu'un enfant apprend beaucoup mieux quand il n'est pas stressé
00:54:31 et quand il est dans une zone de confort".
00:54:33 Moi je suis tout à fait d'accord,
00:54:35 j'étais meilleur avec le prof que j'adorais, les thèmes que j'adorais,
00:54:39 mais il faut aussi être travailleur dans ce qu'on n'aime pas,
00:54:42 si on est littéraire, il faut quand même faire des maths,
00:54:44 si on est matheux, il faut quand même faire du littéraire,
00:54:46 il n'y a pas à transformer le frustrant en ludique,
00:54:49 on en dit compte, la pédagogie ludique,
00:54:52 en gros, tu vas lire Marcel Proust en rigolant,
00:54:55 ce n'est pas possible, tu vas faire du solfège en t'amusant,
00:54:58 ce n'est pas possible, tu vas t'exercer au football
00:55:01 sans te faire mal aux muscles, ce n'est pas possible,
00:55:04 et je crois que là il y a eu toute une pédagogie
00:55:06 qui était centrée sur l'enfant, dans la même norme
00:55:09 de bienveillance et d'empathie, et qui a été une catastrophe naturelle,
00:55:13 je ne dis pas pour tous les enfants,
00:55:15 mais pour tous ces enfants qui ne quêtent que le plaisir dans la vie.
00:55:18 Merci Marie d'avoir témoigné,
00:55:23 ce que je trouve assez triste, c'est que ça sent pire,
00:55:26 alors que ça fait quand même pas mal d'années
00:55:28 qu'on tire un peu la sonnette d'alarme,
00:55:30 donc ça montre à quel point il est plus que temps,
00:55:33 Didier Pleu, d'en parler,
00:55:36 et c'est ce que nous faisons jusqu'à 16h.
00:55:38 Vous avez envie de réagir, vous n'êtes pas d'accord avec Didier Pleu,
00:55:41 n'hésitez pas, 0 826 300 300,
00:55:45 ça serait intéressant d'avoir quelqu'un qui n'est pas d'accord avec vous,
00:55:48 Didier Pleu, on verrait un petit peu quels seraient ses arguments.
00:55:51 Allez, on fait une petite pause et on se retrouve dans un instant.
00:55:53 En compagnie de Didier Pleu, auteur de ce dernier livre
00:55:58 qui vient juste de sortir aux éditions Odile Jacob,
00:56:01 "L'éducation bienveillante, ça suffit",
00:56:04 dans lequel vous expliquez à quel point il est nécessaire
00:56:06 de toujours donner à la fois de l'amour, bien sûr, à nos enfants,
00:56:10 mais également apprendre ce que c'est que la frustration
00:56:13 pour avoir une éducation rationnelle.
00:56:16 Et que quand un enfant fait un caprice,
00:56:19 c'est peut-être parfois bon de résister un peu à son caprice.
00:56:24 On en a déjà beaucoup parlé et on va continuer avec Nathalie.
00:56:27 Bonjour Nathalie.
00:56:28 Bonjour, merci de m'accueillir à l'antenne.
00:56:31 Bonjour.
00:56:32 Merci, bonjour à vous deux.
00:56:35 Alors Nathalie, vous êtes maman de trois enfants, c'est ça ?
00:56:38 Tout à fait, oui.
00:56:40 Alors après, pour les...
00:56:43 Enfin, comme on dit, en ce qui concerne les punitions, par exemple,
00:56:49 oui, c'est vrai que c'était plus compliqué, oui, c'est vrai.
00:56:54 Pas toujours facile.
00:56:56 Et qu'est-ce qui est difficile pour vous ?
00:56:59 D'abord, je crois que vous les élevez seules, c'est bien ça ?
00:57:02 Oui, voilà, ça, ça rend les choses un peu compliquées
00:57:05 parce qu'il n'y a pas d'équilibre.
00:57:06 En fait, il faut toujours être présente.
00:57:10 Enfin, maintenant, j'en ai une dernière, donc c'est plus simple.
00:57:13 L'adolescence est passée pour les deux grandes,
00:57:15 ce qui est une très bonne chose, je trouve.
00:57:18 C'est ce que j'ai trouvé le plus difficile, en fait,
00:57:21 c'est vraiment l'adolescence.
00:57:23 Et pourquoi ?
00:57:25 Enfin, tout le monde le sait, mais si je vous demande pourquoi,
00:57:29 c'est parce que c'est votre témoignage qui est important et intéressant.
00:57:33 Oui, après, pourquoi ?
00:57:35 Parce que ce n'était pas facile de se calquer sur mon vécu,
00:57:38 donc j'ai été obligée de partir de rien.
00:57:40 Donc c'est vrai que c'est de l'impro total, quoi.
00:57:43 Donc bon, après, ce n'est pas désagréable,
00:57:46 mais des fois, il faut aller chercher des informations très très loin.
00:57:51 Donc voilà, alors il y a des spécialistes, tant mieux,
00:57:55 quand j'ai des questions,
00:57:57 puisque moi, je n'ai pas été forcément entourée d'une lère aimante,
00:58:02 et puis je n'ai pas eu de repères par rapport à ma propre mère,
00:58:08 qui n'avait pas du tout l'instinct maternel.
00:58:11 Donc pour le coup, il n'y a pas eu de punition du tout.
00:58:14 Enfin bon, des punitions, enfin voilà.
00:58:16 Et du coup, c'est vrai que pour se situer, ce n'est pas toujours facile.
00:58:20 Et je pense que c'est ce qui ne doit pas être facile pour beaucoup de mères non plus,
00:58:24 de se retrouver un petit peu dans un flou,
00:58:27 quand on ne peut pas calquer à son éducation.
00:58:32 - Mais vos deux grands, donc, ils sont majeurs,
00:58:36 vous avez de bonnes relations avec eux ?
00:58:38 - Oui, oui, oui, il y a eu des petits moments difficiles,
00:58:41 mais bon, oui, j'ai de bonnes relations avec eux, effectivement.
00:58:44 - Oui, donc a priori, Didier Plon,
00:58:46 on peut penser que ça s'est quand même plutôt bien passé pour Nathalie ?
00:58:49 - Oui, surtout si elle était toute seule, avec des ados, c'est jamais facile.
00:58:55 Et c'est pour ça qu'on dit toujours qu'essayer d'avoir un tiers,
00:58:58 qui peut être là, un oncle, un grand-père, peu importe,
00:59:01 mais c'est bon d'avoir une tierce personne
00:59:03 qui peut être justement cet adulte significatif dont on parlait,
00:59:06 qui va aider l'ado à passer la crise, entre guillemets.
00:59:10 Mais quand Nathalie parlait des punitions, souvent j'entends ça,
00:59:13 c'est qu'on est souvent dans ce qu'on appelle l'autorité en aval.
00:59:16 C'est un peu le grand débat en ce moment,
00:59:18 quand on dit, il y en a même qui accusent,
00:59:21 qui disent que le time-out, le fameux retrait dans la chambre d'un enfant,
00:59:25 c'est répressif, c'est du dressage, etc.
00:59:28 Non, c'est ce qu'on appelle de l'autorité en aval.
00:59:30 Et à un moment donné, quand c'est trop conflictuel, trop dur,
00:59:33 avec un petit ou même un enfant, un pré-adolescent,
00:59:37 on peut casser la relation.
00:59:39 Elle a raison, c'est la personne qui est finie dans ta chambre.
00:59:42 On peut couper la relation.
00:59:44 Couper la relation, ça ne veut pas dire qu'on rejette, qu'on exclue, qu'on déteste.
00:59:47 Ça veut dire que ton comportement est inacceptable, on arrête ça.
00:59:50 Mais ça demeure de l'autorité en aval.
00:59:52 C'est ce que j'appelle une punition émotionnelle.
00:59:55 Moi, je dis toujours, l'autorité en amont, c'est autre chose.
00:59:57 Comment ça se fait que votre enfant en arrive à se fouler par terre
01:00:00 parce qu'il n'a pas deux fois son goûter ?
01:00:02 Comment ça se fait que l'adolescent en arrive à vous insulter
01:00:05 parce qu'il ne peut pas avoir son smartphone tout de suite ?
01:00:07 Pourquoi telle adolescente ne veut pas aller à son cours de piano
01:00:11 parce qu'il a du solfège ?
01:00:12 L'autorité en amont, c'est autre chose.
01:00:14 Il n'y a pas besoin forcément d'énormément de punitions.
01:00:17 C'est simplement, je vais habituer mon enfant à faire des choses
01:00:21 qu'il n'a pas envie de faire, qu'il le contraigne,
01:00:23 où il va prendre l'effort, etc.
01:00:25 C'est souvent ça qui manque.
01:00:27 Sinon, il faut faire comme un code familial à ce moment-là.
01:00:30 On a un code de la route, un code fiscal, un code pénal.
01:00:33 Ça veut bien dire que les adultes ont du mal avec les interdits.
01:00:36 Donc, pourquoi ne pas faire ça à la maison en disant,
01:00:38 un tout petit et un moins petit,
01:00:40 "Écoute, dans notre maison, quand on fait ça, c'est telle récompense
01:00:43 et quand tu ne fais pas ça, il y a tel retrait de liberté."
01:00:46 Ce n'est pas du chantage, comme j'entends dire,
01:00:48 c'est simplement des conséquences.
01:00:50 Mais dans ce cas-là, ce sont des conséquences justes.
01:00:53 Non pas des punitions émotionnelles du style,
01:00:55 pas de smartphone pendant 15 jours, pas de sortie pendant 3 semaines,
01:00:58 pas de dessert pendant 40 heures.
01:01:00 Ça ne marche pas, ça.
01:01:01 Donc, c'est ça l'histoire d'un cours à la frustration.
01:01:04 Est-ce qu'on peut aimer son enfant,
01:01:06 mais le mettre dans des zones d'inconfort et d'obligation et de contrainte ?
01:01:10 Et c'est là que le bas blesse le plus souvent.
01:01:13 - Moi, je suis vraiment d'accord avec ça.
01:01:17 Oui, puis après, je trouve aussi qu'il faut s'adapter à chaque enfant,
01:01:21 suivant sa sensibilité.
01:01:23 On ne peut pas mettre la même punition,
01:01:25 moi j'en ai trois,
01:01:26 on ne peut pas mettre la même punition aux trois,
01:01:29 et à la même âge.
01:01:30 Moi, je trouve que j'avais une de mes filles qui était plus colérique,
01:01:34 si je mettais une punition à chaque fois,
01:01:36 ça aurait été vraiment compliqué, à la longue, quand même.
01:01:40 - Écoutez, je trouve que vous vous en êtes bien sorti, visiblement, Nathalie,
01:01:44 surtout si vous n'aviez pas de repères,
01:01:46 puisque vous n'avez pas eu beaucoup de présence parentale.
01:01:49 Franchement, ça a l'air de vous être plutôt bien passé.
01:01:52 - Oui, ça s'est bien passé.
01:01:54 Après, c'est ce que je disais,
01:01:56 je n'ai pas hésité parce que je n'avais pas du tout d'entourage non plus.
01:01:59 Je n'ai pas eu de repères.
01:02:01 C'est vrai que quand on a un parcours un peu marqué, on va dire,
01:02:06 des fois, je trouve que les gens n'ont pas l'intelligence de dire,
01:02:09 on va peut-être t'aider, te donner un petit coup de pouce quand on aura besoin.
01:02:13 On est plutôt tenté de nous mettre à l'épreuve.
01:02:15 Donc, moi, je suis partie dans l'excellence à chaque fois,
01:02:18 en me disant, allez, je vais faire le maximum pour les enfants,
01:02:21 et toujours, toujours, toujours.
01:02:22 Après, je ne regrette pas aujourd'hui parce que c'était mon chemin de vie.
01:02:26 Mais c'est vrai que quand ça se corsait un peu,
01:02:31 je déploie beaucoup plus d'énergie qu'une autre mère,
01:02:33 ça, c'est certain,
01:02:34 parce que quand ça se corsait un petit peu,
01:02:36 j'allais voir un petit plus facilement que quelqu'un d'autre,
01:02:39 n'ayant pas de repères autres.
01:02:41 À un moment donné, il faut s'entourer quand même de personnes
01:02:44 qui peuvent nous apporter des conseils.
01:02:46 Les filles rigolent pas mal là-dessus maintenant,
01:02:49 mais c'est vrai qu'elles n'ont pas fait que ça d'aller voir les filles.
01:02:53 Mais quand j'avais besoin de...
01:02:56 - Ecoutez, Nathalie, c'est intelligent de votre part.
01:02:59 Aller chercher de l'aide quand on sent qu'on est un petit peu dépassé.
01:03:02 Si tout le monde faisait comme vous, je pense que ça irait mieux.
01:03:05 Des didiples, il y en a quand même quelques-uns qui sont là pour aider.
01:03:11 - Oui, mais des fois, ça peut être deux ou trois consultations.
01:03:15 C'est pas une idée que les gens ont parfois.
01:03:18 Et des fois, c'est juste un passage à passer.
01:03:21 Des fois, les filles devaient...
01:03:23 Moi, j'avais pas forcément envie de raconter non plus mon parcours
01:03:25 parce que j'étais pas là pour ça.
01:03:27 Et des fois, je rentrais pas forcément dans les détails,
01:03:29 j'avais juste besoin de passer un cap
01:03:31 et rester surtout dans le dialogue avec mes enfants.
01:03:34 Donc, le tiers, pour le coup, c'est vrai qu'il nous aide,
01:03:38 il nous accompagne dans ce moment-là.
01:03:41 - Et ça permet de surfer sur la vague, absolument.
01:03:46 Merci, Nathalie, merci beaucoup de ce témoignage.
01:03:49 Je rappelle aussi que les livres de Didier Pleu
01:03:51 peuvent être des tuteurs d'éducation plus rationnelle, justement.
01:03:59 Ça s'appelle "L'éducation bienveillante",
01:04:01 ça suffit, c'est des éditions Odile Jacob.
01:04:02 Merci, Nathalie.
01:04:03 On va se quitter un court instant,
01:04:04 on va revenir sur un Love Conseil,
01:04:05 on va parler de l'amitié entre un homme et une femme.
01:04:07 Et puis, vous pouvez réagir, vous aussi,
01:04:10 au 0826 300 300.
01:04:12 A tout de suite.
01:04:14 - Réagissez aux webcams live réservés aux adultes.
01:04:17 - Brigitte Lea et Sud Radio, le Love Conseil.
01:04:21 - Alors, Didier Pleu, on va parler de l'amitié entre les hommes et les femmes,
01:04:25 une amitié qui est de plus en plus fréquente,
01:04:27 c'est dû, évidemment, à l'évolution de notre société.
01:04:30 Et aujourd'hui, vous savez combien d'hommes ont une amie féminine, à peu près ?
01:04:35 Didier Pleu, vous avez une idée ?
01:04:37 - Non, je ne sais pas.
01:04:40 - Eh bien, 40 %, c'est pas mal.
01:04:42 Je ne pense pas qu'on arrivait à ce chiffre-là, il y a 30 ou 40 ans.
01:04:47 Donc, l'amitié entre un homme et une femme, ça existe.
01:04:50 Néanmoins, c'est pas sans danger,
01:04:52 tout d'abord parce que ça peut provoquer une jalousie,
01:04:55 et puis ça peut être une jalousie des deux partenaires de cette amitié, justement.
01:05:01 Mais ça peut aussi provoquer un passage à l'acte, ça arrive,
01:05:05 parce qu'au fond, il ne faut pas l'oublier,
01:05:07 l'amitié, c'est quand même une relation affective,
01:05:09 c'est une relation dans laquelle on se sent compris,
01:05:12 et ça peut entraîner des désirs plus ou moins inconscients,
01:05:15 même si, physiquement, notre amie ne répond pas forcément toujours à nos critères de séduction.
01:05:22 Alors voilà quelques indices à prendre en compte,
01:05:25 pour justement éviter de tomber dans le danger, si je puis dire.
01:05:32 Si votre amie, amie E, Didier Pleu,
01:05:36 est une célibataire particulièrement libérée,
01:05:39 avec qui vous avez tendance à de plus en plus plaisanter sexe,
01:05:43 et bien il y a une chance sur deux, semble-t-il, que ça finisse au lit.
01:05:48 Voilà, c'est dit.
01:05:50 Et si c'est une ex, et que c'est vous qui aviez rompu, ça va bien,
01:05:54 tandis que si c'est elle qui a rompu,
01:05:56 et que vous avez réussi à passer au stade de l'amitié,
01:06:00 et bien c'est pareil, il y aura une chance sur deux que vous essayiez de passer à l'acte,
01:06:04 et que peut-être vous y arriviez.
01:06:06 Enfin, si c'est une vraie copine, si vous pouvez tout lui dire,
01:06:10 vous pourriez aussi avoir envie, à un moment donné, d'un peu plus de tendresse,
01:06:14 d'un peu plus de rapprochement corporel,
01:06:17 et ça peut là aussi se terminer sous la couette, si on peut dire.
01:06:22 Voilà, alors, quant aux femmes qui ont un ami homme,
01:06:26 et bien il semblerait que le danger est beaucoup moins grand,
01:06:29 sans doute parce que notre striatum est moins boosté par la testostérone.
01:06:36 En tout cas, il y a un dicton qui est tout à fait intéressant,
01:06:43 et c'est Aldo Nauri qui m'avait dit ça, et je trouve que c'est assez joli,
01:06:47 et c'est assez juste, écoutez bien, je pense que ça va vous plaire, Didier Pleu.
01:06:51 L'amitié entre hommes, ça se vit,
01:06:54 l'amitié entre femmes, ça se mime,
01:06:57 l'amitié entre une femme et un homme, ça se risque,
01:07:00 l'amitié entre un homme et une femme, ça s'invente.
01:07:03 C'est assez joli, hein ?
01:07:05 Ah oui, bien vu, bien vu, belle conclusion, tout à fait d'accord.
01:07:09 Je trouve que c'est vraiment joli, voilà.
01:07:11 Donc on en profite pour saluer Aldo Nauri, qui est tout à fait dans votre mouvance,
01:07:15 ça, là-dessus, il n'y a aucun doute, évidemment.
01:07:18 Et voilà. Alors, on va continuer cette émission avec, maintenant,
01:07:24 Alia qui est avec nous, qui a également deux enfants. Bonjour, Alia.
01:07:28 Bonjour Brigitte, bonjour à tous.
01:07:32 Moi j'ai deux enfants, et donc d'un âge un petit peu décalé,
01:07:37 donc il y en a un qui est majeur, et puis l'autre qui est un peu plus petit.
01:07:41 Et donc évidemment, dans mon éducation, dans mon approche,
01:07:44 il y a eu un peu une phase d'évolution, voilà.
01:07:48 Et le premier a été plutôt éduqué avec une certaine sévérité,
01:07:53 mais une grande rigueur, mais avec une bonne écoute.
01:07:57 Et puis le deuxième, je dirais qu'au départ, en me sentant plus sévère,
01:08:02 j'étais un peu plus palaxiste, mais plus bienveillant, plus doux.
01:08:08 Et il s'est avéré que finalement, il y avait besoin de plus de fermeté.
01:08:12 Et de, voilà, pas de rigidité, oui.
01:08:16 Non, non, non, d'accord, mais c'est intéressant, parce que ça veut dire que vous,
01:08:18 vous avez constaté que finalement, votre autorité que vous avez mise
01:08:23 dans l'éducation du premier, elle a été plus bénéfique que vous ne l'auriez pu imaginer.
01:08:29 Ça fait plaisir à Didier Pleu, ça.
01:08:32 Ben écoutez, en fait, c'est même l'enfant qui me l'a dit directement,
01:08:35 en disant "ben là, t'es trop gentil", etc.
01:08:37 Donc effectivement, il y a une forme de bienveillance,
01:08:40 mais je reviens à cette forme de bienveillance,
01:08:43 qui fait que des fois, dans cette bienveillance,
01:08:45 on peut aussi avoir des repères pour l'enfant qui ne sont pas forcément aussi carrés.
01:08:50 Et en fait, des fois, on peut leur rendre service,
01:08:55 mais émotionnellement, ils vont moins réguler certaines frustrations.
01:08:58 Et du coup, je dirais que le mix des deux, c'est la douce fermeté.
01:09:03 C'est-à-dire vraiment, on est doux, mais on est ferme.
01:09:05 Et c'est là où le curseur est plus difficile à obtenir.
01:09:09 Des fois, on y arrive.
01:09:11 Et puis, il y a des périodes où, selon nos états personnels, on peut y échapper.
01:09:17 Mais c'est vraiment ce qui me semble, par expérience, être le plus bénéfique pour tout le monde.
01:09:23 - Alors, moi, j'aime bien cette formule, qui est une formule qui vient de l'équitation.
01:09:28 "Une main de fer dans un gant de velours", ça vous semblerait juste, ça, Alia, Didier Pleu ?
01:09:35 - Oui, oui, oui, parce qu'effectivement, si vous voulez, le dernier...
01:09:39 Alors, chacun, chaque enfant a son tempérament.
01:09:42 Et il y a des enfants qui sont plus rigoureux d'eux-mêmes et sont plus enclins à coopérer.
01:09:47 D'autres ont besoin d'un cadre plus important, parce qu'ils sont plus sensibles,
01:09:51 parce qu'ils ont moins de repères ou gèrent moins la frustration.
01:09:54 Et je trouve qu'effectivement, des fois, dans ces moments-là, d'avoir une...
01:10:00 Dans l'expression que vous disiez, j'arriverai pas à la redire, c'est super important,
01:10:04 parce que des fois, si on est trop bienveillant, on peut faire l'effet inverse.
01:10:08 C'est-à-dire qu'à force de laisser passer certaines choses pour dire "Ça va aller, ça va aller",
01:10:13 et à un moment donné, votre émotion vous explose, et là, vous n'êtes plus ferme.
01:10:18 Mais c'est plutôt nocif. Donc voilà, il faut rester en enterre.
01:10:22 - Et là, je rajouterais, c'est là que l'éducation positive à la française, elle a été dévoyée,
01:10:28 parce qu'on nous parlait souvent de bienveillance, mais d'empathie affective.
01:10:32 C'est-à-dire, les parents ont été persuadés que quand un enfant, par exemple,
01:10:36 on lui demande de faire quelque chose qu'il n'a pas envie de faire, et s'il fait des grosses larmes,
01:10:40 c'est qu'il était dans une carence affective, c'est qu'il était déprimé, malheureux.
01:10:44 Alors que nous, on parle d'empathie cognitive.
01:10:47 Oui, je comprends que tu n'as pas envie de faire ça, je comprends que c'est dur, ce que je te demande,
01:10:51 mais il faut que tu le fasses, parce que c'est comme ça.
01:10:54 Les adultes ont trop vécu dans les mocassins des enfants,
01:10:59 croyant que si on est un petit peu trop dur, trop rigoureux, il a moins le plaisir,
01:11:04 il est un petit peu déprimé, il jouit moins de la vie, et ça c'est quelque chose qui était un caddice.
01:11:10 Sachez que quand ils vont chercher des preuves dans l'éducation bienveillante chez les neuroscientifiques,
01:11:15 ils appellent ça les neuroscientifiques affectifs.
01:11:18 Vous vous rendez compte ? Il y a maintenant les neurosciences affectives,
01:11:21 donc c'est-à-dire qu'il y a des chercheurs qui vont regarder dans le cerveau de l'enfant
01:11:25 ce qui correspond bien aux hypothèses traditionnelles que,
01:11:28 attention, si un enfant pique une colère, les dommages sont irréversibles.
01:11:32 J'ai entendu ça chez les neuroscientifiques affectifs.
01:11:34 Il ne faut pas que l'enfant ait des colères.
01:11:37 - Didier Pleu, vous savez bien que les chercheurs trouvent toujours ce qu'ils cherchent.
01:11:43 - Tout à fait.
01:11:44 - Moi j'ai beaucoup étudié les études sur la sexualité,
01:11:47 et les chercheurs trouvent toujours ce qu'ils cherchent,
01:11:49 c'est-à-dire qu'on peut tout trouver dans les neurosciences.
01:11:53 - Oui, mais le problème, Brigitte, c'est que l'éducation bienveillante à la française,
01:11:57 c'est appuyé sur les neurosciences, alors que comme vous,
01:12:00 on ne trouve que ce qu'on cherche.
01:12:02 De toute façon, ce n'est pas une validation.
01:12:04 Mais quand c'est écrit et qu'on dit aux parents, attention,
01:12:07 une colère est de destruction neuronale, les parents,
01:12:09 ils ne vont pas frustrer l'enfant, ils n'ont pas envie que l'enfant ait des dommages irréversibles.
01:12:13 - C'est ça.
01:12:14 Et c'est vraiment par rapport à une activité professionnelle que je peux avoir,
01:12:18 on se rend compte que quand les enfants ont tout,
01:12:21 ou qu'on veut tout leur donner par peur d'eux,
01:12:24 finalement, ils ne sont pas bien, ils veulent tout, tout de suite.
01:12:27 La frustration, elle est tellement mal vécue que du coup, tout est une agression.
01:12:32 Alors que finalement, si on s'écoute un peu plus, et moi, je suis revenue à ça,
01:12:36 si on s'écoute un peu plus, je vais dire qu'on n'est pas bienveillant.
01:12:39 C'est-à-dire qu'il y a quelque chose de ce qui est possible, de ce qui n'est pas possible.
01:12:43 Et il y a des règles, il y a des contrats qui doivent s'établir,
01:12:46 en disant, moi, ça, c'est ma limite.
01:12:48 Et donc, il n'y en a pas d'autre.
01:12:50 Puis l'enfant peut ne pas être content.
01:12:52 Comme vous le disiez très bien, je comprends que, mais là, moi, c'est non.
01:12:55 Et en fait, quand on arrive à être à nouveau comme ça,
01:12:58 ressortir de ce cadre, comme vous disiez, affectif, mais plutôt une empathie cognitive,
01:13:05 on comprend que ce n'est pas possible d'avoir tel état, mais l'enfant, on a aussi des ressources.
01:13:11 Et je pense que si on perçoit que l'enfant a des capacités de rebondir,
01:13:16 on arrive aussi à dégager du temps par un esprit structuré, coopératif,
01:13:21 et l'enfant se sent mieux parce que du coup, il peut faire face à plein de choses.
01:13:25 Alors que si on est trop, trop gentil, il n'arrive à rien faire.
01:13:30 - Oui, et puis il en profite, il prend le pouvoir.
01:13:33 Et quand on prend le pouvoir et qu'on n'a pas encore la maturité, c'est un petit peu embêtant.
01:13:39 Merci Alia, mais je suis un peu inquiète, Didier Pleu, on n'a que des gens qui sont d'accord avec vous.
01:13:48 - Je suis très content, très content. C'est formidable.
01:13:50 - Alors vraiment, c'est une émission extraordinaire.
01:13:53 Nous n'avons que des gens sensés qui ont réfléchi, qui savent ce que c'est que l'éducation rationnelle.
01:14:01 Bon, bah écoutez, Didier Pleu, formidable.
01:14:04 On va voir, peut-être qu'on va conclure avec quelqu'un qui ne serait pas d'accord avec vous, je ne sais pas.
01:14:08 En tout cas, on vous attend au 0826 300 300.
01:14:13 Allez, on fait une petite pause, Didier Pleu, et puis on se retrouve tout de suite.
01:14:19 14h16, Brigitte Lae, Sud Radio.
01:14:22 - Et nous allons conclure cette émission en compagnie de Didier Pleu, psychologue, psychothérapeute,
01:14:28 qui nous a beaucoup parlé de l'éducation rationnelle.
01:14:32 Et à l'occasion de la sortie de ce livre, "L'éducation bienveillante, ça suffit", c'est aux éditions Odile Jacob.
01:14:38 C'est un livre assez complet, où vous parlez vraiment de tout ce que peut provoquer comme problème, justement, cette éducation trop bienveillante.
01:14:48 Et on va conclure avec Arnaud. Bonjour Arnaud.
01:14:52 - Oui, bonjour Brigitte, bonjour Didier.
01:14:56 - Bonjour.
01:14:57 - Merci de me prendre à l'antenne.
01:14:59 - Je vous en prie.
01:15:00 - Voilà.
01:15:01 Donc, pour rebondir sur le sujet, effectivement, j'ai un petit garçon de 9 ans et une petite fille.
01:15:11 Alors, ça va plus concerner le petit garçon, parce que c'était le premier.
01:15:16 Et comme on dit, on devient un parent qu'en exerçant.
01:15:22 Et pour pallier à l'absence, donc, à cause du travail de la maman et de moi-même, parce qu'on travaille beaucoup,
01:15:33 on avait tendance à, qu'on dirait, à souvir un peu tous les caprices.
01:15:41 - C'est-à-dire que vous vous sentiez un peu coupable de ne pas être très présent et du coup, vous acceptiez beaucoup de s'aider à leurs caprices, c'est ça ?
01:15:48 - Alors, oui, en fait, on a la possibilité, pas tous les caprices, pas tous, mais d'avoir qu'il ait toujours des activités tout le temps, tout le temps, tout le temps.
01:16:03 C'est-à-dire qu'effectivement, aujourd'hui, il a 9 ans.
01:16:08 - C'est intéressant ce que vous dites, Arnaud, aussi, parce qu'on a beaucoup entendu ça d'Idie Pleu,
01:16:14 c'est qu'il fallait faire faire aux enfants tellement de choses, qui fait qu'ils n'avaient même pas le temps de rêvasser ou de s'ennuyer.
01:16:23 Ça aussi, ça a été une mode. On en revient un tout petit peu, mais ce n'est pas encore tout à fait...
01:16:29 - Non, non, non, mais c'est encore d'actualité. C'est ce qui génère ce qu'on appelle l'hyperactivité.
01:16:33 C'est-à-dire que si un enfant est tout le temps comblé dans ses demandes, et je fais du sport, et ensuite je fais du truc, et je joue,
01:16:40 et ensuite je vais voir un copain, et ensuite je refais quelque chose, et ensuite on me parle, et ensuite...
01:16:44 Ils sont dans ce qu'on appelle l'hyperstimulation. Et donc, effectivement, ils sont tout le temps dans le principe de plaisir.
01:16:50 C'est-à-dire, plus j'en ai, plus j'en veux, et plus, chimiquement, ma tête veut encore de la dope de plaisir.
01:16:56 Et c'est là que le parent tombe dans le panneau et que vous passez des week-ends entiers à faire cinq fois le même zoo, six fois le même parc,
01:17:02 sept fois le même parc à sable, vous voyez ce que je veux dire. C'est-à-dire que le parent est complètement club-made,
01:17:09 puisque l'enfant en veut encore plus. Alors, je n'ai pas dit qu'il fallait laisser l'enfant s'ennuyer tout seul, déprimé dans sa chambre,
01:17:15 pour être un grand créatif, mais on sait tous que l'ennui, c'est une frustration, voilà, une zone d'inconfort pour l'enfant.
01:17:22 L'ennui est très bon pour l'enfant, parce que l'ennui permet, comme vous l'avez dit justement, de rêvasser, de penser à autre chose,
01:17:28 et de paquetter immédiatement une sorte de gavage dans le plaisir, mais de "Tiens, je vais peut-être penser à ça, si je faisais ça tout à l'heure,
01:17:35 et si demain, etc., etc." Oui, l'ennui est bon, bien sûr.
01:17:39 – L'ennui, effectivement, l'imagination est bonne pour l'enfant. En fait, l'enfant cherche aussi un cadre.
01:17:48 Quand il demande, il demande, mais il cherche à ce qu'on lui dise non, aussi.
01:17:52 Bon, ça, après, c'est en approfondissant, en lui penchant dessus que j'ai pu voir certaines choses.
01:17:58 Il a besoin d'être rassuré, donc le non va le rassurer.
01:18:02 Mais, effectivement, heureusement que j'en suis rendu compte il y a quelques temps, on va dire un ou deux ans,
01:18:12 parce qu'au fil du temps, qu'on avance et qu'on dit oui, à un certain stade, on ne pourra plus dire oui,
01:18:19 parce que ça ne sera plus dans nos moyens, et l'enfant n'acceptera plus, n'acceptera pas la frustration.
01:18:24 Et donc, ça génère des crises après, et ça va faire un enfant malheureux, angoissé.
01:18:30 – Oui, oui, vous avez raison, c'est-à-dire qu'il était temps de leur faire comprendre que, de temps en temps, c'est non.
01:18:37 Et plus on attend pour leur faire comprendre ça, plus c'est compliqué pour eux de l'entendre, évidemment.
01:18:44 Vous dites bien, Didier Pleu, c'est dans la prime enfance, de toute façon, qu'il faut déjà leur apprendre la frustration.
01:18:50 – Oui, ça m'a souvent été reproché en disant "mais c'est quoi cette histoire de frustrer les enfants en bas âge ?"
01:18:54 Mais je ne disais pas "frustrer" dans le sens "guerroyer", je ne sais pas quoi, leur faire des choses pénibles,
01:18:59 mais par exemple, oui, je me heurtais souvent à cette histoire d'allaitement à la demande.
01:19:04 Je disais "non, non, il faut qu'il y ait une régulation entre la maman et l'enfant",
01:19:08 c'est-à-dire l'enfant à son rythme, à des demandes, mais la maman aussi à son rythme,
01:19:11 et non pas de tout le temps répondre à la demande de l'enfant.
01:19:15 Je disais la même chose au niveau des siestes obligatoires,
01:19:18 de ne pas tout le temps stimuler l'enfant dans du jeu parce qu'il en veut encore plus.
01:19:21 Je disais aussi que si l'enfant avait du mal au niveau de l'endormissement,
01:19:24 ne le prenez pas comme c'est préconisé dans l'éducation bienveillante française,
01:19:29 ne le prenez pas dans votre lit, parce qu'il y a de grandes chances que ça, on va renforcer tout le truc,
01:19:32 et que l'enfant, tous les soirs, voudra sentir son papa ou sa maman
01:19:36 et s'endormir dans les bras des parents.
01:19:38 C'est toutes ces choses qui sont du bon sens,
01:19:41 c'est pour ça que j'ai enlermis une couche dans un guide où je dis aux parents
01:19:44 "regardez, c'est ça les zones d'inconfort, regardez, c'est ça les petites frustrations,
01:19:47 et regardez, c'est ça aussi l'amour, le partage".
01:19:50 Justement, on va vous laisser Arnaud, et on va donner la parole à Laetitia
01:19:54 qui appelle un peu au secours Didier Pleu.
01:19:57 Bonjour Laetitia.
01:19:58 Oui, bonjour. Bonjour à tous.
01:20:01 Allez-y Didier Pleu, on vous écoute.
01:20:03 Oui, très bien.
01:20:04 Donc voilà, je voulais vous expliquer un petit peu mon problème à moi.
01:20:08 C'est-à-dire que j'ai trois enfants, deux grands,
01:20:10 donc une grande de 22 ans, et un garçon de 18 ans,
01:20:14 et ma dernière qui a 3 ans.
01:20:16 Voilà, ce qui se passe, c'est que c'est une famille recomposée.
01:20:19 Ma dernière, je l'ai eue avec mon conjoint actuel.
01:20:22 Et j'ai vraiment, on va dire, la différence d'éducation entre mes deux premiers
01:20:29 et ma première qui est vraiment flagrante, parce que mon premier conjoint
01:20:35 était vraiment, on va dire, clairement pas bienveillant.
01:20:39 On va dire qu'il n'avait pas le choix que d'être dans l'autorité, mais extrême.
01:20:44 Mais j'étais, on va dire, moins fatiguée avec mes deux premiers qu'avec ma dernière.
01:20:50 Parce que donc on a voulu se servir de l'éducation bienveillante pour, on va dire, comme appui.
01:20:58 - Oui, c'est-à-dire que le premier père était peut-être un petit peu trop autoritaire,
01:21:02 mais en même temps ça a apporté la frustration et l'autorité nécessaires à vos deux grands.
01:21:07 Et là, vous avez voulu élever avec ce nouveau père, donc, dans la bienveillance,
01:21:12 cet enfant qui aujourd'hui a 3 ans. Et alors, ça se passe pas bien, c'est ça ?
01:21:16 - Ah oui, après je précise qu'il y a, on va dire, d'autres problématiques
01:21:20 pour mes deux premiers, parce que bon, voilà, c'était vraiment très malveillant.
01:21:23 Mais voilà, c'est un autre sujet.
01:21:25 Avec ma dernière, je suis épuisée, je n'en peux plus, vraiment.
01:21:29 Parce que donc, en fait, j'ai essayé de regarder un petit peu tout ce qui se faisait.
01:21:34 Voilà, ma première a 22 ans, alors imaginez repartir dans les couches,
01:21:38 elle a seulement 3 ans la dernière.
01:21:40 J'ai voulu me renseigner, savoir ce qui était bon pour elle, etc.
01:21:43 Et je suis tombée sur des articles, sur les réseaux sociaux, etc.
01:21:48 Cette éducation bienveillante qui me satisfaisait très bien.
01:21:51 Ça avait l'air d'être le monde des bisounours, chose auquel j'adhère dans ma vie d'adulte.
01:21:55 Mais sincèrement, l'appliquer pour l'enfant, moi je suis totalement perdue.
01:22:01 Ma petite, il n'y a pas d'heure de couche, il n'y a rien, il n'y a vraiment aucun cadre.
01:22:08 - Il n'est peut-être pas trop tard.
01:22:10 - Non, mais j'ai besoin de justement repartir sur quelque chose,
01:22:14 on va dire, d'un peu plus logique, je ne sais pas comment on peut dire,
01:22:19 pour qu'elle soit vraiment bonne pour tout le monde,
01:22:21 parce que c'est invivable à la maison, vraiment.
01:22:24 J'ai l'impression que c'est elle qui dirige tout le monde, du haut de ses 3 ans.
01:22:27 - Qu'est-ce que vous pouvez dire à Laëtitia, justement, Didier ?
01:22:31 - Je crois qu'elle a la réponse, elle a vu que l'autoritarisme,
01:22:35 pour les deux premiers, ce n'est pas forcément ce qu'il faut,
01:22:37 mais en général, au pire, elle aura des enfants qui ont des petites névroses,
01:22:41 parce qu'ils ne sont pas assez épanouis, ils ont eu un père trop autoritariste.
01:22:45 Mais ce n'est pas une grave pathologie.
01:22:47 Quand un enfant qui est tout le temps dans la bienveillance,
01:22:49 qui est tout le temps dans le plaisir, qui est tout le temps dans la toute-puissance,
01:22:52 même à 3 ans, il génère un véritable burn-out parental chez sa maman ou papa.
01:22:58 Il faut très vite que les deux parents redisent,
01:23:01 bon, on fait table rase, on garde les bonnes choses qui sont sympas dans la bienveillance,
01:23:06 c'est-à-dire le respect de l'enfant, jouer avec lui, le valoriser, le protéger,
01:23:10 mais par contre, il va falloir qu'on inclue très vite toutes ces limites dont on a parlé,
01:23:14 c'est-à-dire les heures de sieste, on goûte les aliments,
01:23:18 on dit bonjour à mamie, on dit bonjour aux voisins,
01:23:21 on participe aux petites tâches ménagères, même à 3 ans,
01:23:24 on peut amener ses couverts sur la table,
01:23:26 enfin toutes ces petites choses que j'essaie de décrire dans mes guides,
01:23:29 en disant que ce sont des petites choses simples de leur dire, regarde la réalité,
01:23:33 ce n'est pas simplement recevoir, c'est aussi donner,
01:23:37 et c'est aussi accepter des choses moins drôles, mais vous pouvez le faire.
01:23:41 Prenez ce qui est bon chez le papa autoritariste des deux premiers,
01:23:45 et puis dégagez ce qui vous paraît trop pervers.
01:23:49 - Il y aura peut-être une phase un peu difficile Laetitia,
01:23:53 ça va faire des caprices, ça va grincer,
01:23:56 mais 3 ans, sincèrement, ça va aller vite.
01:24:00 - L'enfant est très modifiable, très modifiable, très rapide.
01:24:04 - Et voilà, juste pour terminer, ma fille, je l'ai allaitée,
01:24:08 et sincèrement, encore aujourd'hui, je n'arrive pas à l'arrêter,
01:24:11 parce que ce sont des crises, des crises, des crises,
01:24:14 elle se met dans tous ces états, et les nuits sont coupées,
01:24:17 si elle n'est pas à côté de moi...
01:24:19 - Oui, mais elle se met dans tous ces états, et vous finissez par céder, c'est ça ?
01:24:22 - Oui, oui.
01:24:24 - Il faudra progressivement, non pas tout d'un coup, on arrête tout,
01:24:27 mais progressivement, s'il y a 3 allaitements dans la nuit,
01:24:30 on passera à 2, puis à 1, et puis à un moment donné,
01:24:33 elle restera dans son lit, ça ne va pas se faire avec...
01:24:36 - Oui, c'est ça. - ...une grande maman qui m'apprend la frustration
01:24:39 et vive la vie, mais progressivement, graduellement,
01:24:42 elle va apprendre que vous n'êtes pas une chose, vous existez,
01:24:45 et qu'on ne peut pas tout donner. Mais vous reprenez ces petites choses-là,
01:24:48 ce sont des conseils très, très de bon sens, vous savez, du bon sens.
01:24:51 - D'accord.
01:24:53 - Oui, oui, tenez bon, ça va être un petit peu difficile pendant quelques temps,
01:24:59 mais ça... - Je n'y aurais pas mis.
01:25:02 - Oui, 3 ans, franchement, il est largement encore temps,
01:25:05 mais ça va. - Oui, mais de toute façon, il est temps,
01:25:07 parce que vraiment, comme je vous dis, je suis fatiguée, je n'en peux plus.
01:25:10 Il n'y a plus de plaisir. - Voilà.
01:25:12 - C'est trop vite, parce que j'adore ma fille, mais je n'ai même plus le plaisir,
01:25:15 limite, à passer toute la journée avec elle, ça m'épuise.
01:25:19 - Bien sûr. - Et ce n'est pas bon pour elle, de toute façon.
01:25:22 - Non, c'est ça. - Écoutez, merci, Laetitia.
01:25:25 - Je vous en prie, merci. - Non, je vous en prie.
01:25:29 - Merci pour votre aide.
01:25:31 - C'est bien, je pense, Didier Pleu, de terminer
01:25:34 le témoignage de Laetitia.
01:25:36 Et on voit bien qu'au départ, c'est plein de bonnes attentions.
01:25:40 Laetitia, elle a cru bien faire.
01:25:43 Et c'est là où c'est vraiment important qu'on puisse
01:25:46 vous donner un peu plus la parole, Didier Pleu,
01:25:48 pour que beaucoup de parents soient informés,
01:25:53 parce que finalement, c'est ça, le vrai problème.
01:25:57 - Tout à fait. On donne de l'amour à un enfant,
01:26:01 mais il faut aussi inclure la frustration,
01:26:03 l'incompréhension, l'incompréhension,
01:26:05 l'incompréhension de l'équilibre.
01:26:07 Mais c'est vrai qu'il faut aider les parents,
01:26:09 parce qu'on vous a tellement dit que c'est l'amour
01:26:11 qu'elle est tout faire, que tout le monde y a cru.
01:26:13 Ça n'est pas suffisant. Voilà.
01:26:15 - Alors, il nous reste 2-3 minutes, Didier Pleu,
01:26:19 si vous voulez continuer à dire 2-3 choses
01:26:22 qui vous tiennent à cœur. Je sais que vous aimez bien...
01:26:26 - C'est le sujet. Je vous remercie.
01:26:29 En tout cas, Brigitte, merci de donner tellement
01:26:32 de temps, parce que vous savez comme c'est précieux
01:26:34 dans ce contexte, tout doit être fait en 10 minutes,
01:26:36 en 3 minutes, et il faut expliquer les états.
01:26:38 Bon, vous voyez. Merci. En tout cas, je voulais être gratifiant.
01:26:41 Et puis, c'est vrai, la chose que je voulais ajouter,
01:26:44 peut-être pour conclure, et vous l'avez dit vous-même,
01:26:47 attention à cette histoire de recherche scientifique.
01:26:50 Quand j'entends qu'il ne faut pas qu'un enfant
01:26:52 ne pique de colère, quand j'entends que l'ocytocine,
01:26:55 l'hormone de l'amour, va faire que votre enfant
01:26:58 va être un être social formidable, faites attention,
01:27:01 faites attention avec tout ça, puis surtout,
01:27:03 regardez bien les gens qui vous ont vendu tout ça,
01:27:06 et vous verrez, c'est assez typique,
01:27:08 ils sont en général très peu formés eux-mêmes.
01:27:10 Donc ça aussi, les fameux experts en éducation bienveillante,
01:27:14 d'abord, ils ont abordé l'éducation bienveillante
01:27:16 en voulant copier l'éducation positive anglo-saxonne,
01:27:19 qui n'a rien à voir. L'éducation positive
01:27:22 anglo-saxonne, ce ne sont que des apprentissages,
01:27:24 zone d'inconfort, et on renforce positivement,
01:27:27 progressivement, pour que l'enfant acquiert le principe
01:27:29 de réalité, mais ça n'a rien à voir avec la théorie
01:27:31 de l'attachement, aimez votre enfant, sécurisez-le,
01:27:34 il sera heureux plus tard. Ça, c'est une hypothèse
01:27:37 très française. Voilà.
01:27:39 - Voilà. Bon, merci encore Brigitte.
01:27:41 - Non, non, je vous en prie, je suis ravie,
01:27:43 je ne vous ai pas trop frustrée du coup, Didier Pieu,
01:27:45 je vous ai donné beaucoup d'amour.
01:27:47 L'éducation bienveillante, ça suffit,
01:27:49 c'est aux éditions Odile Jacob,
01:27:51 et je pense que ça a fait du bien
01:27:53 à tous ceux qui nous écoutent,
01:27:55 voilà, je sais qu'on a besoin de repères
01:27:58 juste. Tout de suite, vous retrouvez,
01:28:00 c'est votre avenir, et nous, demain,
01:28:02 on sera avec Jean-Louis Guilleneuve,
01:28:04 vous verrez, c'est assez intéressant, parce qu'il
01:28:06 travaille auprès de la justice,
01:28:08 pour aider, justement,
01:28:10 à dépasser
01:28:12 tous les problèmes de harcèlement,
01:28:14 et il a une vraie boîte à outils, donc il pourra
01:28:16 vous donner des conseils concrets, si vous avez
01:28:18 un enfant, ou si vous-même, vous subissez
01:28:20 du harcèlement. Je vous embrasse,
01:28:22 je vous dis à demain.
01:28:24 Sud Radio.
01:28:25 Parlons vrai.
01:28:26 Parlons vrai.

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