Quatre ans après le décès de Tessa Raimbault, tuée à l'âge de 17 ans par une voiture, un jeune homme est passé aux aveux après l'émission "Appel à témoins" sur M6. Sa maman Florence Jouve se confie dans RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL du 23 juin 2023 avec Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL du 23 juin 2023 avec Amandine Bégot.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud, vous recevez donc ce matin Florence Jouve.
00:12 Bonjour Florence Jouve.
00:14 Bonjour.
00:15 Et merci beaucoup d'être en direct avec nous ce matin. Vous êtes la maman de Tessa.
00:19 Tu es le 20 décembre 2018 à l'âge de 17 ans.
00:23 Tessa a été fauchée alors qu'elle marchait sur une route de campagne à Saint-Julien-de-Conselles en Loire-Atlantique, c'est tout près de Nantes.
00:29 Vous avez vécu, Madame, 4 ans et demi sans savoir ce qui était arrivé à votre fille, qui l'avait renversée et laissée sur le bas-côté 4 ans et demi jusqu'à cette semaine
00:38 et cet appel lancé sur M6 dans l'émission Appel à témoins présentée par Julien Courbet.
00:43 Je vous ai adressé de nombreux messages depuis que Tessa est décédée.
00:47 Je comprends que vous n'avez pas voulu provoquer l'accident.
00:51 Mais ce soir-là, vous avez fait un choix.
00:53 Vous avez fait le choix de ne pas prévenir les secours et vous avez fait le choix de fuir.
00:58 Ce soir, les yeux dans les yeux, j'aimerais vous lancer ce dernier appel.
01:05 Vous nous devez bien ça.
01:07 Ça, Florence Jouff, c'était lundi, il y a 4 jours seulement et depuis hier, vous savez qui a tué votre fille.
01:14 Un jeune homme de 24 ans est passé aux aveux, il a été mis en examen hier.
01:18 Que s'est-il passé ? C'est l'émission qui a tout fait basculer ?
01:21 Je pense que l'émission a provoqué beaucoup de réactions.
01:28 Ça a été en tout cas le déclencheur.
01:31 Mais ce n'est pas les témoignages qui ont été donnés lors de l'émission qui a provoqué cette garde à vue.
01:40 Il y a eu une personne à qui ce jeune homme s'était confié,
01:44 qui a décidé d'appeler la brigade de recherche de Rosé pour les informer de ses confidences.
01:52 J'ai regardé l'émission lundi soir et en vous écoutant, j'avais l'impression que vous saviez qui c'était.
01:58 Est-ce que c'était le cas ?
02:00 Oui, ça fait 3 ans, cette intuition de maman, ce pressentiment que ça pouvait être ça.
02:11 Et puis des rumeurs assez nombreuses qui se sont intensifiées depuis juillet 2022,
02:19 mais sans possibilité d'aboutir.
02:25 Une intuition, des rumeurs, mais comment est-ce que vous expliquez que l'enquête n'ait pas permis de remonter plus tôt jusqu'à lui ?
02:33 Parce qu'il y avait très peu d'éléments et que quand ces éléments ne sont pas aussi probants,
02:43 ça nécessitait aux enquêteurs de faire un gros travail de fond.
02:49 Ils en ont parlé lors de l'émission, l'analyse des traces sur le sac à main de Tessa,
02:56 les analyses de cet échantillon d'arbres.
03:00 Mais on n'avait pas plus d'éléments, si ce n'est des traces de véhicules.
03:06 Vous diriez quoi ? Que l'enquête a été bâclée ?
03:10 Non, pas du tout.
03:12 On a peiné sur le manque de moyens au départ,
03:19 et puis c'est arrivé du directeur de l'enquête en juin 2020,
03:26 qui a permis de tout reprendre les éléments.
03:30 Mais ça ne tenait pas à grand chose.
03:34 Sans ces aveux, on ne pouvait rien faire.
03:38 Je pense que tout a été tenté.
03:42 Et puis, à vrai dire, nous parents, forcément, on vit avec la douleur de ce drame.
03:49 Et forcément qu'à notre niveau, on ne peut pas s'empêcher de penser que ça ne va pas assez vite.
03:57 Dans les premiers mois de son décès, c'était insoutenable.
04:04 C'était insoutenable, et cette incompréhension que ça puisse être possible.
04:10 Mais je ne reviendrai pas sur l'enquête, sincèrement, aujourd'hui.
04:16 Le principal, c'est que les choses sont enfin posées.
04:21 Voilà.
04:22 Ce que vous vouliez savoir, c'est comment c'est arrivé, ce qu'il est arrivé à Tessa.
04:29 Est-ce que vous savez s'il a expliqué quelque chose aux gendarmes ?
04:34 Non, pour l'instant, on ne sait rien.
04:37 Et oui, c'était important, parce que ce sentiment...
04:40 On a quand même tout un chemin et un processus de deuil.
04:44 Et le fait qu'il y ait cette part d'inachevée, c'est compliqué.
04:55 Parce que même si personnellement on fait le chemin sur ce deuil,
05:03 il y a cette part d'inachevée qui ne nous appartient pas.
05:06 Et puis ces rumeurs constantes qui nous ramènent sans cesse.
05:10 C'est comme si on était attaché à un élastique.
05:13 Et nous, on a beau essayer d'avancer,
05:15 à un moment donné, on est sans cesse ramené à l'événement encore et encore.
05:20 Et c'est pour ça que je n'ai eu de cesse de lancer ces appels.
05:24 Parce que nous, famille, on avait besoin de réponses,
05:30 pas tant quant à l'identité de la personne,
05:32 mais pour pouvoir achever ce processus de deuil.
05:36 Et ça, ce n'était pas possible.
05:38 Donc cet élément n'était pas posé.
05:41 Parce qu'il y a toujours cette sensation d'inachevée.
05:43 Pour nous, mais aussi pour ses amis qui, à 18 ans, restent sans réponse.
05:50 Ce sentiment d'injustice qui est quand même très compliqué à gérer.
05:57 Mais les choses sont posées aujourd'hui, c'est l'essentiel.
06:01 Alors bien sûr, Madame, ça ne vous ramènera jamais votre fille,
06:05 est-ce que vous diriez que vous vous sentez un peu apaisée ?
06:09 C'est très particulier comme sentiment.
06:14 Hier, j'étais à la fois en joie et extrêmement triste.
06:19 J'ai tout à fait conscience.
06:21 C'est ce que je n'ai eu de cesse de répéter dans mes appels.
06:25 Je ne suis pas en colère par rapport à cet accident,
06:29 parce que j'ai conscience que la personne ne s'est pas levée le 20 décembre
06:32 en se disant "je vais tuer quelqu'un ce soir".
06:36 Ça ne réparera rien, en fait.
06:41 Les faits sont là et ça n'est plus là.
06:44 Et à la fois, la vie continue, en tout cas je le sais, je le mesure aujourd'hui.
06:49 Donc forcément que j'étais heureuse hier, profondément heureuse.
06:53 Un soulagement, ce sentiment que je vais...
06:56 et nous, la famille, son papa, moi et aussi nos proches,
07:00 on va pouvoir lâcher prise.
07:02 Ça y est, c'est terminé et à la fois extrêmement triste,
07:06 parce que hier soir, j'ai appris que notamment la soeur de ce jeune homme
07:12 subissait des menaces de mort.
07:15 Et c'est ce que je craignais, en fait.
07:18 Je suis une maman qui a perdu un enfant et je pense à ses parents,
07:23 à sa famille qui va subir tout ça.
07:26 Et vraiment, hier, j'étais profondément affectée pour ça,
07:30 parce que c'est tout sauf ce que je souhaite, en fait.
07:33 Je pense qu'il est grand temps que la page se tourne
07:36 et que tout ça s'apaise, en fait.
07:39 Votre témoignage, il est d'une extrême dignité.
07:43 Vous dites "je ne suis pas en colère".
07:45 J'imagine que tous les parents qui nous écoutent se disent
07:48 "s'il m'arrivait ça, je ne serais sans doute pas comme vous l'êtes aujourd'hui".
07:52 Vous attendez, aujourd'hui, j'imagine, que ce jeune homme soit jugé.
07:56 Il y aura un procès.
07:58 Vous redoutez le moment où vous serez face à lui ?
08:01 Je suis extrêmement sereine, en fait, pour ça.
08:06 Mais pour une raison, c'est que je travaille depuis 4 ans et demi
08:10 avec mon psychiatre, le docteur Bardot,
08:13 sans cesse, en fait, sur cet événement.
08:16 Ça a été des phases, hein,
08:18 avec des hauts, mais aussi des très bas.
08:22 Et puis, on a quand même un petit garçon,
08:28 Juliane, qui n'a eu de cesse
08:31 de nous montrer à quel point la vie continue.
08:35 C'est un petit enfant qui est rempli de joie
08:38 et qui fait preuve d'une extrême résilience.
08:41 Et quand, vous savez, quand Tessa est décédée,
08:44 quelques semaines après,
08:46 moi, j'étais en profonde dépression.
08:48 Et ce jour-là, c'était un soir,
08:51 il est venu vers moi et il m'a dit
08:54 "Maman, je sais que Tessa n'est plus là
08:56 et je ne pourrai pas la remplacer,
08:58 mais regarde-moi, moi, je suis en vie."
09:00 Et je crois qu'en fait, ça a été le départ
09:03 d'une prise de conscience qui fait que
09:06 j'ai fait tout ce chemin-là.
09:09 Et puis, à quoi ça me servirait, en fait,
09:12 cette colère ?
09:14 Encore une fois, il s'agit d'un accident.
09:17 Il s'agit d'un accident.
09:20 Et pour ça, je ne peux pas lui...
09:23 Je ne peux pas le mettre en défaut
09:26 plus qu'il ne l'est, parce que je pense
09:28 qu'il subit déjà la peine depuis 4 ans et demi.
09:31 Il a 24 ans.
09:33 24 ans seulement.
09:35 Et vous parlez de votre petit garçon,
09:37 il avait 7 ans au moment du décès.
09:39 C'est ça, tout à fait.
09:41 a dit jeuge.