FÉMINICIDE - Alexandra, maman de Chloé, est l'invitée de Amandine Bégot

  • l’année dernière
Alexandra est la maman de Chloé, qui a échappé à un féminicide et dont le dépôt de plainte avait été refusé par le commissariat. Elle est sortie du coma mais gardera des séquelles à vie .
Regardez L'invité de RTL du 30 mars 2023 avec Amandine Bégot.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h44, bonne journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud, vous recevez donc ce matin une mère en colère.
00:13 Bonjour madame. Bonjour. Et merci beaucoup de prendre la parole ce matin sur RTL. Vous êtes la maman de
00:18 Chloé, cette jeune femme de 24 ans très violemment agressée par son ex compagnon à Blois.
00:23 C'était le 13 décembre dernier. Chloé avait été retrouvée
00:27 inconsciente, laissée pour morte dans le hall de son immeuble.
00:30 Affaire d'autant plus effroyable que quelques heures plus tôt votre fille avait voulu déposer plainte.
00:35 "Revenez demain", voilà ce qu'on lui avait alors répondu.
00:38 Trois mois et demi plus tard vous avez été reçue hier pour la toute première fois par le juge d'instruction en charge de l'affaire.
00:44 On va bien sûr revenir sur tout ça, sur cette entrevue, cet entretien avec le juge.
00:49 Mais d'abord madame, comment va Chloé aujourd'hui ?
00:52 Alors Chloé va très bien. C'est on va dire une miraculée. Elle marche, elle parle.
00:57 Le seul souci pour Chloé c'est la mémoire, la concentration.
01:03 Et
01:05 voilà. Il faut rappeler que Chloé a passé deux mois en réanimation.
01:09 Il y a quelques semaines vous disiez il faut tout lui réapprendre, lui réapprendre à lire, à écrire, à marcher.
01:15 Oui, oui, oui. Mais
01:18 Chloé a une force magique. Elle va toutefois garder des séquelles à vie ? Oui, l'œil.
01:25 L'œil droit qu'elle ne verra plus.
01:27 Et tout ce qui est mémoire, concentration, pour l'instant, tout est
01:31 instable. Et vous, comment allez-vous ?
01:34 Tout le monde me dit que je suis une courageuse.
01:37 Pour moi je ne suis pas courageuse.
01:40 C'est pour ma fille. Quand il nous arrive quelque chose comme ça, c'est puissant et on est capable de tout.
01:46 La journée du 13 décembre, je n'oublierai jamais. C'est horrible. Vous savez quand la
01:50 PJ nous appelle pour dire qu'il y a des ambulances et que ma fille est transférée au CHU.
01:58 Et quand vous arrivez à l'hôpital,
02:02 vous voyez le saccage.
02:04 Son visage doublé, triplé. Son visage noir, bleuté. C'est un truc de dingue.
02:12 C'est une image que je n'oublierai jamais.
02:15 Je le disais tout à l'heure,
02:17 quelques heures avant d'être roué de coups, Chloé s'était rendue au commissariat pour déposer plainte, deux heures avant, le même jour.
02:23 Cette plainte n'a pas été enregistrée. Est-ce que vous savez aujourd'hui pourquoi ?
02:28 Non, pas du tout. Ça a été très vite. Ça a duré même pas trois minutes apparemment. Donc elle a demandé
02:34 de déposer plainte et que c'était pas le moment. Il fallait qu'elle revienne le lendemain.
02:39 Ce jour-là, vous étiez à deux heures de route, je crois ? Oui.
02:42 Vous avez parlé au policier. Qu'est-ce que vous lui avez dit ?
02:45 Je suppliais qu'ils aident ma fille, que ma fille était en danger. Je demandais secours.
02:51 Et ils m'ont dit la même chose qu'ils ont dit à Chloé, qu'il y avait une procédure et que ça se faisait pas comme ça.
02:56 Et que si ça allait pas, il fallait qu'elle compose le 17.
03:00 C'est pas une femme qui n'a pas été entendue, c'est deux femmes qui n'ont pas été entendues.
03:04 Cette affaire, elle semble d'autant plus incroyable que l'ex-compagnon de Chloé était connu des services de police. Il avait été
03:10 condamné à plusieurs reprises, et notamment pour violence conjugale en 2015. Ça, vous le saviez, madame ? Non. Ah ben non, ils nous l'avaient caché.
03:17 Et Chloé, elle ne le savait pas ? Non, non plus.
03:20 Elle savait qu'il avait été fait de la prison, mais pas pour ça.
03:25 Le policier qui a refusé de prendre cette plainte a été suspendu, vous le disiez. Il attend son passage en commission de discipline.
03:31 Que demandez-vous, vous, aujourd'hui,
03:34 j'ai envie de dire, à la justice, à ce policier ?
03:37 Oh, il n'y a pas que ce policier-là, il y a aussi la voiture
03:41 qui avait vu cette journée-là
03:44 Chloé et l'agresseur. Tous ces gens qui n'ont même pas eu le temps d'écouter ma fille, qui n'ont pas pris note de ce qu'elle disait,
03:52 de danger qu'elle était.
03:54 Ils n'ont pas tapé le nom et le prénom non plus de cette personne qui l'a harcelée.
04:00 J'ai beaucoup de colère, j'ai beaucoup de choses contre ces gens-là, une colère monstre. Les policiers, les agents municipaux,
04:07 le monstre a saccagé ma fille.
04:09 Ma fille,
04:11 sa vie n'est plus la même depuis le 13 décembre.
04:14 C'est un monstre, vous dites ?
04:17 Le mot est faible. Et aussi bien pour ce commissariat qui est chez lui, tranquillement.
04:22 Le monstre est peut-être en prison à l'heure actuelle, mais il fait sa petite vie tranquillement.
04:29 Ma fille, elle ne va plus au travail, elle a perdu la mémoire, elle est dans un centre de rééducation, elle est passée par le coma.
04:36 On a saccagé ma fille. Sa vie aussi, celle de Chloé. Sa vie, ouais. Et ça c'est impardonnable.
04:42 Si cette plainte avait été prise en compte, vous pensez que ce drame ne serait pas arrivé ?
04:46 Je sais pas, mais au moins ils auraient vu l'individu qui avait un casier lourd.
04:51 On sait qu'il y a beaucoup de choses qui ont été faites
04:54 pour
04:56 lutter contre ces violences faites aux femmes. Le gouvernement rappelle régulièrement que c'est une priorité.
05:00 Quand vous entendez ça, j'imagine que ça vous fait sourire.
05:05 Ça me fait sourire, ouais, parce que c'est pas une priorité.
05:07 Non, il n'y a pas de prise de note de ce que les femmes disent. Elles ne sont pas écoutées.
05:13 Comment faire pour que ça n'arrive plus jamais ?
05:15 Bonne question.
05:17 J'ai pas la réponse.
05:19 Ce monstre, comme vous l'appelez, c'est l'ex-compagnon de votre fille qui a été placé en détention provisoire.
05:25 Est-ce qu'il a expliqué son geste ? Pour lui, apparemment, ça serait le côté jalousie impulsif.
05:32 Ne pas accepter
05:34 la rupture.
05:36 J'imagine que ça ne suffit pas comme explication ?
05:39 Oh non, c'est spécial.
05:41 Il dit qu'il n'a pas voulu la tuer. Il n'a pas cherché à la tuer, mais si, il a voulu la tuer.
05:46 Il l'avait menacé à plusieurs reprises de la tuer. Et quand on ne veut pas tuer quelqu'un, on tape sur les jambes,
05:52 mais pas sur le crâne, comme il a fait avec violence.
05:56 Le mot est faible. Chloé, on le rappelle, a perdu un oeil.
06:02 Dans ce drame, ça témoigne effectivement de la violence des coups.
06:06 Et je savais que ça allait se terminer comme ça un jour.
06:10 Pourquoi ? Parce qu'un taré reste un taré, et un taré est capable de tout. Et lui, c'était un monstre de base.
06:18 Et un monstre, voilà ce qu'il a fait.
06:21 Et s'il y a des jeunes filles comme Chloé qui nous écoutent aujourd'hui, qui savent que la relation dans laquelle elles sont
06:29 peut mal se terminer. Vous leur dites quoi ? Partez, évitez, parlez.
06:33 Quand on est pris dans une relation toxique ou
06:36 de violence, c'est très dur de faire les pas. Et il faut avoir le courage.
06:41 Ayez toutes les femmes qui sont agressées, tabassées,
06:45 ou
06:47 agressées psychologiquement, parce que ça c'est invisible. Battez-vous et sortez de
06:52 ça, parce que derrière il y a plein de séquelles qui se passent. Et c'est pas la vie.
06:58 Il avait déjà frappé Chloé avant ?
07:00 Ouais.
07:02 Merci beaucoup madame pour ce témoignage. On vous souhaite plein plein de courage. Embrassez Chloé pour nous.
07:08 Plein de courage à elle aussi.
07:10 Et donnez-nous tes nouvelles surtout.
07:13 Il n'y a pas de problème. Puis merci beaucoup. Et puis je vais lui transmettre tout à l'heure votre
07:17 embrassade. Merci beaucoup.
07:20 [SILENCE]

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