Les invités de Laurence Ferrari débattent de l'actualité dans #Punchline du lundi au jeudi.
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00:00:00 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes, bienvenue dans Punchline.
00:00:03 Ce soir sur CNews, la mobilisation contre la réforme des retraites peut-elle se renforcer lors des deux prochaines manifestations des 7 et 11 février prochain ?
00:00:11 C'est ce qu'espèrent les syndicats qui maintiennent la pression sur Elisabeth Borne.
00:00:14 La question d'un référendum sur la réforme est évoquée à l'Assemblée nationale.
00:00:18 On entendra la réponse des Français ou vous dites oui à un référendum ?
00:00:21 Autre sujet aujourd'hui dans l'actualité, le projet de loi sur l'immigration qui a été présenté au Conseil des ministres
00:00:26 avec toujours la question de la régularisation des travailleurs sans papier dans les métiers en tension.
00:00:31 Là aussi, selon un sondage CSA pour CNews, 62% des Français sont favorables à un référendum pour donner leur avis, redonner la parole au peuple.
00:00:41 C'est ce que nous disent les Français. Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, reconnaît la situation de la France sur le plan migratoire et préoccupante.
00:00:48 Voilà pour nos débats, on y vient dans un instant juste après le rappel des titres de l'actualité puisqu'il est 17h avec Adrien Spiteri.
00:00:56 [Générique]
00:01:01 Une cellule d'Europe Écologie-Les Verts clôt le dossier.
00:01:04 Julien Bayou, faute d'avoir pu mener à bien son enquête, le député est accusé par une ex-compagne de violence psychologique.
00:01:12 En septembre dernier, le député avait dû se mettre en retrait de son poste de secrétaire national du parti.
00:01:19 Le gouvernement veut aller au bout de sa réforme des retraites.
00:01:22 Elisabeth Borne maintient le cap. La première ministre dit comprendre les interrogations et les doutes au lendemain d'une journée de mobilisation.
00:01:30 Hier, 1 270 000 personnes ont manifesté dans le pays, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.
00:01:38 Le procès d'un vaste trafic de cocaïne dans le port du Havre s'est ouvert aujourd'hui.
00:01:43 En 2017, 1,3 tonnes de cocaïne avaient été saisies avec 445 kilos de résine de cannabis.
00:01:50 Six hommes sont devant la cour d'assises de Douai. Trois d'entre eux contestent leur rôle de leader dans cette affaire.
00:01:57 Et puis, deuxième jour de visite en République démocratique du Congo pour le pape François à Kinshasa.
00:02:03 Plus d'un million de personnes se sont rassemblées pour une messe.
00:02:06 Le souverain pontife a plaidé en faveur de la paix dans un pays déchiré par la violence.
00:02:11 Merci beaucoup Adrien Spiterri pour ce rappel des titres de l'actualité.
00:02:15 Retraite le jour d'après. On en débat ce soir avec Karim Zarrabi, consulat de Tense News. Bonsoir Karim.
00:02:19 Bonsoir Laurence.
00:02:20 Joseph Macézcaron, écrivain. Bonsoir.
00:02:22 Bonsoir Laurence.
00:02:23 Qui revient en pleine forme. Geoffroy Lejeune est là, directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles.
00:02:26 Bonsoir Laurence.
00:02:27 Eric Revelle, journaliste. Bonsoir.
00:02:29 Vous avez manifesté hier Eric ?
00:02:30 Non, j'étais pas là mais je manifestais pas.
00:02:32 Bon très bien. En tout cas il y avait du monde dans la rue.
00:02:34 Mais la question est bonne.
00:02:35 Vrai succès populaire pour les manifs hier. Les syndicats ont annoncé avoir rassemblé plus de 2 millions de personnes.
00:02:41 Les estimations officielles sont un petit peu en dessous. Mais c'est clair que c'était un mouvement assez fort avec de l'ampleur.
00:02:48 Pour les syndicats, l'objectif c'est donc la prochaine manifestation. On fait le point avec Valentine Leboeuf et puis je vous passe la parole.
00:02:54 Objectif des syndicats, faire aussi bien qu'hier, voire mieux, les 7 et 11 février prochains.
00:03:01 Rien ne justifie une réforme aussi injuste et brutale. Le gouvernement doit entendre le rejet massif de ce projet et le retirer.
00:03:07 L'intersyndical espère un nouveau succès et appelle la population à se mobiliser massivement. Les manifestants sont eux aussi déterminés.
00:03:15 Tant que ça bouge pas, oui, on sera là.
00:03:17 Bien sûr qu'on va redescendre parce que c'est un projet qui est injuste, qui est raciste, qui est inégalitaire, qui est antiféministe.
00:03:24 Donc tant qu'on y retirera pas le projet, on va essayer de motiver, on va essayer de dynamiser et je pense que de toute façon on a l'opinion qui est derrière nous.
00:03:32 Aujourd'hui on a la possibilité de nous de partir à 57 ans. Avec le nouveau système on partira à 59 ans.
00:03:39 Comment voulez-vous qu'une personne qui soit dans notre institution chez les pompiers puisse monter à la grande échelle à 59 ans ?
00:03:46 Puisse aller au 10ème étage faire un feu d'appartement, secourir des personnes à 59 ans ? C'est pas possible, c'est épuisant.
00:03:53 L'intersyndical appelle à multiplier les actions partout en France avant la grève de mardi prochain.
00:03:59 Voilà, on voit bien que la pression monte sur le gouvernement. La mobilisation populaire c'est un succès, les syndicats on le voit en poupe.
00:04:07 Et puis il y a le gouvernement qui se crispe, évidemment. Comment est-ce que ça peut avancer tout ça ?
00:04:12 Moi depuis le début je pense qu'il n'y a pas de bonne solution. C'est-à-dire qu'on est dans un dialogue de sourds absolu entre l'opinion et le gouvernement
00:04:19 qui ne peut pas donner l'impression qu'il recule pour des raisons politiques.
00:04:23 Moi ce qui m'inquiéterait à la place du gouvernement, c'est pas tellement l'ampleur de la mobilisation,
00:04:28 parce que vous pouvez en représentant pas grand monde dans le pays mettre un million de personnes dans la rue.
00:04:31 Alors ça n'arrive jamais, je suis d'accord, mais ce que je veux dire c'est qu'un million de personnes en soi ne peut ne pas représenter l'opinion.
00:04:36 Ce qui m'inquiéterait à leur place c'est la nature de la mobilisation, qui n'est pas une mobilisation exclusivement syndicale,
00:04:42 exclusivement politique, ni politicienne, ni même, c'est pas un coup de force de la France Insoumise ou de la CGT.
00:04:48 C'est la nature de la mobilisation, elle est beaucoup plus disparate sociologiquement, géographiquement,
00:04:53 c'est-à-dire qu'on voit de moins en moins un mouvement urbain par exemple, en tout cas ce sont des petites villes qui sont concernées.
00:04:57 Beaucoup de petites villes, les petites préfectures, vraiment.
00:04:59 Et donc je pense que c'est en train de devenir un mouvement qui peut être comparé, même si comparaison n'est pas toujours raison,
00:05:04 mais qui peut être comparé à celui des Gilets jaunes, c'est-à-dire qu'un mouvement qui avait persisté dans l'opinion,
00:05:08 le soutien avait persisté, parce qu'en réalité beaucoup de gens se retrouvaient au-delà du rond-point et du gilet jaune dans cette mobilisation.
00:05:14 Moi au fond ce que je pense c'est que, vous savez on cite très souvent, à bon escient d'ailleurs,
00:05:19 la formule de Pompidou "arrêter d'emmerder les français", je pense que c'est une réforme qui emmerde les français, pour les mêmes raisons.
00:05:23 Pourquoi est-ce qu'il faudrait qu'on travaille plus maintenant, on n'est pas responsable de tout non plus,
00:05:26 et que beaucoup de gens se retrouvent là-dedans, et donc ça c'est dévastateur pour le gouvernement.
00:05:30 Éric Revelle, avec un pays qui est groggy, qui a subi la pandémie, qui a subi le choc infragénue, la crise énergétique,
00:05:37 et qui subit maintenant cette réforme des retraites ?
00:05:40 Oui, et qui va subir une augmentation de 15% des tarifs d'électricité pour le mois prochain,
00:05:45 donc c'est vrai que tout ça s'additionne, c'est terrible, mais pour étoffer le propos de Geoffroy,
00:05:51 moi ce qui m'a frappé hier, c'est la plus faible mobilisation, notamment dans l'éducation nationale, vous l'avez vu,
00:05:57 on parle de 50%, et pourtant plus de monde dans la rue.
00:06:01 Donc ça prouve bien que ce n'est pas forcément des gens syndiqués qui sont venus défiler,
00:06:05 et que peut-être que le peuple français est en train de descendre dans la rue, hors cadre syndical.
00:06:11 Alors ce n'est pas pour minimiser le rôle des syndicats que je dis ça,
00:06:14 mais c'est pour apporter, s'il en avait besoin, un peu d'eau au moulin de Geoffroy,
00:06:18 parce qu'en réalité, on voit bien que ce mouvement, s'il s'enracine,
00:06:22 même si je pense que peut-être je prends un risque, la manifestation, la mobilisation,
00:06:27 a atteint une sorte de pic, à mon sens, mais que si ce mouvement s'enracine,
00:06:32 et bien en fait, c'est un mouvement qui devient populaire,
00:06:35 des gens qui ne sont pas syndiqués, qui n'ont pas l'habitude de manifester,
00:06:39 qui maintenant vont dans les rues, y compris les fameuses villes moyennes,
00:06:44 les villes en région, qui n'avaient pas l'habitude de voir de tels cortèges,
00:06:48 donc ça prouve bien qu'il est en train de se passer, à mon sens, quelque chose.
00:06:51 - Et M. Zérébi, encore une fois, avec ce soutien à la population,
00:06:54 qui croissant à la contestation de cette réforme ?
00:06:57 On le voit dans les sondages, chaque jour, ça monte un petit peu.
00:06:59 - Il y a une mobilisation qui ne faiblit pas, bien au contraire.
00:07:02 Moi, je dirais que c'est un mouvement des Gilets jaunes, mieux encadré, mieux structuré.
00:07:06 Même si, effectivement, il n'y a pas de...
00:07:09 - Parce que les syndicats sont à la manœuvre, quand même.
00:07:11 - Parce qu'ils sont à la manœuvre, en termes d'encadrement et d'organisation,
00:07:14 donc c'est mieux structuré, mieux organisé.
00:07:16 Des familles, des femmes et des hommes qui ont peur des violences
00:07:20 sont plus sécurisés dans ce contexte-là,
00:07:23 donc n'hésitons pas à aller manifester.
00:07:26 Je pense que s'ils choisissent un samedi, ils risquent d'exploser les compteurs.
00:07:30 Un samedi, le mouvement sera plus populaire, parce qu'il ne pénalisera pas.
00:07:34 Exactement. Sur les deux prochaines journées de grève,
00:07:37 il y en a une qui est en semaine, mais une qui est le samedi.
00:07:40 Et ça ne sera pas un jour perdu, sur le plan salarial, par les grévistes.
00:07:46 Force est de constater que dans ce contexte d'inflation,
00:07:49 il y a énormément de salariés, peut-être, qui ne font pas grève,
00:07:51 alors qu'ils sont en désaccord avec cette réforme qu'ils trouvent injuste,
00:07:55 ils sont en colère, mais la fin du mois est difficile.
00:07:58 Donc tout le monde ne peut pas se permettre de perdre un jour de salaire,
00:08:01 par les temps qui courent.
00:08:03 Mais si la grève a lieu le samedi, elle sera populaire,
00:08:05 parce qu'elle ne gênera pas les Françaises et les Français dans leurs déplacements,
00:08:08 en tout cas beaucoup moins,
00:08:10 et elle mobilisera plus, parce que les salariés ne perdront pas d'argent.
00:08:13 Je pense que le gouvernement a du souci à se faire,
00:08:15 donc on est loin, loin, loin, je dirais, d'un faiblissement de la mobilisation.
00:08:19 Joseph Macéz-Caron, c'est malin de faire un jour de manif un samedi,
00:08:23 pour que les familles puissent venir, pour que les gens déprimés
00:08:26 qui ne peuvent pas prendre un jour en semaine puissent venir.
00:08:29 Bien sûr, ce qu'a dit Karim est très juste,
00:08:31 et en plus, je reviens en effet sur la question des villes moyennes,
00:08:35 je l'ai déjà dit, mais je le redis,
00:08:38 dans des villes, moi je pense par exemple à Saumur, qui a 27 000 habitants,
00:08:41 vous aviez entre 2500 et 3000 personnes qui ont manifesté la dernière fois dans la rue.
00:08:45 Et Saumur n'étant pas une ville reconnue comme particulièrement "de gauche" ou syndicale,
00:08:52 et ça, alors là, pour le coup, plus que la question des Gilets jaunes,
00:08:56 moi ça me ramène, c'est un peu vieux ici,
00:08:58 à décembre 1995, où on avait vu un mouvement extrêmement fort en province,
00:09:04 les plus grandes manifestations, le plus grand nombre, en décembre 1995,
00:09:08 tu t'en souviens, c'était en province, c'était pas à Paris,
00:09:11 c'était pas dans les grandes métropoles. Donc ça, c'est le premier point.
00:09:14 Le deuxième point, bien sûr, il y a autre chose que les syndicalistes,
00:09:20 mais il y a quand même d'abord le retour des syndicats,
00:09:24 que cela plaise ou pas, il y a le retour des syndicats,
00:09:26 et plus explicitement, il y a à leur tête Berger.
00:09:31 Et ça, c'est quand même, c'est pas Martinez qui est à la tête,
00:09:35 c'est Laurent Berger, c'est très net, c'est très net.
00:09:38 Et quand vous entendez, moi, ce qui me frappe, les entretiens qu'on peut avoir
00:09:41 ici sur CNews, des personnes de Sudrail, des cheminots et tout,
00:09:45 la petite musique que vous entendez, elle est plus proche de celle de Laurent Berger,
00:09:49 ce qui est étonnant pour des personnes qui représentent Sudrail.
00:09:52 Donc oui, il y a quelque chose qui est particulier.
00:09:55 On n'est pas dans ce que souhaite, justement,
00:09:58 c'est pour ça que le mot de bordélisation d'Armanin n'était pas juste,
00:10:03 c'était très politique, il fait de la politique, il sait le faire,
00:10:06 c'est normal, il est dans son rôle, mais c'est pas juste,
00:10:09 parce qu'on n'est pas dans la convergence des luttes
00:10:12 que souhaiterait la France insoumise.
00:10:14 C'est-à-dire que vous regardez bien les cortèges,
00:10:16 les cortèges, c'est un peu différent de ceux des gilets jaunes, sociologiquement.
00:10:20 C'est très organisé, Joseph.
00:10:23 Il n'y a pas beaucoup de jeunes, des lycéens, etc.
00:10:26 Il n'y a pas beaucoup non plus de personnes de jeunes issues de banlieue,
00:10:29 donc il n'y a pas cette convergence des luttes que souhaiterait la France insoumise.
00:10:33 Donc il y a quelque chose qui est particulier,
00:10:36 qui donc est fait pour durer.
00:10:38 Il y a une ligne Berger qui, pour l'instant, dure.
00:10:41 Je rappelle quand même que ce front syndical va,
00:10:44 ce qui est quand même étonnant, c'est une première,
00:10:46 va de l'enseignement catholique à Sudrail.
00:10:48 Quand on fait vraiment attention...
00:10:50 Et à peu près sur les mêmes positions.
00:10:52 Exactement, c'est mon position.
00:10:54 Donc oui, là il y a quelque chose qui, du point de vue,
00:10:57 quand on s'intéresse à l'histoire des mouvements sociaux,
00:11:00 il y a quelque chose d'original qui est en train de se faire.
00:11:02 On va juste écouter Elisabeth Borne, la première ministre a été interrogée au Sénat.
00:11:04 On sent que la tension monte, c'est ce que je vous disais,
00:11:07 il y a beaucoup d'agacement dans sa réponse.
00:11:09 Elle répond à un socialiste, Patrick Cannaire,
00:11:11 qui l'interpelle, son ancienne famille politique.
00:11:13 Écoutez la réponse, puis après on va voir avec Florian Tardif
00:11:15 comment le gouvernement est en train de réagir.
00:11:18 Ce dont nous avons discuté avec les organisations patronales,
00:11:22 avec les organisations syndicales,
00:11:24 avec les différents groupes parlementaires,
00:11:26 c'est d'assurer l'avenir de notre système de retraite par répartition
00:11:31 en travaillant progressivement plus longtemps.
00:11:34 C'est ce qu'ont fait tous nos voisins européens,
00:11:36 c'est aussi le choix que des majorités de droite et de gauche ont fait avant nous.
00:11:41 Et je mesure ce que cela représente pour beaucoup de Français.
00:11:44 Et je sais que nous ne sommes pas tous égaux devant le travail.
00:11:48 C'est pourquoi nous avons veillé à répartir le plus équitablement possible l'effort,
00:11:53 notamment en tenant compte de la situation de ceux qui ont commencé à travailler tôt
00:11:57 ou qui ont des métiers difficiles.
00:11:59 Et je veux souligner aussi, désormais,
00:12:02 les femmes partiront en moyenne plus tôt à la retraite que les hommes,
00:12:06 alors que c'est le contraire aujourd'hui.
00:12:08 Enfin, cette réforme permettra d'augmenter les plus petites pensions
00:12:13 des futurs retraités comme des retraités actuels.
00:12:16 Nous pourrions peut-être au moins nous retrouver sur ce point.
00:12:19 Bien sûr, nous entendons les inquiétudes et les doutes.
00:12:23 Nous sommes prêts à enrichir le texte,
00:12:25 et je ne doute pas que le Parlement y contribuera.
00:12:28 Voilà pour Elisabeth Borne.
00:12:30 Florian Tardif, vous étiez avec nous du service politique de CNews.
00:12:33 Est-ce que le gouvernement est en train d'essayer d'enjamber ces manifestations
00:12:36 et de dire "quoi qu'il arrive, on la fera adopter cette réforme,
00:12:40 cause toujours, il n'y a rien à voir".
00:12:42 Oui, c'est la fameuse formule d'Elisabeth Borne justement.
00:12:44 64 ans, c'est non négociable, pour reprendre les propos qu'elle a tenus récemment.
00:12:48 Après, vous le savez, Laurence, en politique,
00:12:51 il y a toujours le discours "in" et le discours "off",
00:12:53 c'est-à-dire les propos officiels,
00:12:55 comme on vient de l'entendre de la Première Ministre au Sénat,
00:12:58 qui répondait alors au président Cannaire,
00:13:01 et le sentiment que l'exécutif a en coulisses.
00:13:05 Le discours "in", concernant ce dernier, il a légèrement évolué ces derniers jours.
00:13:09 Et d'ailleurs, on l'assume au sein des membres du gouvernement.
00:13:12 Vous savez, le triptyque avancé par Elisabeth Borne,
00:13:15 lorsqu'elle a présenté cette réforme des retraites,
00:13:17 était "justice, équilibre, progrès".
00:13:20 Voici comment on présentait la réforme il y a moins d'un mois.
00:13:24 Ce triptyque a laissé place aujourd'hui à "effort",
00:13:27 on vient de l'entendre dans la bouche de la Première Ministre,
00:13:29 "indispensable" et "adapté".
00:13:31 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a décidé d'être un peu plus transparent avec les Français,
00:13:35 en leur faisant comprendre que oui, il fallait faire un effort
00:13:39 pour tenter d'équilibrer le système ces prochaines années.
00:13:42 En revanche, on estime également,
00:13:44 et c'est peut-être ce qui a pêché ces dernières semaines,
00:13:47 qu'on a peu promu les aspects sucrés, me dit-on,
00:13:52 dans l'entourage de l'exécutif,
00:13:54 c'est-à-dire les avancées, les évolutions positives qu'entraînerait cette réforme.
00:13:59 Et concernant le discours "off", c'est-à-dire ce qu'on dit en coulisses,
00:14:04 on estime effectivement, pour rejoindre ce que vous me disiez à l'instant,
00:14:06 que rien n'a changé suite à cette deuxième journée de mobilisation,
00:14:10 qu'il pourrait y avoir une mobilisation, une manifestation, tous les dix jours,
00:14:14 ça ne changerait rien, et que si le nombre de manifestants hier a légèrement augmenté,
00:14:19 on estime également que ce n'était pas un "ras de marée".
00:14:22 On hante en revanche, Laurence, que la protestation d'hier
00:14:27 ne se résume pas uniquement à la réforme des retraites,
00:14:30 et que certaines personnes vont dans la rue également pour protester contre l'inflation,
00:14:34 le prix de l'essence, le prix des péages également qui augmente,
00:14:38 et si aujourd'hui l'exécutif ne croit pas en la coagulation des luttes,
00:14:41 c'est peut-être aujourd'hui ce qui l'inquiète le plus également.
00:14:44 Vous n'avez pas tort. Un tout dernier mot, Florian.
00:14:46 L'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, est sorti de sa réserve,
00:14:49 il a fait une longue interview au Figaro Magazine.
00:14:51 Alors, il exhorte sa famille politique DLR à voter la réforme,
00:14:56 mais il donne des conseils à Emmanuel Macron, il dit "plus vous négociez,
00:14:59 plus vous mobilisez la gauche qui pense que vous allez céder".
00:15:02 Oui, effectivement, et il dit en quelque sorte, en sous-texte,
00:15:06 que la négociation qui est présentée comme telle par Elisabeth Borne
00:15:11 et les autres membres du gouvernement est en réalité une non-négociation,
00:15:15 c'est-à-dire qu'il, et on vient de l'entendre dans la bouche de la Première Ministre,
00:15:19 Elisabeth Borne explique qu'il y aura un débat parlementaire,
00:15:23 qu'effectivement il va pouvoir y avoir des concessions
00:15:26 qui pourraient être faites à telle ou telle partie,
00:15:30 mais lorsqu'on entend "concession" dans la bouche de la Première Ministre,
00:15:33 on entend "potentiel recul du gouvernement sur tel ou tel point".
00:15:39 Et quand on entend "recul" dans la tête des opposants,
00:15:42 cela veut dire que potentiellement on peut mettre un terme à cette réforme des retraites.
00:15:46 Donc effectivement, lorsque Elisabeth Borne explique qu'il peut y avoir des concessions,
00:15:50 les opposants politiques au gouvernement estiment que ce dernier est en train de reculer
00:15:55 et que potentiellement cela vient alimenter la protestation des opposants politiques
00:16:01 qui sont bien déterminés, vous l'avez compris ces derniers jours,
00:16:03 à faire définitivement reculer le gouvernement
00:16:06 pour qu'il abandonne son souhait de reculer l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
00:16:11 Merci Florian Tardif. Geoffroy Lejeune, on est face à une équation assez intéressante.
00:16:16 Le peuple est en train de se mobiliser, les syndicats reprennent du poil de la bête,
00:16:22 l'ancien président de la République donne ses conseils à notre président actuel qui dit...
00:16:28 Rien en fait. Il est absent Emmanuel Macron.
00:16:31 Il laisse sa première ministre en première ligne prendre les coups.
00:16:35 Qu'est-ce que vous voulez qu'il dise en fait ?
00:16:37 S'il donne l'impression d'avoir romancé sur une partie de son texte,
00:16:41 il n'en tirera aucun bénéfice politique et s'il va au bout, il prend le risque d'affronter...
00:16:47 Eric disait tout à l'heure, c'est sans doute le peuple qu'on voit se mettre dans la rue,
00:16:51 c'est probablement vrai en réalité.
00:16:52 Je voudrais juste revenir sur une phrase prononcée par Nicolas Sarkozy dans son interview au Figaro.
00:16:56 Il dit "il ne faut pas oublier que la France populaire est pour le travail" et je pense qu'il a raison.
00:16:59 Il l'a d'ailleurs gagné en 2007 en parlant de travail, en réhabilitant cette valeur
00:17:05 et il avait l'électorat populaire dans cette élection pour lui.
00:17:07 Je pense qu'il y a une chose qui a changé depuis 2007 et depuis la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy en 2010,
00:17:12 c'est que la France qui travaille, la France populaire, elle pose des questions dorénavant.
00:17:15 Je ne pense pas qu'elle ait changé son rapport au travail, mais elle demande des choses comme par exemple "où va notre argent ?"
00:17:20 C'est-à-dire qu'on a atteint un ratio, vous savez, entre le taux...
00:17:22 - Et pourquoi on est aussi mal payé ?
00:17:23 - Absolument.
00:17:24 Et on a atteint un ratio entre le taux d'imposition qui pèse sur les gens qui travaillent
00:17:28 et le niveau catastrophique de nos services publics et l'inefficacité absolue de la dépense publique
00:17:35 qui fait que les gens ont commencé à se poser des questions.
00:17:37 Moi, je me souviens des pancartes sur les ronds-points des Gilets jaunes en novembre 2018-2019,
00:17:42 je ne sais plus jamais, je ne sais jamais,
00:17:44 il y avait marqué ça "où va notre pognon ?"
00:17:46 Et après on a vu qu'il n'allait pas dans les services publics.
00:17:49 On a vu au moment du Covid que l'hôpital ne fonctionnait pas.
00:17:53 On sait que les services publics ont tendance à ne plus fonctionner
00:17:55 et donc cette question-là, il faut y répondre à un moment donné.
00:17:57 Et je pense que Nicolas Sarkozy a raison sur le fond, sauf qu'il n'a pas vu ça.
00:18:03 Et aujourd'hui, je suis persuadé que si on...
00:18:06 Sans contredire l'analyse de Joseph sur le fait que les syndicats sont présents dans les cortèges,
00:18:11 personne n'en laissera en question.
00:18:12 Mais ce ne serait pas la même chose s'il n'y avait que les syndicats.
00:18:15 Il y a aussi la France qui travaille qui aujourd'hui pose des questions sur cette réforme.
00:18:18 Et il y a un sentiment, je suis persuadé qu'il y a un sentiment de "pourquoi nous ? Pourquoi toujours nous ?
00:18:22 Pourquoi c'est toujours à nous de faire des efforts ?"
00:18:24 Psychologiquement, le fait d'avoir dépensé 300 milliards d'euros les deux années qui ont précédé
00:18:29 et de dire aujourd'hui que pour équilibrer le régime, il faut 30 milliards et que c'est vous qui allez faire l'effort,
00:18:33 je pense que c'est inaudible et je pense que c'est ça qui est en train de se jouer, y compris dans la France qui travaille.
00:18:37 - Joseph, merci.
00:18:38 - Je reviens sur les syndicats. On va être d'accord quand même.
00:18:41 C'est-à-dire que moi, je dis juste qu'on assiste quand même à un retour des syndicats.
00:18:46 Donc ce n'est pas évidemment eux qui sont écortés, Geoffroy Arizon bien sûr, sinon il n'y aurait pas autant de monde, on le sait bien.
00:18:51 Il y aurait 50 000 personnes, c'est évident.
00:18:54 Mais ce retour des syndicats est d'autant plus fort que le MEDEF a complètement disparu.
00:18:59 Vous le cherchez avec une lanterne.
00:19:01 - C'est hallucinant à quel point on ne les entend pas.
00:19:04 - On est bien d'accord.
00:19:05 - Ils ont disparu en fait.
00:19:06 - Ils ont totalement disparu.
00:19:07 Monsieur Roud-Bézieux a fait disparaître le MEDEF.
00:19:09 - Ah ouais.
00:19:10 - Voilà, magique.
00:19:11 Et si bien que vous voyez des personnalités de droite, par exemple comme David Lysnard, reprendre ce qu'auraient dû être les éléments de langage du MEDEF sur la nécessaire capitalisation.
00:19:22 Ce qui est vrai, parce que la capitalisation, ça introduit évidemment la liberté de choix pour les salariés.
00:19:27 Donc ça, c'est le premier point.
00:19:28 Le deuxième point, rapidement, sur Nicolas Sarkozy.
00:19:30 Moi, je crois que Nicolas Sarkozy, encore une fois, a vendu à Emmanuel Macron le fait que globalement, l'ensemble des députés LR allaient voter.
00:19:40 - Ce n'était pas le cas.
00:19:41 - Mais c'est absolument évident.
00:19:43 Or, ce n'est pas du tout ce qui était en train de se passer.
00:19:46 C'est aussi ça, également.
00:19:48 Pourquoi cette réforme maintenant ?
00:19:49 C'est parce qu'il y a aussi une analyse politique.
00:19:52 C'est-à-dire que Nicolas Sarkozy a dit que cette majorité est relative.
00:19:55 On peut faire une sorte de majorité, de pacte majoritaire.
00:20:00 Il l'a dit.
00:20:01 Il l'a dit dans les entretiens précédents.
00:20:02 - C'est ce qu'il souhaite.
00:20:03 - Si on relit ces précédents entretiens.
00:20:06 Et évidemment, les retraites, c'était une bonne occasion, parce que c'était la droite, depuis longtemps, qui demande la retraite à 65 ans.
00:20:14 Sauf que, si vous regardez le programme de François Fillon, que je connais un tout petit peu, il ne demande pas simplement, bien sûr, la retraite à 65 ans.
00:20:21 Il demande quoi, aussi ?
00:20:22 Il demande, évidemment...
00:20:25 - La politique familiale.
00:20:26 - Bah oui, évidemment, bien sûr.
00:20:27 - La quoi ?
00:20:28 - La politique familiale.
00:20:29 - La politique familiale.
00:20:30 - La politique familiale.
00:20:31 - La politique familiale.
00:20:32 - Oui, oui, bien sûr.
00:20:33 - Il y a quand même un problème, dès le début.
00:20:34 Ils ont quand même un problème, dès le début.
00:20:35 C'est-à-dire, cette réforme est une bonne réforme.
00:20:36 Moi, je dis, cette réforme, en théorie, devrait être une bonne réforme.
00:20:39 Seulement, Emmanuel Macron a le chic pour, à peu près, gâcher tout ce qui touche.
00:20:43 Je suis désolé, mais peut-être parce qu'il s'y prend mal, peut-être, je ne sais pas, qu'il est mal conseillé, c'est possible, même s'il paraît qu'il se conseille lui-même, mais, en tout cas, c'est un petit problème.
00:20:53 - Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce que ça ne marche pas, alors ?
00:20:55 Tu veux dire que c'est une bonne réforme, là ? Tout le monde est contre.
00:20:57 - Parce que la manière dont elle a été présentée, objectivement, n'est ni fait, ni à faire.
00:21:04 C'est absolument pas de cette manière-là que ça aurait dû être présentée.
00:21:07 - Mais c'est surtout parce qu'il y a des injustices concernant un certain nombre de catégories, les femmes, les travailleurs qui ont commencé tôt, les travailleurs qui ont des métiers pénibles.
00:21:14 - Mais vous ne prenez pas juste cet élément.
00:21:18 Vous ne pouvez pas, c'est juste impensable en termes de communication, vous ne pouvez pas dire "nous faisons cette réforme pour des raisons démographiques et pénaliser les mères de famille".
00:21:28 - Et elle a dit l'inverse, l'abonnée de la ministre, alors qu'elle devrait le savoir.
00:21:31 - Non mais c'est juste du bon sens.
00:21:34 - Je suis d'accord. Karim, un tout petit mot.
00:21:35 - On ne peut pas faire fi du contexte général.
00:21:37 Plus que la réforme des retraites, et la seule réforme des retraites, il y a un contexte général.
00:21:42 Cette réforme des retraites, c'est la goutte qui fait déborder un vase qui sent bien bien pour les Français.
00:21:47 Les Français, aujourd'hui, se sentent victimes de déclassement.
00:21:51 Les Français, aujourd'hui, estiment dans leur immense majorité d'être pas suffisamment payés pour le travail qu'ils fournissent.
00:21:56 Tous les sondages vous le disent.
00:21:58 Donc, ça veut dire que cette réforme des retraites, elle arrive par-dessus ce sentiment et ce ressentiment.
00:22:03 Et c'est là où je ne comprends pas la sortie de Nicolas Sarkozy, qui fait fi de tout ça.
00:22:07 Comme si tout allait bien dans notre pays, et qu'on nous présentait une réforme des retraites qui apparaissait injuste.
00:22:13 Bien sûr qu'elle apparaît injuste aux yeux des Français, mais elle est aussi de surcroît.
00:22:18 Je dirais, elle se rajoute à ce qu'ils vivent tous les jours.
00:22:21 Une inflation, des salaires trop bas, un sentiment de déclassement pour les classes moyennes et les classes populaires.
00:22:26 Donc, un manque de perspective pour eux et leurs enfants.
00:22:28 Donc, quand vous êtes frappé de tous ces mots, MMIX, et que derrière on vous met une réforme des retraites qui vous semble injuste,
00:22:34 vous êtes très nombreux à être dans la rue, pour ces multiples raisons.
00:22:38 Et même si cette réforme apparaissait moins juste, elle est quand même le catalyseur de tous les mécontentements et de toutes les colères.
00:22:45 Or, Nicolas Sarkozy, dans sa sortie, fait comme si le seul sujet était la réforme des retraites.
00:22:49 Pourquoi le MEDEF est à faune ?
00:22:51 Parce que je suis convaincu qu'il y a un grand nombre de patrons dans nos pays qui sont responsables
00:22:56 et qui sont conscients que leurs salariés ne sont pas suffisamment payés.
00:22:59 Ils n'ont peut-être pas les marges de manœuvre, ils le regrettent parce qu'il y a beaucoup de charges dans le pays,
00:23:03 parce que les salaires sont trop taxés, mais ils sont conscients aussi que le mécontentement de leurs salariés est fondé.
00:23:09 Donc, ils sentent qu'il y a un problème et qu'il y a un malaise au sein des entreprises.
00:23:13 Un vrai patron, au sens, j'allais dire, un peu "père de famille du terme" qui dirige une PME,
00:23:21 il sent que ça ne va pas avec ses collaborateurs.
00:23:23 Il sent qu'ils n'ont pas envie de donner ce petit plus qui fait qu'à un moment donné, on donne tout pour son entreprise
00:23:28 parce que les fruits de la prospérité sont répartis.
00:23:32 Tu raisons pour les petits patrons.
00:23:34 Et comme le MEDEF n'est pas composé simplement de patrons gestionnaires déconnectés du terrain,
00:23:40 mais qu'il y a aussi des vrais patrons qui ont les pieds sur terre,
00:23:43 ils sont gênés parce qu'ils savent que ce n'est pas la seule réforme des retraites.
00:23:46 Si tout allait bien dans le pays et qu'il s'agirait juste de parler de cette réforme des retraites,
00:23:51 on entendrait le MEDEF, on entendrait la droite.
00:23:53 Or, dans les rangs de LR, aujourd'hui, il y a des dissensions parce que LR aussi est conscient de tout ça.
00:23:58 Cette réforme est insatisfaisante, mais ils sentent que les Français sont à bout.
00:24:01 Petite pause. On se retrouve, on parlera de la réforme des retraites parce que c'est évidemment un sujet inépuisable pour nous.
00:24:06 On parle aussi du projet de loi immigration. Dans un instant, dans Punchline, sur CNews. A tout de suite.
00:24:10 17h30, on se retrouve en direct dans Punchline, sur CNews.
00:24:15 Tout de suite, le rappel des titres de l'actualité avec Adrien Spiteri.
00:24:18 Deux personnes interpellées, placées en garde à vue près d'Alesse, dans le Gard.
00:24:28 Il s'agit d'un homme d'une quarantaine d'années et de son ex-compagne.
00:24:32 Ils sont soupçonnés d'être impliqués dans la disparition de Siem Beluamia.
00:24:36 Cette jeune femme de 18 ans n'a plus de nez à signe de vie depuis le 25 janvier dernier.
00:24:42 En 10 ans, le nombre de sans-domicile fixe a plus que doublé en France.
00:24:46 Une augmentation de près de 130% depuis 2012.
00:24:50 Il serait environ 330 000 sur le territoire, selon la fondation Abbé Pierre.
00:24:55 Au total, 4,15 millions de personnes seraient à mal loger en France.
00:25:01 Et puis, journée de grève au Royaume-Uni.
00:25:03 500 000 personnes attendues dans tout le pays aujourd'hui.
00:25:07 Professeurs, conducteurs de trains, fonctionnaires,
00:25:09 ils se mobilisent pour réclamer des augmentations de salaires.
00:25:13 Il s'agit de l'une des journées de grève les plus importantes des dix dernières années.
00:25:17 L'inflation dépasse les 10% dans le pays.
00:25:20 Merci Adrien Spiteri pour ce rappel des titres de l'actualité.
00:25:23 On va revenir dans un instant à la question des retraites
00:25:26 et de la grande contestation contre la réforme des retraites.
00:25:28 Avant ça, j'aimerais qu'on fasse un petit détour par le Conseil des ministres.
00:25:31 Aujourd'hui, le projet de loi sur l'immigration a été présenté.
00:25:34 Ça fait plusieurs fois qu'il est reporté.
00:25:36 On sait qu'il y a d'un côté la volonté de lutter contre l'immigration illégale,
00:25:40 mais il y a aussi la régularisation des travailleurs sans papier.
00:25:43 On a un cas très concret avec Alain Fontaine, qui est restaurateur.
00:25:46 Bonsoir M. Fontaine. Vous êtes, grâce à Jeanne Cancard et Fabrice Elsner, en duplex avec nous.
00:25:51 Vous êtes restaurateur à Paris.
00:25:53 La régularisation des travailleurs sans papier dans les secteurs en tension,
00:25:56 je pense à la restauration, pour vous, c'est indispensable.
00:25:59 Dans quel cas êtes-vous précisément ?
00:26:02 Oui, c'est indispensable.
00:26:05 J'ai deux cas concrets chez moi.
00:26:07 Ça fait 4-5 mois qu'on attend la régularisation.
00:26:10 On a fait tous les papiers envers la préfecture et tout cela.
00:26:13 Cette loi, bien sûr, nous intéresse.
00:26:15 Encore faut-il que les préfectures, quand cette loi sera en place,
00:26:19 aient plus de moyens qu'aujourd'hui, puisque nous, ça fait,
00:26:21 pour l'un, c'est 4 mois et pour l'autre, c'est 6 mois d'attente,
00:26:24 avec effectivement l'épée de Damoclès.
00:26:26 C'est-à-dire qu'un jour, on nous dit "mais non, il ne peut pas rester avec vous".
00:26:30 Et donc, il y en a un qui travaille et l'autre qui est en apprentissage,
00:26:34 donc qui est à l'école également.
00:26:36 Mais comme il est majeur, il tombe effectivement sous le phénomène,
00:26:40 non pas de l'expulsion, mais de ne pas pouvoir travailler.
00:26:43 Donc, on est sur un vrai sujet.
00:26:45 Et quand on sait qu'avant l'été, il nous manquait 330 000 personnes dans la restauration,
00:26:50 qu'il nous en manque 220 000 euros,
00:26:52 c'est fou de penser que des gens compétents, qu'on a formés souvent,
00:26:56 qui sont donc du métier, ne puissent pas travailler,
00:26:59 alors qu'on en a besoin pour la croissance des entreprises.
00:27:02 Et surtout, ne confondons pas travail au noir et des gens en régularisation.
00:27:07 Travail au noir, c'est frauduler.
00:27:09 Des gens en régularisation, ils ont une feuille de paye
00:27:11 et ils participent à la solidarité nationale.
00:27:13 C'est très important de le savoir.
00:27:15 Et donc, oui, on en a besoin.
00:27:16 Moi, j'en ai besoin pour le développement de l'entreprise.
00:27:19 - Monsieur Fontaine, d'abord, de quelle nationalité sont-ils ?
00:27:22 Et est-ce qu'ils ont une chance d'obtenir ces papiers,
00:27:24 même s'il y a des délais un peu longs ?
00:27:26 - Alors, ils sont d'origine malienne, les deux.
00:27:30 Et oui, je crois qu'ils ont des chances,
00:27:32 parce qu'on a derrière nous quand même la compétence.
00:27:35 Si vous voulez, c'est des gens qui veulent vraiment s'installer en France.
00:27:38 J'en ai eu un autre, il y a trois ans, qui, maintenant, est régularisé.
00:27:43 Et il est passé de plongeur à commis,
00:27:46 parce que vous comprenez bien que tant qu'ils ne sont pas régularisés,
00:27:49 l'ascension sociale est bloquée pour eux.
00:27:51 Ils ne peuvent pas progresser,
00:27:52 ils ne peuvent pas aller dans d'autres restaurants,
00:27:54 puisqu'ils auront les mêmes difficultés, voire des refus.
00:27:57 Donc, si vous voulez, il faut que cette loi se passe.
00:27:59 Moi, j'ai un petit bémol sur cette loi.
00:28:01 C'est le côté prématuré, enfin, un petit peu court de ce contrat,
00:28:04 parce qu'il n'y a pas de vision, de projection pour ces jeunes-là,
00:28:08 pour ces gens-là.
00:28:09 Il faut quand même que cette autorisation de travail
00:28:12 soit beaucoup plus longue pour qu'ils puissent se projeter dans l'avenir,
00:28:15 sachant aussi que le job qu'ils font,
00:28:18 et dans d'autres métiers aussi, en particulier la sécurité et autres,
00:28:21 ce sont des jobs qui ont été abandonnés
00:28:24 par l'ensemble des Français qui veulent profiter de la société de loisirs,
00:28:29 ce qui me paraît tout à fait normal.
00:28:30 - Mais c'est un des vrais problèmes, Monsieur Fontaine.
00:28:33 C'est un des vrais problèmes, c'est que vous ne trouvez pas d'employés.
00:28:36 C'est-à-dire que les métiers sont difficiles,
00:28:38 ils ne sont pas très bien payés, donc vous ne trouvez pas d'employés.
00:28:43 - Alors, l'environnement, effectivement, l'environnement contractuel,
00:28:46 on a essayé de le faire progresser avec des meilleurs salaires,
00:28:48 avec la fin des coupures,
00:28:51 mais les horaires sont en décalage avec le soir, le week-end,
00:28:54 et de l'autre côté, il y a une société de loisirs
00:28:56 qui avance avec beaucoup d'avantages,
00:28:58 et donc c'est normal que les Français veulent en profiter,
00:29:01 et donc les gens issus de l'immigration qui veulent vraiment s'insérer
00:29:05 veulent participer à tout cela et veulent travailler.
00:29:09 Alors attention, il y a une chose qui est très importante,
00:29:11 c'est qu'on ne peut pas faire des emplois à travail égal, salaire égal.
00:29:14 On n'emploie pas des gens issus de l'immigration pour moins les payer.
00:29:18 On les paye au même niveau, il y a des grilles de salaire,
00:29:20 et moi je suis très content quand, par exemple,
00:29:22 j'ai un employé qui, il y a deux ans, était plongeur,
00:29:25 qui aujourd'hui est commune de cuisine et à qui on va faire passer le CAP.
00:29:28 Donc, sachons-le, ces gens-là, cette immigration-là,
00:29:31 et c'est là la difficulté, bien sûr, de l'ensemble de l'immigration,
00:29:34 c'est de mettre tout le monde dans le même sac,
00:29:36 eh bien cette immigration-là, c'est l'immigration qui va profiter
00:29:39 des entreprises et à la croissance de la France,
00:29:41 comme l'immigration des années 50.
00:29:43 C'est la même chose.
00:29:44 Donc il faut... Et leurs enfants et leurs petits-enfants
00:29:46 deviendront des chefs d'entreprise, des avocats, des médecins,
00:29:49 des journalistes et des restaurateurs.
00:29:51 - Une dernière question d'Eric Revelle, qui est en plateau.
00:29:53 - J'ai une question, parce que vous avez commencé votre exposé judicieusement
00:29:56 en disant que le travail au noir, c'était pas la même chose
00:29:58 que des gens qui avaient une feuille de paye,
00:30:00 et vous avez tout à fait raison, mais pardonnez-moi,
00:30:01 il y a quelque chose que je n'ai pas très bien compris.
00:30:02 Comment est-ce qu'on peut faire une feuille de paye à quelqu'un
00:30:05 avec dessus des cotisations de sécurité sociale,
00:30:07 de caisse retraite et autres, si la personne n'est pas régularisée ?
00:30:11 Ça veut dire qu'elle n'a pas d'identité, par exemple,
00:30:13 auprès de la sécurité sociale ?
00:30:15 - Ah si, bien sûr que si.
00:30:18 Elle a sa carte de... Ah non, mais c'est bien ça.
00:30:20 Mais là, vous mettez le doigt sur quelque chose de...
00:30:22 - C'est pour ça que je me permets de vous poser la question.
00:30:24 - Bien évidemment qu'elle a sa carte de sécurité sociale.
00:30:26 Elle a sa carte de sécurité sociale, elle a son passeport.
00:30:29 Donc toute la déclaration, la déclaration de ce qu'on appelle la DPE,
00:30:34 la déclaration à la sécurité sociale, se fait sans aucun problème.
00:30:40 Sans aucun problème.
00:30:41 C'est vraiment là, vous appuyez vraiment, vous mettez le doigt sur ce sujet-là.
00:30:45 C'est-à-dire que ces gens-là sont dans la légalité au niveau de la feuille de paye.
00:30:49 Ils vont même payer certains des impôts.
00:30:51 Je ne sais pas si vous vous rendez compte, des impôts.
00:30:52 Et de l'autre côté, ils risquent de se retrouver dans la rue sans travail.
00:30:56 Donc on est vraiment, et c'est pour ça que cette loi doit être mise en place,
00:31:00 pour que ce trouble, cette ambiguïté cesse.
00:31:04 Et que ces gens-là puissent travailler normalement, dans des conditions normales,
00:31:08 avec leurs compétences qu'ils ont.
00:31:10 Et pour nous, participer à notre croissance.
00:31:12 Mais effectivement, il y a une ambiguïté que vous soulevez et qui est réelle.
00:31:15 - Merci beaucoup en tout cas de votre témoignage, M. Fontaine.
00:31:18 Merci à Jeanne Cancard et Fabrice Elsner qui sont à vos côtés pour ce duplex.
00:31:21 Évidemment, on va revenir sur ce projet de loi immigration.
00:31:25 On va juste écouter les Français, parce qu'ils sont majoritairement favorables à un référendum.
00:31:29 Ils veulent qu'on leur donne la parole sur ce sujet.
00:31:31 62% des Français sont favorables à ce référendum, selon un sondage CSA pour CNews.
00:31:37 Écoutez leur réaction quand on leur a posé la question.
00:31:40 - Il faudrait plus demander l'opinion aux Français.
00:31:46 Et du coup, ça passe par le référendum.
00:31:50 - Qu'il y a l'intérêt de mettre un référendum pour ça ?
00:31:52 Si les choses sont bonnes pour le pays dans les conditions de 2023, je vois pas le délire.
00:31:57 - Globalement, les référendums, de ce que j'entends, de ce que je comprends, de ce que je lis,
00:32:02 ne font que répondre à la question "êtes-vous pour ou contre le gouvernement ?"
00:32:05 et non pas pour la question posée.
00:32:06 Donc c'est ça le malheur des référendums.
00:32:08 - Beaucoup de bon sens, ça m'amuse beaucoup d'entendre les Français qui disent
00:32:11 "on prendra pas la question sur l'immigration".
00:32:13 Là, on avait un cas extrêmement concret, vous avez pointé quelque chose, Éric Revelle,
00:32:17 assez saillant, effectivement.
00:32:19 Vous vous rendez compte que c'est l'aberration du système, Karim ?
00:32:23 - Oui, mais il y a une double aberration du système.
00:32:25 Vous avez des gens qui sont en situation irrégulière, qui peuvent bénéficier d'une fiche de paie.
00:32:30 Vous avez des gens qui ont octroi un droit à ces journées, qui n'ont pas le droit de travailler.
00:32:35 On marche sur la tête.
00:32:36 On a des situations qui sont "à bracada brantesque", comme on dit.
00:32:43 - Comment vous dites ?
00:32:44 - "À bracada brantesque" !
00:32:46 - Ne me provoquez pas !
00:32:47 - Tu sais pas ronfler.
00:32:49 - Je trouve que ce chef d'entreprise, il a un mérite.
00:32:53 On sent qu'il ne parle pas avec une approche partisane ou une quelconque idéologie derrière son propos.
00:33:01 Il est pragmatique.
00:33:02 Il dit "moi j'ai des besoins, j'ai des gens sous la main qui peuvent répondre à mes besoins,
00:33:07 ça peut être utile au pays, ce sont des travailleurs, aujourd'hui ils ne sont pas dans une situation régulière,
00:33:12 je peux comprendre que les Français, certains de nos compatriotes,
00:33:16 ne veuillent pas faire ces horaires décalés qui sont des métiers difficiles parce que la qualité de vie est haute".
00:33:20 Il dit "à travail égal, salaire égal".
00:33:24 Ça veut dire que ceux qui disent "oui mais ça c'est une main d'oeuvre qui est exploitée,
00:33:29 qui font passer ses restaurateurs ou d'autres pour des esclavagistes", c'est totalement faux.
00:33:32 Ils paieraient un étranger comme ils paieraient un Français, simplement, et on peut le comprendre.
00:33:37 Vous connaissez cette expression qu'on peut utiliser de manière un peu triviale ?
00:33:42 Ils ont faim.
00:33:44 Vous arrivez d'un pays qui est en guerre, où vous n'avez pas de perspective économique.
00:33:48 C'était les Italiens à l'époque, c'était les Portugais, les Polonais.
00:33:52 Toutes les immigrations l'ont connu ce sentiment d'avoir faim.
00:33:54 Quand vous n'êtes pas nés sur notre sol avec les acquis sociaux, les services publics, vous avez faim.
00:34:01 Il y a 6 millions de chômeurs dans notre pays, c'est ça sans doute la question qu'on peut soulever.
00:34:05 Il y a des métiers difficiles que les Français ne veulent pas faire.
00:34:08 Je suis désolé, tout me dérange dans ce débat, dans la manière dont tu l'es posée.
00:34:12 Déjà, ce n'est pas parce que le patron du Messuret, dans le deuxième arrondissement de Paris,
00:34:15 qui témoigne à visage découvert, dit que ses employés font tout dans les règles, que tout le monde le fait.
00:34:22 Il y a aussi une exploitation de gens qui sont moins bien payés parce qu'ils ne sont pas déclarés,
00:34:25 payés au black, parfois même en liquide.
00:34:27 Il n'y a pas besoin d'être étranger pour être payé au black.
00:34:29 Les Français qui sont payés au black.
00:34:31 C'est un peu plus systémique dans le cas de l'immigration.
00:34:33 Ça ne se limite pas aux étrangers.
00:34:35 C'est pratique.
00:34:36 C'est un peu plus systémique dans le cas de l'immigration, parce que les mecs ne peuvent pas vraiment se rebeller.
00:34:39 Un mec qui est clandestin ne peut pas aller voir la police en disant "Bonjour, je travaille clandestinement
00:34:42 et Monsieur ne veut pas me payer correctement".
00:34:45 C'est un peu plus systémique.
00:34:46 Et d'ailleurs, c'est l'intérêt bien entendu, bien compris, de certains patrons qui justement s'en servent.
00:34:50 Ce n'est pas parce qu'on est tombé sur quelqu'un qui fait les choses proprement que ça n'existe pas.
00:34:53 C'est même majoritaire, évidemment, pour des raisons évidentes.
00:34:56 Le patronat a toujours voulu l'immigration.
00:34:59 Par définition, il n'y a pas de stat.
00:35:01 Le patronat a toujours voulu l'immigration pour pouvoir à la fois sous-payer les gens
00:35:05 et à la fois tirer les salaires vers le bas.
00:35:07 C'est une constante.
00:35:08 Ça fait 50 ans que ça dure.
00:35:09 On n'est pas tout le temps en train de le découvrir.
00:35:10 Ce n'est pas une aberration.
00:35:11 C'est comme ça que ça fonctionne.
00:35:13 Premièrement.
00:35:14 Deuxièmement, je suis désolé, la manière dont le débat est posé me convient absolument pas.
00:35:17 Le vrai sujet, c'est que les Français ne veulent pas faire ce genre de boulot.
00:35:21 Après, vous y répondez en disant "dans ce cas-là, on n'a qu'à demander à des immigrés".
00:35:25 Je suis désolé, mais pourquoi ?
00:35:27 Parce qu'ils sont immigrés, il faudrait qu'ils fassent des boulots dont plus personne ne veut déjà.
00:35:30 Mais ça fait 50 ans que ça dure.
00:35:31 Je sais bien, mais je ne suis pas d'accord avec ça.
00:35:32 Tu veux quoi ? Tu as une baguette magique pour que ça change ?
00:35:34 Tous les pays, l'immigration, le colmat et les brèches, c'est des nationaux.
00:35:38 La baguette magique s'appelle le référendum sur l'immigration.
00:35:41 Qu'est-ce que vous croyez qu'ils répondraient, les Français ?
00:35:43 Je vais vous dire, on connaît la réponse des Français.
00:35:46 C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on ne leur pose pas la question.
00:35:48 Parce que quand il y a un référendum, on a arrêté les référendums depuis 2005,
00:35:51 parce qu'ils ont mal répondu.
00:35:52 C'est tout, évidemment.
00:35:53 Mais quelles questions on pose ?
00:35:55 La question de votre sondage est très bien.
00:35:56 Êtes-vous d'accord pour limiter l'immigration ?
00:35:58 Les Français répondent à 62% qu'ils veulent un référendum.
00:36:01 Limiter l'immigration, d'accord.
00:36:02 Ça veut dire quoi ?
00:36:03 Ça veut pas dire que tu ne régalerais plus personne.
00:36:06 Je vais te dire, me chauffe pas trop parce que moi je le connais le référendum.
00:36:09 Je sais exactement quelles questions on pose.
00:36:11 Sois précis.
00:36:12 Mais non, mais soit précis.
00:36:13 Est-ce que vous êtes d'accord pour qu'on s'affranchisse des règles de l'Union Européenne dans le cas de l'immigration ?
00:36:18 Est-ce que vous êtes d'accord pour qu'on sorte de Schengen ?
00:36:20 Est-ce que vous êtes d'accord pour qu'on s'affranchisse de la CEDH ?
00:36:23 Est-ce que vous êtes d'accord pour qu'on s'office...
00:36:24 Cour européenne des droits de l'homme.
00:36:25 Pardon.
00:36:26 Qu'on s'affranchisse, qu'on référencie...
00:36:29 Fais un nom à tiroir quoi.
00:36:30 Oui, bien sûr, bien sûr.
00:36:31 Des frontières nationales, bien sûr.
00:36:32 Pour qu'on sorte de notre carcan juridique insupportable sur les expulsions.
00:36:35 Voilà mes questions.
00:36:36 Et là vous pensez que les Français répondraient à ça et pas non à Emmanuel Macron juste ?
00:36:40 Répondraient-vous à tout massivement ?
00:36:41 Par ailleurs si Macron le propose ça pourrait le relégitimer.
00:36:43 Tiens c'est une idée que je balance comme ça.
00:36:44 Mais maintenant pour terminer, on est en train d'accepter l'idée quand même que les immigrés par définition sont faits pour faire des sous-boulots.
00:36:53 Et aussi on est en train d'accepter l'idée...
00:36:54 Ne viens pas au secours des immigrés comme ça.
00:36:56 Ça a toujours été de tout teint Geoffroy.
00:36:58 Fais pas comme si ça existait pas.
00:37:00 C'est pas bien.
00:37:01 Deuxièmement, on est en train d'accepter l'idée qu'il y a des sous-boulots.
00:37:04 Je suis désolé de dire, la restauration n'est pas un sous-boulot.
00:37:07 C'est un boulot dur, c'est un boulot pénible qui pourrait m'émetter d'ailleurs une qualification.
00:37:12 Allez-y Joseph, Mathias Caron.
00:37:14 Ajoutez quelque chose sur la question de la restauration.
00:37:17 Ça m'a toujours vraiment intéressé parce que j'ai vu au fil des années comment justement des personnes étaient embauchées
00:37:25 et de plus en plus justement des personnes immigrées.
00:37:29 Donc évidemment je me suis interrogé.
00:37:31 Est-ce que ces métiers avaient la défaveur des Français ?
00:37:36 C'est pas la question du défaveur des Français.
00:37:38 C'est aussi des questions très simples, comme celle du logement.
00:37:42 Parce que les immigrés qui acceptent ce travail, et là, si vous voulez, je peux prendre le reporter,
00:37:49 on peut aller voir des restaurateurs.
00:37:51 Ils acceptent d'aller dans des endroits, d'aller se loger à deux heures de trajet.
00:37:58 Parce que là on est dans le centre de Paris et personne ne peut se loger dans le centre de Paris.
00:38:02 Dans des 8 mètres carrés qui payent 400 euros.
00:38:05 C'est ça la réalité.
00:38:07 Donc qu'on ne vienne pas me parler, qu'on ne vienne pas me dire.
00:38:11 Mais c'est en Méditerranée.
00:38:12 Non, non, mais attends, qu'on ne vienne pas me dire qu'il n'y a pas d'escapisme.
00:38:14 Et c'est pour ça d'ailleurs, et c'est pour ça très concrètement, qu'à Paris qui est ville lumière touristique,
00:38:18 il est extrêmement difficile en plus aujourd'hui d'arriver à trouver des services à partir de 22h30 dans les restaurants.
00:38:25 C'est exactement pour ça.
00:38:27 Donc c'est ça aussi la réalité.
00:38:29 Il ne faut pas raconter d'histoire.
00:38:31 Donc ces gens-là aussi, je suis désolé, ils sont exploités dans ce sens,
00:38:35 parce qu'ils vont dans des logements qui sont misérables.
00:38:38 On ne peut pas poser la question de l'immigration sans poser la question du logement,
00:38:41 sans poser la question de la mobilité pour les salariés.
00:38:43 Et de l'intégration aussi.
00:38:44 Et l'intégration aussi.
00:38:45 Tout ça fait partie du même bloc.
00:38:46 Ok, là-dessus on est tous d'accord ?
00:38:48 Moi je partage absolument le point de vue de Geoffroy.
00:38:51 Moi je suis même étonné qu'on ne se pose pas la question comme ça.
00:38:54 C'est-à-dire qu'en réalité souvent la gauche défend l'immigration en ne voyant pas qu'en fait on paupérise des gens
00:39:01 et qu'on leur permet d'avoir des sous-emplois parce qu'ils auraient faim, ce qui est vrai,
00:39:05 ils viennent d'un pays où ils gagneraient moins.
00:39:07 Mais en fait on laisse cette porte ouverte depuis des années, en pensant...
00:39:11 Depuis... oui, cent ans.
00:39:12 Non, non, oui, oui, mais là on se met...
00:39:14 En pensant que c'est une ouverture d'esprit, d'accepter un tel flux migratoire,
00:39:19 alors qu'en réalité ces gens, ils vont gagner un peu plus d'argent,
00:39:23 mais ils vont être dans des conditions humaines de salubrité, d'argent, mais dramatiques,
00:39:29 mais absolument dramatiques.
00:39:31 On devrait se poser la question depuis très longtemps.
00:39:33 Moi je me porte un faux comme cet analyste qui est misérabiliste de l'immigration.
00:39:38 Ah pas du tout !
00:39:39 Non, non, non, non, je me porte un faux !
00:39:41 Aujourd'hui, vous avez des salaires dans la restauration...
00:39:44 Aujourd'hui, vous avez des salaires dans la restauration...
00:39:45 Non, ce que vous oubliez de dire...
00:39:46 Ou alors, vous êtes à fond renversé.
00:39:48 Ce que vous oubliez de dire, c'est que vous avez des salaires dans la restauration qui peuvent être dignes.
00:39:54 Ils étaient peut-être pas dignes il y a quelques années,
00:39:57 aujourd'hui il y a un effort qui a été fait par la restaurateur.
00:39:59 Interrogez les gens que vous connaissez, chez qui vous allez manger...
00:40:03 Justement, ça ne donne pas des moyens de loger dignement.
00:40:08 Si je peux te répondre...
00:40:10 Ils sont prisonniers des marges de sommeil.
00:40:12 Il y a combien de salariés qui ne peuvent pas vivre dans Paris ?
00:40:14 Si tu fais la liste, elle va être longue mon ami.
00:40:16 Il n'y a pas que les gens de la restauration.
00:40:18 Tu crois que les gens qui bossent dans le BTP, tu crois que nos secrétaires de direction peuvent bosser dans Paris,
00:40:22 trouver un logement dans Paris ?
00:40:23 Tu crois que les gens qui sont au SMIC et il y en a 2 millions dans notre pays,
00:40:26 ils peuvent vivre dans Paris ? Arrêtez !
00:40:28 Mais bien sûr que tout ce bon monde vient...
00:40:30 Pardon, mais c'est un autre sujet.
00:40:32 C'est un autre sujet.
00:40:34 Que le salaire soit trop bas, que le prix du mètre carré soit trop haut, on est d'accord.
00:40:37 Je vais vous dire...
00:40:38 Mais réfléchissez bien mon cher Karim sur cette idée que l'immigration ne doit pas être combattue
00:40:44 parce que ça servirait les gens qui migrent d'un pays plus pauvre que le nôtre en direction du nôtre.
00:40:49 En fait, ils arrivent dans un pays où parfois les gens croient qu'ils vont aborder l'El Dorado
00:40:54 et en fait on les exploite.
00:40:56 On les traite d'une manière absolument...
00:40:58 Vous êtes en train de mettre en bas l'idée de la méritocratie républicaine.
00:41:01 Mais c'est un autre sujet.
00:41:03 Les portugais, les polonais...
00:41:07 Laissez-moi parler, je vous laisse parler.
00:41:09 Éric, ne coupez pas.
00:41:10 Je pense que vous mélangez deux.
00:41:11 Non, n'entend pas mon propos.
00:41:12 Les polonais, les italiens, les portugais, toutes les vagues d'immigration ont commencé avec des salaires
00:41:17 que vous qualifieriez de misérables.
00:41:19 Et en travaillant dans ces métiers les plus pénibles.
00:41:21 Ils ont connu une ascension dans la société française.
00:41:24 C'est l'histoire des hommes, c'est l'histoire du capitalisme.
00:41:27 Excusez-moi, mais tout d'un coup vous vous remettez en cause
00:41:30 de tous les fondamentaux que vous défendez en tant que libéraux en permanence.
00:41:33 Mais c'est comme ça la vie.
00:41:34 Il y a des bas salaires, des gens qui enchient, excusez-moi l'expression,
00:41:38 et qui montent dans la société, et qui s'élèvent.
00:41:40 C'est comme ça.
00:41:41 La situation dans les années 40, 50...
00:41:44 Arrêtez de rêver d'intégrer dans les quartiers, ils ont toujours été un bon lieu.
00:41:47 La situation dans les années 40, 50 ou 70 n'est pas la même qu'en 2023.
00:41:50 Aujourd'hui on a un flux d'immigration qui est massif,
00:41:52 et vous le reconnaissez vous-même assez régulièrement sur ce plateau.
00:41:55 Là, le problème c'est, est-ce qu'on peut encore intégrer ?
00:41:58 Est-ce qu'on peut intégrer ces travailleurs-là ?
00:42:01 Mais Laurence, je pense qu'il ne faut pas confondre...
00:42:03 Et vous parlez à une petite fille d'immigré italien,
00:42:05 qui était maçon de tous les deux, donc je sais de quoi je parle.
00:42:08 Bien sûr, je pense que nous ne devons pas confondre,
00:42:10 nous qui sommes issus de l'immigration et les autres qui ne le sont pas,
00:42:13 la clandestinité qui nous pose problème de gens qui ne sont pas régularisés sur notre sol,
00:42:18 et qui sont là et qu'on ne renvoie pas,
00:42:20 de ceux qui sont, et qui relèvent de l'immigration de travail,
00:42:23 l'intégration dans notre société.
00:42:25 Pourquoi elle a marché avec les autres immigrations ?
00:42:28 Ce n'est pas parce qu'ils étaient catholiques, ou croyants, ou non croyants,
00:42:30 donc ce n'est pas parce qu'ils bossaient,
00:42:32 c'est parce qu'ils s'élevaient dans la société,
00:42:34 et qu'ils pouvaient effectivement élever leurs enfants convenablement,
00:42:36 même s'ils habitaient dans des quartiers qui étaient populaires à l'époque,
00:42:39 qui n'étaient pas sensibles et dangereux comme aujourd'hui.
00:42:41 Donc ça veut dire qu'il y a tout un paradigme qui a changé.
00:42:45 Mais les gens qui bossent, il n'y a pas de souci avec eux dans notre pays.
00:42:48 Le souci que nous avons, ça va à les clandestins.
00:42:50 Dissotionnons bien les deux.
00:42:52 L'immigration économique qui bosse n'a pas de problème d'intégration fondamentalement.
00:42:56 Les clandestins ont pris.
00:42:58 Non, mais non, c'est pas du tout prouvé.
00:43:00 Je veux bien sûr que tu le dises.
00:43:02 Tu veux que je t'en donne ?
00:43:04 Les Italiens, les Polonais,
00:43:07 les gens qui sont venus dans les années 40-50,
00:43:10 c'est des dizaines de milliers de personnes.
00:43:12 Aujourd'hui, c'est 350 000 par an minimum.
00:43:15 Des dizaines de milliers de personnes ? Mais tu es un peu court.
00:43:17 Non, non, non, non.
00:43:19 Aujourd'hui, c'est 350 000 minimum par an.
00:43:22 Déjà pour commencer. Donc on n'a pas du boulot pour tous ces gens-là.
00:43:24 Ensuite, c'est pas une immigration de travail.
00:43:26 350 000 ne viennent pas bosser. Il y a des étudiants dedans, tu le sais.
00:43:29 Il y a plusieurs immigrations.
00:43:31 L'immigration de travail, carrément, va juste laisser les gens prendre leur mien.
00:43:35 C'est justement ce que je te dis.
00:43:37 A l'époque de l'immigration de ta famille, de celle de Laurence dont tu parles,
00:43:41 c'est des gens qui ont demandé de venir bosser,
00:43:44 qui d'ailleurs pour la plupart d'entre eux sont repartis après avoir travaillé.
00:43:46 Ils sont venus pour faire un job, mais ils ne sont pas tous restés.
00:43:48 Aujourd'hui, ce sont des gens qui ne viennent pas pour travailler.
00:43:50 L'immigration de travail est epsilon aujourd'hui dans le delta de l'immigration.
00:43:53 C'est de ça le sujet. C'est de ça dont on parle.
00:43:55 Non, mais justement, parce que moi, ce que je veux dire depuis le début,
00:43:58 c'est que ce qui me scandalise, c'est que ce projet de loi,
00:44:01 c'est l'aspect le plus délétère du "en même temps".
00:44:04 On est en train de focaliser la chose sur la régularisation des travailleurs clandestins,
00:44:10 qui n'ont pas de type de séjour, alors qu'en réalité, ça s'inscrit dans un phénomène global
00:44:14 qui est 400 000 personnes quasiment, qui arrivent chaque année
00:44:17 et qui ne viennent pas pour travailler.
00:44:18 En fait, ils ont fait un zoom sur un petit problème,
00:44:22 et le débat qu'on a en ce moment n'est pas le sujet.
00:44:24 Ça n'est pas le sujet ?
00:44:26 C'est l'immigration massive clandestine.
00:44:28 Mais je suis bien d'accord, c'est le seul domaine sur lequel ils pouvaient intervenir,
00:44:32 car l'Europe et son solidarité Geoffroy ne leur permet pas d'intervenir sur les autres domaines.
00:44:37 Je suis d'accord avec Joseph.
00:44:38 C'est le domaine dans lequel ils vont avoir des résultats,
00:44:40 parce que régulariser des gens, ça, ils savent faire.
00:44:42 Claude Guéant, ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy,
00:44:44 racontait à la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy,
00:44:46 qu'on ne savait tellement plus quoi faire avec l'immigration,
00:44:48 c'était les printemps arabes, etc.,
00:44:50 qu'on a régularisé plus que sous Jospin.
00:44:52 C'est le moyen que les gouvernements trouvent pour améliorer leurs chiffres,
00:44:56 ou en tout cas donner l'impression qu'ils ont une maîtrise.
00:44:58 J'ai fait une seconde de publicité.
00:45:00 La Fondapol, on connaît la Fondation Politique,
00:45:02 qui vient de publier un petit livre remarquable,
00:45:06 une étude sur la politique danoise d'immigration,
00:45:09 une fermeture consensuelle.
00:45:12 Fermée, fermer le pays.
00:45:14 Voilà. Et ça, c'est quelque chose,
00:45:17 et c'est le Parti Social-Démocrate qui continue
00:45:20 et qui réaffirme cette politique.
00:45:22 Pourquoi ? Pour sauvegarder,
00:45:24 non pas pour des raisons d'ethnique ou d'ethnicisme,
00:45:27 tout simplement pour sauvegarder l'État-providence,
00:45:30 qui est le lien, qui est le ciment social du Danemark.
00:45:33 J'incite vraiment tout le monde à lire ce livre.
00:45:35 Un tout petit mot, Eric ?
00:45:37 Sur une mesure concrète de ce qui est proposé dans cette loi d'immigration,
00:45:40 c'est un titre de séjour spécifique
00:45:42 pour permettre aux secteurs qui sont sous tension de main d'œuvre
00:45:45 d'ajuster. Mais pardonnez-moi,
00:45:48 mais on se moque à la fois de ces travailleurs
00:45:50 et on se moque à la fois des Français.
00:45:52 On se moque de ces travailleurs parce qu'on leur dit
00:45:54 "on va vous prendre pour un an, deux ans, puis après on va peut-être vous jeter",
00:45:57 c'est ça qu'on leur dit avec ce titre de séjour spécifique.
00:45:59 Mais on se moque des Français aussi parce qu'au bout d'un an,
00:46:02 de deux ans, de titre de séjour spécifique,
00:46:04 de trois ans, parfois, ces gens, laissez-bien normal,
00:46:07 font des familles. Comment est-ce que vous allez leur dire ensuite,
00:46:10 alors que leurs enfants sont scolarisés,
00:46:12 "on vous remet chez vous". Donc en fait, on se moque des deux.
00:46:15 Et c'est ça le sujet, moi, qui m'irrite.
00:46:17 Donc, grande hypocrisie sur ce projet de loi d'immigration, selon vous.
00:46:20 Oui, si on prend cette mesure-là, mais attendez,
00:46:23 si on prend cette mesure-là, mais vous la trouvez pas totalement inhumaine ?
00:46:26 Non ? Karim Zérébi, vous la trouvez pas inhumaine ?
00:46:28 Pas du tout. Je la trouve pragmatique.
00:46:31 Plutôt que de laisser les gens dans la nature,
00:46:33 qui travaillent au black, ou qui travaillent déclarés,
00:46:35 donc sans avoir le droit de se stationner dans le pays,
00:46:38 je pense qu'il faut les régulariser. En revanche, c'est l'autre genre, moi.
00:46:41 Avec un titre qui est mauvais, un nom de Jean-Carim.
00:46:43 C'est l'autre genre du projet sur lequel je m'en mets.
00:46:45 On a entendu tous vos points de vue. Merci à tous les quatre.
00:46:47 On se retourne dans un instant, dans Punchline, sur CNews et sur Europe 1.
00:46:50 On reviendra sur la mobilisation réussie contre la réforme des retraites.
00:46:54 Et après, que va-t-il se passer ?
00:46:56 On en débat, notamment avec Michel Onfray,
00:46:58 qui sera en ligne avec nous. À tout de suite.
00:47:00 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes.
00:47:04 Bienvenue dans Punchline, ce soir, sur CNews et sur Europe 1.
00:47:06 Comment transformer ces réussites,
00:47:08 la mobilisation dans toute la France,
00:47:10 contre la réforme des retraites ?
00:47:11 Les syndicats se préparent aux deux prochaines manifestations
00:47:14 des 7 et 11 février.
00:47:15 La pression monte côté gouvernement,
00:47:17 avec Elisabeth Borne qui s'agace des critiques.
00:47:20 Et vous, que pensez-vous d'un référendum sur la question ?
00:47:23 Vous êtes 69% à répondre oui, selon un sondage CSA pour CNews.
00:47:27 On entendra aussi la réaction en direct,
00:47:29 dans un instant, du philosophe Michel Onfray,
00:47:31 sur cette révolte des Français.
00:47:33 Ce rapport de force qui s'installe,
00:47:35 on entendra également les Français qui exercent des métiers pénibles,
00:47:39 dire leur colère face à l'obstination du gouvernement.
00:47:42 Voilà pour les grandes lignes de nos débats ce soir.
00:47:44 Ce sera juste après le rappel des titres de l'actualité,
00:47:47 de 18h, sur CNews et sur Europe.
00:48:03 Il est donc 18h sur CNews et sur Europe.
00:48:05 Les syndicats de la RATP se préparent à débrayer
00:48:07 pour deux nouvelles journées de grève, les 7 et 11 février.
00:48:10 Ils se joignent ainsi à l'appel des huit principaux syndicats.
00:48:13 Dans un communiqué, tous ces syndicats s'unissent
00:48:16 pour poursuivre et amplifier la mobilisation
00:48:18 afin de dire non à la réforme des retraites.
00:48:20 Toujours concernant ce sujet des retraites,
00:48:22 êtes-vous pour ou contre un référendum ?
00:48:24 Je vous le disais, 69% vous êtes prêts à répondre
00:48:28 à un référendum sur la question.
00:48:30 Le Royaume-Uni par ailleurs connaît sa plus importante
00:48:33 journée de grève de la décennie, trains à l'arrêt,
00:48:35 écoles fermées et même chose pour les guichets
00:48:37 de certaines administrations.
00:48:39 500 000 Britanniques étaient attendus dans les rues
00:48:41 par les syndicats et ils réclament des meilleurs salaires
00:48:43 face à une inflation record dans le pays.
00:48:46 Repoussé à plusieurs reprises, le projet de loi sur l'immigration
00:48:49 a été présenté ce mercredi en Conseil des ministres.
00:48:51 Il prévoit la création d'un titre de séjour
00:48:53 pour les travailleurs sans papiers dans les métiers en tension,
00:48:56 ainsi que l'accélération des expulsions de délinquants étrangers.
00:49:00 Le procès d'un trafic international de drogue s'est ouvert aujourd'hui
00:49:04 aux assises de Douai.
00:49:05 Six hommes sont soupçonnés d'être les principaux protagonistes
00:49:07 de l'affaire.
00:49:08 En 2017, plus d'une tonne de cocaïne avait été saisie
00:49:11 dans le port du Havre.
00:49:13 Enfin, les proches de la jeune Siem, d'y paru dans le Gard,
00:49:16 ont manifesté aujourd'hui devant le palais de justice de Nîmes.
00:49:19 Hier, un homme d'une quarantaine d'années et son ex-compagne
00:49:22 ont été interpellés et placés en garde à vue.
00:49:25 Une garde à vue prolongée de 24 heures précise ce soir
00:49:27 la préfecture et la procureure.
00:49:29 La jeune femme de 18 ans reste introuvable depuis une semaine.
00:49:32 Écoutez le témoignage d'une de ses voisines.
00:49:34 C'est quelque chose de grave, dans notre petite ville,
00:49:39 qu'il arrive une chose comme ça.
00:49:41 Je suis choquée, franchement.
00:49:44 Et puis voilà, c'est des gens qu'on connaît beaucoup,
00:49:48 que tout le monde les connaît à la graine comme.
00:49:50 C'est des gens qui n'ont jamais eu de soucis.
00:49:52 C'est des gens bien, quoi.
00:49:54 Même la petite, et puis là, d'un coup,
00:49:56 qui disparaît comme ça.
00:49:58 Nous, on est choqués.
00:49:59 La population graine comme bien est choquée de ce qui se passe.
00:50:02 Voilà pour la disparition inquiétante de cette jeune fille.
00:50:05 Il est 18h02, on est en direct dans Punchline,
00:50:07 sur CNews avec Karim Zerabi, consultant.
00:50:09 Merci d'être avec nous, Joseph Macé Scarron,
00:50:11 écrivain Geoffroy Lejeune,
00:50:13 directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles,
00:50:15 et Eric Revelle, journaliste.
00:50:16 On va évoquer cette réforme des retraites,
00:50:18 avec la tension qui monte entre d'un côté le gouvernement
00:50:21 et le syndicat.
00:50:22 On va écouter Elisabeth Borne,
00:50:23 la première ministre, cet après-midi au Sénat,
00:50:25 et visiblement, les critiques, ça la gasse.
00:50:28 Ce dont nous avons discuté avec les organisations patronales,
00:50:32 avec les organisations syndicales,
00:50:34 avec les différents groupes parlementaires,
00:50:37 c'est d'assurer l'avenir de notre système de retraite
00:50:40 par répartition, en travaillant progressivement plus longtemps.
00:50:44 C'est ce qu'ont fait tous nos voisins européens.
00:50:46 C'est aussi le choix que des majorités
00:50:48 de droite et de gauche ont fait avant nous.
00:50:51 Et je mesure ce que cela représente pour beaucoup de Français.
00:50:55 Et je sais que nous ne sommes pas tous égaux devant le travail.
00:50:58 C'est pourquoi nous avons veillé à répartir
00:51:01 le plus équitablement possible l'effort,
00:51:03 notamment en tenant compte de la situation de ceux
00:51:06 qui ont commencé à travailler tôt,
00:51:08 ou qui ont des métiers difficiles.
00:51:10 Et je veux souligner aussi, désormais,
00:51:12 les femmes partiront en moyenne plus tôt à la retraite que les hommes,
00:51:16 alors que c'est le contraire aujourd'hui.
00:51:18 Enfin, cette réforme permettra d'augmenter
00:51:22 les plus petites pensions des futurs retraités
00:51:25 comme des retraités actuels.
00:51:27 Nous pourrions peut-être au moins nous retrouver sur ce point.
00:51:29 Bien sûr, nous entendons les inquiétudes et les doutes.
00:51:33 Nous sommes prêts à enrichir le texte,
00:51:35 et je ne doute pas que le Parlement y contribuera.
00:51:39 Voilà pour la Première Ministre Elisabeth Borne,
00:51:41 sur Europe 1 et sur CNews.
00:51:43 On est en ligne avec Michel Onfray, philosophe.
00:51:45 Bonsoir Michel.
00:51:46 On voit le reddissement, l'agacement de l'exécutif.
00:51:48 Et de l'autre côté, cette mobilisation populaire,
00:51:51 ce succès des manifestations à l'ancienne, j'oserais dire.
00:51:54 Ça signifie quoi ? Ça symbolise quoi pour vous ?
00:51:57 Oui, vous avez raison.
00:51:59 J'ai utilisé l'expression "manifestation old school",
00:52:01 en parlant également du peuple old school.
00:52:03 Je trouve que, d'abord, il faut remarquer que
00:52:06 quand les manifestations sont organisées par des syndicats
00:52:08 et pas par des partis politiques, il n'y a pas de bazar.
00:52:11 Vous avez remarqué que, apparemment,
00:52:13 les services d'ordre de la CGT, de la CFDT
00:52:16 et d'autres syndicats sont extrêmement efficaces
00:52:19 et on n'entend pas parler d'incendie, de blabloc, etc.
00:52:24 Je viens qu'on ait changé de préfet.
00:52:25 Je ne pense pas que ça explique tout.
00:52:27 Je crois ensuite qu'Elisabeth Borne n'a pas compris
00:52:29 que le gouvernement, elle a bien compris, évidemment,
00:52:31 mais le gouvernement gouverne contre le peuple.
00:52:33 C'est le cas depuis 2008, depuis qu'en 2008,
00:52:36 la gauche et la droite, comme un seul homme,
00:52:38 ont estimé qu'il fallait mettre à la poubelle
00:52:40 le résultat du référendum de 2005.
00:52:43 Le peuple avait dit "nous ne voulons pas de cette Europe
00:52:45 qui nous contraint à faire une politique
00:52:47 que nous n'avons pas choisie et que nous ne voulons pas".
00:52:49 Sauf, évidemment, à l'élection présidentielle.
00:52:51 On sait très bien comment elle fonctionne aujourd'hui.
00:52:53 Elles sont faites pour que, par défaut,
00:52:55 un candidat de Maastricht s'y trouve.
00:52:57 C'était Macron, donc c'était Macron.
00:52:59 Et puis on nous dit en face qu'il y a un candidat fasciste,
00:53:01 nazi, d'extrême droite, c'est Marine Le Pen.
00:53:03 On joue cette scie musicale depuis des années.
00:53:05 Mais on voit bien que, quand il s'agit
00:53:07 de confirmer l'élection présidentielle
00:53:09 à l'Assemblée nationale, il n'y a pas de confirmation.
00:53:11 C'est-à-dire que le fait qu'Emmanuel Macron
00:53:13 ne dispose pas d'une Assemblée nationale à sa main
00:53:15 fait la démonstration qu'il n'est pas légitime,
00:53:17 que sa légitimité n'est que partielle.
00:53:19 Quand il y a des sondages,
00:53:21 il ne faut pas diriger avec les sondages,
00:53:23 bien sûr, il ne faut pas gouverner avec les sondages.
00:53:25 Mais quand il y a des sondages qui nous font savoir
00:53:27 qu'une majorité de Français est contre cette réforme,
00:53:29 quand il y a un monde incroyable,
00:53:31 il semblerait que, depuis 2010,
00:53:33 il n'y ait pas eu autant de monde dans les rues,
00:53:35 et à un moment donné, on ne gouverne pas contre le peuple,
00:53:37 on ne force pas le peuple,
00:53:39 on ne tord pas le bras au peuple, on écoute le peuple.
00:53:41 Et puis, ça reste quand même
00:53:43 la définition de la démocratie jusqu'à ce jour.
00:53:45 C'est normalement la souveraineté du peuple,
00:53:47 l'expression de la démocratie, c'est le pouvoir du peuple
00:53:49 par le peuple, pour le peuple. Et là, on entend
00:53:51 des gens qui, premier ministre,
00:53:53 ou chef de l'État, ou ministre, nous font savoir
00:53:55 que le peuple, il n'a qu'à obéir
00:53:57 et supporter, on lui fait savoir
00:53:59 que partout ailleurs, en Europe, ça se passe
00:54:01 comme ceci ou comme cela. Mais depuis quand va-t-on chercher
00:54:03 dans les pays voisins, matière à faire
00:54:05 une politique pour notre nation ?
00:54:07 Michel Lenfray, Olivier Véran, porte-parole du gouvernement,
00:54:09 disait que cette réforme des retraites, finalement,
00:54:11 c'est le seul moyen de défendre la souveraineté
00:54:13 de notre pays. La souveraineté
00:54:15 de notre pays.
00:54:17 C'est n'importe quoi, c'est comme si moi, je m'étais
00:54:19 à défendre l'Europe de Maastricht, vous n'y croirez pas beaucoup.
00:54:21 Donc, ils ont bien compris que le mot
00:54:23 souverain avait cessé d'être une insulte,
00:54:25 enfin, pas pour tout le monde, mais que finalement, ça avait
00:54:27 cessé d'être une insulte, et on a vu que,
00:54:29 comme nous manquions de souveraineté au moment du Covid,
00:54:31 les gens ont bien compris que le
00:54:33 souverainisme, ce n'est pas une espèce d'idéologie mortifère,
00:54:35 c'est simplement la possibilité de disposer
00:54:37 de médecins, de disposer d'hôpitaux
00:54:39 efficaces, de disposer de masques
00:54:41 quand on en a besoin, de disposer
00:54:43 d'un vaccin quand on en a besoin.
00:54:45 C'est ça, la souveraineté, ça veut dire qu'on devrait
00:54:47 pouvoir, aujourd'hui, disposer d'une
00:54:49 électricité au prix du nucléaire, comme nous le faisions
00:54:51 jadis, plutôt que de mettre des commerçants
00:54:53 à la rue. C'est ça, la souveraineté.
00:54:55 Donc, évidemment, des gens qui nous font savoir
00:54:57 qu'ils sont pour le souverainisme national et
00:54:59 européen, disent des sottises.
00:55:01 On est pour l'un ou pour l'autre.
00:55:03 Si la France est souveraine, ce n'est pas l'Europe qui l'est.
00:55:05 Si l'Europe est souveraine, ce n'est plus la France qui l'est.
00:55:07 Donc, il y a un moment donné où il faut arrêter
00:55:09 de présenter
00:55:11 les choses de cette manière-là.
00:55:13 Nous ne sommes plus souverains, nous ne pouvons plus
00:55:15 décider de notre politique. Et je rappelle
00:55:17 que quand on nous fait savoir que nos voisins
00:55:19 européens font ceci ou font cela,
00:55:21 eh bien, on est dans une logique européenne, européiste.
00:55:23 Oui, à l'évidence, il faut absolument que cette réforme
00:55:25 soit faite pour le capital et pas
00:55:27 pour les travailleurs, pour l'argent, pour le monde
00:55:29 de business et sûrement pas pour les salariés.
00:55:31 C'est une honte de nous faire savoir
00:55:33 que c'est justice, justesse et
00:55:35 équité. Non, ça fait partie de la feuille de route
00:55:37 des européistes et des maastrichtiens.
00:55:39 Vous dites, Michel Onfray, qu'on ne peut pas
00:55:41 gouverner contre le peuple. Pourtant,
00:55:43 le gouvernement entend faire passer sa réforme
00:55:45 au forceps, à l'Assemblée.
00:55:47 Et les Français devront s'y soumettre de toute façon ?
00:55:49 Ou vous pensez que la mobilisation
00:55:51 peut encore s'amplifier ?
00:55:53 Je ne sais pas comment les choses peuvent se passer.
00:55:55 Je crois qu'il y a un moment donné aussi où il peut y avoir
00:55:57 une espèce de cristallisation des mécontentements.
00:55:59 C'est un peu comme ça que les choses se passent.
00:56:01 La comparaison n'est pas raison, mais quand on regarde
00:56:03 le début des origines de la France contemporaine
00:56:05 de Tène, qui nous raconte comment on arrive
00:56:07 à la Révolution française, on voit bien qu'il y a
00:56:09 des mécontentements qui sont divers et multiples
00:56:11 et à un moment donné, ça coagule.
00:56:13 Donc on ne peut pas dire quand. Ça fait très longtemps qu'on entend dire
00:56:15 que la rentrée va être chaude. Ça fait au moins
00:56:17 6, 7, 8, 9, 10 ans qu'on entend
00:56:19 qu'effectivement, il va y avoir des problèmes
00:56:21 en septembre, en octobre et qu'il n'y en a pas.
00:56:23 Et quand il y a eu une rentrée un peu chaude,
00:56:25 c'était en novembre-décembre avec les Gilets jaunes,
00:56:27 Macron a envoyé
00:56:29 la soldatesque, il a envoyé
00:56:31 la police,
00:56:33 il a envoyé les blindés,
00:56:35 il a envoyé des CRS
00:56:37 et puis on se souvient de la façon qu'il a eu
00:56:39 d'entendre la voix du peuple.
00:56:41 Il est allé faire un grand tour narcissique de la France
00:56:43 pour expliquer que tout le monde avait tort, que personne ne comprenait
00:56:45 rien, que lui était trop intelligent.
00:56:47 C'était son problème d'ailleurs d'être trop intelligent.
00:56:49 L'autre problème étant que le peuple était crétin
00:56:51 et qu'il fallait expliquer au bon peuple ce qu'il n'avait
00:56:53 pas compris. Mais le peuple comprend très bien ce que ça veut dire
00:56:55 que d'imposer cette politique-là, c'est
00:56:57 de la misère, c'est de la pauvreté, c'est du chômage,
00:56:59 c'est de l'inflation, c'est le prix de la baguette
00:57:01 qui augmente quand encore on peut disposer
00:57:03 d'une baguette et que la boulangerie n'a pas
00:57:05 fermée. C'est selon les factures
00:57:07 d'électricité qui explosent, ce sont
00:57:09 les impossibilités
00:57:11 d'avoir quelque chose à côté du nécessaire.
00:57:13 On ne peut plus aller au cinéma, on ne peut plus aller
00:57:15 en vacances, on ne peut plus offrir des jouets à ses
00:57:17 enfants. Les gens comprennent bien,
00:57:19 il n'y a pas besoin d'une pédagogie pour ça.
00:57:21 Les Français sont à bout, ils ont vécu
00:57:23 la crise du Covid, la crise de l'inflation,
00:57:25 la crise énergétique, là c'est la réforme de trop ?
00:57:27 C'est la goutte d'eau qui fait
00:57:29 des bandes de gosses ? C'est beaucoup de choses, c'est-à-dire que
00:57:31 pendant des années, la gauche a eu
00:57:33 besoin des écologistes comme des
00:57:35 supplétifs, il leur fallait 3 points
00:57:37 par ci, 5 points par là, parfois 10 points
00:57:39 pour boucler une élection
00:57:41 et donc on a fait des concessions
00:57:43 aux écologistes et moi je défends le nucléaire depuis
00:57:45 toujours, donc ça me fait marrer
00:57:47 de voir des écologistes aujourd'hui comme Brice Lalonde,
00:57:49 j'ai dû réapparaître, Brice Lalonde, qui nous faisait
00:57:51 savoir après avoir passé sa vie à critiquer le nucléaire
00:57:53 que le nucléaire c'était désormais fantastique.
00:57:55 Donc les pauvres boulangers ou les
00:57:57 pauvres commerçants qui ont des factures terribles d'électricité
00:57:59 paient cette politique-là
00:58:01 qui n'était pas une politique nationale,
00:58:03 qui était une politique de destruction de la souveraineté
00:58:05 économique française et on voit
00:58:07 bien effectivement que quand on aurait besoin d'être souverain
00:58:09 que ce soit pour les masques, les médicaments
00:58:11 ou les vaccins
00:58:13 ou alors pour le coup pour l'électricité,
00:58:15 nous ne sommes plus souverains et que les guerres
00:58:17 que nous soutenons, la guerre des États-Unis
00:58:19 contre la Russie avec l'Ukraine
00:58:21 comme prétexte,
00:58:23 ces guerres que nous soutenons produisent des effets
00:58:25 dans la réalité des gens au quotidien,
00:58:27 que ce soit l'inflation, que ce soit le prix de l'essence,
00:58:29 que ce soit le prix de l'électricité,
00:58:31 la possibilité de se chauffer,
00:58:33 les invitations à porter des pulls et à baisser
00:58:35 le chauffage dans sa maison, enfin on rêve ou quoi ?
00:58:37 Le chef de l'État a été
00:58:39 élu pour demander aux Français de mettre
00:58:41 un deuxième pull et de chauffer
00:58:43 à 18 ou 19 degrés, qu'est-ce que c'est
00:58:45 cette France qui a perdu sa souveraineté
00:58:47 au point que nous soyons obligés aujourd'hui de faire
00:58:49 des publicités, des campagnes de publicités pour nous
00:58:51 dire qu'il faut baisser l'électricité, qu'il faut couper
00:58:53 le chauffage, qu'il faut etc.
00:58:55 Enfin tout le monde se souvient de ces invitations-là.
00:58:57 Donc oui, il y a une espèce d'énervement généralisé
00:58:59 parce que Macron a eu 5 ans pour lui,
00:59:01 il a encore 5 ans pour lui et il ne fait
00:59:03 que détricoter ce qui aura pu être
00:59:05 social ou ce qui fonctionnait dans le pays.
00:59:07 Michel, on voudrait vous rester avec nous, on se retrouve dans un instant,
00:59:09 je passerai la parole aussi à nos invités sur le plateau.
00:59:11 On évoquera les retraites,
00:59:13 on entendra les témoignages d'une mère de famille,
00:59:15 d'un pompier qui disant "cette réforme,
00:59:17 c'est pas possible pour nous". On parlera aussi
00:59:19 de l'Ukraine parce que la guerre, c'est une réalité,
00:59:21 c'est pas un prétexte Michel Onfray,
00:59:23 cette guerre, c'est pas un prétexte à la guerre
00:59:25 entre les Etats-Unis, alors aussi c'est une réalité.
00:59:27 A tout de suite dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:59:29 [Musique]
00:59:31 [Musique]
00:59:33 18h16, on se retrouve en direct sur Europe 1 et sur
00:59:35 CNews pour Punchline, on est toujours avec
00:59:37 Michel Onfray, avec nos invités en plateau.
00:59:39 On continue à parler des retraites, on va écouter
00:59:41 deux témoignages si vous le voulez bien. D'abord une femme
00:59:43 qui comprend bien ce qu'elle a à perdre
00:59:45 dans cette réforme, malgré ce que dit la première ministre,
00:59:47 et puis un pompier qui lui aussi
00:59:49 dit non à cette réforme, qu'il juge
00:59:51 injuste. Écoutez-les tous les deux,
00:59:53 et on en débat ensuite.
00:59:55 Cette réforme ne me permettra pas de partir plus tôt
00:59:57 et ne me protège pas du tout comme on essaie de nous le dire.
00:59:59 Et surtout moi ce qui me motive,
01:00:01 c'est que c'est un vrai changement de modèle
01:00:03 social. Ça veut dire que je pourrais pas avoir
01:00:05 d'activité associative, ça veut dire que
01:00:07 je pourrais pas garder mes petits
01:00:09 enfants si jamais j'en ai, ça veut dire
01:00:11 que tout ce que les retraités apportent,
01:00:13 je pourrais pas l'apporter
01:00:15 avant d'avoir 70 ans. Donc moi c'est surtout pour ça
01:00:17 que je me bats. Ils vont maintenir leur cap
01:00:19 en fait, ils vont maintenir leur cap malgré
01:00:21 tout. Vous voyez que les gens sont pas contents,
01:00:23 sont dehors, ils crèvent la faim,
01:00:25 il y a des problèmes partout, dans
01:00:27 toutes les institutions, on est en manque de moyens
01:00:29 chez les pompiers,
01:00:31 dans les hôpitaux, dans la
01:00:33 police même, dans la gendarmerie,
01:00:35 dans l'éducation nationale. Tout le système
01:00:37 croule en fait. Aujourd'hui nous on a
01:00:39 décidé de venir défiler pour les
01:00:41 retraites, pour nous, par
01:00:43 solidarité pour tout le monde, mais aussi parce qu'il y a
01:00:45 un ras-le-bol général aussi, il y a un ras-le-bol
01:00:47 général. Voilà pour ces témoignages
01:00:49 montés par Marie-Lièse Chevalier.
01:00:51 Michel Onfray, quand on entend à la fois un pompier
01:00:53 et une mère de famille qui ont le même discours,
01:00:55 c'est qu'il se passe quelque chose dans le pays.
01:00:57 Oui, mais vous savez,
01:00:59 on pourrait, vous auriez pu monter
01:01:01 encore d'autres interventions,
01:01:03 parce que moi quand j'entends des gens parler,
01:01:05 que ce soit des chauffeurs de taxi,
01:01:07 des instituteurs ou des
01:01:09 institutrices, des professeurs des écoles,
01:01:11 tout le monde est mécontent. Quand les gens viennent me voir
01:01:13 dans le train, me reconnaissent et que nous parlons,
01:01:15 les contrôleurs, ils sont... enfin personne
01:01:17 n'est content, personne n'est heureux de la façon dont ça
01:01:19 se passe actuellement. Je ne connais pas une
01:01:21 catégorie sociale qui puisse... sauf peut-être, je ne sais pas,
01:01:23 les banquiers, les traders,
01:01:25 ce sont des catégories sociales qu'on
01:01:27 puisse intégrer dans une réflexion ici,
01:01:29 mais qu'ils soient heureux. Les gens qui font de l'argent avec
01:01:31 l'argent, les gens qui font du business, oui, ceux-là,
01:01:33 c'est probablement heureux, mais ça se fait au détriment
01:01:35 d'une majorité de Français. Vous savez, quand Marx fait
01:01:37 l'analyse de ce qu'il appelle la paupérisation, en nous disant
01:01:39 qu'il a raison, qu'il y a de plus...
01:01:41 avec le capitalisme, il y a de plus
01:01:43 en plus de pauvres, et qu'ils sont de plus
01:01:45 en plus pauvres, et de moins en moins de riches,
01:01:47 mais qu'ils sont de plus en plus riches, il a
01:01:49 complètement raison, Marx, de faire cette analyse-là.
01:01:51 Et on voit très bien que dans la totalité de la
01:01:53 société française, rien ne fonctionne.
01:01:55 Il n'y a pas besoin de prendre le train, de demander
01:01:57 un rendez-vous
01:01:59 chez le dentiste, ou d'avoir besoin de
01:02:01 de quoi que ce soit aujourd'hui en France.
01:02:03 Vous savez que ça ne fonctionne pas.
01:02:05 On est dans une espèce
01:02:07 de logique de tiers-mondialisation, et ça
01:02:09 fait sourire à l'étranger, ça fait même beaucoup rire
01:02:11 à l'étranger. - Une question d'Eric Revelle,
01:02:13 Michel Onfray. - On parle beaucoup de cristallisation
01:02:15 sur des facteurs économiques, bon,
01:02:17 les retraites s'ajoutant à cela, le pouvoir d'achat,
01:02:19 les factures qui augmentent,
01:02:21 mais est-ce qu'il n'y a pas aussi une sorte de cristallisation
01:02:23 sociologique ? C'est-à-dire que
01:02:25 quand vous parlez de paupérisation, il y a
01:02:27 tous ces 6 ou 8 millions de Français
01:02:29 très très pauvres, mais maintenant ce sont
01:02:31 les classes moyennes qui s'agrègent
01:02:33 sociologiquement à cette paupérisation
01:02:35 qui expliquerait peut-être, je vous pose
01:02:37 la question, ce mouvement largement
01:02:39 plus populaire aujourd'hui dans les rues.
01:02:41 - Ah mais complètement, vous avez raison,
01:02:43 j'ai vu sur les
01:02:45 écrans de CNews que le
01:02:47 chiffre des gens qui vivent dehors
01:02:49 avait explosé en 10 ans,
01:02:51 je crois que c'est une augmentation de plus de 100%,
01:02:53 enfin c'est quand même assez sidérant.
01:02:55 On sait que des gens qui y travaillent
01:02:57 dorment dans leur voiture par exemple, j'ai vu l'autre jour
01:02:59 aussi un reportage de gens qui vivaient dans des caravanes,
01:03:01 dans des campings
01:03:03 parce qu'ils n'ont pas les moyens de payer des locations.
01:03:05 Donc ce sont des gens qui travaillent,
01:03:07 qui sont socialisés, ce sont des gens qui
01:03:09 vont le matin au travail et on se dit
01:03:11 voilà dans quelle situation ils se trouvent, donc vous avez
01:03:13 raison de signaler qu'il y a une
01:03:15 immense paupérisation des gens qui déjà
01:03:17 ne peuvent pas s'acheter, là encore,
01:03:19 des gens qui me disent qu'ils ne peuvent pas acheter de poisson, c'est trop cher,
01:03:21 ne peuvent pas acheter de viande, c'est trop cher,
01:03:23 qu'évidemment il n'est pas question d'avoir des week-ends,
01:03:25 d'aller au cinéma, vous vous rendez compte,
01:03:27 12, 13, 14, 15 euros, une place de cinéma,
01:03:29 ça n'est pas possible, il y a un tas de gens qui vivent
01:03:31 dans une espèce de souffrance
01:03:33 digne et silencieuse,
01:03:35 ce sont des gens qui ne le disent pas beaucoup,
01:03:37 les gilets jaunes avaient commencé à le dire,
01:03:39 mais quand on écoute un peu
01:03:41 les gens du peuple,
01:03:43 je dirais des gens simples et des gens modestes,
01:03:45 ils nous racontent leur misère et leur pauvreté,
01:03:47 et je trouve que ça, ça n'est pas entendu,
01:03:49 quand Mme Borne et M. Macron nous disent qu'ils écoutent,
01:03:51 qu'ils entendent, ils se moquent absolument
01:03:53 de l'environnement du monde, car cette souffrance est insupportable,
01:03:55 cette souffrance en France est insupportable.
01:03:57 - M. Jélonfray, 69% des Français
01:03:59 sont favorables à un référendum sur cette réforme des retraites,
01:04:01 c'est la solution pour sortir de l'impasse ou pas ?
01:04:03 - On va me couper les deux mains,
01:04:05 je vous assure qu'il n'y aura pas de référendum,
01:04:07 il le sait bien,
01:04:09 s'il recourt au référendum,
01:04:11 d'abord Emmanuel Macron, il détruit l'édifice
01:04:13 national dans la configuration européenne,
01:04:15 dans l'Europe de Maastricht,
01:04:17 on gouverne sans les peuples,
01:04:19 malgré les peuples et contre les peuples,
01:04:21 pourquoi d'ailleurs depuis 2005, il n'y a plus de référendum ?
01:04:23 Et pourquoi les élections sont ainsi faites,
01:04:25 qu'on se débrouille pour que l'on puisse
01:04:27 pendant 5 ans dire que Mme Le Pen
01:04:29 est fréquentable et pendant 5 semaines
01:04:31 nous dire qu'elle est nazie,
01:04:33 et ce au moment du dernier tour
01:04:35 des présidentielles,
01:04:37 ou entre les deux tours.
01:04:39 Donc les gens voient bien qu'effectivement
01:04:41 on est dans cette logique où le peuple
01:04:43 n'existe plus, on ne lui demande plus du tout son avis,
01:04:45 donc on ne va évidemment pas lui demander son avis.
01:04:47 Mais Emmanuel Macron sait très bien que majoritairement
01:04:49 les gens diraient qu'il n'y a pas autre chose à faire
01:04:51 dans cette période de guerre avec l'Ukraine,
01:04:53 dans cette période de misère, de pauvreté,
01:04:55 dans cette période d'inflation,
01:04:57 dans cette période où effectivement on nous invite
01:04:59 à couper le chauffage chez nous,
01:05:01 est-ce qu'il n'y a pas autre chose à faire que de toucher
01:05:03 aux retraites ? Il le sait bien,
01:05:05 il ne le fera évidemment pas.
01:05:07 Je souscris évidemment
01:05:09 à l'analyse sur le référendum,
01:05:11 la question que je voulais vous poser
01:05:13 c'est est-ce que puisque vous excluez
01:05:15 cette option de référendum, et pour être lecteur
01:05:17 de Front Populaire, je sais que vous cherchez des solutions
01:05:19 pour que la souveraineté populaire puisse exercer,
01:05:21 que le peuple puisse reprendre le pouvoir,
01:05:23 est-ce que vous croyez davantage à une solution démocratique
01:05:25 à terre, mais si oui laquelle, ou à une explosion,
01:05:27 parce qu'on voit bien que là on va faire quelque chose,
01:05:29 un bras de fer si vous voulez, entre le gouvernement
01:05:31 et l'opinion qui est perdue d'avance pour le gouvernement ?
01:05:33 L'idéal c'est un général de Gaulle qui
01:05:37 reprendrait en main la 5ème,
01:05:39 la constitution et la 5ème, il faudrait donc revoir
01:05:41 tout et corriger tout, parce qu'il y avait
01:05:43 une liaison entre les chefs de l'État et le peuple à l'époque
01:05:45 et le général de Gaulle, le général de Gaulle
01:05:47 est là pour le peuple, si le peuple ne veut plus de lui, il s'en va.
01:05:49 Je vous ferai remarquer, mais vous le savez
01:05:51 très bien, je crois que
01:05:53 depuis qu'on a mis
01:05:55 Téhéran, Chirac, etc. au pouvoir,
01:05:57 dès qu'il perd un référendum, ces gens-là ils restent.
01:05:59 Dès qu'il perd une élection, il reste aussi.
01:06:01 Le général de Gaulle dissout l'Assemblée Nationale en 68,
01:06:03 il fait des élections, il gagne
01:06:05 ces élections, il trouve que ce sont les élections de la peur,
01:06:07 il demande un référendum parce qu'il veut une confirmation.
01:06:09 C'est-à-dire que le général de Gaulle, il demandait
01:06:11 que le peuple lui dise deux fois
01:06:13 de rester, et la politique politicienne l'a mis à la porte.
01:06:15 Mais on voit bien aujourd'hui que ça n'est plus du tout le cas.
01:06:17 Alors, l'hypothèse d'un homme
01:06:19 qui serait gaulliste et gaullien, ou d'une femme, entendons-le bien,
01:06:21 je l'écarte, je ne crois pas
01:06:23 à l'homme providentiel. Je pense qu'il y a une deuxième
01:06:25 solution qui pourrait être une espèce de révolution
01:06:27 girondine, qui ne se ferait pas avec le sang,
01:06:29 à l'évidence, et qui ne se ferait pas
01:06:31 avec les faux et les pics au bout des têtes.
01:06:33 Je vois bien que c'est une espèce de fantasme chez les Mélenchoniens
01:06:35 et les Mélenchonistes ces temps-ci.
01:06:37 Et on pourrait évidemment imaginer une France qui serait
01:06:39 un peu girondine, c'est-à-dire qu'on pourrait redonner du pouvoir
01:06:41 aux provinces, on pourrait redonner du pouvoir aux gens
01:06:43 qui décideraient avec des référendums
01:06:45 d'initiatives locales. On pourrait imaginer
01:06:47 que le principe de Proudhon, c'est-à-dire
01:06:49 une espèce d'autogestion généralisée,
01:06:51 ce pour quoi je me bats depuis des années,
01:06:53 c'est mon socialisme libertaire à moi, qui passe pour un fascisme
01:06:55 et un nazisme, évidemment,
01:06:57 chez les socialistes jacobins qui défendent
01:06:59 Bruxelles comme capitale de la France.
01:07:01 Moi, je pense qu'il y a une révolution politique à faire
01:07:03 qui permettrait au peuple de dire
01:07:05 "mais c'est vous qui êtes le souverain",
01:07:07 on dit. Le souverain, c'est le peuple.
01:07:09 Et il faut qu'on puisse retrouver
01:07:11 des formes politiques. Les gens ne vont plus
01:07:13 voter parce qu'on se moque de leur vote, mais ils sont
01:07:15 en désir d'un vote
01:07:17 qui prendrait en considération leur avis.
01:07:19 - Karim Zarébi, vous vouliez aussi intervenir ?
01:07:21 - Dans les manifestants,
01:07:23 on a plusieurs centaines de milliers
01:07:25 de personnes qui ressentent un déclassement
01:07:27 dans leurs conditions
01:07:29 sociales, leur mode de vie.
01:07:31 Est-ce que ce déclassement français
01:07:33 sur les questions économiques, sociales, il est dû,
01:07:35 selon vous,
01:07:37 à ce que nous impose
01:07:39 l'Union Européenne, comme réforme
01:07:41 pour nous aligner ? Est-ce qu'il est dû
01:07:43 à la fin de l'État-providence,
01:07:45 parce que c'est une époque
01:07:47 qui se termine et une page qui se tourne ?
01:07:49 Ou à une idéologie
01:07:51 capitaliste qui oublie de remettre
01:07:53 l'humain au centre, tel qu'on
01:07:55 pouvait l'espérer et l'imaginer
01:07:57 par le passé ? Qu'est-ce qui fait
01:07:59 qu'aujourd'hui on sent ce déclassement ?
01:08:01 Quelle en est la cause véritable
01:08:03 et première ?
01:08:05 Je crois carrément que vous avez
01:08:07 raison sur tout, que je prends tout
01:08:09 et que je ne vous dirai pas, c'est plutôt ceci que cela,
01:08:11 à quoi j'ajouterais une espèce de haine de soi
01:08:13 française, qui est assez insupportable.
01:08:15 C'est-à-dire qu'on a une espèce de jubilation
01:08:17 dans les passions tristes, nous nous détestons,
01:08:19 nous ne nous aimons pas, enfin quand je dis ça.
01:08:21 Un certain nombre de gens qui nous gouvernent
01:08:23 nous invitent à nous détester. Nous serions,
01:08:25 c'est tout le wokisme, c'est tout le politiquement correct
01:08:27 d'aujourd'hui, la France n'aurait été que
01:08:29 collabo, que vichysse, que pétiniste,
01:08:31 elle n'aurait été qu'insupportable,
01:08:33 elle n'aurait rien inventé, elle n'existerait
01:08:35 que parce que le monde lui aurait fait cadeau de choses
01:08:37 sublimes, etc. C'est tout le travail
01:08:39 de Boucheron au Collège de France et avec les siens.
01:08:41 Donc quand on part du principe qu'il faut
01:08:43 nous détester, qu'il faut nous mettre à genoux,
01:08:45 qu'il faut demander pardon, qu'on n'a pas le droit de s'aimer,
01:08:47 il y a quelque chose qui ne va pas.
01:08:49 Moi je suis très heureux qu'il y ait trois ou quatre,
01:08:51 je crois, Prix Nobel de littérature en France.
01:08:53 Je ne juge pas
01:08:55 d'Agnès Ernaud, mais qu'Agnès Ernaud,
01:08:57 que Patrick Modiano, que
01:08:59 Marie-Gustave Leclésio, que je crois
01:09:01 à un auteur d'origine chinoise
01:09:03 dont j'ai... Pardonne-moi
01:09:05 d'avoir oublié son nom, mais qui est français
01:09:07 aussi et qui sont actuellement vivants.
01:09:09 J'improvise,
01:09:11 j'espère qu'il est encore vivant, je ne veux pas dire des bêtises,
01:09:13 mais il y a matière à se réjouir,
01:09:15 il y a matière à être heureux, il y a matière à être content.
01:09:17 On a des peintres, on a des musiciens,
01:09:19 on a des artistes, on a des architectes, on a
01:09:21 des ingénieurs, on a des occasions
01:09:23 d'être contents de nous, mais c'est une espèce
01:09:25 de fierté. Alors les gens sont fiers pour un tas
01:09:27 de choses, ils ont réussi à faire un régime, ils ont perdu
01:09:29 3 kilos, ils nous disent partout sur Internet
01:09:31 qu'ils sont fiers d'eux, ils sont fiers, ils sont contents, etc.
01:09:33 Mais dès qu'on commence à dire qu'on est fier
01:09:35 d'être français, fier de ce que la France peut faire
01:09:37 au porté, eh bien à ce moment-là, on est
01:09:39 stigmatisé comme un nationaliste, comme un dangereux
01:09:41 fasciste, l'extrême droite, enfin on connaît l'histoire.
01:09:43 Donc je pense qu'il y a un esprit général
01:09:45 qui fait qu'on ne nous invite pas
01:09:47 à nous aimer et que comme on nous invite aussi
01:09:49 à nous détester, ça ne facilite pas
01:09:51 une espèce de plaisir pris à soi-même.
01:09:53 - Michel Onfray, une petite question de Joseph
01:09:55 Scaron. - Oui, rapidement, Michel Onfray, pardonnez-moi,
01:09:57 je voulais revenir sur ce point de déclassement.
01:09:59 Est-ce que vous pensez que
01:10:01 le déclassement en lui-même est quelque
01:10:03 chose, est l'étincelle qui peut être l'étincelle révolutionnaire ?
01:10:05 Je me souviens que
01:10:07 François Furet disait que
01:10:09 à la veille de l'Ancien Régime, c'était pas
01:10:11 du pain que l'on volait, c'était des mouchoirs
01:10:13 brodés. Donc je voulais
01:10:15 avoir votre point de vue là-dessus.
01:10:17 - Je crois que
01:10:19 l'humiliation est un moteur
01:10:21 dans l'histoire, c'est un grand moteur dans l'histoire.
01:10:23 On ne peut pas impunément
01:10:25 faire de telles sortes que des gens qui ont
01:10:27 demandé d'aller travailler, de se lever tôt,
01:10:29 de prendre le métro, de prendre
01:10:31 le train, de prendre la voiture, qu'on
01:10:33 stigmatise parce qu'ils utilisent du diesel,
01:10:35 par exemple, on ne peut pas imaginer qu'on
01:10:37 puisse humilier les gens aussi longtemps.
01:10:39 Ça se paie toujours une humiliation, ça prend le temps,
01:10:41 plus ou moins, mais
01:10:43 ça se paie. Je pense que
01:10:45 le déclassement produit
01:10:47 une indignité. Les gens ne sont pas heureux
01:10:49 de ne pas pouvoir vivre avec les fruits de leur travail.
01:10:51 Ils ne sont pas heureux, les boulangers,
01:10:53 de mettre la clé sous la porte.
01:10:55 J'ai vu l'autre jour un chef
01:10:57 étoilé qui était obligé de fermer
01:10:59 son auberge.
01:11:01 On s'est dit "mais non, cet homme-là, il ne peut pas
01:11:03 être heureux de mettre des gens à la porte,
01:11:05 de ne pas pouvoir exercer son talent, son génie
01:11:07 culinaire, parce qu'effectivement
01:11:09 il se trouve lui aussi déclassé.
01:11:11 Il va avoir des subventions, probablement,
01:11:13 peut-être, mais ça ne suffira pas. Donc je pense
01:11:15 que la privation
01:11:17 de dignité génère un ressentiment
01:11:19 qui est un moteur dans l'histoire. Et la
01:11:21 Révolution française s'explique, et vous avez raison
01:11:23 de renvoyer à cette période-là,
01:11:25 beaucoup avec l'espèce
01:11:27 de souffrance et de douleur,
01:11:29 de manque de dignité qu'il y avait. Les gens ne voulaient pas
01:11:31 forcément
01:11:33 que les aristocrates soient pendus,
01:11:35 que les bourgeois soient pourchassés.
01:11:37 Ils voulaient des choses alimentaires.
01:11:39 Je renvoie à ce qu'on appelait les enragés.
01:11:41 Ils voulaient du pain, ils voulaient de la chandelle
01:11:43 pour s'éclairer dans la maison, ils voulaient du lait pour leurs enfants.
01:11:45 Ils voulaient pouvoir vivre dignement
01:11:47 de leur propre travail. Il y a un tas de gens qui ne le peuvent
01:11:49 plus aujourd'hui, et de fait, cette
01:11:51 indignité qu'on inflige à un certain nombre de gens
01:11:53 provoque une colère qui, elle,
01:11:55 est susceptible de nourrir des passions révolutionnaires.
01:11:57 Ça, c'est évident. Et des passions dangereuses. Voilà pourquoi
01:11:59 d'ailleurs, aujourd'hui, on nous ressort les piques,
01:12:01 on nous ressort les guillotines, on nous ressort les
01:12:03 Robespierres, et on voudrait aujourd'hui
01:12:05 décapiter les milliardaires. Ce qui n'est évidemment pas une bonne
01:12:07 solution. - Oui, et c'est Jean-Luc Mélenchon notamment
01:12:09 qui le demande, Michel Onfray, qui demande
01:12:11 la peau des milliardaires.
01:12:13 - Oui, ce qui est une sottise complète,
01:12:15 c'est de croire qu'il y a
01:12:17 des espèces de vases communicants, et si
01:12:19 on impoverit un riche, on enrichira un pauvre.
01:12:21 C'est pas évidemment comme ça que ça fonctionne.
01:12:23 Je pense que si on commençait déjà par éviter
01:12:25 de donner beaucoup d'argent à l'Europe pour que
01:12:27 nous soyons un pays contributeur
01:12:29 qui contribue plus qu'il ne gagne
01:12:31 pour permettre à d'autres pays d'exister, moi
01:12:33 je trouve très bien qu'on puisse aider d'autres pays à exister,
01:12:35 mais si tant est qu'on puisse encore le faire
01:12:37 et que nous en avons les moyens. C'est-à-dire que si
01:12:39 effectivement, on faisait des
01:12:41 économies et on gérait autrement,
01:12:43 j'ai parlé tout à l'heure de cette guerre,
01:12:45 j'ai dit "au prétexte de", entendons-nous bien,
01:12:47 j'ai pas dit que la guerre en Ukraine était un prétexte.
01:12:49 J'ai dit qu'au prétexte de la guerre en Ukraine,
01:12:51 je vous rappelle la pénurie
01:12:53 de moutardes pendant que d'autres
01:12:55 étaient en train de capitaliser sur
01:12:57 les stocks de moutardes, il y a une façon
01:12:59 de faire de la politique qui ne
01:13:01 peut plus être comme avant.
01:13:03 Ça me paraît évident qu'on ne peut plus continuer
01:13:05 sur ce rythme-là. - Justement sur l'Ukraine,
01:13:07 la tension monte entre la France
01:13:09 et la Russie, la diplomatie russe dénonce
01:13:11 les propos absurdes d'Emmanuel Macron qui disait
01:13:13 que livrer des armements lourds à l'Ukraine
01:13:15 ce n'est pas une escalade,
01:13:17 on est dans un moment de grande tension.
01:13:19 - Oui,
01:13:21 je ne savais pas, il a inventé un néologisme,
01:13:23 il ne fallait pas que ce soit escalatoire,
01:13:25 c'est comme si on n'avait pas de mots français à disposition,
01:13:27 il ne fallait pas que ce soit escalatoire.
01:13:29 Mais c'est escalatoire,
01:13:31 faisons fonctionner son néologisme,
01:13:33 depuis le début, il n'y a vraiment qu'Emmanuel Macron
01:13:35 qui peut nous dire que d'une part
01:13:37 on fait la guerre et d'autre part on ne la fait pas,
01:13:39 parce qu'on est évidemment co-belligérant,
01:13:41 si quelqu'un passe à tabac,
01:13:43 une personne dans la rue avec 2 ou 3 copains
01:13:45 et qu'il y en a un qui donne un tournevis, il est co-belligérant,
01:13:47 on entend bien, donc depuis le début
01:13:49 on est co-belligérant, simplement si dans la co-belligérance
01:13:51 on veut en faire toujours plus, toujours plus,
01:13:53 qu'on n'a pas le souci de la paix,
01:13:55 de la diplomatie, nous avions un génie
01:13:57 diplomatique en France, je rappelle que pendant
01:13:59 très longtemps, le français est la langue de la diplomatie,
01:14:01 on en est loin,
01:14:03 d'abord pour faire de la diplomatie il faut des diplomates,
01:14:05 on détruit les écoles de diplomatie en France,
01:14:07 ensuite il faut un chef d'état qui soit crédible,
01:14:09 on n'a pas un chef d'état qui soit crédible,
01:14:11 et puis ensuite il faut pouvoir être à la hauteur
01:14:13 des pays avec lesquels on peut discuter,
01:14:15 c'est à dire avec l'Iran, avec la Turquie,
01:14:17 avec la Chine, car il faut faire la paix,
01:14:19 et puis avec évidemment la Russie,
01:14:21 mais on ne veut pas de la paix, on a envie de cette guerre,
01:14:23 elle fait l'affaire d'un certain nombre de gens,
01:14:28 et pendant ce temps là c'est la population ukrainienne
01:14:30 qui prend des bombes,
01:14:32 qui prend des missiles,
01:14:34 et à qui on va encore envoyer encore plus de bombes
01:14:36 et encore plus de missiles,
01:14:38 plus personne ne parle de la paix,
01:14:40 c'est quand même assez sidérant,
01:14:42 comparaison n'est pas raison, mais ça ressemble étrangement
01:14:44 à ce qui a rendu possible la guerre de 14-18,
01:14:46 qui a saigné considérablement la France,
01:14:48 et qui avec le traité de Versailles a rendu possible
01:14:50 par la suite la montée de certaine Adolf Hitler,
01:14:52 qui a rendu possible la deuxième guerre mondiale,
01:14:54 donc il y a un moment donné où on se dit,
01:14:56 est-ce que tous ces gens qui nous disent
01:14:58 qu'il faut avoir le souci de l'histoire
01:15:00 pour faire de telle sorte que le pire ne recommence pas,
01:15:02 sont des gens qui ne voient pas qu'ils sont en train
01:15:04 de faire la guerre, et qu'il faut que le pire recommence.
01:15:06 Retrouvons un chef de l'État digne,
01:15:08 retrouvons une diplomatie digne de ce nom,
01:15:10 retrouvons une place dans le concert des nations,
01:15:12 mais ça, ça ne se fait pas du jour au lendemain.
01:15:14 Merci beaucoup Michel Onfray d'avoir pris du temps
01:15:16 pour nous répondre ce soir dans Punchline,
01:15:18 sur CNews et sur Europa.
01:15:20 18h31, on fait le rappel des titres de l'actualité
01:15:22 avec Adrien Spiteri.
01:15:24 Fin de l'isolement systématique pour les personnes
01:15:31 testées positives au Covid-19,
01:15:33 terminés également les tests de dépistage
01:15:35 pour les cas contacts.
01:15:37 Deux annonces faites par la Direction Générale
01:15:39 de la Santé. Selon elle, ces mesures
01:15:41 se justifient par un contexte épidémique
01:15:43 favorable dans le pays.
01:15:45 Le projet de réforme de la police judiciaire
01:15:47 doit être modifié
01:15:49 selon un rapport sénatorial.
01:15:51 Ce dernier est porté par le sénateur LR
01:15:53 Philippe Dominati.
01:15:55 Il considère que le cadre départemental
01:15:57 est anachronique et largement
01:15:59 inadapté. Pour rappel, le ministre de l'Intérieur
01:16:01 Gérald Darmanin
01:16:03 veut placer tous les services de police
01:16:05 d'un département sous l'autorité
01:16:07 d'un seul directeur départemental.
01:16:09 Et puis une province canadienne
01:16:11 dépénalise des drogues dures.
01:16:13 Sont concernées la cocaïne, les méthamphétamines
01:16:15 ou encore la MDMA.
01:16:17 Désormais, la possession de petites quantités
01:16:19 de ces drogues ne constitue plus une infraction.
01:16:21 La Colombie-Britannique
01:16:23 dit vouloir endiguer la crise des opiacés.
01:16:25 Elle tue des milliers de personnes
01:16:27 chaque année dans le pays.
01:16:29 Merci beaucoup Adrien Spiteri pour ce rappel
01:16:31 des titres de l'actualité. On fait une toute petite pause.
01:16:33 18h33, on se retrouve dans Punchline
01:16:35 dans un instant sur CNews et sur Europe 1.
01:16:37 On évoquera avec Linda Kebab,
01:16:39 déléguée policière Unité SGP
01:16:41 les manifestations d'hier,
01:16:43 les mobilisations à venir et puis aussi
01:16:45 la sécurité, la hausse de la délinquance
01:16:47 et ce qui se passe au Havre avec
01:16:49 ce trafic international
01:16:51 de cocaïne qui s'y déroule.
01:16:53 Un procès qui s'est ouvert aujourd'hui aux assises de toit.
01:16:55 A tout de suite dans Punchline.
01:16:57 18h37,
01:16:59 en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
01:17:01 On va évoquer les questions de sécurité,
01:17:03 je vous le disais, avec ce trafic de drogue
01:17:05 dans les ports et notamment
01:17:07 le port du Havre. Six hommes sont accusés
01:17:09 d'avoir été les acteurs de premier plan
01:17:11 d'un vaste trafic de cocaïne
01:17:13 international.
01:17:15 On va avec des dockers
01:17:17 corrompus, on va faire le point
01:17:19 avec Maé Valami et Sandra Buisson
01:17:21 et puis on en débarque ensuite dans Punchline.
01:17:23 En provenance
01:17:25 des ports de Colombie, d'Équateur,
01:17:27 du Brésil, parfois en faisant
01:17:29 étape dans les Antilles françaises,
01:17:31 c'est par mer qu'arrive 84%
01:17:33 de la cocaïne qui entre
01:17:35 dans l'Hexagone. Le plus souvent,
01:17:37 elle est cachée dans des containers au milieu
01:17:39 de la marchandise légale, café,
01:17:41 fruits, sucre par exemple.
01:17:43 Le Havre est le premier point de déchargement
01:17:45 en France. En 2021,
01:17:47 10 tonnes y ont été saisies.
01:17:49 Mais une fois au port, les trafiquants doivent
01:17:51 trouver un moyen de la faire sortir,
01:17:53 comme l'explique Stéphanie Charbonnier,
01:17:55 directrice de l'Office français antistupéfiant.
01:17:57 Ça peut être une corruption d'agent
01:17:59 public, une corruption d'agent privé,
01:18:01 on parle souvent des dockers,
01:18:03 qui sont des, je dirais,
01:18:05 une profession particulièrement
01:18:07 exposée sur les ports.
01:18:09 50 000 euros parfois pour déplacer un container
01:18:11 où est cachée la drogue,
01:18:13 75 000 euros pour signer une autorisation
01:18:15 de sortie. Un trafic
01:18:17 qui amène avec lui son lot de violences,
01:18:19 d'enlèvements, de séquestration,
01:18:21 de règlements de compte.
01:18:23 Si les attaques à l'arme lourde comme à Anvers
01:18:25 ne sont pas encore d'actualité,
01:18:27 le danger guette, selon le procureur
01:18:29 du Havre. L'autre voie d'entrée
01:18:31 de la cocaïne en France, ce sont les vols
01:18:33 au départ de Guyane essentiellement,
01:18:35 en direction des aéroports parisiens.
01:18:37 C'est de la cocaïne.
01:18:39 Il est 9h45.
01:18:41 Vous êtes placé en retenue douanière,
01:18:43 Monsieur. Des passagers sont payés
01:18:45 pour passer les stupéfiants en les cachant
01:18:47 sur eux ou en avalant les capsules
01:18:49 de drogue. En 2021,
01:18:51 près de 2 tonnes de cocaïne ont
01:18:53 été saisies dans les aéroports parisiens.
01:18:55 Voilà pour ce constat
01:18:57 effrayant concernant le Havre. Linda
01:18:59 Kebab, bonsoir. Déléguée nationale, Unité SGP.
01:19:01 On a du mal à croire qu'il y a un trafic
01:19:03 international qui arrive dans nos ports
01:19:05 et celui des Havres, mais c'est pourtant la réalité ?
01:19:07 C'est une réalité bien ancienne.
01:19:09 On sait très bien que de toute manière, la cocaïne
01:19:11 arrive en France de manière régulière, aussi bien
01:19:13 au Havre que par avion,
01:19:15 et notamment depuis la Guyane où
01:19:17 une partie considérable des passagers
01:19:19 durant les vols
01:19:21 sont des mules. On le sait
01:19:23 et on fait le choix comme ça au hasard en espérant
01:19:25 que ce soit celle qui en contient le plus
01:19:27 dans le ventre qu'on contrôle à ce moment-là. En tout cas,
01:19:29 c'est le travail des douaniers et des policiers
01:19:31 de la PAF. Carine Zahavi,
01:19:33 c'est vrai que c'est surprenant
01:19:35 mais visiblement les policiers en corrompent depuis bien
01:19:37 longtemps de ce qui se passe dans ces ports.
01:19:39 Oui, le nord de l'Europe est une plaque tournante
01:19:41 qui est connue, Rotterdam,
01:19:43 Anvers, le port du Havre,
01:19:45 qui est quand même le premier port de conteneurs en France
01:19:47 qui dépasse largement Marseille,
01:19:49 même si je peux le regretter, non pas pour le trafic
01:19:51 de drogue mais pour le trafic de marchandises,
01:19:53 évidemment. Et donc du coup,
01:19:55 on a au côté sud
01:19:57 une route qui est celle de l'Espagne et qui vient du Maghreb
01:19:59 pour le cannabis et autres, et même pour
01:20:01 la cocaïne qui peut aussi passer par là,
01:20:03 mais on a du côté du nord
01:20:05 tout ce qui provient de l'Amérique du Sud,
01:20:07 et effectivement par avion, comme l'a dit Linda,
01:20:09 mais aussi par le port du Havre
01:20:11 où là il y a eu une mafia
01:20:13 qui s'était épris du port du Havre
01:20:15 en mobilisant
01:20:17 soit par la force, soit
01:20:19 par l'attractivité pécuniaire
01:20:21 des dockers
01:20:23 qui les avaient
01:20:25 soit persécutés,
01:20:27 soit achetés, ça c'est le procès qui le dira,
01:20:29 pour permettre à la cocaïne
01:20:31 de rentrer. Mais 150%
01:20:33 de plus,
01:20:35 je dirais, de cocaïne
01:20:37 qui a été
01:20:39 subtilisée par les forces de l'ordre
01:20:41 par le port du Havre, donc ça veut dire que c'est une vraie plaque tournante
01:20:43 pour rentrer la cocaïne dans le pays.
01:20:45 - Geoffroy Lejeune, ça vous surprend pas non plus ?
01:20:47 - Non, moi j'ai une question pour Linda Kebab,
01:20:49 je regrette parce que je connais le sujet
01:20:51 depuis quelques temps, mais je connaissais pas
01:20:53 avant, je crois que le grand public
01:20:55 se fait un peu tromper par le récit qu'on a de tout ça,
01:20:57 c'est-à-dire qu'on a l'impression quand on entend parler
01:20:59 de trafic de drogue, de cocaïne ou d'autres d'ailleurs,
01:21:01 que les trafiquants sont super forts,
01:21:03 super bien organisés, qu'ils ont
01:21:05 parfois même de la chance, etc. et que la police
01:21:07 elle fait ce qu'elle peut, mais en fait, ce qu'on ne perçoit pas,
01:21:09 et c'est pour ça que je vous pose la question,
01:21:11 c'est expliquer en réalité quelles sont les entraves
01:21:13 au quotidien, en fait moi je pense que c'est un problème de volonté politique,
01:21:15 et notamment de volonté politique de donner
01:21:17 à la police les moyens de faire son travail, c'est-à-dire
01:21:19 qu'en gros, l'histoire
01:21:21 récente de la police
01:21:23 en matière de lutte contre les stupes,
01:21:25 mais pas que d'ailleurs, c'est un peu une entrave à cause
01:21:27 de la procédure, à cause de l'alourdissement de ce qu'ils vous aient demandé,
01:21:29 la paperasse, etc. avec un manque
01:21:31 de moyens qui va de pair, et donc ma question
01:21:33 c'est de vous demander peut-être de décrire ce qui aujourd'hui empêche
01:21:35 un policier, pourtant dans ce métier bien intentionné,
01:21:37 etc. d'être aussi efficace
01:21:39 que ce que le grand public espérerait sur spécifiquement
01:21:41 le trafic de drogue. - C'est pas tant l'empêchement
01:21:43 que le ratio qu'il faut prendre en compte, puisque
01:21:45 en gros, le nombre d'effectifs qui est dévolu
01:21:47 à la lutte contre les trafics stupéfiants, donc aussi bien
01:21:49 ceux qui sont sur la voie publique que ceux qui sont dans les services
01:21:51 d'investigation locale, départementale,
01:21:53 PJ, etc., sont bien insuffisants
01:21:55 par rapport à ce qui entre dans le territoire.
01:21:57 Donc en réalité, avant de parler des lourdeurs
01:21:59 procédurales qui existent, des problèmes techniques qui existent,
01:22:01 du manque d'effectifs qui existent, du manque de volonté politique
01:22:03 depuis longtemps pour mettre des mesures
01:22:05 coercitives extrêmement fortes, des problèmes
01:22:07 de la justice et de ces manques de moyens
01:22:09 dans la lutte contre le trafic de stupéfiants,
01:22:11 et notamment dans les sanctions
01:22:13 à l'égard des dealers, etc.,
01:22:15 il y a d'abord la question de l'entrée de tout
01:22:17 ce stupéfiant sur territoire qui est juste,
01:22:19 mais innombrable, pour nous c'est
01:22:21 un chiffre qu'on peut même pas mesurer,
01:22:23 tellement il est important, et donc nous on est juste là
01:22:25 à vider l'océan à la petite cuillère,
01:22:27 on essaie juste de faire en sorte que ça ne déborde pas
01:22:29 en réalité, mais c'est un fléau qui vient
01:22:31 d'au-delà de nos frontières, comme il le disait
01:22:33 il y a quelques instants M. Zéréby, c'est que ça vient
01:22:35 d'un peu partout à l'international,
01:22:37 il y a évidemment le nord de l'Afrique,
01:22:39 le sud de l'Amérique, il y a également
01:22:41 autour de l'Afghanistan
01:22:43 il y a un trafic qui est différent
01:22:45 mais qui existe également, et donc du coup
01:22:47 c'est tout ça le problème, donc c'est un problème diplomatique,
01:22:49 c'est un problème de relations internationales,
01:22:51 c'est un problème de coopération aussi, des polices,
01:22:53 et surtout de, comment dire,
01:22:55 de bonne volonté des autorités
01:22:57 des pays qui sont concernés, et notamment
01:22:59 que ce soit l'Europe de l'Est, pour les groupes
01:23:01 mafieux, où parfois on a des difficultés à avoir
01:23:03 de la coopération des autorités locales,
01:23:05 parce qu'il y a aussi ça qui va freiner le travail des policiers,
01:23:07 mais également des pays dont on sait
01:23:09 qu'ils sont des producteurs, ou en tout cas des importateurs
01:23:11 de drogue, et bien là c'est un vrai problème pour nous
01:23:13 et on n'a absolument pas de pouvoir à leur égard.
01:23:15 - Je voulais panier, pardon, un dernier mot,
01:23:17 je voulais panier du tout le fait que ce soit un problème
01:23:19 colossal qui en plus prend de l'ampleur,
01:23:21 etc., juste sur la partie sur laquelle
01:23:23 on pourrait, je dis "on", la France pourrait
01:23:25 agir modestement par une volonté politique,
01:23:27 il y a une chose qui m'a frappé énormément,
01:23:29 c'est Gérald Darmanin,
01:23:31 quand il est nommé ministre de l'Intérieur, qui dit
01:23:33 "avec moi les trafiquants vont arrêter de dormir",
01:23:35 et qui, un an et demi plus tard,
01:23:37 commence à évoquer l'idée
01:23:39 du démantèlement de la PJ, en gros en tout cas
01:23:41 de changement complet d'organisation
01:23:43 de la police judiciaire, qui est en fait la seule
01:23:45 à pouvoir démanteler des réseaux et non pas juste arrêter des dealers.
01:23:47 - En réalité, en fait, la PJ,
01:23:49 au-delà du savoir-faire, elle a aussi la possibilité
01:23:51 d'avoir le temps de travailler, c'est ce qui nous manque dans la police.
01:23:53 Dans la police, il y a un truc très luxueux qu'on n'a pas,
01:23:55 c'est le temps, et notamment les services d'investigation
01:23:57 au niveau local et départemental.
01:23:59 C'est ce luxe que la PJ a, et c'est ce luxe
01:24:01 aujourd'hui qui semble être en danger
01:24:03 et en effet, donc du coup, particulièrement
01:24:05 dans la lutte contre les réseaux et les gros trafics
01:24:07 qui vont au-delà des régions et qui vont
01:24:09 même toucher à l'international. Donc oui, c'est un vrai problème,
01:24:11 et en réalité, dire que les dealers
01:24:13 vont mal dormir ou
01:24:15 ambitionner sans pour autant mettre les moyens,
01:24:17 c'est un peu utopique.
01:24:19 Il y a le combat
01:24:21 de la lutte
01:24:23 contre cette drogue qui rentre
01:24:25 dans le pays par tonnage
01:24:27 colossal, et c'est
01:24:29 impressionnant. Mais pourtant,
01:24:31 les fonctionnaires de police font péter,
01:24:33 comme on dit, des passages,
01:24:35 et il y a de l'argent qui est perdu par les trafiquants,
01:24:37 mais on a affaire à des multinationales
01:24:39 à l'échelle du trafic international.
01:24:41 C'est des gens qui représentent
01:24:43 des petits États par rapport à ce qu'ils représentent.
01:24:45 Effectivement, on peut se poser
01:24:47 la question de nos moyens par rapport à cela.
01:24:49 Et puis, il y a le travail des forces de l'ordre
01:24:51 une fois que la drogue est sur notre sol.
01:24:53 Et là, effectivement, c'est un autre travail, une autre lutte
01:24:55 avec, peut-être, c'est peut-être sur ce sujet-là
01:24:57 que Geoffroy a évoqué, les difficultés
01:24:59 administratives de procédure,
01:25:01 quand ça se passe sur notre sol. Mais quand la drogue
01:25:03 rentre, elle rentre par tonnage,
01:25:05 c'est colossal, et
01:25:07 effectivement, on en fait péter, mais pas suffisamment.
01:25:09 – Alors, Linda Kebab,
01:25:11 les syndicats policiers étaient dans la rue
01:25:13 hier, évidemment, pour protester contre
01:25:15 la réforme des retraites.
01:25:17 La réforme, elle est injuste pour vous,
01:25:19 pour vous, les policiers en particulier, pourquoi ?
01:25:21 – Oui, elle est injuste, mais elle est injuste pour l'ensemble des salariés.
01:25:23 Nous, on est alignés avec notre confédération.
01:25:25 On estime que cette réforme des retraites, elle est absolument
01:25:27 malvenue. Je rappelle juste qu'on est
01:25:29 en train de traverser une période d'inflation extrêmement
01:25:31 importante. Nous, pour la fonction publique,
01:25:33 côté fonction publique, ça fait une petite paire
01:25:35 d'années qu'on subit un gel du point d'indice.
01:25:37 Il y a eu un dégel frileux l'année dernière,
01:25:39 mais qui, en réalité, ne compense pas du tout l'inflation.
01:25:41 Et puis, derrière, on nous demande de travailler plus. Donc ça, c'est injuste.
01:25:43 C'est injuste parce qu'on a des policiers qui sont
01:25:45 sursollicités, qui sont surmenés,
01:25:47 qui sont rappelés sur leur repos,
01:25:49 qui ont une charge émotionnelle extrêmement
01:25:51 forte, qui entendent et qui sont confrontés
01:25:53 en fait à la misère sociale et à la misère humaine
01:25:55 en France. Et derrière, on leur demande d'aller travailler
01:25:57 deux ans de plus, c'est juste pas possible.
01:25:59 Je vais vous donner un exemple. Je parle avec une collègue qui travaille
01:26:01 à la brigade des mineurs, brigade de protection
01:26:03 de la famille, qui me dit "moi, ça fait dix ans que j'entends
01:26:05 de la souffrance des enfants avec des choses
01:26:07 juste indicibles, effroyables, que l'humain
01:26:09 ne peut pas imaginer. Eh bien, je ne me sens pas
01:26:11 de les entendre deux ans de plus, je vais devenir folle.
01:26:13 Et comment est-ce que ce gouvernement peut ambitionner
01:26:15 faire travailler les salariés,
01:26:17 et particulièrement les policiers, plus longtemps ? C'est pas possible.
01:26:19 Donc nous, on est contre la réforme des retraites,
01:26:21 première chose, mais la deuxième chose, à une unité
01:26:23 LGP, on revendique quelque chose d'assez particulier,
01:26:25 c'est le déplafonnement de notre bonification.
01:26:27 C'est un sujet qui revient souvent. On a le ministre
01:26:29 de l'Intérieur qui avait dit que les policiers
01:26:31 pouvaient partir plus tôt que le reste des Français.
01:26:33 Pour information, les policiers partent
01:26:35 à 58 ans et demi
01:26:37 à peu près, mais ça va commencer à être
01:26:39 de plus en plus tard, puisqu'il y a des conditions extrêmement
01:26:41 strictes. Je ne vais pas rentrer sur les données techniques,
01:26:43 mais on a une surcotisation. Toute notre carrière,
01:26:45 on surcotise par rapport à l'ensemble des salariés
01:26:47 et de la fonction publique, et donc à ce titre,
01:26:49 on part un peu plus tôt. Sauf que cette surcotisation,
01:26:51 elle est supérieure au gain
01:26:53 que l'on a, c'est-à-dire cette bonification,
01:26:55 et nous, on demande à ce qu'elle soit déplafonnée.
01:26:57 Vous voulez bien cotiser, surcotiser, mais à condition qu'après,
01:26:59 ce soit équitable. C'est normal. Qui accepterait de surcotiser,
01:27:01 tout en restant au travail ?
01:27:03 C'est juste pas possible. On a en fait un allongement
01:27:05 de notre carrière qui s'est faite ces 25 dernières années.
01:27:07 On travaille six ans de plus, donc c'est tout à fait normal
01:27:09 de déplafonner notre bonification.
01:27:11 Et ça, c'est notre revendication principale,
01:27:13 au-delà de notre refus de cette réforme.
01:27:15 Ce qui était frappant dans les cortèges hier, c'est qu'il y avait des policiers,
01:27:17 il y avait des pompiers qui disaient la même chose,
01:27:19 mais il y avait aussi des ouvriers, il y avait des profs,
01:27:21 il y avait des étudiants. C'est ça qui est intéressant,
01:27:23 c'est que toutes les catégories
01:27:25 socio-professionnelles
01:27:27 étaient réunies pour dire non.
01:27:29 Oui, mais en fait, on est assez inquiets
01:27:31 parce qu'on se dit, il y a quand même
01:27:33 un assez grand consensus et malgré tout,
01:27:35 il y a le sentiment d'avoir un statu quo
01:27:37 face à nous. Nous, pour notre part,
01:27:39 par exemple, l'organisation syndicale,
01:27:41 on est la seule à avoir boycotté,
01:27:43 et à boycotter également demain,
01:27:45 une réunion organisée par notre ministère de l'Intérieur.
01:27:47 Demain, il y a le ministre de la Fonction publique
01:27:49 qui doit nous faire la grande messe et nous expliquer
01:27:51 à quel point la réforme des retraites est une bonne chose.
01:27:53 On est la seule organisation et la seule fédération
01:27:55 du ministère de l'Intérieur à refuser d'y aller
01:27:57 parce qu'on n'est pas là pour écouter la grande messe.
01:27:59 C'est non à la réforme des retraites, le déplafonnement
01:28:01 de la bonification pour tous les policiers,
01:28:03 et c'est tout. Il n'y a pas de discussion.
01:28:05 Qu'est-ce qui faisait l'avantage,
01:28:07 l'attractivité de nos services publics ?
01:28:09 Je pense à la police, mais aussi au personnel de santé
01:28:11 dans les années 70. C'était la sécurité
01:28:13 de l'emploi et c'était effectivement
01:28:15 un cadre qui permettait
01:28:17 de partir plutôt à la retraite. Ce n'était pas l'augmentation,
01:28:19 ce n'étaient pas les salaires. Ils n'ont jamais eu des salaires
01:28:21 mirobolants dans les services publics,
01:28:23 mais ils avaient quelques avantages, qui étaient partir plutôt à la retraite
01:28:25 avec un statut et avoir
01:28:27 un contrat à durée indéterminée qui était assez
01:28:29 protégé. Ces deux
01:28:31 atouts, ces deux avantages ont explosé,
01:28:33 explosent en vol. Comment vous voulez
01:28:35 recruter des femmes et des hommes
01:28:37 qui ont des vocations cheminées
01:28:39 au corps, de qualité, quand vous avez des conditions
01:28:41 de travail qui sont exécrables, des salaires
01:28:43 qui ne sont pas au niveau, une retraite
01:28:45 et un statut que vous faites exploser
01:28:47 en vol, une sécurité de l'emploi
01:28:49 qui n'est même plus garantie dans
01:28:51 certains services publics. La pénurie
01:28:53 en matière de recrutement, elle provient
01:28:55 de ce délitement qu'on a créé dans nos services
01:28:57 publics. Moi je trouve que c'est quand même fort
01:28:59 de café et d'une incohérence quand même
01:29:01 qui est effrayante de voir un discours
01:29:03 politique qui dit aux forces de l'ordre, aux personnels
01:29:05 soignants, à ces femmes et ces hommes
01:29:07 "On est avec vous, vous êtes des héros, vous faites
01:29:09 un métier extraordinaire" et puis à chaque fois qu'on peut
01:29:11 grignoter leur situation
01:29:13 sociale, on le fait, je veux dire
01:29:15 sans a priori, comme ça, c'est
01:29:17 normal. C'est un scandale, je vous le
01:29:19 dis, je trouve que du côté des fonctionnaires
01:29:21 de police, du côté des personnels soignants
01:29:23 et du côté des enseignants qui font des métiers
01:29:25 extrêmement importants, qui sont des piliers de la République,
01:29:27 ce que fait ce gouvernement, c'est du foutage
01:29:29 de gueule, pardonnez-moi. - Alors, Linda Kébab, un tout petit
01:29:31 mot de la sécurité hier dans les cortèges.
01:29:33 Il y a eu très peu de
01:29:35 heurts, il y en a eu quand même,
01:29:37 mais on voit que les policiers ont
01:29:39 vraiment adapté leur
01:29:41 technique de maintien de l'ordre pour aller tout de suite
01:29:43 attraper les éléments violents
01:29:45 et les sortir des cortèges. Ça marche
01:29:47 mieux ? - Bah oui, ça marche mieux. Il y a quelques années,
01:29:49 vous savez, il y avait le mouvement des Gilets jaunes avec
01:29:51 ces problématiques récurrentes de violence. À l'époque,
01:29:53 j'avais accusé, plus ou moins,
01:29:55 en tout cas, j'avais énoncé, dénoncé le fait que
01:29:57 le préfet de police ne mettait pas en œuvre
01:29:59 tous les moyens, notamment,
01:30:01 mettre en application les préconisations,
01:30:03 en tout cas, prendre en compte les informations
01:30:05 des services de renseignement, utiliser
01:30:07 les effectifs qui sont sur la voie publique de manière cohérente
01:30:09 et éclater les bulles, notamment, qui pourraient se former
01:30:11 de Black Blocs, etc. Bon, on m'avait
01:30:13 dit à l'époque que j'en faisais trop, j'avais même eu
01:30:15 des menaces à l'époque, je le dis très
01:30:17 de gouvernement, je l'ai écrit dans mon livre, des menaces
01:30:19 d'une enquête IGPN de la part, à l'époque,
01:30:21 du gouvernement, et donc, en l'occurrence, c'était le ministre de l'Intérieur
01:30:23 de l'époque, c'est M. Castaner,
01:30:25 mais j'avais maintenu cette position, on avait maintenu cette position,
01:30:27 et aujourd'hui, en fait, les faits donnent raison.
01:30:29 C'est-à-dire que quand on a un préfet de police
01:30:31 qui veut que les choses soient cassées bien
01:30:33 en amont, c'est fait, les policiers ne sont que des
01:30:35 exécutants, ils ne portent pas la charge et la responsabilité
01:30:37 de leur donneur d'ordre, et donc,
01:30:39 finalement, quand on a le bon donneur d'ordre,
01:30:41 eh bien, les choses se passent bien sur la voie publique,
01:30:43 c'est aussi simple que ça. Je le répète,
01:30:45 quand on a le bon donneur d'ordre, les choses se passent
01:30:47 bien sur la voie publique, parce que les policiers,
01:30:49 eux, font le travail. Ce sont les mêmes policiers qu'il y a 4 ans,
01:30:51 ils n'ont pas changé les policiers,
01:30:53 ce sont les mêmes, d'ailleurs, ils ne sont pas prêts de changer, a priori,
01:30:55 puisqu'on veut les faire travailler plus longtemps.
01:30:57 Et donc, du coup, si 4 ans après, la méthode
01:30:59 est différente, il y en a un autre, en revanche, qui a changé,
01:31:01 c'est le préfet de police.
01:31:03 - J'envoie le jeune, la suite sur la sécurité.
01:31:05 Est-ce que ce sont
01:31:07 aussi le fait qu'il y ait moins de black blocs,
01:31:09 parce que ce sont des cortèges syndicaux bien organisés,
01:31:11 avec, encore une fois, une coopération
01:31:13 entre services de sécurité et syndicats, et
01:31:15 policiers ? - Il y a un peu moins de black blocs,
01:31:17 parce qu'il y a un meilleur filtrage, il y a les services d'enseignement
01:31:19 qui avaient anticipé 400, mais 400, ça suffit
01:31:21 à mettre le chaos quand on le souhaite.
01:31:23 On sait qu'il y a également des black blocs,
01:31:25 enfin, en tout cas, des anarchistes, on les appelle comme on veut,
01:31:27 des pays limitrophes, moi, pour ma part, je suis sur les manifestations,
01:31:29 j'ai entendu parler en anglais, c'était clairement
01:31:31 pas forcément des français. Et puis, il y a
01:31:33 évidemment, toutes ces opérations en amont,
01:31:35 mais, en fait, il y a aussi une chose,
01:31:37 c'est les confédérations, peut-être,
01:31:39 particulièrement la CGT, qui n'était pas très, très
01:31:41 coopérative, on va dire, qui s'est rendu
01:31:43 compte que c'était pas du tout à son avantage,
01:31:45 et peut-être qu'il a renforcé un petit peu son service d'ordre.
01:31:47 - D'accord. Karim ? - Moi, je crois qu'il y a trois dimensions,
01:31:49 effectivement, on a un très bon préfet de police,
01:31:51 c'est un fonctionnaire de qualité,
01:31:53 qui est passé partout là où il a été,
01:31:55 il a fait ses preuves. Et là, il démontre
01:31:57 qu'en termes de maintien de l'ordre, le bon
01:31:59 dispositif est mis en place. Le deuxième,
01:32:01 c'est qu'on a des vrais professionnels du maintien de l'ordre aussi,
01:32:03 ce qui n'a pas toujours été le cas au moment
01:32:05 des Gilets jaunes, où parfois, on déboutiquait
01:32:07 des gens, je dirais, des bacs,
01:32:09 pour leur donner un flashball entre
01:32:11 les mains, ils n'étaient pas suffisamment formés.
01:32:13 Les CRS, les gendarmes mobiles, c'est des vrais
01:32:15 professionnels du maintien de l'ordre. Quand on leur confie
01:32:17 avec un bon commandement, ça se passe
01:32:19 en réalité super bien. Et puis,
01:32:21 le service des syndicats, vous avez raison,
01:32:23 le service des syndicats qui est partenaire,
01:32:25 effectivement, de ce maintien de l'ordre. - Une dernière question à vous,
01:32:27 Linda Kebab. Le ministre de l'Intérieur a dévoilé
01:32:29 hier les chiffres de la violence en France.
01:32:31 Ils sont en hausse pour 2022,
01:32:33 +17% de violence intra-familial,
01:32:35 +15% pour les coups et blessures volontaires,
01:32:37 +11% de violence sexuelle.
01:32:39 Il y a une montée de la violence ?
01:32:41 - Il y a une montée, évidemment. Alors,
01:32:43 on continuera toujours à parler de cette libération
01:32:45 de la parole, notamment sur les violences faites aux femmes et aux enfants.
01:32:47 Il y a évidemment des moyens qui ont été mis en oeuvre
01:32:49 avec une attention particulière
01:32:51 portée à ces types d'infractions. Malheureusement,
01:32:53 je le précise, au détriment d'autres infractions.
01:32:55 Mais il y a évidemment une hausse
01:32:57 de la violence qu'on a, nous,
01:32:59 enfin, on a bien constaté, autant sur la voie
01:33:01 publique, avec les remontées de terrain qu'avec les statistiques
01:33:03 et les chiffres que l'on a, même si on peut faire dire ce qu'on veut des statistiques,
01:33:05 mais en tout cas, on a les remontées de terrain,
01:33:07 nous, à l'organisation syndicale, avec un maillage territorial
01:33:09 extrêmement complet.
01:33:11 Et donc, oui, il y a une hausse,
01:33:13 en fait, des actes violents et des attaques dans la personne.
01:33:15 Et c'est ce que je disais il y a quelques mois,
01:33:17 on peut se vanter de la baisse des camps de violages,
01:33:19 c'est bien, on peut se vanter de la baisse
01:33:21 des fraudes sur
01:33:23 Internet, notamment
01:33:25 les fraudes à la carte bleue, mais je pense que là,
01:33:27 tous les Français vous diront qu'ils préfèrent quand même
01:33:29 subir une fraude à la carte bleue sur Internet
01:33:31 et avoir un remboursement derrière que d'être
01:33:33 tabassés, d'être frappés, d'être agressés,
01:33:35 parfois pour rien, même si les violences
01:33:37 gratuites pour nous, ce n'est jamais gratuit, il y a toujours
01:33:39 quelque chose, c'est déjà au moins volontaire, mais évidemment
01:33:41 les attentats à la personne sont en hausse et ça, c'est problématique
01:33:43 parce que ça veut dire qu'en gros,
01:33:45 notre espace public, mais également les foyers en France
01:33:47 sont de plus en plus un danger pour les
01:33:49 personnes vulnérables. - Avec des policiers en première ligne,
01:33:51 comme toujours. - Avec des policiers en première ligne,
01:33:53 il y a quelques jours, le ministre a dévoilé
01:33:55 en fait un plan de lutte contre la maltraitance
01:33:57 animale, ça fait suite
01:33:59 et aussi, enfin, ça fait suite,
01:34:01 sans lien entre elles.
01:34:03 - Sans lien, oui. - Il y a quelques années, on a commencé
01:34:05 à travailler sur les violences faites aux femmes et aux
01:34:07 enfants, il y a évidemment le projet
01:34:09 loi immigration qui arrive aujourd'hui, donc ça va être
01:34:11 encore de nouvelles missions,
01:34:13 ça fait beaucoup, c'est bien, ce sont des causes
01:34:15 qui sont nobles et qu'il faut combattre, mais je vous le dis
01:34:17 très sincèrement, on va à chaque fois déshabiller
01:34:19 les uns pour habiller les autres, donc
01:34:21 pour lutter contre la maltraitance animale, on va déshabiller
01:34:23 d'autres services, il y a quelques mois
01:34:25 j'étais dans l'Est de la France, je suis rentrée
01:34:27 dans un service de protection
01:34:29 de la famille, donc des violences faites aux femmes, des violences faites
01:34:31 aux enfants, et ça c'est pas
01:34:33 anecdotique, c'est symptomatique parce que c'est partout, dans toutes les régions,
01:34:35 j'ai pris des photos, 700
01:34:37 dossiers par agent, c'est-à-dire qu'il y a 700
01:34:39 enfants ou enfants en souffrance,
01:34:41 ça veut dire que dans cette pile-là, il y a peut-être un féminicide,
01:34:43 il y a peut-être un infanticide qui éclatera,
01:34:45 et le lampiste sera le fonctionnaire
01:34:47 qui est derrière son bureau, c'est pas ceux
01:34:49 qui lui ont mis 700 dossiers sur le
01:34:51 bureau, en lui demandant de traiter l'intraitable
01:34:53 et surtout, eh bien, en déshabillant
01:34:55 les services. - Merci beaucoup Linda Kebab d'être
01:34:57 venue témoigner ce soir, le titre de votre livre
01:34:59 "Gardienne de la paix et de la révolte" aux éditions
01:35:01 Stock, merci Carême Zérémy, Geoffroy Lejeune,
01:35:03 dans un instant sur CNews, Christine Kélly, ses invités
01:35:05 et Europe Soir sur Europe 1, bonne soirée à vous
01:35:07 sur nos deux antennes et à demain.
01:35:09 [Musique]