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Scandale des eaux en bouteille : les Sénateurs menacent Nestlé de poursuites. Écoutez les explications de Alexandre Ouizille, Sénateur PS, rapporteur de la commission d'enquête du Sénat sur la fraude aux eaux minérales.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 21 mars 2025.

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00:00RTL Soir. Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Bonsoir Alexandre Ouisy, vous êtes le sénateur socialiste de l'Oise.
00:07La commission d'enquête sénatoriale sur le scandale de l'eau en bouteille a entendu la présidente de Nestlé cette semaine.
00:13Commission d'enquête mise sur pied après des révélations de nos confrères du Monde, de Radio France et de Mediapart
00:18sur l'utilisation des traitements illégaux par certains industriels dont Nestlé Waters.
00:23Je vous cite sur le réseau social X, des réponses robotiques, des éléments de langage vide, une audition pour rien.
00:30Pourquoi ? Expliquez-nous monsieur le sénateur.
00:32Écoutez, nous on attendait des réponses un peu claires sur ce qui s'est passé depuis des dizaines d'années dans les usines du groupe Nestlé.
00:38Et en face de nous, on a eu quelqu'un qui, je ne sais pas comment le résumer autrement que vous dire, qui a refusé de déposer.
00:44C'est-à-dire que nous avons posé des questions, je n'ai pas été le seul évidemment, moi, le président, les sénateurs et les sénatrices qui étaient présents
00:51et nous n'avons eu aucune réponse aux questions que nous nous posions sur le passé.
00:55Les seules réponses que nous avons eues, c'est j'endosse toute la responsabilité pour moi-même, je n'ai fait aucune enquête interne au sein du groupe
01:02et je n'ai pris aucune sanction de tout ce qui s'est passé.
01:05Donc si vous voulez, il y a eu quelqu'un qui est venu pour nous dire qu'il ne nous parlerait pas du passé, pour nous dire qu'il était disposé à parler de ce qu'ils avaient changé, ça oui.
01:13Mais en revanche, un refus total d'obstacle sur ce qui s'est passé pendant des années.
01:17Or l'objet de cette commission d'enquête, c'est bien sûr de comprendre, de faire la vérité sur cette fraude.
01:21Je rappelle quand même l'estimation de la fraude selon les services de répression des fraudes, c'est 3 milliards d'euros de fraude aux Français.
01:26Donc ça me semble assez important.
01:27C'est faramineux.
01:28C'est tout à fait faramineux.
01:29Nestlé se mûre, en tout cas pour ce qui concerne le passé, dans un silence qui est insupportable pour les membres de la commission d'enquête
01:36et dans le fond, assez incompréhensible pour eux-mêmes.
01:39C'est-à-dire qu'ils ont fauté, ils l'ont dit, mais qu'ils nous expliquent maintenant ce qui s'est véritablement passé.
01:44On ne comprend pas cette volonté d'être une boîte noire.
01:46Alors soyons très précis pour nos auditeurs qui n'ont pas déjà forcément entendu parler de ce scandale.
01:51Que cherche-t-on à savoir et quelles sont vos inquiétudes exactement ?
01:55Alors moi, ce que nous cherchons à savoir aujourd'hui, c'est plusieurs choses dans cette commission d'enquête.
01:59Nous cherchons à savoir quelle a été la durée du scandale chez Nestlé Waters.
02:04Autrement dit, pendant combien de temps et dans quelles usines Nestlé Waters a vendu de l'eau minérale naturelle
02:10alors qu'elle n'était plus naturelle mais filtrée, comme peut l'être l'eau du robinet, par des traitements à UV et par des filtres à charbon ?
02:17C'est ça que nous voulons savoir aujourd'hui, la durée de cette fraude.
02:20Ce que nous pouvons dire, c'est que sur la question sanitaire, il semble que le risque sanitaire ne se soit pas matérialisé.
02:27Mais ce que nous cherchons aussi dans cette commission, c'est remonter les défaillances dans le contrôle public et dans la décision publique
02:34qui ont fait que quand même, Nestlé vient informer l'État en août 2021 des pratiques illégales
02:41et que les Français apprennent la réalité de ces pratiques par voie de presse en janvier 2024.
02:46Pendant tout ce temps-là, alors que l'information est disponible dans les ministères, elle n'est pas partagée avec les Français
02:54et Nestlé d'ailleurs garde ces traitements illégaux dans certaines usines jusqu'en 2023.
02:58Vous voyez, il y a quand même un vrai problème.
03:00Alors, je précise que ça concerne notamment une eau que beaucoup utilisent pour les biberons de nos enfants
03:04et qui a très bonne réputation jusqu'ici, en l'occurrence Épars.
03:07Oui, ça concerne en effet un certain nombre d'eau, ça concerne la marque Perrier qui est une marque aussi bien connue,
03:14ça concerne en effet dans les Vosges, la question d'Épars, tout à fait.
03:17Ce sont bien les traitements qui posent problème ?
03:19Oui, ce sont en effet les traitements qui posent problème.
03:21Alors, ces traitements, ils ont été retirés entre 2022 et 2023, mais on n'est quand même pas au bout de notre histoire
03:28parce qu'ils ont été retirés et remplacés par des traitements qui, aux yeux de la réglementation, sont là encore litigieux.
03:35Et le préfet d'ailleurs des Vosges a enjoint Nestlé à prouver que ces traitements ne constituaient pas...
03:41Et Nestlé doit prouver que ces traitements ne constituent pas une désinfection
03:45parce qu'en effet, l'eau minérale naturelle, elle doit être naturellement bonne, elle doit être pure originellement.
03:51S'il s'agit de restaurer de l'eau, on est dans quelque chose de totalement différent.
03:54Or, les Français, s'ils payent 120 fois le prix de l'eau du robinet, ces eaux minérales naturelles,
03:59c'est parce qu'ils attendent un certain standard de minéralité et de naturalité.
04:03Mais bien sûr, ce que vous nous dites là, les auditeurs qui vous écoutent doivent être stupéfaits
04:07parce que justement, ils achètent à des prix de plus en plus importants cette eau
04:11en pensant qu'elle est parfaitement minérale au sens premier du terme,
04:14c'est-à-dire que c'est l'eau telle qu'elle coule et qu'elle est parfaite comme ça.
04:17Ça n'est pas le cas.
04:18Sur le minéral, c'est toujours de l'eau minérale, elle contient des minéraux,
04:21sur le caractère naturel, en effet, là, on a vraiment le sujet parce qu'en effet,
04:25dans un certain nombre de cas, pendant des années,
04:28elle a été filtrée avec des filtres interdits pour les eaux minérales naturelles
04:31et qui sont réservés à l'eau du robinet, pour le dire très clairement et très nettement.
04:35J'ai bien compris que d'autres eaux et d'autres groupes sont le collimateur aussi ?
04:39En tout cas, nous, notre commission d'enquête, elle porte sur tout le secteur
04:43parce qu'on a aussi envie de dire aux Français, les rassurer dans un certain nombre de cas,
04:47on a envie de pouvoir leur dire, vous avez quand même un certain nombre de marques
04:50qui ont l'air de faire le boulot.
04:52Donc, en effet, dans le giron de la justice, il y a le groupe Alma,
04:55il y a une enquête judiciaire qui est en cours, je ne la commande pas,
04:58et on verra bien où est-ce qu'elle mène.
05:00Il y a d'ailleurs aussi une enquête judiciaire qui est désormais en cours
05:03chez Nestlé pour la partie Occitanie.
05:05Donc, il faut que la justice, elle aussi, aille au bout du chemin.
05:08Mais, en tout cas, pour ce qui concerne le consommateur,
05:10il semble important qu'on comprenne ce qui s'est passé.
05:13Et moi, ce qui m'inquiète le plus, si vous voulez,
05:15c'est que quand j'entends une directrice, la présidente de Nestlé Water, qui dit
05:18« il n'y a eu aucune sanction, on a fait l'OMERTA »,
05:21quelque part, je me dis qu'il n'y a eu aucune manière de tirer les conséquences
05:24de ce qui s'est passé.
05:25Si on se dit « c'est possible de faire, personne n'est sanctionné,
05:28on n'en tire pas des leçons, on n'est pas capable de dire
05:31devant des sénateurs et devant la représentation nationale
05:33« voilà ce qui s'est passé », ça m'inquiète pour l'avenir, vous voyez ?
05:36Et c'est ça que je ne veux pas.
05:37– Pensez-vous qu'il est nécessaire de saisir la justice ?
05:39À moins, d'ailleurs, que ça ne soit déjà fait.
05:41– La justice, elle a été saisie par Foodwatch sur ce qui concerne l'Occitanie.
05:45Pour ce qui concerne les Vosges, il y a eu ce qu'on appelle
05:48une convention judiciaire d'intérêt public.
05:50Bref, c'est quelque chose qui est homologué par le juge
05:53et qui a éteint les poursuites.
05:56C'est une convention où Nestlé a été amené à payer 2 millions d'euros
05:59dans les Vosges.
06:00Et pour ce qui est, je vous disais, de source Alma,
06:03là, il y a une enquête judiciaire qui est aussi en cours.
06:05Donc là, pour le coup, il y a un principe de séparation des pouvoirs,
06:08je ne commande pas ces choses-là, notamment parce que
06:10ma commission d'enquête est, elle aussi, en cours.
06:12– Est-ce que vous allez poursuivre la directrice de Nestlé pour parjure ?
06:15– Alors, le motif, ce ne serait pas parjure.
06:18La question, c'est le refus de déposer.
06:21C'est une décision que je dois prendre avec le président de la commission,
06:24le président burgois.
06:26C'est une possibilité que nous avons sur la table.
06:29Nous avons aussi d'autres possibilités sur la table.
06:31C'est de dire, écoutez, si vous, vous ne répondez pas,
06:34on va auditionner d'autres personnes de chez Nestlé.
06:36Parce que si, finalement, on avait eu des réponses,
06:38on aurait pu se dire quitus sur un certain nombre de sujets.
06:41Là, ça nous donne envie d'aller creuser le sujet,
06:43d'aller interroger d'autres personnes
06:45pour pouvoir aller au bout de la vérité.
06:47Donc, on a évidemment ce point-là.
06:49Et puis, côté administration et côté politique,
06:51dans les semaines qui arrivent, on va auditionner
06:53un certain nombre de ministres qui étaient en fonction
06:56à la fois du côté industrie et à la fois du côté santé.
06:59– Si je vous invite ce soir à dîner chez moi,
07:01vous préférez que je vous donne un verre des parts
07:03ou que je vous serve un verre d'eau du robinet ?
07:05– Allons-y pour l'eau du robinet pour ce soir, si vous le voulez bien.
07:09Non, pour dire la vérité, je ne suis pas inquiet
07:11si vous me servez un verre des parts.
07:13Je ne suis pas inquiet pour ma santé.
07:15J'ai moi-même d'ailleurs bu à l'origine,
07:17quand j'ai été faire le test supérieur pour les challenger,
07:19les tester un peu, j'ai demandé à boire l'eau
07:21à l'origine et à la source. Il ne m'est rien arrivé.
07:23En revanche, je considère que le fait que des gens
07:27aient été fraudés pendant des dizaines d'années,
07:29ça pose un sujet, et ça pose un sujet pour l'avenir.
07:32Et on est quand même sur un groupe, je le rappelle,
07:34précédent très grave.
07:36Nestlé, c'est Buitoni. Buitoni, c'est des morts.
07:39Donc moi, je ne veux pas laisser passer ça.
07:41Et je veux qu'on puisse aller au bout de la vérité
07:43pour que les Français puissent avoir confiance
07:45dans l'eau qu'ils boivent. D'autant que moi,
07:47je suis jeune sénateur, jeune père de famille,
07:49et on me conseille de donner de l'eau minérale naturelle
07:52à mes enfants. J'ai envie de le faire en toute quiétude
07:54et en toute tranquillité.
07:55– Vous avez été parfaitement clair.
07:56Merci infiniment, sénateur Alexandre Ouisy,
07:59sénateur socialiste de l'Oise.
08:01Bonne soirée et bon travail à vous.
08:03– Au revoir.
08:04– Il est 18h25, le sceau Hermès et ses magnifiques chevaux
08:07sont de retour au Grand Palais.
08:08Trois jours de compétition équestre ce week-end,
08:11sous les derrières d'un lieu magique à Paris.
08:13On vous y emmène au trot que dit Joe Gallo
08:15dans RTL Inside.
08:16Rendez-vous dans moins de dix minutes.
08:19– RTL Soir.
08:21– Yves Calvi et Agnès Bonfort.

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