Journée de mobilisation demain, CDI senior, assurance-chômage... Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, est l'invitée de Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL du 18 mars 2024 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43 à la veille de la mobilisation des fonctionnaires et alors que le gouvernement veut rogner sur l'assurance chômage
00:13 Amandine Bégaud vous recevez ce matin d'un secrétaire général de la CFDT Marie-Lise Léon.
00:16 Il faut continuer à réformer l'assurance chômage pour réduire nos déficits, ça c'est ce que nous disait Gabriel Attal ici même sur RTL fin février hier.
00:24 Dans une interview au journal du dimanche Bruno Le Maire a, si j'ose dire, enfoncé le clou.
00:28 "Nous avons encore", dit le ministre de l'économie, "une durée d'indemnisation parmi les plus généreuses d'Europe".
00:34 Marie-Lise Léon êtes-vous prête à discuter de ça ou vous dites non d'emblée ?
00:37 La question c'est de savoir quel est l'objectif de cette réforme de l'assurance chômage et le gouvernement est très clair c'est une pure question budgétaire.
00:45 Donc moi mon rôle en tant qu'organisation syndicale c'est défendre les travailleurs, les salariés, les chômeurs pour qu'ils retrouvent le plus
00:51 rapidement possible un emploi et c'est certainement pas en baissant soit la durée soit le montant des allocations
00:57 qu'on aura de meilleurs résultats. Donc vous dites on ne touche ni à la durée ni au montant ?
01:01 Ils ont la mémoire courte ces représentants du gouvernement.
01:04 Enfin si je puis me permettre on a négocié un accord en fin d'année 2023, on est en train de le finaliser parce qu'il y a un lien avec l'emploi des seniors.
01:11 Laissez-nous terminer de négocier avant même de regarder
01:16 deux à deux, trois, quatre mois pour essayer de récupérer encore des milliards d'euros dans les caisses de l'Unidic. C'est pas fait pour ça.
01:23 Sauf que Bruno Le Maire le rappelle, les caisses sont vides, on peut pas continuer comme ça. Concrètement qu'est-ce qu'on fait ?
01:29 Regardons du côté des dépenses, des aides qui sont faites par exemple auprès des entreprises. Vous avez aujourd'hui
01:35 50 milliards d'euros qui vont être
01:38 10 milliards d'euros pardon, qui vont être attribués à
01:40 10 entreprises, 10 sites électro-intensifs qui vont devoir s'adapter à la transition écologique.
01:47 Il n'y a quasiment aucune conditionnalité sociale. Quels sont les types d'emplois, la qualité des emplois qui vont être
01:53 développés dans ces sites ? Nous demandons à ce qu'il y ait un minima,
01:57 une évaluation, un contrôle. C'est-à-dire qu'aujourd'hui on dit il faut durcir les droits pour les chômeurs et on donne des chèques aux entreprises
02:04 sans même vérifier un minimum d'éléments, notamment en termes d'emploi. Et je pense que c'est
02:10 important dans une démocratie qu'il y ait ce type d'évaluation.
02:15 Durcir les droits des chômeurs, pourquoi pas si jamais on durcissait les règles pour les entreprises ou pas ?
02:21 Non, non, et en plus on a un gouvernement qui est formidable, qui nous explique il y a
02:25 huit mois qu'il faut baisser les droits des chômeurs parce que la conjoncture est favorable.
02:30 Aujourd'hui il nous explique qu'il faut baisser les droits des chômeurs parce que la conjoncture se dégrade, c'est-à-dire qu'ils sont totalement
02:36 incapables d'être cohérents. Ils n'ont qu'une idée en tête, c'est prendre l'argent qui est
02:42 à l'unédic et nous on leur explique que cet argent il est fait pour les chômeurs, pour leur permettre d'être dans de bonnes conditions
02:48 pour retrouver un emploi le plus rapidement possible et donc que ça n'est pas fait pour combler des déficits
02:55 dont ce gouvernement est responsable puisque ça fait sept ans qu'il est au pouvoir.
03:01 Sauf que cet argent il faut bien le trouver quelque part.
03:03 Vous vous fléchez sur les entreprises.
03:06 Mais si on arrête ce qu'on fait pour les entreprises, peut-être qu'elles n'embaucheront plus.
03:10 Regardons ce qui se passe du côté des entreprises,
03:12 regardons ce qui se passe aussi en termes d'autres recettes. Nous on est prêts et je pense que
03:17 vu la situation actuelle
03:20 il faut pouvoir remettre les choses à plat. Lorsqu'on dit qu'il y a des problèmes de déficit public,
03:25 il faut regarder quels sont les types de dépenses, quels sont les types de recettes et nous en appelons
03:30 au gouvernement de réunir organisation syndicale, organisation patronale, gouvernement
03:35 pour une conférence des dépenses publiques, des finances publiques pour remettre tout ça à plat et se dire où peuvent être faits
03:43 les efforts. Il y en a probablement qui peuvent être faits.
03:45 Il y en a probablement des deux côtés on est d'accord.
03:47 Bien sûr, bien sûr. Sauf que c'est pas en agissant par décret, en disant de façon totalement arbitraire
03:52 le budget travail-emploi devra être amputé de 1,1 milliard d'euros
03:57 et débrouillez-vous que l'on fait les bons choix. Il faut que ça puisse être
04:01 discuté et puis que l'ensemble des choses soit sur la table.
04:04 Mais c'est quoi ? Du bidouillage, un manque d'anticipation ? Comment vous voyez les choses ?
04:08 Je...
04:09 Alors je pense que l'inversion de la conjoncture rapide n'a pas été anticipée et je pense qu'on a...
04:16 on est oui dans une forme de bricolage. On bricole des économies
04:22 en disant cette année ça sera 10 milliards d'euros d'économies, l'année prochaine ça sera 20 milliards, sans savoir quels sont véritablement
04:30 d'avoir une vision globale.
04:32 Ça fait un peu amateur, non ?
04:34 C'est très techno en fait. C'est très techno, tout est regardé au prisme d'un tableur Excel.
04:40 Nous on a cette finesse de connaissance de ce qu'est la réalité de l'assurance chômage, par exemple pour les personnes
04:46 qui sont en recherche d'emploi. Ça n'est pas un choix et donc laisser ces moyens financiers
04:52 auprès des chômeurs pour qu'ils puissent retrouver
04:55 un travail le plus vite possible.
04:57 Plus globalement, Bruno Le Maire appelle à un changement drastique de notre modèle de financement social.
05:01 Nous devons, dit-il, remplacer l'état providence par l'état protecteur et il ajoute que les salariés ne peuvent plus aujourd'hui être les seuls financeurs du modèle social.
05:08 Que lui répondez-vous ?
05:09 Je lui dis "ok, regardons ce qui se passe du côté du capital". Moi je suis tout à fait favorable et donc
05:14 allons... mettons-nous autour d'une table pour regarder cette question et balayons large capital-travail et ayons ces échanges
05:23 avant de prendre des décisions totalement arbitraires.
05:26 Quand il dit "il faut mettre fin à la gratuité de tout pour tous", vous dites "ok" aussi ?
05:30 C'est pas tout à fait...
05:33 Gratuité de tous pour tous, je suis pas tout à fait... je sais pas trop ce que ça englobe.
05:38 Mais c'est important de différencier ce qui est de l'assurance. L'assurance chômage, c'est une assurance.
05:42 De ce qui est de la solidarité nationale
05:45 et donc de remettre à plat ces éléments-là, ça me semble effectivement important.
05:49 Marie-Lise, on sait dans ce contexte que les fonctionnaires sont appelés à descendre dans la rue demain,
05:53 mobilisation à l'appel de l'ensemble des syndicats sur la question des salaires. Très concrètement, que demandez-vous ?
05:58 On demande une augmentation, des augmentations générales et on demande surtout des vraies négociations aujourd'hui.
06:04 Alors, on a eu un gouvernement qui s'est mis en place en plusieurs étapes, on a perdu deux mois extrêmement précieux.
06:11 Les fonctionnaires, quel que soit le versant, ont eu des augmentations salariales en 2022, en 2023,
06:17 largement inférieures à l'inflation. Sauf que le gouvernement dit qu'il y a près de 14 milliards d'euros qui ont été dépensés pour les fonctionnaires depuis 2022.
06:24 14 milliards, c'est pas rien, plus de 9 milliards.
06:26 Mais qu'est-ce que ça englobe ?
06:28 C'est exactement ce que je vous disais sur des éléments extrêmement macros.
06:32 Quand on parle aux travailleurs, aux agents des fonctions publiques,
06:35 on parle d'euros à un euro, voire même pour certains à des centimes d'euros et nous jeter comme ça
06:43 des chiffres de milliards d'euros, ça ne veut rien dire à échelle
06:47 d'hommes et de femmes. Et donc, moi je vous dis, un fonctionnaire qui a subi l'inflation à hauteur de 5,2
06:55 en 2022, il n'a eu que trois et demi d'augmentation. Donc, il a perdu en pouvoir d'achat. C'est ça qui est important.
07:01 Sauf que sur 10 ans, le gouvernement dit que le pouvoir d'achat des fonctionnaires a progressé entre 20 et 34 % en 10 ans.
07:06 C'est pas rien, on ne peut pas dire que le gouvernement ne fait rien pour les fonctionnaires.
07:10 Vous avez une augmentation de l'inflation du prix de l'alimentation de 22 % en deux ans.
07:16 Aujourd'hui, il y a des fonctionnaires qui ont du mal à boucler les fins de mois.
07:20 Donc, il y a 10 %, 500 000 fonctionnaires qui gagnent moins de 1 508 euros net par mois.
07:27 Donc, ils sont directement frappés par l'inflation, il faut qu'ils puissent vivre de leur travail.
07:33 Et quand la CFDT dit qu'il faut de véritables négociations,
07:37 tout ne se résume pas aux rémunérations, bien entendu qu'il y a la question du point d'indice.
07:43 Il y a également la question des conditions de travail, la question des perspectives, de carrière,
07:48 comment on donne envie à des personnes qui ne sont pas dans la fonction publique de rejoindre la fonction publique.
07:55 Aujourd'hui, il y a un véritable problème d'attractivité.
07:58 C'est une question de salaire, c'est aussi une question de conditions de travail, de perspectives professionnelles,
08:03 de pouvoir se former tout au long de sa vie, et ça, ça nécessite des véritables négociations.
08:07 Donc, j'en appelle à ce qu'elle puisse s'ouvrir le plus vite possible.
08:11 On sera dans la rue demain pour mobiliser l'ensemble des fonctionnaires et des personnes qui veulent les soutenir.
08:16 Et puis, on en attend vraiment de véritables négociations.
08:19 - Et s'il ne se passe rien, qu'est-ce qui se passera ?
08:21 - On verra demain.
08:22 - Les grèves pendant les JO, vous restez sur votre position ? Pour l'instant, il en est pas question ?
08:27 - Là, il n'est pas question de JO, il est question du pouvoir d'achat des fonctionnaires.
08:30 Donc, nous poursuivons cet objectif des augmentations pour que 2024 ne soit pas une année blanche.
08:36 Ça, c'est l'objectif de la CFDT.
08:37 - Sauf que la CGT et l'EFO, par exemple, ont déjà déposé des prémices. C'est une erreur ou pas ?
08:41 - Nous, la CFDT, on a fait le choix du jeu de la négociation.
08:44 On pose une journée, nous sommes en grève demain, nous soutenons les fonctionnaires,
08:49 nous demandons l'ouverture d'une négociation, on verra après-demain ce qu'il en est.
08:53 - Mais vous ne l'excluez pas ?
08:55 - Rien n'est jamais exclu. À ce stade, cette question n'est pas posée.
08:59 Merci beaucoup.
09:01 [SILENCE]